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Édition 2002-03-01 (PDF document) - les nouvelles de roumanie

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SOMMAIRE<br />

Vie internationale<br />

Politique<br />

Economie<br />

Finances<br />

Social<br />

Actualité<br />

Société<br />

Vie quotidienne<br />

Evénements<br />

Enseignement, Santé,<br />

Religion<br />

Sports<br />

Insolite, Internet<br />

Connaissance<br />

et découverte<br />

Livres<br />

Littérature<br />

Sciences<br />

Mémoire<br />

Portrait<br />

Tourisme<br />

Echanges<br />

Traditions<br />

Humour<br />

Infos pratiques<br />

Coup <strong>de</strong> coeur<br />

2 à 5<br />

6 à 9<br />

10 à 12<br />

13<br />

14 et 15<br />

16 à 18<br />

19 et 20<br />

21<br />

22 et 23<br />

24<br />

25<br />

26 et 27<br />

28 et 29<br />

30 à 32<br />

33<br />

34 et 35<br />

36<br />

37<br />

38<br />

39<br />

40<br />

Numéro 10 - Mars - Avril <strong>2002</strong><br />

NOUVELLEs<br />

Lettre d’information bimestrielle<br />

Les<br />

<strong>de</strong><br />

ROUMANIE<br />

Corruption :<br />

passer <strong>de</strong>s mots aux actes<br />

La corruption est le phénomène qui menace le plus l'avenir <strong>de</strong> la Roumanie.<br />

Alors que la communauté internationale salue <strong>les</strong> efforts qu'elle fournit en<br />

vue <strong>de</strong> son redressement et leurs premiers résultats, tout semble pouvoir<br />

être remis en question par ce fléau qui ne finit pas <strong>de</strong> s'étendre et menace <strong>de</strong> ravaler le<br />

pays au rang <strong>de</strong> ses malheureux voisins orientaux, où la loi <strong>de</strong> la mafia tient lieu <strong>de</strong><br />

cadre démocratique. Le danger est si grand que l'ambassa<strong>de</strong>ur américain à Bucarest<br />

s'est permis d'intervenir publiquement pour rappeler l'enjeu <strong>de</strong>vant une assemblée <strong>de</strong><br />

juges… corps considéré comme le plus corrompu du pays. Sans crédibilité dans ce<br />

domaine, la Roumanie ne peut espérer rejoindre l'OTAN qui entend ne pas se laisser<br />

gangrener par ce genre <strong>de</strong> pratique. Il en va <strong>de</strong> même pour l'adhésion à l'UE.<br />

Or l'admission dans le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal constitue non seulement le credo <strong>de</strong> la<br />

politique étrangère roumaine, elle conditionne la réforme même <strong>de</strong> sa société, laquelle<br />

nécessitera beaucoup <strong>de</strong> sacrifices et donc leur juste répartition, pour parvenir un<br />

jour à un niveau équivalent à celui du reste du continent.<br />

Chaque jour apporte son lot <strong>de</strong> nouveaux scanda<strong>les</strong> où sont compromis <strong>de</strong>s personnalités<br />

<strong>de</strong> premier plan, mais aussi <strong>de</strong>s administrations et institutions entières, laissant<br />

à penser à la population que tout l'édifice est vermoulu. Le discrédit <strong>de</strong> l'Etat est<br />

grand, le citoyen n'a plus confiance en ses dirigeants, sa police, son système <strong>de</strong> santé,<br />

d'éducation… Si on n'était pas en Roumanie, où le fatalisme constitue souvent une<br />

forme <strong>de</strong> réponse politique, la porte serait ouverte à toute forme d'aventure ou <strong>de</strong> dérive,<br />

tant l'écœurement est général.<br />

Mais la corruption atteint aussi le pays dans son niveau <strong>de</strong> vie. On estime que <strong>les</strong><br />

pots <strong>de</strong> vin grèvent <strong>de</strong> 10 % <strong>les</strong> prix <strong>de</strong>s produits fabriqués, le rendant moins compétitif<br />

et décourageant certains investisseurs étrangers alors que le marché est prometteur.Il<br />

est donc apparu urgent au gouvernement <strong>de</strong> réagir et <strong>2002</strong> a été décrété "année<br />

<strong>de</strong> lutte contre la corruption". Mais quel peut-être le crédit d'une telle campagne<br />

quand ceux qui la lancent sont eux-mêmes englués dans <strong>de</strong>s "affaires" ?<br />

L'ambassa<strong>de</strong>ur américain n'a pas caché son scepticisme, rejoint dans son sentiment<br />

par la population qui, à 85 %, confie n'espérer aucune amélioration dans ce<br />

domaine… Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s Roumains interrogés pensent même que la situation<br />

sera pire après ! Autant dire que le pouvoir est au pied du mur. Ce ne sont plus <strong>de</strong>s<br />

paro<strong>les</strong> qui sont attendues… mais <strong>de</strong>s actes.<br />

Henri Gillet


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

2<br />

SUCEAVA<br />

BAIA<br />

<br />

MARE<br />

PIATRA IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

NAEAMT <br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

<br />

ARAD<br />

BACAU VASLUI<br />

CLUJ<br />

<br />

DEVA<br />

FOCSANI<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV GALATI <br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Pas <strong>de</strong> rush vers<br />

<strong>les</strong> frontières… mais<br />

sur <strong>les</strong> passeports<br />

Les autorités roumaines s'attendaient<br />

à un flot <strong>de</strong> départs avec la<br />

levée <strong>de</strong> l'obligation <strong>de</strong> visas<br />

Schengen. Leur décision d'instaurer<br />

un minimum <strong>de</strong> 100 (650 F) p ar<br />

jour et par personne pour pouvoir quitter<br />

le pays visait même à décourager<br />

un mouvement d' immigration massive.<br />

Mais <strong>les</strong> Roumains n'ont pas été<br />

plus nombreux à quitter le pays que<br />

l'année précé<strong>de</strong>nte, le flux <strong>de</strong> sorties<br />

étant même inférieur <strong>de</strong> 10 % à la<br />

normale <strong>les</strong> premiers jours <strong>de</strong> janvier.<br />

Il faudra attendre 90 jours - la<br />

durée légale d'autorisation <strong>de</strong> séjour à<br />

l'étranger - pour connaître le nombre<br />

<strong>de</strong> personnes qui ont profité <strong>de</strong> cette<br />

facilité pour émigrer. Les autorités ont<br />

prévenu qu'el<strong>les</strong> encourraient <strong>de</strong>s<br />

sanctions sévères, allant jusqu'à l'annulation<br />

<strong>de</strong> leurs passeports.<br />

En fait, le rush s'est produit là où<br />

on ne l'attendait pas. Les Roumains<br />

se sont précipités pour obtenir <strong>les</strong><br />

nouveaux passeports, établis aux<br />

normes <strong>de</strong> l'UE, bien que l'ancien soit<br />

toujours valable. Des queues <strong>de</strong> 200<br />

personnes se sont formées dans <strong>les</strong><br />

services concernés. Ces <strong>document</strong>s,<br />

d'un coût <strong>de</strong> 30 (200 F), valab<strong>les</strong><br />

cinq ans et renouvelab<strong>les</strong>, n'ayant pas<br />

été fabriqués à temps, plusieurs<br />

ju<strong>de</strong>ts (départements) s'en sont vite<br />

trouvés démunis. Ce fût notamment le<br />

cas à Cluj, Focsani, Piatra Neamt,<br />

Vaslui, <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts éclatant. Les<br />

autorités ont assuré que la situation<br />

<strong>de</strong>vrait revenir à la normale dans <strong>les</strong><br />

trois mois et ont réservé la priorité aux<br />

cas d'urgence : camionneurs, personnes<br />

travaillant à l'étranger, où dont<br />

un proche y est décédé.<br />

<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Les Roumains ont fêté<br />

leur droit à circuler librement<br />

dans l'Espace Schengen<br />

Alors qu'au soir du 31 décembre, <strong>les</strong> Européens fêtaient l'entrée dans l'euro,<br />

<strong>les</strong> Roumains, eux, célébraient une date tout autant symbolique : la<br />

suppression <strong>de</strong>s visas leur permettant <strong>de</strong> circuler désormais librement<br />

dans l'Espace Schengen. Un immense feu d'artifice a marqué l'événement dans la capitale,<br />

alors que <strong>les</strong> chaînes <strong>de</strong> télévision privées PRO TV et PRIMA TV rivalisaient<br />

d'initiatives, conviant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> Bucarestois à se rendre Piatia<br />

Revolutiei et dans le parc Izvor pour assister à <strong>de</strong>s concerts publics en plein air, baptisés<br />

"Vive la Libération", avec la participation <strong>de</strong>s meilleurs groupes du pays,<br />

"Holograph", "Asia", "Iris", "Voltaj", "Fan Factory"… et, c'était <strong>de</strong> circonstance,<br />

"Vama Veche" ("Vieille Douane").<br />

Une trentaine <strong>de</strong> consuls mobilisés dans <strong>les</strong> aéroports <strong>de</strong> l'UE<br />

Les politiciens n'étaient pas en reste. Bête noire du gouvernement, le maire <strong>de</strong><br />

Bucarest et prési<strong>de</strong>nt du Parti Démocrate, Traïan Basescu, avait organisé un immense<br />

réveillon, au cours duquel, après avoir démoli un mur symbolique séparant la<br />

Roumanie du reste du continent <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> cinquante ans, il faisait tirer au sort<br />

trois coup<strong>les</strong> <strong>de</strong> danseurs pour qu'ils s'envolent immédiatement vers Vienne et soient<br />

<strong>les</strong> premiers Roumains à pénétrer librement dans l'UE.<br />

Manque <strong>de</strong> chance… celui que le pouvoir considère comme son rival le plus dangereux<br />

pour <strong>les</strong> prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 2004, se faisait doubler sur le fil par le Ministre du<br />

tourisme. A minuit tapante, Dan Mateï Agathon débarquait à l'aéroport <strong>de</strong> Berlin à la<br />

tête d'une délégation d'une vingtaine <strong>de</strong> jeunes lauréats <strong>de</strong>s Olympia<strong>de</strong>s (équivalent du<br />

concours général), pour un périple d'une semaine dans <strong>les</strong> pays Schengen.<br />

Encore plus pressée, une jeune Roumaine n'avait pas voulu attendre le 1er janvier<br />

pour sortir du pays et avait tenté <strong>de</strong> traverser la frontière la veille, cachée dans le coffre<br />

<strong>de</strong> la voiture <strong>de</strong> son fiancé italien. Découverte, elle a été refoulée par <strong>les</strong> douaniers.<br />

Les autorités roumaines avaient pris leurs précautions pour que leurs ressortissants<br />

ne se heurtent pas à l'ignorance <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> dispositions par <strong>les</strong> polices <strong>de</strong>s<br />

frontières <strong>de</strong>s pays Schengen. Une trentaine <strong>de</strong> consuls avaient été mobilisés pour leur<br />

apporter assistance et étaient présents dans <strong>les</strong> grands aéroports internationaux ou aux<br />

points d'entrée dans l'UE <strong>les</strong> plus importants.<br />

Par ailleurs, ne voulant pas prêter le flanc à la critique, <strong>les</strong> autorités frontalières se<br />

sont montrées intraitab<strong>les</strong> vis à vis <strong>de</strong>s voyageurs n'étant pas en règle, <strong>les</strong> refoulant,<br />

comme cela a été le cas d'un autocar avec 43 personnes à bord, dont 9 enfants, la licence<br />

du transporteur n'étant pas vali<strong>de</strong>. Soupçonnés <strong>de</strong> vouloir passer à l'Ouest, <strong>de</strong>s<br />

Ukrainiens, Moldaves, etc.., au total près <strong>de</strong> 500 personnes, se sont vus refuser l'entrée<br />

en Roumanie ou notifier l'interdiction <strong>de</strong> quitter le territoire roumain.<br />

"N'oubliez pas <strong>de</strong> dire s'il vous plait"<br />

"Vive la Libération"<br />

Dans <strong>les</strong> jours précé<strong>de</strong>nts le 1er janvier, le gouvernement avait multiplié <strong>les</strong> mises<br />

en gar<strong>de</strong> afin que "<strong>les</strong> Roumains donnent une bonne image <strong>de</strong> leur pays". Un <strong>document</strong>,<br />

édité par le ministère <strong>de</strong> l'intérieur, intitulé "Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> voyage dans l'Espace<br />

Schengen", donnait <strong>les</strong> conseils <strong>les</strong> plus divers - estimés déplacés par ceux qui le<br />

recevaient - du genre : "N'oubliez pas <strong>de</strong> dire s'il vous plait", "Ne jetez pas <strong>de</strong> mégots<br />

dans <strong>les</strong> endroit publics" ou "Ne consommez pas <strong>de</strong> drogue".<br />

Par ailleurs, le ministre rappelait que " tout Roumain se rendant à l'étranger <strong>de</strong>vait<br />

connaître l'adresse et le téléphone <strong>de</strong> son ambassa<strong>de</strong>, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> aéroportuaires et douanières,<br />

<strong>les</strong> horaires <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> transport, <strong>les</strong> signes <strong>de</strong> l'autorité, la façon d'utiliser<br />

<strong>les</strong> services publics, <strong>les</strong> coutumes, le modèle culturel, <strong>les</strong> expressions usuel<strong>les</strong> et le<br />

langage <strong>de</strong>s gestes <strong>de</strong>s pays qu'ils visitaient.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie internationale<br />

L'entrée en vigueur du dispositif Schengen s'est traduit<br />

par quelques ratés, principalement en Italie et<br />

en Autriche où <strong>de</strong>s Roumains n'ont pas été admis à<br />

pénétrer bien qu'ils aient été en règle, notamment <strong>de</strong>s camionneurs,<br />

<strong>les</strong>quels n'ont pas été exemptés <strong>de</strong> l'obligation <strong>de</strong> visas<br />

<strong>les</strong> premiers jours, en violation <strong>de</strong>s accords passés, <strong>les</strong> choses<br />

rentrant cependant dans l'ordre rapi<strong>de</strong>ment. La situation a été<br />

plus difficile à l'entrée <strong>de</strong> la Grèce, près <strong>de</strong> 500 Roumains étant<br />

refoulés, ce qui <strong>les</strong> a amenés à manifester <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> agences<br />

<strong>de</strong> voyage à leur retour à Bucarest et à bloquer la circulation<br />

dans une rue <strong>de</strong> la capitale, en signe <strong>de</strong> protestation.<br />

Policiers déguisés en touristes<br />

Les autorités avaient été rendues suspicieuses en découvrant<br />

un trafic d'entrées illéga<strong>les</strong> dans ce pays pour y travailler<br />

au noir, prenant le relais <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s visas. Un Grec fournissait<br />

tous <strong>les</strong> <strong>document</strong>s nécessaires aux voyageurs, au moment<br />

<strong>de</strong> leur montée dans l'autocar à Bucarest, à savoir un billet<br />

aller-retour, <strong>les</strong> assurances maladies, une somme <strong>de</strong> 500 dollars<br />

qui lui était restituée ensuite, et la photocopie d'une attestation<br />

montrant qu'ils avaient bien retenu un hôtel à Athènes.<br />

Un principe un peu semblable est actuellement utilisé par<br />

<strong>les</strong> chauffeurs <strong>de</strong> bus assurant le passage <strong>de</strong> la frontière entre<br />

