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LE SYSTÈME NERVEUX: VUE D'ENSEMBLE - De Boeck

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<strong>LE</strong> <strong>SYSTÈME</strong> <strong>NERVEUX</strong> :<br />

<strong>VUE</strong> D’ENSEMB<strong>LE</strong><br />

• Énumérer les structures du système nerveux et décrire<br />

ses principales fonctions.<br />

• Décrire l’organisation du système nerveux.<br />

<strong>LE</strong>S STRUCTURES DU <strong>SYSTÈME</strong> <strong>NERVEUX</strong><br />

Pesant seulement 2 kg, soit environ 3% de la masse corporelle<br />

totale, le système nerveux est l’un des plus petits des 11 systèmes<br />

du corps humain, et pourtant le plus complexe. Il se compose de<br />

milliards de neurones et de gliocytes plus nombreux encore, qui<br />

forment un réseau serré et rigoureusement organisé. Les structures<br />

qui constituent le système nerveux comprennent l’encéphale, les<br />

nerfs crâniens et leurs ramifications ; la moelle épinière, les nerfs<br />

spinaux et leurs ramifications; les ganglions ; ainsi que les plexus<br />

entériques et les récepteurs sensoriels (figure 12.1).<br />

FIGURE 12.1 Les principales structures du système nerveux.<br />

■ Nerfs<br />

crâniens<br />

■ Nerfs<br />

spinaux<br />

■ Ganglions de<br />

la racine dorsale<br />

des nerfs spinaux<br />

■ Encéphale<br />

■ Moelle<br />

épinière<br />

430T ROISIÈME PARTIE – <strong>LE</strong>S <strong>SYSTÈME</strong>S DE RÉGULATION DU CORPS HUMAIN<br />

Logé dans le crâne, l’encéphale contient environ 100 milliards<br />

(10 11 ) de neurones. Douze paires (un nerf gauche et un nerf droit)<br />

de nerfs crâniens, numérotées de I à XII, émergent du tronc cérébral,<br />

structure située à la base de l’encéphale. Un nerf est un faisceau<br />

formé de centaines ou de milliers d’axones associés à du tissu<br />

conjonctif et à des vaisseaux sanguins, et qui ne se trouve ni dans<br />

l’encéphale ni dans la moelle épinière. Chaque nerf suit un trajet<br />

bien précis et innerve une région particulière du corps. Ainsi, le<br />

nerf crânien I transmet les signaux relatifs à l’odorat du nez jusqu’à<br />

l’encéphale. La plupart des nerfs crâniens innervent la tête.<br />

Encerclée par les os de la colonne vertébrale, la moelle épinière<br />

rejoint l’encéphale à travers le foramen magnum du crâne.<br />

Elle contient environ 100 millions de neurones. Trente et une paires<br />

de nerfs spinaux, ou nerfs rachidiens, émergent de la moelle épinière,<br />

chacun innervant une région particulière du côté droit ou du<br />

côté gauche du corps. Les ganglions (gagglion: nœud, tumeur) sont<br />

de petites masses de tissu nerveux qui contiennent essentiellement<br />

des corps cellulaires de neurones; ils sont situés en dehors de l’encéphale<br />

et de la moelle épinière. Les ganglions sont étroitement associés<br />

aux nerfs crâniens et spinaux. Les parois de certains organes<br />

Le système nerveux comprend l’encéphale, les nerfs crâniens, la moelle épinière, les nerfs spinaux, les ganglions, les plexus entériques<br />

et les récepteurs sensoriels.<br />

SNP:<br />

■ Nerfs<br />

périphériques<br />

SNC:<br />

Combien de nerfs crâniens et de nerfs spinaux le corps humain possède-t-il ?<br />

