Table des matières Allard, Michel Mika Page 1 Beaudet-Bélanger ...

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et y globe le reste de la bouteille en ôtant sa cagoule. Elle s’avance dans la rivière comme si c’était elle qui
l’attirait, comme un aimant, malgré les moindres efforts qu’elle fait aucune satisfaction vient l’atteindre. Elle
continue à marcher dans l’eau et s’éloigne du bord. Mais elle s’en fout elle veut l’oublier, oublier
qu’autrefois ce lieu était amour et amitié, tout oublier comme un souvenir rêvant d’être enfouie et ne plus
jamais refaire surface.
Une semaine plus tard, elle se réveille dans son lit. L’envie de gerber lui prend subitement. Elle se s'assoit en
se demandant ce qu’elle a pu bien faire pour être aussi amochée. Sa soeur lui dit ce qu’elle lui avait pris de
vouloir gober ses médicaments et se tuer. Annie envoie balader sa soeur en lui disant qu’elle ne va pas boire
de l’alcool en cachette. Mélodie s’en va en adressant des gros yeux à son père, car elle sait qu’elle va être
privée de sortie pour la journée. Il ôte les couvertures souillées en regardant à sa tendre artiste tout affaiblie,
qui baisse la tête de honte en réalisant qu’elle fait une très grosse bêtise. Son père ne cherche pas à savoir ce
qui lui a pris de faire un truc pareil. Il se contente de lui demander si elle va mieux. Sa fille aînée s’excuse
d’avoir agit de la sorte, mais elle se dit que rien ne saura comme avant, car il est mort en la laissant seule
dans une société pourrie. En se collant contre son père, elle lui demande deux comprimés avec un peu d’eau
en réalisant qu’elle peut pas rien changer.
Une semaine plus tard, la remise des prix a lieu. Une fois chez eux, Annie sort de la voiture sans même
refermer la portière. Malgré les cris lointains de son père et de sa soeur, elle se dirige vers la rivière en un
temps record. Elle s'assoit sur une roche plate en regardant l’horizon des Laurentides. Les rayons du coucher
de soleil reflètent sa robe jaune. Fini les chandails cagoules et l'apparence morbide. Tout va revenir comme
avant. Elle lance une galette qui fait quelques bonds avant de retomber dans l’eau. Dans un silence lointain,
la mélodie qu’elle avait entendue durant la remise des prix refait surface. Au lieu d’être en boucle, elle est
d’une clarté remarquable. Des paroles lui viennent en tête sous la mélodie de l’harmonica. Par la suite, en se
retournant elle aperçoit le reflet d’un jeune homme vêtu d’une chemise et d’un short noirs. L’inconnu
s’avance auprès d’elle en fredonnant ces paroles : Dis-moi pourquoi la vie est si injuste, et je crois qu’il est
ainsi, mais rien va changer, mon hirondelle.
L’ombre frôle la joue d’Annie avant de disparaître dans la rivière.
Tout ça au nom de l’amitié