La situation économique s'étant<br />

dégradée, à la suite <strong>de</strong> l'aggravation<br />

<strong>de</strong> la situation au<br />

Moyen-Orient, le gouvernement israélien<br />

a décidé <strong>de</strong> renvoyer chez eux <strong>les</strong> 250<br />

000 ouvriers étrangers que compte le<br />

pays, dont 150 000 travailleurs au noir.<br />

Parmi eux 60 000 Roumains, dont 20 000<br />

sont clan<strong>de</strong>stins et sont en cours d'expulsion.<br />

Les 40 000 autres, qui ont un contrat<br />

d'une durée maximale <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, seront<br />

Environ 160 millions <strong>de</strong> dollars ont été transférés <strong>de</strong><br />

Roumanie au bénéfice d'organisations terroristes…<br />

Telle est la conclusion d'un rapport adressé au<br />

Premier ministre, Adrian Nastase, par une commission d'enquête<br />

mise en place après <strong>les</strong> attentats du 11 septembre aux<br />

Etats Unis.<br />

Le rapport conclut qu'il n'y a pas <strong>de</strong> réseau terroriste en<br />

Roumanie, mais met en gar<strong>de</strong> contre plusieurs hommes d'affaires<br />

d'origines arabes qui ont alimenté <strong>de</strong>s terroristes. Le<br />

principal suspect est l'Egyptien Rachid Osman, qui a transféré<br />

<strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> 1999 à 20<strong>01</strong>, via la MISR Roumanian Bank.<br />

Actualité<br />

Le trafic <strong>de</strong> visas s'est déjà reconverti en celui <strong>de</strong> <strong>document</strong>s<br />

Chauffeurs <strong>de</strong> bus transformés<br />

en banquiers pour passer <strong>les</strong> frontières<br />

la Roumanie et la Hongrie. Ceux-ci se transforment en minibanques<br />

populaires pour leurs passagers, leur prêtant <strong>les</strong> 250<br />

(1640 F) exigés pour rentrer en Hongrie ou 500 (3280 )<br />

pour un pays <strong>de</strong> l'UE, somme qui leur est restituée après le<br />

contrôle frontalier, moyennant une commission allant <strong>de</strong> 4<br />

(26 F) pour la Hongrie à 50 (330 F) pour l'UE. L'infraction<br />

<strong>de</strong> prêt usurier étant difficile à prouver, la police a décidé d'infiltrer<br />

quelques uns <strong>de</strong> ses agents parmi ces "touristes", ce qui<br />

lui a permis <strong>de</strong> déjouer plusieurs tentatives.<br />

250 candidats au départ escroqués<br />

Au poste frontalier <strong>de</strong> Valea lui Mihaï, au nord d'Ora<strong>de</strong>a,<br />

un passager s'est vendu lui-même, en déclarant que, comme<br />

tous <strong>les</strong> autres passagers du bus, il avait remis ses 250 au<br />

chauffeur… lequel n'a pu présenter que <strong>de</strong>s lei ou <strong>de</strong>s forints<br />

hongrois. Tout le mon<strong>de</strong> a été invité à retourner chez soi.<br />

A Timisoara, la colère grondait parmi <strong>les</strong> 250 personnes<br />

venues <strong>de</strong> toute la Roumanie et remplies d'espoir qui attendaient<br />

leur départ pour Milan après avoir signé un contrat <strong>de</strong><br />

travail <strong>de</strong> trois ans en bonne et due forme, approuvé par le gouvernement<br />

dans le cadre d'un projet aidé par l'UE. Malgré <strong>les</strong><br />

325 (2100 F) qu'el<strong>les</strong> avaient versés, aucun bus n'est venu <strong>les</strong><br />

chercher.<br />

Soixante mille Roumains obligés <strong>de</strong> quitter Israël<br />

obligés <strong>de</strong> quitter Israël à son terme. Dix<br />

mille départs par mois sont prévus. Outre<br />

<strong>les</strong> Roumains, la plupart <strong>de</strong>s ouvriers sont<br />

<strong>de</strong>s Thaïlandais ou <strong>de</strong>s Chinois qui travaillent<br />

essentiellement dans le bâtiment.<br />

Leurs patrons redoutent une crise <strong>de</strong> la<br />

main d'œuvre dans le secteur.<br />

C'est le gouvernement <strong>de</strong> Yitzhak<br />

Rabin et Shimon Pérès qui avait fait venir<br />

ces travailleurs à partir <strong>de</strong> 1996 pour remplacer<br />

<strong>les</strong> Pa<strong>les</strong>tiniens, bloqués dans la<br />

ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaza ou dans <strong>les</strong> territoires<br />

occupés.<br />

Contrairement aux promesses qui<br />

leur avaient été faites, ces ouvriers étaient<br />

moins bien payés que leurs prédécesseurs<br />

et travaillaient dans <strong>de</strong>s conditions plus<br />

diffici<strong>les</strong>, notamment sur le plan <strong>de</strong> la<br />

sécurité dans <strong>les</strong> chantiers, ne pouvant se<br />

plaindre s'ils étaient en situation illégale,<br />

risquant l'expulsion et la perte <strong>de</strong>s<br />

salaires dus.<br />

Transfert <strong>de</strong> dollars au bénéfice d'organisations terroristes<br />

Les enquêteurs ont découvert que <strong>les</strong> fonds sont arrivés en<br />

Egypte, à Alexandrie, sur <strong>les</strong> comptes <strong>de</strong> certains hommes<br />

d'affaires proches <strong>de</strong> groupes islamistes extrémistes ou suspectés<br />

<strong>de</strong> trafic <strong>de</strong> drogue. Selon le quotidien "A<strong>de</strong>varul",<br />

Rachid Osman avait même réussi l'exploit <strong>de</strong> créer en<br />

Roumanie une société paravent en onze jours, <strong>de</strong> transférer <strong>de</strong>s<br />

sommes importantes, et <strong>de</strong> quitter le pays aussitôt. Sont également<br />

cités un Irakien et un Libanais, qui ont disparu <strong>de</strong> la circulation.<br />

La Roumanie qui s'est engagée dans la coalition antiterroriste<br />

a promis <strong>de</strong> combattre toutes <strong>les</strong> actions liées au terrorisme<br />

sur son territoire.<br />

223


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

224<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

CHISINAU<br />

CLUJ<br />

DEVA<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

FETESTI<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

<br />

Afghanistan :<br />

un contingent<br />

roumain sur place<br />

Fin janvier-début février, trois vols<br />

d'un avion Hercu<strong>les</strong> ont acheminé le<br />

contingent <strong>de</strong> 50 soldats roumains et<br />

leur matériel, qui sont intégrés à la<br />

Force Internationale d'Assistance et<br />

<strong>de</strong> Sécurité (ISAF) en Afghanistan,<br />

dirigée par la Gran<strong>de</strong> Bretagne.<br />

Tony Blair en cause<br />

Le Premier ministre britannique<br />

Tony Blair est suspecté d'être intervenu<br />

auprès <strong>de</strong> son homologue roumain<br />

Adrian Nastase, en juillet <strong>de</strong>rnier,<br />

en faveur du numéro <strong>de</strong>ux <strong>de</strong><br />

l'acier, LNM-Ispat, pour que celui-ci<br />

reprenne le combinat sidérurgique<br />

SIDEX <strong>de</strong> Galati, en cours <strong>de</strong> privatisation,<br />

rendant ainsi la politesse au<br />

groupe anglo-indien qui avait financé<br />

la campagne du Parti Travailliste aux<br />

<strong>de</strong>rnières élections. LNM avait soufflé<br />

le contrat au français Usinor qui<br />

comptait l'emporter, alors que Lionel<br />

Jospin se trouvait à Bucarest.<br />

Visas britanniques<br />

La Gran<strong>de</strong>-Bretagne, qui impose<br />

<strong>de</strong>s visas aux Roumains pour pénétrer<br />

sur son territoire, pourrait réviser<br />

sa position après l'analyse <strong>de</strong>s<br />

conséquences <strong>de</strong> l'accès <strong>de</strong> la<br />

Roumanie à l'Espace Schengen.<br />

Vie internationale<br />

Actualité<br />

Alors que la Roumanie commençait tout juste l'année qui <strong>de</strong>vrait lui ouvrir<br />

<strong>les</strong> portes <strong>de</strong> l'OTAN, lors du sommet <strong>de</strong> Prague, à l'automne prochain, un<br />

rapport mystérieux sur son armée, paru sur Internet, met en doute sa capacité<br />

opérationnelle. Baptisé "Armagedon", le <strong>document</strong>, dont l'origine n'a pu être<br />

encore percée par <strong>les</strong> services secrets du pays, affirme que "l'Armée roumaine est<br />

incapable <strong>de</strong> riposter en cas d'attaque". Il met en cause la vétusté <strong>de</strong> l'armement, la<br />

mauvaise qualité <strong>de</strong>s équipements, la médiocrité <strong>de</strong>s cadres. Aux yeux <strong>de</strong>s autorités<br />

militaires, gouvernementa<strong>les</strong> et politiques, il s'agit là d'une manipulation pour torpiller<br />

la candidature du pays, en déconsidérant son armée. Toutefois, cel<strong>les</strong>-ci ont reconnu<br />

que certains éléments étaient véridiques, sans entrer plus dans le détail, attribuant leur<br />

responsabilité à la faible dotation budgétaire <strong>de</strong> l'Armée.<br />

En écho aux dysfonctionnements cités, le chef <strong>de</strong> l'Etat-major général, le général<br />

Mihaï Popescu, a indiqué "qu'il s'agissait <strong>de</strong> cas isolés, <strong>de</strong>s mesures ayant été prises<br />

pour y mettre bon ordre, et qu'en aucune façon ils ne pouvaient caractériser l'ensemble<br />

<strong>de</strong> l'Armée".<br />

"Une partie <strong>de</strong> la nourriture disparaît<br />

avant d'arriver dans <strong>les</strong> assiettes"<br />

Le rapport décrit avec détails l'univers quotidien dans lequel se retrouvent <strong>les</strong><br />

simp<strong>les</strong> soldats et appelés qui auraient reçu, en 20<strong>01</strong>, <strong>de</strong>s bro<strong>de</strong>quins fabriqués en<br />

1985, <strong>de</strong>s uniformes datant <strong>de</strong> 1992 et <strong>de</strong>s masques à gaz <strong>de</strong> 1975. L'hygiène et <strong>les</strong><br />

conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la troupe sont mises en cause. "Mousse à raser, savon, <strong>de</strong>ntifrice,<br />

cirage, font parfois défaut pendant <strong>de</strong>s mois, faute <strong>de</strong> fonds suffisants. Les soldats sont<br />

obligés <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s sous-vêtements fournis par l'Armée, qui ne permettent pas la respiration<br />

du corps. Il n'est pas rare <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s dortoirs <strong>de</strong> cent lits dans <strong>les</strong> centres<br />

d'instruction. Les réfectoires sont souvent insalubres. Si <strong>les</strong> cuisines sont ravitaillées<br />

normalement, <strong>les</strong> soldats doivent se contenter fréquemment <strong>de</strong> haricots blancs et <strong>de</strong><br />

pommes <strong>de</strong> terre, une partie <strong>de</strong> la nourriture ayant disparu avant d'arriver dans <strong>les</strong><br />

assiettes".<br />

"Armagedon" poursuit son réquisitoire : "Les infirmeries n'ont pas assez <strong>de</strong> personnel.<br />

Les problèmes <strong>de</strong> santé sont traités superficiellement. Le comman<strong>de</strong>ment tient<br />

rarement compte <strong>de</strong>s contre-indications médica<strong>les</strong> à certains exercices". Les gradés,<br />

souvent formés avant 1989, le renouvellement étant faible, sont jugés comme "ayant<br />

l'esprit borné, ne dépassant pas <strong>les</strong> limites <strong>de</strong> la caserne, avec un manque <strong>de</strong> culture<br />

consternant, leur horizon étant l'alcool qu'ils consomment en gran<strong>de</strong> quantité, même<br />

pendant le service".<br />

"Des appelés considérés comme <strong>de</strong>s esclaves"<br />

Un mystérieux rapport<br />

accable l'Armée roumaine<br />

Le rapport indique que "Les jeunes appelés sont considérés comme <strong>de</strong>s esclaves,<br />

obligés <strong>de</strong> nettoyer la voiture <strong>de</strong>s officiers et sous-officiers ou <strong>de</strong> réparer leurs télévisions.<br />

L'obtention <strong>de</strong>s permissions est conditionnée par <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux faits au retour,<br />

colis <strong>de</strong> nourriture, boissons, voire <strong>de</strong>s prêts d'argent".<br />

Les vexations <strong>les</strong> plus courantes s'adresseraient aux Magyars ou Tsiganes, "obligés<br />

<strong>de</strong> se partager <strong>les</strong> corvées <strong>les</strong> plus rebutantes. Il arrive que <strong>de</strong>s gradés hilares<br />

contraignent <strong>les</strong> premiers à défiler en chantant <strong>de</strong>s airs patriotiques hosti<strong>les</strong> à la<br />

Hongrie et <strong>les</strong> seconds à danser en mimant l'ours ou à entonner <strong>de</strong>s chansons à<br />

boire". Dubitative sur l'objectif du rapport, la presse roumaine, notant que <strong>les</strong> auteurs<br />

d'"Armagedon" semblent bien renseignés, estime qu'il s'agit <strong>de</strong> proches <strong>de</strong> l'Armée ou<br />

plus simplement d'appelés, révoltés par <strong>les</strong> humiliations qu'ils subissent. Un précé<strong>de</strong>nt<br />

du même genre avait concerné la Police, l'an passé. Ecoeurés par le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> corruption<br />

<strong>de</strong> leurs supérieurs, <strong>de</strong>s policiers <strong>de</strong> Constantsa avaient dénoncé leurs agissements<br />

et leur enrichissement, sur un site Internet.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie internationale<br />

“Ne nous enfoncez pas la langue russe dans la<br />

gorge !” ... Depuis début janvier, <strong>de</strong>s dizaines<br />

<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> manifestants protestent contre la<br />

russification <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Moldavie.<br />

Trente<br />

cinq<br />

mille<br />

Moldaves dans<br />

<strong>les</strong> rues <strong>de</strong><br />

Chisinau, à la<br />

mi-février, la<br />

troupe prenant<br />

position, flanquée<br />

d'un char<br />

d'assaut… du jamais vu, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> manifestations pour l'indépendance<br />

<strong>de</strong> la Moldavie, ancienne république <strong>de</strong> l'URSS, en<br />

1989 et 1991. Le pays s'enflamme <strong>de</strong>puis que le pouvoir communiste,<br />

issu <strong>de</strong>s élections <strong>de</strong> l'an passé, multiplie <strong>les</strong> provocations<br />

à l'égard <strong>de</strong>s Roumains, qui représentent plus <strong>de</strong> 60 %<br />

<strong>de</strong> la population.<br />

Début janvier, le prési<strong>de</strong>nt-général Vladimir Voronine,<br />

apparatchik <strong>de</strong> 60 ans, secrétaire général du Parti communiste<br />

<strong>de</strong>puis 1993, décrétait l'enseignement obligatoire du russe,<br />

déclenchant <strong>les</strong> premières manifestations dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> la<br />

capitale, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> se succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis tous <strong>les</strong> jours, regroupant<br />