SNP:<br />

■ Récepteurs<br />

sensoriels<br />

de la peau<br />

SNP:<br />

■ Plexus<br />

entériques<br />

de l’intestin<br />

grêle


du tube digestif renferment des réseaux étendus de neurones, les<br />

plexus entériques, qui contribuent à la régulation de l’activité<br />

digestive. Le terme récepteurs sensoriels désigne à la fois les dendrites<br />

des neurones sensitifs (voir plus loin) et les cellules spécialisées<br />

distinctes qui détectent des modifications de la valeur d’un<br />

facteur contrôlé (par exemple, l’étirement d’un muscle ou une onde<br />

sonore) à la suite de changements survenant dans le milieu intérieur<br />

ou extérieur (voir le chapitre 1).<br />

<strong>LE</strong>S FONCTIONS DU <strong>SYSTÈME</strong> <strong>NERVEUX</strong><br />

Notre système nerveux s’acquitte de tâches nombreuses et complexes.<br />

Il nous permet de percevoir différentes odeurs (sensations),<br />

de parler (langage) et de nous rappeler les événements (mémoire) ;<br />

il émet aussi les signaux qui déterminent les mouvements du corps<br />

et régule le fonctionnement des organes internes. Ces tâches se<br />

regroupent en trois fonctions fondamentales: la fonction sensorielle,<br />

la fonction intégrative et la fonction motrice.<br />

• La fonction sensorielle. Les récepteurs sensoriels détectent les<br />

stimulus internes, par exemple l’augmentation de l’acidité du<br />

sang, et les stimulus externes, par exemple la chute d’une goutte<br />

de pluie sur le bras. Les neurones sensitifs, ou neurones afférents<br />

(afferre: porter vers), transmettent l’information sensorielle<br />

à l’encéphale et à la moelle épinière par l’intermédiaire des nerfs<br />

crâniens et des nerfs spinaux.<br />

• La fonction intégrative. Le système nerveux intègre, ou traite,<br />

l’information sensorielle. Pour ce faire, il analyse l’information<br />

et en emmagasine une partie, puis il décide des réponses à y<br />

apporter. L’une des principales fonctions intégratives du système<br />

nerveux est la perception, c’est-à-dire la prise de conscience de<br />

l’existence des stimulus sensoriels. La perception se forme dans<br />

le cerveau. La plupart des neurones qui contribuent à la fonction<br />

intégrative sont des interneurones, ou neurones d’association,<br />

soit des neurones à axone court qui communiquent avec des neurones<br />

avoisinants de l’encéphale ou de la moelle épinière. Les<br />

interneurones constituent l’immense majorité des neurones du<br />

corps humain.<br />

• La fonction motrice. Une fois que l’information sensorielle est<br />

intégrée, le système nerveux peut y répondre, c’est-à-dire qu’il<br />

peut déterminer la réponse motrice à y apporter, par exemple<br />

une contraction musculaire ou une sécrétion glandulaire. Les<br />

neurones qui accomplissent cette fonction sont les neurones<br />

moteurs, aussi appelés neurones efférents (efferre: porter hors)<br />

ou encore motoneurones. Ils transmettent l’information provenant<br />

de l’encéphale vers la moelle épinière ou l’information provenant<br />

de l’encéphale et de la moelle épinière vers les effecteurs<br />

(les muscles et certaines glandes) par l’intermédiaire des nerfs<br />

crâniens et des nerfs spinaux. En stimulant les effecteurs, les neurones<br />

moteurs déclenchent les contractions musculaires et les<br />

sécrétions glandulaires.<br />

L’ORGANISATION DU <strong>SYSTÈME</strong> <strong>NERVEUX</strong><br />

Le système nerveux est formé de deux sous-systèmes: le système<br />

nerveux central (SNC), qui se compose de l’encéphale et de la<br />

moelle épinière, et le système nerveux périphérique (SNP), qui<br />

comprend toutes les parties du système nerveux situées à l’extérieur<br />

du SNC. Le SNC intègre toutes sortes de messages sensoriels<br />

afférents (entrants). Il est en outre le siège des pensées, des émotions<br />

et des souvenirs. La plupart des influx nerveux qui provoquent<br />

la contraction des muscles et l’activité sécrétrice des glandes proviennent<br />

