Il - Maroc Hebdo International
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Du 23 au 29 avril 1999 - N° 369 - 8ème année - <strong>Maroc</strong> 6 DH - France 10 FF - Canada 2,95 $ - USA 2,50 $ - Tunisie 1 DTU - Italie 4000 lires<br />
© D.R<br />
MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC MAROC<br />
hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo hebdo<br />
<strong>International</strong><br />
http://www.maroc-hebdo.press.ma<br />
Rose. Le journalisme d’investigation est un art nouveau<br />
au <strong>Maroc</strong>. L’investigation tout court est un art plus<br />
ancien et il a connu ses heures de gloire par le passé. Je l’admets.<br />
Un journaliste qui fait de l’investigation est toujours<br />
un journaliste, sauf qu’il investigue. Pour qui ? Une bonne<br />
question. S’il le fait pour le compte de l’administration,<br />
c’est déjà moins un journaliste. <strong>Il</strong> devient un inspecteur de<br />
police. Auquel cas, il s’expose à la colère légitime et syndicale<br />
des policiers. <strong>Il</strong> ne faut pas que des journalistes fantasques<br />
et non expérimentés viennent manger le pain des<br />
policiers jusque dans les fins fonds des commissariats du<br />
Royaume. A chacun sa place.<br />
Pourquoi un journaliste investigue-t-il ? Ou enquête-til,<br />
si vous avez mal à la tête. Pour ses lecteurs. Sa production<br />
est en général publiée. Si l’enquête est bien torchée,<br />
elle peut faire un carton. Elle est sensationnelle. Pour un<br />
journal du même nom, c’est une aubaine. Le journaliste luimême<br />
devient sensass.<br />
Sur qui faut-il enquêter ? Sur Aziz Chihal. La réponse<br />
est bonne, mais elle est prématurée. Attendez un peu.<br />
D’abord, il faut que la cause soit légitime. Ensuite, il faut<br />
qu’il ait un informateur bénévole. En général, c’est quelqu’un<br />
qui en veut au sujet enquêté. <strong>Il</strong> rend la monnaie en<br />
LÕAlgŽrie nomme<br />
son prŽsident<br />
BOUTEFLIKA<br />
ET NOUS<br />
Par Abdellatif MANSOUR<br />
FOUAD FILALI<br />
LA SAGA<br />
DÕUNE<br />
FAMILLE<br />
BILLET BLEU<br />
disant au bonhomme : " Puisque c’est comme ça, je vais<br />
t’enfoncer dans la presse ". Souvent le type en connaît<br />
beaucoup parce qu’il était complice jusqu’au trognon. <strong>Il</strong> se<br />
venge parce qu’il est vexé ou pour une question de sous.<br />
On n’est pas encore dans une affaire de morale ou d’éthique.<br />
L’informateur noble existe, mais il ne court pas les rues.<br />
Surtout quand la période de chasse est fermée. À moins de<br />
créer un élevage. Nous ne savons toujours pas sur qui il faut<br />
enquêter. Autant pour moi.<br />
Donc, je disais, que la cause doit être légitime, et que<br />
l’informateur doit exister. Et que les lecteurs doivent être<br />
intéressés par le sujet soit parce que la personne est connue,<br />
soit que l’affaire est hénaurme. Le journaliste ne doit pas<br />
régler ses comptes personnels. C’est en général interdit. <strong>Il</strong><br />
doit par contre régler les comptes de son épicier. S’il confond<br />
les deux, son enquête va régler l’épicier, il lui effacera l’ardoise,<br />
mais dans ce cas, le journaliste sera dans la mouise<br />
et il n’y aura plus d’enquête. Pas de journal non plus et<br />
donc plus de journalistes. C’est compliqué, mais c’est comme<br />
ça. Nous faisons un boulot dangereux. Vous le savez.<br />
Quel est l’intérêt pour nous d’enquêter sur Aziz Chihal?<br />
Aucun, tant qu’il n’avait pas attiré notre attention. <strong>Il</strong> pou-<br />
UN HOMME, UN DESTIN. LE<br />
HASARD A VOULU QUÕIL<br />
QUITTE LA PRƒSIDENCE DE<br />
LÕONA LA MæME SEMAINE Oô<br />
SON PéRE, ABDELLATIF<br />
FILALI, SÕƒLOIGNE DE LA VIE<br />
POLITIQUE MAROCAINE.<br />
vait vivre heureux pendant longtemps. Nous avons<br />
toujours eu un faible pour la protection des espèces en voie<br />
de disparition. Mon banquier en connaît un bout. " Laissezles<br />
vivre ", une profession de foi écologique. Or ce monsieur,<br />
intelligent, racé, cultivé, docte et lumineux a attiré<br />
notre attention en nous demandant des espèces. Vous me<br />
suivez. Nous, on était en colère. Nous demander des espèces<br />
que nous voulions protéger et nous mettre en cabane pour<br />
ne pas les gagner. C’est tordu, inhumanitaire et peu écologique.<br />
Alors, on s’est dit collectivement pourquoi ne pas investiguer<br />
cette espèce cathodique protégée par le directeur<br />
de la télévision nationale, marocaine, patriotique sonnante<br />
et titubante. <strong>Il</strong> ne doit pas être blanc comme des œufs battus<br />
en neige, le gars de la télé. Quand on gueule si fort, et<br />
qu’on joue les vertus outragées, c’est qu’il y a de l’eau<br />
dans le gaz. Or, chez notre blaireau il y a beaucoup d’eau<br />
et surtout beaucoup de gaz. Une véritable aérophagie sidérale.<br />
Et ce ne sont pas là des pets de sloughi. Je vous assure<br />
que ça ne schlingue pas la rose. Attendez, j’ouvre la<br />
fenêtre et…. à la semaine prochaine.<br />
Khalil HACHIMI IDRISSI<br />
© Ph. AFP
FORMATION<br />
LÕISCAE met en place un rŽseau arabe pour la formation en commerce<br />
UNE FORMATION<br />
DE POINTE<br />
La mondialisation des<br />
échanges internationaux<br />
prend de plus en<br />
plus de l’ampleur. L’impitoyable<br />
concurrence économique<br />
a incité certaines régions<br />
du monde à se constituer<br />
en blocs régionaux et<br />
économiques pour mieux défendre<br />
leurs intérêts. Seule-<br />
• Rachid M’Rabet.<br />
ment pour y parvenir, la maîtrise<br />
des dossiers relatifs aux<br />
négociations internationales<br />
de la part des décideurs du<br />
secteur public et/ou décideurs<br />
privés sont une condition sine<br />
qua non pour mieux saisir<br />
ses rouages et à tous les niveaux.<br />
Cependant, au niveau des<br />
pays arabes, leurs autorités<br />
locales ont constaté que leurs<br />
cadres supérieurs issus de<br />
l’administration, pour la plupart,<br />
étaient pénalisés par<br />
leurs lacunes en négociations<br />
internationales. Et malgré la<br />
formation des hauts fonctionnaires<br />
arabes à travers les<br />
séminaires et stages organisés<br />
par les réseaux de formation<br />
relevant des organisations internationales<br />
et interrégionales<br />
ou bien privées, il s’est<br />
avéré que ces réseaux demeuraient<br />
insuffisants. Pour<br />
la simple raison qu’ils ne répondaient<br />
pas vraiment aux<br />
besoins spécifiques économiques<br />
et sociales des pays<br />
arabes. Et ce sont ces spécificités<br />
qui ont été débattues,<br />
entre autres thèmes, lors de<br />
la réunion de l’Assemblée<br />
constitutive du réseau arabe<br />
pour la formation au commerce<br />
international (RAFCI)<br />
qui s’est déroulé à l’ISCAE<br />
le 15 et le 16 mars1999.<br />
La réunion de RAFCI qui<br />
a été créée en prolongement<br />
du programme “Train for<br />
© Ph. MHI<br />
Trade” de la CNUCED avait<br />
pour but de renforcer les<br />
structures de formation destinées<br />
aux pays en voie de développement.<br />
Les participants des divers<br />
pays arabes ainsi que les représentants<br />
des organisations<br />
internationales et interrégionales<br />
comme la CNUCED,<br />
le PNUD, le Centre islamique<br />
pour le développement du<br />
commerce, la Ligue Arabe<br />
etc, ont été convaincus que<br />
seule la création de leur<br />
propre réseau de formation<br />
adapté aux spécificités régionales<br />
permettra un encadrement<br />
plus efficace de leurs<br />
cadres supérieurs.<br />
Pour cela, les pays participants<br />
ont décidé durant la<br />
réunion, qui s’est achevée<br />
avec succès, de constituer un<br />
conseil d’administration du<br />
RAFCI dont la présidence a<br />
été confiée au <strong>Maroc</strong> en la<br />
personne de M. M’Rabet, directeur<br />
de l’ISCAE ainsi que<br />
la coordination dont la char-<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
2<br />
ge revient à Allali Brahim,<br />
directeur du cycle supérieur<br />
de commerce international à<br />
l’ISCAE. Le financement et<br />
l’assistance de ce projet seront<br />
assurés en principe par<br />
les pays participants ainsi que<br />
les organisations internationales<br />
et interrégionales. ❏ H.T.
MAROC<br />
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« AL AMAL » (<strong>Maroc</strong>)<br />
FIL DIRECT<br />
RETROUVAILLES<br />
Première nomination du nouveau ministre<br />
des Affaires étrangères et de la<br />
Coopération, Mohamed Benaïssa: le rappel<br />
du peintre Mohamed Melihi comme<br />
conseiller chargé de mission.<br />
Les deux hommes sont des amis<br />
d’enfance. Natifs tous deux d’Asilah, ils<br />
se connaissent et s’apprécient. Deux<br />
complices qui ont lancé ensemble le célèbre<br />
festival d’Asilah et qui ont déjà travaillé<br />
de concert, l’un comme ministre<br />
de la Culture, l’autre comme directeur<br />
de cabinet.<br />
Une des originalités de la politique,<br />
c’est qu’elle permet des retrouvailles à la<br />
fois heureuses et opérationnelles.<br />
REPRISE<br />
Le leader historique de l’Union marocaine<br />
du travail, après une intervention<br />
chirurgicale couronnée de succès à Paris,<br />
devait reprendre, samedi 24 avril, ses activités<br />
à la tête de la centrale syndicale.<br />
Mahjoub Benseddik, bon pied bon œil,<br />
l’esprit vif et le regard toujours perçant,<br />
fondateur du mouvement syndical marocain,<br />
compte assumer ses responsabilités<br />
avec toutes les nouveautés et contraintes<br />
du contexte politique actuel.<br />
Toujours égal à lui-même, M.<br />
Benseddik promet de donner une vigueur<br />
revendicative et sans complaisance<br />
à un dialogue social que l’UMT estime<br />
vicié et non productif. À la veille du<br />
1er mai, ce retour sur le terrain prend<br />
une signification à la fois syndicale et<br />
politique. De source proche de l’UMT,<br />
le discours de M. Benseddik à l’occasion<br />
de la fête du Travail réaffirmera les positions<br />
fortes de la centrale. Un discours<br />
qui promet d’être musclé.<br />
PROGƒNITURE<br />
Abdellatif Semlali est en colère contre<br />
Mahmoud Archane. Le président de<br />
l’UC en veut au leader du MDS pour<br />
une histoire d’élection législative anticipée<br />
qui a mal tourné.<br />
Le fils de L’ex-ministre de la<br />
Jeunesse et des Sports, Zaki Semlali,<br />
voulait se présenter à la circonscription<br />
de Bir Jedid, à El Jadida. Le père a alors<br />
entrepris des démarches pour que l’opposition<br />
présente un candidat commun.<br />
Marché conclu. Abdallah Kadiri du PND<br />
et Mohamed Laenser du MP n’y ont pas<br />
vu d’inconvénient.<br />
Même M. Archane a donné son accord<br />
de principe. Ça baigne. Ainsi la<br />
campagne électorale va mettre aux prises<br />
deux candidats communs, le député de la<br />
majorité dont l’élection a été invalidé,<br />
l’istiqlalien Brahim Benbrahim, et celui<br />
de l’opposition Zaki Semlali. Seulement<br />
voilà, entre-temps, un conseiller UC à la<br />
deuxième Chambre Lafhel Bencherki<br />
abandonne son parti pour le MDS afin<br />
de pouvoir se présenter à cette élection.<br />
M. Archane accepte non seulement<br />
que le transfuge fasse partie de ses rangs<br />
mais lui donne l’accréditation, oubliant<br />
la promesse donnée au chef de l’UC. M.<br />
Semlali s’est senti doublement trompé.<br />
Et décidé de retirer la candidature de son<br />
fils. Or, M. Archane explique son attitu-<br />
• Abdellatif<br />
Semlali<br />
• Mohamed<br />
Melihi<br />
• Mahmoud<br />
Archane<br />
© Ph.MHI<br />
© Ph..MHI<br />
© Ph.MHI<br />
• Mahjoub<br />
Benseddik<br />
© Ph.. MHI<br />
de par le fait que l’UC ne respecte pas<br />
non plus le principe de coordination<br />
entre les partis de l’opposition. <strong>Il</strong> en veut<br />
pour preuve le soutien d’un conseiller<br />
UC au président istiqlalien du conseil<br />
provincial de Khemisset au détriment<br />
des membres de l’opposition dont son<br />
fils Abdessamad Archane. Affaire de<br />
progéniture.<br />
CƒRƒALES<br />
La récolte céréalière de 1999 (moisson<br />
du mois de mai et juin) s’annone mauvaise.<br />
D’abord à cause du manque des<br />
pluies en octobre et novembre et puis<br />
leur insuffisance durant les mois de décembre,<br />
janvier et février.<br />
Les semailles ayant été tardives, la récolte<br />
le sera également. Ce qui signifie<br />
que les plants sont actuellement au stade<br />
de végétation du mois de mars. Or, la<br />
période de grosse chaleur qu’a connue le<br />
pays récemment (28/30 degrés à l’intérieur)<br />
a porté un coup sérieux aux plants<br />
et aux épis qui viennent à peine d’éclore.<br />
Les dégâts sont importants.<br />
Si les pluies n’arrivent pas jusqu’à fin<br />
avril, il sera alors trop tard et la récolte<br />
céréalière sera catastrophique.<br />
Au cours de la campagne qui s’achève<br />
(1998-1999), le <strong>Maroc</strong> a importé près<br />
de 4.250.000 tonnes des 4 principales<br />
céréales dont 1 million de tonnes d’orge.<br />
À signaler que c’est la première fois depuis<br />
1940 que le <strong>Maroc</strong> importe une<br />
quantité aussi importante de ce produit.<br />
JUSTICE<br />
Rassemblés par Abdellah CHANKOU<br />
Le président du MDS a déposé mardi<br />
20 avril deux plaintes, l’une en son nom<br />
propre et l’autre en tant que leader d’un<br />
parti, auprès du procureur du Roi près du<br />
tribunal de première instance de Rabat.<br />
Par cette procédure, le plaignant poursuit<br />
le directeur de la publication de Al<br />
Bayane, Nabyl Benabdallah et l’auteur<br />
de l’article jugé diffamatoire Narjis<br />
Reghaye.<br />
Cette affaire fait suite à la plainte portée<br />
par cette dernière contre l’ex-responsable<br />
de la Voix du centre Mustapha<br />
Sehimi pour avoir écrit un article jugé<br />
lui aussi diffamatoire et contre<br />
Mahmoud Archane en tant que directeur<br />
de la publication.<br />
Rappelons que la première audience a<br />
eu lieu, il y a deux semaines et que le<br />
procès a été reporté au 28 avril.<br />
NOMINATIONS<br />
Le gouvernement Youssoufi s’apprête à<br />
procéder à une série de nominations,<br />
plusieurs dizaines, paraît-il, à des postes<br />
stratégiques de l’administration marocaine.<br />
Un an d’alternance semble être un<br />
délai raisonnable d’observation et de réflexion<br />
sur la réactivation de l’administration<br />
dans le sens préconisé par la coalition<br />
gouvernementale.<br />
Une action contenue dans la déclaration<br />
de politique générale du Premier<br />
ministre qui ne devrait prendre aucune<br />
forme susceptible d’être taxée de<br />
clientélisme partisan ou de chasse aux<br />
sorcières.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
3
DƒSORMAIS<br />
DES KOSOVARS<br />
Ë MELILLIA<br />
Par Abdellatif MANSOUR<br />
Melillia, tout comme Sebta d'ailleurs,<br />
c'est un Kosovo ˆ l'envers que nous<br />
parviendrons bien un jour ˆ remettre<br />
ˆ l'endroit.<br />
Les prolongements du conflit des Balkans ont atteint<br />
le <strong>Maroc</strong>. L'Espagne s'en est chargée pour nous,<br />
chez-nous, sans nous demander notre avis. Elle n'a pas<br />
estimé nécessaire de le faire puisqu'elle agit en puissance<br />
coloniale sur une partie de notre territoire.<br />
Respectant ses engagements au sein de l'UE, de<br />
l'OSCE et de l'OTAN, le gouvernement espagnol a décidé<br />
d'accueillir une partie des réfugiés Kosovars. Le secrétaire<br />
général de l'OTAN, Javier Solana, étant lui-même<br />
espagnol, l'Espagne ne pouvait se contenter d'une<br />
participation plus que symbolique à l'effort de guerre<br />
contre Slobodan Milosevic. <strong>Il</strong> fallait mettre dans le panier<br />
atlantique un petit plus humanitaire. Honorable, très<br />
honorable, cet élan de générosité, ce sens hautement civique<br />
de la solidarité internationale et de l'hospitalité.<br />
Mais chez autrui.<br />
À travers leur histoire tumultueuse, les Européens ont<br />
produit d'autres Milosevic. À cinquante ans d'intervalle,<br />
le drame du peuple kosovar rappelle le grand exode des<br />
Palestiniens, cinq cents mille en un mois, après l'implantation<br />
d'Israël, en 1948, au Proche-Orient. Les Arabes<br />
aussi ont de la mémoire. <strong>Il</strong> n'y a pas de prescription en<br />
histoire.<br />
Où ces victimes de la folie du maître parano de<br />
Belgrade seront-elles logées? Aux Asturies, au Pays<br />
Basque, en Castille, en Catalogne ou dans toute autre<br />
communauté autonome non contestée du Royaume<br />
d'Espagne? Dans une province objet de contestation interne<br />
entre Espagnols?<br />
Pour loger les réfugiés Kosovars, le gouvernement<br />
de Madrid a porté son choix sur Melillia. Ces Musulmans,<br />
devenus pauvres hères chassés du pays de leurs ancêtres<br />
par les hordes sauvages de Milosevic, sont les bienvenus<br />
en terre d'Islam.<br />
La stratégie de Madrid n'en est pas moins vicieuse.<br />
Le problème étant euro-européen, malgré la particularité<br />
religieuse des déportés, alors, semblent dire les<br />
Espagnols, restons entre Européens, en Europe, dans ses<br />
limites coloniales, pas géographiques. <strong>Il</strong> n'y a pas d'endroit<br />
plus approprié pour ces Musulmans européens qu'un<br />
bout d'Europe en Afrique musulmane. Très subtil. Plus<br />
subtil encore, l'amalgame pernicieux qui sous-tend la<br />
démarche espagnole.<br />
À Melillia, nous nous y sommes installés, disent les<br />
Espagnols, à la force du poignet de nos valeureux conquistadores,<br />
il y a quatre ou cinq siècles, et les Maures veulent<br />
nous en chasser.<br />
Melillia, tout comme Sebta d'ailleurs, c'est un Kosovo<br />
à l'envers que nous parviendrons bien un jour à remettre<br />
à l'endroit.<br />
Et puis, pourquoi enjamber la mer et aller jusqu'aux<br />
derniers débordements de la Reconquista? Puisqu'on est<br />
dans les conflits séculaires qui s'inscrivent dans la longue<br />
durée, l'Andalousie aurait sufi, avec ses mosquées transformées<br />
en églises, et les belles traces de quelque huit<br />
siècles de présence musulmane.<br />
Subtil le choix de Melillia mais pas très futé. Durant<br />
leur transfert vers leur lieu de refuge, les Kosovars se<br />
rendront bien compte qu'ils ont changé de continent.<br />
<strong>Il</strong>s découvrirent surtout, au cours de leur séjour dans<br />
cette ville christianisée, un échantillon du projet de<br />
Milosevic pour le Kosovo musulman. Un échantillon<br />
anachronique légué par les "Serbes hispaniques" d'il y a<br />
quelques siècles. Si j'étais Kosovar, je demanderais à<br />
l'OTAN de me ramener au plus vite à Pristina.❏<br />
DROITS DE LÕHOMME<br />
Le prŽsident du CCDH, Driss Dahak, ˆ Gen ve<br />
LA VOIX DU MAROC<br />
EN SUISSE<br />
Menant une dŽlŽgation du Conseil consultatif des<br />
Droits de lÕHomme composŽe de MM. A. Ferdaous,<br />
M. Hatimi, A. Sasson, A. Guennoun et A. Benzakour<br />
pour participer aux travaux de la Commission des<br />
droits de lÕHomme qui a eu lieu ce lundi 19 avril ˆ<br />
Gen ve, Driss Dahak a fait une brillante intervention<br />
dans laquelle il a exposŽ les avancŽes palpables<br />
rŽalisŽes par le <strong>Maroc</strong>.<br />
Le <strong>Maroc</strong> n’a plus rien<br />
à cacher en matière<br />
des droits de<br />
l’Homme. Des avancées palpables<br />
et certaines. Une page<br />
définitivement tournée. C’est<br />
Par Issam NAJATI<br />
fort de cet acquis qu’une délégation<br />
du Conseil consultatif<br />
des droits de l’Homme,<br />
conduite par son président<br />
Driss Dahak s’est rendue lundi<br />
19 avril, à Genève pour<br />
participer aux travaux de la<br />
Commission des droits de<br />
l’Homme.<br />
Cette manifestation a été<br />
marquée, mercredi 21 avril,<br />
par l’intervention brillante et<br />
remarquable du chef de la délégation<br />
marocaine. M.<br />
Dahak a en effet expliqué de<br />
manière claire et circonstanciée<br />
les réalisations marocaines<br />
dans ce domaine au<br />
cours de ces dernières années<br />
et le rôle joué par le CCDH<br />
dans cette affaire.<br />
Objectivité<br />
Une institution représentative<br />
de la diversité marocaine<br />
dans la mesure où elle<br />
compte les représentants des<br />
différents partis politiques et<br />
organisations syndicales, ainsi<br />
que les représentants des<br />
structures juridiques, professionnelles<br />
et scientifiques.<br />
“Grâce à l’objectivité, au dialogue<br />
et à l’esprit de tolérance<br />
qui imprègnent les travaux<br />
du CDD et grâce également<br />
à la consécration systématique<br />
des avis et propositions<br />
de cette institution par<br />
S.M le Roi, a souligné Driss<br />
Dahak, le Conseil a pu réaliser<br />
en l’espace de neuf années<br />
d’existence, de nombreux<br />
acquis, en particulier<br />
en faveur de la défense des<br />
libertés publiques et de la<br />
promotion des droits de<br />
l’Homme”.<br />
M. Dahak a par ailleurs<br />
rappelé l’amnistie royale qui<br />
a permis de libérer l’ensemble<br />
des détenus d’opinion,<br />
ainsi que les personnes<br />
• Driss Dahak, président du CCDH<br />
détenues “dans le cadre d’affaires<br />
criminelles à motivation<br />
idéologique“. De même,<br />
a déclaré l’orateur, le CCDH<br />
a contribué à éviter la peine<br />
capitale à tous les détenus<br />
condamnés à subir cette peine.<br />
M. Dahak n’a pas manqué<br />
de souligner la récente avancée<br />
majeure, l’apurement du<br />
dossier des disparus.<br />
Détermination<br />
Un organisme d’arbitrage<br />
spécial vient d’être mis en<br />
place afin de déterminer les<br />
indemnisations appropriées<br />
à verser aux familles des victimes<br />
pour les dommages et<br />
les préjudices subis.<br />
Reste l’affaire des 48 prisonniers<br />
dans le cadre d’affaires<br />
criminelles. Driss<br />
Dahak a déclaré que le<br />
Conseil est en train de travailler<br />
pour la libération des<br />
28 d’entre eux qui n’ont pas<br />
directement ou personnellement<br />
participé aux crimes.<br />
M. Dahak a passé en revue<br />
les différentes manifestations<br />
accueillies par le<br />
4<br />
<strong>Maroc</strong> et organisées par le<br />
CCDH : première rencontre<br />
à Marrakech des institutions<br />
nationales de protection et de<br />
promotion des droits de<br />
l’Homme dans le bassin méditerranéen,<br />
colloque à Rabat<br />
sur les perspectives des droits<br />
de l’enfant au <strong>Maroc</strong>, conférence<br />
à Tanger sur le phénomène<br />
de l’immigration et les<br />
droits des migrants.<br />
Le CCDH a ainsi participé<br />
régulièrement à la promotion<br />
de la culture des<br />
Droits de l’homme dans notre<br />
pays.<br />
En effet, le CCDH est devenu<br />
une institution incontournable<br />
au <strong>Maroc</strong> dans le<br />
dossier des droits de<br />
l’Homme et des libertés publiques.<br />
Une institution qui a acquis<br />
ses lettres de noblesse.<br />
Driss Dahak, magistrat connu<br />
et reconnu, réputé pour son<br />
sens du consensus et du dialogue,<br />
est une personnalité<br />
qui a sans conteste su donner<br />
au conseil la place qu’il<br />
mérite. ❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
Ph. MHI
RƒFORME<br />
La Fonction publique simplifie les r gles et procŽdures administratives<br />
HUILER LES ROUAGES<br />
Une administration à<br />
la portée de tous les<br />
citoyens. Ceci n’est<br />
pas un slogan de campagne<br />
électorale, encore moins un<br />
point d’une longue liste de<br />
doléances formulées par des<br />
étudiants réfractaires… Mais<br />
une interprétation du thème<br />
de la rencontre pour la<br />
"Simplification des règles et<br />
procédures administratives"<br />
organisée par le ministère de<br />
la Fonction publique et de la<br />
Réforme administrative, le<br />
23 avril 1999 au siège de<br />
l’ENA - École nationale d’administration-<br />
à Rabat.<br />
Selon un communiqué du<br />
ministère de la Fonction publique<br />
et de la Réforme administrative,<br />
" cette rencontre<br />
témoigne de la grande importance<br />
qu’accorde le gouvernement<br />
actuel à la question"<br />
de la fluidification des<br />
rouages administratifs. Elle<br />
s’inscrit, de fait, dans le cadre<br />
de la politique générale du<br />
gouvernement de l’alternan-<br />
PROJET<br />
ce, portant sur le programme<br />
national de modernisation et<br />
de développement des compétences<br />
de la gestion administrative.<br />
En effet, dans l’état actuel<br />
des choses, c’est une lapalissade<br />
que de dire que notre administration<br />
n’a pas bonne<br />
presse. Tant elle est taxée de<br />
tous les noms, lui adjoignant<br />
des attributs pas très flatteurs<br />
du genre lourdeur, lenteur,<br />
bureaucratie, laxisme, larbinisme...<br />
Lourdeur<br />
Cette indexation qui dénote<br />
un malaise chez l’usager<br />
des services administratifs<br />
n’est pas pour favoriser<br />
une bonne relation, fatale,<br />
entre le gouvernant et le gouverné.<br />
L’évidence même de ce<br />
constat a amené les têtes pensantes<br />
du ministère de la<br />
Fonction publique et de la<br />
Réforme administrative à<br />
mettre en œuvre des straté-<br />
À<br />
CASABLANCA<br />
COMMUNE DU MAÂRIF<br />
Lotissement Abdelmoumen<br />
Avis de Vente<br />
Des lots de terrains de type R+6 étages<br />
de 289 m 2 à 412 m 2<br />
• Aziz Houcine, ministre de la Fonction publique.<br />
gies à même de trouver des<br />
solutions pratiques pour résorber,<br />
une fois pour toute, le<br />
fossé creusé entre ces deux<br />
en cours<br />
de réalisation<br />
partenaires. Pour se faire, il<br />
a commandité des études et<br />
des sondages –scientifiques,<br />
en collaboration avec d’autres<br />
ministères tout aussi sensibles,<br />
sur la sellette, pour évaluer<br />
de façon chiffrée les sons<br />
faux et discordants de l’administration.<br />
Ainsi l’hôpital<br />
provincial de Khemisset, la<br />
perception de Mabela à<br />
Rabat, la délégation de la<br />
Pêche maritime à Agadir et la<br />
délégation régionale de<br />
l’Habitat à Marrakech, ont<br />
servi d’échantillon à ces<br />
études et sondages.<br />
L’éloquence des résultats présentés<br />
se passe de tout commentaire.<br />
En tout cas, l’unanimité<br />
est faite au sein des différents<br />
départements ministériels<br />
quant à la nécessité de remédier<br />
à la complexité des procédures,<br />
de démêler les enchevêtrements<br />
des démarches<br />
administratives, de rendre<br />
plus accessible l’administrateur.<br />
En un mot de rendre<br />
l’administration plus citoyenne<br />
c’est-à-dire au service<br />
du citoyen.❏<br />
B.T.<br />
ROYAUME DU MAROC<br />
MINISTÈRE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DE L’ENVIRONNEMENT<br />
DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT<br />
SECRETARIAT D’ETAT A L’HABITAT<br />
Promoteurs immobiliers,<br />
CoopŽratives,<br />
Associations et Particuliers<br />
Po<br />
(02) 99 11 80<br />
Résidence Abdelmoumen<br />
Imm 1, Bd Hamza Ben Abdelmoutaleb<br />
Derb Ghalef - Casablanca<br />
Tél.: (02) 99 11 80 (lignes groupées)<br />
Fax : (02) 99 11 85<br />
© Ph. AFP<br />
Horaires<br />
Du Lundi au Vendredi<br />
de 8h 30 mn à 12h<br />
et de 14h 30 mn à 18h 30<br />
Samedi de 9h à 12h 30<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
5
CRƒDIT<br />
CrŽdor sous le signe de dŽveloppement ma”trisŽ<br />
CROISSANCE ET VIGILANCE<br />
La sociŽtŽ CrŽdor, spŽcialisŽe dans le crŽdit ˆ la<br />
consommation, a invitŽ le vendredi 16 avril la<br />
presse nationale ˆ un petit dŽjeuner dŽbat.<br />
Majid Bennani<br />
Smires, l’administrateur-directeur<br />
général de Crédor, peut se réjouir<br />
des résultats positifs obtenus<br />
de l’exercice 1998. En<br />
effet, Le chiffre d’affaires de<br />
l’année 1998 à été de l’ordre<br />
de 218 348 millions de Dh<br />
soit une progression de 18%<br />
par rapport à l’année précédente.<br />
Quant au résultat de<br />
l’exploitation, il a enregistré<br />
une évolution en hausse de<br />
+11% durant la même période,<br />
de 91 234 Millions de Dh<br />
en 1997 à 101 347 millions de<br />
Dh en 1998. Les performances<br />
commerciales des<br />
principaux indicateurs de<br />
l’année 1998 ont été conformes<br />
aux prévisions arrêtés<br />
par le Conseil d’administration<br />
en 1997. Lesquels?<br />
Les crédits distribués qui ont<br />
atteint un taux de variation de<br />
+ 32%. Les encours nets,<br />
quant à eux, ont augmenté de<br />
+41%. Cependant, le résultat<br />
net en 1998 a reculé de<br />
–1% par rapport à 1997. Cette<br />
légère baisse est due d’une<br />
part à l’impact de l’incidence<br />
fiscale de la contribution libératoire<br />
qui s’est élevée à<br />
3,9 millions de dirhams et<br />
d’autre part par la reprise pour<br />
la provision du logement qui<br />
était de 2,4 millions de Dh.<br />
Assainissement<br />
La grande concurrence qui<br />
a régné dans le secteur de crédit<br />
à la consommation en<br />
1998 n’a pas pour autant entamé<br />
la bonne croissance<br />
maîtrisée de Crédor qui, du<br />
reste, a laissé de marbre ses<br />
dirigeants. Ces derniers vont<br />
être encore plus vigilants cette<br />
année au niveau des risques<br />
relatifs aux crédits attribués.<br />
Cette précaution s’est traduite<br />
par plusieurs initiatives<br />
dont la mise en place du "scoring",<br />
d’un remodelage des<br />
OFFICE NATIONAL DE L’EAU<br />
POTABLE (ONEP)<br />
DIRECTION COMMERCIALE<br />
DIVISION<br />
APPROVISIONNEMENTS DCM/A<br />
AVIS D’APPEL D’OFFRES<br />
N° 5/99 DCM/A<br />
Le présent appel d’offres concerne la fourniture de<br />
robinetterie industrielle (vannes à opercule et<br />
ventouses), dont le délai d’exécution est de quatre (4)<br />
mois.<br />
Le dossier de consultation est à retirer contre paiement<br />
de la somme de 300,00 Dh (trois cents dirhams) à<br />
l’une des adresses suivantes:<br />
- Bureau d’ordre de la Direction générale de<br />
l’ONEP, 6 bis, rue Patrice Lumumba,<br />
Rabat.<br />
• Téléphone: (07) 72.12.81/73.03.13<br />
• Téléfax: (07) 72.65.33<br />
- Ateliers Centraux de l’ONEP, rue de l’écrivain,<br />
Aïn Borja-Casablanca<br />
• Téléphone: (02) 61.94.06<br />
• Téléfax: (02) 61.94.09<br />
Le montant du cautionnement provisoire est fixé à<br />
30.000,00 Dh (Trente Mille Dirhams).<br />
Les offres établies et présentées conformément aux<br />
prescriptions du règlement de la consultation, doivent<br />
parvenir à Monsieur le Directeur Général de l’ONEP,<br />
6 bis, rue patrice Lumumba à Rabat au plus tard le<br />
Mercredi 2 juin 1999 à 11 heures.<br />
RŽsultats de lÕexercice 1998 et les projets de dŽveloppement<br />
ont ŽtŽ au cÏur du discours de la<br />
direction de CrŽdor.<br />
• Majid Bennani Smires<br />
systèmes d’information permettant<br />
de déléguer une plus<br />
grande autonomie aux<br />
agences et enfin d’un assai-<br />
© Ph. MHI<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
6<br />
nissement du réseau de revendeurs.<br />
Afin de se prémunir<br />
contre la hausse galopante<br />
des surendettés qui devient<br />
de plus en plus alarmante,<br />
Crédor envisage de cibler une<br />
clientèle qui serait plus favorable<br />
à un prélèvement à la<br />
source, c’est à dire au niveau<br />
de l’employeur. Face à la<br />
baisse du taux maxima (TEG)<br />
qui a été fixé à 17,83% depuis<br />
le 1er Avril 1999 contre<br />
20,42% au 1er avril 1998,<br />
Majid Bennani Smires a expliqué<br />
que Crédor n’avait<br />
d’autres solutions que de réduire<br />
les coûts des frais généraux<br />
ainsi que les provisionnements.<br />
Donc pour Crédor, l’année<br />
1999 sera une année de<br />
croissance modérée avec un<br />
objectif de croissance au niveau<br />
de la production ainsi<br />
qu’au niveau des encours<br />
clients. ❏<br />
H.T.
©DR<br />
INNOVATION<br />
3M se renforce au <strong>Maroc</strong><br />
LES IDƒES QUI GAGNENT<br />
ImplantŽe depuis plus dÕune dizaine dÕannŽes au<br />
<strong>Maroc</strong>, la filiale de 3M vend le savoir-faire amŽri-<br />
Cassettes vidéos, audio,<br />
rubans, disquettes,<br />
scotch, post-it, pansements,<br />
etc. La liste est<br />
longue. Plus de 50 000 produits<br />
sont commercialisés par<br />
la multinationale américaine<br />
3M. Vertigineux.<br />
La filiale marocaine 3M<br />
est présente au <strong>Maroc</strong> depuis<br />
plus d’une dizaine d’années<br />
par l’intermédiaire de sa fi-<br />
• M.Pierre Campeau.<br />
liale export 3M basée en<br />
France.<br />
Vu les potentialités du<br />
marché marocain, 3M a décidé<br />
de créer une filiale au<br />
<strong>Maroc</strong> en 1995.<br />
À l’image des filiales 3M<br />
dans le monde, la filiale marocaine<br />
commercialise un<br />
vaste catalogue de produits<br />
qui touchent presque tous les<br />
secteurs d’activités que peut<br />
compter une économie.<br />
Tout d’abord, le célèbre et<br />
discret sigle passe-partout<br />
“3M”est un abréviatif de<br />
Minnesota Mining and<br />
Manufacturing. Fondé en<br />
1902 à Two Harbors dans l’État<br />
de Minnesota. 3M fait partie<br />
de quelques grands<br />
conglomérats au monde qui<br />
couvrent le maximum de secteurs<br />
économiques. Elle est<br />
considérée comme partie intégrante<br />
du patrimoine économique<br />
aux yeux des Américains<br />
qui l’ont classée<br />
11ème parmi les compagnies<br />
les plus admirées aux USA,<br />
(Sondage de magazine<br />
Fortune en 1996).<br />
Créativité<br />
Plusieurs produits phares<br />
et brevetés ont fait la renommée<br />
de 3M comme le ruban<br />
adhésif appelé Scotch ou bien<br />
l’incontournable post-it.<br />
Présente dans plus de 60<br />
pays employant 75 639 employés,<br />
la force de 3M réside<br />
dans l’innovation. Celle-ci<br />
fait partie des credos sacrés<br />
de 3M dont les principaux<br />
sont l’affectation de plus de<br />
6,5% du C.A. à la recherche<br />
& devellopement et engranger<br />
plus de 30% du C.A. avec<br />
des produits de moins de<br />
4 ans. La recherche ainsi<br />
que la créativité au sein du<br />
personnel est assidûment en-<br />
cain industriel au <strong>Maroc</strong>. Des produits passe-partout<br />
qui touchent tous les secteurs dÕactivitŽ.<br />
couragée par l’État major 3M<br />
jusqu'à leur donner plus de<br />
15% de temps à travailler sur<br />
tout projet.<br />
Grâce à cette initiative<br />
hors norme, 3M a su anticiper<br />
les besoins futurs des<br />
consommateurs partout dans<br />
le monde.<br />
Pour revenir au <strong>Maroc</strong>, la<br />
filiale marocaine dirigée par<br />
Pierre Campeau, domiciliée à<br />
Casablanca avec un effectif<br />
de 19 employés, a réalisé un<br />
chiffre d’affaires de 28 millions<br />
de DH durant l’exercice<br />
1998.<br />
Ses produits de plus en<br />
plus sollicités par les fournisseurs<br />
locaux ont incité 3M<br />
à poursuivre sa politique d’investissements<br />
orientés vers<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
7<br />
l’embauche ainsi que la formation<br />
du personnel aux nouvelles<br />
technologies.<br />
Parallèlement, la direction<br />
de 3M a décidé de s’installer<br />
dans des locaux plus vastes<br />
en vue de répondre aux fortes<br />
exigences des marchés générées<br />
par le succès des ses produits.❏<br />
H.T.