<strong>de</strong>s milliers d'étudiants et enseignants vêtus aux couleurs<br />

nationa<strong>les</strong> et arborant <strong>de</strong>s drapeaux <strong>de</strong> l'Union Européenne,<br />

scandant "Plutôt mort que communiste", "Nous voulons être<br />

dans l'Espace Schengen" et repoussant la russification en<br />

cours. Ce mouvement a été appuyé par le principal parti d'opposition,<br />

le Parti populaire chrétien démocrate, ce qui lui a<br />

valu d'être interdit pendant un mois et menacé <strong>de</strong> sanctions<br />

plus graves.<br />

Loin <strong>de</strong> reculer, le pouvoir en place a décidé d'interdire<br />

l'emploi <strong>de</strong>s termes "langue et littérature roumaine" pour<br />

désigner certaines disciplines, se préparant à éliminer <strong>de</strong>s pro-<br />

Le Premier ministre, Adrian<br />

Nastase, et son homologue<br />

hongrois, Viktor Orban, sont<br />

parvenus à un accord sur le problème du<br />

statut <strong>de</strong>s Magyars, voté l'année <strong>de</strong>rnière<br />

par le parlement <strong>de</strong> Budapest. Cette affaire<br />

empoisonnait l'atmosphère entre <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux capita<strong>les</strong> en introduisant une discrimination<br />

entre citoyens roumains et en<br />

empiétant sur <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong> la<br />

Roumanie. La Hongrie avait reçu un discret<br />

rappel à l'ordre <strong>de</strong>s institutions européennes<br />

qui redoutaient <strong>de</strong> voir encouragées<br />

<strong>de</strong>s aspirations nationalistes.<br />

Au terme du mémorandum signé par<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux chefs <strong>de</strong> gouvernement, <strong>les</strong><br />

Actualité<br />

L'enseignement du russe décrété obligatoire, le roumain mis à l'écart<br />

Moldavie : <strong>les</strong> autorités communistes<br />

mettent le feu aux poudres<br />

citoyens roumains bénéficieront du<br />

même traitement en Hongrie, qu'ils soient<br />

Magyars ou non. Ils pourront ainsi travailler<br />

temporairement dans ce pays, se<br />

faire rembourser leurs dépenses <strong>de</strong> santé<br />

s'ils y tombent mala<strong>de</strong>s.<br />

Magyars <strong>de</strong> Roumanie et Roumains<br />

<strong>de</strong> Hongrie pourront également recevoir<br />

une assistance <strong>de</strong> leur pays d'origine dans<br />

le domaine <strong>de</strong> la culture et <strong>de</strong> l'enseignement.<br />

Enfin, la carte attestant <strong>de</strong> l'origine<br />

Magyare <strong>de</strong> son titulaire ne sera délivrée<br />

que sur le territoire <strong>de</strong> la Hongrie, et elle<br />

n'aura aucune valeur en Roumanie. Le<br />

conjoint roumain d'un couple mixte ne<br />

pourra pas en bénéficier.<br />

grammes scolaires <strong>les</strong> bases <strong>de</strong> l'enseignement du roumain.<br />

Quelques jours plus tard, il achevait <strong>de</strong> mettre le feu aux<br />

poudres, faisant sortir un nombre toujours plus important <strong>de</strong><br />

manifestants sur la place <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Union Nationale, en<br />

décidant que le manuel "L'histoire <strong>de</strong>s Roumains" serait remplacé<br />

par "L'histoire <strong>de</strong> la Moldavie".<br />

Cet ouvrage a été élaboré par Vladimir Taranov, l'un <strong>de</strong>s<br />

promoteurs <strong>de</strong> la "théorie moldave", largement vulgarisée pendant<br />

la pério<strong>de</strong> soviétique, laquelle professe que peup<strong>les</strong> et<br />

langues roumains et moldaves sont différents, ces <strong>de</strong>rniers<br />

"étant slaves", présentant au passage <strong>les</strong> Russes comme <strong>de</strong>s<br />

libérateurs et protecteurs naturels… et <strong>les</strong> Roumains comme<br />

<strong>de</strong>s occupants.<br />

Immédiatement, <strong>les</strong> élèves roumains, majoritaires, annonçaient<br />

qu'ils n'utiliseraient pas ces livres, quatorze imprimeurs<br />

ou éditeurs refusant <strong>de</strong> <strong>les</strong> imprimer, dénonçant <strong>de</strong>s mesures<br />

affectant <strong>les</strong> relations interethniques norma<strong>les</strong>. En réaction, <strong>les</strong><br />

élèves russes, très minoritaires, déclaraient ne plus vouloir <strong>de</strong>s<br />

manuels roumains.<br />

Retour à l'administration <strong>de</strong> type soviétique<br />

Pour corser le tout, le prési<strong>de</strong>nt Voronine envisageait,<br />

avant d’être contraint d’y renoncer, <strong>de</strong> convoquer <strong>de</strong>s élections<br />

municipa<strong>les</strong> anticipées, début avril, après l'entrée en vigueur<br />

<strong>de</strong> la loi marquant le retour à une administration locale <strong>de</strong> type<br />

soviétique, <strong>les</strong> citoyens n'élisant plus leurs maires mais <strong>de</strong>s<br />

conseils <strong>de</strong> villages et <strong>de</strong> vil<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> désigneront. Le Conseil<br />

<strong>de</strong> l'Europe, qui avait dépensé 800 000 (5,2 MF), voici trois<br />

ans, pour ai<strong>de</strong>r la Moldavie à se débarrasser <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />

structures staliniennes et passer à la départementalisation, a<br />

menacé la Moldavie <strong>de</strong> sanctions pouvant aller à l'exclusion.<br />

Statut <strong>de</strong>s Magyars <strong>de</strong> Roumanie :<br />

Budapest met <strong>de</strong> l'eau dans son vin<br />

A la suite <strong>de</strong> cet accord, plusieurs<br />

partis politiques <strong>de</strong> Hongrie ont protesté,<br />

notamment <strong>les</strong> ex communistes qui<br />

déclarent redouter voir leur pays "envahis<br />

par <strong>les</strong> travailleurs roumains".<br />

Le marché hongrois du travail peut<br />

accueillir 50000 étrangers, la plupart roumains.<br />

Selon <strong>les</strong> autorités, la nouvelle<br />

réglementation, en légalisant le séjour<br />

<strong>de</strong>s Roumains en Hongrie, <strong>de</strong>vrait mettre<br />

un frein au travail au noir.<br />

L'Ukraine et la Slovaquie, qui comptent<br />

d'importantes minorités hongroises,<br />

ont <strong>de</strong>mandé à Budapest que le mémorandum<br />

signé avec la Roumanie soit également<br />

appliqué chez el<strong>les</strong>.<br />

225


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

226<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

CLUJ<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

BRASOV<br />

SUCEAVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

IASI <br />

BACAU<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Fortune<br />

et mégalomanie<br />

Quarante sept ans, portant beau,<br />

un physique à la Marcello Mastroïani,<br />

mais complexé par une forte claudication<br />

due à une poliomyélite<br />

contractée pendant son enfance,<br />

Sorin Ovidiu Vântu a été marié <strong>de</strong>ux<br />

fois et a <strong>de</strong>ux enfants. Il a fait parler<br />

<strong>de</strong> lui pour la première fois en 1980,<br />

lorsque il fut condamné à 5 ans <strong>de</strong><br />

prison pour faux et détournements<br />

dans l'entreprise d'Etat où il travaillait<br />

comme comptable.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la "Révolution",<br />

SOV a ouvert la première "consignatie",<br />

boutique d'objets et vêtements<br />

d'occasion. Quatre ans plus tard, il<br />

était à la tête <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> magasins.Aujourd'hui,<br />

sa fortune lui permet<br />

<strong>de</strong> laisser libre cours à sa mégalomanie.<br />

Possédant un hôtel dans le <strong>de</strong>lta<br />

du Danube, il se déplace sur le fleuve<br />

à bord <strong>de</strong> sa flotte <strong>de</strong> bateaux,<br />

surveillé par <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s armés, dont<br />

une péniche somptueusement aménagée<br />

en piscine flottante, avec<br />

appartement et cabines <strong>de</strong> luxe, où<br />

l'on voit fréquemment <strong>de</strong>s danseuses<br />

et ve<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> la télévision.<br />

S'affirmant <strong>de</strong> droite, SOV n'en<br />

ouvre pas moins largement son portefeuille<br />

à l'actuelle majorité et rêve<br />

d'un <strong>de</strong>stin prési<strong>de</strong>ntiel, envisageant<br />

<strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r son propre parti et promettant<br />

<strong>de</strong> créer 800 000 emplois.<br />

<br />

Politique<br />

Actualité<br />

Sorin Ovidiu Vântu était un homme discret voici encore un an. La presse ne<br />

disposait que d'une seule photo <strong>de</strong> cet homme d'affaires multimillionnaire<br />

en dollars, symbole <strong>de</strong> la réussite du passage du communisme au capitalisme,<br />

que l'on ne désigne plus maintenant que sous ses initia<strong>les</strong>, SOV. Brusquement, à<br />

la suite d'une campagne <strong>de</strong> presse déclenchée par le journal "Romania Libera", proche<br />

<strong>de</strong> l'opposition, <strong>les</strong> projecteurs <strong>de</strong> l'actualité se sont focalisés sur celui qui est <strong>de</strong>venu<br />

le Roumain le plus riche, à la tête d'un empire financier comprenant <strong>de</strong>ux banques, <strong>de</strong>s<br />

dizaines d'entreprises, un groupe <strong>de</strong> presse, <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> valeurs mobilières.<br />

Chacune <strong>de</strong>s révélations du journal, égrenées au jour le jour, a mis en lumière un<br />

peu plus la turpitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s milieux politiques, la corruption généralisée <strong>de</strong> l'appareil<br />

d'état. Au fil <strong>de</strong>s ans, SOV, ancien repris <strong>de</strong> justice, condamné sous Ceausescu pour<br />

détournement <strong>de</strong> fonds alors qu'il n'était qu'un obscur comptable, a tissé autour <strong>de</strong> lui<br />

une immense toile d'araignée où se trouvent liés par <strong>de</strong>s intérêts communs, gouvernants,<br />

parlementaires, banquiers, hauts fonctionnaires, services secrets, administrations,<br />

institutions, entreprises d’état… Pots <strong>de</strong> vin, prében<strong>de</strong>s, complicités, renvois<br />

d'ascenseurs, secrets, chantages, menaces et plus si besoin, font tourner le système.<br />

La confiance <strong>de</strong>s citoyens ruinée<br />

Le plus grand scandale<br />

<strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la Roumanie<br />

SOV : trois initia<strong>les</strong> ébranlent<br />

tout l'appareil d'Etat<br />

A la manière <strong>de</strong>s poupées russes, dévoilant toujours une autre affaire, cet immense<br />

scandale ruine ce qui restait <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s citoyens vis à vis <strong>de</strong> l'Etat, et n'est pas<br />

sans rappeler la célèbre affaire Stavisky qui, en France, a failli mettre à bas le régime<br />

parlementaire en 1934. Tout cela alors que le gouvernement, sur <strong>les</strong> instances européennes<br />

et internationa<strong>les</strong> vient d'engager une campagne nationale contre la corruption.<br />

Personne n'est épargné. Tout le mon<strong>de</strong> est suspecté. Du Prési<strong>de</strong>nt qui aurait touché<br />

<strong>de</strong>s sommes importantes <strong>de</strong> SOV pour financer sa <strong>de</strong>rnière campagne électorale,<br />

au Premier ministre, suspecté d'avoir été appointé <strong>de</strong> 4 à 6000 (25 à 40 000 F) par<br />

mois pendant <strong>de</strong>s années, et dont un rapport anonyme a révélé la fortune.<br />

L'actuel prési<strong>de</strong>nt du Sénat, Nicolae Vacaroiu, ancien Premier ministre <strong>de</strong> Ion<br />

Iliescu, est son obligé. Propulsé directeur <strong>de</strong> la Banque d'Investissement et <strong>de</strong><br />

Développement, dont SOV est l'actionnaire majoritaire, il aurait reçu 800 000 (5,3<br />

MF) pour occuper ses fonctions et émargerait à plus <strong>de</strong> 11 000 (70 000 F) par mois.<br />

Trois cents officiers <strong>de</strong>s Services secrets embauchés<br />

Ce brassage d'affaires et d'argent heurte au plus haut point <strong>les</strong> Roumains, réduits<br />

à leur triste sort quotidien. Surtout par ce qu'il s'opère sur leur dos. SOV se trouve au<br />

centre <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> escroquerie que la Roumanie ait connue : la faillite, voici <strong>de</strong>ux<br />

ans, du Fonds national d'Investissement (FNI), dont il a retiré <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> millions<br />

d'euro. Ce système <strong>de</strong> financement pyramidal, promettant <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments exceptionnels,<br />

a berné 300 000 petits épargnants, <strong>les</strong> laissant sans un sou. Les analystes politiques<br />

estiment que le scandale du FNI a contribué à la chute du pouvoir précé<strong>de</strong>nt.<br />

Un grain <strong>de</strong> sable vient cependant <strong>de</strong> contrarier l'itinéraire <strong>de</strong> Sorin Ovidiu Vântu.<br />

Fin 20<strong>01</strong>, la Banque Roumaine d'Escompte qu'il avait cédée à son complice <strong>de</strong> toujours,<br />

Mihaï Iacob, ami d'enfance <strong>de</strong> sa femme, a été mise sous contrôle <strong>de</strong> la Banque<br />

Nationale <strong>de</strong> Roumanie, à la suite <strong>de</strong> détournements. SOV aurait perdu 10 M (65<br />

MF) dans cette affaire, et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes, désormais à couteaux tirés, règlent leurs<br />

comptes par <strong>de</strong>s révélations qui ont entraîné leurs mises en examen.<br />

Mais SOV a <strong>de</strong> la ressource. Proche <strong>de</strong> longue date, du chef <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> renseignements<br />

roumains qui ont succédé à la Securitate, Radu Timofte, il a embauché<br />

plus <strong>de</strong> 300 officiers <strong>de</strong>s services secrets ou <strong>de</strong> sécurité dans ses différentes sociétés.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Politique<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt Ion Iliescu sous le<br />

regard <strong>de</strong> son Premier ministre.<br />

Ce n'est plus le<br />

grand amour entre<br />

le Palais Cotroceni,<br />

où rési<strong>de</strong> le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