du SNC. Le SNP comprend les nerfs crâniens et les nerfs<br />

spinaux de même que leurs ramifications respectives, ainsi que les<br />

ganglions et les récepteurs sensoriels.<br />

Le SNP se subdivise en trois parties: le système nerveux dit<br />

somatique (SNS) (sôma: corps), le système nerveux dit autonome<br />

(SNA) (autonomos : qui se régit par ses propres lois) et le système<br />

nerveux entérique (SNE) (enteron: intestin) (figure 12.2).<br />

Le système nerveux somatique (SNS) se compose de deux<br />

types de neurones : 1) des neurones sensitifs qui transmettent au<br />

SNC l’information provenant des récepteurs sensoriels somatiques<br />

de la tête et de la peau ainsi que des propriocepteurs situés dans<br />

les articulations et les muscles, mais aussi l’information provenant<br />

des récepteurs sensoriels spécialisés de la vue, de l’ouïe, du goût<br />

et de l’odorat; 2) des neurones moteurs qui acheminent les influx<br />

depuis le SNC jusqu’aux muscles squelettiques seulement. Étant<br />

donné que les réponses motrices ainsi produites peuvent être régies<br />

consciemment, l’activité de cette partie du SNP est dite volontaire.<br />

Le système nerveux autonome (SNA) se compose aussi de<br />

deux types de neurones : 1) des neurones sensitifs qui transmettent<br />

au SNC l’information provenant des récepteurs sensoriels autonomes<br />

(situés principalement dans les vaisseaux sanguins et les viscères,<br />

tels l’estomac et les poumons); 2) des neurones moteurs qui transmettent<br />

les influx nerveux depuis le SNC jusqu’aux muscles lisses,<br />

au muscle cardiaque et aux glandes. Étant donné que, normalement,<br />

les réponses motrices produites par le SNA ne sont pas assujetties<br />

à une régulation consciente, l’activité de cette partie du SNP<br />

est dite involontaire. La partie motrice du SNA comprend deux subdivisions,<br />

le système nerveux sympathique et le système nerveux<br />

parasympathique. À quelques exceptions près, ces deux subdivisions<br />

innervent la plupart des effecteurs et elles ont habituellement<br />

des effets antagonistes l’une par rapport à l’autre. Ainsi, les neurones<br />

sympathiques augmentent la fréquence cardiaque, tandis que<br />

les neurones parasympathiques la diminuent. <strong>De</strong> manière générale,<br />

le système nerveux sympathique intervient dans l’activité physique<br />

et dans les actions d’urgence (réaction de lutte ou de fuite), alors<br />

que le système nerveux parasympathique intervient au cours du<br />

repos et de la digestion.<br />

Le système nerveux entérique (SNE) constitue en quelque<br />

sorte « le cerveau de l’intestin ». Son activité est involontaire.<br />

Autrefois considéré comme une composante du SNA, le SNE comprend<br />

environ 100 millions de neurones, situés dans les plexus<br />

entériques, qui s’étendent sur presque toute la longueur du tube<br />

digestif. Un grand nombre des neurones des plexus entériques<br />

fonctionnent de manière relativement indépendante du SNA et du<br />

SNC; ils communiquent néanmoins avec le SNC par l’intermédiaire<br />

de neurones sympathiques et parasympathiques. Les neurones<br />

sensitifs du SNE détectent les modifications de la valeur de<br />

facteurs contrôlés – tels que la valeur du pH – à la suite des changements<br />

chimiques qui se produisent dans le tube digestif, ainsi<br />

que l’étirement de ses parois à la suite de l’arrivée des aliments.<br />

C HAPITRE 12 – <strong>LE</strong> TISSU <strong>NERVEUX</strong>431


FIGURE 12.2 L’organisation du système nerveux. Notez que les effecteurs ne font pas partie intégrante du système nerveux.<br />

Les deux principaux sous-systèmes du système nerveux sont 1) le système nerveux central (SNC), composé de l’encéphale et<br />

de la moelle épinière, et 2) le système nerveux périphérique (SNP), composé de tous les tissus nerveux situés à l’extérieur du SNC.<br />

Le SNP se subdivise en système nerveux somatique (SNS), système nerveux autonome (SNA) et système nerveux entérique (SNE).<br />