COUVERTURE<br />
Fouad Filali, un homme, un destin<br />
LA SAGA DÕUNE FAMILLE<br />
Fouad Filali, l’ex-président<br />
de l’ONA, n’est ni une équation<br />
sociale à plusieurs inconnues,<br />
ni un électron libre<br />
de la galaxie financière ma-<br />
Par Khalil HACHIMI IDRISSI<br />
rocaine dont la première caractéristique<br />
est l’opacité et l’absence de vision.<br />
<strong>Il</strong> a rendu dans la dignité son<br />
tablier de patron du premier groupe<br />
privé marocain, le 20 avril 1999. Ce<br />
fait, malgré des attentes souvent pernicieuses<br />
et parfois de mauvaise foi,<br />
s’est déroulé dans un climat de sérénité<br />
qui en dit long sur la capacité de<br />
Fouad Filali à faire face à l’adversité<br />
sous toutes ses formes.<br />
Notre homme, un manager compétent<br />
de 44 ans, à l’allure sportive et<br />
au profil athénien, n’est pas né de la<br />
dernière pluie. <strong>Il</strong> sait qui il est. Ce<br />
qu’il doit à son père et à son pays. <strong>Il</strong><br />
saisit aussi les limites de ses rêves et<br />
de ses ambitions. <strong>Il</strong> connaît, surtout,<br />
intimement les bonnes fées qui se<br />
sont très tôt penchées sur son berceau<br />
pour faire de lui ce qu’il est devenu.<br />
Un homme à l’ascendance, à la loyauté<br />
indiscutable, honoré par la monarchie<br />
marocaine et à la descendance<br />
illustre.<br />
Ce qui ajoute du sens à tout cela,<br />
Fouad Filali sait relativiser les évènements<br />
et les choses. On peut avoir<br />
tous les destins du monde réunis en<br />
une vie, il n’en demeure pas moins,<br />
au-delà de toutes les chances qui ont<br />
tapissé sa vie, qu’il reste un homme<br />
avec un destin d’homme fait de grandeur,<br />
de joie, de tristesse, de faiblesse<br />
et d’épreuves. <strong>Il</strong> ne plaide jamais<br />
l’infaillibilité ou la perfection même<br />
si on exige de lui souvent, à son corps<br />
défendant, par une sorte de projection<br />
sublimée, une attitude parfaite<br />
et idéale.<br />
Destin<br />
Dans un pays où la culture dominante<br />
est historiquement celle des<br />
gens de bien, la rancœur calculée sur<br />
la courbe des évènements, la haine<br />
étalonnée sur les aléas de la vie, la<br />
médisance flamboyante renforcée par<br />
l’anonymat, ne représentent pas des<br />
valeurs à l’aune desquelles on peut<br />
juger Fouad Filali.<br />
<strong>Il</strong> n’a pas choisi d’être fils d’ambassadeur<br />
et de passer, notamment,<br />
une adolescence chinoise riche en expériences<br />
et en sensations fortes<br />
d’étrangeté. <strong>Il</strong> n’a pas choisi d’être<br />
fils d’un ministre respectable et respecté<br />
au parcours patriotique irré-<br />
prochable. <strong>Il</strong> n’a pas choisi une vie<br />
conjugale qui a fait de lui le père des<br />
petits-fils de SM Le Roi Hassan II.<br />
Lui, dont les aïeux ont toujours été<br />
des sujets très proches des souverains<br />
marocains. Fouad Filali a vécu et vit<br />
toujours ce destin comme une somme<br />
d’honneurs et de distinctions dont<br />
il tire une fierté légitime. Malgré cela,<br />
comme si c’était une fixation psychologique,<br />
il continue à vouloir vêtir<br />
sa personne d’une humanité<br />
simple, de tous les jours, faite de matins<br />
calmes et de soirées familiales<br />
douces. <strong>Il</strong> s’entête, parfois avec maladresse<br />
et souvent avec succès, à vouloir<br />
introduire dans sa vie une pratique<br />
citoyenne de la responsabilité au<br />
risque de créer un décalage entre ce<br />
qu’il est profondément et la manière<br />
avec laquelle il est perçu. Un effet<br />
non recherché qui explique probablement<br />
le voile à peine perceptible<br />
qui couvre parfois son regard et le<br />
ton à la fois affectueux et distant qui<br />
marque sa voix.<br />
Émotions<br />
L’homme qui ce jour-là explique<br />
calmement son départ de l’ONA n’est<br />
pas convaincant. Mais le souhaite-til<br />
vraiment ? Les yeux humides, les<br />
traits reposés mais certainement de<br />
fatigue et d’anxiété, il n’arrive pas ou<br />
ne veut pas aborder les vraies raisons<br />
de son départ de ce groupe presti-<br />
CƒRƒMONIAL<br />
Une cérémonie de changement à<br />
la tête d’un groupe aussi prestigieux<br />
que l’ONA, est incontestablement<br />
un moment fort. Quand les<br />
deux principaux acteurs, l’ancien<br />
PDG, Fouad Filali et le nouveau,<br />
Mourad Cherif, à peine coopté par<br />
le conseil d’administration, sont des<br />
compagnons de route, le suspense<br />
est considérablement modéré. Cela<br />
n’a en rien diminué l’émotion de la<br />
cérémonie de "passation des pouvoirs"<br />
entre les deux hommes, organisée<br />
mardi 20 avril. Ceux qui s’attendaient<br />
à un échange stérile d’amabilités<br />
entre le partant et le " nouveau<br />
venu ", ont été surpris. Le moment,<br />
pour fort qu’il était, avait tout d’une<br />
réunion de haut niveau où se sont<br />
confrontées des visions pas nécessairement<br />
divergentes. <strong>Il</strong> faut dire que<br />
Mourad Cherif est loin d’être un<br />
étranger à l’ONA, où il a passé une<br />
grande partie de sa carrière. Fouad<br />
Filali le rappellera subtilement sur le<br />
ton de l’anecdote en confiant "c’est<br />
la première personne que j’ai connue<br />
• Fouad Filali.<br />
gieux. <strong>Il</strong> sait que, par cette attitude, il<br />
attise le front des rumeurs malveillantes<br />
et qu’il renforce les spéculations<br />
nuisibles de tous ceux qui ont<br />
monté depuis plusieurs semaines une<br />
cabale haineuse contre lui. <strong>Il</strong>s ont réduit<br />
son recul privé pour mieux détruire<br />
son image professionnelle. Un<br />
Fouad Filali c de la place ˆ Mourad Cherif ˆ la t te de lÕONA<br />
MISSION ACCOMPLIE<br />
à l’ONA, il sera le dernier que je saluerai<br />
avant de partir ". Fouad Filali<br />
a toutes les raisons de partir avec le<br />
sentiment de mission accomplie. <strong>Il</strong><br />
laisse derrière lui un groupe rentable,<br />
largement désendetté et doté de<br />
moyens financiers très importants.<br />
"j'ai la conviction d'avoir construit un<br />
groupe homogène, en croissance et<br />
doté d'une stratégie claire", a-t-il affirmé.<br />
Continuité<br />
Aujourd’hui, comme le rappelle<br />
fièrement son ancien PDG, l’ONA<br />
fonctionne selon les standards internationaux<br />
et est devenu "un véritable<br />
processus de création de valeurs, tant<br />
pour ses actionnaires que pour son<br />
environnement ". Un bilan qui n’est<br />
nullement contesté par le successeur<br />
de Fouad Filali. Mourad Cherif reconnaît<br />
volontiers que son prédécesseur<br />
a su donner à l’ONA une vision<br />
claire, une véritable stratégie de<br />
développement, tout en restant fidèle<br />
à des valeurs personnelles fondées<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
8<br />
procédé, mille fois déplorable, dont<br />
seuls les milieux sournois du pouvoir<br />
financier ont la maîtrise fine. Mais<br />
rien de tout cela n’affleure dans les<br />
propos du jeune président partant.<br />
Mais il assène quand même ses vérités<br />
à sa manière policée, technocratique<br />
et ferme. Quand l’action-<br />
sur l’éthique et la citoyenneté. Ceci<br />
ne l’empêche pas de faire remarquer<br />
que la donne a changé, ce qui amène<br />
le groupe à inaugurer une étape<br />
nouvelle, marquée de nouvelles ambitions.<br />
Celles que l’ONA demeure<br />
toujours le premier groupe du <strong>Maroc</strong>.<br />
Dans la foulée, il a jeté quelques jalons,<br />
précisant que l’ambition de<br />
l’ONA n’est pas d’être un groupe purement<br />
financier. Certes, il y a des<br />
choix à faire, mais Mourad Cherif se<br />
dit prêt, convaincu qu’il est que " tout<br />
demeure négociable ". En attendant,<br />
son credo est la gestion des ressources<br />
humaines et la promotion de "cette<br />
culture interne qui caractérise<br />
l’ONA". Sa manière de procéder est<br />
déjà annoncée : la loyauté prime sur<br />
la compétence. <strong>Il</strong> ne faut donc s’attendre<br />
à aucun changement notable<br />
dans l’organigramme du groupe. Ni<br />
d’ailleurs dans ses grandes orientations.<br />
Pour le moment, l’institutionnalisation<br />
et la pérennité du groupe<br />
semblent être le premier objectif. ❏<br />
K.B.B.<br />
© Ph. MHI
COUVERTURE<br />
naire de référence l’a mis à la tête de<br />
ce groupe, il lui a donné comme mandat<br />
de mettre l’ONA au service du<br />
développement économique et social<br />
du <strong>Maroc</strong>.<br />
Le pays ayant besoin d’un groupe<br />
privé comme locomotive, l’ONA<br />
devait créer de la valeur dans l’intérêt<br />
de son environnement et de ses<br />
actionnaires. De 1986 à 1999, Fouad<br />
Filali a tenu cette ligne de conduite<br />
tout en faisant en sorte que l’ONA<br />
devienne un groupe doté d’une vision<br />
stratégique, structuré, transparent<br />
et productif. À l’époque, le capitalisme<br />
financier n’existait pas sous<br />
sa forme actuelle, la bourse de<br />
Casablanca était virtuelle et la mise<br />
à niveau, et son corollaire qu’est la<br />
globalisation, n’était qu’une frontière<br />
lointaine dans un marché protégé.<br />
Le développement du marché financier<br />
et la course effrénée pour le<br />
contrôle de pans entiers du tissu financier<br />
marocain, sans loi anti-trust,<br />
sans filets anti-accaparement, sans loi<br />
sur la concurrence vont conduire dans<br />
ce secteur à des situations de violence<br />
et de " sauvagerie " qui font passer<br />
le libéralisme américain pour une<br />
douce prairie.<br />
Le plus normalement du monde,<br />
un actionnaire principal nouveau s’est<br />
imposé au cœur de l’ONA par le biais<br />
de prise de participations diverses. <strong>Il</strong><br />
est en mesure désormais de dicter légitimement<br />
et légalement sa loi mê-<br />
SUCCESSION<br />
me s’il apparaîtra plus tard que ce<br />
même actionnaire, par le même système,<br />
et si ses projets se concrétisent,<br />
sera amené à contrôler 70% des principales<br />
capitalisations boursières du<br />
pays. Un chiffre faramineux : 101<br />
milliards de dirhams sur 142 milliards.<br />
Contours<br />
Dans ce contexte, le loup étant déjà<br />
dans la bergerie, l’ONA n’était plus<br />
l’ONA. Et le mandat de Fouad Filali<br />
était devenu caduc, car il n’avait pas<br />
au départ pour objectif de gérer un<br />
groupe financier. Mais bel et bien un<br />
groupe qui crée de la vraie valeur.<br />
Sous le coup de boutoir de transactions<br />
boursières massives et efficaces,<br />
ceux qui menaient la vie dure à<br />
l’ONA de l’extérieur pesaient en même<br />
temps de tout leur poids de l’intérieur<br />
pour bousculer les choses. Le<br />
ver était dans le fruit. Fouad Filali devait<br />
donc se tourner vers l’actionnariat<br />
de référence afin que les leçons<br />
de cette situation nouvelle soient tirées.<br />
Une nouvelle ONA devait naître.<br />
Le mandat initial de Fouad Filali s’est<br />
achevé. Normalement dans une économie<br />
nationale tâtonnante et expérimentale,<br />
dans une bulle financière<br />
sulfureuse et initiée et dans un libéralisme<br />
marocain grotesque et ridicule.<br />
Les jeux de rôles supplantant<br />
l’efficience économique véritable<br />
créatrice d’emplois et de vraies ri-<br />
Mourad ChŽrif, nouveau PDG de l'ONA<br />
RETOUR AUX SOURCES<br />
L'ONA semble avoir choisi<br />
la voie de la continuité<br />
et de la prudence dans la<br />
succession de Fouad Filali en<br />
nommant Mourad Chérif à la<br />
tête du Groupe. C'est en effet<br />
un ancien de l'ONA qui retourne<br />
au bercail. Et il s'agit<br />
là d'un signal fort en direction<br />
des milieux d'affaires et<br />
des opérateurs économiques.<br />
Les deux hommes se connaissent<br />
bien pour avoir travaillé<br />
ensemble à la tête du pôle<br />
Mines de l'ONA. Et, à l'instar<br />
du Groupe, M. Filali<br />
semble particulièrement satisfait<br />
que ce soit M. Chérif<br />
qui lui succède.<br />
L'ONA, rappelons-le, est<br />
présente dans quatre secteurs,<br />
(agroalimentaire, mines, assurances,<br />
distribution), et a<br />
réalisé en 1998 un chiffre d'affaires<br />
de 16 milliards de dirhams<br />
pour un bénéfice net<br />
de 1,2 milliard de Dh.<br />
Directeur général de<br />
l'Office chérifien des phosphates<br />
(OCP), poste dont il<br />
n'a pas été déchargé, M.<br />
Chérif a été nommé mardi 20<br />
avril à la tête de l'Omnium<br />
nord-africain (ONA), premier<br />
groupe privé marocain, qui<br />
était jusqu'alors présidé par<br />
Fouad Filali. Juste retour aux<br />
sources pour un homme qui<br />
a accompli une grande partie<br />
de sa carrière au sein de<br />
l'ONA. En effet, après sa sortie<br />
de l'École nationale supérieure<br />
des mines de Paris, en<br />
1969, en tant qu'ingénieur civil<br />
des Mines, cet homme<br />
d'une courtoisie délicieuse a<br />
intégré le groupe ONA en<br />
1970.<br />
Satisfaisance<br />
De 1970 à 1975, il a été<br />
ingénieur du fond, puis responsable<br />
de projets et chef<br />
d'exploitation dans plusieurs<br />
mines métalliques du groupe<br />
ONA dans l'Anti-Atlas.<br />
Directeur du pôle "Mines" de<br />
l'ONA en 1975, puis directeur<br />
général des mines en<br />
1980 et directeur général du<br />
groupe ONA, membre du<br />
Comité exécutif en 1989, cet<br />
homme qui a de l'énergie à<br />
revendre, a conduit le développement<br />
de plusieurs projets<br />
dans le cobalt, le cuivre,<br />
l'argent, la fluorine, le plomb,<br />
le zinc, notamment le projet<br />
"Guemmassa", l'une<br />
des premières mines<br />
de zinc dans le monde.<br />
Le Groupe ne<br />
confiera donc pas sa<br />
destinée à un inconnu,<br />
mais bien à un personnage<br />
dont la rigueur<br />
et la compétence<br />
sont reconnues par<br />
tous. <strong>Il</strong> a occupé divers<br />
fauteuils ministériels,<br />
dont ceux des Finances,<br />
du Commerce<br />
extérieur, des Investissements<br />
extérieurs et<br />
de l'Artisanat, de<br />
l'Habitat, de l'Emploi<br />
et de la Formation professionnelle.<br />
<strong>Il</strong> s'agit également,<br />
malgré son apparente<br />
timidité, d'un homme<br />
de communication. <strong>Il</strong> a en effet<br />
des rapports empreints de<br />
courtoisie et de coopération<br />
avec les médias.<br />
Coopération<br />
Ce Tangérois, père de<br />
quatre enfants, voue une véritable<br />
passion à la mine et<br />
les gens de la mine dont il dit<br />
volontiers que leur avantage<br />
chesses. Fouad Filali n’a rien dit de<br />
tout cela. Bien évidemment. <strong>Il</strong> n’en<br />
avait pas besoin. <strong>Il</strong> était déjà ailleurs.<br />
<strong>Il</strong> demeure fier de son groupe. De 2M<br />
et de la belle aventure intellectuelle et<br />
politique qu’elle a représentée. De sa<br />
croissance minière.<br />
De ses développements dans le<br />
domaine du tourisme, de la distribution<br />
et de la pêche. De ses vrais métiers<br />
où des ouvriers urbains et ruraux<br />
agissent pour leur bien, le bienêtre<br />
de leur famille et celui de leur<br />
communauté. <strong>Il</strong> n’oublie rien de tout<br />
cela Fouad Filali. Quand ce jour-là,<br />
la voix n’est pas étreinte par l’émotion<br />
et quand le regard n’est pas éteint<br />
par un regret indicible, il arrive à exprimer,<br />
au-delà de l’ONA, le destin<br />
de sa famille. Une histoire particulière<br />
dont les contours se confondent<br />
avec l’évolution d’un pays. Le hasard<br />
a voulu que ce jeune homme<br />
blessé quitte une responsabilité pour<br />
laquelle il se sentait prédestiné le jour<br />
où SM Le Roi a rendu un hommage<br />
émouvant, inédit et rare à l’adresse<br />
d’un ministre partant, Abdellatif Filali<br />
l’ex-ministre d’Etat chargé des<br />
Affaires étrangères et de la<br />
Coopération.<br />
Éternité<br />
"Une réception a été organisée en<br />
ton honneur, et Nous tenons aujourd'hui<br />
à organiser cette cérémonie en<br />
reconnaissance aux services rendus<br />
• Mourad Cherif.<br />
c'est qu'"ils connaissent profondément<br />
leur pays, ses<br />
gens, ses paysages et ses valeurs".<br />
Débordant d'énergie,<br />
Mourad Chérif a, par ailleurs,<br />
de nombreuses autres activités<br />
telles que président de<br />
l'Institut mondial des phosphates,<br />
vice-président de<br />
l'Association internationale<br />
par l'homme, le citoyen, l'homme<br />
d'Etat, le ministre et le compagnon<br />
que tu es. Nous n'oublions pas que<br />
notre auguste père, que Dieu ait son<br />
âme, nous disait toujours que notre<br />
grand-père, Moulay Youssef, que Dieu<br />
l'ait en Sa Sainte Miséricorde, et ton<br />
père entretenaient des relations très<br />
solides.<br />
Ces relations se sont poursuivies<br />
avec notre père, que Dieu ait son âme.<br />
Suivant l'exemple de ton père, tu as<br />
œuvré aux côtés de notre regretté père<br />
et à Notre côté personnellement. Je<br />
ne pourrais dire qu'une chose : J'ai<br />
toujours trouvé en toi le citoyen mobilisé,<br />
disposé et prêt à assumer toute<br />
mission et toute responsabilité. En<br />
notre nom personnel, et au nom du<br />
peuple marocain que tu as servi avec<br />
abnégation et fidélité, nous voudrions<br />
te témoigner notre reconnaissance<br />
en t'accordant ce Wissam afin que<br />
tous les <strong>Maroc</strong>ains sachent ta place<br />
parmi eux et dans notre cœur. Puisse<br />
Dieu t'accorder longue vie".<br />
Ainsi, le rideau est tombé la même<br />
semaine sur une famille qui quitte<br />
ainsi la scène politique, économique<br />
et financière du pays sans<br />
qu’elle n’ait jamais démérité et sans<br />
jamais se départir de son sens du devoir.<br />
Une saga familiale semble se terminer.<br />
Mais se termine-t-elle vraiment<br />
quand les bonnes graines sont<br />
semées pour l’éternité dans une terre<br />
féconde et généreuse?❏<br />
des fertilisants<br />
(IFA) et vice-président<br />
de la Fédération<br />
des industries<br />
minières du <strong>Maroc</strong><br />
(FDIM).<br />
<strong>Il</strong> est également<br />
Président de R&D<br />
<strong>Maroc</strong> (Association<br />
marocaine pour la<br />
recherche-développement),<br />
membre<br />
du Conseil d'administration<br />
de l'Université<br />
Al Akhawayne,vice-président<br />
de la Fondation<br />
Académia<br />
(Association pour<br />
l'accompagnement<br />
des étudiants marocains<br />
dans la voie<br />
de l'excellence par<br />
le mérite), président de<br />
l'AMIM (Association marocaine<br />
des ingénieurs des<br />
mines de Paris, Nancy et<br />
Saint-Étienne).<br />
<strong>Il</strong> est en outre co-président<br />
de la Fondation Fullbright<br />
<strong>Maroc</strong>, et président de<br />
l'Union marocaine pour la<br />
qualité. Une mine d'énergie.❏<br />
K.B.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
9
ƒVƒNEMENT<br />
Les Žlections prŽsidentielles, une affaire algŽro-algŽrienne<br />
BOUTEFLIKA<br />
ET NOUS<br />
Bouteflika conna”t bien le <strong>Maroc</strong> et le <strong>Maroc</strong> conna”t<br />
bien Bouteflika. La lŽgitimitŽ politique, les AlgŽriens<br />
se la donnent ou ne se la reconnaissent pas, entre<br />
eux et entre eux seulement. Notre unique probl me<br />
avec l'AlgŽrie est celui de notre intŽgritŽ territoriale.<br />
Un dossier que rien n'emp che d'aborder, d s la consti-<br />
Ce qui se passe en Algérie nous<br />
concerne. "Ce droit d'ingérence",<br />
nous ne l'avons ni recherché,<br />
ni voulu. Les autorités algériennes<br />
nous l'ont imposé, avant et<br />
après l'éclatement de la guerre civile<br />
qui déchire ce pays.<br />
Par Abdellatif MANSOUR<br />
Mais faisons la part des choses.<br />
Aujourd'hui, l'Algérie a un nouveau<br />
président. La manière dont il a été<br />
élu est une affaire strictement algéroalgérienne.<br />
Du moins, d'un point de<br />
vue marocain. Le <strong>Maroc</strong> n'a pas de<br />
"conditionnalité démocratique" à opposer<br />
à l'Algérie. Chaque pays mijote<br />
sa propre tambouille démocratique,<br />
avec les ingrédients qui lui semblent<br />
digestes. Et qu'il arrive, presque toujours,<br />
à faire digérer à sa population.<br />
L'indigestion ressentie en Europe et<br />
en Amérique, suite à l'élection de<br />
Abdelaziz Bouteflika, passera.<br />
Les jérémiades de principe sur le<br />
non respect des canons de la démocratie,<br />
seront vite oubliées. Encore<br />
plus vite pour l'Algérie que pour n'importe<br />
quel autre pays. L'Algérie, et<br />
c'est tant mieux pour elle, dispose<br />
d'un capital de bienveillance, auprès<br />
des pays du Nord, que rien n'a pu entamer.<br />
Le pragmatisme commercial<br />
aidant, la realpolitik reprendra ses<br />
droits.<br />
Âge d'or<br />
En ce qui nous concerne, encore<br />
une fois, c'est aux Algériens et à leur<br />
hiérarchie militaire de choisir la forme<br />
de continuité de leur État. Par<br />
contre, celui qui en assume la charge<br />
et personnifie la politique, constitue<br />
pour nous un centre d'intérêt légitime.<br />
D'autant qu'il s'agit d'une<br />
vieille connaissance.<br />
Abdelaziz Bouteflika est natif du<br />
<strong>Maroc</strong>. C'est à Oujda, où il a vu le<br />
jour en 1937, qu'il a passé son enfance,<br />
son adolescence et achevé ses<br />
études secondaires. Lorsqu'il rejoint<br />
l'armée de libération nationale, en<br />
1956, il continue à faire partie du<br />
"groupe d'Oujda" qui regroupe le<br />
commandement de l'ALN pour l'ouest<br />
algérien, à partir de la capitale du<br />
<strong>Maroc</strong> oriental.<br />
Base-arrière pour les chefs maquisards<br />
qui prendront le pouvoir au<br />
lendemain de l'indépendance et ne le<br />
quitteront plus, Oujda a joué un rôle<br />
• Abdelaziz Boutaflika, nouveau président algérien.<br />
primordial dans la conduite de la guerre<br />
de libération de l'Algérie.<br />
Pour y être né et y avoir vécu, et<br />
pour avoir dirigé la diplomatie algérienne<br />
durant près de seize ans, sous<br />
Ahmed Ben Bella et durant toute la<br />
présidence de Houari Boumediane,<br />
Bouteflika connaît bien le <strong>Maroc</strong> et<br />
le <strong>Maroc</strong> connaît bien Bouteflika.<br />
Durant sa compagne électorale,<br />
Bouteflika s'est présenté comme la<br />
réincarnation politique de Boumediane,<br />
dont il a été l'homme lige,<br />
l'ombre voyageuse à travers le monde,<br />
le traducteur de sa conception des<br />
relations extérieures, des rapports de<br />
l'Algérie avec ses voisins, ses frères,<br />
ses amis et les autres.<br />
D'Oran à Bechar, en passant par<br />
Mascara et Constantine, pendant trois<br />
semaines, des dizaines de meetings et<br />
des milliers de kilomètres, Bouteflika<br />
a eu une seule référence, dont il ne<br />
s'est jamais départi: l'Algérie du gaz<br />
et du pétrole qui valaient leur pesant<br />
d'or noir, l'Algérie riche et prospère,<br />
l'Algérie de l'État-providence et omnipotent,<br />
l'Algérie pacifiée, réconciliée<br />
avec elle-même, passionnée à<br />
l'exubérance, chatouilleuse à l'excès<br />
sur tout ce qui peut effleurer un ego<br />
national hypertrophié. Bref l'Algérie<br />
tution du nouveau gouvernement algŽrien, pour que<br />
soient normalisŽes les relations entre les deux pays.<br />
Avec l'Žpaisseur politique qui lui est reconnue,<br />
Abdelaziz Bouteflika n'est pas sans savoir que le rŽvisionnisme<br />
historique, lorsqu'il bouscule la gŽographie,<br />
peut faire des dŽg‰ts tr s tr s regrettables.<br />
de Boumediane, que Bouteflika a présenté<br />
comme l'âge d'or d'une Algérie<br />
perdue.<br />
Rien sur la dilapidation de la manne<br />
pétrolière, rien sur l'autoritarisme<br />
étouffant, rien sur un dirigisme économique<br />
contre-productif, rien sur<br />
des choix sectoriels qui ont conduit<br />
à une totale dépendance alimentaire<br />
du pays. Si l'Algérie est aujourd'hui<br />
au fond de l'abîme, c'est la faute aux<br />
"présidents-stagiaires" qui ont squatté<br />
l'appareil de l'État depuis la mort<br />
de Boumediane.<br />
Le développement est linéaire, par<br />
trop manichéen. Bouteflika avait besoin<br />
d'un repère, et c'est compréhensible.<br />
<strong>Il</strong> s'y est accroché pour, dit-il,<br />
“provoquer un sursaut national, réveiller<br />
l'Algérie, remettre les Algériens<br />
au travail et casser le cycle infernal<br />
de la violence par la réconciliation<br />
nationale". Propos électoraliste, mais<br />
de bonne guerre électorale. La comparaison<br />
ne plaira sûrement pas à<br />
Bouteflika, mais on peut être boumédianiste<br />
en Algérie, comme on est<br />
gaulliste en France.<br />
La France, précisément,<br />
Bouteflika ne s'est pas privé d'utiliser<br />
son immixtion jugée inadmissible,<br />
pour réaffirmer la souveraineté de<br />
© Ph. AFP<br />
10<br />
l'Algérie. Taper sur l'ancienne puissance<br />
coloniale a toujours été une<br />
constante dans le discours nationaliste<br />
algérien. Aussi, l'Elysée,<br />
Matignon et le Quai d'Orsay réunis,<br />
ne s'en sont-ils pas formalisés. Reste<br />
à savoir si la mise à contribution de<br />
l'ancienne métropole comme fairevaloir<br />
électoral est aussi porteur en<br />
1999 que dans les années 60 et 70.<br />
Rien n'est moins sûr.<br />
Les jeunes "hitistes" de Bab El<br />
Oued qui contemplent les bateaux en<br />
partance pour Marseille, sont presque<br />
tous candidats au visa. La jeunesse<br />
algérienne, qui a effectivement besoin<br />
d'un déclic mobilisateur et salvateur<br />
avec des projets d'avenir visibles,<br />
se contentera-t-elle d'une fixation<br />
enjoliveuse sur une période révolue?<br />
Recyclage mental<br />
Une fois de plus, tant qu'il s'agit de<br />
la cuisine intérieure algérienne, de la<br />
manière d'un pays souverain de faire<br />
de la politique, quitte à se faire mal,<br />
il n'y a rien à redire. De qui que ce soit.<br />
La légitimité politique, les Algériens<br />
se la donnent ou ne se la reconnaissent<br />
pas, entre eux et entre eux seulement.<br />
Là où nous nous sentons concernés,<br />
nous autres <strong>Maroc</strong>ains, c'est<br />
lorsque la référence à Boumediane<br />
dépasse les frontières de l'Algérie,<br />
touche au voisinage géographique.<br />
Le candidat-Bouteflika a été très<br />
peu prolixe sur sa future politique extérieure,<br />
particulièrement au niveau du<br />
Nord-Ouest africain. <strong>Il</strong> a réitéré sa<br />
profession de foi dans l'idéal maghrébin<br />
et déclaré qu'il s'en tiendrait aux<br />
résolutions de l'ONU pour le règlement<br />
de la question du Sahara marocain.<br />
Pas de sortie électorale donc,<br />
comme on pouvait s'y attendre ou ne<br />
pas s’y attendre. Sur ce registre, la<br />
campagne présidentielle, trop bien<br />
réglée, n'a pas réussi à infléchir la<br />
langue de bois. Bon signe, ou source<br />
d'inquiétude? Les éléments de réponse<br />
et les indices annonciateurs de<br />
tendances, sont insuffisants. <strong>Il</strong> reste à<br />
se rabattre sur les interrogations et<br />
les hypothèses aussi contradictoires<br />
que plausibles.<br />
Une évidence. L'environnement<br />
international de l'ère-Boumediane<br />
n'est plus. Encore faut-il que dans la<br />
tête du Président Bouteflika, le Mur<br />
de Berlin soit réellement tombé. Qu'il<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ƒVƒNEMENT<br />
soit définitivement convaincu qu'il<br />
n'y a plus de place pour un quelconque<br />
leadership tiers-mondiste ou<br />
régional. Que les pays du Sud sont aujourd'hui<br />
demandeurs de coopération,<br />
d'échanges économiques et de<br />
regroupements régionaux plutôt que<br />
de discours idéologisants totalement<br />
anachroniques.<br />
Le jeune diplomate fringant des<br />
années 60 et 70, tantôt charmeur tantôt<br />
arrogant, mais réussissant toujours<br />
à “vendre” ou à faire admettre<br />
les fausses certitudes du boumedianisme,<br />
s'est-il imposé un exercice de<br />
recyclage mental? S'est-il persuadé<br />
que, désormais, la diplomatie agressive<br />
se fait moins dans les couloirs de<br />
l'ONU qu'autour des tables de négociations<br />
avec les experts de la Banque<br />
Mondiale, du FMI, des grands holdings<br />
et des multinationales? Peut-il<br />
se faire à l'idée que même à l'OUA,<br />
institution continentale qui a le moins<br />
progressé, les petits pays et les États<br />
pauvres sont de moins en moins sensibles<br />
au terrorisme verbal paternaliste<br />
et inquisiteur?<br />
<strong>Il</strong> faut espérer que la longue traversée<br />
du désert de Bouteflika, les<br />
expérimentations catastrophiques<br />
auxquelles l'Algérie a été soumise,<br />
et les malheurs actuels de son pays,<br />
l'ont amené à adapter son échelle de<br />
jugement.<br />
Urgence au Sahara<br />
"Ma première décision, une fois<br />
élu? Surtout ne prendre aucune décision",<br />
a-t-il déclaré, en reprenant<br />
une maxime de Talleyrand. Ses premières<br />
décisions seront sans aucun<br />
doute pour l'Algérie. C'est dans l'ordre<br />
des choses terribles que vit ce pays.<br />
Au niveau bilatéral, régional et continental,<br />
certains dossiers, pour avoir été<br />
trop longtemps bloqués, ne peuvent<br />
pas non plus attendre.<br />
Celui du Sahara marocain nous<br />
concerne au plus haut point. <strong>Il</strong> constitue<br />
une urgence que rien n'empêche<br />
d'aborder, dès la constitution du nouveau<br />
gouvernement algérien, pour<br />
que soient normalisées les relations<br />
entre les deux pays. Un travail de<br />
concertation et de préparation dans<br />
la perspective du prochain sommet<br />
de l'OUA qu'Alger doit accueillir au<br />
mois de juillet 1999. Le président<br />
Bouteflika pourrait, à cette occasion,<br />
donner un signal fort dans le sens d'un<br />
recentrage de la politique algérienne<br />
à notre égard.<br />
<strong>Il</strong> lui suffira de s'abstenir d'entraver<br />
un vote majoritaire, d'ores et déjà<br />
acquis, en faveur de la réintégration<br />
par le <strong>Maroc</strong> de la place qui lui a été<br />
injustement et illégalement usurpée<br />
par la fantomatique "RASD". En réparant<br />
cette incongruité aussi ridicule<br />
qu'absurde, Abdelaziz Bouteflika<br />
apportera un démenti cinglant à tous<br />
ceux qui le considèrent comme un<br />
président-otage d'un lobby militaire<br />
belliqueux.<br />
Abbas El Fassi, secrétaire général<br />
de l'Istiqlal, lui a suggéré de<br />
prendre une initiative simple et annonciatrice<br />
d'un changement d'attitude:<br />
"lever le blocus qui frappe les<br />
séquestrés des camps de Tindouf,<br />
• Manifestation de jeunes algériens contre le déroulement du scurtin présidentiel.<br />
11<br />
pour permettre leur libre retour au<br />
<strong>Maroc</strong>". Avec un minimum de volonté<br />
de normalisation, le reste suivra.<br />
Valeur aujourd'hui et demain, notre<br />
unique problème avec l'Algérie est<br />
celui de notre intégrité territoriale.<br />
C'est aussi le verrou qui empêche la<br />
réalisation de l'intégration maghrébine.<br />
Ce n'est pas seulement une chance<br />
précieuse à ne pas ignorer, mais<br />
la seule ouverture possible pour les<br />
peuples de la région, face aux coalitions<br />
du Nord, Union Européenne et<br />
États-Unis, à la fois hermétiques et<br />
terriblement concurrentielles.<br />
Avec l'épaisseur politique qui lui<br />
est reconnue, Abdelaziz Bouteflika<br />
n'est pas sans savoir que le révisionnisme<br />
historique, lorsqu'il bouscule la<br />
géographie, peut faire des dégâts très<br />
très regrettables.❏<br />
Le Conseil d’Administration de la BNDE réuni le 15 Avril 1999<br />
sous la présidence de M. Farid DELLERO, a constaté<br />
avec satisfaction l’évolution favorable des indicateurs<br />
d’activité et des résultats de la Banque.<br />
ACTIVITÉ EN PROGRESSION<br />
En 1998, les agréments globaux de la BNDE ont progressé de 32% par rapport à 1997 s’élevant<br />
à 4.311 Millions de Dh contre 3.280 Millions de Dh. Corrélativement, l’encours global des crédits<br />
s’est situé à 8.046 Millions de Dh en 1998, en amélioration de 14% par rapport à 1997.<br />
Les dépôts collectés se sont situés à près de 1.900 Millions de Dh, en amélioration de 22% par rapport<br />
à l’exercice précédent.<br />
SITUATION FINANCIÈRE<br />
L’action de développement des différents centres d’activité, menée de pair avec la maîtrise<br />
accrue des coûts de fonctionnement s’est traduite par une bonne amélioration de la rentabilité de la<br />
Banque.<br />
Dans ce cadre, le Produit Net Bancaire a progressé de 7,6% en 1998.<br />
Le Résultat récurrent de la Banque qui s’est situé à 92,5 Millions de Dh, en augmentation de 11%<br />
par rapport à 1997, permet de distribuer un dividende de 12%.<br />
En considérant les plus-values réalisées sur cession d’actifs, que le Conseil a décidé d’affecter<br />
pour l’essentiel aux fonds de réserves, le Résultat Net de la Banque s’élève à 183,3 Millions de Dh<br />
après régularisation exceptionnelle en faveur de l’Administration des Impôts d’un montant de 9,9<br />
Millions de Dh et constitution d’une provision pour investissements de 10.5 Millions de Dh.<br />
De ce fait, les fonds propres de la BNDE, après répartition des résultats telle que proposée à<br />
l’Assemblée Générale Ordinaire, vont atteindre 1.100 Millions de Dh, en augmentaton de 13% par<br />
rapport à leur niveau de 1997.<br />
Par ailleurs, conformément aux règles prudentielles édictées par Bank Al Maghrib, la BNDE maintient<br />
le taux de provisionnement de ses créances en souffrance à 100%.<br />
Ainsi, le montant global des provisions constituées par la Banque s’élève à 680 Millions de Dh, soit<br />
un peu moins de 9% de l’encours des prêts.<br />
FUSION AVEC LA BMAO<br />
Après avoir examiné l’étude sur la fusion avec la BMAO, le Conseil d’Administration a tracé ses<br />
orientations pour que les différentes phases prévues à cet effet soient accélérées en vue de rendre<br />
effective l’opération de la fusion à partir du 1er Janvier 2000.<br />
MODIFICATION DES STATUTS<br />
Le Conseil d’Administration a décidé la convocation d’une Assemblée Générale Extraordinaire<br />
pour modifier les Statuts de la BNDE en vue de son harmonisation avec la nouvelle Loi sur les<br />
Sociétés Anonymes.<br />
Ainsi, les modifications font porter essentiellement sur le relèvement de la valeur nominale des<br />
actions de 50 Dh à 100 Dh, leur unification en une seule catégorie au lieu des catégories actuelles<br />
“bleue et verte” et la suppression de la clause d’agrément des cessions par le Conseil.<br />
Sur la base des résultats financiers dégagés par la Banque en 1998, le Conseil d’Administration a<br />
décidé de proposer à lAssemblée Général Ordinaire des Actionnaires, la distribution d’un dividende<br />
de 12 Dh par action.<br />
© Ph. AFP<br />
BNDE : Votre partenaire pour la<br />
rŽalisation de vos projets<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ALGƒRIE<br />
LÕopposition algŽrienne pour une dŽmocratie vŽritable<br />
