LE TARTUFFE - Molière

LE TARTUFFE - Molière LE TARTUFFE - Molière

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13.07.2013 Views

ORGON Ah! tu résistes, gueux, et lui dis des injures? 1135Un bâton, un bâton. (A Tartuffe.) Ne me retenez pas. DAMIS ORGON (À son fils.) Sus, que de ma maison on sorte de ce pas, Et que d'y revenir, on n'ait jamais l'audace. Oui, je sortirai, mais… Vite, quittons la place. Je te prive, pendard, de ma succession, 1140 Et te donne, de plus, ma malédiction. SCÈNE VII ORGON, TARTUFFE. ORGON TARTUFFE ORGON TARTUFFE Offenser de la sorte une sainte personne! Ô Ciel! pardonne-lui la douleur qu'il me donne 100 . (À Orgon.) Si vous pouviez savoir avec quel déplaisir Je vois qu'envers mon frère, on tâche à me noircir… Hélas! 100 D'après un petit livre publié en 1730 (Lettre à Mylord *** sur Baron et la Demoiselle Le Couvreur… par George Wink) et les éditeurs de 1734, Tartuffe disait primitivement: «O Ciel, pardonne-lui comme je lui pardonne!», ou, comme l'indique Voltaire dans son Sommaire de Tartuffe: «O Ciel, pardonne-moi comme je lui pardonne!» 68

1145 Le seul penser de cette ingratitude Fait souffrir à mon âme un supplice si rude… L'horreur que j'en conçois… J'ai le cœur si serré, Que je ne puis parler, et crois que j'en mourrai. ORGON. Il court tout en larmes à la porte par où il a chassé son fils. Coquin. Je me repens que ma main t'ait fait grâce, 1150 Et ne t'ait pas d'abord assommé sur la place. TARTUFFE ORGON TARTUFFE Remettez-vous, mon frère, et ne vous fâchez pas. Rompons, rompons le cours de ces fâcheux débats. Je regarde céans quels grands troubles j'apporte, Et crois qu'il est besoin, mon frère, que j'en sorte. Comment? Vous moquez-vous? 1155 On m'y hait, et je voi ORGON TARTUFFE Qu'on cherche à vous donner des soupçons de ma foi 101 . Qu'importe; voyez-vous que mon cœur les écoute? On ne manquera pas de poursuivre, sans doute 102 ; Et ces mêmes rapports, qu'ici vous rejetez, 1160 Peut-être, une autre fois, seront-ils écoutés. ORGON 101 De ma foi: de ma fidélité à votre égard. 102 Sans doute : sans aucun doute, assurément. 69

1145 Le seul penser de cette ingratitude<br />

Fait souffrir à mon âme un supplice si rude…<br />

L'horreur que j'en conçois… J'ai le cœur si serré,<br />

Que je ne puis parler, et crois que j'en mourrai.<br />

ORGON. Il court tout en larmes à la porte par où il a chassé son fils.<br />

Coquin. Je me repens que ma main t'ait fait grâce,<br />

1150 Et ne t'ait pas d'abord assommé sur la place.<br />

<strong>TARTUFFE</strong><br />

ORGON<br />

<strong>TARTUFFE</strong><br />

Remettez-vous, mon frère, et ne vous fâchez pas.<br />

Rompons, rompons le cours de ces fâcheux débats.<br />

Je regarde céans quels grands troubles j'apporte,<br />

Et crois qu'il est besoin, mon frère, que j'en sorte.<br />

Comment? Vous moquez-vous?<br />

1155 On m'y hait, et je voi<br />

ORGON<br />

<strong>TARTUFFE</strong><br />

Qu'on cherche à vous donner des soupçons de ma foi 101 .<br />

Qu'importe; voyez-vous que mon cœur les écoute?<br />

On ne manquera pas de poursuivre, sans doute 102 ;<br />

Et ces mêmes rapports, qu'ici vous rejetez,<br />

1160 Peut-être, une autre fois, seront-ils écoutés.<br />

ORGON<br />

101 De ma foi: de ma fidélité à votre égard.<br />

102 Sans doute : sans aucun doute, assurément.<br />

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