SNS<br />

SNA<br />

SNE<br />

Récepteurs sensoriels<br />

somatiques et spécialisés,<br />

ainsi que neurones sensitifs<br />

Récepteurs sensoriels<br />

autonomes et neurones sensitifs<br />

Récepteurs sensoriels et<br />

neurones sensitifs du tube<br />

digestif et des plexus entériques<br />

Les neurones moteurs entériques régissent la contraction des<br />

muscles lisses (qui font avancer les aliments dans le tube digestif),<br />

les sécrétions des organes digestifs (notamment la sécrétion d’acide<br />

par l’estomac) et l’activité des cellules endocrines du tube digestif<br />

(qui sécrètent des hormones).<br />

POINT DE CONTRÔ<strong>LE</strong><br />

SNC:<br />

encéphale<br />

et moelle<br />

épinière<br />

1. Quelles sont les divisions du SNC ?<br />

2. Quels problèmes causerait la détérioration des neurones<br />

sensoriels, des interneurones et des neurones moteurs ?<br />

3. Quelles sont les subdivisions et les fonctions du SNP ?<br />

4. Quelles sont les subdivisions du SNP qui ont une action<br />

volontaire ? Quelles sont celles qui ont une action involontaire ?<br />

L’HISTOLOGIE DU TISSU <strong>NERVEUX</strong><br />

• Comparer les caractéristiques histologiques et les fonctions<br />

des neurones et des gliocytes.<br />

• Établir la distinction entre la substance grise et la substance<br />

blanche.<br />

Le tissu nerveux est composé de deux types de cellules: les neurones<br />

et les gliocytes. Les neurones accomplissent la plupart des<br />

fonctions propres au système nerveux, soit la détection des stimulus,<br />

l’élaboration de la pensée, l’apprentissage et la mémoire,<br />

la régulation de l’activité musculaire et la régulation de l’activité<br />

432T ROISIÈME PARTIE – <strong>LE</strong>S <strong>SYSTÈME</strong>S DE RÉGULATION DU CORPS HUMAIN<br />

Neurones moteurs<br />

somatiques<br />

(volontaires)<br />

Neurones moteurs<br />

autonomes (involontaires):<br />

système nerveux<br />

sympathique et système<br />

nerveux parasympathique<br />

Neurones moteurs<br />

entériques (involontaires)<br />

des plexus entériques<br />

Muscles squelettiques<br />

Muscles lisses, muscle<br />

cardiaque et glandes<br />

Muscles lisses, glandes<br />

et cellules endocrines<br />

du tube digestif<br />

Voie sensitive du SNP Voie motrice du SNP Effecteurs<br />

Quel est le nom des neurones qui transmettent l’information au SNC ?<br />

Quel est celui des neurones qui acheminent l’information hors du SNC ?<br />

sécrétrice des glandes. Les gliocytes soutiennent, nourrissent et protègent<br />

les neurones; ils maintiennent aussi en état d’équilibre les substances<br />

présentes dans le liquide interstitiel qui baigne les neurones.<br />

<strong>LE</strong>S NEURONES<br />

À l’instar des myocytes, les neurones, ou cellules nerveuses, sont<br />

dotés d’excitabilité électrique, c’est-à-dire qu’ils ont la capacité<br />

de répondre aux stimulus et de les transformer en potentiels<br />

d’action. Un stimulus est une modification quelconque qui se produit<br />

dans l’environnement et qui, s’il est suffisamment puissant,<br />

peut générer un potentiel d’action. Un potentiel d’action, ou influx<br />

nerveux, est un signal électrique qui se propage le long de la membrane<br />

d’un neurone. Les potentiels d’action se forment et se transmettent<br />

grâce aux déplacements des ions (par exemple, sodium et<br />

potassium) entre le liquide interstitiel et l’intérieur des neurones,<br />

ces déplacements ioniques s’effectuant par des canaux ioniques spécifiques<br />

situés dans la membrane plasmique des neurones. Une fois<br />

engendrés, les potentiels d’action se propagent rapidement sans<br />

perdre de leur force.<br />

Certains neurones sont minuscules et propagent les influx nerveux<br />

sur de courtes distances (moins de 1 mm) dans le SNC. D’autres<br />

constituent les cellules les plus longues du corps humain. Ainsi,<br />

les neurones moteurs qui nous permettent de remuer les orteils vont<br />

de la région lombaire de la moelle épinière (juste au-dessus de la<br />

taille) jusqu’aux muscles du pied. Certains neurones sensoriels sont<br />

encore plus longs. Ceux qui nous permettent de percevoir la position<br />

de nos orteils pendant qu’ils remuent s’étendent du pied<br />

jusqu’à la partie inférieure de l’encéphale. Les influx nerveux parcourent<br />

ces distances considérables à des vitesses comprises entre<br />

0,5 et 130 m/s.


