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Thierry Massimo
Des Profs en prison!
Il y a au Québec des pénitenciers fédéraux et, dans chacun, se trouve un établissement scolaire où se donnent
des cours d’enseignement primaire, secondaire jusqu’au cégep.
Dans l’établissement où je me trouve, il y a une dizaine d’enseignants et un directeur.
Ils pourraient prendre le chemin de l’école publique ou privée chaque matin, mais ils préfèrent celui d’un
pénitencier.
C’est bien plus calme qu’une polyvalente, diront-ils. Ils préfèrent leur métier d’enseignant, peu importe les
dissemblances et les besoins des élèves.
Là où je me trouve, l’établissement scolaire est à portée de main. Je n’ai que certaines portes à franchir.
Les professeurs, quant à eux, se déplacent aussi bien lors des belles journées d’été que pendant les hivers
coriaces que nous vivons au Québec.
Eux-mêmes finissent par se retrouver entourés : de gardiens, de murs, de barbelés et par les règles de
l’établissement carcéral durant les heures d’enseignement.
Rien ne les arrête, ils adorent leur métier d’enseignant.
Je suis fier de leur présence qui fait que chacun d’entre nous, les élèves, ambitionnons la réussite d’un livre,
d’un examen afin d’atteindre un niveau de scolarité supérieure.
Les études nous donnent une part de responsabilité, une implication et une prise de confiance pour cheminer
dans un milieu carcéral.
Je suis témoin d’élèves qui ont débuté au primaire et qui ont obtenu un diplôme d’études secondaires.
Il y a aussi des élèves qui sont allés dans d’autres pénitenciers où se trouve un centre de formation
professionnelle. Ils ont obtenu un diplôme d’études professionnelles.
Vous ne pouvez pas imaginer la fierté qu’un élève éprouve dans chacune des étapes : une vraie
transformation. Nous le devons aux professeurs qui viennent œuvrer en milieu carcéral.
Une des professeurs m’a fait part d’une brillante idée : que j’accompagne un analphabète afin qu’il puisse
parvenir à lire et à écrire à sa famille et ainsi de combattre la honte.
De jour en jour, je vois ses progrès, ses yeux pleins d’eau accompagné d’un sourire de soulagement. Il était
enchaîné à cette humiliation qui le défavorisait et le révoltait depuis plusieurs années.
Sans l’idée du professeur, il serait encore égaré au travers des lignes de mots indéterminés à ses yeux.
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