Table des matières Allard, Michel Mika Page 1 Beaudet-Bélanger ...

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Enfin, après une éternité, l’homme de plume sortit du bar. Complètement ivre, il trottinait de gauche à droite
et se perdit dans l’obscurité de la nuit, loin de l’oeil du public. Tout à coup, ce pauvre pilier de bar qui avait
bu un verre de trop perdit connaissance. Face à cette occasion en or, notre héros profita de la situation
imprévue pour passer à l’action.
Sans perdre de temps, le garçon transporta l’homme endormi à l’intérieur de sa cachette où il le ligota sur
une chaise. Toutefois, comment allait-il s’y prendre pour interroger ce brindezingue? Bien entendu, pour
interroger une personne, il faut premièrement qu’elle soit réveillée. Convenablement, notre ami avait les
meilleurs outils impitoyables à sa disposition. Alors, pour ce faire, il martela sa victime en plein dans le
claquoir avec un violent coup de truite trempée!
Ressuscité abruptement, l’agressé suait son eau de baptême et, horrifié et encore soûl, il déclara : « Non,
stop! C’est pas moé qui a volé le papier de toilette, j’tle jure! »
- Arrête de faire le zouave, pépère. Tu sais ce que j’veux!
- Oupelaye!!! c’est quoi tu veux, au juste? Mon foin? Ma carte de crédit? Sentir mes bas?
- J’veux pas ton cash, maudit vieux creton! J’veux que tu me transmettes les secrets de ton gagne-pain,
l’écriture. Comment déniches-tu ta créativité, ton inspiration?
- T’es un fan? En tk, t’as toute une drôle de façon de me demander mon autographe...
Notre ami commença à être à bout de patience avec ce clown antique :
- Écoute, si tu veux pas manger les pissenlits par la racine, réponds à ma question. C’est quoi ton
secret, comment t’es un si bon écrivain?
- Bah, tu le sais déjà...
- Arrête de parler à travers ton chapeau! De plus, pourquoi t’es habillé comme la chienne à Jacques?
Pourquoi tu sens le fond de tolle? J’pensais que les écrivains avaient de la classe!
- T’as encore rien compris? T’sais, t’es vraiment pas une 100 watts...
- T’es juste un gros looser, grand-père! J’suis vraiment tanné!
- Les bâtons et les pierres peuvent casser mes os, mais les mots, ils ne peuvent pas me blesser!
Fou furieux et cherchant un moyen de réfuter son soi-disant adversaire, le jeune homme avait envie de lui
fendre le bec avec un dictionnaire français de bonne taille. Regrettablement, son prisonnier s’était déjà
rendormi, trop poivré par son état d’ébriété hors de raison. Il était improbable qu’il se rappelle de cette
expérience...
Abandonnant le vieux crabe sommeilleux où il l’avait ramassé, le garçon errait dans la rue et contemplait le
peu de choses que l’écrivain lui avait révélées. D’après lui, notre ami devait déjà connaître toutes les astuces
pour écrire une bonne histoire. Se pouvait-il qu’il n’y ait pas vraiment de secrets? Devait-il chercher dans
son coeur des mots pour faire surgir toute sa virtuosité? Bien sûr que non, tout ça relevait beaucoup trop du
cliché...
***
Plus tard, dans un bar, notre ami buvait sa peine. Heureusement, il avait une bonne maîtrise de soi et
n’exagérait quand même pas trop : trois grosses bières, quatre verres de scotch, trois verres de vodka et une
bouteille de tequila. Saoul comme une botte, et tout en ignorant les autres clients autour de lui, il se lamentait