Les parties du neurone<br />

La plupart des neurones comprennent trois parties: 1) un corps<br />

cellulaire, 2) des dendrites et 3) un axone (figure 12.3). Le corps<br />

cellulaire, aussi appelé soma ou encore péricaryon, renferme un<br />

noyau entouré d’un cytoplasme contenant les organites habituels<br />

tels que des mitochondries, un complexe golgien et des lysosomes.<br />

Le corps cellulaire neuronal contient aussi des ribosomes libres et<br />

des amas très nets de réticulum endoplasmique rugueux, les corps<br />

de Nissl. (Rappelons que le RE rugueux est un réseau de membranes<br />

dont la surface est couverte de ribosomes, d’où le terme<br />

«rugueux»; les corps de Nissl comprennent donc des ribosomes.)<br />

Les ribosomes libres et le ribosomes des corps de Nissl sont le<br />

siège de la synthèse des protéines. Une fois produites par les ribosomes,<br />

les protéines nouvellement synthétisées remplacent des<br />

composantes cellulaires, fournissant ainsi des matériaux pour la<br />

croissance des neurones, et régénèrent les axones endommagés<br />

dans le SNP. Le cytosquelette comprend des neurofibrilles, qui sont<br />

composées de faisceaux de filaments intermédiaires soutenant la<br />

cellule et lui donnant sa forme, et des microtubules, qui concourent<br />

au transport des matières entre le corps cellulaire et l’axone. <strong>De</strong><br />

nombreux neurones contiennent aussi de la lipofuscine, pigment<br />

qui se présente sous la forme d’amas de granules jaune brun dans<br />

le cytoplasme. La lipofuscine est un produit des lysosomes neuronaux<br />

qui s’accumule à mesure que le neurone vieillit, mais elle ne<br />

semble pas pour autant nuire à ce neurone.<br />

Le terme fibre nerveuse désigne tout prolongement qui émerge<br />

du corps cellulaire d’un neurone. La plupart des neurones ont deux<br />

types de prolongements : de nombreux dendrites et un seul axone.<br />

Les dendrites (dendron: arbre) constituent les parties réceptrices<br />

du neurone, c’est-à-dire qu’ils reçoivent l’information d’entrée.<br />

Ils sont généralement courts, effilés et très ramifiés. Dans de nombreux<br />

neurones, les dendrites forment une arborisation qui émerge<br />

du corps cellulaire. Leur cytoplasme contient des corps de Nissl,<br />

des mitochondries et d’autres organites.<br />

Toujours unique, l’axone du neurone (axon: axe) transmet les<br />

influx nerveux à un autre neurone, à un myocyte ou à une cellule<br />

glandulaire. Long, mince et cylindrique, l’axone s’unit souvent au<br />

corps cellulaire par une éminence conique appelée cône d’implantation<br />

de l’axone, ou cône d’émergence. La partie de l’axone le<br />

plus proche du cône d’implantation est nommée segment initial.<br />

Dans la plupart des neurones, les influx nerveux naissent dans la<br />

zone gâchette, à la jonction du cône d’implantation et du segment<br />

initial, puis se propagent le long de l’axone jusqu’à leur destination.<br />

Un axone contient des mitochondries, des microtubules et des neurofibrilles.<br />