BOUTEFLIKA<br />
AU PIED DU MUR<br />
Selon diverses sources du minist re de lÕIntŽrieur,<br />
de lÕarmŽe, selon la presse algŽrienne unanime<br />
et les six candidats rŽtifs, les quatre cinqui me<br />
des Žlecteurs algŽriens nÕont pas votŽ. Parmi les<br />
votants, les deux tiers ont donnŽ leurs suffrages<br />
aux candidats " dŽmissionnaires ". Les Islamistes<br />
L’Algérie a-t-elle gâché<br />
toutes ses chances<br />
avec le simulacre<br />
d’élection présidentielle qui a<br />
porté Abdelaziz Bouteflika à<br />
la magistrature suprême ?<br />
Par Amale SAMIE<br />
Tout dépend de son attitude<br />
vis-à-vis des institutions algériennes<br />
et des mesures qu’il<br />
prendra pour faire oublier aux<br />
Algériens qu’il leur a été imposé.<br />
Pour tenter de dessiner les<br />
contours de la politique que<br />
mènera probablement<br />
Abdelaziz Bouteflika, il faut<br />
tout de même retourner aux<br />
résultats officiels du scrutin.<br />
<strong>Il</strong>s suggèrent une tentative de<br />
privilégier l’ opposition islamiste,<br />
à travers les "scores"<br />
de Ahmed Taleb Ibrahimi<br />
(20, 28%) et Abdallah<br />
Djaballah (12, 78%), au détriment<br />
de l'opposition "démocrate"<br />
et "moderniste", incarnée<br />
par Hocine Aït Ahmed<br />
et Mouloud Hamrouche.<br />
Que disent les principaux<br />
intéressés ? Ahmed Taleb<br />
Ibrahimi a rejeté "en bloc et<br />
en détail" les résultats de cette<br />
élection et a déclaré le 16<br />
avril qu'il considérait le candidat<br />
que "le pouvoir (...) a<br />
désigné" comme "une autorité<br />
de fait, sans aucune légitimité<br />
constitutionnelle".<br />
Abdallah Djaballah affirme<br />
''n'être concerné ni de près,<br />
ni de loin par les résultats du<br />
scrutin''.<br />
Razzia<br />
Drôle de complices, s’ils<br />
l’étaient. Mais en politique<br />
tout est possible. Bouteflika<br />
aurait-il transformé la fraction<br />
islamisante de l’opposition<br />
en arme de guerre contre<br />
Hocine Aït Ahmed et<br />
Mouloud Hamrouche pour<br />
garantir la rente des hydrocarbures<br />
?<br />
Le FIS, dans un communiqué<br />
publié par son bulletin<br />
Al Ribat, a apprécié les déclarations<br />
du président selon<br />
lesquelles il allait replacer<br />
l’AIS dans le champ juridique<br />
et politique. <strong>Il</strong> faut dire que<br />
de larges zones ont été concédées<br />
à l’AIS depuis la trêve<br />
qu’elle a proclamée en 1997.<br />
Les membres de ce bras armé<br />
du FIS s’y promènent à l’aise,<br />
commettant même<br />
quelques razzias dans les environs,<br />
se payant sur l’habitant<br />
et rackettant les commerçants.<br />
Le communiqué<br />
du FIS était signé notamment<br />
par Abbassi Madani.<br />
Souffrance<br />
Que disent les autres candidats<br />
?<br />
Djamel Zenati, porte-parole<br />
de Hocine Aït Ahmed, a<br />
déclaré le 16 avril n'accorder<br />
"aucune crédibilité aux résultats<br />
des élections, fabriqué<br />
par les laboratoires de la sécurité<br />
militaire".<br />
Pour Mouloud Hamrouche,<br />
le taux de participation...''engage<br />
le pays dans la<br />
voie de l'exclusion, de la division,<br />
de la souffrance et de<br />
la misère''.<br />
Mokdad Sifi affirme ne<br />
pas reconnaître les résultats<br />
de cette ''mascarade électorale''....<br />
Youcef Khatib a qualifié,<br />
lui aussi, de ''mascarade'' le<br />
scrutin, soulignant que les citoyens<br />
ont ''refusé'' d'aller aux<br />
urnes ''malgré les pressions<br />
et les intimidations''.<br />
Une stratégie commune<br />
découlera-t-elle de cette unanimité<br />
À l'exception de Mokdad<br />
Sifi, les cinq candidats " déserteurs<br />
" avaient appelé à une<br />
marche à Alger, le jour même<br />
de la proclamation des résultats<br />
officiels, mais elle a tourné<br />
court.<br />
Elle a vite été réprimée par<br />
les brigades anti-émeutes qui<br />
ont ainsi été les premiers inaugurateurs<br />
officiels de la nouvelle<br />
ère. Plus de 20 000 personne<br />
ont manifesté en<br />
Kabylie, à Tizi Ouzzou principalement.<br />
À quoi attribuer ce<br />
nombre? À l’audience du<br />
FFS, celle du RCD de Saïd<br />
" modŽrŽs " ont gagnŽ. LÕavenir du prŽsident<br />
passe-t-il par Ahmed Taleb Ibrahimi ou Abdellah<br />
Djaballah ? Mahfoud Nahnah, recalŽ par le Conseil<br />
constitutionnel, puis ralliŽ ˆ Bouteflika, recevrat-il<br />
une compensation pour services rendus au<br />
prŽsident mal Žlu ?<br />
• Ahmed Taleb Ibrahimi.<br />
Sadi ou plus simplement à<br />
l’irrédentisme Amazigh, ou<br />
encore à tout cela à la fois?<br />
La marche des "cinq" candidats<br />
rebelles a été reportée<br />
au 26 avril et un appel a été<br />
lancé pour la baisse des rideaux<br />
des commerces ''pendant<br />
une heure'', le jour de<br />
l'investiture de Bouteflika<br />
pour marquer l’opposition à<br />
son élection.<br />
La presse algérienne dans<br />
un élan quasi unanime a donné<br />
un avis sans appel.<br />
L'élection du nouveau président<br />
Bouteflika est un<br />
triomphe "sans gloire et sans<br />
panache". Selon El Watan,<br />
"L'alternance au pouvoir et<br />
la démocratie attendront des<br />
jours meilleurs ". Demain<br />
l'Algérie a appelé le président<br />
" le dernier des dictateurs ".<br />
Pour L'Authentique "Abdelaziz<br />
Bouteflika aura réussi<br />
son coup de force et aura obtenu<br />
ce qu'il exigeait dès le<br />
départ: une élection à un tour<br />
avec une participation " substantielle<br />
".<br />
Comment va faire le pré-<br />
sident pour faire éclater cette<br />
coalition de la société civile,<br />
des 80 % d’abstentionnistes<br />
et autres boycotteurs et<br />
des anciens candidats représentatifs<br />
?<br />
Et surtout, comment<br />
compte-t-il faire pour sortir<br />
son pays de la guerre civile ?<br />
Dès sa première déclaration<br />
après avoir été proclamé,<br />
Bouteflika s'est dit résolu à<br />
concrétiser " la réconciliation<br />
nationale et mettre fin à l'effusion<br />
de sang... en rassemblant<br />
tous ses compatriotes<br />
sur le brûlant dossier de la<br />
violence islamiste".<br />
Racket<br />
<strong>Il</strong> s’est dit prêt à discuter<br />
avec "tous les égarés", à<br />
condition qu'ils n'aient pas les<br />
mains tachées de sang.<br />
Mais sur le plan institutionnel,<br />
Bouteflika a exclu<br />
toute idée d’élections législatives<br />
anticipées.<br />
Les quatre partis qui l'ont<br />
soutenu disposent de 80 %<br />
des sièges à l'Assemblée populaire<br />
nationale. Pourquoi<br />
© Ph. AFP<br />
12<br />
cet homme qui ne tolère même<br />
pas l’opposition nuancée<br />
prendrait-il le risque de cohabiter<br />
avec un Parlement indocile?<br />
Abdelaziz Bouteflika,<br />
qui manifestement compense<br />
la frustration de sa mise à<br />
l’écart en1979, après la mort<br />
de son tuteur Boumediene<br />
veut tenter, en bousculant<br />
l’ordre politique et économique<br />
établi, de concrétiser<br />
un " renouveau national" et<br />
une "nouvelle place pour<br />
l'Algérie".<br />
Énergique, vigoureux.<br />
Messianique. Les peuples ont<br />
appris à se méfier des démiurges<br />
et des mystiques.<br />
Surtout quand ils leur disent:<br />
"Arrêtez de faire la sieste et<br />
de compter sur l'État".<br />
Mascarade<br />
Notons tout de même qu’il<br />
s'engage à construire un<br />
"cadre de vie institutionnelle<br />
et sociale ouvert, transparent<br />
et participatif", permettant<br />
"l'exercice des libertéspubliques<br />
et individuelles et l'ouverture<br />
politique".<br />
Mais il projette de supprimer<br />
l'une des deux chambres<br />
au Parlement afin de prévenir<br />
les "blocages". Décidément<br />
c’est à un débloqueur breveté<br />
que l’Algérie a eu droit.<br />
Les "islamisants", choyés par<br />
les chiffres, espèrent un avenir<br />
très ministériel.<br />
Qui sera le deuxième<br />
homme, Premier ministre ou<br />
président du Parlement ?<br />
Mahfoud Nahnah, écarté puis<br />
transformé en agent électoral?<br />
Taleb Ibrahimi ou encore<br />
Abdellah Djaballah ?<br />
Pour l’instant, les six candidats<br />
qui s'étaient retirés de<br />
la course aux présidentielles<br />
ont réaffirmé, le 21 avril, leur<br />
''non reconnaissance de la légitimité<br />
des résultats'' du scrutin.<br />
<strong>Il</strong>s invitent les citoyens à<br />
demeurer ''mobilisés'' afin<br />
d'imposer une démocratie véritable.<br />
Le Président n’aime pas<br />
la contradiction, mais il a 94%<br />
de contradicteurs en face de<br />
lui.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ALGƒRIE<br />
LÕŽlection de Bouteflika, une mascarade prŽsidentielle<br />
BIENVENUE AU CLUB!<br />
Une comŽdie de boulevard! CÕest ce qu'est devenue<br />
l'Žlection prŽsidentielle algŽrienne. M. Bouteflika<br />
laisse couler son Žpiderme en s'attaquant violemment<br />
ˆ la France qu'il accuse de vouloir instaurer<br />
une "tutelle", un "protectorat" sur l'AlgŽrie. L'attaque<br />
N'était-ce la guerre au<br />
Kosovo qui couvre le<br />
ciel européen et écrase<br />
l'actualité mondiale, la<br />
mascarade présidentielle algérienne<br />
aurait eu l'impact<br />
Par Mustapha TOSSA<br />
d'un tremblement de terre politique.<br />
Signe avant coureur<br />
de cette situation, même occupés<br />
à livrer une guerre aérienne<br />
d'usure au président<br />
serbe Slobodan Milosevic,<br />
les alliés dont notamment<br />
Washington et Paris ont respectivement<br />
exprimé leur<br />
"déception" et leur "préoccupation"<br />
à l'égard du scrutin<br />
algérien qui ressemble<br />
plus à une désignation, à une<br />
nomination de l'établissement<br />
militaire local de Bouteflika<br />
à la fonction suprême qu'à<br />
une vraie élection. À court<br />
d'arguments politiques pour<br />
justifier cette comédie de boulevard<br />
qu'est devenue l'élection<br />
présidentielle algérienne,<br />
M. Bouteflika laisse couler<br />
son épiderme en s'attaquant<br />
violemment à la France<br />
qu'il accuse de vouloir instaurer<br />
une "tutelle", un "protectorat"<br />
sur l'Algérie.<br />
L'attaque verbale qui ressemble<br />
à s'y méprendre à un<br />
air d'Edith Piaf chanté par<br />
Line Renaud, a surpris par sa<br />
violence et trahit l'immense<br />
désarroi dans lequel le chef<br />
officiel de l'exécutif algérien<br />
entame sa présidence.<br />
Culpabilisation<br />
Les observateurs ont noté<br />
avec un amusement cynique<br />
la timidité de Bouteflika à<br />
l'égard de l'administration<br />
américaine. La "déception"<br />
de la maison Blanche valait<br />
pourtant largement la "préoccupation"<br />
du quai d'Orsay.<br />
Mais on voyait mal le successeur<br />
de Liamine Zéroual<br />
se mettre à dos les deux principales<br />
puissances qui se livrent<br />
sur son territoire à une<br />
concurrence frontale pour le<br />
contrôle des richesses algériennes.<br />
M. Bouteflika a préféré<br />
donc orienter toute sa virilité<br />
en direction de Paris qu'il<br />
sait réceptive aux humeurs<br />
algériennes. Le choix de la<br />
France comme défouloir des<br />
frustrations algériennes est<br />
un classique de la grammaire<br />
politique de l'État-FLN<br />
dont Bouteflika apparaît aujourd'hui<br />
comme l'illustration<br />
physique et sonore la plus<br />
achevée. Défier la France est<br />
un acte politiquement rentable<br />
pour une personnalité<br />
qui n'a réussi à séduire les<br />
urnes qu'en les bourrant.<br />
<strong>Il</strong> ne porte pas à conséquence<br />
puisque la France et<br />
l'Algérie entretiennent des<br />
rapports de maternité douloureuse,<br />
de paternité frustrée.<br />
Des sentiments contradictoires<br />
issus d'intérêts historiquement<br />
enchevêtrés vérifient<br />
cette théorie selon laquelle<br />
l'enfant illégitime, rebelle<br />
d'hier, peut, par le biais<br />
d'un chantage politico-affectif<br />
mâtiné de culpabilisation<br />
permanente, défier, vexer, torturer<br />
le géniteur fantasmagorique<br />
sans que cette exercice<br />
sado-masochiste aboutisse à<br />
une rupture totale. Le plaisir<br />
immédiat du froncement de<br />
sourcils est doublé par le clin<br />
d'œil des retrouvailles futures.<br />
À l'égard des États-Unis,<br />
le jeu est tout autre. Dépouillé<br />
du vécu dramatique qui caractérise<br />
la relation France-<br />
Algérie, il est aussi tranchant<br />
qu'une relation comptable.<br />
D'autant plus que les responsables<br />
algériens savent par<br />
expérience que quel que soit<br />
le locataire de la Maison<br />
Blanche, il n'a pas d'amis à<br />
ménager, il a des intérêts à<br />
défendre. Et les Américains<br />
ont montré depuis l'implosion<br />
de l'Union soviétique,<br />
par une attitude de Cow-boy<br />
et de prédateurs économiques,<br />
qu'ils disposaient<br />
d'une immense capacité<br />
d'adaptation à des régimes<br />
moyenâgeux pourvu que le<br />
"Business" soit sauvegardé.<br />
Entre l'Algérie et les USA<br />
existe une grande interrogation:<br />
au plus fort de la guerre<br />
civile algérienne et au moment<br />
où les étrangers étaient<br />
des cibles rêvées pour les maquisards<br />
et les forces occultes<br />
qui alimentent les violences<br />
algériennes, les citoyens américains<br />
étaient miraculeusement<br />
épargnés.<br />
Au moment où l'Algérie<br />
était un coupe-gorge pour<br />
n'importe qui, elle se transformait<br />
par la grâce d'une<br />
verbale qui ressemble ˆ s'y mŽprendre ˆ un air<br />
d'Edith Piaf chantŽ par Line Renaud, a surpris par<br />
sa violence et trahit l'immense dŽsarroi dans lequel<br />
le chef officiel de l'exŽcutif algŽrien entame<br />
sa prŽsidence.<br />
• Entre l’Algérie et la USA de Bill Clinton existe une grande interrogation.<br />
règle non-écrite d'une Omerta<br />
orientale en un club-med pour<br />
les "American Citizen". La<br />
timidité de Bouteflika vient<br />
de cette crainte invisible<br />
qu'inspire l'oncle Sam, unique<br />
gendarme du monde, qu'on<br />
sait à la fois dangereux et utile<br />
puisque sans scrupules et<br />
dont la capacité d'indignation<br />
est proportionnelle aux parts<br />
de marchés qu'il peut pourfendre.<br />
Indignation<br />
Pour la diplomatie américaine,<br />
l'Algérie, une dictature<br />
militaire comme une autre,<br />
sans particularité spécifique<br />
sauf celle de l'opulence de<br />
son sol et de l'avidité consommatrice<br />
de ses citoyens. Les<br />
cerveaux du pouvoir algérien<br />
savent qu'un pays comme<br />
l'Amérique capable d'accorder<br />
sa protection à un régime<br />
féodal type arabie-saoudite<br />
en échange de ses puits du<br />
pétrole, de rester de marbre<br />
devant les arrogances israéliennes,<br />
de trouver un charme<br />
discret au régime des<br />
Talibans en Afghanistan, de<br />
courtiser avec un talent marketing<br />
certain les dictateurs<br />
sanguinaires de l'Afrique, est<br />
un pays à ménager, puisque<br />
à la fois dangereux et accessible.<br />
Dans un livre paru récemment<br />
chez Grasset intitulé<br />
"les dollars de la terreur",<br />
le journaliste suisse Philippe<br />
Labevière démontre avec talent<br />
et documents à l'appui de<br />
quelles liaisons dangereuses,<br />
de quelles relations sataniques,<br />
de quels comportements<br />
machiavéliques, l'administration<br />
américaine est<br />
capable pour agrandir sa zone<br />
d'influence économique.<br />
Quant aux pays arabes, la<br />
désignation de Bouteflika a<br />
certes heurté les opinions<br />
mais soulagé les régimes qui,<br />
sans grande conviction certes,<br />
voyaient déjà dans l'élection<br />
d'un président arabe par l'onction<br />
du suffrage universel, lors<br />
d'un scrutin libre et transparent,<br />
une sorte de subversion<br />
verticale. <strong>Il</strong> ne fallait surtout<br />
pas créer de précédent qui servirait<br />
d'exemple à des foules<br />
assoiffées de démocratie et<br />
de liberté. C'est pourquoi, la<br />
"Ligue arabe", temple des réactions<br />
et des conservatismes<br />
arabes, s'est empressée dans<br />
une attitude irréelle, de saluer<br />
"le climat démocratique" dans<br />
lequel le vaudeville politique<br />
du 15 avril s'est déroulé, donnant<br />
ainsi le feu vert à des télégrammes<br />
de félicitations en<br />
provenance des capitales<br />
arabes qui semblaient tous dire:<br />
"Bienvenue M. Bouteflika<br />
au club très fermé des présidents<br />
à vie, votre 73% de taux<br />
de participation n'a rien à envier<br />
à nos 99% connus<br />
© Ph. AFP<br />
13<br />
d'avance". Beaucoup de<br />
sueurs froides sont quand même<br />
passées par là. Mais audelà<br />
de ce paramètre, existe<br />
un code de conduite arabe figé<br />
dans le temps et travaillé<br />
par les susceptibilités et une<br />
forme de mythe du destin<br />
commun.<br />
Démytification<br />
Ce code indique par expérience<br />
qu'un État arabe ne<br />
parle que pour féliciter. Et les<br />
fractures qui traversent le<br />
monde arabe entre monarchies,<br />
dictateurs présidentiels,<br />
ou régimes faussement laïcs,<br />
entre pro-israéliens et anti-israéliens<br />
sont généralement<br />
couvertes soit par une indifférence<br />
royale ou une agitation<br />
fiévreuse. Imagine-t-on<br />
un instant un pays arabe oser<br />
critiquer cette élection algérienne?<br />
Au nom de quel vécu<br />
démocratique? Au nom de<br />
quelle légitimité sachant que<br />
la démocratie est une semonce<br />
interdite dans l'espace<br />
arabe?<br />
Déception de l'Amérique,<br />
préoccupation de l'Europe,<br />
applaudissements et soulagements<br />
du Monde arabe,<br />
sont les traits caractéristiques<br />
du contexte international qui<br />
a accueilli l'intronisation de<br />
Bouteflika et son accession à<br />
la fonction suprême. Si on<br />
dispose de peu d'indications<br />
sur sa marge de manœuvre et<br />
les recettes miracles qu'il va<br />
mettre en pratique pour débarrasser<br />
l'Algérie de la violence<br />
politique qui la gangrène<br />
depuis plus de dix ans,<br />
on sait en revanche que l'ancien<br />
plus jeune ministre des<br />
Affaires étrangères de<br />
l'Algérie indépendante, création<br />
modelée par Houari<br />
Boumedienne, ne laissera pas<br />
en friches le terrain de la politique<br />
étrangère dans lequel<br />
pendant de longues années,<br />
il avait déployé son activisme<br />
militant.<br />
Et si auparavant il vendait<br />
une Algérie ivre de puissance<br />
et saisie par les démons du<br />
leadership, aujourd'hui, il aura<br />
pour tâche de faire oublier<br />
le péché original qui entache<br />
son pouvoir. Et par la grâce de<br />
cette seule tentation, Bouteflika<br />
est capable du pire comme<br />
du meilleur.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
DIPLOMATIE<br />
Le ministre des Affaires Žtrang res ˆ lÕŽpreuve des dossiers bržlants<br />
LES GRANDS CHANTIERS<br />
DE BENAìSSA<br />
Lourde t‰che pour Mohamed Bena•ssa, le tout<br />
nouveau ministre des Affaires Žtrang res et de<br />
la CoopŽration qui a ŽtŽ nommŽ jeudi 8 avril<br />
par Sa MajestŽ le Roi Hassan II. D'une part, il<br />
Aucun indice ne laissait<br />
soupçonner l'imminence<br />
du départ de<br />
M. Filali. Le paysage politique<br />
s'était habitué à la présence<br />
de cet homme qui a ac-<br />
Par Karim BENDAOUD<br />
compagné une bonne partie<br />
de l'histoire du <strong>Maroc</strong> indépendant.<br />
La transmission du témoin<br />
s'est opérée en douceur. Miniremaniement<br />
ministériel ou<br />
simple remplacement du départ<br />
du grand commis de<br />
l'Etat qu'était Abdellatif<br />
Filali?<br />
La nomination de<br />
Mohamed Benaïssa, qui, selon<br />
Mohamed Elyazghi dans<br />
l'émission "Fi Al Wajiha", sur<br />
2M, a fait l'objet d'un entretien<br />
entre Sa Majesté le Roi<br />
Hassan II et le Premier ministre<br />
Abderrahmane<br />
Youssoufi.<br />
De Mohamed Benaïssa,<br />
on se souvient surtout du ministre<br />
des Affaires culturelles<br />
qu'il a été de 1985 à 1992. Et<br />
de son activité intense en faveur<br />
de la popularisation de<br />
la culture.<br />
Mais l'on se rendrait coupable<br />
d'une injustice criante<br />
à son égard si l'on occulte son<br />
côté diplomate et sa grande<br />
connaissance des dossiers internationaux<br />
qui concernent<br />
le <strong>Maroc</strong>.<br />
Souffle nouveau<br />
Son arrivée à la tête des<br />
Affaires étrangères, qui répond<br />
en quelque sorte à l'aspiration<br />
bien légitime de M.<br />
Filali à un repos bien mérité,<br />
est également le signal d'une<br />
volonté de donner un souffle<br />
nouveau à la diplomatie marocaine.<br />
Dans un cadre nouveau.<br />
Celui du gouvernement de<br />
l'alternance à laquelle M.<br />
Filali s'est facilement et parfaitement<br />
adapté. Le réseau<br />
d'amitiés qu'il a su tisser un<br />
peu partout dans le monde,<br />
et notamment à travers le festival<br />
culturel d'Asilah et ses<br />
rencontres arabo-américaines,<br />
en plus de sa parfaite maîtrise<br />
des langues sont des atouts<br />
incontestables en faveur de<br />
Mohamed Benaïssa pour une<br />
diplomatie plus "voyante",<br />
encore plus efficiente à l'aube<br />
du troisième millénaire.<br />
Mais il est bien évident que<br />
c'est le dossier algérien –ou<br />
saharien, cela revient pratiquement<br />
au même- qui mettra<br />
à contribution une grande<br />
partie de l'énergie de M.<br />
Benaïssa.<br />
C'est en effet sur ce dossier-là<br />
qu'il sera attendu. Et<br />
que son action sera jugée. Un<br />
dossier que le nouveau ministre<br />
connaît bien pour l'avoir<br />
suivi de près alors qu'il était<br />
ambassadeur à Washington.<br />
Pour mémoire, Houston, la<br />
ville des fameux accords, se<br />
trouve aux Etats-Unis.<br />
Même si les projecteurs<br />
n'étaient pas braqués sur lui<br />
dans la ville texane, M.<br />
Benaïssa a pris part, quoique<br />
de manière assez peu médiatisée,<br />
à cet événement marquant<br />
dans le processus de<br />
règlement définitif de la question<br />
du Sahara marocain, à<br />
laquelle Rabat s'est fixée pour<br />
objectif la tenue du référendum<br />
en mars 2000.<br />
En fin diplomate, il ne<br />
pouvait rester à l'écart d'un<br />
dossier aussi vital pour le<br />
<strong>Maroc</strong>. Son arrivée à la tête<br />
de la diplomatie marocaine<br />
est presque concomitante à<br />
celle du nouveau président<br />
algérien Abdelaziz Bouteflika.<br />
Pas une mince affaire,<br />
quand on connaît le gabarit<br />
et les options de l'ancien compagnon<br />
de route de Houari<br />
Boumedienne. À charge pour<br />
Mohamed Benaïssa, outre la<br />
mission de donner un visage<br />
nouveau à nos relations extérieures,<br />
celle de négocier<br />
une nouvelle approche des<br />
relations du <strong>Maroc</strong> avec<br />
vient en lieu et place d'un poids lourd de la diplomatie<br />
marocaine, et d'autre part, il arrive ˆ<br />
un moment o il y a du lait sur le feu. Et notamment<br />
les relations avec Alger.<br />
• Mohamed Benaïssa.<br />
l'Algérie, gelées, et c'est là un<br />
doux euphémisme. Notamment<br />
à cause de la position<br />
adoptée par Alger à l'égard<br />
du parachèvement de l'intégrité<br />
territoriale du Royaume.<br />
Cellule spéciale<br />
À peine installé dans ses<br />
nouveaux bureaux, le chef de<br />
la diplomatie a tôt fait de réunir<br />
une cellule qui se consacrera<br />
exclusivement au dossier<br />
Algérie.<br />
<strong>Il</strong> s'agit de donner une<br />
nouvelle impulsion aux relations<br />
avec nos voisins, ce qui<br />
devrait normalement se traduire<br />
par une solution à la<br />
question du Sahara et à la réactivation<br />
de la bonne marche<br />
de l'Union du Maghreb Arabe<br />
(UMA). Ce serait là une belle<br />
démonstration de la théorie<br />
des dominos.<br />
D'autant plus que<br />
Abdelaziz Bouteflika, qui est<br />
parfaitement au fait de l'histoire<br />
récente et de l'actualité<br />
maghrébines, pourrait jouer<br />
là une belle carte dans le cadre<br />
du règlement de ce qu'il est<br />
convenu d'appeler la crise maroco-algérienne.<br />
Les autres dossiers en instance<br />
ne manquent pas : les<br />
multiples négociations en vue<br />
avec l'Union européenne<br />
(UE), le retour du <strong>Maroc</strong> en<br />
Afrique et le raffermissement<br />
des liens privilégiés qu'entretient<br />
le Royaume dans le<br />
monde arabo-musulman et<br />
auprès de ses amis traditionnels<br />
en Occident.<br />
Dans le cadre de son premier<br />
voyage à l'étranger en<br />
tant que ministre des Affaires<br />
étrangères, il avait fait une<br />
première sortie remarquable,<br />
en plaidant à Stuttgart, le vendredi<br />
16 avril, devant la<br />
Conférence des ministres des<br />
Affaires étrangères de l'Union<br />
européenne (UE) et de leurs<br />
partenaires de la rive Sud et<br />
Est de la Méditerranée, en faveur<br />
d'"un partenariat solidaire"<br />
et "sur des bases plus<br />
équilibrées".<br />
Ce Zaïlachi de 62 ans a un<br />
sens très aigu de la communication.<br />
Son cursus universitaire<br />
aux Etats-Unis, son<br />
passage dans le département<br />
communication de plusieurs<br />
instances des Nations Unies<br />
et à la tête des deux quoti-<br />
© Ph. MHI<br />
14<br />
diens du rassemblement national<br />
des indépendants (RNI)<br />
n'y sont pas tout à fait étrangers.<br />
D'autant plus que les<br />
moussems culturels annuels<br />
d'Asilah ont permis à l'homme<br />
de roder davantage sa<br />
maîtrise du verbe et de l'éloquence.<br />
C'est d'ailleurs à Asilah<br />
qu'il a patiemment peaufiné<br />
son approche américaine.<br />
Notamment par l'organisation<br />
à Asilah de nombreuses<br />
rencontres arabo-américaines,<br />
où penseurs, intellectuels, artistes<br />
et politiques ont pu se<br />
rencontrer, se connaître et<br />
échanger des idées.<br />
Nouvelle tournure<br />
À cet égard, et vu les nombreuses<br />
amitiés qu'entretient<br />
M. Benaïssa aux Etats-Unis,<br />
la diplomatie marocaine devrait<br />
amorcer une nouvelle<br />
étape dans ses relations –par<br />
ailleurs excellentes- avec<br />
Washington.<br />
Son activité et son solide<br />
réseau d'amitié dans la capitale<br />
fédérale américaine ne<br />
sont en effet pas dénués de<br />
tout rapport avec la récente<br />
visite de Mme Hillary Clinton<br />
au <strong>Maroc</strong> et la signature du<br />
manifeste d'amitié américano-marocain<br />
par le Congrès<br />
US. Beaux coups d'éclat qui<br />
clôturent en apothéose sa mission<br />
aux Etats-Unis.<br />
De même, cet arabophone<br />
accompli, qui entretient<br />
des relations privilégiées avec<br />
les décideurs du monde arabe,<br />
devrait être à l'origine<br />
d'une intensification des<br />
échanges maroco-arabes.<br />
Et l'on ne devrait pas<br />
s'étonner de voir les liens du<br />
Royaume avec le monde arabe<br />
et musulman prendre une<br />
nouvelle allure plus dynamique<br />
alliant intensification<br />
des échanges, pragmatisme<br />
et davantage d'unification des<br />
rangs.<br />
Politiquement, économiquement<br />
et culturellement<br />
parlant. Autant de dossiers<br />
qui nécessitent doigté, savoirfaire,<br />
faire-savoir et … diplomatie.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ENQUæTE<br />
LÕŽquivalent tarifaire en vigueur favorise la fuite des devises<br />
LE BLƒ OCCULTE<br />
LÕŽquivalent tarifaire ˆ lÕimportation du blŽ dur et tendre<br />
est une bizarrerie du genre. CensŽ mettre fin aux abus<br />
de la fili re cŽrŽali re, ce syst me mis en place par le<br />
Remous dans le milieu<br />
des producteurs des<br />
céréales et des légumineuses.<br />
Ce secteur attend<br />
toujours une réforme courageuse<br />
et un assainissement<br />
Par Abdellah CHANKOU<br />
en profondeur. Une année<br />
après l’avènement du gouvernement<br />
d’alternance, aucune<br />
décision ferme n’a été<br />
prise dans ce sens. Pis, les<br />
services du ministère de<br />
l’Agriculture semblent reconduire<br />
les mêmes pratiques<br />
maintes fois dénoncées.<br />
Homme proche du terroir,<br />
soucieux du monde rural,<br />
Habib El Malki a tenu, entre<br />
les mois de février et d’avril<br />
au siège de son département,<br />
à Rabat, plusieurs réunions<br />
informelles avec les représentants<br />
des opérateurs pour<br />
justement réfléchir à une<br />
meilleure stratégie susceptible<br />
sinon de mettre fin du<br />
moins réduire l’ampleur des<br />
dégâts. Après nombre de discussions<br />
d’où ont jailli différents<br />
arguments et quelques<br />
voix discordantes, l’idée a été<br />
trouvée. Judicieuse, elle<br />
consiste à mettre en place, autour<br />
du ministre lui-même,<br />
une espèce de structure indépendante<br />
de l’office national<br />
interprofessionnel des céréales<br />
et des légumineuses<br />
(ONICL). L’élément objectif<br />
qui milite pour cette indépendance<br />
est que ce dernier<br />
est reconnu malade de ses<br />
mécanismes défaillants, obsolètes<br />
et contre-productifs.<br />
Surprise. Un document<br />
daté du 29 mars 1999, émanant<br />
du ministère de<br />
l’Agriculture, du Développement<br />
rural et des Pêches maritimes,<br />
fait état d’une décision<br />
totalement à l’opposé du<br />
projet de création d’une instance<br />
autonome par rapport<br />
à l’ONICL. Une décision qui<br />
reconduit le même schéma<br />
figé de cet office tant décrié.<br />
L’article premier de cette décision<br />
stipule, en effet, qu’un<br />
comité interprofessionnel des<br />
céréales et des légumineuses<br />
est créé auprès de l’ONICL.<br />
Les 10 composantes de ce comité<br />
qui se réunit sous la présidence<br />
du ministre de<br />
l’Agriculture ou du directeur<br />
général de l’ONICL, en vertu<br />
de l’article 3, ne sont autres<br />
que les membres du conseil<br />
d’administration de l’office.<br />
On reprend les mêmes et on<br />
recommence ! À quoi ça sert<br />
de s’encombrer d’une instance<br />
copie conforme de ce<br />
qui existe déjà et qui doit être<br />
réformée ? Veut-on faire du<br />
neuf avec du vieux ? Le ministère<br />
de tutelle et les dirigeants<br />
de l’ONICL cherchent<br />
apparemment à nous faire<br />
vendre des vessies là où le<br />
bon sens et l’urgence réclament<br />
des lanternes.<br />
Limites<br />
En fait, le problème est<br />
beaucoup plus grave que ça.<br />
Le système de protection de<br />
la production nationale de blé,<br />
les tarifs décroissants adoptés<br />
depuis octobre1998, est<br />
une bizarrerie du genre. C’est<br />
le moins que l’on puisse dire.<br />
Le procès verbal des réunions<br />
de travail organisées<br />
par l’ONICL, dont la plupart<br />
des professionnels ne sont pas<br />
au courant du reste, reconnaît<br />
noir sur blanc que ce système<br />
présente des limites et des insuffisances.<br />
Ce système<br />
“pourrait même inciter à la<br />
surfacturation et favoriser la<br />
concurrence déloyale”, lit-on<br />
dans le PV. Bien sûr, il s’agit<br />
là de la version édulcorée de<br />
la réalité de la teneur off the<br />
record des réunions, qui ont<br />
reconnu que l’équivalent tarifaire<br />
en vigueur génère plus<br />
néfaste que cela, la fuite des<br />
devises. Rien que ça. Mais<br />
pour ne pas choquer et minimiser<br />
l’affaire, les rédacteurs<br />
du PV ont préféré passer sous<br />
silence cette pratique frauduleuse.<br />
Des explications ? En<br />
voici, en voilà. Plus le prix<br />
d’achat déclaré à la douane<br />
par l’importateur de blé est<br />
élevé, moins il paie de taxes.<br />
Un exemple précis : les droits<br />
de douane sont de 1259,40<br />
Dh pour une tonne de blé à<br />
120 Dollars US (1 Dollar<br />
US= 9,40 Dh), tandis qu’ils<br />
sont de 1203, 47 Dh pour la<br />
minist re de lÕAgriculture depuis le 5 octobre 1998 favorise<br />
la fraude ˆ grande Žchelle. Surfacturation, concurrence<br />
dŽloyale et fuite des devises. Mode dÕemploi.<br />
• Habib El Malki, ministre de l’Agriculture.<br />
même quantité achetée ou déclarée<br />
à 128, 50 Dollars US.<br />
Le prix coût fret dédouané<br />
atteint 2387,40 Dh pour le<br />
premier cas et se chiffre à<br />
2411,37 dans le second cas,<br />
soit une différence de 23,97<br />
Dh par tonne. Résultat : l’importateur<br />
qui a acheté cher<br />
semble perdre au <strong>Maroc</strong><br />
23,97 Dh par tonne. En fait,<br />
cela lui permet de transférer<br />
à l’étranger 8,50 Dollars US.<br />
C’est tout le secret d’un subterfuge<br />
qui fonctionne. Un tel<br />
système encourage évidemment<br />
la fuite des devises.<br />
<strong>Il</strong> est clair que ces pratiques<br />
ont des conséquences<br />
sur les fonds de l’État.<br />
Effectivement, l’État perd en<br />
devises sur le coût fret : 8,50<br />
Dollars x 30.000 tonnes=<br />
255.000 US $. La même perte<br />
se traduit au niveau des intérêts<br />
payés par l’État (procédure<br />
Coface par exemple)<br />
pendant 42 mois sur la base<br />
d’un taux de crédit de 6%.<br />
Une perte qui s’élève à<br />
quelque 53.550 US $. Quant<br />
à la perte pour l’administration<br />
des douanes, elle est de<br />
1.677.900 Dh. Globalement,<br />
le manque à gagner pour le<br />
© Ph. MHI<br />
trésor public (devises, intérêts<br />
et douane) après déduction<br />
du profit réalisé par l’ONICL<br />
atteint 3.672,270 Dh sur<br />
30.000 tonnes de blé importé.<br />
Au cours de la campagne<br />
agricole qui se termine<br />
(1998/1999), le <strong>Maroc</strong> a importé<br />
2.500.000 tonnes de blé<br />
dur et tendre. Soit une perte<br />
sèche de près de 300 millions<br />
de Dh.<br />
Hémorragie<br />
Comment une hémorragie<br />
financière de cette étendue<br />
a-t-elle pu échapper à la sagacité<br />
de Habib Malki et à la<br />
vigilance de Fathallah<br />
Oualalou ? Pour étayer cette<br />
thèse, un appel d’offres lancé<br />
par l’ONICL le 2 décembre<br />
1998. Prix de cession<br />
du blé: 247, 98 Dh le quintal.<br />
Or l’ensemble des soumissionnaires<br />
ont proposé des<br />
prix coût fret inférieurs à celui<br />
de l’USCAM qui, lui, était<br />
de 128,50 $ US.<br />
Sur le plan commercial,<br />
comment peut-on expliquer<br />
qu’en achetant le blé à un prix<br />
CF supérieur à ses concurrents<br />
de 6 à 11 $ US la ton-<br />
15<br />
ne plus cher, l’USCAM puisse<br />
vendre sa marchandise à<br />
l’ONICL à un prix inférieur<br />
à ces mêmes concurrents de<br />
20 à 60 Dh la tonne ?<br />
Mystère. Un décalage suspicieux<br />
entre le prix coût fret<br />
et le prix de cession du blé.<br />
Pourquoi une société comme<br />
l’USCAM supporterait-elle<br />
une perte pareille si elle ne<br />
bénéficie pas d’une compensation<br />
substantielle quelque<br />
part ? Du blé pour tout le<br />
monde.<br />
Intérêts<br />
Au phénomène désormais<br />
connu du détournement de la<br />
subvention de l’État au profit<br />
de la filière céréalière à environ<br />
les 2/3 de sa valeur<br />
s’ajoute maintenant l’astuce<br />
de la fausse déclaration et de<br />
la surfacturation. En clair, les<br />
deniers publics se trouvent<br />
ainsi transférés à une poignée<br />