République, et le Palais<br />

Victoria, siège du gouvernement<br />

et du Premier ministre.<br />

Irrité par le comportement<br />

ostentatoire <strong>de</strong> son poulain qui occupe le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène et<br />

donne le sentiment <strong>de</strong> diriger le pays, Ion Iliescu s'est laissé<br />

aller à distiller quelques petites phrases sur la tentation <strong>de</strong>s<br />

hommes aux comman<strong>de</strong>s "à être trop sûrs ou trop contents<br />

d'eux-mêmes, le pouvoir changeant <strong>les</strong> caractères".<br />

Puis le Prési<strong>de</strong>nt s'est fait plus précis à la suite <strong>de</strong>s réactions<br />

jugées disproportionnées <strong>de</strong> son Premier ministre à<br />

l'égard <strong>de</strong> la presse et <strong>de</strong> l'opposition, lorsque le nom <strong>de</strong> celuici<br />

a été cité dans un rapport anonyme concernant le scandale<br />

SOV (Sorin Ovidiu Vântu), aux dimensions nationa<strong>les</strong>. "La<br />

démocratie et la liberté d'expression sont <strong>de</strong>s valeurs que l'on<br />

ne peut pas mettre en cause" s'est exclamé Ion Iliescu qui,<br />

après avoir rendu hommage au travail d'Adrian Nastase, lui a<br />

reproché "une certaine arrogance dans son comportement",<br />

rajoutant que "la vie apprenait à s'en défaire".<br />

Le Premier ministre n'a pas apprécié. Lors d'une réunion<br />

du PSD (Parti Social Démocrate) qu'il prési<strong>de</strong> et qui forme<br />

l'actuelle majorité, il a fait adopter une proposition visant à<br />

modifier la constitution et à transformer la Roumanie en république<br />

parlementaire, dans l'année à venir pour que cette réfor-<br />

Les Bucarestois vont être appelés<br />

à élire un nouveau conseil<br />

municipal, sans-doute au mois<br />

<strong>de</strong> mai. Début janvier, le Premier ministre<br />

a décidé <strong>de</strong> sa dissolution à la suite d'une<br />

enquête menée par un organisme <strong>de</strong><br />

contrôle <strong>de</strong> l'administration publique.<br />

Celle-ci a révélé que, sur <strong>les</strong> 55<br />

conseillers <strong>de</strong> la capitale, 38, soit près <strong>de</strong><br />

70 % d'entre eux, disposaient d'intérêts<br />

dans <strong>de</strong>s sociétés ayant passé <strong>de</strong>s contrats<br />

avec <strong>les</strong> mairies d'arrondissement, portant<br />

sur l'asphaltage <strong>de</strong>s rues, l'approvisionnement<br />

en fuel, gaz-oil, matériaux <strong>de</strong><br />

construction, etc… et émargeaient d'une<br />

façon importante au budget <strong>de</strong> quelques<br />

400 M (2,5 milliards <strong>de</strong> F) <strong>de</strong> la capitale.<br />

Cette décision a été prise alors<br />

qu'Adrian Nastase venait <strong>de</strong> lancer une<br />

campagne nationale contre la corruption,<br />

Actualité<br />

Jugé arrogant par son Prési<strong>de</strong>nt,<br />

le Premier ministre propose <strong>de</strong> modifier la constitution<br />

Adrian Nastase veut confiner Ion Iliescu<br />

à "inaugurer <strong>les</strong> chrysantèmes"<br />

bien qu'aucune loi sur <strong>les</strong> conflits d'intérêt<br />

n'existe en Roumanie.<br />

Pour se justifier, le Premier ministre<br />

s'est également appuyé sur <strong>les</strong> dysfonctionnements<br />

<strong>de</strong> la municipalité. Toutes<br />

<strong>les</strong> mairies d'arrondissement sont dirigées<br />

par <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong> la majorité, laquelle<br />

compte 30 conseillers, alors que le maire<br />

général, Traïan Basescu, appartient à l'opposition.<br />

Ainsi, en 18 mois, 12 décisions<br />

du conseil ont été annulées par la Justice<br />

et 12 autres suspendues, à la suite <strong>de</strong><br />

recours. Une quarantaine d'arrêtés du<br />

maire ont été attaqués en contentieux<br />

administratifs, vingt étant annulés.<br />

Par ailleurs, Octav Cozmânca,<br />

Ministre <strong>de</strong> la Fonction publique, a adressé<br />

un <strong>de</strong>rnier avertissement au préfet<br />

chargé <strong>de</strong> la capitale, pour sa mauvaise<br />

administration, et a démis <strong>de</strong>ux sous pré-<br />

me soit applicable dès après <strong>les</strong> élections <strong>de</strong> 2004.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt élu par le Parlement, et non plus au suffrage<br />

universel, n'aurait alors qu'un rôle décoratif - "Inaugurer <strong>les</strong><br />

chrysanthèmes" selon l'expression du général De Gaulle - le<br />

pouvoir revenant au Premier ministre. Même si cette réforme<br />

ne concerne pas directement le mandat actuel <strong>de</strong> Ion Iliescu,<br />

qui n'a plus le droit <strong>de</strong> se représenter, elle n'en affaiblirait pas<br />

moins son rôle si elle venait à être adoptée.<br />

L'énorme majorité <strong>de</strong>s Roumains entend<br />

continuer à élire directement son prési<strong>de</strong>nt<br />

Adrian Nastase a justifié sa proposition en invoquant<br />

l'exemple <strong>de</strong> la France où prési<strong>de</strong>nt et gouvernement peuvent<br />

être opposés, indiquant également que la perspective d'adhésion<br />

à l'UE nécessitait un toilettage <strong>de</strong> la constitution.<br />

Proche d'Ion Iliescu, son ancien Premier ministre, Nicolae<br />

Vacaroïu, Prési<strong>de</strong>nt du Sénat, a contre-attaqué en <strong>de</strong>mandant<br />

aux parlementaires <strong>de</strong> "mieux assurer la surveillance et le<br />

contrôle du gouvernement qui abuse <strong>de</strong> l'urgence <strong>de</strong>s ordonnances<br />

d'urgence", ce qui laisse à penser que l'actuel pouvoir<br />

est en train <strong>de</strong> se scin<strong>de</strong>r en <strong>de</strong>ux camps.<br />

Ion Iliescu, lui, n'a pas bronché face à la manœuvre <strong>de</strong> son<br />

Premier ministre et ancien protégé, indiquant toutefois qu'il<br />

aurait son mot à dire si on voulait changer la constitution… Il<br />

s'en est remis à l'avis <strong>de</strong> ses compatriotes, <strong>les</strong>quels, à plus <strong>de</strong><br />

80 % ne veulent pas entendre parler d'un projet qui leur retirerait<br />

le droit d'élire eux-mêmes leur prési<strong>de</strong>nt.<br />

Près <strong>de</strong> 70 % <strong>de</strong>s élus municipaux confondaient leurs affaires et cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la mairie<br />

Les Bucarestois appelés à nouveau aux urnes<br />

fets pour incompétence.<br />

La dissolution du conseil municipal<br />

ne concerne pas le maire, qui est élu indépendamment.<br />

Toutefois, le pouvoir politique<br />

tente par diverses métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> le<br />

discréditer, laissant entendre que <strong>de</strong>s irrégularités<br />

ont été constatées dans sa gestion,<br />

évoquant <strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> vin, espérant<br />

ainsi le décrédibiliser et aboutir à sa <strong>de</strong>stitution.<br />

Sans succès pour l'instant.<br />

Populaire dans sa capitale et dans<br />

tout le pays, ayant bâti sa réputation sur<br />

son franc-parler et son action énergique,<br />

qualités qui font défaut à la classe politique<br />

en général, Traïan Basescu, par<br />

ailleurs prési<strong>de</strong>nt du Parti Démocrate<br />

après avoir évincé Petra Roman, apparaît<br />

comme l'adversaire le plus dangereux<br />

d'Adrian Nastase dans la perspective <strong>de</strong>s<br />

élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>2002</strong>.<br />

227


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

228<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TIAGU MURES IASI<br />

<br />

BACAU <br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI BUZAU<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Impôts locaux :<br />

addition salée pour<br />

<strong>les</strong> Bucarestois<br />

Les impôts locaux <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong><br />

la capitale ont presque doublé en ce<br />

début d'année et <strong>les</strong> Bucarestois ne<br />

se précipitent pas pour <strong>les</strong> payer,<br />

contrairement à 20<strong>01</strong> où ils avaient<br />

bénéficié d'une réduction <strong>de</strong> 50 %<br />

s'ils <strong>les</strong> acquittaient avant le 15 mars.<br />

Cette mesure n'a pas été reconduite,<br />

si bien qu’avec l’inflation (+ 30 %),<br />

l'augmentation est <strong>de</strong> + 80 %.<br />

L 'imposition pour un appartement <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux pièces se monte environ à un<br />

million <strong>de</strong> lei soit 38 (250 F) et à 19<br />

(125 F), p ar pièce supplémentaire.<br />

Les contribuab<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus vernis<br />

sont ceux <strong>de</strong> Cluj, la municipalité<br />

majorant la taxe d'habitation <strong>de</strong> seulement<br />

4 %, celle-ci se situant entre 8<br />

et 33 (50 à 220 F), suivant le<br />

nombre <strong>de</strong> pièces. A Timisoara, où<br />

l'augmentation se borne à répercuter<br />

le niveau <strong>de</strong> l'inflation, une réduction<br />

<strong>de</strong> 25 % a été accordée aux logements<br />

<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 50 m2, censés<br />

être habités par <strong>les</strong> habitants <strong>les</strong> plus<br />

démunis. A Piatra Neamt, <strong>les</strong> personnes<br />

ayant un revenu mensuel<br />

inférieur à 1,5 millions <strong>de</strong> lei, soit 57<br />

(375 F) sont exonérées à 50 %.<br />

Impôts sur le revenu : <strong>les</strong> taux<br />

La nouvelle grille d'imposition sur<br />

<strong>les</strong> revenus est entrée en application<br />

en janvier, la déduction <strong>de</strong> base étant<br />

portée à 60 (400 F). Pour <strong>les</strong> reve -<br />

nus mensuels jusqu'à 75 (500 F), le<br />

taux d'imposition est <strong>de</strong> 18 %.<br />

- <strong>de</strong> 75 à 175 (1 100 F) : 23 %<br />

- <strong>de</strong> 175 à 275 (1800 F) : 28 %<br />

- <strong>de</strong> 275 à 380 (2500 F) : 34 %<br />

- au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 380 : 40 %.<br />

<br />

Politique<br />

Actualité<br />

Entre 15 et 28 ans pour rattraper<br />

le niveau d'équipement<br />

<strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> l'UE<br />

L'eau dans tous <strong>les</strong> foyers en 2<strong>03</strong>0<br />

Selon une étu<strong>de</strong> diligentée par le gouvernement, la Roumanie atteindra en<br />

2<strong>03</strong>0 le niveau d'équipement actuel <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong>s différents pays <strong>de</strong><br />

l'UE, pour <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> commodités offertes aux populations. Le rapport<br />

estime par ailleurs qu'à l'époque la Roumanie ne comptera plus que 20,3 millions d'habitants,<br />

ayant perdu une population <strong>de</strong> 2,2 millions <strong>de</strong> personnes, soit l'équivalent <strong>de</strong><br />

Bucarest.<br />

Suivant <strong>les</strong> types d'équipements et <strong>les</strong> secteurs, urbains ou ruraux, où ils seront<br />

installés ou rénovés, il faudra entre 15 et 28 ans pour se mettre aux normes européennes.<br />

Cet objectif ne sera atteint que si l'Etat lui consacre 1,4 milliards d' (9 milliards<br />

<strong>de</strong> F) par an, soit au total 25 milliards d' (165 milliards <strong>de</strong> F) et 1230 (8000<br />

F) par habitant, ce qui représente près <strong>de</strong> six fois <strong>les</strong> réserves actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Banque<br />

Nationale <strong>de</strong> Roumanie. Pour y parvenir, le gouvernement table sur <strong>les</strong> investisseurs<br />

privés et l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s organismes financiers internationaux.<br />

Dans cette projection, la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s transports publics compte pour 2,5<br />

milliards d' (16 milliards <strong>de</strong> F), la réfection <strong>de</strong>s routes et rues pour 2 milliards d' (13<br />

milliards <strong>de</strong> F), et l'éclairage public pour 250 M (1,6 milliards <strong>de</strong> F).<br />

Concernant l'adduction d'eau, la facture se montera à 10,6 milliards d' (70 milliards<br />

<strong>de</strong> F). En milieu urbain, <strong>les</strong> pouvoirs publics prévoient qu'il faudra 20 ans, entre<br />

la réhabilitation du réseau, <strong>de</strong> la distribution, la création <strong>de</strong> stations d'épuration, avant<br />

que <strong>les</strong> quelques 12,3 millions <strong>de</strong> consommateurs <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'époque ne bénéficient<br />

d'une qualité et d'un service équivalents à ceux rencontrés dans l'UE. Il en coûtera 4,6<br />

milliards d' (30 milliards <strong>de</strong> F), soit 375 (2460 F) par habitant.<br />

Le délai passe à 28 ans en milieu rural. L'opération y sera beaucoup plus coûteuse<br />

pour ses 8 millions d'habitants estimés, atteignant 6 milliards d' (40 milliards <strong>de</strong><br />

F), soit 670 (4400 F) par habitant. Dans une première phase, <strong>de</strong>vant se terminer en<br />

2<strong>01</strong>7, l'eau sera amenée jusque dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong>s villages, <strong>les</strong> habitants se servant avec<br />

<strong>de</strong>s pompes. Les branchements individuels seront effectués par la suite et s'achèveront<br />

en 2<strong>03</strong>0, assurant un débit <strong>de</strong> 170 litres par habitant et par jour.<br />

Quinze ans pour mo<strong>de</strong>rniser le réseau <strong>de</strong> chauffage<br />

L'autre grand chantier concerne la mo<strong>de</strong>rnisation du réseau <strong>de</strong> chauffage, 6,5 millions<br />

d'habitants et 2,3 millions d'appartements. Il <strong>de</strong>vrait être finalisé dans 15 ans,<br />

<strong>de</strong>mandant un investissement <strong>de</strong> 7,5 milliards d' ( 50 milliards <strong>de</strong> F), portant sur <strong>les</strong><br />

systèmes <strong>de</strong> production, <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> distribution. Enfin, il reste à installer pratiquement<br />

complètement le système <strong>de</strong> collecte et <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s ordures ménagères,<br />

toujours selon <strong>les</strong> normes européennes. L'objectif est d'y parvenir en 2<strong>01</strong>7. Le coût<br />

estimé à 1,5 milliards d' (10 milliards <strong>de</strong> F) pourrait être légèrement réduit par l'introduction<br />

<strong>de</strong> la collecte sélective, du recyclage et <strong>de</strong> l'incinération.<br />

Pour la première fois en<br />

Roumanie, la mairie <strong>de</strong><br />

Timisoara a mis en place un<br />

procédé informatique permettant <strong>de</strong> limiter<br />

considérablement la bureaucratie.<br />

Jusqu'ici, <strong>les</strong> personnes qui voulaient<br />

entreprendre <strong>de</strong>s travaux, solliciter une<br />

autorisation, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un relevé <strong>de</strong>s<br />

lieux, étaient obligées <strong>de</strong> se présenter<br />

dans sept endroit différents, ce qui pre-<br />

Bureaucratie réduite à Timisoara<br />

nait <strong>de</strong>s semaines, voire <strong>de</strong>s mois.<br />

Dorénavant, grâce à un système permettant<br />

<strong>de</strong> visualiser tous <strong>les</strong> réseaux<br />

souterrains <strong>de</strong> la ville, il suffira au<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> frapper à une seule porte,<br />

un avis unique, assorti d'une seule taxe,<br />

regroupant toutes <strong>les</strong> autorisations et<br />

informations, lui sera délivré sous quinzaine.<br />

La mise en place <strong>de</strong> ce système a<br />

coûté 1,7 M (11 MF).