Parce qu’il est dépourvu de réticulum endoplasmique<br />

rugueux, aucune protéine n’y est synthétisée. Le cytoplasme de<br />

l’axone, appelé axoplasme, est entouré d’une membrane plasmique,<br />

l’axolemme (lemma: enveloppe, gaine). <strong>De</strong>s ramifications<br />

latérales nommées collatérales peuvent émerger le long de l’axone,<br />

généralement à angle droit. La partie distale de l’axone et de ses<br />

collatérales se ramifie en de fins prolongements, les terminaisons<br />

axonales, ou télodendrons.<br />

La synapse est le point de communication entre deux neurones<br />

ou entre un neurone et une cellule effectrice. Certaines terminaisons<br />

axonales se terminent par un renflement appelé bouton terminal;<br />

d’autres portent des éminences appelées varicosités. Les boutons<br />

terminaux et les varicosités contiennent un grand nombre de sacs<br />

minuscules entourés d’une membrane, les vésicules synaptiques,<br />

qui emmagasinent une substance chimique nommée neurotransmetteur.<br />

<strong>De</strong> nombreux neurones contiennent deux ou même trois<br />

neurotransmetteurs, chacun d’eux ayant des effets différents sur la<br />

cellule postsynaptique. Une fois libérées des vésicules synaptiques,<br />

les molécules de neurotransmetteur excitent ou inhibent d’autres<br />

neurones, des myocytes ou des cellules glandulaires.<br />

Parce que l’axone ou les terminaisons axonales ont besoin de<br />

certaines substances synthétisées ou recyclées dans le corps cellulaire<br />

des neurones, deux moyens de transport assurent l’aller et le<br />

retour des matières entre le corps cellulaire et les terminaisons axonales.<br />

Le plus lent des deux, appelé transport axonal lent, déplace<br />

les matières à la vitesse de 1 à 5 millimètres par jour. Il véhicule<br />

l’axoplasme dans une seule direction, soit du corps cellulaire vers<br />

les terminaisons axonales. Il approvisionne en axoplasme neuf les<br />

axones en voie de développement ou de régénération et il reconstitue<br />

l’axoplasme des axones matures ou en croissance.<br />

Le moyen de transport le plus rapide, justement appelé transport<br />

axonal rapide, peut déplacer les matières à la vitesse de 200<br />

à 400 millimètres par jour. Il repose sur l’action de protéines qui<br />

font office de «moteurs » et acheminent les matières dans les deux<br />

directions (vers le corps cellulaire et en sens inverse) à la surface<br />

des microtubules. Le transport axonal rapide déplace les organites<br />

et matières qui forment les membranes de l’axolemme, des boutons<br />

terminaux et des vésicules synaptiques. Certaines des matières renvoyées<br />

dans le corps cellulaire stimulent la croissance du neurone;<br />

d’autres sont dégradées ou recyclées.<br />

La diversité structurale des neurones<br />

La taille et la forme des neurones varient considérablement. Ainsi,<br />

le diamètre du corps cellulaire se situe entre 5 micromètres (µm)<br />

– soit moins que le diamètre d’un érythrocyte – et 135 µm – auquel<br />

cas la cellule est presque visible à l’œil nu. La forme de l’arborisation<br />

dendritique varie également d’une partie à l’autre du système<br />

nerveux. Quelques neurones très petits n’ont pas d’axone; dans<br />

d’autres, beaucoup plus nombreux, l’axone est très court; enfin,<br />

comme nous l’avons vu, certains axones sont presque aussi longs<br />

que le corps lui-même, puisqu’ils vont des orteils jusqu’à la base<br />

de l’encéphale.<br />

La classification des divers neurones de l’organisme repose sur<br />

leurs caractéristiques structurales et fonctionnelles. Du point de vue<br />

fonctionnel, ainsi que vous le savez, on distingue trois catégories<br />

de neurones : les neurones sensitifs, les interneurones et les neurones<br />

moteurs. Du point de vue structural, on classe les neurones<br />

selon le nombre de prolongements qui émergent du corps cellulaire<br />

(figure 12.4).<br />

1. Les neurones multipolaires possèdent généralement plusieurs<br />

dendrites et un seul axone (figure 12.3). La plupart des neurones<br />

de l’encéphale et de la moelle épinière appartiennent à<br />

cette catégorie.<br />

2. Les neurones bipolaires possèdent un dendrite principal et un<br />

axone. On les rencontre dans la rétine, dans l’oreille interne et<br />

dans l’aire olfactive du cerveau.<br />

C HAPITRE 12 – <strong>LE</strong> TISSU <strong>NERVEUX</strong>433


FIGURE 12.3 La structure d’un neurone « typique » : neurone moteur multipolaire (neurone pourvu d’un gros corps<br />

cellulaire, de plusieurs dendrites courts et d’un long axone unique). Les flèches indiquent la direction de l’information : dendrites<br />