d’individus au détriment des<br />
intérêts des producteurs nationaux,<br />
des consommateurs<br />
et des importateurs et des<br />
commerçants sérieux. L’enrichissement<br />
indu continue<br />
de plus belle. L’équivalent tarifaire<br />
mis en place depuis le<br />
5 octobre 1998 pour l’importation<br />
du blé dur et tendre<br />
ne fait donc que renforcer et<br />
encourager les abus de toutes<br />
sortes. Étant donné que les<br />
prix internationaux évoluent<br />
avec des variations entre 1000<br />
et 1100 Dh la tonne, les prix<br />
à l’importation les plus élevés<br />
se trouvent avantagés par<br />
rapport aux prix plus bas.<br />
Ce système à l’importation<br />
étant ce qu’il est, il faut<br />
imaginer un autre mécanisme<br />
plus transparent, à même<br />
de protéger le consommateur<br />
en lui permettant d’acheter<br />
les céréales à des prix intéressants<br />
sans recours à la subvention.<br />
Les fonds alloués à<br />
celle-ci pourraient aller directement<br />
aux producteurs<br />
nationaux.<br />
S’agissant de l’importation,<br />
il est temps d’imaginer<br />
une procédure hermétique<br />
d’adjudication du tarif sur la<br />
base d’offres individuelles<br />
des importateurs. La “bonne<br />
gouvernance” est à ce prix.<br />
À moins de vouloir perpétuer<br />
les mêmes mauvaises habitudes<br />
❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
BOURSE<br />
Faut-il acheter les actions Auto Nejma ?<br />
DIVERGENCES BOURSIéRES<br />
<strong>Il</strong> fallait une premi re au <strong>Maroc</strong>. Les analystes ne pouvaient<br />
sainement continuer ˆ tre toujours dÕaccord<br />
ˆ propos des transactions boursi res. La rŽputation<br />
de notre marchŽ boursier, m me encore va-<br />
Pour un coup d’essai, ce<br />
fut plutôt fort. Le<br />
désaccord entre analystes<br />
à propos de la recommandation<br />
à associer au titre<br />
Auto Nejma, s’est mué en<br />
Par Kamal BENBRAHIM<br />
une guerre d’études plus savantes<br />
les unes que les autres,<br />
où analyses et prévisions données<br />
pour certitudes, ont fini<br />
par émailler les cerveaux des<br />
profanes que nous sommes.<br />
Créée en 1963 à l’initiative<br />
de la famille Hakam, Auto<br />
Nejma est une société anonyme<br />
au capital de 62 millions<br />
de Dh (avant augmentation)<br />
qui a l’exclusivité de<br />
la distribution au <strong>Maroc</strong> des<br />
marques Mercedes, Daewoo,<br />
Ssang Yong et Samsung.<br />
La société a lancé du 12<br />
au 16 avril, une offre publique<br />
de vente (OPV) portant sur<br />
258.400 actions au prix unitaire<br />
de 178 Dh ( 160 Dh pour<br />
le personnel) dont 52.000 par<br />
augmentation de capital.<br />
Au moment où les analystes<br />
de Casablanca Finance<br />
Group (CFG) recommandent<br />
de souscrire à l’offre publique<br />
de vente (OPV) d’Auto<br />
Nejma, se basant sur une<br />
prospective des évolutions du<br />
marché automobile, ceux de<br />
Wafa Bourse, de CDMC et<br />
d’ABN AMRO émettent une<br />
opinion négative faisant ressortir<br />
des craintes liées notamment<br />
au risque juridique<br />
de résiliation des contrats de<br />
la société avec ses principaux<br />
fournisseurs.<br />
Pour CFG, le secteur automobile<br />
et celui des pièces<br />
détachées devraient profiter<br />
d’une conjoncture particulièrement<br />
favorable, marquée<br />
par la commercialisation de la<br />
voiture économique, la baisse<br />
des droits de douane, l’octroi<br />
de facilités de paiement à<br />
la clientèle, en plus d’un souséquipement,<br />
actuellement de<br />
51 véhicules pour 1000 habitants.<br />
Dans ce contexte, l’on prévoit,<br />
au CFG, une progression<br />
en unités de 20 à 25%<br />
en rythme annuel au cours<br />
des 5 prochaines années pour<br />
les ventes des véhicules importés<br />
neufs. Or, le positionnement<br />
d’Auto Nejma sur le<br />
segment du haut de gamme<br />
avec la carte Mercedes est de<br />
nature à lui garantir une croissance<br />
soutenue du chiffre<br />
d’affaires, ainsi que des<br />
marges stables du fait du<br />
nombre réduit d’opérateurs.<br />
Certes, les spécialistes de<br />
CFG évoquent le risque de<br />
non intégration des véhicules<br />
Daewoo dans le processus de<br />
démantèlement douanier ou<br />
celui de la perte pure et simple<br />
de cette carte, mais ils prennent<br />
en même temps en<br />
considération les ventes de la<br />
marque Chrysler qui devraient<br />
au bout d’un ou de<br />
deux exercices compenser<br />
cette baisse.<br />
Espoir<br />
Optimistes, les analystes<br />
de CFG font état d’une croissance<br />
du chiffre d’affaires de<br />
18% et d’une progression de<br />
40% du résultat net en rythme<br />
annuel entre 1998 et 2000,<br />
du fait d’une baisse relative<br />
des charges fixes et d’une diminution<br />
des frais financiers.<br />
Résultat, une décote de 18%<br />
par rapport au marché et une<br />
recommandation franche<br />
pour l’achat du titre.<br />
Chez Wafa Bourse on<br />
n’est pas du tout de cet avis.<br />
D’abord, l’objet principal de<br />
cette opération, précise-t-on,<br />
est de concourir au financement<br />
de la réouverture de<br />
l’ancien siège de Ba H’med<br />
à Casablanca dont le montant<br />
de l’investissement a été estimé<br />
à 7,2 millions de Dh<br />
pour l’année 1999. Les ressources<br />
supplémentaire permettront,<br />
selon la direction<br />
générale d’Auto Nejma, de<br />
saisir les opportunités qui se<br />
présenteront à l’avenir.<br />
Ensuite, Wafa Bourse<br />
pointe une baisse depuis 1996<br />
des parts de marché de la société<br />
sur le segment du haut<br />
de gamme, celui là même où<br />
elle etait fortement positionnée<br />
depuis sa création. Elle<br />
s’y est même classée deuxième<br />
en 1998 derrière Univers<br />
Motors .<br />
Même la stabilisation des<br />
parts de marché enregistrée<br />
entre 1997 et 1998, est imputée<br />
à la percée exceptionnelle<br />
des ventes des véhicules<br />
Daewoo qui ont été multipliées<br />
par trois en l’espace<br />
gissant, en aurait pris un coup. Heureusement, lÕintroduction<br />
en bourse de la prestigieuse maison Auto<br />
Nejma, leur aura donnŽ lÕoccasion de nous Žviter cette<br />
f‰cheuse tendance.<br />
• La Bourse de Casablanca s’ouvre au secteur de l’automobile.<br />
d’un an. Alors qu’en termes<br />
de chiffre d’affaires, le segment<br />
haut de gamme est passé<br />
à 21% en 1998, contre<br />
27% l’année précédente.<br />
Même constat pour ce qui<br />
est de la part de marché<br />
d’Auto Nejma sur le moyen<br />
de gamme qui a connu une<br />
baisse importante. Une évolution<br />
due à la régression des<br />
ventes des véhicules Daewoo,<br />
du fait de la vétusté des modèles<br />
commercialisés, même<br />
s’il faut prendre en compte<br />
un net regain des ventes en<br />
1998, la marque ayant lancé<br />
de nouveaux modèles plus innovants<br />
et mieux adaptés à la<br />
demande sur le marché marocain.<br />
Modèles<br />
Autre point, au moment<br />
où Auto Nejma semble se<br />
transformer en un généraliste<br />
de la distribution automobile,<br />
avec 55% du chiffre d’affaires<br />
réalisé dans le segment<br />
du moyen de gamme, ses<br />
ventes demeurent fortement<br />
concentrées sur l’axe<br />
Casablanca-Rabat qui représente<br />
quelque 75% du<br />
nombre de véhicules commercialisés.<br />
Une situation expliquée<br />
par la faible densité du réseau<br />
commercial qui ne comprend<br />
que 7 concessionnaires et une<br />
trentaine de revendeurs de<br />
pièces de rechange, alors que<br />
la société Auto Hall, par<br />
exemple, couvre 18 villes du<br />
Royaume.<br />
<strong>Il</strong> est ainsi reproché à Auto<br />
Nejma d’être très faiblement<br />
ancrée sur le marché, en comparaison<br />
avec les autres distributeurs,<br />
notamment<br />
Sopriam, Renault, Auto Hall<br />
et Toyota du <strong>Maroc</strong>.<br />
La plus grande crainte des<br />
analystes de Wafa Bourse<br />
semble cependant tourner autour<br />
de l’évolution du partenariat<br />
d’Auto Nejma avec les<br />
constructeurs.<br />
La politique de partenariat<br />
à long terme entre les<br />
deux parties, ne saurait exclure<br />
le risque juridique de<br />
résiliation des contrats, soutient-on.<br />
Se basant sur la cas<br />
d’Univers Motors, par<br />
exemple, qui a perdu la carte<br />
BMW sans aucune indemnité<br />
de résiliation, Wafa<br />
Bourse prévient que la possibilité<br />
de résiliation des<br />
contrats de concession<br />
d’Auto Nejma par l’Allemand<br />
Mercedes ou le Coréen<br />
Daewoo constitue un risque<br />
juridique majeur " dont il<br />
© Ph. MHI<br />
16<br />
convient de mesurer les<br />
conséquences possibles ".<br />
Certes, le partenariat entre<br />
Mercedes et Auto Nejma dure<br />
depuis 30 années, mais les<br />
analystes ne disposent d’aucune<br />
information concernant<br />
une protection juridique en<br />
faveur d’Auto Nejma au cas<br />
où ce contrat venait à être résilié<br />
par le constructeur.<br />
Encore une fois, le cas<br />
d’Univers Motors fait office<br />
de référence, puisqu’il a perdu<br />
la carte BMW après 28<br />
années de partenariat.<br />
De plus, le contrat Auto<br />
Nejma- Daewoo arrivera à<br />
expiration le 31 décembre<br />
prochain.<br />
Or, l’installation au <strong>Maroc</strong><br />
d’une entité juridique propre<br />
au groupe coréen exclut la<br />
possibilité du renouvellement<br />
de ce contrat sous sa forme<br />
actuelle, sans compter l’éventualité<br />
que le groupe coréen<br />
décide d’assurer lui même la<br />
distribution après installation<br />
au <strong>Maroc</strong>.<br />
Prime<br />
Par ailleurs, Daewoo et<br />
Samsung mènent ensemble<br />
un projet de swap d’actifs, ce<br />
qui pourrait se répercuter sur<br />
la nature des rapports entre<br />
Auto Nejma et Samsung,<br />
étant donné les mouvements<br />
de restructuration actuellement<br />
en cours en Corée en<br />
vue d’une plus grande spécialisation<br />
des métiers.<br />
Enfin, la comparaison des<br />
ratios boursiers entre Auto<br />
Nejma et Auto-Hall, seule société<br />
du secteur cotée en bourse,<br />
a mené les analystes de<br />
Wafa Bourse à conclure à une<br />
surévaluation d’Auto Nejma,<br />
puisqu’au cours d’introduction<br />
proposée, le titre Auto<br />
Nejma se traite avec une prime<br />
de 42% par rapport à la<br />
seule société du secteur cotée<br />
à la bourse de Casablanca,<br />
alors que les performances<br />
commerciale et financière<br />
d’Auto-Hall sont nettement<br />
supérieures. À la fin, fallaitil<br />
ou non acheter les actions<br />
Auto Nejma ? les investisseurs<br />
ont avisé.<br />
En attendant, une telle profusion<br />
d’informations et<br />
d’analyses ne pourrait que favoriser<br />
le développement du<br />
marché boursier national.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
LIBƒRALISATION<br />
Le secteur des tŽlŽcommunications face ˆ la concurrence<br />
LICENCE<br />
Ë TOUT PRIX<br />
Avant juillet, le bal des candidats ˆ la deuxi me licence<br />
GSM prendra fin. Heureux sera lÕexploitant de<br />
cette offre qui met en course plusieurs opŽrateurs<br />
nationaux et internationaux. Pour tout un chacun<br />
Les quinze groupes préqualifiés<br />
pour la licence<br />
GSM se sont regroupés<br />
en huit consortiums.<br />
Plusieurs opérateurs nationaux<br />
et internationaux sont<br />
Par Seddik MOUAFFAK<br />
dans la course. Par exemple<br />
le groupe Afriquia a rejoint<br />
le consortium constitué de<br />
Téléfonica Portugal Télécom<br />
et de la BMCE-Bank.<br />
Font partie également des<br />
candidats à l'exploitation de la<br />
deuxième licence GSM le<br />
consortium mené par France<br />
Télécom avec ses partenaires<br />
Motorola, Ferrovial et Wafabank<br />
ainsi que le consortium<br />
formé par Vivendi et la<br />
Banque <strong>Maroc</strong>aine pour le<br />
commerce et l'industrie (BM-<br />
CI). La formation de ces<br />
consortiums n'est pas figée.<br />
Si l'opérateur prétendant a déjà<br />
scellé son alliance avec son<br />
partenaire banquier, l'équipementier<br />
se réserve au vainqueur.<br />
Les alliances peuvent<br />
se défaire à tout moment.<br />
L'annonce des candidats<br />
pré-qualifiés était faite pour le<br />
13 avril 1999. Elle sera suivie<br />
du dépôt des offres qui doit<br />
avoir lieu avant la fin de même<br />
mois. La qualification des<br />
candidats s'effectuera au plus<br />
tard le 15 juin. La licence sera<br />
octroyée au candidat qui<br />
sera choisi avant la fin juillet.<br />
Heureux soit l'élu, puisqu'il<br />
va opérer dans un marché juteux.<br />
Le jackpot financier est<br />
également certain pour l'État.<br />
La concession de la<br />
deuxième licence GSM est<br />
estimée à 4,5 milliards de Dh.<br />
Ajoutée aux recettes de privatisation<br />
de 3,5 milliards de<br />
Dh, cette manne d'argent demeure<br />
très conséquente dans<br />
l'architecture du budget de<br />
l'État. Demain, l'ouverture du<br />
capital d'Itissalat Al-Maghrib<br />
au secteur privé devra mobi-<br />
liser une enveloppe également<br />
significative.<br />
La libéralisation du secteur<br />
est perçue comme étant<br />
un signal fort de la part du<br />
gouvernement Youssoufi qui<br />
s'adresse aussi bien aux investisseurs<br />
étrangers qu'aux<br />
partenaires, surtout les organismes<br />
internationaux et<br />
bailleurs de fonds.<br />
Elle permet, en effet, de<br />
faire sauter un grand verrou:<br />
l'aspect stratégique ne justifie<br />
plus le monopole d'État. Tout<br />
le monde y trouve son compte,<br />
y compris le consommateur<br />
qui est censé bénéficier<br />
de la réduction des prix même<br />
si les tarifs qui seront appliqués<br />
par le nouvel opérateur<br />
ne sont pas connus.<br />
Jackpot<br />
Ainsi, avec l'arrivée d'un<br />
deuxième opérateur GSM et<br />
la prochaine privatisation<br />
d'IAM, "Le <strong>Maroc</strong> est favorable<br />
à la déréglementation<br />
et à la libéralisation des télécoms,<br />
beaucoup plus qu'un<br />
pays comme le Chili qui a<br />
adopté cette démarche bien<br />
avant", rappelle Ahmed<br />
Khaouja, directeur Évaluation<br />
et Concurrence à l'Agence<br />
Nationale de réglementation<br />
des télécommunications<br />
(ANRT), au cours d'un séminaire<br />
sur les stratégies et<br />
approches financières du secteur<br />
des télécommunications,<br />
organisé par l'École polyfinance<br />
les 8 et 9 avril 1999 à<br />
Casablanca.<br />
Autour de Hamid Ben<br />
Elafdil, directeur de l'école,<br />
plusieurs analystes spécialisés<br />
appartenant à des organismes<br />
financiers aussi prestigieux<br />
que la Banque de France,<br />
ING Barings, HSBC Investment<br />
Banking, Crédit Suisse<br />
First Boston, BNP Equities<br />
ou à des groupes de renom<br />
comme France Télécom ou<br />
Vivendi, ont eu à mettre en<br />
exergue les spécificités techniques<br />
et commerciales d'un<br />
secteur aussi complexe que<br />
celui des télécommunications.<br />
La nouveauté du secteur<br />
dans le paysage financier<br />
marocain incite à une re-<br />
dÕeux, certes, les scŽnarios et les intŽr ts diffŽrent<br />
mais lÕenjeu est unique: Convaincre le gouvernement<br />
marocain de son dossier. Quand au prix ˆ payer,<br />
il est estimŽ ˆ 4,5 milliards de Dh.<br />
• Mostafa Terrab, Directeur de l’ANRT<br />
cherche de compétences spécifiques<br />
pour les aspects valorisation,<br />
analyse financière<br />
et études d'opportunités.<br />
Arguments<br />
Les cadres de l'ANRT, venus<br />
en force, ont tenu, au<br />
cours de ce séminaire, à expliquer<br />
le rôle de cet organe<br />
de régulation, de contrôle et<br />
d'arbitrage dans le nouveau<br />
paysage des télécom. Organe,<br />
qui a la lourde tâche de concilier<br />
entre les impératifs de<br />
l’ouverture du secteur à la<br />
concurrence et les contraintes<br />
de ce qu’il est communément<br />
appelé le service public de télécommunications.<br />
Régulateur qui a plus que<br />
jamais besoin de se concerter<br />
avec des instances de dialogue<br />
composées des opérateurs<br />
et des utilisateurs. Ne<br />
serait-ce que pour se mettre<br />
d’accord sur les solutions à<br />
apporter à certaines lacunes<br />
aux textes régissant les télécoms<br />
au <strong>Maroc</strong> (la loi 24-96).<br />
Ces lacunes concernent aussi<br />
bien les modalités d’arbitrage<br />
que la liste limitative<br />
des services à valeur ajoutée<br />
qui sont au nombre de dix,<br />
dont la messagerie vocale et<br />
électronique et le service<br />
Internet en passant par la participation<br />
au financement du<br />
service universel. La loi 24-<br />
96 qui a mis fin au monopole<br />
d’Ittissalat Al Maghreb définit<br />
le service universel comme<br />
"une mise à la disposition<br />
de tous, d’un service minimum<br />
consistant en un service<br />
téléphonique d’une qualité<br />
spécifiée, à un prix abordable,<br />
l’acheminement des<br />
appels d’urgence, la fourniture<br />
du service de renseignements<br />
et d’un annuaire téléphonique".<br />
C’est en quelque<br />
sorte, le téléphone fixe pour<br />
tous.<br />
L’accès au service universel<br />
est nécessaire à la pleine<br />
appartenance à la collectivité,<br />
et donc doit être fourni<br />
à tous à un tarif raisonnable.<br />
Les problèmes de service<br />
universel se posent avec acuité<br />
lorsqu’on met fin au monopole,<br />
car les forces du marché<br />
contraignent à rapprocher<br />
les tarifs des coûts. Cela peut<br />
conduire à faire payer beaucoup<br />
plus cher, voire insupportablement<br />
cher, des usagers<br />
coûteux à desservir.<br />
Selon Mostafa Terrab,<br />
©DR<br />
17<br />
Directeur de l’ANRT, les<br />
conditions minimales de couverture<br />
du territoire -couverture<br />
géographique, démographique<br />
et la vitesse de déploiement-<br />
serviront probablement<br />
comme critère d’évaluation<br />
pour l’attribution de<br />
la deuxième licence de GSM.<br />
Donc, le prochain exploitant<br />
de cette licence, bien qu’il ne<br />
soit pas concerné par le service<br />
universel, doit participer<br />
au financement.<br />
Contraintes<br />
Ce qui ne va pas sans susciter<br />
quelques problèmes<br />
d’ordre juridique: la loi ne<br />
détermine pas à quel organe<br />
cette contribution devra être<br />
payée.<br />
Le service universel, c’est<br />
l’accès à la société de l’information<br />
et du savoir. En<br />
l’offrant, les pouvoirs publics<br />
ne pourront qu’éviter que se<br />
creusent davantage des disparités<br />
excessives qui menacent<br />
notre société.<br />
Menaces qui ont pour<br />
nom les nouveaux visages de<br />
l'analphabétisme: l’analphabétisme<br />
de l’information.<br />
En effet, le <strong>Maroc</strong> accuse<br />
un retard en matière de technologies<br />
de l’information.<br />
Selon Larbi Ajjoul, Secrétaire<br />
d’État chargé de la Poste et<br />
des Technologies de l’information,<br />
"la télédensité, qui<br />
est actuellement de 5,4%, est<br />
loin de répondre à nos ambitions.<br />
Nous voulons aller au delà<br />
de 13% dans un proche avenir<br />
et rendre accessible le téléphone<br />
à chaque famille.<br />
Notre objectif est aussi l’élargissement<br />
de cette notion<br />
d’accès à d’autres services<br />
comme Internet- demain plus<br />
besoin d’avoir un PC portable<br />
à portée de main, un simple<br />
téléphone mobile GSM équipé<br />
d’une carte modem, d’un<br />
abonnement Internet et d’une<br />
carte de paiement suffit – au<br />
niveau de la population, étant<br />
donné qu’il s’agit d’un critère<br />
d’évolution des sociétés.<br />
Ce sont des paramètres de développement<br />
qu’il ne faut pas<br />
négliger".❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
FOIRE<br />
Le Forum de lÕŽtudiant et de la formation tient sa 8 me Ždition ˆ la Foire de Casalanca<br />
SAUVER<br />
LÕƒCOLE!<br />
Les ministères de l’Éducation<br />
nationale, de<br />
l’Enseignement supérieur,<br />
la Formation professionnelle,<br />
la Recherche<br />
scientifique… et tous les<br />
Par Bachir THIAM<br />
autres départements ministériels<br />
concernés ont-ils besoin<br />
d’espace de débats ? de<br />
forum? de confrontations<br />
d’idées?<br />
La question mérite d’être<br />
posée, tant qu’ils n’en ont jamais<br />
manifesté le besoin;<br />
bien sûr, mis à part le travail<br />
de la Commission spéciale<br />
éducation-formation, décidée<br />
par Sa Majesté le Roi<br />
Hassan II, sous la direction de<br />
Abdelaziz Meziane Belfquih,<br />
qui planche toujours sur sa<br />
copie, à rendre à la fin de<br />
l’année scolaire, pour proposer<br />
un modèle d’enseignement<br />
sur mesure à l’école<br />
publique marocaine, surtout...<br />
Notons aussi le souci qui<br />
motive l’organisation du<br />
Forum de l’étudiant, visant<br />
invraisemblablement à instaurer<br />
un espace de réflexion<br />
sur le devenir de l’éducation<br />
et de la formation au <strong>Maroc</strong>.<br />
En tout cas, c’est ce qui<br />
se dégage du propos de<br />
Mohcine Berrada, paru dans<br />
la presse nationale. M.<br />
Berrada, organisateur et directeur<br />
de publication de la<br />
revue L’Étudiant <strong>Maroc</strong>ain<br />
défend mordicus que son<br />
souci est resté inchangé depuis<br />
la naissance de l’idée de<br />
doter ce secteur d’un espace<br />
de réflexion. Et le dit sans<br />
sourciller: "Notre objectif,<br />
c’est de faire du Forum un<br />
véritable espace de réflexion,<br />
de confrontation des idées et<br />
des expériences ".<br />
Contours<br />
Le contour, sinon les<br />
contours du Forum de l’Étudiant<br />
et de la Formation sont<br />
ainsi tracés. Huitième du genre,<br />
ce forum se déroule du 22<br />
au 25 avril 1999 à la Foire<br />
internationale de Casablanca,<br />
sous l’égide des ministères<br />
de l’Éducation nationale, de<br />
l’Enseignement supérieur, de<br />
la Formation des cadres et de<br />
la Recherche scientifique, du<br />
Développement social, de<br />
l’Emploi et de la Formation<br />
professionnelle.<br />
Se voulant un programme<br />
d’animation, le Forum de<br />
l’Étudiant et de la Formation<br />
s’emploie à développer, année<br />
après année, sa thématique<br />
pour cibler la plus large<br />
population concernée possible.<br />
Et Dieu sait-ce n’est<br />
pas ce qui manque dans<br />
notre pays.<br />
Ainsi, cette année, deux<br />
vastes volets se partagent le<br />
contenu du programme proposé<br />
aux exposants.<br />
Le premier consacre les<br />
différents cursus scolaires<br />
touchant les formations professionnelles,<br />
les formations<br />
qualifiées et les formations<br />
supérieures et le deuxième<br />
tourne autour de l’information<br />
sur les métiers, soutenue<br />
par un cycle de conférences<br />
animées par des professionnels<br />
de différents secteurs.<br />
Tel " Le métier du journaliste<br />
au <strong>Maroc</strong> " thème de<br />
l’exposé animé par notre<br />
confrère Nabil Benabdellah,<br />
directeur de publication du<br />
journal Al Bayane, prévu le<br />
samedi 24 avril à partir<br />
de17h30.<br />
Défis<br />
Des thèmes sur " Le métiers<br />
d’expert comptable "<br />
animé par Moulay Ahmed<br />
Skalli Houssiani, expertcomptable,<br />
membre de<br />
l’Ordre des experts comptables<br />
du <strong>Maroc</strong>, sur les métiers<br />
des orthodentistes et<br />
consorts sont au programme.<br />
Mais s’il est vrai que le<br />
Forum de l’Étudiant tire sa<br />
particularité dans sa capacité<br />
à varier sa thématique à<br />
chacune de ses éditions, cette<br />
année, c’est un invité surprise<br />
qui a fait une entrée fort<br />
remarquable.<br />
Nous avons nommé le désormais<br />
célèbre sigle EF,<br />
English First, au fronton de<br />
Benomar Center de Maârif<br />
à Casablanca. En effet, c’est<br />
le stand de EF -English First<br />
- sous la direction de son<br />
General Manager, Hassan<br />
Benomar, qui a ravi la vedette<br />
aux exposants. Ça<br />
change de l’enseignement<br />
classique, intitutionnel,<br />
conventionnel... Un stand at-<br />
• Hassan Benomar Général Manager de English First.<br />
© Ph. MHI<br />
22<br />
trayant, animé par une tombola<br />
non moins attrayante qui<br />
a fait courir beaucoup de visiteurs.<br />
La raison est toute simple:<br />
l’heureux gagnant bénéficiera<br />
d’un séjour linguistique<br />
à Londres de deux semaines<br />
(Prise en charge complète).<br />
Et les recettes de cette tombola<br />
seront versées intégralement<br />
à AGIR. Qui agit<br />
mieux?<br />
Plus de cent exposants,<br />
allant d’universités aux opérateurs<br />
en matière d’éducation,<br />
en passant par des établissements<br />
d’enseignement<br />
supérieur privés, des établissements<br />
de formation professionnelle<br />
publics et privés…<br />
prennent part à cette<br />
foire.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
A MON AVIS<br />
CLƒMENCE<br />
CARACTƒRISƒE<br />
Trois mois de prison avec sursis, pour<br />
Mohamed Selhami, directeur de <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> (MHI), autant pour<br />
Amale Samie, journaliste. Le juge<br />
Abdelmajid Fikri a peut-être estimé que le<br />
verdict était encore trop clément, il l’a donc<br />
agrémenté de 696 000 Dirhams d’amende<br />
et autres frais.<br />
Aziz Chihal, animateur de "Studio 5"<br />
émission que vous ne connaissez pas tous,<br />
loin s’en faut, s’est estimé injurié lorsque<br />
Amale Samie a dénoncé son incompétence<br />
grave et déclaré que les programmes de la<br />
RTM étaient un complot de la bêtise contre<br />
la culture et un crime contre l’humanité.<br />
Bien. Aziz Chihal a bénéficié d’une formidable<br />
publicité gratuite dans les colonnes<br />
de MHI. <strong>Il</strong> serait avisé d’exploiter très vite<br />
le filon en sollicitant de nouveaux sponsors<br />
pour son " émission ". Et en augmentant ses<br />
tarifs.<br />
MHI, pour le juge Fikri, est un repaire de<br />
plumitifs spécialisés dans l’injure contre<br />
Aziz Chihal. Que fait le juge ? <strong>Il</strong> délivre une<br />
amende-matraque, à MHI, assortie de 3 mois<br />
de cabane avec sursis. C’est que Monsieur<br />
le juge ne plaisante pas. On est dans un tribunal,<br />
pas à un spectacle de Bziz ou de Saïd<br />
Naciri.<br />
Le verdict prononcé va faire jurisprudence.<br />
La condamnation va faire école. Elle<br />
figurera dans les manuels juridiques et les<br />
publications universitaires. N’en doutez<br />
point.<br />
Sur quelle base l’amende a été calculée<br />
? Sur la base de contrats publicitaires passés<br />
entre des sponsors et Aziz Chihal et qui<br />
auraient été annulés à la suite de l’article de<br />
Amale Samie.<br />
Pourquoi 3 mois de prison ? Quand MHI<br />
le saura, vous serez les premiers à être au<br />
courant.<br />
Mais pour que vous constatiez par vousmêmes<br />
que le juge Fikri n’a pas eu la main<br />
lourde, nous vous livrons le texte intégral<br />
du jugement prononcé contre MHI. Le juge<br />
a été équitable et généreux.<br />
Sa bienveillance sera reconnue à l’échelle<br />
planétaire. Nonchalamment ballottée sur<br />
le réseau Internet, la sentence qu’il a prononcée<br />
confirmera au monde qu’au <strong>Maroc</strong>,<br />
la justice va parfois à une telle vitesse qu’elle<br />
dépasse la démocratie.<br />
Ici, la presse est libre. On émet une opinion<br />
sur la médiocrité d’un animateur télé<br />
et sur la nullité des programmes de la chaîne<br />
qui l’inflige aux <strong>Maroc</strong>ains depuis des années<br />
et clac ! Trois mois de cachot et arrosage<br />
à la mitrailleuse lourde de la trésorerie<br />
d’un journal indépendant.<br />
Le juge Fikri et la RTM ont plusieurs<br />
longueurs d’avance sur nous, en matière<br />
d’impartialité, d’indépendance, de liberté<br />
d’expression et de pratique démocratique.<br />
Sans parler du respect dû aux téléspectateurs.<br />
Ces pédagogues nous ont fait un cours<br />
magistral, mais MHI n’a rien compris. En<br />
tout cas, il n’a pas compris une chose : il<br />
n’est pas en phase avec l’ère de progrès et<br />
d’ouverture que nous vivons. Mais MHI a<br />
fait appel quand même. Téméraire ? <strong>Il</strong> faudra<br />
voir.❏<br />
JUSTICE<br />
LÕaffaire MHI - Aziz Chihal telle que prononcŽe par le tribunal de<br />
1 re instance dÕAnfa<br />
LE JUGEMENT<br />
DU PROCéS<br />
Au nom de Sa Majesté le<br />
Roi. Le 05 Avril 1999, Le<br />
Tribunal de première instance<br />
d'Anfa, statuant en matière<br />
correctionnelle, a rendu le jugement<br />
dont suit la teneur:<br />
Entre:<br />
Le Procureur du Roi du<br />
Tribunal de céans,<br />
Les parties civiles demanderesses:<br />
- Aziz Chihal<br />
- Société Spectop<br />
Prise en la personne de son représentant<br />
juridique Aziz Chihal.<br />
Ayant pour leur mandataire,<br />
Me Abderrahman Fraïkech, avocat<br />
à Casablanca.<br />
Et les accusés:<br />
1- Amale Samie Fils de<br />
Abdellatif, marocain, né en 1944,<br />
de sa mère Khadija, fille de Abbas,<br />
marié, Directeur journaliste, demeurant,<br />
à Casablanca.<br />
2- Mohamed Selhami fils de<br />
Aziz, marocain, né en 1954, de sa<br />
mère Amina Benjelloun, marié,<br />
Directeur de Journal, demeurant<br />
Normandie II Bir Anzarane à<br />
Casablanca.<br />
Prévenus en vertu de la plainte<br />
directe pour diffamation et injures;<br />
faits prévus et punis par les<br />
articles 47-48 du code de la presse,<br />
442, 443 du code pénal, commis<br />
dans le ressort judiciaire du<br />
Tribunal de céans, et ce, depuis un<br />
temps non prescrit en matière correctionnelle.<br />
Ayant pour mandataire en justice,<br />
Me El Ferdaous Abdellah,<br />
avocat à Casablanca.<br />
Les faits<br />
Vu la plainte directe déposée<br />
par Me Fraikech pour le compte de<br />
son mandant Aziz Chihal au greffe<br />
du Tribunal de céans en date du<br />
14/1/99, dont la taxe judiciaire a été<br />
acquittée selon récépissé n°83421,<br />
aux termes de laquelle il expose:<br />
Qu'il est producteur de télé<br />
exerçant l'animation artistique, de<br />
sorte qu'il produit et présente dans<br />
ce cadre l'émission Studio 5 diffusée<br />
par la première chaîne.<br />
Qu'il s'expose à la critique à<br />
l'instar du reste des artistes dans<br />
les divers mass média;<br />
Que toutefois, il a fait l'objet<br />
d'un article vexatoire et partial de<br />
la part du premier accusé Amale<br />
Samie, publié dans l'hebdomadaire<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> édité à Casablanca<br />
en langue française;<br />
Que l'article a englobé des<br />
termes ignobles qui dépassent la<br />
qualification de diffamation et d'injure,<br />
par exemple: mielleux, maniéré,<br />
faux, méprisant, mièvre,<br />
grassement imbécile et faussement<br />
enthousiaste;<br />
Que bien plus, il est même allé<br />
jusqu'à qualifier l'exposant de<br />
nullité la plus crasse et de brouet<br />
si infect, et que son émission est<br />
une célébration triomphale de la<br />
médiocrité et constitue une arme<br />
de guerre contre les citoyens;<br />
Que ces faits portent atteinte à<br />
l'honneur de l'exposant et à la<br />
considération de sa personne, et<br />
constituent le délit de diffamation<br />
prévu et puni par l'article 442 du<br />
code pénal.<br />
Que la diffamation et l'injure<br />
publique sont punies conformément<br />
aux dispositions du dahir du<br />
15/11/1958 portant code de la<br />
presse;<br />
Que l'auteur de l'article et le directeur<br />
de publication sont respectivement<br />
considérés coupables<br />
conformément aux dispositions<br />
de l'article 67 du code de la presse<br />
ci-dessus;<br />
Qu'étant donné que cet acte a<br />
causé un grave préjudice à l'exposant,<br />
à savoir la privation de sa<br />
société SPECTOP qu'il dirige de<br />
plusieurs marchés, de telle sorte<br />
qu'il présente des pauses publicitaires<br />
pendant la diffusion de son<br />
émission Studio 5 au profit de<br />
nombreuses sociétés;<br />
Qu'il contracte des contrats<br />
avec ces sociétés par l'intermédiaire<br />
de la Société SPECTOP cidessus,<br />
et qu'après la publication<br />
de l'article objet de la plainte, plusieurs<br />
Sociétés ont annulé leurs<br />
commandes qu'elles avaient adressées<br />
à l'exposant;<br />
Qu'ainsi, ALIF Communication<br />
a annulé la commande<br />
n°98/93 de l'ordre de 80.500 Dh,<br />
et que le même Établissement a<br />
annulé deux commandes pour le<br />
même motif, de l'ordre de<br />
600.000Dh;<br />
Que la Société METAL<br />
Emballage a annulé, à son tour, sa<br />
commande de l'ordre de 163.000<br />
Dh en raison de l'article objet de<br />
la plainte;<br />
Que de même, l'exposant a subi<br />
un préjudice du fait de cet acte<br />
en sa qualité de journaliste, d'artiste<br />
et de producteur de télévision,<br />
ayant un large public aussi bien à<br />
l'intérieur qu'à l'extérieur.<br />
24<br />
Que l'article en question est<br />
susceptible de porter atteinte à sa<br />
réputation et à sa crédibilité, et de<br />
provoquer un écho non louable<br />
dans les rangs de ses fans et de ses<br />
admirateurs;<br />
Que c'est pourquoi, l'exposant<br />
sollicite en la forme de déclarer la<br />
plainte directe recevable, au fond<br />
sur l'action publique, de déclarer<br />
les accusés ci-dessus coupables<br />
conformément aux articles de<br />
poursuites, et sur l'action civile<br />
consécutive, de condamner les accusés<br />
à lui payer solidairement la<br />
somme de 816.500 Dh à titre d'indemnité<br />
matérielle et la somme<br />
de 1.000.000 Dh à titre d'indemnité<br />
morale, et de leur imputer les<br />
entiers dépens.<br />
Que la cause fut alors enrôlée<br />
à l'audience du 1.3.99, à laquelle<br />
les accusés ont comparu tout en<br />
étant épaulés par leur défenseur<br />
M. Abdellah El Fardaous, de même<br />
qu'a comparu Me Fraikech<br />
pour le plaignant.<br />
Qu'après avoir vérifié l'identité<br />
des accusés, Me Abdellah El<br />
Ferdaous est intervenu en précisant<br />
que l'article objet de la plainte<br />
directe avait été publié au numéro<br />
307 daté du 30/1/1998, et<br />
que la plainte directe avait été déposée<br />
le 14.1.1999;<br />
Que les actions publique et civile<br />
résultant des infractions prévues<br />
par le Dahir portant code de<br />
la presse sont forcloses par l'écoulement<br />
de cinq mois francs à<br />
compter du jour de la perpétration.<br />
Que de même, la plainte directe<br />
n'a pas détaillé clairement<br />
l'infraction qui a causé le préjudice<br />
et qui justifie des revendications<br />
civiles et que la société<br />
SPECTOP n'est pas en droit de<br />
déposer plainte.<br />
Qu'après que le Tribunal ait décidé<br />
de joindre les moyens de forme<br />
au fond, l'accusé Amale Samie<br />
a été avisé de l'objet de la plainte<br />
directe, notamment des termes figurant<br />
dans l'article, traduits par<br />
un traducteur assermenté; qu'ainsi<br />
il a confirmé que l'article parlait<br />
de l'émission et de la manière de<br />