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Politique<br />

En dévoilant <strong>les</strong> noms d'un millier d'agents ayant collaboré<br />

avec l'ancienne police politique, l'ancien<br />

sénateur Ticu Dumitrescu a dénoncé <strong>les</strong> tergiversations<br />

<strong>de</strong>s autorités pour appliquer la loi qu'il avait fait voter<br />

voici <strong>de</strong>ux ans, laquelle donne le droit d'accès à ses compatriotes<br />

aux dossiers <strong>de</strong> la Securitate <strong>les</strong> concernant. Parmi<br />

ceux-ci 450 officiers, 350 employés <strong>de</strong> la Securitate <strong>de</strong><br />

Bucarest, quelques dizaines <strong>de</strong> juges, procureurs, policiers,<br />

gendarmes, gardiens <strong>de</strong> prison, et une liste comprenant 140<br />

indicateurs portant <strong>de</strong>s noms d'emprunt que Ticu Dumitrescu a<br />

<strong>de</strong>mandé au SRI (Service Roumain d'Informations), successeur<br />

<strong>de</strong> la Securitate, d'i<strong>de</strong>ntifier.<br />

L'ancien sénateur, qui a passé six mois a éplucher <strong>les</strong> dossiers<br />

du CNSAS (Conseil National pour l'Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Archives<br />

<strong>de</strong> la Securitate) a regretté ses réticences à fournir <strong>les</strong> i<strong>de</strong>ntités<br />

<strong>de</strong>s informateurs <strong>de</strong> la police lorsqu'il étaient prêtres ou journalistes.<br />

Il a expliqué sa démarche par sa volonté <strong>de</strong> voir nettoyer<br />

<strong>les</strong> services secrets roumains, afin <strong>de</strong> leur rendre leur crédibilité,<br />

soulignant que l'OTAN n'était pas dupe <strong>de</strong> leur nature.<br />

Donnant droit à différents<br />

avantages, réductions, gratuités,<br />

priorités, dans <strong>les</strong><br />

transports et plusieurs services d'état, <strong>les</strong><br />

"certificats <strong>de</strong> révolutionnaires", délivrés<br />

après <strong>les</strong> évènements <strong>de</strong> décembre 1989,<br />

sont prisés. Un peu plus <strong>de</strong> 16 000 personnes<br />

<strong>de</strong>vraient en être possesseurs…<br />

mais 26 000 en bénéficient. Le gouvernement<br />

et <strong>les</strong> associations ont décidé <strong>de</strong><br />

partir à la chasse aux faux titulaires et aux<br />

trafiquants, découvrant que le précieux<br />

<strong>document</strong>, habilement imité, était vendu<br />

à la sauvette dans <strong>les</strong> bouches <strong>de</strong> métro<br />

ou se retrouvait sur <strong>les</strong> étals <strong>de</strong>s marchands<br />

<strong>de</strong>s rues, son prix se négociant<br />

parfois jusqu'à 600 (4000 F).<br />

Surpris par <strong>les</strong> photographes en compagnie <strong>de</strong> jolies<br />

fil<strong>les</strong> dévêtues, lors du lancement <strong>de</strong> la revue pornographique<br />

"Hustler" du magnat américain Larry<br />

Flint, le Secrétaire d'Etat à la culture et aux cultes, Ion<br />

Antonescu, avait été chargé par le Premier ministre <strong>de</strong> rédiger<br />

un projet <strong>de</strong> loi sur la pornographie… en punition.<br />

Le malheureux (ou heureux ?) homme vient <strong>de</strong> rendre sa<br />

copie. Il est désormais interdit <strong>de</strong> siffler <strong>les</strong> fil<strong>les</strong>, <strong>de</strong> proférer<br />

<strong>de</strong>s sons qui peuvent être interprétés et porter atteinte à la<br />

pu<strong>de</strong>ur, d'avoir <strong>de</strong>s gestes ou comportements obscènes. Films,<br />

publications, <strong>de</strong>ssins, photos à caractère pornographiques ne<br />

Il souhaite également que, par cette<br />

exigence <strong>de</strong> transparence, <strong>les</strong><br />

postes-clés <strong>de</strong> l'Etat ne soient plus<br />

occupés que par <strong>de</strong>s personnes au<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> tout soupçon.<br />

Ticu Dumitrescu a indiqué que<br />

<strong>les</strong> archives <strong>de</strong> la Securitate contenaient<br />

2 millions <strong>de</strong> dossiers en<br />

1993, 80 000 d'entre-eux, sans-doute<br />

"sensib<strong>les</strong>" ayant disparu ou ayant<br />

été détruits dans <strong>les</strong> trois mois suivant<br />

la "Révolution" <strong>de</strong> décembre<br />

1989. A cette époque, la police politique<br />

comptait 150 000 indicateurs.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la "Révolution",<br />

une commission avait été créée, fonctionnant<br />

jusqu'en 1992. Elle était chargée<br />

d'examiner <strong>les</strong> dossiers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

carte, en rejetant beaucoup, n'en accordant<br />

qu'environ 7000. Les "révolutionnaires"<br />

exclus avaient alors entamé toute<br />

une série d'actions, meetings, grèves <strong>de</strong> la<br />

faim, auto-mutilations, immolations par<br />

le feu, qui n'ont cessé qu'avec l'arrivée du<br />

prési<strong>de</strong>nt Emil Constantinescu au pouvoir,<br />

fin 1996. Pendant un an, une nouvelle<br />

commission a examiné 30 000 dossiers,<br />

en validant 18 000.<br />

Au total, le pays se retrouvait avec un<br />

peu plus <strong>de</strong> 26 000 "révolutionnaires"<br />

avérés. Parmi eux : 2400 parents,<br />

Actualité<br />

L'i<strong>de</strong>ntité d'un millier<br />

d'agents <strong>de</strong> l'ex-Securitate dévoilée<br />

Selon Ticu Dumitrescu,<br />

80 000 dossiers sensib<strong>les</strong><br />

auraient disparu.<br />

Il a également révélé qu'en 1968 plus <strong>de</strong> 400 000 Roumains<br />

étaient surveillés par le régime, ce chiffre tombant à 40 000<br />

cette année là, après la crise du "Printemps <strong>de</strong> Prague" conduisant<br />

à une tension entre la Roumanie et l'URSS, pour remonter<br />

en flèche dès l'année suivante.<br />

Trafic <strong>de</strong> fausses cartes pour bénéficier d'avantages<br />

Dix mille "révolutionnaires" en trop<br />

conjoints ou enfants <strong>de</strong> personnes tuées<br />

pendant <strong>les</strong> évènements, 2800 b<strong>les</strong>sés<br />

dont 400 mutilés ou grands invali<strong>de</strong>s, 21<br />

000 personnes s'étant fait remarquer par<br />

leurs actes, dont 1800 arrêtées ou emprisonnées,<br />

500 victimes indirectes.<br />

Depuis, 4000 titulaires <strong>de</strong> la carte<br />

sont décédés, près <strong>de</strong> 6000 n'ont <strong>de</strong>mandé<br />

aucun droit, après que leurs états <strong>de</strong><br />

service aient été reconnus. Le nombre <strong>de</strong><br />

"révolutionnaires" réellement i<strong>de</strong>ntifiés<br />

se situe donc entre 16 000 et 17 000.<br />

Bucarest en possè<strong>de</strong> le plus grand<br />

nombre (7000), <strong>de</strong>vant Timisoara (2800),<br />

Brasov (1400), Constantsa (1300), Sibiu<br />

(700), Buzau (600), Cluj (550), Arad<br />

(500), Târgu Mures (350), etc…<br />

Pornographie : à celui qui a pêché <strong>de</strong> jeter la première pierre…<br />

peuvent être projetés ou exposés en public, ces dispositions ne<br />

concernant toutefois pas <strong>les</strong> œuvres d'art ou <strong>les</strong> créations<br />

scientifiques. Les boutiques <strong>de</strong>vront faire disparaître <strong>de</strong> leur<br />

présentoir <strong>les</strong> revues osées. Les sites Internet dotés <strong>de</strong> mot <strong>de</strong><br />

passe ne pourront être accessib<strong>les</strong> qu'après le paiement d'une<br />

taxe d'au moins 11 (72 F).<br />

Le projet <strong>de</strong> loi interdit l'accès aux mineurs et la présence<br />

<strong>de</strong> lieux où l'on vend <strong>de</strong>s livres ou <strong>document</strong>s licencieux à<br />

moins <strong>de</strong> 200 mètres <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s églises et <strong>de</strong>s casernes.<br />

Un autre <strong>de</strong> ses chapitres punit sévèrement tout ce qui concerne<br />

la pédophilie.<br />

229


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 10<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

DEVA<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

CERNAVODA<br />

<br />

<br />

CONSTANTA<br />

Le département<br />

d'Arges retient<br />

sa main d'oeuvre<br />

En reprenant le poids lourd <strong>de</strong><br />

l'économie locale, Dacia, Renault a<br />

relancé l'usage du français dans le<br />

département d'Arges, tout comme il a<br />

déjà amené <strong>les</strong> entreprises roumaines<br />

loca<strong>les</strong> à changer leur mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> fonctionnement. Le constructeur a<br />

confié à Brunhes international une<br />

mission d'accompagnement visant à<br />

renforcer son implantation.<br />

Le cabinet parisien <strong>de</strong> consultants<br />

a la charge <strong>de</strong> "vendre" le département<br />

auprès d'investisseurs potentiels<br />

et a donc établi une fiche <strong>de</strong> présentation<br />

où on peut lire que l'Arges<br />

a un passé industriel, non seulement<br />

dans l'automobile, mais aussi la chimie<br />

et le caoutchouc ce qui lui permet<br />

<strong>de</strong> disposer d'une main d'œuvre<br />

ayant le sens du travail et qualifiée,<br />

qui requiert cependant un encadrement.<br />

La tentation <strong>de</strong> partir à l'étranger<br />

est moins forte ici qu'ailleurs,<br />

malgré l'abondance <strong>de</strong> métiers<br />

recherchés en UE, comme fraiseurs,<br />

tourneurs, mécaniciens.<br />

Vins, cognacs, tsuica - le département<br />

compte le plus grand nombre<br />

<strong>de</strong> pruniers par tête d'habitant dans<br />

le pays - font la réputation <strong>de</strong> l'Arges.<br />

Dans cette région arrosée un secteur<br />

maraîcher prospérait, jusqu'à la création<br />

<strong>de</strong> Dacia, en 1968. Cette activité<br />

reprend peu à peu, aidée par <strong>les</strong><br />

départements <strong>de</strong> la Savoie et <strong>de</strong> la<br />

Nièvre. Pitesti (185 000 habitants),<br />

"globalement sous équipé", disposant<br />

d'un seul hôtel correct, peu <strong>de</strong> restaurants,<br />

pas <strong>de</strong> supermarchés, a<br />

cependant l'avantage <strong>de</strong> se trouver à<br />

une heure <strong>de</strong> Bucarest, au bout <strong>de</strong><br />

l'unique autoroute roumaine.<br />

Economie<br />

Actualité<br />

A Pitesti, Dacia-Renault s'est lancé<br />

dans l'aventure <strong>de</strong> la voiture à 5000<br />

Le coût, avantage stratégique<br />

et atout <strong>de</strong> la Roumanie<br />

Quand nous sommes arrivés, Dacia avait cessé <strong>de</strong> respirer. Aujourd'hui, il<br />

est en phase <strong>de</strong> réanimation" : Christian Estève et Manuel Roldan, chargés<br />

<strong>de</strong>puis 1999 par Renault, <strong>de</strong> sauver le constructeur automobile roumain,<br />

après qu'il ait acquis la majorité <strong>de</strong> son capital, ont tiré le bilan <strong>de</strong> leur action<br />

lors d'un récent passage à Nantes.<br />

Plutôt satisfaits <strong>de</strong> l'action menée <strong>de</strong>puis trois ans, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux managers Français ont<br />

même prédit : "A l'horizon 2004-2005, Dacia <strong>de</strong>vrait être une belle affaire". Une date<br />

qui n'est pas choisie au hasard puisqu'elle correspond au lancement <strong>de</strong> la voiture à<br />

5000 que le groupe prépare activement dans ses ateliers <strong>de</strong> Pitesti, dans le département<br />

d'Arges. Ce véhicule "écobasique", conçu selon <strong>les</strong> critères d'aujourd'hui, remplacera<br />

la traditionnelle Dacia, version <strong>de</strong> la R 12, dont le modèle élaboré en 1965 n'a<br />

guère évolué <strong>de</strong>puis.<br />

Des salaires <strong>de</strong> 100 et une réduction <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s effectifs<br />

Mais pour gagner son pari <strong>de</strong> faire une voiture mo<strong>de</strong>rne, qui soit la moins chère<br />

du mon<strong>de</strong>, Dacia-Renault se doit <strong>de</strong> comprimer au maximum ses coûts et profiter <strong>de</strong><br />

"l'avantage stratégique" que représente la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s salaires en Roumanie, <strong>de</strong><br />

l'ordre <strong>de</strong> 100 (650 F).<br />

Le personnel a été en première ligne subissant une réduction quoi doit ramener<br />

ses effectifs, d'ici 2004, <strong>de</strong> 27 600 personnes à 16 280, soit une contraction <strong>de</strong> 40 %.<br />

Plus <strong>de</strong> 11 000 employés remerciés en cinq ans, dont seulement un faible pourcentage<br />

concerné par <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> pré-retraite… c'est presque autant que la fermeture<br />

<strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong> la construction navale en France, avec ses 14 000 licenciés, mais<br />

avec beaucoup moins <strong>de</strong> vagues et <strong>de</strong> mouvements sociaux, malgré le poids phénoménal<br />

<strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Pitesti dans la région.<br />

Les <strong>de</strong>ux dirigeants <strong>de</strong> Dacia-Renault ont négocié un accord avec le gouvernement<br />

et <strong>les</strong> syndicats, jugés "coopératifs", qui prévoient <strong>de</strong>s listes <strong>de</strong> départs chaque<br />

trimestre et une ai<strong>de</strong> à la reconversion. Jusqu'ici seulement 20 % du personnel licencié<br />

s'est lancé à la recherche d'un autre emploi. Les autres ? Le constructeur a peu d'informations.<br />

Soit ils avaient déjà une autre activité, soit ils sont retournés à la terre…<br />

Une quinzaine <strong>de</strong> sous traitants incités à s'installer dans le pays<br />

Christian Estève et Manuel Roldan ont également convaincu une quinzaine <strong>de</strong><br />

gros fournisseurs (Valeo, etc…) <strong>de</strong> tenter l'aventure roumaine, leur offrant le marché<br />

captif <strong>de</strong> l'équipement <strong>de</strong> leurs véhicu<strong>les</strong>, à charge pour eux <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong><br />

qualité avec <strong>de</strong>s prix ciblés. Dacia-Renault, qui voulait éviter d'importer <strong>de</strong>s pièces<br />

comme l'a fait son concurrent en Roumanie, le sud-coréen Dawoo, leur a cédé une<br />

partie <strong>de</strong>s ses activité et du personnel, leur laissant le choix d'une association ou <strong>de</strong><br />

faire une "joint venture" avec un partenaire roumain.<br />

Les <strong>de</strong>ux dirigeant sont aussi partis à la recherche <strong>de</strong> partenaires européens ou<br />

roumains, fon<strong>de</strong>ries, fabricants <strong>de</strong> tissus, <strong>de</strong> machines-outils, marchands <strong>de</strong> ferraille,<br />

disposés à s'installer dans le pays ou à travailler avec eux. Ils s'efforcent également <strong>de</strong><br />

susciter la naissance <strong>de</strong> bureaux d'étu<strong>de</strong>s, misant sur le potentiel intellectuel élevé <strong>de</strong>s<br />