→ corps cellulaire → axone → terminaisons axonales → boutons terminaux.<br />

Les principales parties du neurone sont les dendrites, le corps cellulaire et l’axone.<br />

Axone<br />

Axone:<br />

■ Axoplasme<br />

■ Axolemme<br />

Collatérale de l’axone<br />

■ Neurofibrille<br />

■ Terminaison<br />

axonale<br />

■ Bouton terminal<br />

Nœud de Ranvier<br />

Segment<br />

initial<br />

Neurolemmocyte:<br />

■ Cytoplasme<br />

■ Noyau<br />

Cône<br />

d’implantation<br />

de l’axone<br />

Mitochondrie<br />

■ Gaine de myéline<br />

■ Neurolemme<br />

<strong>De</strong>ndrites<br />

Corps cellulaire<br />

Cytoplasme<br />

Quels rôles les dendrites, le corps cellulaire et l’axone jouent-ils<br />

dans la transmission des signaux nerveux ?<br />

434T ROISIÈME PARTIE – <strong>LE</strong>S <strong>SYSTÈME</strong>S DE RÉGULATION DU CORPS HUMAIN<br />

Corps de Nissl<br />

(a) Parties d’un neurone moteur multipolaire<br />

MO<br />

(b) Neurone moteur multipolaire<br />

Noyau<br />

430×<br />

Neurofibrille<br />

<strong>De</strong>ndrites<br />

Corps cellulaire<br />

Gliocytes<br />

Axone


FIGURE 12.4 La classification structurale des neurones. Les interruptions indiquent que les axones sont en réalité plus longs<br />

que dans l’illustration.<br />

Un neurone multipolaire possède plusieurs prolongements qui émergent du corps cellulaire.<br />

Un neurone bipolaire en possède deux, et un neurone unipolaire n’en possède qu’un.<br />