sa présentation, et que les termes<br />
y consignés étaient ordinaires et<br />
n'avaient pas pour but d'outrager le<br />
plaignant.<br />
Qu'ensuite, le second accusé<br />
Mohamed Selhami a été, également,<br />
avisé de l'objet de la plainte<br />
directe, notamment des termes<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
JUSTICE<br />
consignés dans l'article; qu'ainsi, il a<br />
déclaré que l'accusé Samie Amale est<br />
un journaliste connu et distingué en<br />
cette qualité; qu'il existe une manière<br />
de présenter l'information; qu'il remarque<br />
quotidiennement la liberté de<br />
presse et d'expression; que les termes<br />
de l'article, par exemple, le fait d'aller<br />
se faire implanter des cheveux,<br />
étaient ordinaires;<br />
Que le terme "faussement enthousiaste"<br />
signifie improviste; que<br />
le terme "imbécile" est courant en<br />
langue française; et que le terme "basse<br />
besogne" ne porte pas atteinte à<br />
l'honneur de Aziz Chihal;<br />
Qu'il a ajouté que tout journaliste<br />
assume sa responsabilité, et qu'il ne<br />
constate plus l'existence d'article ordinaire;<br />
Qu'il a achevé sa déclaration en<br />
précisant que les termes de son article<br />
n'avaient pas pour but de porter<br />
atteinte à la partie plaignante.<br />
Que de ce fait, la parole a été donnée<br />
à Me Frakech qui a confirmé que<br />
la diffamation était évidente dans la<br />
cause et que le défaut d'établir le fit<br />
de diffamation constituant une présomption<br />
à leur encontre;<br />
Que la seule raison invoquée par<br />
le rédacteur pour convaincre le<br />
Tribunal est que l'émission déplait à<br />
sa famille, et que les choses dites par<br />
Samie dans son article revêtent l'aspect<br />
d'agressivité;<br />
Que l'écriture ironique est un art,<br />
voire une discipline sublime qui requiert<br />
une grand éminence;<br />
Qu'après avoir étalé les succès<br />
connus par l'émission tant à l'intérieur<br />
qu'à l'extérieur et décliné l'identité<br />
de la personne du présentateur de<br />
l'émission, Me Fraikech a sollicité,<br />
en dernier lieu, de prononcer jugement,<br />
sur l'action publique, conformément<br />
aux articles de poursuites, et<br />
sur l'action civile, d'allouer l'indemnité<br />
détaillée dans la plainte directe.<br />
Que M. le Procureur du Roi a,<br />
alors, étalé ses réquisitions tendant à<br />
l'application de la loi; puis Me El<br />
Ferdaous a pris la parole pour le<br />
compte de la partie accusée et confirmé<br />
ses moyens de forme qu'il avait<br />
soulevés, ajoutant que l'article était<br />
écrit en langue française et que la traduction<br />
produite n'était ni judiciaire<br />
ni faite par un traducteur spécialiste,<br />
notamment que le langage de l'article<br />
était bien tissé et que les termes de<br />
l'article étaient invraisemblables par<br />
rapport à la teneur de la plainte;<br />
Que par ailleurs, le plaignant s'est<br />
servi de l'article avec sélectivité;<br />
- Qu’en se référant à la plainte directe,<br />
le Tribunal remarquera qu’elle<br />
ne comprend aucune diffamation<br />
au sens de l’article 44;<br />
-Qu’après avoir exposé ses<br />
moyens de défense et ses observations,<br />
les accusés ont eu la parole en<br />
dernier;<br />
- Qu’ensuite, le Tribunal a décidé<br />
de mette la cause en délibéré pour<br />
l’audience du 22.3.99 prorogée à celle<br />
du 5.4.99.<br />
- Qu’après en avoir délibéré<br />
conformément à la loi.<br />
Sur la forme de la plainte directe.<br />
Sur les moyens de forme :<br />
Sur la prescription :<br />
- Attendu qu’en se référant aux<br />
modifications introduites par le Dahir<br />
de 1973 à propos de la prescription<br />
des infractions résultant de la presse,<br />
ils s’avèrent que ledit Dahir a élevé<br />
le délai de prescription à un an au lieu<br />
de cinq mois tel que prévu par le<br />
Dahir du 15.11.1958 dans l’article<br />
78, ce qui rend l’exception de prescription<br />
mal fondée et échet, en conséquence,<br />
de la débouter.<br />
- Attendu que les moyens de forme<br />
qui obligent le Tribunal de leur<br />
donner suite sont les moyens sérieux<br />
et fructueux quant à l’action publique,<br />
or les moyens invoqués par le défenseur<br />
de la partie accusée sont dépourvus<br />
de cette qualité, ce qui échet<br />
de passer sous silence à ce propos.<br />
- Attendu qu’outre ce qui précède,<br />
la plainte directe a rempli toutes les<br />
conditions de forme requises par la loi,<br />
donc elle est recevable en la forme.<br />
Sur le fond de la plainte directe<br />
- Attendu que la partie plaignante<br />
a formulé sa plainte en vertu de laquelle<br />
elle sollicite de déclarer les accusés<br />
ci-dessus coupables pour diffamation<br />
en injure publique, de les<br />
condamner à lui payer solidairement<br />
la somme de 815.500 Dh à titre d’indemnité<br />
pour le préjudice matériel,<br />
et la somme de 1.000.000 Dh à titre<br />
d’indemnité pour le préjudice moral,<br />
et de les condamner aux entiers dépens.<br />
- Attendu que les accusés ont nié<br />
la teneur de l’objet de la plainte directe<br />
en confirmant que les termes de l’article<br />
publié dans l’hebdomadaire<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> étaient complètement<br />
ordinaires, qu’ils ne comprenaient<br />
aucune diffamation ou injure et que<br />
le but n’en était pas d’outrager à l’auteur<br />
de la plainte directe.<br />
- Attendu qu’en se référant aux<br />
stipulations du Dahir du 15.11.1958,<br />
il s’avère que :<br />
" Toute allégation ou imputation<br />
d’un fait qui porte atteinte à l’honneur<br />
ou à la considération des personnes<br />
ou du corps auquel le fait est<br />
imputé, est une diffamation lorsqu’elle<br />
est publiée directement ou par<br />
voie de reproduction, alors que l’injure<br />
est toute expression outrageante<br />
ou terme de mépris.<br />
-Attendu qu’en se référant à l’article,<br />
objet de la plainte directe, publié<br />
dans le numéro 307 édition du<br />
24 au 30 janvier 1998, le Tribunal remarquera<br />
qu’il comprend un ensemble<br />
de faits et de termes diffamatoires<br />
imputés à la partie plaignante.<br />
-Que lors des débats engagés par<br />
le Tribunal, la partie accusée n’a pas<br />
pu les établir ni produire des preuves<br />
à ce propos, mais elle s’est contentée<br />
dans sa réplique à préciser que la teneur<br />
de l’article, objet de la plainte<br />
directe, n’avait pas pour but de porter<br />
atteinte à l’honneur et à la considération<br />
de la partie plaignante.<br />
- Que cette réplique est contraire<br />
au code de la presse qui impose au<br />
journaliste qui engage sa responsabilité<br />
sur le plan judiciaire, de produire<br />
les appuis et bases tenus en<br />
compte par lui dans la publication,<br />
de l’information et des faits imputés<br />
à la personne diffamée, en lui fixant<br />
un laps de temps qu’il doit observer<br />
et dans lequel il doit produire les<br />
preuves.<br />
- Attendu qu’en se référant à l’article<br />
49 du code de la presse, il s’avère<br />
qu’il confirme que l’établissement<br />
de la preuve du fait imputé à la per-<br />
- Attendu que la partie accusée est tenue<br />
d’indemniser la partie plaignante pour<br />
la perte de gain et le préjudice qu’elle a subis<br />
du fait de l’article publié, et conformément à<br />
la règle générale en ce que le dommage<br />
doit être réparé.<br />
sonne diffamée est seul susceptible<br />
d’entraîner l’innocence quant à l’accusation<br />
au sens du code pénal, ce<br />
que la partie accusée dans la plainte<br />
directe n’est pas parvenue à établir<br />
au Tribunal..<br />
- Attendu que suivant les motifs<br />
précités, il s’avère que l’acte perpétré<br />
par l’accusé Amale Samie constitue<br />
les deux délits d’injure et de diffamation<br />
à son égard, et eu égard à la<br />
responsabilité graduelle prévue par<br />
le code de la presse, le directeur de<br />
l’hebdomadaire Mohamed Selhami<br />
est considéré comme étant co-auteur<br />
et complice dans la divulgation de<br />
l’infraction de presse par voie de sa<br />
publication dans son hebdomadaire<br />
dont il est responsable, ce qui échet<br />
de les en déclarer coupables conjointement.<br />
- Attendu qu’eu égard au défaut<br />
d’antécédents des prévenus et à leurs<br />
conditions socialises, le Tribunal estime<br />
leur accorder le bénéfice des circonstances<br />
atténuantes.<br />
Sur les revendications civiles :<br />
-Attendu que la partie plaignante<br />
a sollicité de lui accorder les revendications<br />
détaillées dans sa plainte<br />
directe, au motif qu’il présente des<br />
pauses publicitaires au profit de plusieurs<br />
sociétés pendant la diffusion<br />
de son émission de télé Studio 5.<br />
- Qu’il passe des contrats avec ces<br />
sociétés par l’intermédiaire de la société<br />
SPECTOP, qu’après la publication<br />
de l’article, objet de la plainte,<br />
plusieurs sociétés ont annulé les<br />
commandes qu’elles avaient faites.<br />
- Attendu que l’article ci-dessus,<br />
objet d’inculpation, est de nature à<br />
causer un préjudice à l’exposant et à<br />
porter atteinte à l’activité de sa société<br />
qui exerce dans le domaine de<br />
l’information, notamment en matière<br />
de publicité qui constitue la prin-<br />
cipale ressource financière de son<br />
émission diffusée à la première chaîne,<br />
en l’occurrence Studio5.<br />
- Attendu qu’en se référant aux<br />
commandes en vertu desquelles la<br />
partie plaignante a justifié le volet civil<br />
de sa plainte et qui ont été annulées<br />
à cause de la presse, il appert à<br />
travers la mine du document portant<br />
le n°9 qu’elles ont atteint le montant<br />
de 636.000,00 dh.<br />
- Attendu que la partie accusée est<br />
tenue d’indemniser la partie plaignante<br />
pour la perte de gain et le préjudice<br />
qu’elle a subis du fait de l’article<br />
publié, et conformément à la<br />
règle générale en ce que le dommage<br />
doit être réparé.<br />
- Attendu que les sommes revendiquées<br />
à titre d’indemnité, fixées au<br />
montant de 1.000.000 Dh, sont exagérées,<br />
ce qui échet de les ramener à<br />
la somme raisonnable à l’appui du<br />
pouvoir discrétionnaire du Tribunal en<br />
la matière.<br />
- Qu’en application des articles<br />
346, 349, 676 et 679 du code de procédure<br />
pénale, 55 du code pénal et<br />
du Dahir du 15.11.1958.<br />
Par ces motifs<br />
- Le tribunal, statuant en premier<br />
ressort, publiquement et contradictoirement<br />
:<br />
1 – En la forme :<br />
- déclare la plainte directe recevable<br />
en la forme<br />
2 Au fond :<br />
Sur l’action publique :<br />
- déclarer les accusés Amale<br />
Samie et Mohamed Selhami coupables<br />
pour les faits leur étant reprochés<br />
en vertu de la plainte directe et<br />
condamne chacun d’eux à trois mois<br />
d’emprisonnement avec sursis et à<br />
une amende ferme de 1.000 Dh (mille<br />
dirhams).<br />
- Les condamne aux dépens avec<br />
contrainte au minimum.<br />
Sur l’article civil :<br />
- Condamne les accusés ci-dessus<br />
à payer au profit du plaignant, la somme<br />
de 636.000,00 Dh (six cent trente<br />
six mille dirhams) à titre de valeur<br />
des commandes annulées en raison<br />
de la publication de l’article, ainsi<br />
qu’une indemnité civile de l’ordre de<br />
60.000 Dh (soixante mille dirhams),<br />
à payer par le propriétaire de l’hebdomadaire,<br />
conformément à l’article<br />
69 du code de la presse.<br />
- Condamne ce dernier aux dépens,<br />
avec durée de contrainte par<br />
corps fixée au minimum.<br />
- écarte le reste des revendications.<br />
- Ainsi jugé et prononcé le présent<br />
jugement les jours, mois et an<br />
que dessus, par le Corps composé de:<br />
Mr Abdelamajid Fikri : Président<br />
Mr Imad Mostapha : Membre<br />
Mr El Mouden Abou Saâd :<br />
Membre<br />
Mr Bichri Nasaltana : représentant<br />
du ministère public,<br />
Avec l’assistance de Achira<br />
Abderrahmane : Secrétaire greffier.❏<br />
Le président ,<br />
Le greffier.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
25
CONFRATERNITƒ<br />
RESPECT<br />
ET DIGNITƒ<br />
L<br />
’élan de solidarité formidable dont<br />
a bénéficié MHI lors de cette affaire<br />
Chihal-Issari est porteur d’espoir.<br />
D’abord il nous réchauffe le cœur en<br />
tant que journalistes professionnels<br />
ayant une haute idée de notre profession<br />
et une conscience aiguë du rôle<br />
que nous pouvons jouer, ensemble dans<br />
l’élargissement des espaces de liberté<br />
et de démocratie dans notre pays.<br />
Ensuite cette action collective,<br />
consciente délibérée et assumée annonce<br />
que les journalistes <strong>Maroc</strong>ains<br />
ont décidé d’exister désormais en tant<br />
que corps constitué, conscient de ses<br />
devoirs, de ses responsabilités et des<br />
charges morales qui pèsent sur lui. Le<br />
corps des journalistes marocains ne<br />
peut plus tolérer d’être méprisé, dévalorisé<br />
et surtout traîné collectivement<br />
dans la boue. <strong>Il</strong> revendique un<br />
statut social qui soit à la hauteur de sa<br />
mission et une visibilité sociale qui<br />
l’extraie des lieux communs charriés<br />
par des lecteurs de rien sur l’indignité<br />
de la presse. Le temps de la stigmatisation<br />
facile est révolu. Ni la gestion des<br />
entreprises de presse, ni la formation<br />
de qualité des journalistes, ni leur niveau<br />
de qualification ne permettent aujourd’hui<br />
d’évaluer cette profession<br />
par des clichés éculés. Les nouveaux<br />
journalistes sont bel et bien là, et ils<br />
ont besoin d’être perçus différemment.<br />
<strong>Il</strong>s refusent le mépris.<br />
L’action solidaire des journalistes<br />
marocains pour soutenir un confrère<br />
dans l’épreuve montre d’une manière<br />
éclatante la maturation d’une profession<br />
qui est en passe de relever d’une<br />
manière endogène ses propres défis :<br />
une meilleure posture déontologique,<br />
un souci moral plus élevé, une organisation<br />
syndicale plus structurée et<br />
une affirmation plus accentuée de son<br />
rôle au service d’une opinion publique<br />
plurielle avide d’informations, d’éclairages<br />
et d’analyses pour mieux appréhender<br />
son environnement qui<br />
s’éveille à la démocratie. Dans tous les<br />
pays du monde, les journalistes et les<br />
juges font bon ménage pour bâtir une<br />
société plus transparente, plus juste et<br />
plus égalitaire. Ensemble ils insufflent<br />
des idées de progrès et consolident l’État<br />
de droit. Ce n’est pas le cas malheureusement<br />
dans notre pays. Où le<br />
délit de presse, même quand il n’est<br />
pas constitué, est apprécié d’une manière<br />
pénale. Où le préjudice même<br />
quand il est hypothétique est sanctionné<br />
par des sommes ahurissantes.<br />
Non. La route est fausse. Le journaliste<br />
a autant besoin de respect et de dignité<br />
qu’un juge dans l’exercice de ses<br />
fonctions encore faut-il que l’un et<br />
l’autre soient simultanément respectables<br />
et irréprochables. Sinon, c’est<br />
la démocratie qui est malade. Que nos<br />
confrères solidaires trouvent ici l’expression<br />
de nos remerciements les plus<br />
chaleureux car ils ont éclairé le chemin<br />
de notre profession d’un jour nouveau.<br />
Pour qu’aucun journaliste au <strong>Maroc</strong><br />
ne soit plus jamais condamné à la prison<br />
pour ses idées.❏<br />
Khalil HACHIMI IDRISSI.<br />
L ’hebdomadaire MHI vient d’être<br />
condamné pour diffamation de<br />
l’animateur télé, Aziz Chihal. Le tribunal<br />
est allé trop fort dans la sentence<br />
prononcée contre un organe de<br />
presse. La justice marocaine qui n’est<br />
point outillée pour évaluer s’il y a eu<br />
diffamation ou non dans un article de<br />
presse, peut-elle réellement servir<br />
nombreux abus de la liberté d’expression.<br />
L’affaire <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> révèle les<br />
limites d’une justice qui attend toujours<br />
sa mise à niveau.<br />
Du jamais vu dans les annales de<br />
la presse indépendante. Et la presse<br />
tout court. L’hebdomadaire <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> vient d’être condamné par le<br />
Tribunal de première instance de Casa<br />
Anfa à une lourde amende et à des<br />
peines d’emprisonnement pour Amale<br />
Samie, en tant qu’auteur d’un article<br />
jugé diffamatoire, et Mohamed<br />
Selhami en tant que directeur de la<br />
publication.<br />
Le journal était poursuivi par Aziz<br />
Chihal, animateur d’une émission télé<br />
à La RTM. Ce dernier reprochait à<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> de l’avoir diffamé lors<br />
de la chronique habituelle et féroce<br />
de Amale Samie intitulée "Faut-il<br />
vous l’envelopper?"<br />
Si certains journalistes de l’hebdomadaire<br />
reconnaissent que le chroniqueur<br />
n’est pas allé de main morte<br />
pour critiquer Aziz Chihal, ils refusent<br />
le terme de diffamation. Pour eux,<br />
Amale Samie a un style particulier,<br />
<strong>Il</strong>s ont écrit ...<br />
UN JUGEMENT SƒVéRE<br />
Par Ali M’RABET<br />
En réponse à votre communiqué<br />
adressé au Syndicat national de<br />
la presse marocaine, au sujet du verdict<br />
prononcé par le tribunal de première<br />
instance de Casablanca-Anfa,<br />
dans l'affaire Aziz Chihal, le bureau<br />
national du SNPM, après délibération,<br />
vous informe de ce qui suit:<br />
1- La position du SNPM à propos<br />
des émissions culturelles présentées<br />
par la télévision marocaine est claire.<br />
Le syndicat a déjà critiqué le recours<br />
de la première chaîne à ce genre de<br />
société pour produire des programmes<br />
qui portent atteinte au goût du public,<br />
alors que des compétences appartenant<br />
à cette chaîne sont marginalisées.<br />
L'émission "studio5" est l'archétype<br />
de ces produits futiles présentés par la<br />
iconoclaste, qui souvent fait grincer les<br />
dents mais qui, " en aucun cas, n’a<br />
pour objectif d’insulter ou de diffamer<br />
quiconque. Amale se réconcilie<br />
souvent avec ses "victimes ". C’est la<br />
règle du jeu ".<br />
Et d’ailleurs, assurent-ils, le but de<br />
la chronique de Samie est de critiquer,<br />
même sévèrement, et non de<br />
chanter des louanges. "C’est le propre<br />
de tout travail journalistique " s’indigne<br />
un autre rédacteur. Mais, apparemment,<br />
cette explication n’a pas<br />
satisfait les juges. D’où la lourde<br />
condamnation qui s’en est suivie.<br />
Trois mois de prison avec sursis<br />
pour Amale Samie et Mohamed<br />
Selhami, et 660.000 Dh d’amende.<br />
Un jugement qui étonne par sa sévérité.<br />
Pour Khalil Hachimi Idrissi, rédacteur<br />
en chef de <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> "<br />
ces condamnations ne visent ni plus<br />
ni moins que la fermeture de la publication,<br />
puisque nous somme incapables<br />
de trouver une somme pareille<br />
".<br />
Du jamais vu<br />
Pour le moment, le journal n’en<br />
est pas là. Après avoir interjeté appel,<br />
les responsables du titre de presse ont<br />
diffusé un communiqué dans lequel<br />
ils demandent la collaboration et la<br />
solidarité de tous les journalistes marocains<br />
pour contrer ce qu’ils appellent<br />
"une grave atteinte à la liberté<br />
d’expression". M. Hachimi Idrissi,<br />
qui prépare une riposte médiatique<br />
ne peut s’empêcher du pouffer d’indignation<br />
face à ce qu’il considère,<br />
comme "une conjuration ".<br />
Et de prévenir, dans un long article<br />
paru vendredi dernier, que "si<br />
nous devons tous dans cette affaire<br />
aller en prison parce qu’un juge ignore<br />
apparemment le droit de la presse,<br />
nous assumerons notre responsabilité<br />
professionnelle dans la dignité. Au<br />
26<br />
moins comme cela, nous saurons dans<br />
quel pays nous vivons ". D’un point<br />
de vue objectif, la condamnation<br />
contre l’hebdomadaire casablancais<br />
apparaît plus comme une mise au pas<br />
que comme une punition juste.<br />
Car, c’est incompréhensible que<br />
pour quelques malheureux mots, le<br />
"pêché mignon " de notre confrère<br />
Amale Samie, <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> soit obligé<br />
de débourser une somme astronomique<br />
qui mettrait en péril toute l’entreprise<br />
de presse. S’il devait y avoir<br />
" punition ", ce serait plutôt aux lecteurs<br />
qui payent chaque semaine 6 dirhams<br />
d’en prendre une. En cessant<br />
par exemple d’acheter cette publication.<br />
Attention danger!<br />
Une critique, même féroce et exagérée,<br />
comme l’aime Samie, reste ce<br />
qu’elle est: une critique. Et puis, s’il<br />
y a eu réellement diffamation, fallaitil<br />
en arriver à exiger, comme l’a fait<br />
Aziz Chihal, 180 millions de centimes,<br />
et d’en obtenir une soixante en<br />
guise de réparation morale?<br />
<strong>Il</strong> y a beaucoup, énormément, de<br />
téléspectateurs marocains qui n’aiment<br />
pas le programme de Studio 5.<br />
C’est leur droit. Sont-ils pour autant<br />
condamnables?<br />
Devraient-ils se délester de<br />
quelques millions de centimes à<br />
chaque fois qu’ils diront du mal de<br />
cette émission?<br />
La réponse est assurément négative.<br />
Car toucher la liberté de tout un<br />
chacun, et surtout celle de la presse<br />
dont le rôle est d’informer, de faire<br />
dans la critique, frise la censure la<br />
plus odieuse. La plus dangereuse<br />
aussi. Donc, attention danger. <strong>Il</strong> y va<br />
de la liberté d’expression. Une liberté<br />
qui, si elle reste contrôlée par une justice<br />
inexperte et point outillée pour<br />
cela, n’en sera plus une.❏<br />
Le Syndicat national de la presse marocaine soutient MHI<br />
CONDAMNATION INJUSTE<br />
télévision marocaine. Par ailleurs, le<br />
SNPM a toujours demandé que les<br />
transactions et les procédures financières<br />
administratives soient transparentes,<br />
dans le but de combattre la corruption,<br />
le clientélisme et le népotisme.<br />
2- Le bureau national prend acte<br />
de la double sanction, civile et pénale,<br />
prononcée contre <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong>.<br />
Nous rappelons à cet effet que le<br />
syndicat, dans ses propositions d'amendement<br />
du code de la presse, a appelé<br />
à la suppression des sanctions d'emprisonnement,<br />
pour ne retenir que les<br />
amendes, pour les délits de presse.<br />
Quant à l'affaire elle-même, le bureau<br />
national considère qu'un citoyen a le<br />
droit de recourir à la justice s'il estime<br />
avoir subi un préjudice, à condition<br />
que le procès soit équitable. En conséquence,<br />
le syndicat exprime sa disponibilité<br />
à assurer le suivi de cette affaire<br />
et soutenir la revendication de <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> pour une justice indépendante<br />
et intègre.<br />
4- Le bureau national rappelle ses<br />
positions quant au respect de la déontologie<br />
professionnelle et son appel<br />
aux journalistes pour qu'ils évitent tout<br />
ce que peut lui nuire. Le bureau rappelle<br />
également que plusieurs affaires<br />
concernant la déontologie professionnelle<br />
sont actuellement devant la<br />
justice, ces affaires ne doivent pas être<br />
traitées de manière éclectique.❏<br />
Le syndicat national de la presse<br />
marocaine- Rabat<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
CONFRATERNITƒ<br />
Un hebdomadaire, <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong>, son<br />
Directeur responsable, Mohamed<br />
Selhami, un journaliste,<br />
Amale Samie, viennent d'être<br />
Par Fahd YATA<br />
condamnés en première instance<br />
par un tribunal casablancais.<br />
Le verdict semble particulièrement<br />
sévère pour nos<br />
confrères puisque la condamnation<br />
pour diffamation comporte<br />
trois mois de prison avec<br />
sursis et plus 660.000 dirhams<br />
de dommages et intérêts.<br />
Une telle sentence ne saurait<br />
laisser indifférent tout homme<br />
de presse et La Nouvelle<br />
Tribune assure nos confrères de<br />
sa solidarité de principe, entière<br />
et agissante. Mais cette affaire,<br />
qui n'est pas vraiment la<br />
première du genre, mérite<br />
quelques remarques. En effet,<br />
un communiqué de <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> en appelle au soutien de<br />
la profession. En d'autres occasions<br />
pourtant, aucun de ceux<br />
qui se réclament aujourd'hui de<br />
la presse indépendante, ne jugèrent<br />
utile d'exprimer leur solidarité<br />
envers un rédacteur en<br />
chef lui aussi condamné pour<br />
diffamation en janvier 1996, sur<br />
une plainte d'un opérateur économique.<br />
<strong>Il</strong> est vrai que la sentence<br />
était légère, mille dirhams<br />
<strong>Il</strong>s ont écrit ...<br />
INTOUCHABLES<br />
LibertŽ de la presse<br />
MHI DEVANT LA JUSTICE<br />
Notre confrère <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> vient d'être<br />
condamné à 3 mois de prison avec sursis<br />
et à une lourde amende de 660.000 dirhams pour<br />
avoir publié un article critique sur l'émission télévisée<br />
"Studio 5" diffusée par la RTM et animée<br />
par Aziz Chihal. Le délit serait, selon le<br />
plaignant, d'avoir grosso modo porté atteinte à<br />
la crédibilité d'une institution étatique et d'avoir<br />
dénigré une émission produite par ladite institution<br />
en la personne de son animateur.<br />
Ce qui est reproché à Amal Samie, auteur de<br />
l'article incriminé, n'est pas du tout nouveau.<br />
C'est généralement le discours de tout téléspectateur<br />
ayant à cœur de voir se développer la chaîne<br />
nationale par la programmation d'émissions<br />
de qualité, compatibles avec les aspirations du<br />
citoyen.<br />
Nous ne doutons pas un instant des compétences<br />
impartiales de la justice marocaine qui,<br />
seule, est habilitée à se prononcer sur les litiges<br />
estés devant les tribunaux; cependant, nous pensons<br />
qu'une telle amende est à mesure de gre-<br />
d'amende. Pourtant, certains<br />
journaux se pleurent à mettre<br />
en exergue cette condamnation<br />
tandis qu'une chaîne de télévision,<br />
privée à l'époque, en faisait<br />
un spot publicitaire…<br />
La question est sans doute<br />
tout autre aujourd'hui car, depuis,<br />
la presse qui s'auto-qualifie<br />
d'indépendante, s'est développée,<br />
a gagné en puissance, en<br />
impact et influence, en crédibilité.<br />
Mais, en même temps,<br />
une dérive certaine s'est accentuée,<br />
des pratiques malsaines<br />
sont apparues et quelques individus<br />
peu recommandables ont<br />
investi le milieu médiatique.<br />
Les insultes d'un titre à<br />
l'autre sont devenues usuelles,<br />
la titraille tapageuse a fait école,<br />
tandis que de nombreux journalistes,<br />
éprouvés ou à peine<br />
débutants, animés par le seul<br />
esprit de lucre, se sont mis à<br />
vendre leur plume au plus offrant.<br />
C'est cette dérive qui a<br />
conduit à la situation actuelle.<br />
Car, en fait, la presse indépendante<br />
n'existe pratiquement pas.<br />
Qui, hormis La Nouvelle<br />
Tribune et l'Économiste, publie<br />
ses comptes annuels dans ses<br />
propres colonnes, conformément<br />
aux prescriptions légales<br />
en matière de presse? Beaucoup<br />
de nos confrères qui affirment<br />
leur alignement, taisent leurs tirages<br />
ou l'exagèrent, cachent<br />
leurs soutiens financiers, maquillent<br />
leurs structures juridiques,<br />
montrent des moyens<br />
sans rapport avec leur capital<br />
déclaré…<br />
Être indépendant, en fait,<br />
n'est donné qu'à ceux qui se sen-<br />
tent forts, parce que par<br />
exemple à l'abri des contrôles<br />
fiscaux, des vérifications douanières,<br />
des questions de la<br />
CNSS. Être indépendant, c'est<br />
d'abord et avant tout, se référer<br />
en permanence à une éthique<br />
stricte, une déontologie incontournable.<br />
Être indépendant,<br />
c'est refuser l'insulte facile, le<br />
dérapage systématique, l'outrance<br />
dans l'écrit, qu'il soit analytique<br />
ou descriptif. Être indépendant,<br />
enfin, c'est refuser<br />
l'accroche ou le titre faciles, l'attaque<br />
gratuite, la personnalisation<br />
diabolisante, le règlement<br />
des comptes, personnel ou par<br />
procuration.<br />
Être indépendant, c'est donc<br />
respecter l'autre comme il doit<br />
vous respecter, en refusant les<br />
coups de Jamac, en s'interdisant<br />
le débauchage, le pillage<br />
intellectuel, le plagiat des lendemains…<br />
Cet état médiatique<br />
“idéal” n'existe pas, ce qui explique,<br />
peut-être, ce verdict<br />
d'instance.<br />
La profession, qui ne saurait<br />
ignorer la loi, ne manquera<br />
pourtant pas de réagir et de<br />
faire corps avec nos confrères<br />
Selhami et Samie.<br />
Mais, disons-le franchement<br />
et sincèrement “l'affaire <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong>” est l'occasion d'un<br />
changement qui devra être radical.<br />
C'est aux journaux et aux<br />
journalistes de faire en sorte<br />
qu'ils soient intouchables.<br />
Non parce qu'ils seront audessus<br />
ou hors la loi, mais parce<br />
que leurs écrits ne seront pas<br />
condamnables ! ❏<br />
ver dangereusement le budget de fonctionnement<br />
de notre confrère dont le réalisme n'est<br />
plus à décrire. L'article mis en cause méritait-il<br />
pareille sanction?<br />
Si maintenant tout le monde, dès qu'une tournure<br />
de phrase jugée déplaisante ou à cause de<br />
propos qu'il sent le concerner, se plaît à mener<br />
devant les tribunaux des journaux et des journalistes<br />
qui se respectent, on peut dire adieu à<br />
la liberté de la presse. Déposons, alors, les armes<br />
pour ne pas irriter les sensibilités et faire des<br />
mécontents. Voilà une autre leçon sur la transparence…<br />
À l'heure où l'État affiche ses intentions d'appui<br />
proche à la presse indépendante, elle lui coupe<br />
l'herbe sous les pieds.<br />
En cet épisode douloureux de la liberté de la<br />
presse au <strong>Maroc</strong>, nous soutenons entièrement<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong>, M. Selhami et M. Samie ainsi<br />
que tous ceux qui, au nom de la liberté, sont persécutés<br />
et censurés.❏ L’ÉCHO TOURISTIQUE<br />
27<br />
NE DITES PAS É<br />
MAIS DITES<br />
Tremblez, chroniqueurs, et verdissez<br />
de peur de ce qui<br />
risque de vous arriver si le juge<br />
Abdelmajid Fikri fait école! Vous<br />
qui faites métier de traquer la bêtise<br />
et de débusquer la médiocrité<br />
vous qui, matin et soir, menez<br />
la vie dure aux responsables Par Saïd SEDDIKI<br />
de la télévision, à ses "animateurs<br />
" et à ses " artistes " auto proclamés irréprochables<br />
et qui sévissent, impunément, dans notre<br />
boîte à images!<br />
<strong>Il</strong> vous en coûtera, comme il semble devoir en<br />
coûter à Mohamed Selhami et à Amale Samie : des<br />
mois de cachot et des amendes astronomiques! C’est,<br />
tout compte fait, trop cher à payer pour le vain plaisir<br />
de s’être payé la tête de quelque hurluberlu malfaisant,<br />
de quelque "star " nocive et absolument inappropriée<br />
comme on dit, depuis le Monicagate, de<br />
tout ce qui est lamentable et dérisoire!<br />
Ne vous avisez plus de vouloir redresser des torts,<br />
rectifier des écarts, rogner les ailes à l’ignorance et<br />
à la fatuité, dénoncer la méchante facilité, le sousdéveloppement<br />
culturel érigé en système d’abrutissement<br />
et d’obscurantisme. Négligez les gémissements<br />
et les plaintes des télespectateurs qui fuient en<br />
masse les télévisions nationales. Que vous importe,<br />
du reste? Vous ont-ils demandé de vous muer en garde-chiourmes,<br />
en censeurs vigilants et bon voyants?<br />
Si, de plus, vous êtes talentueux et opportuns, si<br />
vous vous piquez d’humour de bon aloi, si vous avez<br />
des choses intéressantes et utiles à dire et à écrire, et<br />
si vous savez bien les "trousser" pour servir la vérité<br />
et ceux qui en sont les adeptes, alors là, "hadari,<br />
hadari, le juge Abdelmajid Fikri vous a à l’œil, doublement!<br />
Et cet œil-là est celui d’un Non! Non! Je<br />
ne vous dirai pas de quel œil il s’agit. Je suis, moi,<br />
un chroniqueur honnête, simple, normal en un mot<br />
et n’ai nul souci d’être traîné devant l’injustice de mon<br />
pays pour "outrage à magistrat "!<br />
Faites comme je fais, amis confrères – pamphlétaires<br />
: cultivez l’euphémisme et ayez recours à la litote<br />
qui ne blesse ni ne défrise. Ne dites, plus courtoisement,<br />
qu’il n’a pas inventé la poudre. Ne dites<br />
pas que c’est un danger public ou une catastrophe ambulante,<br />
mais optez plutôt pour le langage policé et<br />
de bon ton en disant que ce n’est pas un bienfait des<br />
dieux et que des catastrophes, même statiques, eh bien<br />
! on en a vu pire et on s’en est sorti pas tout à fait en<br />
morceaux, Dieu merci!…<br />
Ne dites pas de tel autre animateur – le métier, on<br />
le voit, est très couru! Doublé d’un comédien – qu’il<br />
se dit! – que le "produit " qu’il a commencé de présenter<br />
à la RTM est une chose navrante, qu’il est ennuyeux,<br />
sans flamme ni imagination, qu’il reste dans<br />
la droite ligne de ce qu’il a commis précédemment<br />
! Pour sauvegarder votre liberté, votre sécurité et vos<br />
économies, dites plutôt, pourquoi pas, que la dite<br />
émission ne casse rien – sinon nos têtes! – et qu’à<br />
tout prendre son producteur et principale "vedette"<br />
est un génie méconnu, notamment par les chroniqueurs<br />
de presse, ces faiseurs d’embarras et de chichis.<br />
Formulées ainsi, vos remarques et vos critiques<br />
risquent de passer. Vous n’aurez pas, un procès sur<br />
les bras et vous éviterez ainsi les foudres disproportionnées<br />
du juge Fikri que nous n’aurons garde d’égratigner.<br />
La prudence étant désormais expressément<br />
recommandée, il est bon pour tout un chacun de s’y<br />
plier! Elle ne nous empêche cependant pas de dire<br />
toute notre solidarité aux confrères Selhami et Samie.<br />
<strong>Il</strong>s savent qu’elle leur est, dans l’épreuve, toute acquise.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
CONFRATERNITƒ<br />
CRIME<br />
ET CHåTIMENT<br />
<strong>Il</strong> ne fallait pas s’arrêter en si bon<br />
chemin. Soixante six millions de<br />
centimes et trois mois de prison<br />
avec sursis pour le directeur de<br />
"<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong>",<br />
Mohamed Selhami et pour son<br />
chroniqueur Amale Samie, n’est-ce<br />
Par Naïm KAMAL pas peu? On ne demanderait pas la<br />
potence pour ne pas ameuter les<br />
adversaires de la peine capitale, mais pendant qu’on y<br />
était, il ne fallait pas se gêner. Dire que la Télévision<br />
