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Malou Paul Découverte […] Et puis la mer est montée. Et puis elle a abandonné. Ça a duré quatre ans peut-être, on ne sait plus très bien. Elle a dit : « C’est fini. Elle a dit qu’elle abandonnait. Et puis elle l’a fait. Elle est partie. Les rizières ont été envahies par les marées, les barrages ont été emportés. La rizière du haut, elle l’a donnée aux domestiques, avec le bungalow et les meubles. L’enfant sourit. Elle s’excuse. […] Je ne peux encore m’habituer à cette vie de ma mère. Je ne pourrai jamais.» …et le bungalow Le bungalow dont il est question était situé en bordure de la piste qui allait devenir l’actuelle RN4 dans le district de Prey Nop à environ 35 kms de Kompong Som. Marguerite y passa avec ses frères régulièrement ses 14 - Bulletin de PPA - n°33 - vacances scolaires. La mère en avait commencé la construction en 1927 en même temps que l’exploitation de la plantation. « Ma mère engagea une cinquantaine de domestiques qu’il fallut transplanter de Cochinchine et installer dans un « village » qu’il fallut construire entièrement en plein marécage, à deux kilomètres de la mer. Outre la construction du village, nous construisions une maison sur pilotis en bordure de la piste qui bordait notre plantation. La maison nous coûta en 1925, cinq mille piastres, somme énorme à l’époque. [Elle] était bâtie sur pilotis à cause des inondations, entièrement en bois qu’il fallut couper, équarrir et mettre en planches sur place. » 6 État des lieux aujourd’hui L’entreprise de Marie Donnadieu dépassait assurément ses capacités financières et techniques. Pourtant, son projet, loin d’être fou, était visionnaire. Des travaux de mise en valeur furent entrepris dès les années trente, mais il a fallu attendre 70 ans pour qu’aujourd’hui, grâce aux efforts conjugués de l’aide internationale et de l’Etat cambodgien, 89 kms de digues et 133 kms de canaux, permettent la mise en culture de 12000 hectares de polders, donnant ainsi réalité au « Barrage contre le Pacifique ». C’est au cours de ces travaux que le site exact du bungalow de la famille Donnadieu a été retrouvé, en bordure de la RN4 qui va de Kompong Som à Véal Renh, dans le village de Banteay
Prey, commune de Prey Nop. Il ne reste de la maison que la base de quelques piliers de soutènement en béton sur lesquels reposait la vaste structure en bois. Pour protéger le site, une stèle a été posée en octobre 2002, par l’Ambassade de France, en présence de Jean Mascolo, fils de Marguerite Duras. Elle n’a pas suffi à empêcher qu’une piste vienne depuis lors traverser l’emplacement du bungalow, en bousculant les bornes. Pour préserver ce qui peut permettre d’identifier encore ces lieux historiques, sans doute suffirait-il d’apposer une pancarte au bord de la nationale et d’inciter le propriétaire actuel des lieux, moyennant un petit dédommagement, à entretenir et protéger stèle et bornes avant qu’elles ne finissent en gravas. Toutes suggestions ou initiatives seront les bienvenues. AMC Cet article n’aurait pu être écrit sans l’aide pré- cieuse des recherches de Luc MOGENET sur ce sujet. 2 Cité par Jean VALLIER pp.169-170, dans sa biographie C’était Marguerite Duras, Fayard 2006 3 M. DURAS, Un barrage contre le Pacifique, Gallimard, 1950, Folioplus, p.19 4 M. DURAS, Un barrage contre le Pacifique, (p.21) 5 M. DURAS, L’amant de la Chine du Nord, Gallimard, 1991, (p.103) 6 M. DURAS, Cahiers de la guerre et autres textes, P.O.L./IMEC 2006 (p.34). Bulletin de PPA - n°33- 15
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[…] Et puis la mer est montée. Et puis<br />
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ont été emportés. La rizière du haut,<br />
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sourit. Elle s’excuse. […] Je ne peux<br />
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mère. Je ne pourrai jamais.»<br />
…et le bungalow<br />
Le bungalow dont il est question<br />
était situé <strong>en</strong> bordure de la piste qui<br />
allait dev<strong>en</strong>ir l’actuelle RN4 dans le<br />
district de Prey Nop à <strong>en</strong>viron 35 kms<br />
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avec ses frères régulièrem<strong>en</strong>t ses<br />
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même temps que l’exploitation de la<br />
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« Ma mère <strong>en</strong>gagea une cinquantaine<br />
de domestiques qu’il fallut transplanter<br />
de Cochinchine et installer<br />
dans un « village » qu’il fallut<br />
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marécage, à deux kilomètres de la<br />
mer. Outre la construction du village,<br />
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notre plantation. La maison nous<br />
coûta <strong>en</strong> 1925, cinq mille piastres,<br />
somme énorme à l’époque. [Elle] était<br />
bâtie sur pilotis à cause des inondations,<br />
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couper, équarrir et mettre <strong>en</strong> planches<br />
sur place. » 6<br />
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L’<strong>en</strong>treprise de Marie Donnadieu<br />
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son projet, loin d’être fou, était visionnaire.<br />
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pour qu’aujourd’hui, grâce aux efforts<br />
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C’est au cours de ces travaux que le<br />
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