Table des matières Allard, Michel Mika Page 1 Beaudet-Bélanger ...
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Martin Castonguay<br />
Comment ça va?<br />
<strong>Page</strong> 29<br />
Il y a longtemps, j’avais une amie, Vicky. Vicky provenait d’une famille dite "à l’aise". Moi, qui étais dans<br />
une famille d’accueil, je trouvais qu’elle était chanceuse de vivre avec ses deux parents et d’avoir tout ce<br />
qu’elle voulait. Pourtant, il y a environ 12 ans, Vicky a été retrouvée sans vie, elle s’est suicidée. Quand je<br />
l’ai appris, j’étais comme tout le monde, abasourdi par cette nouvelle. Je ne comprenais pas ce qui avait bien<br />
pu se passer. Je me suis alors posé une question : Comment certaines personnes qui ont "tout" en viennent à<br />
se suicider alors que d’autres qui n’ont "rien" et qui vivent constamment de nouvelles épreuves continuent de<br />
foncer et s’en sortent? Cette question m’a dirigé vers ma plus longue réflexion (je réfléchis encore à cette<br />
question).<br />
Au cours <strong>des</strong> années qui ont suivi ce tragique événement, j’ai analysé <strong>des</strong> dizaines, voire <strong>des</strong> centaines<br />
d’histoires que les gens me contaient. J’ai même travaillé pendant 6 ans comme pair conciliateur en<br />
prévention du suicide. Je me suis rendu compte que durant notre vie, nous entrons en interaction avec <strong>des</strong><br />
milliers de personnes et chacune d’elles nous apporte quelque chose. Dans la plupart <strong>des</strong> cas, ces petites<br />
choses nous paraissent assez insignifiantes que nous les oublions ou plutôt, nous croyons les oublier. Par<br />
contre, ce à quoi nous ne pensons jamais, c’est que notre cerveau, lui, les garde en mémoire et construit un<br />
livre avec. C’est en général ce qui définit qui nous sommes. Nous vivons tous <strong>des</strong> moments tristes et <strong>des</strong><br />
moments heureux, mais, notre capacité de les gérer dépend toujours <strong>des</strong> autres événements qui les précèdent<br />
et par la suite, ces événements entreront forcément dans ce que l’on appelle notre bagage. Bien sûr, nous<br />
avons toujours le choix de conserver le positif ou le négatif de chaque situation.<br />
Ce sur quoi nous devrions nous concentrer, c’est sur les conséquences à long terme de nos choix parce<br />
qu’elles feront partie de notre bagage par la suite. Par exemple, si je donne un spectacle devant 500<br />
personnes et que 10 personnes manifestent leur mécontentement, je peux choisir d’être fier d’avoir apporté<br />
du plaisir à 490 personnes ou je peux me morfondre sur le fait que 10 personnes n’ont pas aimé. Ce choix<br />
peut paraître banal, mais la question réelle est : "Qu’est-ce que mon cerveau retiendra?" Si j’ai choisi d’être<br />
fier de la réaction <strong>des</strong> 490 personnes satisfaites, mon cerveau retiendra un sentiment de fierté. Si au contraire<br />
je choisis de me morfondre sur mon sort, j’en garderai un sentiment amer. Ça peut paraître banal, mais au fil<br />
du temps, mon cerveau utilisera ce choix dans mes décisions.<br />
Plus haut, je parlais de conséquence à long terme, en effet, si on choisit constamment de conserver le négatif<br />
dans toute situation, on finit par devenir acariâtre, morose et on rend les gens amers autour de nous. De plus,<br />
dans plusieurs cas, on finit par développer et accumuler de la colère. Avec le temps, cette colère nous rend<br />
agressifs et on finit irrémédiablement par faire usage de violence, nous faisant commettre <strong>des</strong> erreurs parfois<br />
très graves qui auraient pu être évitées simplement en choisissant de voir le côté positif <strong>des</strong> événements. Ceci<br />
sans parler du fait qu’on finit souvent par vouloir s’enlever la vie pour tout arrêter.<br />
Durant mes années de counseling, j’ai entendu plusieurs scénarios qui se ressemblaient étrangement. En fait,<br />
tous ceux à qui je parlais et qui voulaient s’enlever la vie me parlaient seulement de choses négatives. Ils se<br />
morfondaient à attendre que la vie leur enlève tous leurs problèmes comme par magie et ils finissaient<br />
mélancoliques et suicidaires. Pourtant, le négatif dont ils me parlaient provenait souvent d’événements<br />
foncièrement positifs, mais ils ne retenaient que le petit 1 % de négatif. Par exemple, un prisonnier m’a déjà<br />
dit : « Ça fait trois fois que ma blonde annule la visite parce qu’elle est malade! » Et quand je lui ai demandé<br />
ce qui la rendait malade, il m’a répondu : « Elle est enceinte ». Il n’a pas vu que sa conjointe porte la vie et