Roumains et ont en projet la création d'un pôle logistique <strong>de</strong> transport à Pitesti, afin<br />

<strong>de</strong> remplir <strong>les</strong> camions qui repartent à vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur usine.<br />

Avec ces cartes en main, mais aussi grâce aux avantages fiscaux accordés par le<br />

gouvernement, Dacia-Renault pense qu'il a <strong>de</strong>s chances raisonnab<strong>les</strong> <strong>de</strong> gagner son<br />

pari. A l'orée 2007, le constructeur envisage <strong>de</strong> produire 180 000 véhicu<strong>les</strong> par an,<br />

dont la moitié <strong>de</strong>stinés à l'exportation.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Economie<br />

Habitué à voyager à travers <strong>les</strong> usines Renault dans<br />

le mon<strong>de</strong>, Christian Estève confie volontiers que<br />

l'expérience qu'il vit chez Dacia se révèle fascinante.<br />

La négociation pour la reprise du constructeur l'a<br />

conduit pour la première fois <strong>de</strong> sa carrière à mener <strong>les</strong> discussions<br />

en français… facilité qu'il a abandonnée au bout <strong>de</strong><br />

trois jours, pour revenir à un anglais, certes moins convivial<br />

mais plus rigoureux et commercial.<br />

Les premiers ingénieurs envoyés par Renault ont retrouvé<br />

dans <strong>les</strong> ateliers <strong>les</strong> fiches techniques en français, établies en<br />

1967 par leurs prédécesseurs, lors <strong>de</strong> l'ouverture <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong><br />

Pitesti, et qui servent toujours. Cadres et employés se sont vite<br />

remis à cette langue. Aujourd'hui, <strong>les</strong> échanges se font dans un<br />

franco-roumain parfois pittoresque mais finalement efficace.<br />

Immédiatement, <strong>les</strong> carences du système en place sont<br />

apparues. "Si <strong>les</strong> Roumains disent méchamment d'eux mêmes<br />

qu'ils ne savent pas travailler, c'est parce qu'on ne leur en<br />

fournit pas <strong>les</strong> moyens" note Christian Estève qui évoque le<br />

poids <strong>de</strong>s mentalités : "Ici, on baisse la tête <strong>de</strong>puis toujours,<br />

<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> Turcs, <strong>les</strong> Russes, <strong>les</strong> communistes. C'était indispensable<br />

pour survivre… Alors on continue, <strong>de</strong>vant le chef<br />

d'atelier qui, lui-même, aura peur <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions".<br />

"Pour faire tourner la boutique,<br />

il faut la confier à <strong>de</strong>s femmes"<br />

A Pitesti, comme dans toute la Roumanie, le problème <strong>de</strong><br />

l'encadrement est dramatique. Pas d'initiative, responsabilités<br />

que l'on fuit… Pour transformer <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, il est<br />

impératif d'avoir quelqu'un en permanence sur place et un<br />

étranger se doit d'être le plus fréquemment présent. Mais dès<br />

que le management fonctionne, <strong>les</strong> résultats sont là. Sans<br />

Comme toute entreprise roumaine<br />

ou étrangère, Renault<br />

doit subir l'inertie <strong>de</strong> la<br />

bureaucratie qui s'avère redoutable et<br />

décourageante. L'administration se révèle<br />

inefficace certes à cause du poids <strong>de</strong> l'héritage<br />

<strong>de</strong> l'ancien régime communiste<br />

mais aussi parce que l'Etat, faute <strong>de</strong> ressources,<br />

ne lui donne pas <strong>les</strong> moyens<br />

d'être opérationnelle.<br />

Mais, chez le constructeur français<br />

on relativise : "Le problème c'est <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>les</strong> bons interlocuteurs car, alors, on<br />

peut faire bouger <strong>les</strong> choses. Pour<br />

reprendre Dacia, il a fallu faire voter<br />

trois lois et le gouvernement a sorti quatorze<br />

décrets d'application, le tout en<br />

Actualité<br />

"Dès que le management fonctionne, <strong>les</strong> résultats sont là"<br />

Face au poids <strong>de</strong>s mentalités roumaines,<br />

Renault va <strong>de</strong> découverte en découverte<br />

aucun doute bien meilleurs quand on a à faire à <strong>de</strong>s femmes<br />

qu'à <strong>de</strong>s hommes. Un constat qui est général en Roumanie et<br />

repose sur une question <strong>de</strong> génération et <strong>de</strong> système <strong>de</strong> valeurs.<br />

En s'installant, <strong>les</strong> dirigeants venus <strong>de</strong> Renault constatèrent<br />

que plusieurs métiers faisaient défaut à Dacia, comme<br />

ven<strong>de</strong>urs ou contrôleurs <strong>de</strong> gestion. Une équipe <strong>de</strong> jeunes<br />

femmes fut envoyée six mois en formation à l'IUT <strong>de</strong> gestion<br />

<strong>de</strong> Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, el<strong>les</strong> sont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s<br />

contrôleuses redoutab<strong>les</strong>. "Si vous voulez faire tourner une<br />

boutique en Roumanie, confiez là à <strong>de</strong>s femmes" conseille<br />

Christian Estève qui, par ailleurs, ne tarit pas d'éloges sur la<br />

très gran<strong>de</strong> capacité à apprendre <strong>de</strong>s Roumains.<br />

Mauvais payeurs : 0,5 %<br />

au lieu <strong>de</strong> 1,8 % en France<br />

sept-huit mois. Combien <strong>de</strong> temps cela<br />

aurait-il pris en France ?"<br />

Renault estime que la marche vers<br />

l'UE, avec ses exigences, son contingent<br />

<strong>de</strong> mesures réglementaires, va contribuer<br />

à "normaliser" le fonctionnement <strong>de</strong> l'administration<br />

roumaine. "Le pays n'a pas<br />

été géré et s'est enfoncé dans la crise,<br />

jusqu'à fin 2000 " observe Christian<br />

Estève, manager du constructeur en<br />

Roumanie, relevant que "cela va mieux<br />

<strong>de</strong>puis le retour <strong>de</strong>s post-communistes<br />

aux comman<strong>de</strong>s qui ont réussi à transformer<br />

l'image exécrable du pays à l'étranger.<br />

La reprises est significative. La<br />

Banque Nationale gère très bien le leu<br />

pour lui conserver sa compétitivité face<br />

"C'est le pays qui, avec 15 %, fournit le plus grand<br />

nombre <strong>de</strong> vainqueurs aux olympia<strong>de</strong>s internationa<strong>les</strong>" (équivalents<br />

du concours général ouvert aux élèves français <strong>de</strong> terminale<br />

<strong>les</strong> plus brillants) relève-t-il. A ses yeux, <strong>les</strong> Roumains<br />

disposent d'une intelligence conceptuelle étonnante, moins<br />

adaptée à la pratique, l'enseignement -"il se dégra<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis<br />

dix ans" - étant davantage conçu pour mettre en valeur le<br />

potentiel intellectuel.<br />

Le manager français, qui va <strong>de</strong> découverte en découverte,<br />

ne cache pas que la Roumanie lui réserve beaucoup <strong>de</strong> surprises.<br />

Au printemps <strong>de</strong>rnier, Dacia-Renault a lancé la première<br />

opération <strong>de</strong> crédit direct pour <strong>les</strong> voitures dans le pays.<br />

N'ayant aucune base pour estimer le risque <strong>de</strong> mauvais<br />

payeurs, le fabricant s'est référé aux normes françaises (1,8 %)<br />

et, vue la conjoncture roumaine, l'a évalué à 7 %. Au bout <strong>de</strong><br />

neuf mois, le taux ne dépassait pas 0,5 %.<br />

"L'image exécrable du pays à l'étranger est en train <strong>de</strong> changer"<br />

au dollar ou à l'euro. Les exportations<br />

sont en progression sensible".<br />

La Roumanie est <strong>de</strong>venue "l'usine à<br />

textile" <strong>de</strong> l'Europe, avec notamment, la<br />

présence <strong>de</strong> nombreux italiens. Le secteur<br />

du bois est également porteur. Le<br />

Suédois Ikéa, même sil ne s'en vante pas,<br />

y fait fabriquer une bonne partie <strong>de</strong> ses<br />

meub<strong>les</strong>. Enfin, le pays <strong>de</strong>vient auto-suffisant<br />

sur le plan <strong>de</strong> l'agriculture, sans<br />

avoir encore <strong>de</strong> potentiel à l'exportation.<br />

"Il est dommage que <strong>les</strong> grands groupes<br />

agro-alimentaires ne soient pas présents"<br />

regrette Christian Estève qui note que<br />

John Deere, le fabricant américain <strong>de</strong><br />

matériel agricole, a réalisé ses meilleures<br />

ventes en Roumanie, en 20<strong>01</strong>.<br />

22 11


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 12<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU IASI <br />

MURES<br />

BACAU<br />

ARAD<br />

CLUJ<br />

<br />

<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la BERD<br />

La Banque Européenne pour la<br />

Reconstruction et le Développement<br />

(BERD) investira cette année en<br />

Roumanie environ 350-400 M (2,3-<br />

2,6 milliards <strong>de</strong> F), dans <strong>de</strong>s projets<br />

<strong>de</strong>stinés à la restructuration du système<br />

énergétique, à l'amélioration <strong>de</strong><br />

l'infrastructure en télécommunications,<br />

aux transports, à la distribution<br />

<strong>de</strong> l'eau et <strong>de</strong> l'énergie thermique,<br />

ainsi qu'au soutien aux PME.<br />

Axes économiques<br />

prioritaires<br />

Le gouvernement a arrêté ses<br />

priorités dans le domaine économique<br />

pour <strong>les</strong> trois années à venir,<br />

en fonction <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s qu'il peut recevoir<br />

<strong>de</strong> l'UE. Il s'agit du développement<br />

régional, du secteur productif,<br />

<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> la technologie, <strong>de</strong> la<br />

recherche, <strong>de</strong> l'innovation, <strong>de</strong> l'information<br />

et <strong>de</strong>s communications, <strong>de</strong><br />

l'amélioration <strong>de</strong>s infrastructures, du<br />

soutien à l'agriculture et <strong>de</strong> la création<br />

d'emplois.<br />

La Roumanie<br />

branchée sur l'UE<br />

En 20<strong>03</strong>, la Roumanie et l'Europe<br />

<strong>de</strong> l'Ouest pourront effectuer <strong>de</strong>s<br />

échanges d'énergie électrique, après<br />

le branchement du système énergétique<br />

roumain (SEN) au système <strong>de</strong><br />

transport d'électricité <strong>de</strong> l'UE (UCTE),<br />

ce qui réclame un investissement <strong>de</strong><br />

120 M (800 MF). Dans l'attente, le<br />

système <strong>de</strong> transport roumain est<br />

interconnecté à celui <strong>de</strong> la Bulgarie<br />

et, en partie, <strong>de</strong> la Yougoslavie.<br />

<br />

Economie<br />

Actualité<br />

Inflation : la barre<br />

<strong>de</strong>s 30 % franchie en 20<strong>01</strong><br />

Le gouvernement avait tout fait pour éviter que l'inflation ne franchisse le<br />

seuil psychologique <strong>de</strong>s 30 %en 20<strong>01</strong> mais, malgré ses efforts, celle-ci s'est<br />

inscrite à 30,3 % contre 40,7 % l'année précé<strong>de</strong>nte. Lors <strong>de</strong> sa prise <strong>de</strong><br />

fonction, en décembre 2000, le Premier ministre avait tablé sur un pourcentage compris<br />

entre 23 et 25 %, révisé en hausse en cours d'année à 25-27 %, promettant une<br />

inflation à un seul chiffre en 2004. Il lui faudra prendre son mal en patience, car la spirale<br />

inflationniste est toujours bien là.<br />

Rendu pru<strong>de</strong>nt, Adrian Nastase prédit 22 % d'augmentation <strong>de</strong>s prix en <strong>2002</strong>. Il<br />

se base sur la décélération <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> 20<strong>01</strong>, où l'inflation mensuelle s'est<br />

limitée à 2,2 % contre 2,9 % à la même époque, l'année précé<strong>de</strong>nte. En 20<strong>01</strong>, <strong>les</strong> prix<br />

ont surtout dérapé dans <strong>les</strong> services, avec + 36,2 %. Au "tableau d'honneur" : le train<br />

(+ 117 %), <strong>les</strong> transports routiers (+ 48 %), l'avion (+ 43 %). Les biens non alimentaires<br />

suivent avec + 31,4 % (gaz : + 100 %, chauffage : + 57 %, électricité : + 36 %).<br />

L'alimentation s'est limitée à une hausse <strong>de</strong> 27 %, <strong>les</strong> " champions " étant la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

bœuf (+ 61 %), <strong>de</strong> porc (+ 52 %), la charcuterie (+ 41 %), la volaille (+ 36 %).<br />

Dans un premier temps, l'adhésion à l'UE<br />

coûtera plus cher qu'elle ne rapportera<br />

L'Institut Européen <strong>de</strong><br />

Roumanie a effectué une<br />

étu<strong>de</strong> sur le coût <strong>de</strong> l'adhésion<br />

à l'UE pour six pays candidats. Il en ressort,<br />

qu'à court terme, <strong>les</strong> coûts seront<br />

supérieurs aux bénéfices. Si la Roumanie<br />

et la Bulgarie <strong>de</strong>viennent membres en<br />

2007, leur manque à gagner pourrait perdurer<br />

jusqu'à l'horizon 2<strong>01</strong>5.<br />

L'adoption du tarif douanier commun<br />

à l'UE et <strong>les</strong> baisses <strong>de</strong>s taxes qu'il engendrera<br />

conduira à l'augmentation <strong>de</strong>s<br />

importations. La mise en application <strong>de</strong><br />

l'acquis communautaire, entraînant <strong>de</strong>s<br />

efforts d'investissements pour <strong>les</strong> entreprises<br />

qui <strong>de</strong>vront respecter <strong>les</strong> standards<br />

européens, handicapera leur compétitivité<br />

et, par ricochet, <strong>les</strong> exportations. Ces<br />

<strong>de</strong>ux effets conjugués aggraveront le<br />

déficit <strong>de</strong> la balance commerciale.<br />

L'adhésion induira également <strong>de</strong>s<br />

pressions sur le budget <strong>de</strong> l'Etat, celui<br />

étant invité à co-financer <strong>de</strong>s projets<br />

communautaires ou <strong>de</strong>s actions comme le<br />

développement régional. De la même<br />

façon, la politique agricole commune<br />

s'avèrera intenable pour <strong>les</strong> pays candidats<br />

s'ils n'ont pas recours à <strong>de</strong>s subventions<br />

ou ne reçoivent pas <strong>de</strong> compensations<br />

pour soutenir ce secteur, notamment<br />

à l'exportation, face à la concurrence <strong>de</strong>s<br />

autres pays membres. Mais l'ensemble du<br />

processus <strong>de</strong>vrait mo<strong>de</strong>rniser l'économie<br />

<strong>de</strong> ces pays et la mettre à niveau définitivement.<br />

Le scénario évoqué pourrait<br />

d'ailleurs évoluer d'une manière plus<br />

positive et rapi<strong>de</strong> si l'UE décidait d'augmenter<br />

son volume d'ai<strong>de</strong>.<br />

Armement: doubler <strong>les</strong> exportations<br />

L'industrie roumaine <strong>de</strong> l'armement espère doubler cette année ses exportations,<br />

qui se montaient à 45 M (300 MF) en 20<strong>01</strong>, et <strong>les</strong> porter à 110 M<br />