marocaine est un crime contre l’humanité, qualifier un<br />
illustre producteur-animateur, Aziz Chihal en l’occurrence,<br />
de nullité incurable est un rare gravissime délit<br />
de lèse-RTM. Nullité, à la rigueur, mais incurable…<br />
c’est une condamnation sans appel de nature à désespérer<br />
l’homme du genre humain. Et tout ce qui est "de<br />
nature à ", conformément au fameux dahir de 1935<br />
abrogé seulement dans le texte, est à réprimer sans hésitation<br />
ni indulgence. Ah ! <strong>Il</strong> n’a pas dit incurable<br />
Amale Samie, mais qu’est-ce qu’il a dit alors?<br />
Imbécile ? Qu’est ce que je vous disais, c’est grave imbécile.<br />
Con, passe, mais imbécile rampant alors qu’il<br />
se présente chez nous chaque jour à l’heure de l’apéritif<br />
en vrai bipède sous les traits du parfait homme depuis<br />
que celui-ci est descendu de l’arbre, revient à véhiculer<br />
une fausse information. Du ferme, ça, ça aurait<br />
été du solide comme jugement. Comment non? Si à<br />
côté des "vérités dangereuses " qu’on s’interdit de dire,<br />
on ne peut plus dire, non plus, les vérités seulement<br />
"désagréables à entendre ", ne vaudrait-il pas mieux<br />
croupir en prison? Si le champ de la sacralité recouvre<br />
désormais aussi les roturiers, comment ferons-nous<br />
pour distinguer et honorer la noblesse, déférencier le<br />
bon grain de l’ivraie?<br />
Manque de pot. Le verdict est tombé le jour même<br />
où le ministre de tutelle, M. Azziman, parlait de la corruption<br />
qui gangrène la justice et de la résistance aux<br />
réformes. Le juge a pris peur et a liquéfié la fermeté<br />
par une dose de sursis.<br />
Dommage, je les vois bien, moi, Mohamed Selhami<br />
et Amale Samie (ça rime) en tenue rayée de mauvais<br />
gibiers, portant comme matricule de détenu le numéro<br />
de l’édition où l’article incriminé est paru. En souvenir<br />
de leurs facéties. Mohamed Selhami dans le rôle des<br />
frères Dalton réunis et Amale Samie dans celui du Cid<br />
de l’écriture qui gicle l’encre plus vite que l’ombre<br />
dans laquelle aurait dû mettre le juge de Casablanca.<br />
Entre deux parties de cartes, ils pourraient méditer, en<br />
contemplant le bleu à travers la petite lucarne de leur<br />
cellule, les choses de la vie, les raisons de l’existence,<br />
le secret de l’éternité, les causes de la mort et du néant,<br />
lire dans les Aphorismes qu’il est impossible de porter<br />
à travers la foule le flambeau de la vérité sans brûler ici<br />
et là une barbe ou une perruque " telle celle, invisible,<br />
que porte comme un fard l’animateur de "Studio5". <strong>Il</strong>s<br />
pourraient aussi réfléchir sur "l’enfer c’est l’autre" de<br />
Sartre ou se pencher sur " la nausée" du même philosophe.<br />
<strong>Il</strong>s en déduiraient avec philosophie que ce que<br />
l’on pense, il ne faut pas toujours le dire, ce que l’on<br />
dit, il ne faut pas toujours l’écrire, et pour écrire, il n’ y<br />
a rien de tel que le miel du sujet, verbe, compliment<br />
même sans objet direct.<br />
Trois mois c’est vite passé. Au sortir de leur séjour<br />
dans le quartier européen d’Oukacha, Mohamed<br />
Selhami ajoutera à sa déjà longue biographie un passage<br />
par les geôles de l’allergie à la liberté de ton de la<br />
presse et Amale Samie, déjà prix Atlas du roman, nous<br />
gratifiera d’un Goncourt sur les faiblesses des hommes<br />
et leur petitesse, la misère des gens et l’indigence de<br />
leur humour.<br />
<strong>Il</strong> en a le talent et la langue, il est vrai un rien pendu.<br />
Mais qui parle encore de pendaison? ❏<br />
<strong>Il</strong>s ont écrit ...<br />
<strong>Il</strong> m'est arrivé d'écrire, il y a<br />
moins de deux ans, sur la<br />
question de la diffamation dans<br />
une affaire qui a opposé un<br />
homme d'affaires à un confrère.<br />
Et dans cette affaire, j'étais<br />
du côté de la personne diffamée,<br />
en dépit du fait que la personne<br />
poursuivie était un<br />
confrère. À l’époque j’avais<br />
fait l'objet de nombreux reproches<br />
tous en rapport avec<br />
le devoir de solidarité professionnelle.<br />
Mais ces remarques<br />
n'ont pas réussi à ébranler ma<br />
conviction que le principe de la<br />
liberté d'expression n'a d'autres<br />
limites que celles qui touchent<br />
les autres dans leur honneur et<br />
leur dignité. Je me souviens<br />
avoir dit à l’époque que la personne<br />
diffamée, qui reçoit un<br />
coup de feu mortel, ne saurait<br />
être " ressuscitée " qu'à travers<br />
un jugement intègre, rapide et<br />
ferme qui la réhabilite et nous<br />
prévient, nous autres journalistes,<br />
contre nos dérapages,<br />
nos erreurs et de l’abus dont<br />
font preuve certains d'entre<br />
nous à utiliser ce qui est considéré<br />
comme le quatrième pouvoir.<br />
Aziz Chihal, le producteur<br />
de Studio 5, est un citoyen auquel<br />
s'applique ce qui est valable<br />
pour tous. <strong>Il</strong> s’est senti<br />
lésé par un article mordant de<br />
la part de notre confrère Amale<br />
Samie de <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong>. <strong>Il</strong> est<br />
possible que le journaliste se<br />
soit trompé et que l'animateur<br />
de télévision en ait été lésé.<br />
Dans un État de Droit, on a<br />
dans ce cas recours à la justice,<br />
qui se prononce, et l'affaire<br />
est close.<br />
On s'attendait à vivre une<br />
affaire banale dans le cadre<br />
d'une des plaintes en diffamation,<br />
rares dans un pays comme<br />
le nôtre où les citoyens ont<br />
plus recours à la justice pour<br />
"coups et blessures" que pour<br />
injures et diffamation.<br />
Notre confrère <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> international<br />
(MHI) vient d'être condamné<br />
à l'occasion de la publication<br />
d'un article jugé diffamatoire,<br />
signé Amale Samie critiquant<br />
une émission de télévision animée<br />
par Aziz Chihal. Trois<br />
mois de prison avec sursis pour<br />
l'auteur de l'article.<br />
Trois mois de prison avec<br />
sursis pour Mohamed Selhami<br />
STUDIO<br />
66 MILLIONS !<br />
La pire des supputations<br />
nous ramenait au procès<br />
Amaoui, par exemple, dans le<br />
cadre duquel le tribunal a prononcé,<br />
pour des raisons politiques,<br />
une peine de deux années<br />
d'emprisonnement, ou les<br />
dizaines de procès dans lesquels<br />
Si Mohamed El Berini a<br />
comparu lorsqu'il était directeur<br />
du quotidien Al Ittihad Al<br />
Ichtiraki. Plus d'une fois, les<br />
tribunaux ont prononcé des<br />
peines de plusieurs mois de<br />
prison avec sursis. Mais nos<br />
espoirs ont été déçus et l'impensable<br />
s'est produit. Aziz<br />
Chihal a pu à obtenir ce que<br />
nul tribunal marocain n'a jamais<br />
prononcé en faveur d'une<br />
personne diffamée : 66 millions<br />
de centimes de dommages<br />
et 3 mois de prison avec<br />
sursis pour les confrères Amale<br />
Samie et Mohamed Selhami, le<br />
directeur de la publication.<br />
Qu’a donc pu commettre<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> pour qu'il soit<br />
tenu de débourser 66 millions?<br />
Aziz Chihal est certes un citoyen,<br />
mais il est vrai aussi qu'il<br />
présente un produit médiocre.<br />
Et le fait de dire qu'une personne<br />
fait un travail médiocre,<br />
ne constitue pas une atteinte à<br />
son honneur.<br />
En fait, c'est Aziz Chihal<br />
lui-même qui porte atteinte à<br />
notre goût et méprise notre intelligence.<br />
Formuler ce constat,<br />
relève de l'essence même de la<br />
liberté d'expression. La télévision<br />
marocaine, qui défie une<br />
société tout entière, gouvernement<br />
compris, n'est pas bien<br />
placée pour faire sienne l'affaire<br />
Aziz Chihal, si affaire il<br />
y a. Quand les responsables<br />
de <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> sont contactés<br />
et qu’on leur demande de<br />
verser au producteur de l'émission<br />
une indemnisation contre<br />
son silence, selon ce qu'a écrit<br />
notre confrère Khalil Hachimi<br />
Idrissi dans le dernier numéro<br />
en sa qualité de directeur de la<br />
publication et enfin une amende<br />
de 666.000 dirhams.<br />
Une première dans les annales<br />
de la presse indépendante.<br />
Et la presse en général.<br />
Après avoir interjeté appel, les<br />
responsables de l'hebdomadaire<br />
ont diffusé un communiqué<br />
dans lequel ils dénoncent<br />
l'accaparement des<br />
moyens de la première chaîne<br />
28<br />
Par Nourredine MIFTAH<br />
(NDLR, MHI n° 367) de l'hebdomadaire,<br />
c'est du chantage<br />
caractérisé.<br />
Nous avons été affligés de<br />
cette situation dans laquelle<br />
nous pourrions nous trouver<br />
un jour. Nous serions alors<br />
contraints de payer le prix fort<br />
de notre profession : le prix de<br />
l'investissement dans un secteur<br />
qui, s'il préserve la pérennité<br />
de son institution, peut se<br />
prévaloir d’avoir accompli une<br />
grande réalisation et ne parlons<br />
pas des bénéfices. Le prix<br />
de démarches harassantes auprès<br />
de sources d’information<br />
multiples et réservées. Le prix<br />
de " batailles " déclenchées<br />
sciemment par ceux que la parole<br />
dérange.<br />
Si l’on y rajoute le prix<br />
d'une simple critique exprimée<br />
dans un commentaire et sanctionnée<br />
par une amende de 66<br />
millions, nous n'aurions plus<br />
qu'à fermer nos institutions et<br />
à nous chercher une autre profession.<br />
Ce qui renforce davantage<br />
l’impact de cette "calamité",<br />
c'est qu’il s’agit en l’occurrence<br />
d’un journal indépendant,<br />
ne bénéficiant ni de la<br />
subvention de l’État, ni d’un<br />
parapluie protecteur. Dans ce<br />
contexte, nous serions presque<br />
acculés à convenir qu’indépendant<br />
rime avec orphelin.<br />
Imaginons donc le scénario<br />
suivant : Incapable de verser<br />
l’amende à laquelle il a été<br />
condamné, <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> ferme<br />
boutique.<br />
Aziz Chihal continuerait à<br />
nous regarder du haut de son<br />
Studio 5, ses biens accrus de 66<br />
millions de centimes !<br />
Nous espérons que justice<br />
sera rendue à nos confrères en<br />
appel.<br />
La compagnie de <strong>Maroc</strong>-<br />
<strong>Hebdo</strong> est meilleure qu’un million<br />
d'épisodes de l’émission<br />
Studio 5. ❏<br />
TEL UN COUPERET<br />
et demandent la collaboration<br />
et la solidarité de tous les journalistes<br />
pour mettre fin à “cette<br />
nouvelle forme de censure<br />
qui ne dit pas son nom”. Pour<br />
la presse d'une manière générale,<br />
et la presse indépendante,<br />
en particulier, le couperet<br />
qui vient de tomber sur nos<br />
confrères de MHI est lourd de<br />
conséquences.❏ Le Quotidien<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
CONFRATERNITƒ<br />
Vous avez entendu parler du<br />
dernier film de Robert<br />
Redford, "l'Homme qui murmure<br />
à l'oreille des chevaux"? À<br />
Rabat, il semble que quelqu'un a fait<br />
plus fort: il murmurait à l'oreille des<br />
lions. La presse de la semaine dernière<br />
a consacré une grande place à<br />
un trafic de viande d'âne qu'un tenancier<br />
de gargote fourguait sous forme<br />
de merguez dans un quartier populaire<br />
de la capitale. L'affaire est,<br />
comme on dit, entre les mains de la<br />
justice. D'abord, il faut dire qu'un type<br />
capable de chouraver la bouffe<br />
des lions, même en captivité au zoo,<br />
doit sûrement avoir un truc balèze.<br />
Ou peut-être est-ce un copain des<br />
lions, qui l'aiment bien et lui laissent<br />
leur gigot de bourriques, épaule et<br />
morceaux de choix. Je ne vois pas<br />
d'autres explications à moins qu'il<br />
leur murmure des choses par nous<br />
ignorées mais que des fauves pigent<br />
au quart de tour.<br />
On dit que c'est un préposé à la<br />
boustifaille des fauves qui serait de<br />
mèches avec la marchande de saucisses<br />
d'âne. Mais même dans ce caslà,<br />
il est fort, ce mec. Les consom-<br />
<strong>Il</strong>s ont écrit ...<br />
On peut murmurer ˆ l'oreille des chevaux, mais aussi des lions et des sponsorsÉ<br />
660.000<br />
Dh à titre<br />
de dommages<br />
–<br />
intérêts et<br />
3 mois de<br />
prison<br />
avec sur-<br />
Par A. DILAMI<br />
sis à l’encontre<br />
de M. Selhami et<br />
Amale Samie, de <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong>.<br />
Telle est la sentence du<br />
tribunal qui devait se prononcer<br />
à propos d’un article<br />
estimé diffamatoire à son encontre<br />
par Aziz Chihal, animateur<br />
de télévision.<br />
Tout d’abord la notion de<br />
diffamation elle même mérite<br />
d’être clarifiée. La chronique<br />
de Amale Samie est<br />
un style littéraire particulier<br />
qui peut être qualifiée de caricature<br />
littéraire.<br />
Toute appréciation doit se<br />
situer dans ce contexte : la<br />
caricature littéraire est-elle<br />
diffamatoire?<br />
Or, dès qu’elle ne porte<br />
atteinte ni à l’honnêteté, ni à<br />
la moralité de la personne<br />
SOIXANTE BåTONS<br />
ET SIX BRIQUES<br />
mateurs ne se sont rendus compte de<br />
rien pendant tout ce trafic qui a duré<br />
un moment tout de même. C'est<br />
vrai qu'ils ont perdu du poids. <strong>Il</strong> n'y<br />
a pas longtemps, en visitant le zoo.<br />
J'ai trouvé qu'ils avaient une petite<br />
mine. Surtout les lions. Par contre, les<br />
tigres étaient d'une humeur exécrable<br />
et lorgnaient dangereusement vers<br />
les bébés que des mamans tenaient<br />
dans leurs bras. C'est dangereux d'affamer<br />
les fauves, et en plus, c'est dégueulasse<br />
de faucher de la viande<br />
d'ânes à des animaux qui peuvent<br />
même pas aller en trouver ailleurs<br />
ou l'acheter chez le gargotier en question.<br />
Mais voilà, tout le monde veut<br />
gagner rapidement du fric sur le dos<br />
des lions (ce qui est vachement dur,<br />
je vous le concède) et des gens, mais<br />
ça, c'est assez courant. C'est tellement<br />
courant qu'un journal, <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong>, a été condamné à trois mois<br />
de prison avec sursis et à une amende<br />
de la somme rondelette de soixante-six<br />
millions de centimes. (Je l'écris<br />
en toutes lettres pour mesurer la lourdeur<br />
de la peine) pour la publication<br />
d'une chronique frappée au coin de<br />
la dérision, un genre journalistique<br />
QUESTIONS<br />
caricaturée, la caricature ne<br />
peut être considérée comme<br />
diffamatoire. De plus et en<br />
tout état de cause, la sévérité<br />
et la lourdeur de la<br />
condamnation inquiétent. En<br />
effet, la presse est certes un<br />
métier à risque, mais faut-il<br />
penser maintenant que ce<br />
risque se multiplie et devient<br />
de l’aléatoire?<br />
C’est d’autant plus inquiétant<br />
qu’il s’agit d’un<br />
journal indépendant.<br />
Que faut-il penser alors<br />
si l’on considère que la première<br />
condamnation importante<br />
en matière de diffamation<br />
frappe un journal indépendant<br />
: est-ce à dire que<br />
les risques encourus par cette<br />
presse là sont plus importants?<br />
Cela signifie-t-il que le<br />
système de la protection politique<br />
est indispensable au<br />
<strong>Maroc</strong>?<br />
Ce sont peut-être des<br />
questions exagérées. Les<br />
voies de recours n’étant pas<br />
épuisées, la Justice n’a pas<br />
encore dit son dernier mot.❏<br />
La justice, à l'issue d'un<br />
procès qui a duré près de<br />
18 mois, vient de se prononcer<br />
dans l'affaire qui opposait<br />
notre confrère <strong>Maroc</strong><br />
<strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> (MHI) à<br />
l'animateur de l'émission de<br />
la première chaîne, Studio 5<br />
en l'occurrence. Le tribunal<br />
de première instance de Casa-<br />
Anfa, dans son verdict rendu<br />
le 5 avril dernier, a requis<br />
une peine d'emprisonnement<br />
de trois mois avec sursis à<br />
l'encontre de l'auteur de l'article,<br />
jugé diffamatoire par la<br />
partie plaignante, et autant<br />
pour le directeur de l'hebdomadaire<br />
en la personne de<br />
Mohamed Selhami. Laquelle<br />
peine a été assortie d'une<br />
amende de 660.000 Dh que<br />
la publication devra verser à<br />
l'animateur de l'émission,<br />
qualifiée d' "indigence culturelle"<br />
par l'article de presse à<br />
l'origine de cette affaire. La<br />
rédaction de <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong><br />
<strong>International</strong>, dans un communiqué<br />
rendu public vendredi,<br />
qualifie le verdict "disproportionné",<br />
allusion faite<br />
qui se pratique dans tous les pays démocratiques<br />
et où les poètes arabes,<br />
ante et post-islamiques, sont passés<br />
maîtres.<br />
Bon, c'est vrai que Amale Samie<br />
ne fait pas dans la poésie mais dans<br />
l'humeur versatile de l'instant.<br />
Cependant, de nombreux organes de<br />
presse et de télévision consacrent un<br />
espace privilégié à la dérision, qui<br />
est une autre forme de la critique traditionnelle<br />
sous forme de caricature<br />
écrite humoristique et forcément agaçante,<br />
des activités politiques, sociales<br />
ou culturelles. Manque de bol,<br />
c'est tombé sur une émission sponsorisée<br />
de télé que diffuse TVM et<br />
qui n'est ni politique ni sociale et encore<br />
moins culturelle.<br />
Bon, là, je vais commencer à faire<br />
attention parce qu'on a affaire à<br />
un type très fort et qui ne supporte pas<br />
la dérision. Surtout lorsqu'on lui traduit<br />
la chronique dans son patois et<br />
le chroniqueur en justice. <strong>Il</strong> a exigé<br />
cent quatre-vingt bâtons comme dédommagement<br />
parce qu'un journaliste<br />
a dit ce que disent au moins cinq<br />
millions de téléspectateurs marocains,<br />
sans compter les Chinois et<br />
à la sévérité de la sentence.<br />
Dans un long article intitulé<br />
"les nouveaux visages de la<br />
censure", paru dans la dernière<br />
livraison du MHI, son<br />
rédacteur en chef, Khalil<br />
Hachimi Idrissi, abonde dans<br />
le même sens en comparant<br />
le jugement à "une mise en<br />
faillite d'une entreprise de<br />
presse". Et K. Hachimi Idrissi<br />
de poursuivre:" (…) si nous<br />
devons tous dans cette affaire<br />
aller en prison parce qu'un<br />
juge ignore apparemment le<br />
droit de la presse, nous assumerons<br />
notre responsabilité<br />
professionnelle dans la dignité,<br />
(et) nous saurons dans<br />
quel pays nous vivons".<br />
Même son de cloche dans<br />
le communiqué cité plus haut<br />
qui classe le verdict parmi<br />
ces "pratiques" qui, d'après<br />
la rédaction de l'hebdomadaire,<br />
"menace(ent) ouvertement<br />
le contexte politique<br />
inauguré par l'alternance voulue<br />
par Sa Majesté le Roi, fragilisent<br />
notre pays et son processus<br />
démocratique et porte(ent)<br />
atteinte à son image".<br />
29<br />
Par Najib RAFAIF<br />
les Tibétains qui captent TVM sur<br />
le satellite. Toujours dans le registre<br />
des sous qu'on gagne sur le dos des<br />
médias mais sous d'autres cieux, car<br />
la connerie ignore les frontières, mais<br />
au moins, ailleurs, on en rigole sans<br />
passer à la caisse.<br />
Vous avez sûrement entendu parler<br />
de ces trois pieds nickelés qui ont<br />
inventé une disparition-bidon dans<br />
les Alpes, en France, pour vendre<br />
leur récit en exclusivité à Paris<br />
Match. La presse française entière<br />
s'est payée leur tête en les surnommant<br />
"les crétins des Alpes". <strong>Il</strong>s<br />
avaient demandé, eux aussi, soixante<br />
briques à Paris Match pour raconter<br />
leur fausse mésaventure. À<br />
ce jour, ils n'ont pas encore inventé<br />
de procès en diffamation à la presse.<br />
Vous avez remarqué que je n'ai<br />
pas cité une seule fois le nom de<br />
l'émission, ni celui de son animateur,<br />
ni de ses sponsors, ni de ses mentors.<br />
On ne prend jamais assez de<br />
précautions avec un homme qui murmure<br />
à l'oreille des sponsors.<br />
Ces derniers doivent être fiers des<br />
performances réalisées par leur vedette.❏<br />
SƒVéRE SANCTION<br />
Le procès, dont le verdict se<br />
veut comme une "sanction"<br />
de l'article de presse dans lequel<br />
son auteur se demandait<br />
"si le <strong>Maroc</strong> est à l'image de<br />
sa télé et vice-versa, nous<br />
sommes mal partis pour le<br />
21ème siècle", lance le débat<br />
sur les rapports entre la critique<br />
et la télévision qui, de<br />
par la médiocrité qu'elle véhicule,<br />
est en elle-même une<br />
provocation. D'où le rôle que<br />
doit jouer la critique, dans la<br />
presse écrite notamment,<br />
pour amener la télévision marocaine,<br />
toutes chaînes<br />
confondues, à adopter un nivellement<br />
par le haut et non<br />
pas par le bas comme c'est le<br />
cas jusqu'à présent. Ceci n'est<br />
possible que grâce à une critique<br />
constructive dont la mission<br />
est d'encourager la création<br />
télévisuelle intelligente<br />
–quand elle existe-, mais surtout<br />
de faire ressortir les travers<br />
du paysage télévisuel<br />
marocain (PTM) pour en faire<br />
un facteur de développement.❏<br />
Mokhtar Ghailani<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ILS SOUTIENNENT<br />
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE<br />
Suite ˆ la condamnation disproportionnŽe et injuste de notre journal dans lÕaffaire MHI/Aziz Chihal, nos lecteurs et<br />
nos amis ont ŽtŽ nombreuxˆ nous Žcrire dans un geste de solidaritŽ et de soutien. Nous ne pouvons malheureusement<br />
pas passŽ tous les tŽmoinages que nous avons re us. Un numŽro entier du MHI nÕaurait pas suffi. Nous tenons<br />
Žgalement ˆ remercier tous les amis de MHI qui sont passŽs au 4, rue des Flamants pour venir personnellement,<br />
nous manifester leur soutien. Cet Žlan de solidaritŽ fantastique a rŽchauffŽ le cÏur de lÕŽquipe de MHI et dŽmontre<br />
que la libertŽ de la presse dans notre pays, peut avoir de beaux jours devant elle.<br />
CENSURE BæTE<br />
D 'habitude il ne faut pas commenter les<br />
décisions de justice surtout quand elles<br />
sont passibles d'appel, mais les habitudes<br />
doivent être parfois bousculées, et aujourd'hui<br />
c'est le cas, c'est une décision certes<br />
inique et grotesque, mais surtout, j'en suis<br />
sûr, la première d'une longue série, la censure<br />
nouvelle est arrivée !<br />
<strong>Il</strong> n y a plus de place à la censure directe,<br />
par la saisie d'un journal ou la mise au trou<br />
d'un journaliste, la censure nouvelle est arrivée<br />
! frapper là où ça fait mal, au portefeuille<br />
,=E0 la= trésorerie déjà chancelante de nos<br />
journaux, soixante bâtons pour avoir " insulté<br />
" CH ( excusez moi je ne suis pas millionnaire<br />
moi), le prix Nobel de la nullité et du<br />
mauvais goût, l'animateur le plus bête du<br />
PAI( paysage audiovisuel international).<br />
Mais pourquoi nous l'impose-t-on? on a<br />
eu des animatrices potiches, on s'est dit c'est<br />
pas grave elles sont belles et Dieu aime la<br />
beauté, on a eu quelques animateurs loin<br />
d'être des bombes, mais leur prestation faisait<br />
oublier leur physique ( Bouanani, Ali<br />
Hassan etc), mais alors le concentré de "ni<br />
beauté ni venue tôt " (traduisez) on l'a eu<br />
avec Mr CH.( Je dis monsieur car on ne sait<br />
jamais), et on a cru que ça était un défouloir,<br />
un punching-ball , un exutoire que dame<br />
RTM mettait gracieusement à notre disposition,<br />
mais non, soixante millions ça fait cher<br />
le punching-ball, dame RTM c'était donc sérieux,<br />
c'était bien un animateur qui en plus,<br />
non content de polluer notre quotidien par sa<br />
présence, s'est mis à produire l'argent du<br />
contribuable au service de la médiocrité , la<br />
censure nouvelle est arrivée, tout ça pour ça.<br />
Dites, finalement vous vous en tirez pas<br />
mal, imaginez que l'objet de votre article fut<br />
l'inénarrable présentateur du JT, vous en auriez<br />
peut être pris pour 20 piges ou perpète,<br />
enfin al hamdou lillah ela slama , vous l'avez<br />
échappé belle.<br />
Trêve de mots, passons aux choses sérieuses,<br />
de toute façon vous ferez appel, mais<br />
cela n'empêche pas de rester vigilant, et je<br />
propose à tous les lecteurs de MHI, d'ouvrir<br />
une souscription " anti-censure ", et j'ose espérer<br />
qu'il y a dans ce pays 6000 citoyens<br />
soucieux de la liberté de la presse et capables<br />
de payer 100 Dh chacun pour que ne meurt<br />
pas un journal ; pour desserrer l'étau de la<br />
censure et si le cas échéant, le jugement est<br />
révisé à la baisse ou à l'acquittement par la<br />
Cour d'appel, cet argent servirait une cause<br />
humanitaire .<br />
Les discours, c'est bien beau, l'action c'est<br />
encore mieux, alors.. action. Kamal Oufroukhi<br />
Nantes-France<br />
DƒBILITƒ<br />
<strong>Il</strong> n'y a pas que cette émission idiote qui peut<br />
être mise en cause (Studio Khancha) mais une<br />
bonne partie de la télé marocaine.<br />
Par exemple ces série mexicaines, est-ce que<br />
les responsables de la RTM (l'appellation responsable<br />
est ici seulement pour désigner les patrons)<br />
ont demandé aux <strong>Maroc</strong>ains s'il en veulent<br />
ou non ? C'est une question que je ne pose pas<br />
bien sûr sinon je serais traité d'idiot.<br />
L'émission Studio Khancha fait partie tout<br />
simplement d'un vaste programme dans lequel<br />
on trouve notamment les séries mexicaines ou<br />
encore ces séries dans lesquelles au lieu de proposer<br />
des solutions à certains problèmes de société<br />
on essaie de pousser les gens à accepter de<br />
faire partie des niveaux les plus bas de la société<br />
et ensuite les entraîner dans la banalisation de<br />
l'infidélité, et la prostitution, de l'immoralité et<br />
de la corruption etc.<br />
Revenons à votre problème, quand j'ai lu ce<br />
qu'a écrit Amale Samie, la première réaction que<br />
j'ai eue est que je ne suis plus seul et que au<br />
<strong>Maroc</strong>, il y a des gens intelligents qui osent s'opposer<br />
à la débilité et la création du ZÉRO<br />
NÉGATIF (ça vient de sortir à la RTM).<br />
Ensuite, je me suis posé la question simple<br />
suivante :<br />
Pourquoi cette émission est toujours à la télé?<br />
alors que quand je discute avec les gens (des<br />
<strong>Maroc</strong>ains bien sûr et autres de nationalités<br />
arabes j'ai honte d'en parler) qui regardent cette<br />
émission, tout le monde commence à insulter cet<br />
animateur (réanimateur de l'ignorance et maître<br />
de l'imbécillité).<br />
Pardonnez-moi, mais comme je suis installé<br />
ici en France depuis 13 ans, je me suis posé cette<br />
question un peu naïve car ici, quand une émission<br />
n'est pas acceptée par le public, la décision<br />
de la suspendre ou de l'annuler est prise le lendemain<br />
et sans autres considérations et sans pitié.<br />
Alors MHI, vous avez mon soutien dans<br />
votre combat contre l'idiot du village RTM. En<br />
vous souhaitant une victoire sur ce mal cancéreux,<br />
je vous dis au revoir et tenez bon car une<br />
grande majorité de <strong>Maroc</strong>ains pensent comme<br />
vous.<br />
Aissa de Toulouse<br />
aissa@cpa25.ups-tlse.fr<br />
OPPRESSION<br />
<strong>Il</strong> faut rappeler que l'Occident a obtenu et est<br />
arrivé à son zénith grâce à la liberté d'expression<br />
et non à l'oppression des critiques constructives.<br />
Hélas !<br />
À chaque fois que je crois que le <strong>Maroc</strong> est<br />
en voie de l'illumination, quelque chose de stupide<br />
et de nature arriérée l'emmène en sens inverse<br />
(trois pas en arrière pour un pas devant).<br />
Malheureusement !!!<br />
Samih Barehmi"<br />
barehmi@massed.net<br />
RIDICULE<br />
Je pense que le soutien à MHI contre une censure<br />
ridicule est un devoir et ce, pour plusieurs<br />
raisons dont les principales sont :<br />
-la qualité de votre journal et les efforts qu'il<br />
ne cesse d'entreprendre pour faire la lumière sur<br />
les vérités fondamentales.<br />
-la qualité médiocre de l'émission et de son<br />
animateur qui sont à l'origine de cette injuste<br />
condamnation.<br />
Je pense que MHI a encore une fois une raison<br />
d'être fier de la qualité de sa mission d'informer<br />
les <strong>Maroc</strong>ains de part le monde.<br />
Meilleures salutations et bonne continuation.<br />
Squalli-houssaini mohammed<br />
mhsqalli@hotmail.com<br />
REGRET<br />
Je regrette profondément toute action ayant<br />
pour but de nuire à la liberté de la presse au<br />
<strong>Maroc</strong>.<br />
Toutefois, la condamnation de votre journal<br />
n'est pas à mon sens une atteinte aux libertés<br />
fondamentales, bien au contraire cela me prouve<br />
qu'il y a bel et bien une justice qui protège les citoyens<br />
et les institutions des écarts et des abus de<br />
la presse, dont votre journal est adepte.<br />
Ce que je regrette, c'est par contre l'utilisation<br />
que vous faites de ce jugement (cela me rappelle<br />
vaguement l'incident du retrait de votre journal<br />
des kiosques qui a permis de faire décoller vos<br />
ventes pas la suite), alors que tout le monde sait<br />
de quelle obédience est votre journal.<br />
Au nom de la modernité de la presse, il serait<br />
temps d'évoluer du tabloïd et de la presse de caniveau<br />
vers un véritable journal d'investigation.<br />
En vous remerciant.<br />
Lamrani Yassir-France<br />
lamrani@ifrance.com<br />
ƒCÎUREMENT<br />
Assalam alaykoum <strong>Maroc</strong> hebdo international,<br />
Je suis un <strong>Maroc</strong>ain de Paris, et cela ne<br />
m'empêche pas de suivre les événements médiatiques<br />
et politiques de mon pays.<br />
J'étais heureux de savoir que la démocratie est<br />
en train de s'accomplir au <strong>Maroc</strong>, mais avec le<br />
jugement rendu concernant l'affaire Chihal-MHI,<br />
j'étais écœuré et "giflé" par une décision qui favorise<br />
les intérêts de quelques "personnes de<br />
l'ombre" et leur marionnette "chiale" et écrase la<br />
liberté de l'expression.<br />
Je dis : patience MHI et liberté d'expression<br />
et patience mon pays, la démocratie vaincra.<br />
Bravo Amale Samie et Mohamed Selhami.<br />
30<br />
khalid Benali<br />
benali72@yahoo.fr<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
CHUTE<br />
Je suis fier de mon pays et de ses<br />
avancées démocratiques.<br />
Ainsi avais-je le privilège de clouer le bec à<br />
tous ceux qui, en France, avaient le malheur de<br />
critiquer le <strong>Maroc</strong> et ses institutions.<br />
Je leur disais nous avons une liberté d'expression<br />
et une intelligence qui dépasse la vôtre.<br />
Vous qui en Occident confondez souvent mot et<br />
maux et qui passez votre temps à surveiller tous<br />
les médias pour sévir au moindre dérapage.<br />
Cependant, voilà que j'apprends que des<br />
journalistes sont jugés et condamnés à la prison<br />
pour délit d'opinion.<br />
Que les propos de monsieur Amale Samie<br />
soient durs c'est un fait.<br />
Cependant les passages durs, où monsieur<br />
Amale Samie parle de crime contre l'humanité,<br />
sont à prendre dans le sens de l'image et non au<br />
pied de la lettre.<br />
Du moins tout être doté d'un minimum de<br />
bon sens devrait le comprendre.<br />
Si on croit les propos de monsieur Hachimi,<br />
à savoir que les directeurs de la chaîne marocaine<br />
auraient demandé de l'argent pour que monsieur<br />
machin retire sa plainte, alors le cas est<br />
grave car il s'agit :<br />
- D'un chantage puni par la loi de monsieur<br />
Fikri .<br />
- Cas de corruption avéré par deux hauts<br />
fonctionnaires de l'État d'élite puni par la loi.<br />
Voilà une lamentable affaire qui ne grandit<br />
pas notre justice.<br />
Cette affaire ne peut avoir que deux issues.<br />
- Soit messieurs Chihal,Tricha, Issari et Le<br />
juge Fikri partent pour sauver l'honneur de notre<br />
pays.<br />
Soit nous dicter par Chihal interposé ce qu'il<br />
convient de dire ou ne pas dire.<br />
Dans cette dernière éventualité, nous serions<br />
tombés bien bas.<br />
Ce qui est sûr c'est que dorénavant je ne<br />
pourrais plus tenir le même langage concernant<br />
notre liberté de presse et comme on dit dans les<br />
salles de jeux rien ne va plus.<br />
Abdesselam Bougedrawi<br />
bougedra@cybercable.fr<br />
MƒDIOCRITƒ !<br />
Je suis profonément triste de constater que la<br />
liberté de presse, d'opinion et de commentaire<br />
sur des faits exacts rapportés par Monsieur<br />
Amale Samie, soit fragile et même bafouée dans<br />
notre pays.<br />
La sanction dont a fait l'objet ce journaliste<br />
avec Monsieur Mohamed Selhami, rappelle que<br />
le pouvoir et ses institutions n'aiment pas les<br />
journalistes.<br />
Ni tous ceux qui jouent le rôle de chien de<br />
garde à leur égard ou qui servent l'intérêt public<br />
et non des intérêts personnels ou particuliers.<br />
Monsieur Amale Salme n'a fait que son devoir<br />
de publier sur la RTM un article d'intérêt<br />
public.<br />
N'est-ce pas de son devoir de défendre le<br />
droit des citoyens avec une information de qualité<br />
et de dire aussi qu'on peut bien en avoir assez<br />
de la médiocrité des programmes de la<br />
RTM!<br />
Aziz Alaoui<br />
Rédacteur en chef-adjoint de Maghreb Observateur,<br />
Montréal et<br />
Membre de la Fédération Professionnelle des<br />
Journalistes du Québec<br />
Canada<br />
NULLITƒ<br />
J ’ai appris avec stupéfaction à travers TV5<br />
(émission Kiosque Avec M. Tossa et<br />
d’autres journalistes) la condamnation de votre<br />
journal par un tribunal de Casa Anfa, au sujet de<br />
l’émission "Studio 5 ".<br />
Ce qui m’a fait plus mal, c’est le jugement de<br />
ce juge, qui, s’il est vraiment honnête et sérieux<br />
et libre dans son jugement ", n’a qu’à regarder<br />
cette soi-disant émission Studio5, il constatera<br />
de lui-même que ce qu’a avancé et écrit Samie<br />
Amale est authentique et juste. Et que cette<br />
énergumène de Chihal n’est qu’un détraqué et<br />
un vaurien et d’une nullité exceptionnelle.<br />
Je tiens à vous exprimer par cette correspondance<br />
mon entière solidarité. Et que dorénavant,<br />
je serai un lecteur assidu de votre journal et je<br />
lui ferai la publicité dans mon entourage. Et je<br />
vous propose de continuer à démasquer cette<br />
bande de mafiosi qui ont phagocyté la télé et<br />
veulent abrutir le peuple marocain<br />
(Téléspectateurs). Mais heureusement que l’espace<br />
Audiovisuel est riche en chaînes satellitaires.<br />
Votre condamnation, reflète leur état d’esprit<br />
de Superman, et de dictateur qui veut écraser<br />
tout à son passage.<br />
Je peux vous assurer que le taux d’audience<br />
de cet imbécile de Chihal ne dépasse pas<br />
0,0001%. Des enfants et vieilles femmes qui<br />
sont les téléspectateurs.<br />
