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Sandy Pelletier
Toujours voir positivement
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Encore dans le ventre de maman,je ne suis pas prête à en sortir. Je me sens si bien au chaud, en sécurité à
l’abri du monde extérieur. Maman me chante une comptine et me dit des mots doux. Tout en se caressant le
ventre, elle me dit : « j’ai hâte de voir ta binette, voir à qui tu vas ressembler : ton père ou moi ». Ça fait
maintenant 40 semaines que je suis dans le ventre de maman et c’est aujourd’hui le grand jour. Pour ma mère
qui m’attendait avec impatience, je suis venue au monde avec deux tours de cordon ombilical, autour de mon
petit cou, j’avais le visage mauve-bleu. Comme si je savais ce qui m’attendait...
Quand j’ai eu trois ans, mon père a avoué à ma mère qu’il me faisait des attouchements sexuels. Alors ma
mère le quitta pour me protéger. Moi si petite, sans défense qui devait croire que c’était normal. Quand on
est petit, on ne sait pas ce qui est bien et ce qui est mal. Toute mon enfance, j’avais peur de cet homme qui
pour moi étais rendu un étranger parce qu’après la séparation nous étions déménagées loin de lui. J’ai grandi
avec la peur des hommes inconsciemment, sans savoir pourquoi je pouvais les aimer et autant en avoir peur.
Toute ma jeunesse a été une suite d’abus, viols et violences verbales. Jeune, je n’écoutais pas ma petite voix
intérieure qui me parlait, car on n’est pas trop conscient à cet âge de ce qu’est une voix intérieure.
Étant plus jeune, j’ai vu mon père deux ou trois fois. À chaque fois que je le voyais, il me faisait peur. Je ne
voulais pas le voir, quelque chose à l’intérieur de moi me disait de ne pas rester seul avec lui. Mon souvenir
d’enfance : c’est mon père qui me bat, me crie après, un homme soûl, un homme violent et non qu’il
m’abusait. Je n’ai aucun souvenir de ça, tout est noir. Quand on est petite : un père pour une fille est son
idole, son modèle, etc.
À18 ans, je suis tombée enceinte,je la désirais tellement. Quand elle est venue au monde, je lui ai dit dans
son oreille : « maman va toujours te protéger des méchants et de ceux qui voudront te faire du mal ». À mes
19 ans, ma fille Tanya a trois mois et c’est bientôt son baptême. Comme je n’ai pas de souvenir des abus de
mon père dans mon enfance et que tout ce dont je me souviens c’est la violence qu’il nous a infligée, je me
suis dit que j’allais passer par-dessus et lui pardonner. Je l’ai alors invité au baptême de ma petite princesse.
Il a tout de suite accepté, je l’ai invité à dormir chez moi. Comme je demeure avec mon¨ chum¨, je n’avais
pas besoin d’avoir peur. Parce que mon copain a une fille âgée de huit ans, ma mère voulant la protéger m’a
téléphoné en sachant que j’allais le faire dormir dans la même chambre. Elle m’a dit : « fais attention ton
père a les doigts longs ». Moi ne comprenant pas pourquoi elle me disait cela, je n’en fais pas de cas. Une
heure après qu’il soit arrivé chez moi, nous nous sommes assis dans le salon. La fille de mon copain était
assise tout écartée en jupe, sur son père face au mien. Tout d’un coup, j’ai lâché un cri à la petite de se
fermer les jambes. Mon ami a été surpris tout comme moi, car ce n’était pas dans mes habitudes.
La journée du baptême, mon père s’est précipité à aller voir ma mère en lui disant de ne rien me raconter de
ce qu’il m’avait fait étant enfant. La cérémonie terminée, tout le monde rentra chez eux et c’est là que ma
mère m’a raconté l’histoire, en me disant ce que mon père avait fait à ses soeurs, il me l’avait fait à moi
aussi. C’est là que j’ai compris pourquoi j’avais crié à la petite de se fermer les jambes. C’est ma petite voix
intérieure qui m’avait fait parler. Plus tard après la naissance de ma deuxième fille, je me suis séparée d’avec
le père de mes enfants. Ma séparation n’a pas été facile elle non plus (harcèlement, menaces de mort...). Ma
mère qui était déménagée depuis un an à Drummondville me disait d’aller la rejoindre, mais on m’avait dit
de régler la garde de mes filles et tous les problèmes qu’il me faisait vivre avant de partir sinon, il me
suivrait partout où j’irais. J’ai vécu un an de calvaire avec lui,je ne sortais plus avec les filles de peur qu’il