(720 MF) dans <strong>les</strong> 3 ou 4 années à venir, en partant à la reconquête <strong>de</strong> ses<br />

marchés traditionnels ou en trouvant <strong>de</strong> nouveaux débouchés. Parallèlement, le gouvernement<br />

a entamé la restructuration du secteur et entend ramener ses effectifs <strong>de</strong> 45<br />

000 à 18 000 employés.<br />

Les licenciements ont commencé au 1er février et concerneront 10 000 personnes<br />

cette année, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> conserveront leurs salaires sous forme d'in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> chômage<br />

pendant 14 mois. 7500 autres employés suivront <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> reconversion professionnelle,<br />

et le ministère <strong>de</strong> l'intérieur, qui a l'intention d'augmenter <strong>de</strong> 2500 gendarmes<br />

ses effectifs chargés <strong>de</strong> surveiller <strong>les</strong> oléoducs et gazoducs, recrutera en priorité<br />

parmi <strong>les</strong> licenciés du secteur <strong>de</strong> la Défense.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Finances<br />

Actualité<br />

Le secteur bancaire roumain affecté par un nouveau scandale<br />

La Banque Roumaine d'Escompte placée sous contrôle<br />

Un nouveau scandale jalonne <strong>les</strong> premiers pas du<br />

secteur bancaire roumain <strong>de</strong> l'après-Révolution.<br />

Dans l'attente d'être déclarée en faillite, la BRS<br />

(Banque Roumaine d'Escompte) a été placée sous l'administration<br />

spéciale <strong>de</strong> la Banque Nationale <strong>de</strong> Roumanie, à la suite<br />

<strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> 20 M (130 MF) <strong>de</strong> ses comptes. Son<br />

directeur, Teodor Nicolaescu, a été arrêté pour frau<strong>de</strong>.<br />

La BRS appartenait à l'empire financier du sulfureux<br />

Sorin Ovidiu Vântu, au centre <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> affaires qui affectent<br />

tous <strong>les</strong> rouages <strong>de</strong> la société roumaine. Vântu avait revendu<br />

la banque et son groupe <strong>de</strong> presse à son vieux complice<br />

Mihaï Iacob, mêlé à toutes ses manigances mais <strong>de</strong>venu<br />

aujourd'hui son ennemi, et affirme avoir perdu 10 M (65 MF)<br />

dans cette faillite.<br />

Alors qu'elle ne représentait que 0,5 % <strong>de</strong>s capitaux drainés<br />

par le système bancaire roumain, la BRS comptait parmi<br />

ses clients <strong>de</strong>s compagnies d'Etat comme la société d'assu-<br />

Tarom réduit ses pertes<br />

Tarom,dont la privatisation annoncée<br />

voici <strong>de</strong>ux ans a été repoussée sine die a<br />

réduit ses pertes <strong>de</strong> 20 M (130 MF) en<br />

20<strong>01</strong> par rapport à l'année précé<strong>de</strong>nte.<br />

Parallèlement à une hausse <strong>de</strong>s tarifs, la<br />

compagnie nationale à pris <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />

restructuration portant sur la fermeture <strong>de</strong><br />

lignes déficitaires ou peu rentab<strong>les</strong>, le<br />

renouvellement <strong>de</strong> ses représentations à<br />

l'étranger, une meilleure administration <strong>de</strong><br />

la vente <strong>de</strong>s places.<br />

Tarom, qui n'a bénéficié d'aucune subvention<br />

<strong>de</strong> l'Etat après <strong>les</strong> attentats du 11<br />

septembre, cherche à former une jointventure<br />

avec une gran<strong>de</strong> compagnie internationale<br />

concernant <strong>les</strong> préacheminements<br />

et <strong>les</strong> vols intérieurs.<br />

La construction navale<br />

redémarre à Tulcea<br />

Après sa privatisation et une réorganisation<br />

massive <strong>de</strong> la direction et <strong>de</strong> l'encadrement<br />

en 20<strong>01</strong>, conduite par son nouveau<br />

propriétaire, la firme norvégienne<br />

Aker, le chantier naval <strong>de</strong> Tulcea a relancé<br />

son activité. Sans réduction <strong>de</strong> personnel,<br />

la productivité a doublé… ainsi que <strong>les</strong><br />

salaires <strong>de</strong>s 2500 employés. Onze bateaux<br />

sont sortis <strong>de</strong>s ca<strong>les</strong> l'an passé, soit pratiquement<br />

un par mois, <strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>s pays<br />

européens ou asiatiques.<br />

rances Astra, qui voit s'évanouir près <strong>de</strong> 5 M (33 MF) dans<br />

l'escroquerie, ou bien la Poste roumaine, ce qui étonne <strong>les</strong><br />

enquêteurs, d'autres établissements bancaires nettement plus<br />

sérieux et réputés existant sur la place. Les observateurs se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si leurs dirigeants ont été attirés par <strong>les</strong> taux d'intérêts<br />

avantageux proposés par la BRS… ou <strong>de</strong>s commissions<br />

occultes.<br />

La banqueroute <strong>de</strong> la BRS n'est qu'un épiso<strong>de</strong> dans la série<br />

<strong>de</strong> scanda<strong>les</strong> qui, ces <strong>de</strong>rnières années, ont affecté successivement<br />

Bancorex, la Banque Dacia Felix, la Banque Populaire,<br />

la Banque Internationale Religieuse, le FNI (Fonds National<br />

d'Investissements) - où l'on retrouve le nom <strong>de</strong> Sorin Ovidiu<br />

Vântu - ruinant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> petits épargnants.<br />

Malgré <strong>les</strong> craintes exprimées par <strong>les</strong> organismes internationaux<br />

qui ont appelé à diverses reprises <strong>les</strong> autorités roumaines<br />

à mettre <strong>de</strong> l'ordre dans leur système bancaire, aucune crise<br />

financière majeure n'a ébranlé jusqu'ici sérieusement le pays.<br />

Petrom mise sur <strong>de</strong> nouveaux gisements<br />

Petrom prévoit <strong>de</strong> réaliser un chiffre d'affaires <strong>de</strong> 3,5 milliards d' (23 milliards<br />

<strong>de</strong> F) en <strong>2002</strong>, pour un profit brut <strong>de</strong> 83 M (550 MF). Le groupe pétrolier national<br />

mise sur la découverte <strong>de</strong> nouveaux gisements <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> pétrole et<br />

<strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> gaz, investissant 80 M (525 MF) dans la recherche au<br />

Kazakhstan, en République <strong>de</strong> Moldavie, en Yougoslavie, en Iran, Hongrie et In<strong>de</strong>.<br />

Il compte mo<strong>de</strong>rniser, cette année, 41 stations services, 55 dépôts, construire 10 nouvel<strong>les</strong><br />

stations et en franchiser une centaine.<br />

Roumains à bon compte<br />

Selon une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la BERD (Banque Européenne <strong>de</strong> Reconstruction et <strong>de</strong><br />

Développement) portant sur la <strong>de</strong>rnière décennie, 4000 spécialistes originaires du<br />

Sud-Est <strong>de</strong> l'Europe, ont occupé ou occupent <strong>de</strong>s postes importants dans <strong>de</strong>s organismes<br />

financiers ou <strong>de</strong>s banques, à Londres, Paris, Francfort, Bruxel<strong>les</strong>, Zurich…<br />

Parmi eux <strong>de</strong> nombreux Roumains, qui ont finalisé leurs étu<strong>de</strong>s dans <strong>de</strong>s capita<strong>les</strong><br />

européennes, n'ont pas trouvé <strong>de</strong> postes à leur mesure dans leur pays, et travaillent<br />

maintenant dans <strong>de</strong>s établissements réputés comme JP Morgan, Meryll Lynch,<br />

Deutsche Bank… où leurs salaires représentent un tiers <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> leurs collègues<br />

occi<strong>de</strong>ntaux.<br />

Garantie en cas <strong>de</strong> faillite bancaire<br />

Le Fonds <strong>de</strong> Garantie bancaire a majoré son plafond d'intervention en cas <strong>de</strong><br />

faillite d'une banque, pour <strong>les</strong> clients titulaires d'un compte, leur garantissant un remboursement<br />

<strong>de</strong> 3800 (25 000 F) au maximum.<br />

Taxes sur <strong>les</strong> importations <strong>de</strong> sucre<br />

A savoir<br />

En vue <strong>de</strong> relancer la production <strong>de</strong> betterave sucrière, le gouvernement a décidé<br />

<strong>de</strong> réintroduire une taxe douanière <strong>de</strong> 30 % sur le sucre d'importation. Les six raffineries<br />

roumaines, autrefois une trentaine, n'utilisent guère plus que <strong>de</strong>s matières<br />

premières venant <strong>de</strong> l'étranger ce qui a fait s'effondrer la récolte <strong>de</strong> betteraves.<br />

22 13


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 14<br />

SUCEAVA<br />

<br />

BAIA MARE<br />

<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU P. NEAMT <br />

CLUJ MURES<br />

<br />

<br />

VASLUI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

ALBA IULIA<br />

<br />

<br />

M. CIUC BACAU<br />

<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA OCNA<br />

SIBIULUI<br />

BRASOV<br />

<br />

ORSOVA<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

TULCEA<br />

<br />

CRAIOVA<br />

BUCAREST<br />

<br />

<br />

CONSTANTA<br />

<br />

CALARASI<br />

Une sans-abri et<br />

son bébé ébouillantés<br />

Pendant l'hiver, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />

SDF et d'enfants <strong>de</strong>s rues se réfugient<br />

auprès <strong>de</strong>s canalisations d'eau<br />

chau<strong>de</strong> souterraines <strong>de</strong> Bucarest,<br />

pour fuir le froid. Au mois <strong>de</strong> janvier,<br />

l'une d'entre el<strong>les</strong> a explosé, déversant<br />

son flot d'eau à plus <strong>de</strong> cent<br />

<strong>de</strong>grés. Plusieurs sans abris ont réussi<br />

<strong>de</strong> justesse à s'échapper, mais une<br />

mère <strong>de</strong> 46 ans et son petit garçon<br />

<strong>de</strong> 18 mois ont été rattrapés par le<br />

torrent qui <strong>les</strong> a ébouillantés.<br />

Vice-championne du<br />

mon<strong>de</strong>… <strong>de</strong> la misère<br />

Liliana Chirila, médaille d'argent au<br />

championnat du mon<strong>de</strong> d'aviron <strong>de</strong><br />

1987, survit aujourd'hui à Iasi, avec<br />

son in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> chômage <strong>de</strong> 13,7<br />

(90 F), immobilisée dans son lit par<br />

un corset <strong>de</strong> plâtre, luttant pour trouver<br />

<strong>de</strong> quoi manger et <strong>de</strong>s médicaments<br />

pour soulager ses souffrances.<br />

Soumise à un entraînement intensif,<br />

la jeune femme avait dû renoncer<br />

à participer aux J.O. <strong>de</strong> Séoul, en<br />

1988, ressentant d'atroces douleurs<br />

dans le dos, et avait subi ultérieurement<br />

<strong>de</strong>s opérations pour <strong>de</strong>s hernies<br />

disca<strong>les</strong>. Par la suite, forcée d'abandonner<br />

sa carrière sportive, ne pouvant<br />

plus travailler, elle s'est adressée<br />

à sa fédération, <strong>de</strong>mandant à bénéficier<br />

d'une pension d'invalidité, qui lui<br />

a été refusée car celle-ci est réservée<br />

aux champions ayant remporté un<br />

titre olympique ou mondial. A<br />

Copenhague, où elle était <strong>de</strong>venue<br />

vice-championne du mon<strong>de</strong>, Liliana<br />

Chirila et sa co-équipière Elisabeta<br />

Lipa, avaient raté la médaille d'or…<br />

pour un dixième <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>.<br />

Social<br />

Actualité<br />

Hiver glacial… famil<strong>les</strong><br />

frigorifiées dans leurs<br />

logements sans chauffage<br />

Alors que le début <strong>de</strong> l'hiver a été glacial, suivi d’un long redoux, <strong>de</strong> nombreux<br />

Roumains ont grelotté dans leurs logements. Certains, ne pouvant<br />

plus acquitter <strong>les</strong> charges communes, ont <strong>de</strong>mandé à être débranchés du<br />

système <strong>de</strong> chauffage, d'autres, considérés comme mauvais payeurs, l'ont été d'office<br />

par <strong>les</strong> fournisseurs d'énergie. C'est en Moldavie que la situation s'est avérée la plus<br />

dramatique. A Iasi, <strong>de</strong>puis début février, seulement un tiers <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> bénéficient <strong>de</strong><br />

l'eau chau<strong>de</strong> et du chauffage. Des quartiers entiers <strong>de</strong> la périphérie <strong>de</strong> la ville ont été<br />

déjà débranchés. Ra<strong>de</strong>t, le distributeur d'énergie thermique, s'efforce <strong>de</strong> récupérer 6<br />

M (40 MF) <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes auprès <strong>de</strong>s abonnés et a entrepris <strong>de</strong> débrancher individuellement<br />

ceux qui n'ont pas payé leur facture <strong>de</strong>puis trois mois, et non plus <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à<br />

<strong>de</strong>s débranchements collectifs d'immeub<strong>les</strong> comme il le faisait jusqu'ici.<br />

A Vaslui, le distributeur s'apprêtait à faire <strong>de</strong>s débranchements massifs. Dès janvier,<br />

à Suceava, chauffage et eau chau<strong>de</strong> commençaient à être rationnés, <strong>les</strong> mauvais<br />

payeurs étant avertis qu'ils n'auraient <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong> qu'une fois par semaine, comme<br />

au temps <strong>de</strong> Ceausescu. Dans <strong>les</strong> quartiers périphériques <strong>de</strong> Braïla, là où le chauffage<br />

n'est plus qu'un souvenir, <strong>les</strong> fenêtres sont calfeutrées avec <strong>de</strong>s cartons et <strong>de</strong>s matelas.<br />

Orsova, ville complètement débranchée du réseau <strong>de</strong> chauffage<br />

A Orsova, sur le Danube, <strong>les</strong> habitants ont renoncé au chauffage <strong>de</strong>vant son coût.<br />

Le fournisseur, qui n'a encaissé que 4 % <strong>de</strong> ses factures en novembre <strong>de</strong>rnier, ne<br />

comptait plus que 800 abonnés sur 3000 appartements en ville, en 20<strong>01</strong>, et 350 au<br />

début <strong>de</strong> cette année. N'ayant plus assez <strong>de</strong> clients pour rentabiliser son activité, croulant<br />

sous <strong>les</strong> impayés, il envisageait <strong>de</strong> mettre la clé sous la porte.<br />

Les habitants <strong>de</strong> la cité ont choisi <strong>de</strong> se chauffer au bois. Cheminées et tuyaux <strong>de</strong><br />

poêle dépassant <strong>les</strong> toits, se multiplient. La municipalité a proposé <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s<br />

cheminées communes dans <strong>les</strong> immeub<strong>les</strong>. La mairie elle-même a été débranchée du<br />

réseau… et le maire travaille à son bureau, emmitouflé dans un grand manteau.<br />