Lecteur enragé<br />
POUBELLE<br />
Bonjour ! Pour commencer, je dirais que je<br />
suis estomaqué !! c'est même un euphémisme<br />
de qualifier mon état en apprenant cette<br />
"nouvelle".<br />
Pour le moins qu'on puisse dire c'est une mascarade<br />
maladroitement orchestrée et par l'appareil<br />
judiciaire et par des pantins du pire acabit, c'est<br />
renversant !!<br />
Je vous écris pour vous faire part de mes sentiments<br />
à ce sujet.<br />
La situation est pour le moins rocambolesque...il<br />
n'y pas de mots pour la qualifier. J'ai<br />
été surpris de voir que l'on écope de condamnation<br />
à des mois de prison pour une "affaire" publique<br />
pour laquelle la liberté de pensée et d'expression<br />
est de premier droit avec bien sûr un<br />
sauf conduit pour la TVM (Tais-toi et Vois mes<br />
Merdes), pardonnez ma grossièreté !<br />
Et ce qui me met surtout dans tous mes états<br />
c'est que l'une des figures marquantes de ce<br />
grand procès de fin de siècle, ce n'est rien<br />
d'autres que ce AZIZ... une espèce hybride issue<br />
d'un croisement entre la stupidité et l'erreur humaine,<br />
tout à l'image de cette décharge publique<br />
ainsi que ceux qui l'ont engagé pour exercer ce<br />
qu'il sait faire être NUL, et exécrable, mais cela<br />
ne me surprend pas car ce complot dure depuis<br />
toujours et durera encore tant et aussi longtemps<br />
que ces minables prennent la population en otage.<br />
Permettez-moi cependant, de vous reprocher<br />
d'avoir accepté d'écrire un article sur la TVM<br />
puisque vous le saviez déjà, et surtout donner de<br />
l'importance à une nullité pareille.<br />
Je vous souhaite la meilleure des chances, et<br />
vous dit que vous pouvez me compter parmi<br />
vos lecteurs les plus dévoués.<br />
Merci pour tout! Bien à vous !<br />
Hamid Aziz<br />
azimed@hotmail.com<br />
HONTE<br />
Cher ami : Chapeau! Permets-moi de te dire<br />
"brihiquement":<br />
"Chankou Youçabbinou ahsane".<br />
L'homme qui aimait trop… peut se passer<br />
de prendre un bain pour une bonne période.<br />
Sincèrement, c'est une honte!<br />
Dans les années 70, on respirait avec le sentiment<br />
d'être persécutés, surveillés, traqués.<br />
Chacun de nous voyait en l'autre un flic, un<br />
mouchard, un indic… c'est à peine si nous<br />
n'avons pas sombré dans la paranoïa.<br />
Aujourd'hui, trente ans après, on constate,<br />
hélas, que l'expéditif l'emporte toujours sur<br />
l'instructif quand il s'agit de prononcer un jugement,<br />
que la tête du client –tout ce qui brille<br />
n'est pas or- importe encore beaucoup et que le<br />
mythe de celui qui n'a pas son sidou a sa lallah<br />
existe encore.<br />
Où va-t-on?<br />
Solidairement vôtre.<br />
Mohamed Mrini<br />
ESCROQUERIE<br />
Écœuré, je vous adresse mon soutien sincère.<br />
Tricha le filou, Issari l’escroc et<br />
Chihal… la bête ne pourront pas vous faire éluder<br />
de votre mission, celle de faire du<br />
Journalisme.<br />
De tout cœur avec vous et pour la constitution<br />
d’une caisse de solidarité parce qu’en fin<br />
de compte, Samie n’a écrit que ce que je pense<br />
réellement de la TVM.<br />
J. Azelmate<br />
Président de l’AMOSPE<br />
CONSTERNATION<br />
J'ai appris avec étonnement la nouvelle du<br />
procès qu'on a attenté contre votre publication,<br />
et je ne saurais vous exprimer ma consternation<br />
devant la sévérité du verdict.<br />
Je tiens cependant, à joindre ma voix à tous<br />
ceux, qui vous ont exprimé leur solidarité dans<br />
ce moment pénible que traverse votre hebdomadaire,<br />
digne de respect et de considération.<br />
Espérons que la raison et le sens de la justice<br />
et de la responsabilité l'emporteront sur les<br />
tendances partisanes.<br />
Et veillez accepter mes salutations respectueuses.<br />
Ben Rochd Er Rachid.<br />
Écrivain Casablanca<br />
AVEC VOUS<br />
Malheureusement, il y a des responsables<br />
qui empêchent le progrès des <strong>Maroc</strong>ains.<br />
Je suis avec vous...<br />
BELMIR Abdelaziz<br />
belmir@bocal.cs.univ-paris8.fr<br />
COMBAT<br />
Je soutiens <strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> dans<br />
son combat pour la liberté d'expression<br />
dans notre pays.<br />
Abdelhamid BELMEKKI<br />
Paris France<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
31
ARTS PLASTIQUES<br />
Abdellatif Lasri, un peintre et ses figures<br />
ENTRE SENSUALITƒ<br />
ET SUBLIMATION<br />
Abdellatif Lasri est un peintre pas comme<br />
les autres. Un peintre assoiffŽ dÕespace,<br />
toujours en qu te dÕun espace,<br />
son espace. Une qu te esthŽtique subtile<br />
qui inflige ˆ sa composition picturale<br />
une force incommensurable que les critiques<br />
interpr tent comme Žtant un sen-<br />
Peu connu du grand public,<br />
Abdellatif Lasri<br />
peint langoureusement<br />
sa perception et sa conception<br />
de l’univers et du chaos.<br />
Ce natif de Casablanca en<br />
Par Taïeb CHADI<br />
1957 qu’on dit à " mi chemin<br />
entre l’art et la timidité " interpelle<br />
par sa sérénité. <strong>Il</strong> dérange,<br />
même. D’où les questions.<br />
Questions sur le feu<br />
créateur du feu Prométhée,<br />
jadis grand, sur la force du<br />
geste et pinceau, puis des<br />
questions sur l’angoisse devant<br />
le blanc et le néant. Des<br />
questions, puis la couleur qui<br />
vient mettre de l’ordre à ce<br />
désordre imaginé. Un tableau,<br />
de la lumière et des figures.<br />
On agence : un ordonnancement<br />
géométrique qui invite<br />
au regard, après quoi l’œil, à<br />
une rêverie où les formes et<br />
les couleurs se convolent en<br />
noces pour la énième fois.<br />
On est face à un peintre<br />
bizarrement amoureux de la<br />
peinture et du tout ce qui est<br />
pictural. Ce sentiment indécis<br />
ou plutôt insaisissable se traduit<br />
en agressivité dans ses<br />
tableaux. Ce passage vertigineux<br />
du blanc au noir, cette<br />
obsession à vouloir tracer des<br />
formes –buldings- qui cachent<br />
leurs colères, verticalement.<br />
Insaisissable<br />
On a l’impression que<br />
Lasri est toujours en quête<br />
d’un espace, son espace.<br />
Cette quête esthétique subtile<br />
inflige à sa composition<br />
picturale une force incommensurable<br />
Avec Lasri, on est devant<br />
une peinture moderne dans<br />
ce qu'il a de mieux, à la fois<br />
de plus excitant et d'indémodable<br />
: la liberté créative, la<br />
vocation d'éveil qui paraît ne<br />
pas connaître d'entraves et<br />
consacrer en de mystérieuses<br />
partitions le choc du monde<br />
extérieur sauvage et chaotique<br />
avec le moi le plus secret et<br />
le plus intime. La modernité<br />
de ses œuvres ne doit pas être<br />
• Abdellatif Lasri.<br />
timent indŽcis ou plutt insaisissable<br />
se traduisant en agressivitŽ dans ses<br />
tableaux. Pouvait-on aussi bien caricaturer<br />
ce peintre hors-pair que ce critique<br />
dÕart qui a parlŽ dÕun trait dÕunion dans<br />
sa mani re dÕ tre et dÕavoir, en rŽsumŽ<br />
de son Ïuvre.<br />
perçue dans le sens du cubisme,<br />
fauvisme..., mais cette<br />
manière de peindre à michemin<br />
entre ce qu’il a de très<br />
marocain de ces couleurs<br />
fortes et chaleureuses, ces<br />
masques africains et ses<br />
grilles verticales à résonance<br />
occidentale.<br />
Un critique d’art parle<br />
d’un trait d’union dans sa manière<br />
d’être et d’avoir. Mais<br />
On peut davantage y percevoir<br />
cette soif d’embrasser<br />
l’universel.<br />
D’être soi-même et en même<br />
temps se mettre dans la<br />
peau de tout et chacun.<br />
Cette errance aux mouvements<br />
irrépressibles, ce ras-lebol<br />
de cette société qui a engendré<br />
l’isolement et l’isolation<br />
en plein cœur du village<br />
de la globalisation.<br />
Lasri, qui vit entre la<br />
France et le <strong>Maroc</strong>, est bel et<br />
bien au carrefour de ce déchirement,<br />
tantôt en observateur,<br />
tantôt en acteur.<br />
D’où ce caractère solitaire<br />
et indépendant, cette liberté<br />
si personnelle et si subtile<br />
dans l'agencement de ces<br />
oeuvres. Une liberté qu'il ma-<br />
© Ph. MHI<br />
térialise dans le mot "Figure",<br />
vocable incongru qui voulait<br />
tout dire et rien dire et dont il<br />
se sert à tout bout de champ<br />
pour qualifier ce qui dans sa<br />
production est inaliénable, lui<br />
appartenait en propre.<br />
Chemins croisés<br />
Comme beaucoup d'artistes<br />
de son époque, Lasri rêve<br />
assez de l'œuvre totale.<br />
Une sorte d’assemblage parfait<br />
où les couleurs et les<br />
formes correspondent, sans<br />
fausse note. Donc, une œuvre<br />
qu’on peut lire comme des<br />
chemins croisés des tendances<br />
de la modernité mais<br />
bien plus encore comme les<br />
pages autobiographiques, un<br />
peu sibyllines, cependant prenantes<br />
d'une démarche en demi-teinte<br />
qui se méfie de l'esthétisme<br />
pour l'esthétisme et<br />
attend aussi de l’art qu'il<br />
chiffre les épaisseurs de l'être.<br />
Dès lors, Lasri a tendance<br />
à être partagé entre cet art<br />
d'avant-garde et ses variantes,<br />
et une peinture figurative qui<br />
n'est pas sans qualité et que,<br />
parallèlement, il mène, persuadé<br />
qu'il faut continuer à<br />
questionner cette facette de<br />
l'art pour mieux maîtriser<br />
l'autre.<br />
Réfutant la signification<br />
sociale, politique, existentielle<br />
de l'œuvre d'art, Lasri peint<br />
comme s’il milite pour une<br />
approche spécifique où n'entrent<br />
en ligne de compte que<br />
formes, lignes, couleurs, surfaces.<br />
Et la peinture devient subitement,<br />
le temps d’un tableau,<br />
le temps d’un clin<br />
d’œil furtif, lyrique très personnelle.<br />
Une peinture qui ne fait ni<br />
dans la tiédeur ni dans l'afféterie,<br />
mais plutôt dans le musclé,<br />
le percutant avec un goût<br />
manifeste pour les couleurs<br />
dissidentes et la touche qui<br />
devient elle-même un signe<br />
structurant. Un signe qui<br />
prend l’allure des formes domestiques,<br />
des figures, et encore<br />
des figures qui s’agitent,<br />
qui crient comme pour nous<br />
conter une histoire au verbe<br />
de commencement palimpseste.<br />
Lasri peint comme s’il reproche<br />
à quelques choses à<br />
l'art abstrait ?<br />
Notre peintre est convaincu<br />
que la peinture n’est pas<br />
une question de sujet et que<br />
toutes les métamorphoses de<br />
la forme qui reviennent dans<br />
ses tableaux n’est qu’une trace<br />
d’une pensée incolore.<br />
Pour lui, le sujet n'a jamais<br />
été qu'un prétexte à exprimer<br />
les valeurs. Les siens !<br />
Cette conviction reste la<br />
sienne. Lasri persiste et peint<br />
dans un univers inodore où<br />
l'art abstrait, la peinture figurative<br />
peuvent maintenant<br />
évoluer côte à côte; où l'art<br />
abstrait n'étant pas une école<br />
mais une autre façon, comme<br />
une autre, de penser la<br />
peinture.<br />
Celle qui sort des tripes et<br />
celle qui chante la liberté totale,<br />
d'invention. Où la couleur<br />
et la forme y trouvent<br />
leurs moyens absolus d'expression.<br />
Une sorte de vers<br />
picturaux qui défient les sonnets,<br />
mais célèbrent les<br />
signes, quand il le faut.❏<br />
32<br />
LE NUCLƒAIRE<br />
Ë L'ACADƒMIE<br />
L a première session de<br />
l'année en cours de l'académie<br />
du Royaume du <strong>Maroc</strong>,<br />
se déroulera du 6 au 8 mai<br />
à Rabat, dans la salle<br />
Ahmed Balafrej, autour du<br />
thème: ''la dissémination des<br />
armes nucléaires est-elle ou<br />
non un facteur de dissuasion?'',<br />
annonce un communique<br />
de l'académie. Les<br />
membres de l'académie ainsi<br />
que les experts invités débattront<br />
au cours de cette<br />
session de trois axes, portant<br />
sur le processus historique<br />
de l'armement nucléaire,<br />
sur la réalité de la<br />
dissémination des armes nucléaires<br />
dans le monde d’aujourd'hui<br />
et sur le traitement<br />
de cette réalité en vue de rétablir<br />
la sécurité et la stabilité<br />
mondiales.<br />
LE LIVRE ET<br />
SES AUTEURS<br />
La deuxième édition de la<br />
fête du livre de Tétouan sera<br />
organisée du 23 au 30<br />
avril courant, à l'initiative de<br />
la communauté urbaine de<br />
Tétouan et de la section locale<br />
de l'union des écrivains<br />
du <strong>Maroc</strong> (UEM). Cette manifestation<br />
qui vise l'enracinement<br />
de la consommation<br />
du livre et de la lecture à travers<br />
une programmation festive,<br />
coïncide cette année<br />
avec la journée mondiale du<br />
livre et des droits d'auteurs.<br />
Plusieurs activités sont programmées<br />
pour cette édition,<br />
dont les débats prévoient<br />
un bilan des sciences<br />
humaines et sociales au<br />
<strong>Maroc</strong>, une évaluation de<br />
l'expérience du groupe de<br />
travail présidé par le philosophe<br />
Mohamed Abed Al-<br />
Jabiri dans l'authentification<br />
des œuvres d'Ibn<br />
Rochd.<br />
L'ENFANT ET<br />
LE CULTUREL<br />
Les premières journées culturelles<br />
de l'enfant seront organisées,<br />
du 2 au 9 mai prochain<br />
à Rabat, Salé et Fès, à<br />
l'initiative des associations<br />
Ribat Al-Fath, Bouregreg et<br />
Fès-Saiss, en collaboration<br />
avec l'office national des aéroports<br />
(ONDA).<br />
Ces journées, qui se tiennent<br />
sous le thème ''Les enfants<br />
d'aujourd'hui et les défis de<br />
demain'', proposent diverses<br />
activités d'animation et de<br />
sensibilisation, notamment<br />
sanitaire et éducative, ainsi<br />
que des ateliers (jeux électroniques,<br />
dessins, théâtre,<br />
musique, peinture et sculpture).<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
BEAUTƒ<br />
LÕŽlection de Miss Rabat 99, une premi re au <strong>Maroc</strong><br />
LES CANONS<br />
DE LA CAPITALE<br />
ƒlire Miss Rabat 99. Un tel ŽvŽnement nÕŽtait pas<br />
facile. Sa rŽalisation a demandŽ des efforts<br />
considŽrables. Miss Rabat a ŽtŽ Žlue. Ce fut<br />
Un port altier, du charme,<br />
de la présence<br />
d’esprit… Comme<br />
l’avait annoncé Julien Lepers<br />
au cours d’une conférence de<br />
presse tenue le vendredi 26<br />
Par Naïma BOUÂCHRINE<br />
mars dernier à Rabat, Miss<br />
Rabat sera “belle et intelligente”.<br />
Et elle l’est… Malgré<br />
la petite grogne du public qui<br />
a porté son choix sur la<br />
deuxième dauphine, Haya El<br />
Gharby, autre lycéenne de 17<br />
ans au charme incontestablement<br />
andalou-r’bati, mais timide<br />
et un brin gagnée par le<br />
trac. Bref, on ne badine pas<br />
avec le choix du jury! Salma<br />
El Atmani, la désormais Miss<br />
Rabat pour une année, 20 ans,<br />
lycéenne, a répondu aux canons<br />
de la beauté reconnus<br />
en pareilles circonstances.<br />
Tant mieux pour elle!<br />
Dans une ambiance bon<br />
enfant, Julien Lepers, animateur<br />
de l’émission<br />
“Questions pour un champion”<br />
et l’un des organisateurs<br />
de ce concours de beauté,<br />
semblait envoûté par la<br />
beauté des 30 candidates en<br />
lice. <strong>Il</strong> ne s’est pas empêché<br />
d’ouvrir le bal avec une sorte<br />
de déclaration d’amour<br />
pour toutes les filles marocaines<br />
: “Les plus belles filles<br />
du monde se situent au<br />
<strong>Maroc</strong>”. Malgré quelques petits<br />
couacs (notamment la<br />
double annulation du célèbre<br />
orchestre Pinhass et de la manifestation<br />
des islamistes prévue<br />
cette nuit devant le palace),<br />
la soirée s’était déroulée<br />
le plus normalement du monde.<br />
Le jury était composé du<br />
directeur du Hilton, Hagop<br />
Doghriamadjian, Ghizlaine<br />
Ouazzani, modéliste et styliste,<br />
M. Taoufik, photographe<br />
de mode, Aziz<br />
Youssfi, directeur commercial<br />
de l’Agence Canal+,<br />
Mme Laraqui, représentante<br />
de la maison Honda.<br />
Le public, quand à lui,<br />
c’était la crème de Rabat. Un<br />
public assoiffé à pareilles<br />
prestations. Un public aussi<br />
las de la routine des soirées<br />
passées dans les quelques<br />
clubs que compte Rabat.<br />
L’assistance, impatiente de<br />
voir les trente candidates en<br />
lice, a découvert un Julien<br />
Lepers débordant d’énergie.<br />
“Ce n’était pas facile pour<br />
moi, j’ai dû faire un grand effort<br />
pour ne pas être vaincu<br />
par le trac de rencontrer pour<br />
la première le public marocain.<br />
Heureusement, tout<br />
s’était passé sans grands problèmes”,<br />
déclare-t-il.<br />
Avec son talent d’animateur,<br />
il a présenté les 30 candidates<br />
en grande pompe, leur<br />
posant un tas de questions,<br />
une sorte de Questions pour<br />
un champion “masqué”.<br />
Sobres mais élégantes dans<br />
des costumes représentant les<br />
corps de métiers; sans ornements,<br />
sinon leur beauté et<br />
leur jeunesse, ces filles représentatives<br />
de la beauté marocaine<br />
ont défilé avec grâce<br />
sur un fond de musique orientale.<br />
Talent<br />
Affichant leurs chiffres<br />
pour les besoins du concours,<br />
elles n’étaient que sourire et<br />
charme pour un public émerveillé<br />
et enchanté par une telle<br />
apparition. À voir ces filles<br />
défiler, il est clair et net qu’un<br />
sérieux travail de chorégraphie<br />
a été effectué durant des<br />
jours. N’empêche que<br />
quelques-unes des candidates<br />
ont volé la vedette aux autres.<br />
Normal, une poignée des 30<br />
aspirantes au titre de Miss<br />
Rabat 99 étaient mannequins<br />
à mi-temps. La Miss Rabat,<br />
Selma El Atmani en fait partie.<br />
Après ce bref mais marquant<br />
passage, une troupe de<br />
jeunes danseuses de ballet a<br />
réalisé avec maestria une danse<br />
à l’orientale. Ces fillettes<br />
aux visages de chérubins ont<br />
su tenir le public en haleine<br />
pendant un bon quart d’heure.<br />
Leur prestation n’avait rien<br />
à envier aux célèbres danses<br />
d’une Fifi Abdou ou d’une<br />
Tahiyate Karyouka. Bref, ce<br />
fût une autre belle apparition!<br />
Le temps de s’arracher de<br />
cette belle vision, le public<br />
fût ravi par le déploiement<br />
de nymphettes en costumes<br />
traditionnels typiquement<br />
une nuit forte en sensations qui a donnŽ au public<br />
RÕbati ˆ admirer la beautŽ marocaine dans<br />
tout son Žclat.<br />
marocains. L’originalité de la<br />
beauté marocaine et la candeur<br />
de ces filles-candidates<br />
à peine âgées de 14 à 25 ans,<br />
ressortait dans tout son éclat,<br />
éblouissant ainsi le regard et<br />
les sens d’un public avide de<br />
beauté et d’esthétisme. Les<br />
costumes, réalisés avec grand<br />
art et goût étaient l’œuvre de<br />
Kenzo Couture. Cette deuxième<br />
présentation était l’occasion<br />
pour Julien Lepers de<br />
présenter une à une les candidates<br />
dans un exercice de<br />
communication qui a aidé le<br />
jury à arrêter son choix.<br />
Beauté<br />
Le public -ce qui est normal<br />
dans pareilles circonstances-<br />
s’est enthousiasmé<br />
pour certaines candidates au<br />
charme indiscutable. Mais la<br />
beauté n’a pas été la seule<br />
carte blanche pour accéder<br />
au titre. Miss Rabat doit être<br />
intelligente, c’est-à-dire communiquant<br />
avec facilité et<br />
ayant de la présence d’esprit.<br />
Révolu le temps de “Sois belle<br />
et tais-toi”. <strong>Il</strong> fallait joindre<br />
l’utile à l’agréable. Quelques<br />
candidates avaient des difficultés<br />
de communication…<br />
Le jury ne pardonnait pas à<br />
ces jeunes filles le fait d’avoir<br />
avaler leur langue sur le podium.<br />
Le jury, en ce moment,<br />
prenait note des réactions et<br />
des prestations de chacune<br />
des candidates. 16 candidates<br />
seront désignées par la suite<br />
pour le deuxième tour. Entretemps,<br />
un Saïd Naciri toujours<br />
égal à lui-même a réussi<br />
à faire sortir le public de sa<br />
réserve. Reprenant des passages<br />
qui lui ont valu le succès<br />
de ses deux derniers One<br />
man shows, Meky Jackson et<br />
Titanos et réalisant en même<br />
temps un très réussi exercice<br />
d’improvisation, il n’a pas<br />
manqué de lancer des fléchettes<br />
à l’adresse de la<br />
TVM, de vitupérer la mollesse<br />
du gouvernement devant<br />
la crise des diplômés<br />
chômeurs et d’autres maux<br />
sociaux qui rongent notre société…<br />
Pince-sans-rire, il a<br />
ainsi caricaturé dans divers<br />
passages la vie quotidienne<br />
• Salma El Atmani, Miss Rabat 99.<br />
laissant le public déchaîné de<br />
rire. Arrivent les moments<br />
forts de la soirée! L’annonce<br />
des 16 candidates sélectionnées<br />
a laissé comme un regret<br />
chez le public: comment<br />
éliminer dans la prochaine<br />
étape 13 beautés toutes aussi<br />
attachantes? Dur exercice!<br />
Réserves<br />
Bref, des pauses signées<br />
Saïd Naciri ou la prestation<br />
d’un chanteur se produisant<br />
chaque soir au Hilton ont su<br />
entretenir l’enthousiasme du<br />
public. La soirée arrivait à sa<br />
fin. Les membres du jury,<br />
après les délibérations regagnaient<br />
leurs places pour annoncer<br />
leur choix. Suspens<br />
et surprise! Miss Rabat 99 est<br />
cette grande et belle fille, au<br />
sourire généreux et à l’allure<br />
altière. Cette jeune lycéenne<br />
de 20 ans, mannequin à ses<br />
heures perdues, a attiré l’attention<br />
du jury, mais non celle<br />
du public qui a invectivé<br />
sans relâche ce choix.<br />
Un membre du jury, représentant<br />
la revue “Femmes<br />
du <strong>Maroc</strong>” défend ce choix:<br />
"D’abord, les délibérations<br />
ont été très difficiles... J’ai vu<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
33<br />
Selma défiler à plusieurs reprises.<br />
Elle a de la grâce et de<br />
la présence. Elle mérite largement<br />
ce titre de Miss Rabat<br />
99". Pour le jeune Club Apostrophe,<br />
c’est une réussite<br />
malgré la contestation des islamistes<br />
de laisser défiler des<br />
filles en maillot. Cet épisode,<br />
certes décisif pour le choix<br />
du jury, a été annulé pour ne<br />
pas attiser la colère des islamistes.<br />
Les familles de certaines<br />
candidates ont même<br />
été menacées au téléphone…<br />
En tout cas, le fait de fêter la<br />
beauté n’est pas un trait étrange<br />
à notre culture, en témoignent<br />
l’élection de Miss<br />
Sefrou lors de la saison des<br />
cerises, et le célèbre Moussem<br />
Imilchil.<br />
Ce club a aussi dû supporter<br />
les caprices du public.<br />
Un public pas encore habitué<br />
à pareils événements.<br />
Mais dont le choix aurait dû<br />
être pris en considération, car<br />
dans les jury reconnus à<br />
l’échelle internationale, un<br />
représentant du public doit<br />
faire partie du jury. Mais, ce<br />
n’est qu’un début pour ce jeune<br />
club! Un début en tout cas<br />
prometteur. ❏<br />
©DR
AGRICULTURE<br />
Le programme MŽda 99 accorde une place de choix au dŽveloppement rural<br />
AMƒLIORER LA VIE DU RURAL<br />
La commission europŽenne privilŽgie toute<br />
approche qui vise ˆ amŽliorer les conditions<br />
de vie des populations rurales. CÕest<br />
ce qui ressort de son programme MŽda<br />
Le programme Méda<br />
1999 de la commission<br />
européenne accorde une place<br />
de choix au développement<br />
rural. Aménagement et<br />
assainissement de l'eau, lutte<br />
contre l'érosion, protection<br />
des écosystèmes forestiers,<br />
investissements, tels sont les<br />
axes prioritaires du financement<br />
accordé par la commission<br />
européenne.<br />
Des instruments de crédits<br />
ont été mis en place par<br />
la Banque européenne d'investissement<br />
à travers les<br />
Caisses de crédit agricole et<br />
le Fonds de développement<br />
agricole ou encore en s'associant<br />
directement à des partenaires<br />
comme l'Agence de<br />
développement du nord ou<br />
encore l'ONEP.<br />
Sur la question de l'accès<br />
à l'eau potable, la commission<br />
européenne privilégie<br />
toute approche qui vise à<br />
améliorer les conditions de<br />
vie, l'hygiène et la santé des<br />
populations rurales. C'est ainsi<br />
que le projet financé par<br />
l'UE avec l'ONEP pour un<br />
montant de 40 millions d'écus<br />
a pour objectif de garantir une<br />
eau de qualité dans sept pro-<br />
COLLATION<br />
L'inauguration de la seconde<br />
promotion du<br />
Diplôme des études spécialisées<br />
en développement rural<br />
régional assure désormais<br />
à cette nouvelle filière créée<br />
au sein de la faculté des lettres<br />
de Rabat un avenir prometteur.<br />
L'initiative de l'Unité de<br />
formation et de recherche de<br />
la Faculté est à présent soutenue<br />
activement par de nombreux<br />
partenaires comme<br />
l'ambassade d'Allemagne,<br />
l'université technique de<br />
Munich, le soutien financier<br />
de l'Office allemand de coopération<br />
technique (GTZ).<br />
Les motivations qui ont<br />
• Hassan Lamrani<br />
vinces de la région du Nord<br />
et dans le Tensift.<br />
Cultures alternatives<br />
<strong>Il</strong> est ainsi prévu en collaboration<br />
avec l'office qui a<br />
déjà une expérience réussie<br />
en la matière, de promouvoir<br />
et de créer des micro-entre-<br />
été à l'origine de la création de<br />
cette spécialité sont connues.<br />
À mesure que le rôle de la région<br />
en tant que secteur de<br />
développement s'affirme, il<br />
est devenu nécessaire et indispensable<br />
d'avoir des cadres<br />
techniques et des intervenants<br />
qui aient une connaissance<br />
approfondie du milieu socioéconomique<br />
régional en général<br />
et rural en particulier.<br />
Le profil de ces nouveaux intervenants<br />
devrait correspondre<br />
à un diplômé qui maîtrise<br />
aussi bien les techniques<br />
d'analyse régionale et spatiale<br />
que la connaissance du milieu<br />
rural et de ses intercon-<br />
1999 dont la rŽalisation nŽcessitera une<br />
mise en place dÕinstruments de crŽdits. Ce<br />
ˆ quoi la Banque europŽenne d'investissement<br />
sÕest attelŽe.<br />
prises qui auront à charge aussi<br />
bien l'entreprise, la maintenance<br />
que la gestion des réseaux<br />
d'eau potable. La coopération<br />
avec l'office concerne<br />
également des petits<br />
centres comme Azilal, Berkane<br />
et Taourirt déjà couverts<br />
par le quatrième protocole<br />
La facultŽ des Lettres de Rabat f te sa 2 me promotion.<br />
UNE FORMATION ADAPTƒE<br />
Ë LA RƒGIONALISATION<br />
LÕUnitŽ de formation et de recherche de<br />
la facultŽ des Lettres de Rabat, appliquŽe<br />
aux besoins de dŽveloppement rŽgional,<br />
f te sa deuxi me promotion. Ë mesure<br />
que le rle de la rŽgion, dans le dŽveloppement<br />
global se dessine, des formations<br />
adaptŽes sont proposŽes ˆ ses<br />
cadres et agents techniques.<br />
© Ph. MHI<br />
nexions avec la ville. C'est<br />
donc pour répondre à un besoin<br />
réel que la Faculté des<br />
lettres de Rabat a été autorisée<br />
à délivrer un Diplôme<br />
d'étude supérieure spécialisée<br />
en géographie de l'aménagement<br />
spécialité "Développement<br />
rural régional dans<br />
les pays du Maghreb".<br />
Spécialisation<br />
Un diplôme qui, selon les<br />
termes du bulletin officiel du<br />
20 février 1997: "Sanctionne<br />
une formation de haute spécialisation<br />
préparant directement<br />
à l'exercice d'une profession<br />
dans un secteur dé-<br />
dans le cadre des projets<br />
"Alimentation en eau potable<br />
et assainissement des petits<br />
centres". Avec l'Agence pour<br />
la promotion et le développement<br />
économiques des<br />
provinces du Nord, la coopération<br />
avec la commission<br />
européenne est passée à<br />
la vitesse supérieure puisqu'un<br />
premier appel d'offres<br />
international portant sur une<br />
première tranche de l'enveloppe<br />
globale de 1 milliard<br />
de centimes vient d'être lancé.<br />
<strong>Il</strong> s'agit du fameux programme<br />
d'introduction des<br />
cultures alternatives qui a mis<br />
du temps pour démarrer.<br />
Cette première partie du<br />
financement sera consacrée<br />
essentiellement au recrutement<br />
des cadres et techniciens<br />
qui auront pour mission de<br />
mettre en chantier des pôles<br />
de démonstration pour sensibiliser<br />
les populations qui<br />
vivent jusqu'à présent de la<br />
culture du cannabis. <strong>Il</strong> semble<br />
ainsi que le voyage organisé<br />
par le Premier ministre accompagné<br />
des ambassadeurs<br />
des pays de l'UE dans le nord<br />
du pays ait porté ses fruits.❏<br />
A.E.A.<br />
terminé". La formation répond<br />
à un besoin réel et l'accueil<br />
qui lui a été réservé aussi<br />
bien par les équipes de recherche<br />
et universités étrangères<br />
que par les ONG et les<br />
départements ministériels démontre<br />
que le pays est en déficit<br />
flagrant en ce qui concerne<br />
des profils pointus en la<br />
matière. <strong>Il</strong> s'agit là d'un bon<br />
exemple de formation poussée<br />
parfaitement adaptée au<br />
marché du travail. Car les domaines<br />
d'intervention vont du<br />
montage d'une coopérative<br />
au tourisme rural en passant<br />
par la commercialisation du<br />
henné.❏ A.E.A.<br />
34<br />
PACKAGE<br />
BIEN FOURNI<br />
À l'occasion de la fête<br />
des roses du 6 au 10 mai<br />
1999, l'agence de tourisme<br />
“Zones Libres” organise<br />
un voyage.<br />
Le package comprend<br />
un billet d'avion<br />
aller-retour, Casablanca-<br />
Ouarzazate-Casablanca,<br />
un séjour de quatre nuits<br />
en demi-pension, une<br />
randonnée à Kalaât<br />
Magouna pour participer<br />
à la fête des roses, une<br />
excursion d'une journée<br />
sur les Gorges du Tadra<br />
et une autre excursion<br />
d'une journée à Zagora.<br />
Pour plus d’informations<br />
prendre contact avec<br />
“Zones Libres” au (02)<br />
47 27 47<br />
GLOBALISATION<br />
ET INFLUENCE<br />
L'association des anciens<br />
élèves des lycées<br />
Gouraud et Descartes organise,<br />
en collaboration<br />
avec le Crédit du <strong>Maroc</strong>,<br />
une conférence-débat sur<br />
le "Mondialisation et son<br />
influence sur l'économie<br />
et la société marocaines"<br />
le mardi 27 avril 1999 à<br />
la salle polyvalente au lycée<br />
Descartes à Rabat, à<br />
partir de 19 heures.<br />
La rencontre sera animée<br />
par Miriam Chellaoui<br />
(2M-Kafila et<br />
RTM-Intermédia).<br />
Elle réunira d'éminentes<br />
personnalités<br />
comme Driss Benhima,<br />
le directeur général de<br />
l'ONE ou Jean François<br />
Lherete, le directeur général<br />
du Crédit du <strong>Maroc</strong><br />
et Alain Holleville,<br />
conseiller de coopération<br />
et d’actions culturelles.<br />
ASSISTANTES<br />
DE DIRECTION<br />
L e Centre des assistantes<br />
de direction organise<br />
son deuxième salon<br />
de l'assistante de direction<br />
le samedi 8 mai<br />
1999 au Hyatt Régency<br />
de Casablanca.<br />
Très demandées dans<br />
un marché de travail en<br />
pleine mutation, les assistantes<br />
de direction sont<br />
devenues incontournables<br />
dans la bonne<br />
marche des entreprises.<br />
Au cœur d'activités<br />
polyvalentes, les assistantes<br />
de directions sont<br />
appelées à maîtriser aussi<br />
bien les articles de<br />
communication moderne<br />
que le travail de secrétariat<br />
proprement dit.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
PROJET<br />
LÕouverture du village-rŽsidence Cap Ghir est prŽvue pour avril 2000<br />
UN VILLAGE 5 ƒTOILES<br />
La magnifique cte, sÕŽtendant entre<br />
le Cap Ghir et Taghazout dans la rŽgion<br />
dÕAgadir, ne laisse pas indiffŽrent.<br />
Des investisseurs allemands y Žrigent<br />
un complexe touristique dÕenvergure<br />
sous forme de village de standing de<br />
La côte qui s’étend<br />
d’Essaouira à Agadir<br />
figure parmi les plus<br />
belles du pays. Entre le<br />
Cap Ghir et Taghazout,<br />
une magnifique région<br />
connue aussi bien pour<br />
ses paysages de rêve que<br />
ses côtes poissonneuses.<br />
Le petit port de Tiguert<br />
est bien approvisionné en<br />
homards, langoustes et<br />
coquillages en tout genre.<br />
C’est là que des<br />
Allemands ont décidé<br />
d’ériger un complexe touristique<br />
d’envergure. La<br />
résidence village Cap<br />
Ghir est un village de 5<br />
étoiles construit en pierres<br />
naturelles. 96 appartements<br />
et 30 chambres<br />
avec une architecture en<br />
harmonie avec l’environnement<br />
montagneux. Des<br />
jardins tropicaux et des<br />
fontaines donnent à ce village<br />
l’aspect d’un riad traditionnel.<br />
Tous les loge-<br />
SENSIBILISATION<br />
ments ont une vue sur<br />
mer qui s’étend de<br />
l’océan atlantique aux<br />
montagnes de l’Anti<br />
Atlas. Chaque apparte-<br />
ment portera le nom d’un<br />
arbre, d’une ville ou<br />
d’une personnalité marocaine.<br />
Parmi les activités<br />
les plus prisées, le village<br />
proposera de la plongée<br />
sous-marine, de l’équitation,<br />
des promenades à<br />
dos de chameau ou de<br />
mulet pour découvrir les<br />
montagnes et les plages<br />
du cap Ghir.<br />
Particularités<br />
Le village proposera<br />
d’ailleurs l’unique thérapie<br />
à oxygène avec une<br />
station pressurisée. Les<br />
clients pourront profiter<br />
de la haute technologie<br />
pour une consultation médicale<br />
en suivant un traitement<br />
approprié ou tout<br />
simplement refaire un lifting.<br />
L’inauguration du<br />
village est prévue pour<br />
avril de l’an 2000. Les<br />
promoteurs comptent<br />
drainer un maximum de<br />
touristes étrangers, les<br />
Allemands prisant particulièrement<br />
la destination<br />
Agadir.❏<br />
A.E.A.<br />
AFAK section de Marrakech organise le forum de la citŽ et du citoyen<br />
IMPLIQUER LE CITOYEN<br />
DANS LA GESTION DE LA CITƒ<br />
LÕassociation AFAK, section de<br />
Marrakech fait dans la sensibilisation<br />
du citoyen, en mettant plus<br />
lÕaccent sur les enfants, pour une<br />
bonne gestion de la citŽ. Ë travers<br />
les th mes du Forum de la<br />
La section de<br />
Marrakech de l'association<br />
AFAK a organisé le<br />
forum de la cité et du citoyen<br />
à la Chambre de<br />
commerce et de l'industrie<br />
de Marrakech.<br />
Destinée en premier<br />
lieu aux enfants et d'une<br />
manière générale aux citoyens,<br />
la rencontre a<br />
pour objectif de faire découvrir<br />
aux visiteurs la<br />
complexité de la gestion<br />
d'une ville en leur don-<br />
• Le site où aura lieu le complexe.<br />
nant l'occasion de rencontrer<br />
des hommes de<br />
terrain qui répondent en<br />
direct à des questions<br />
aussi diverses que les<br />
lois, la gestion des déchets,<br />
le service public<br />
ou les impôts.<br />
Conscience<br />
Le but, on s'en doute<br />
bien, est d'amener le citoyen<br />
à s'impliquer davantage<br />
dans les affaires<br />
de la cité et surtout lui<br />
5 Žtoiles, de 96 appartements et de 30<br />