(a) Neurone multipolaire<br />

Corps cellulaire<br />

<strong>De</strong>ndrites<br />

Zone gâchette<br />

Axone<br />

Terminaison<br />

axonale<br />

Que se passe-t-il dans la zone gâchette ?<br />

(b) Neurone bipolaire<br />

3. Les neurones unipolaires sont des neurones sensitifs qui apparaissent<br />

dans l’embryon sous forme de neurones bipolaires. Au<br />

cours du développement embryonnaire, l’axone et le dendrite<br />

fusionnent en un seul prolongement qui se divise en deux ramifications<br />

près du corps cellulaire. Les deux ramifications possèdent<br />

la structure et la fonction caractéristiques d’un axone:<br />

ce sont des prolongements longs et cylindriques qui transmettent<br />

des influx nerveux. Toutefois, la ramification axonale qui s’étend<br />

en périphérie présente des dendrites à son extrémité distale,<br />

alors que celle qui rejoint le SNC se finit par des boutons terminaux.<br />

Les dendrites détectent les stimulus sensoriels tels qu’un<br />

contact ou un étirement. La zone gâchette des neurones unipolaires<br />

se situe à la jonction des dendrites et de l’extrémité distale<br />

de l’axone (figure 12.4c). Les influx nerveux qui y sont produits<br />

se propagent ensuite le long de l’axone vers les boutons terminaux.<br />

Le corps cellulaire des neurones unipolaires se trouve en<br />

général dans les ganglions des nerfs spinaux et crâniens.<br />

Certains neurones portent le nom de l’histologiste qui les a<br />

décrits pour la première fois (cette nomenclature est toutefois de plus<br />

en plus délaissée); d’autres sont nommés en fonction de leur forme<br />

ou autre caractéristique physique. Citons par exemple les cellules<br />

de Purkinje dans le cervelet (figure 12.5a) et les cellules pyramidales<br />

du cortex cérébral de l’encéphale, lesquelles possèdent,<br />

comme leur nom l’indique, un corps cellulaire en forme de pyramide<br />

(figure 12.5b). Très souvent aussi, les neurones se distinguent<br />

par la configuration de leurs ramifications dendritiques.<br />

<strong>De</strong>ndrites<br />

Corps cellulaire<br />

Zone gâchette<br />

Axone<br />

Terminaison<br />

axonale<br />

(c) Neurone unipolaire<br />

<strong>De</strong>ndrite<br />

Zone gâchette<br />

Axone<br />

Corps cellulaire<br />

Axone<br />

Terminaison<br />

axonale<br />

FIGURE 12.5 <strong>De</strong>ux exemples de neurones du SNC.<br />

Les flèches indiquent la direction de l’information.<br />

Très souvent, la configuration des ramifications dendritiques<br />

caractérise le type de neurone.<br />

<strong>De</strong>ndrites<br />

Corps cellulaire<br />

Axone<br />

Terminaison<br />

axonale<br />

(a) Cellule de Purkinje (b) Cellule pyramidale<br />

D’où vient le nom des cellules pyramidales ?<br />

C HAPITRE 12 – <strong>LE</strong> TISSU <strong>NERVEUX</strong>435


<strong>LE</strong>S GLIOCYTES<br />

Les gliocytes, ou cellules gliales, forment la névroglie; ils constituent<br />

la moitié environ du volume du SNC. Les histologistes<br />

croyaient autrefois qu’ils représentaient une sorte de «colle» qui<br />

agglutinait entre elles les unités du tissu nerveux, d’où leur nom<br />

(gloios: glu). Nous savons aujourd’hui que, loin de jouer un rôle<br />

passif, les gliocytes contribuent activement au fonctionnement du<br />

tissu nerveux. En général, les gliocytes sont plus petits que les neurones<br />

et de 5 à 50 fois plus nombreux. Contrairement aux neurones,<br />

ils ne produisent ni ne transmettent de potentiels d’action, et ils<br />

peuvent se multiplier et se diviser dans le système nerveux de<br />

l’adulte. En cas de lésion ou de maladie, les gliocytes prolifèrent<br />

pour combler les espaces qui étaient occupés jusque-là par des<br />

FIGURE 12.6 Les gliocytes du système nerveux central (SNC).<br />

Cellules de la pie-mère<br />

(méninge interne)<br />

Oligodendrocyte<br />

Microglie<br />

Neurone<br />

Capillaire sanguin<br />

Astrocytes<br />

fibreux<br />

Astrocyte<br />

protoplasmique<br />

Microglie<br />

Épendymocyte:<br />

■ Microvillosité<br />

■ Cils<br />

Ventricule<br />

436T ROISIÈME PARTIE – <strong>LE</strong>S <strong>SYSTÈME</strong>S DE RÉGULATION DU CORPS HUMAIN<br />

neurones. Les gliomes – tumeurs du SNC formées à partir de gliocytes<br />

– sont souvent malins et croissent rapidement. <strong>De</strong>s six types<br />

de gliocytes, quatre se trouvent uniquement dans le SNC, soit les<br />

astrocytes, les oligodendrocytes, les microglies et les épendymocytes.<br />

Les deux autres types – neurolemmocytes et cellules satellites<br />

– sont présents dans le SNP.<br />

Les gliocytes du SNC<br />

Les gliocytes du SNC se classent en quatre catégories définies par<br />

leur taille, leurs prolongements cytoplasmiques et leur organisation<br />

intracellulaire: les astrocytes, les oligodendrocytes, les microglies<br />

et les épendymocytes (figure 12.6).<br />

Les différents types de gliocytes du SNC se caractérisent par leur taille, leurs prolongements cytoplasmiques et leur organisation intracellulaire.<br />

Quels sont les gliocytes du SNC qui font office de phagocytes ?<br />

Astrocyte protoplasmique<br />

Nœud de Ranvier<br />

Gaine de myéline<br />

Axone<br />

Oligodendrocyte<br />

Neurones

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