Table des matières Allard, Michel Mika Page 1 Beaudet-Bélanger ...
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Jessica Dionne<br />
Une vie défaite et refaite<br />
<strong>Page</strong> 56<br />
Il y a quelques années, tu étais près de moi. Maintenant, tu n’y es plus. En laissant en moi un monstrueux<br />
trou vide dans mon thorax. Je n’avais plus de mère. J’ai essayé de te remplacer, mais ça n’a pas marché. Tu<br />
es irremplaçable. J’avais trouvé une bouée de secours qui me change le mal de place : l’automutilation à<br />
répétition. Je ne m’entendais plus avec mon père, car nous étions trop différents. Je suis une vraie soupe au<br />
lait. Je suis comme un courant électrique.<br />
Un an après ton décès, j’ai fait une fugue parce que tous mes proches me parlaient de toi en mal. Même si tu<br />
es décédée, tu es toujours vivante pour moi. Quand les policiers m’ont retrouvée le lendemain, ils m’ont<br />
amenée et très vite, à l’hôpital, car j’étais moyennement dangereuse pour les autres, mais plus pour moi, car<br />
j’étais suicidaire. À l’hôpital, une psychiatre et une psychologue sont venues me voir et me parler pourquoi<br />
j’avais fait une fugue et je leur ai dit toute la vérité : ton décès et ma réaction. Une agente de la DPJ est venu<br />
me voir pour faire une messagère entre mon père et moi, car je ne voulais plus lui parler. Deux jours plus<br />
tard, l’agente m’a posé une question : « Dakee, est-ce que tu t’es faite agressée? » et je lui ai dit : « Oui, je<br />
me suis faite agressée. La dernière année du spectacle Les Légen<strong>des</strong> Fantastiques, je ne l’ai jamais dit à<br />
personne, ni même à ma mère qui était ma meilleure amie ». À ce moment-là, je me suis mise à pleurer à<br />
chau<strong>des</strong> larmes, car je m’en voulais de ne pas l’avoir dit à ma mère avant qu’elle décède. Elle était la seule<br />
qui comptait vraiment pour moi.<br />
La deuxième année de AO recommençait, j’étais plus noire que d’habitude et j’avais peur d’une chose : de<br />
revivre comme j’avais vécu autrefois. Cette peur-là, tout le monde la voyait même mon meilleur ami<br />
d’enfance. Il avait peur pour moi, car j’étais vraiment tombée bien bas dans la noirceur. Même si le monde<br />
m’aidait à me relever, je retombais automatiquement avec mon père, car il me comprenait pas vraiment.<br />
Avec le temps je suis retombée dans le chimique (la drogue).<br />
À l’âge de 18 ans, à ma fête, je pensais à toi. Comment elle aurait fait cette fête? Qu’est-ce qu’elle aurait<br />
préparé pour moi? Qui aurait-elle invité? La seule question qui me revenait : « Comment je pouvais survivre<br />
dans un monde que je ne connaissais pas et que la seule personne qui m’aurait comprise était décédée. »<br />
Cinq mois après mes 18 ans, mon père et moi nous sommes disputés vraiment fort et je lui ai carrément dit :<br />
« Je vais déménager et tu n’auras plus jamais de nouvelles de moi comme tu m’as toujours haï et haï ma<br />
mère. Tu ne m’as jamais voulu dans ta vie parce que je suis pour toi juste un misérable insecte pour toi pour<br />
vivre à nouveau comme tu dis toujours. Tu vis dans une prison quand je suis là. Je vais disparaître pour<br />
toujours. ADIEU! »<br />
Je suis partie vivre avec mon frère. Je suis allée m’inscrire à l’aide sociale et l’agent m’a demandé si je<br />
voulais aller à « alternative jeunesse ». Je ne savais pas c’était quoi et j’ai dit oui. Même pas deux semaines<br />
plus tard, mon agent m’a appelée pour me dire que j’avais un rendez-vous avec le carrefour jeunesse emploi<br />
avec François pour le programme jeune en action. À la sortie de mon rendez-vous, j’étais contente. On m’a<br />
dit qu’il pouvait m’aider et que je rentrerais peut-être dans deux semaines ou un mois ça dépendait <strong>des</strong> gens<br />
qui partaient, car ce sont <strong>des</strong> entrées et sorties continues.<br />
Une semaine plus tard, François m’appela pour prendre un autre rendez-vous. Quand je suis arrivée, il<br />
m’attendait avec une autre personne, Carl, son compagnon de travail du programme, pour me dire que je