chambres dont lÕarchitecture est en<br />
parfaite harmonie avec lÕenvironnement<br />
montagneux de la rŽgion. Ce village<br />
accueillera ses premiers locataires<br />
ˆ partir dÕavril 2000.<br />
citŽ et du citoyen quÕelle a organisŽ<br />
ˆ la Chambre de commerce<br />
et dÕindustrie de Marrakech,<br />
AFAK a mis le doigt sur les prŽoccupations<br />
quotidiennes des<br />
citoyens.<br />
faire prendre conscience<br />
du rôle important qu'il a<br />
à jouer dans la société.<br />
Quel que soit son statut<br />
social, le citoyen est interpellé<br />
par les problèmes<br />
de la cité et le moindre<br />
de ses gestes a une conséquence<br />
plus ou moins<br />
grave sur le développement<br />
économique et social.<br />
C'est pour cela que les<br />
thèmes du forum ont été<br />
choisis parmi les préoc-<br />
©D.R<br />
cupations les plus directes<br />
des citoyens. Cela<br />
va de la distribution de<br />
l'eau et de l'électricité, à<br />
la poste ou la police en<br />
passant par des thèmes<br />
plus généraux tels que les<br />
droits, les élections ou la<br />
justice.<br />
Les stands dotés de<br />
matériel pédagogique ont<br />
été érigés de manière à<br />
faciliter la communication.❏<br />
A.E.A.<br />
35<br />
MAIS ENCORE<br />
VIVE LA GRéVE<br />
Par Abdellatif EL AZIZI<br />
Si on pense faire ainsi pression<br />
sur les gouvernements,<br />
cÕest ratŽ, les ministres ont<br />
leur GSM, ils ne prennent pas<br />
le train et envoient leur rejeton<br />
dans les Žcoles Žtrang res.<br />
e cachet de la poste faisant foi ". La<br />
"L formule est usée, elle continue à faire<br />
doute malgré internet et le GSM.<br />
Surtout quand on est étudiant, fauché et<br />
focalisé sur des prétendues études à l’étranger<br />
bien commodes.<br />
Manque de pot, quand le dernier délai<br />
d’envoi du dossier coïncide avec une grève<br />
des postiers, c’est le comble de la guigne.<br />
72 heures de grève, de quoi prendre la<br />
route, déposer le dossier et revenir. Si ce<br />
n’était le visa, l’entreprise serait parfaitement<br />
concevable.<br />
Le pauvre bougre s’en souviendra du<br />
service public. Heureusement pour lui, ses<br />
gosses en sont encore au stade virtuel sinon<br />
il les aurait eu sur le dos ce 13 avril parce<br />
qu’il y avait également les enseignants qui<br />
s’étaient mis en grève. Les postiers, les enseignants,<br />
les inspecteurs des finances, appuyés<br />
par de nombreux confrères dans la<br />
fonction publique atteints de contestation<br />
aiguë.<br />
Le secteur protégé, celui des activités<br />
subventionnées par l’État qui monte au front<br />
pour étaler au grand public sa grogne.<br />
Le prolo en sit-in devant son usine fait pâle<br />
figure.<br />
Le grand public, lui, est le véritable otage<br />
de cette cascade de grève. Une victime<br />
interposée. L’usager est pris en otage d’une<br />
logique qui veut que le service public se<br />
trouve régulièrement violé par ceux qui sont<br />
supposés le défendre.<br />
La pratique de la grève dans le secteur public,<br />
avec absence de risques garantie ne<br />
donne plus désormais bonne conscience<br />
qu’à ceux qui en profitent grassement, à savoir<br />
les syndicats.<br />
Les communiqués triomphants sur le<br />
"succès de la grève qui a démontré une fois<br />
encore le degré de conscience, la discipline<br />
et l’attachement à un cahier revendicatif<br />
juste et légitime " en disent long sur la capacité<br />
de manipulation des syndicats.<br />
Quant à la grève comme moyen de chantage<br />
pour obtenir le respect et autre chose<br />
avec, la méthode a fait son temps.<br />
Le dévoiement de la grève se fait désormais<br />
au détriment du citoyen, du petit peuple,<br />
celui qui utilise les services défaillants de la<br />
poste, celui qui se presse dans les couloirs<br />
obscurs des administrations ou encore celui<br />
qui envoie sa nombreuse progéniture préparer<br />
son certificat de chômage sur les bancs<br />
tristes de l’école publique.<br />
Si on pense faire ainsi pression sur les<br />
gouvernements, c’est raté, les ministres ont<br />
leur GSM, ils ne prennent pas le train et envoient<br />
leur rejeton dans les écoles étrangères.<br />
Si on ne peut rien alors que la majorité<br />
des fonctionnaires est mal payée, la grève<br />
dans le secteur public à la marocaine<br />
n’est qu’une facture de plus à régler pour<br />
l’usager. Les syndicats qui connaissent à<br />
merveille les vertus des nuisances publiques<br />
utilisent souvent la grève dans le secteur public<br />
pour des raisons qui n’ont rien à voir<br />
avec les intérêts des fonctionnaires. Et ce<br />
n’est pas Amaoui qui pourrait prétendre le<br />
contraire. En tout cas, vivement le 1er mai.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
DƒCOUVERTE<br />
Troisi me Ždition du Raid <strong>Maroc</strong> Entraide<br />
NE PAS ROULER IDIOT<br />
Le Raid <strong>Maroc</strong> Entraide en est ˆ sa troisi me<br />
Ždition. Encore un ! Serait-on tentŽ de dire.<br />
Mais, ce qui caractŽrise cette expŽdition, qui<br />
Et de trois pour le Raid<br />
<strong>Maroc</strong> Entraide qui fait<br />
peau neuve cette année. Ainsi<br />
les participants ne se contenteront<br />
pas de traverser à toute<br />
allure des localités qu'ils<br />
ne prendront même pas le<br />
temps d'admirer, ni d'en<br />
connaître les habitants. Créée<br />
en 1996, l'Association <strong>Maroc</strong><br />
Entraide (AME), et à sa tête<br />
Saïd Ouichou, un jeune médecin<br />
marocain établi en<br />
France, a pour objectif cette<br />
année de financer, à travers<br />
les cotisations des participants<br />
et les aides des sponsors, la<br />
construction d'un dispensaire<br />
à Tamaârouft, dans la province<br />
de Ouarzazate. La pose<br />
de la première pierre doit<br />
avoir lieu le 17 mai.<br />
Le Dr Ouichou, un passionné<br />
de 4X4, rappelle que<br />
déjà en 1997, ce raid avait<br />
permis de récolter des fonds<br />
au profit de l'Association marocaine<br />
de lutte contre le sida<br />
(AMLCS). Et à l'issue de<br />
l'édition 1998, deux projets<br />
ont été mis en place dont la<br />
réhabilitation d'écoles dans<br />
l'Atlas et la construction d'un<br />
dispensaire à Tamaârouft,<br />
dans la province de Ouarzazate.<br />
Les droits de participation<br />
s'élèvent à 2500 FF pour<br />
les adeptes venus d'outre-mer<br />
et à 3500 Dh pour les rési-<br />
JUBILƒ<br />
dents au <strong>Maroc</strong>. Ces droits<br />
couvrent à peine les frais<br />
d'hôtel ou de bivouac, d'assistance<br />
médicale ou de restauration.<br />
Ciblage<br />
Par ailleurs, les participants<br />
peuvent apporter des<br />
dons qu'ils remettront aux directeurs<br />
d'écoles, aux enseignants<br />
ou aux autorités locales<br />
qui se chargeront de les<br />
distribuer. Et ce, dans un sou-<br />
se dŽroulera cette annŽe du 10 au 20 mai,<br />
c'est que c'est une aventure qui a du cÏur et<br />
qui ne veut pas "rouler idiot".<br />
ci de ciblage plus efficient,<br />
d'équité, mais également de<br />
sécurité. Lors de la deuxième<br />
expédition, médicaments<br />
et fournitures scolaires<br />
avaient été acheminés directement<br />
aux directeurs d'écoles<br />
et aux centres de santé ruraux<br />
et ce, pour l'optimisation<br />
maximale de l'initiative.<br />
<strong>Il</strong> n'y aura pas plus de 25<br />
véhicules, c'est-à-dire 50 participants.<br />
L'Association, qui<br />
aurait pu inscrire un nombre<br />
LÕex-avant centre de la Mancha prend sa retraite<br />
L'AU-REVOIR Ë KLINSMANN<br />
Pour ses adieux au football,<br />
l'Allemand Juergen Klinsmann a voulu<br />
s'offrir une belle f te sous forme<br />
d'un match, qui rŽunira quelques uns<br />
Plusieurs champions du<br />
monde et des internationaux<br />
de 14 pays, encore en<br />
activité ou déjà retraités, ont<br />
répondu favorablement à l'invitation<br />
que leur a envoyée<br />
Juergen.<br />
Parmi les invités, les<br />
Français Youri Djorkaeff,<br />
Lilian Thuram, Emmanuel<br />
Petit, les Allemands Rudi<br />
Voeller, Thomas Haessler,<br />
Pierre Littbarski, qui avaient<br />
remporté avec lui la Coupe<br />
du monde en 1990, le<br />
Néerlandais Ruud Gullit ou<br />
encore l'Anglais Kevin<br />
• Un raid pour la découverte du <strong>Maroc</strong>.<br />
des plus grands noms du football.<br />
Retrouvailles, souvenirs et nostalgie<br />
seront au rendez-vous le 24 mai ˆ<br />
Stuttgart.<br />
Keegan et l'ancien "ballon<br />
d'or" Matthias Sammer. Le<br />
match de gala opposera un<br />
"VfB All Stars" composé<br />
d'anciens joueurs du VfB<br />
Stuttgart, le club avec lequel<br />
Klinsi a éclaté, et la "Dream<br />
Team de Juergen".<br />
Celle-ci repasse le film<br />
des 20 dernières années de<br />
football: Walter Zenga,<br />
Andreas Koepke, Juergen<br />
Kohler, Kevin Keegan,<br />
Thomas Haessler, Teddy<br />
Sheringham, Bernd Schuster,<br />
Rudi Voeller, Andreas<br />
Brehme, Nicola Berti, Patrick<br />
Blondeau, Emmanuel Petit,<br />
Rui Barros, Giuseppe<br />
Bergomi, Lilian Thuram,<br />
Youri Djorkaeff, Ruggiero<br />
Rizzitelli, Ruud Gullit, Pierre<br />
Littbarski. <strong>Il</strong>s seront entraînés<br />
par Berti Vogts et<br />
Osvaldo Ardiles.<br />
Palmarès<br />
Dans le "VfB All Stars" :<br />
Eike Immel, Thomas<br />
Berthold, Guido Buchwald,<br />
Karlheinz Forster, Bernd<br />
Forster, Fritz Walter,<br />
Krassimir Balakov, Carlos<br />
Dunga (encore incertain),<br />
©DR<br />
bien supérieur d'équipages, a<br />
voulu se limiter à ce chiffre,<br />
car elle n'a ni les moyens, ni<br />
la logistique nécessaires pour<br />
l'encadrement d'une entreprise<br />
de la taille des grands<br />
raids. <strong>Il</strong>s viennent de France<br />
et du <strong>Maroc</strong>, avec en commun<br />
le désir de vivre une belle<br />
aventure et de joindre l'utile<br />
à l'agréable.<br />
Optimisation<br />
Le Raid <strong>Maroc</strong> Entraide<br />
se veut une expédition tout<br />
terrain sur le <strong>Maroc</strong>, à travers<br />
sa mosaïque de paysages, de<br />
végétations et de populations.<br />
Le parcours de la troisième<br />
édition comprendra dix<br />
étapes alternant route, piste<br />
et parfois hors-piste. C'est à<br />
Fès que le Raid <strong>Maroc</strong><br />
Entraide prendra son départ,<br />
pour arriver à Marrakech.<br />
Dans sa première phase, le<br />
circuit empruntera le Moyen<br />
Atlas pour rejoindre Missour,<br />
puis traversera la région de<br />
Tafilalet pour aller jusqu'à<br />
Merzouga et finir dans les superbes<br />
dunes de l'Erg Chebbi.<br />
Les autres étapes, comprendront<br />
l'initiation au pilotage<br />
dans le sable, qui sera un<br />
avant-goût du désert, avant<br />
les traversées de dunes et de<br />
pistes caillouteuses. ❏<br />
K.B.<br />
Matthias Sammer, Andreas<br />
Muller, Frank Verlaat, pour<br />
ne citer qu'eux. <strong>Il</strong>s doivent<br />
être dirigés par Helmut<br />
Benthaus et Arie Haan.<br />
Klinsmann, qui a pris sa<br />
retraite sportive après l'élimination<br />
de l'Allemagne en<br />
quarts de finale du dernier<br />
Mondial par la Croatie, a pris<br />
soin de ne pas inviter d'actuels<br />
internationaux de son<br />
pays. Comme quoi toutes les<br />
occasions, et même les plus<br />
inattendues, sont bonnes pour<br />
régler ses comptes.❏ K.B.<br />
36<br />
ARAZI<br />
ET ALAMI OUT<br />
L es <strong>Maroc</strong>ain Hicham<br />
Arazi et Karim Alami ont<br />
été éliminés, jeudi 22 avril,<br />
au stade des quarts de finale<br />
du tournoi de tennis<br />
de Monte-Carlo, comptant<br />
pour le circuit ATP et doté<br />
de 2,45 millions de dollars.<br />
Arazi, 37-eme joueur à<br />
l'ATP, a été battu par le<br />
Chilien Marcelo Rios, 13e<br />
joueur mondial, en deux<br />
sets 6/3, 6/3. Pour sa part,<br />
Karim Alami, 46-eme au<br />
classement ATP, a été éliminé,<br />
après avoir été battu<br />
en deux sets 6-4, 6-1 par<br />
l'Espagnol Carlos Moya,<br />
tête de série n-1 et 8-eme<br />
joueur mondial.<br />
POSTURE<br />
DƒLICATE<br />
L'équipe nationale de rugby<br />
a été battue 18 à 3, par<br />
son homologue uruguayenne,<br />
dimanche 18<br />
avril à Montevideo, dans le<br />
cadre de la première<br />
manche du match barrage<br />
qualificatif pour la Coupe<br />
du monde, prévue du 1er<br />
octobre au 6 novembre<br />
1999 au Pays de Galles.<br />
La deuxième manche<br />
de cette confrontation aura<br />
lieu le 1er mai au <strong>Maroc</strong>.<br />
Le vainqueur est qualifié<br />
pour les phases finales où<br />
il fera partie du groupe A,<br />
en compagnie de l'Afrique<br />
du Sud, de l'Ecosse et de<br />
l'Espagne.<br />
LE GOLDEN<br />
GOAL DE BAHJA<br />
Ahmed Bahja a offert la<br />
Coupe des vainqueurs de<br />
coupe d'Asie à son club<br />
saoudien Al-Ittihad, vainqueur<br />
en finale de la formation<br />
sud-coréenne Ch<br />
unnam Dragons par 3-2<br />
grâce au but en or marqué<br />
par l'attaquant marocain à<br />
la 104ème minute de jeu,<br />
dimanche 18 avril à Tokyo.<br />
Après avoir ouvert le score<br />
sur penalty par Bahja dès<br />
la 9-eme minute, les Saoudiens<br />
ont été rejoints par<br />
les Coréens sur un but de<br />
Roh Sang-Rae, quatre minutes<br />
plus tard.<br />
Le même joueur va<br />
donner l'avantage aux dragons<br />
sur penalty (71e).<br />
Mais, Mohammed Al<br />
Hwsawi égalisera en faveur<br />
d'Al-Ittihad (83e) et enverra<br />
les deux équipes aux prolongations.<br />
À une minute de la fin<br />
de la première prolongation,<br />
Bahja met un terme à<br />
la rencontre, en marquant le<br />
"golden goal".<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
TENNIS<br />
Karim Alami retrouve ses sensations<br />
RETOUR EN FORCE<br />
ArrivŽ en finale du tournoi de Barcelone,<br />
Karim Alami affiche une belle forme. Ë la<br />
veille de Roland-Garros, il affiche des am-<br />
Karim Alami est le premier<br />
finaliste africain au<br />
tournoi de Barcelone. Et il a<br />
été l'un des rares non-<br />
Espagnols à s'illustrer sur la<br />
terre battue catalane malgré<br />
sa défaite en finale contre<br />
l'enfant du pays, Felix<br />
Mantilla.<br />
Alami, bientôt 26 ans et<br />
83e joueur mondial avant sa<br />
finale de Barcelone, après<br />
près de 10 ans chez les pros,<br />
a montré qu'il était au<br />
meilleur de sa forme avant<br />
de jouer en Coupe Davis<br />
contre la Yougoslavie et le<br />
rendez-vous de Roland<br />
Garros, où il arrivera fort d'un<br />
nouveau classement ATP auquel<br />
il pointe désormais à la<br />
46ème place.<br />
Une blessure au poignet<br />
l'avait tenu éloigné des courts<br />
pendant trois mois et il peut<br />
espérer revenir à son niveau<br />
de 1996, année de ses deux<br />
victoires sur le circuit, à<br />
Atlanta et Palerme. Karim<br />
Alami a également été finaliste<br />
à Casablanca en 1994 et<br />
Bologne en1998.<br />
Les spécialistes ne donnaient<br />
pourtant pas cher de<br />
MONDIAL 2006<br />
• Karim Alami<br />
ses chances au premier tour<br />
à Barcelone, contre le<br />
Suédois Magnus Gustafsson,<br />
qui l'avait sèchement battu<br />
l'année dernière sur le même<br />
court 6-0, 6-1.<br />
bitions qui laissent espŽrer revoir le joueur<br />
talentueux qui avait remportŽ en 1996 le<br />
tournoi dÕAtlanta et de Palerme.<br />
<strong>Il</strong> a pris cette année une<br />
belle revanche, qui a été selon<br />
lui "la clé " pour le reste<br />
de la compétition".<br />
Le <strong>Maroc</strong>ain a par la suite<br />
battu l'Australien Andrew<br />
LÕUnion Arabe de football pour une candidature arabe unique<br />
POUR UNE MEILLEURE<br />
EFFICIENCE<br />
L'Union arabe de football (UAF) semble<br />
vouloir mettre de l'ordre dans les rangs,<br />
et ce, pour plus de cohŽsion et d'harmonie<br />
en son sein en ce qui concerne la<br />
candidature arabe ˆ l'organisation de la<br />
Selon la revue saoudienne<br />
spécialisée Arriadia, les<br />
orientations de l'UAF visent<br />
à garantir la candidature d'un<br />
seul pays arabe pour l'organisation<br />
de la Coupe du monde<br />
2006, ainsi que le soutien<br />
de l'Union et de tous les pays<br />
arabes pour ce pays afin de<br />
renforcer sa position et ses<br />
chances auprès de la FIFA.<br />
La revue rapporte, par<br />
ailleurs, une déclaration du<br />
président de la Fédération<br />
égyptienne de football, Samir<br />
Zaher, dans laquelle il se dit<br />
"convaincu de la nécessité de<br />
la candidature d'un seul pays<br />
arabe pour l'organisation du<br />
Mondial 2006 et respecte<br />
dans ce sens les orientations<br />
du prince Fayçal Ben Fahd,<br />
président de l'UAF".<br />
Orientations<br />
<strong>Il</strong> a ajouté que la fédération<br />
égyptienne contacterait<br />
son homologue marocaine<br />
pour examiner cette question,<br />
précisant que si les respon-<br />
Coupe du monde de football 2006. Dans<br />
ce sens, l'UAF affiche une nette prŽfŽrence<br />
pour une candidature unique, le<br />
<strong>Maroc</strong> ou l'Egypte, ˆ l'organisation de la<br />
grand-messe footbalistique.<br />
sables marocains sollicitaient<br />
le retrait de l'Egypte, il ne verrait<br />
aucune objection à soutenir<br />
la candidature du <strong>Maroc</strong>,<br />
qui avait présenté à deux reprises<br />
sa candidature pour<br />
l'organisation de cette manifestation<br />
sportive planétaire<br />
en 1994 et 1998.<br />
Pour l'instant, la Fédération<br />
royale marocaine de football<br />
(FRMF) n'a pas encore<br />
réagi à la demande de l'UAF.<br />
Les enjeux et les retombées<br />
sont tellement énormes que<br />
© Ph. AFP<br />
<strong>Il</strong>ie (43e à l'ATP), l'Américain<br />
Vincent Spadea, qui s'était<br />
qualifié sur forfait de<br />
Sampras, l'Espagnol Albert<br />
Costa, récent vainqueur à<br />
Estoril, et le n°8 mondial,<br />
Todd Martin.<br />
Trois mousquetaires<br />
Karim Alami, qui a gagné<br />
37 places au classement ATP,<br />
n’est pas le seul <strong>Maroc</strong>ain à<br />
avoir progressé au classement<br />
ATP de cette semaine. En effet,<br />
Younès El Aynaoui, qui<br />
a atteint les quarts de finale,<br />
gagne cinq places pour se<br />
hisser au 36ème rang, reprenant<br />
ainsi sa place de n°1 marocain,<br />
juste devant Hicham<br />
Arazi, qui demeure au 37ème<br />
rang mondial. Bon présage,<br />
les "trois mousquetaires" du<br />
tennis marocain se retrouvent<br />
donc, à la veille du match de<br />
Coupe Davis contre la<br />
Yougoslavie, dans le club très<br />
fermé des cinquante<br />
meilleurs joueurs mondiaux.<br />
<strong>Il</strong>s figurent d'ores et déjà dans<br />
le tableau final de Roland<br />
Garros, qui aura lieu à Paris<br />
du 24 mai au 7 juin 1999. ❏<br />
K.B.<br />
chacun y regardera à deux<br />
fois avant de désister en faveur<br />
de l'autre.<br />
Et même si, d'aventure,<br />
les deux fédérations arrivaient<br />
à s'entendre sur ce point, les<br />
autres candidats sont d'un tout<br />
autre calibre.<br />
<strong>Il</strong> faudra se lever très tôt et<br />
soumettre un dossier des plus<br />
solide pour pouvoir prétendre<br />
battre des poids lourds comme<br />
l'Allemagne ou l'Angleterre.<br />
❏<br />
K.B.<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99<br />
37<br />
BOUCETTA AVEC<br />
LA HOLLANDE<br />
Le sélectionneur néerlandais,<br />
Frank Rijkaard, a communiqué,<br />
la liste de ses 18<br />
joueurs appelés à affronter le<br />
<strong>Maroc</strong>, en match amical, le<br />
28 avril courant, à Arnhem.<br />
Aucun joueur du club espagnol<br />
du FC Barcelone ne figure<br />
dans cette sélection.<br />
Le Barça a demandé au<br />
sélectionneur néerlandais de<br />
ne pas faire appel à ses internationaux<br />
(Cocu, Kluivert,<br />
Reiziger, Zenden et les<br />
frères De Boer) en raison<br />
des festivités organisées<br />
dans le cadre du centenaire<br />
du club catalan.<br />
Frank Rijkaard a répondu<br />
favorablement à cette requête.<br />
Le milieu de terrain<br />
d'origine marocaine, Driss<br />
Boucetta (AZ Alkmaar) fait<br />
également partie des appelés<br />
par Rijkaard. Quel gâchis<br />
…<br />
DEUX MAROCAINS<br />
Ë BIRMINGHAM<br />
L es <strong>Maroc</strong>ains Adil<br />
Belgaïd et Abdelouahed<br />
Chorfi El Idrissi participeront,<br />
les 24 et 25 avril, au<br />
tournoi international de judo<br />
de Birmingham, en<br />
Angleterre.<br />
Adil Belgaïd, quintuple<br />
champion d'Afrique des<br />
moins de 81 kg, a remporté<br />
récemment le tournoi Blanc-<br />
Mesnil Maeda en France,<br />
alors que Chorfi El Idrissi,<br />
vice champion d'Afrique,<br />
avait remporté l'US Open de<br />
New York.<br />
Les deux judokas devront<br />
également participer,<br />
en juin prochain, au tournoi<br />
de la ville italienne de Sasari,<br />
qui compte parmi les compétitions<br />
les plus relevées à<br />
l'échelle internationale, ainsi<br />
qu'aux phases finales du<br />
championnat du monde en<br />
octobre 1999 à Birmingham.<br />
ABDELKADER<br />
EL MOUAZIZ FæTƒ<br />
La presse britannique a salué<br />
la victoire du <strong>Maroc</strong>ain<br />
Abdelkader El Mouaziz au<br />
marathon de Londres, à 2<br />
secondes du record de la<br />
compétition établi en 1998.<br />
Le Daily Mail note que<br />
"la victoire de Abdelkader<br />
El Mouaziz lui a permis<br />
d'empocher 51.000 livres<br />
sterling et il aurait pu gagner<br />
16.000 livres supplémentaires<br />
s'il avait battu le record<br />
du marathon de<br />
Londres", estimant que "El<br />
Mouaziz n'aurait eu aucun<br />
mal à le faire s'il n'avait pas<br />
salué la foule avant de franchir<br />
la ligne d'arrivée".
POST-SCRIPTUM<br />
CYBERCONFRéRES<br />
CAPITALISME :<br />
LA COLLE DU PEUPLE<br />
Si le capitaliste classique est plutt heureux de<br />
son sort et qu'il porte sur la populace qui le nourrit<br />
un regard o le paternalisme le dispute ˆ la<br />
condescendance, il n'en va pas ainsi du fonctionnaire.<br />
N´hésitant jamais à<br />
sombrer dans la facilité,<br />
ce numéro de<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> s'attaque aux<br />
agents de la fonction publique.<br />
J'imagine déjà les plus<br />
gauchistes d'entre vous s'alarmer<br />
de cette dérive dans l'humour<br />
droitier; soyons clairs,<br />
si nous détestons tant les<br />
fonctionnaires c'est parce que<br />
nous avons échoué à intégrer<br />
leurs rangs et que désormais<br />
nous nous usons la santé dans<br />
le privé afin de participer à la<br />
constitution de leurs émoluments<br />
princiers... PROFI-<br />
TEURS !!!<br />
Disons-le tout net, si l'on<br />
considère qu'un suppôt du capital<br />
est un être suiffeux et oisif<br />
qui s'enrichit du travail des<br />
autres, tout en ne faisant rien<br />
ou presque de ses journées,<br />
on peut considérer que le<br />
fonctionnaire en est un !!! Je<br />
sais, la thèse est osée mais ai-<br />
sément démontrable, le fonctionnaire<br />
est un CAPITA-<br />
LISTE, d'un genre un peu<br />
particulier certes, mais c'en<br />
est un...<br />
Si le capitaliste classique<br />
est plutôt heureux de son sort<br />
et qu'il porte sur la populace<br />
qui le nourrit un regard où le<br />
paternalisme le dispute à la<br />
condescendance, il n'en va<br />
pas ainsi du fonctionnaire.<br />
Parasite aigri et fielleux, le<br />
fonctionnaire s'acharne à nous<br />
rendre la vie impossible, non<br />
seulement il s'engraisse à la<br />
sueur d'un front qui n'est pas<br />
le sien, mais en plus il s'ingénie<br />
à nous tourmenter de<br />
mille tracas (son ingéniosité<br />
s'arrêtant souvent là).<br />
Citons en vrac :<br />
- La 128ème grève RATC<br />
relative à la remise en cause<br />
de la 12ème semaine de<br />
congé payé ou du 15ème<br />
mois.<br />
- L'agent des forces de<br />
©DR<br />
Tête de cochon. Y<br />
en a qui ont des<br />
têtes à claques, des<br />
qui ont la tête à faire<br />
peur et des tas<br />
d’autres. Y a des<br />
têtes de bois, des<br />
têtes chercheuses,<br />
des têtes à faire<br />
peur, des têtes à faire<br />
avorter les parturientes<br />
sensibles.<br />
Des tas de têtes. Je<br />
vous en épargne<br />
certaines parce que<br />
je suis bien élevé.<br />
Mais enfin, cette<br />
dame très philippine<br />
en a fait, du chemin,<br />
depuis<br />
Manille, pour se<br />
payer une tête de<br />
porc. Nous, on n’a<br />
pas à aller si loin<br />
pour en trouver<br />
une. Des têtes de<br />
faux témoins, on a.<br />
Au moins une.<br />
Mais c’est pas sur<br />
Canal Horizons<br />
qu’on la voit. Ni<br />
sur 2M. Mais on la<br />
voit. Enfin quand<br />
on est maso.❏<br />
l'ordre remarquable d'inefficacité<br />
au milieu d'un carrefour<br />
où s'est agglutinée une<br />
horde motorisée et qui vous<br />
choisit vous, afin de vous aligner<br />
pour un phare fêlé.<br />
- Les éboueurs qui passent<br />
la nuit très tôt dans votre rue<br />
pour vous réveiller et qui passent<br />
tard dans les autres quand<br />
vous êtes en voiture, bloqué<br />
derrière.<br />
- Une infirmière antillaise<br />
et taciturne vous retourne brutalement<br />
le pied que vous<br />
vous êtes fait broyer par un<br />
camion et vous demande avec<br />
lassitude: "ça vous fait mal<br />
quand je fais ça? "<br />
Je préfère arrêter là cette<br />
énumération... je vais encore<br />
m'énerver et j'ai oublié mes<br />
gouttes... j'aimerais cependant<br />
conclure cette diatribe<br />
en disant ceci: Le fonctionnaire<br />
est à la société ce que la<br />
sonnette est au sourd.❏<br />
http: // www.francefun.com<br />
FAUT-IL VOUS LÕENVELOPPER ?<br />
0,70 = 0<br />
Par Amale SAMIE<br />
38<br />
Vous imaginez le planning familial et la<br />
dŽnatalitŽ si chaque jeune couple faisait<br />
0, 70 gosse par an? O serions-nous,<br />
mes amis?<br />
L ’impuissance est le mal du siècle. Elle transforme l’existence<br />
de ceux qui en souffrent en enfer. On les voit raser<br />
les murs, les yeux baissés, honteux, défaits, détruits. On<br />
a envie de les rassurer, de les cajoler, de leur remonter le moral,<br />
même les pierres se fendent devant le triste spectacle d’un<br />
impuissant en détresse. Partout dans le monde. C’est une<br />
plaie universellement ressentie comme une cruauté du sort.<br />
Partout.<br />
Quoi? Partout? Non. Pas partout. En tout cas pas chez<br />
nous. Le <strong>Maroc</strong> est bien au-dessus de tout ça. C’est des<br />
contingences à peine dignes d’être évoquées par des bavards<br />
en panne de sujet vraiment planant. On en parle comme<br />
d’un phénomène négligeable, et en passant très vite.<br />
Je ne parle jamais en l’air. Je ne dis pas n’importe quoi.<br />
Je ne donne pas d’opinion personnelle. Je donne des chiffres.<br />
Allemagne: 18, Turquie: 29, Belgique: 22, Portugal: 18,<br />
Espagne: 26, Russie: 18.<br />
C’est pas des chiffres, ça? C’est pas du 2+2 = 4? C’est<br />
pas de la science exacte, peut-être? C’est des opinions ou<br />
des idées, ça? NON. Mais, allez-vous me dire, en quoi ces<br />
chiffres concernent le <strong>Maroc</strong>?<br />
Je vais vous répondre. Que les cardiaques s’en aillent,<br />
évacuez le navire, les femmes et les enfants d’abord, tel le<br />
capitaine de la légende, je veux sombrer seul en remâchant<br />
cette pénible vérité. Ça y est? Vous avez rangé les hypertendus,<br />
les dépressifs, les vulnérables d’origine? Je vous le<br />
dis. <strong>Maroc</strong>:6.<br />
Toujours en queue de peloton, le <strong>Maroc</strong>, sauf pour la<br />
qualité des programmes télé de la RTM... <strong>Maroc</strong>: 6, je vous<br />
le répète, car au point où j’en suis, seule la délectation morose<br />
peut me soulager. Oui, en une journée de championnat,<br />
on a enregistré 6 buts seulement. En huit matches. Soit<br />
0, 70 but par match. Vous imaginez le planning familial et<br />
la dénatalité si chaque jeune couple faisait 0, 70 gosse par<br />
an? Où serions-nous, mes amis? Entre zéro virgule soixante-dix<br />
et zéro, je ne vois pas bien la différence. Peut-être que<br />
les règles du foot marocain ont été aménagées et qu’on<br />
compte les zéros après la virgule dans le classement? Vous<br />
imaginez ce résultat ailleurs que chez nous? Regardez par<br />
exemple: Brésil-Chine: 0, 57 à 0, 32? Et le but en or? C’est<br />
un bout de but? Une fraction de "Goal"? Et la mort subite?<br />
Ça devient une mort lente? Le championnat national est<br />
une mort lente, une atroce agonie, sinistre comme 36 dimanches.<br />
Je me souviens que dans ma jeunesse, quand un copain<br />
mordu, fanatique et gâteux de foot marocain écoutait les reportages<br />
sur les matches, je m’enfonçais encore plus profondément<br />
dans le désespoir. Je ne regarde jamais de match<br />
de championnat. Ni bas de tableau ni tête d’affiche. Notre<br />
championnat a une tête à claque et une gueule de bas du dos.<br />
Mortel ennui, mortel football. Si on enlève les deux gardiens<br />
de buts, il y a 20 tarés qui courent comme une horde<br />
de dératés derrière un ballon fou. Ailleurs, on maîtrise mieux<br />
même la balle ovale qui est pourtant destinée aux trajectoires<br />
farceuses. Donnez un ballon rond à un joueur marocain, il<br />
deviendra ovale. C’est qu’on aime l’imprévu, nous. Le jeu<br />
pour le jeu. On ne marque pas, nous, Monsieur, on ne<br />
marque pas: ON JOUE!!!<br />
Enfin, quoi, si vous cessiez de chipoter ? Un terrain de<br />
foot fait 90 m sur 45 m pourquoi voulez-vous que la balle<br />
se mette en tête d’aller trouver 7 m pour échouer là où dès<br />
qu’elle échouera le jeu s’arrêtera comme ça, juste pour qu’il<br />
y ait des temps morts?<br />
Bon, ben fini de rigoler. Les Lions de l’Atlas ont miraculeusement<br />
échappé à ce triste sort. <strong>Il</strong>s jouent bien, ils<br />
marquent, ils gagnent. Mais enfin, il faudrait leur interdire<br />
la vieillesse, les blessures, les indigestions et tous les empêchements<br />
pour qu’ils soient là, jusqu’à la fin des temps.<br />
<strong>Maroc</strong>: 6. C’était le total des buts de la trentième journée<br />
du championnat de foot. Mais comment la FRMF arrive-t-elle<br />
à un classement final après cette impuissance<br />
honteuse? Mystère. Je ne félicite personne.❏<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99
ƒQUIPEMENTS<br />
Nokia, le gŽant finlandais, entend faire grand<br />
DES ATOUTS ET DES AMBITIONS<br />
Le titre de champion du monde du GSM, sÕil en est,<br />
attribuŽ ˆ Nokia, nÕest pas usurpŽ. Le gŽant finlandais<br />
qui se dŽfinit, par ailleurs, comme " un partenaire<br />
technologique de choix pour le dŽploiement du GSM<br />
au <strong>Maroc</strong> ", a plus dÕune corde dans son arc. <strong>Il</strong> a dŽ-<br />
La Finlande, championne<br />
du monde du<br />
téléphone portable.<br />
Plus de 60% des Finlandais<br />
possèdent un portable, soit un<br />
nouveau record du monde en<br />
la matière. En terme comptable,<br />
ce sont plus de 3,1 millions<br />
de Finlandais des 5 que<br />
compte le pays qui ont ainsi<br />
un téléphone cellulaire, acquis<br />
au rythme de 60.000 par<br />
mois. En référence aux statistiques<br />
en la matière, arrêtées<br />
en 1998. Autant dire, s’il<br />
en est, un champion du monde<br />
peut en cacher un autre.<br />
Issue elle aussi des hautes<br />
terres finlandaises, la marque<br />
Nokia se proclame elle-même<br />
premier fabricant de téléphones<br />
portables au monde.<br />
Forte d’un contrat d'une<br />
valeur de plus de 100 millions<br />
d'euros pour l'extension, sur<br />
trois ans, d’un réseau mobile<br />
en Belgique, l’équipe de<br />
Nokia est venue prendre<br />
contact avec la presse marocaine,<br />
mercredi 21 avril à<br />
Casablanca. Une prise de<br />
contact, ça serait peu dire.<br />
Puisque le team du petit géant<br />
finlandais a dressé un topo<br />
succinct de tout le savoir-faire<br />
et l’expertise de Nokia dans<br />
les telecoms.<br />
Arguments béton<br />
Mais avant, une petite mise<br />
au point : " Nous sommes<br />
au <strong>Maroc</strong> depuis 4 ans et<br />
nous y resterons quelque soit<br />
l’issue de la deuxième licence<br />
GSM ", affirme Laurent<br />
Samama, le directeur général<br />
de France & Afrique du<br />
Nord-Ouest de Nokia.<br />
Normal, puisque Nokia, forte<br />
d’une notoriété et des<br />
veloppŽ la gamme de terminaux, en la mati re, la plus<br />
compl te du marchŽ et ŽquipŽ plus de 20 millions de<br />
personnes, pour la seule annŽe 1998É ƒquipera-t-elle<br />
le futur adjudicataire de la deuxi me licence GSM<br />
au <strong>Maroc</strong>?<br />
chiffres qui plaident en sa faveur,<br />
il ne parle pas au conditionnel<br />
de son avenir au<br />
<strong>Maroc</strong>. Faut-il rappeler que<br />
Nokia a fourni ses équipements<br />
GSM à 78 opérateurs<br />
dans 37 pays. Loin de là, le<br />
génie finlandais voit plus loin<br />
que la date butoir du fin juin<br />
ou juillet (l’octroi de la<br />
deuxième licence GSM au<br />
<strong>Maroc</strong>). Ce qui est loin de dire<br />
que Nokia n’est pas intéressée<br />
par le sort de la deuxième<br />
licence du GSM convoitée<br />
par des mastodontes de la<br />
télécommunication mondiale.<br />
"Nous sommes prêts à collaborer<br />
avec le deuxième opérateur<br />
quelque soit son identité.<br />
Nous n’avons de préférences<br />
pour aucun d’eux", aime<br />
à préciser, une fois pour<br />
toute, M. Samama qui paraissait<br />
plus porté à présen-<br />
ter et expliquer toute la vision<br />
et le savoir-faire de son<br />
entreprise que de s’attarder<br />
sur la préférence de son groupe<br />
quant à l’acquéreur de ladite<br />
licence.<br />
Savoir-faire<br />
Toutefois, il a tenu à préciser<br />
que "La meilleure façon<br />
d’être compétitif sur le marché<br />
international passe par<br />
les infrastructures des télécommunications.<br />
Et je pense<br />
que Nokia, avec son expertise<br />
et sa connaissance du marché<br />
peut beaucoup offrir au<br />
<strong>Maroc</strong>". Message reçu cinq<br />
sur cinq. Sans le moindre<br />
bruitage. En fait, il semble<br />
que Nokia a un dossier clef en<br />
main pour l’équipement du<br />
deuxième réseau GSM au<br />
<strong>Maroc</strong>. L’équipementier finlandais<br />
ne manque pas de fai-<br />
39<br />
re valoir les multiples atouts<br />
dont il pourrait faire bénéficier<br />
le futur adjudicataire de<br />
la licence. "Tout a été fait.<br />
Étude, repérage, simulation.<br />
Nous sommes prêts à passer<br />
à l’actions aussitôt sollicités",<br />
déclare Christian<br />
Gorecki, directeur des opérations<br />
et services France et<br />
Afrique du Nord-Ouest. Cette<br />
maîtrise qui pourra être mise<br />
à profit par le futur opérateur<br />
GSM, à travers l’analyse des<br />
besoins des futurs abonnés<br />
tant en termes de couverture<br />
du pays et de services innovants,<br />
comme les cartes prépayées,<br />
l’accès à l’Internet<br />
depuis le téléphone mobile.<br />
Connection. Et direction,<br />
sans fil, à la galaxie Nokia où<br />
les mots clefs sont mobilité<br />
et Internet.❏ Taïeb CHADI<br />
<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> n¡ 369 - Du 23 au 29 avril 99