Au plan national, il semble que l'instauration au 1er janvier <strong>de</strong>rnier d'un revenu<br />

mensuel garanti <strong>de</strong> 23 (150 F), assorti d'une ai<strong>de</strong> pour le chauffage comprise entre<br />

9 (60 F) et 18 (120 F) à chaque Roumain ayant <strong>de</strong>s ressources inférieures, ait eu<br />

un effet pervers. Ce "RMI" a remplacé d'autres dispositifs sociaux, entraînant la suppression<br />

du système dégressif <strong>de</strong>s bons <strong>de</strong> chauffage délivrés par <strong>les</strong> mairies qui<br />

concernait <strong>les</strong> personnes ayant <strong>de</strong>s ressources mensuel<strong>les</strong> un peu supérieures, comprises<br />

entre 30 (200 F) et 60 (400 F).<br />

Le prix <strong>de</strong> l'énergie thermique<br />

a été multiplié par vingt <strong>de</strong>puis 1996<br />

Devant <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s Roumains à payer leur<br />

chauffage, le Premier ministre, a reconnu que le prix <strong>de</strong> l'énergie thermique<br />

et électrique avaient été multiplié par vingt <strong>de</strong>puis 1996, alors que<br />

celui <strong>de</strong>s autres tarifs ou biens <strong>de</strong> consommation ne l'avaient été que <strong>de</strong> trois fois, en<br />

corrélation avec l'inflation. "C'est déraisonnable" a déclaré Adrian Nastase, reconnaissant<br />

que "plus personne n'avait <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> payer <strong>les</strong> dépenses d'entretien <strong>de</strong>s<br />

logements qui atteignent parfois la moitié d'un salaire moyen". Pour remédier à la<br />

situation, le gouvernement envisage <strong>de</strong> baisser la première tranche d'impôt (18 %) qui<br />

concerne <strong>les</strong> revenus <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>, soit environ 2,3 millions <strong>de</strong> salariés. Il mise sur<br />

la compréhension du FMI (Fonds Monétaire International) qui lui a accordé un prêt,<br />

pour déroger à ses mesures <strong>de</strong> rigueur économique. Afin <strong>de</strong> développer l'offre d'énergie<br />

et stimuler la concurrence, la réalisation du <strong>de</strong>uxième réacteur nucléaire <strong>de</strong><br />

Cernavoda va être activée ainsi que la privatisation <strong>de</strong>s centra<strong>les</strong> hydrauliques.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Social<br />

Comme ici à Arad, <strong>les</strong> bénéficiaires<br />

du Revenu minimum garanti<br />

doivent en contrepartie assurer<br />

<strong>de</strong>s travaux au profit <strong>de</strong>s communes.<br />

L'accord signé entre la<br />

Roumanie et l'Espagne pour<br />

permettre à 865 travailleurs<br />

roumains d'aller ramasser <strong>les</strong> fraises en<br />

Espagne a provoqué <strong>de</strong>s scènes frisant<br />

l'émeute. Le contrat <strong>de</strong> travail était alléchant<br />

puisqu'il garantissait un salaire brut<br />

quotidien <strong>de</strong> 28 (183 F), pour un travail<br />

<strong>de</strong> 6 heures par jour, six jours par semaine,<br />

ce qui représentait un revenu mensuel<br />

brut <strong>de</strong> 730 (4800 F), près <strong>de</strong> sept fois<br />

supérieur au salaire moyen en Roumanie.<br />

Plusieurs milliers <strong>de</strong> Roumains ont<br />

pris d'assaut <strong>les</strong> quatre agences pour l'emploi<br />

d'Alba Iulia, Craiova, Calarasi et<br />

Piatra-Neamt, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> avaient organisé<br />

une présélection pour ces saisonniers.<br />

A Alba Iulia, mille personnes se sont<br />

Nouveau en<br />

Roumanie,<br />

le Revenu<br />

minimum garanti est<br />

entré en application. Ce<br />

RMI à la roumaine, non<br />

cumulable avec d'autres<br />

ressources, assure aux<br />

personnes démunies un<br />

revenu mensuel <strong>de</strong> 630 000 lei ( 23 , 150 F) et donne accès à<br />

d'autres ai<strong>de</strong>s pour le chauffage et l'eau chau<strong>de</strong>, le gaz , <strong>les</strong><br />

enfants scolarisés. Plus <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong> personnes sont<br />

concernées, soit 760 000 famil<strong>les</strong>.<br />

Les bénéficiaires étaient priés <strong>de</strong> s'inscrire en mairie,<br />

début janvier. Dans plusieurs vil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> fi<strong>les</strong> d'attente ont provoqué<br />

<strong>de</strong>s scènes à la limite <strong>de</strong> l'hystérie, comme à Constantsa<br />

où, malgré le froid intense, <strong>de</strong>s personnes faisaient la queue<br />

dès quatre heures du matin. Une vieille dame dont la pension<br />

<strong>de</strong> retraite se montait à 600 000 lei a grelotté <strong>de</strong>s heures dans<br />

l'espoir <strong>de</strong> gagner 30 000 lei supplémentaires chaque mois (0,5<br />

… 3,30 F). "Cela compte pour moi" expliquait-elle.<br />

A Timisoara, par contre, <strong>de</strong>s Tsiganes habitant dans <strong>de</strong><br />

véritab<strong>les</strong> palaces d'une vingtaine <strong>de</strong> pièces, qu'ils se sont faits<br />

construire avec l'argent récupéré <strong>de</strong> manière suspecte en<br />

Occi<strong>de</strong>nt, provenant souvent <strong>de</strong> différents trafics, roulant en<br />

jeeps ou 4x4, ont fait scandale en déposant leurs dossiers <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>. La mairie a effectué une enquête. L'un a déclaré qu'il<br />

n'avait pas <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> payer <strong>les</strong> impôts fonciers que la ville<br />

lui <strong>de</strong>mandait. Un autre qu'il <strong>de</strong>vait subvenir aux besoins <strong>de</strong> sa<br />

nombreuse famille. Le maire <strong>de</strong> Timisoara a regretté que la loi<br />

présentées le premier jour, seulement 120<br />

étant retenues. Le len<strong>de</strong>main, 1500 autres<br />

candidats faisaient la queue dès l’aube.<br />

Les voitures venant <strong>de</strong>s départements<br />

voisins bloquaient le quartier qui se<br />

retrouvait presque en état <strong>de</strong> siège après<br />

l'intervention <strong>de</strong> la police.<br />

A Piatra Neamt, dès la veille, <strong>de</strong>s<br />

dizaines <strong>de</strong> personnes s'étaient rassemblées.<br />

Lors <strong>de</strong> l'ouverture <strong>de</strong>s bureaux,<br />

el<strong>les</strong> étaient un millier. La police <strong>de</strong>vait<br />

également intervenir pour calmer <strong>les</strong> personnes<br />

énervées dont le dossier avait été<br />

refusé. Beaucoup s'étaient présentées<br />

sans connaître <strong>les</strong> conditions à remplir et<br />

sans <strong>les</strong> <strong>document</strong>s nécessaires (passeport<br />

vali<strong>de</strong>, certificat médical, casier judiciaire,<br />

avoir entre 18 et 50 ans, possé<strong>de</strong>r<br />

Actualité<br />

Plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> personnes vont toucher<br />

le Revenu minimum garanti<br />

Les Roumains acceptent le RMI…<br />

mais pas "<strong>les</strong> travaux forcés"<br />

ne permette pas <strong>de</strong> sanctionner <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s abusives.<br />

Le dispositif du RMI autorise <strong>les</strong> mairies à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> participer à <strong>de</strong>s travaux d'intérêt communaux<br />

dans la limite <strong>de</strong> 9 jours par mois, huit heures par jour, sous<br />

peine <strong>de</strong> perdre leurs in<strong>de</strong>mnités, ce qui a provoqué un vif<br />

mécontentement. A Arad, sur <strong>les</strong> 550 personnes concernées,<br />

250 ont été dirigées vers <strong>les</strong> travaux d'entretien <strong>de</strong>s espaces<br />

verts et <strong>de</strong> voirie <strong>de</strong> la ville, et 300 vers ses services <strong>de</strong> nettoyage.<br />

Seulement une soixantaine d'entre el<strong>les</strong> se sont présentées,<br />

nombreux étant cel<strong>les</strong> ayant obtenu une dispense<br />

médicale. A Miercurea Ciuc, <strong>les</strong> services municipaux ont<br />

attendu en vain <strong>les</strong> personnes convoquées.<br />

La même allocation<br />

<strong>de</strong> chômage pour tout le mon<strong>de</strong><br />

La réforme <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>mnisation du chômage est entrée également<br />

en vigueur ce 1er mars. Au lieu d'une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> 9<br />

mois suivie d'une ai<strong>de</strong> sociale d'une durée maximale <strong>de</strong> 11<br />

mois, <strong>les</strong> chômeurs percevront désormais une in<strong>de</strong>mnité<br />

unique <strong>de</strong> 1,3 millions <strong>de</strong> lei (48 , 315 F), quelque soit leur<br />

salaire antérieur, correspondant à 75 % du salaire <strong>de</strong> base<br />

minimum brut au plan national. Pour en bénéficier, il faudra<br />

avoir travaillé au moins un an. La durée d'in<strong>de</strong>mnisation est<br />

fixée à six mois pour <strong>les</strong> personnes ayant exercé une activité<br />

pendant une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> un à cinq ans, neuf mois, entre cinq et<br />

dix ans, un an au-<strong>de</strong>ssus. Les chômeurs sont tenus d'accepter<br />

toute proposition <strong>de</strong> travail correspondant à leur formation ou<br />

à leur niveau d'étu<strong>de</strong>s, se situant à moins <strong>de</strong> cinquante kilomètres<br />

<strong>de</strong> chez eux.<br />

Alba Iulia en état <strong>de</strong> siège pour la présélection<br />

<strong>de</strong>s ramasseurs <strong>de</strong> fraises en Espagne<br />

une expérience dans le domaine agricole).<br />

A Calarasi, <strong>de</strong>s femmes suppliaient<br />

qu'on retienne leur candidature pour pouvoir<br />

sauver leur famille.<br />

La sélection finale a eu lieu à<br />

Bucarest, début février, avec la participation<br />

<strong>de</strong>s Espagnols et du Ministère roumain<br />

du Travail, ce qui apportait une<br />

garantie <strong>de</strong> sérieux, après <strong>les</strong> différentes<br />

escroqueries qui ont marqué "le miroir<br />

aux alouettes du travail" à l'étranger. Elle<br />

a cependant provoqué une énorme déception<br />

et la colère <strong>de</strong>s hommes, <strong>les</strong> femmes<br />

étant retenues en gran<strong>de</strong> majorité, "jugées<br />

plus adroites pour ce genre d'activité".<br />

Sélectionné, le directeur du lycée<br />

d’Ocna Sibiului a démissionné, jugeant<br />

plus rentable d’aller ramasser <strong>de</strong>s fraises.<br />

22 15


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 16<br />

<br />

BAIA MARE<br />

<br />

SUCEAVA<br />

<br />

ORADEA TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

BACAU<br />

DEVA <br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

SIGHET CALINESTI<br />

<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

La corruption a aussi<br />

un coût économique<br />

Interviewé par la presse roumaine<br />

sur la corruption, un responsable <strong>de</strong><br />

la Banque Mondiale a indiqué que, si<br />

le phénomène était généralisé dans<br />

<strong>les</strong> ex pays communistes, il était<br />

beaucoup plus important dans la<br />

région du sud-est <strong>de</strong> l'Europe, à<br />

laquelle appartient la Roumanie.<br />

La corruption y apparaît comme<br />

une entrave pour <strong>les</strong> investisseurs,<br />

étrangers ou roumains, décourageant<br />

beaucoup d'entre-eux. Les nombreuses<br />

taxes, et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />

table <strong>les</strong> accompagnant, qu'ils doivent<br />

acquitter pour démarrer une<br />

affaire peuvent se révéler dissuasifs,<br />

rendant l'investissement prohibitif.<br />

L'expérience montre que <strong>les</strong><br />

grosses entreprises acceptent <strong>de</strong><br />

payer ces pots <strong>de</strong> vin, et qu'el<strong>les</strong> <strong>les</strong><br />

répercutent ensuite sur leurs coûts.<br />

On a ainsi estimé que la corruption<br />

pouvait peser pour 10 % dans le prix<br />

<strong>de</strong> vente <strong>de</strong>s produits, <strong>les</strong> rendant<br />

d'autant moins compétitifs, affectant<br />

ainsi l'économie en général.<br />

La première question que se pose<br />

un investisseur est "Combien va-t-il<br />

falloir que je donne ?". Et d'énumérer<br />

ensuite <strong>les</strong> "gestes" qu'il va <strong>de</strong>voir<br />

faire vis à vis <strong>de</strong>s administrations et<br />

<strong>de</strong> leur hiérarchie pour obtenir <strong>les</strong><br />

autorisations nécessaires, puis <strong>de</strong>s<br />

organismes <strong>de</strong> contrôle, la police,<br />

pour ne pas voir son activité "suffoquer"<br />

sous leurs contrô<strong>les</strong>.<br />

Même si pour la Banque Mondiale<br />

le phénomène <strong>de</strong> la corruption ne va<br />

pas disparaître <strong>de</strong> sitôt, il faut au<br />

moins le réduire. Elle préconise une<br />

métho<strong>de</strong> simple : diminuer le nombre<br />

d'étapes administratives à franchir<br />

pour ouvrir une activité.<br />

<br />

Vie quotidienne<br />

Société<br />

Nicole Wentzo et son association, "Le Flocon", située à Wahlenheim, près<br />

<strong>de</strong> Strasbourg, ont une longue pratique <strong>de</strong> la Roumanie, intervenant<br />

<strong>de</strong>puis 1990 dans une petite commune du Maramures, Calinesti, où leur<br />

ai<strong>de</strong> prend <strong>de</strong> nombreuses formes, notamment en direction <strong>de</strong>s enfants handicapés<br />

dont certains ont été recueillis en Alsace.<br />

Pourtant, Nicole Wentzo n'avait jamais été confrontée autant à la réalité roumaine<br />

que lors d'un voyage effectué à l'occasion <strong>de</strong>s vacances <strong>de</strong> la Toussaint 2000. Elle<br />

était partie avec <strong>de</strong>ux amies et quatre <strong>de</strong> ses petits protégés, ravis <strong>de</strong> retrouver leur<br />

pays d'origine. Quelques affaires à régler sur place, <strong>de</strong>s mission à remplir… et huit<br />

jours heureux en perspective avec son petit groupe.<br />

Le premier soir, rentrant à Calinesti, alors que la nuit est tombée, leur véhicule<br />

accroche une charrette non éclairée avec quatre personnes dont <strong>de</strong>ux se révèleront être<br />

complètement ivres. La conductrice réussit à l'éviter, mais non <strong>les</strong> barres <strong>de</strong> fer qui<br />

débor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> côtés. La charrette est renversée, coinçant le cheval. Un homme<br />

est couché sur la chaussée, saignant abondamment, alors que <strong>de</strong>ux autres, un homme<br />

et une femme, se plaignent.<br />

La voiture est<br />

endommagée. Un<br />

attroupement se<br />

forme. Le b<strong>les</strong>sé est<br />

finalement évacué<br />

vers l'hôpital <strong>de</strong><br />

Sighet, la gran<strong>de</strong> ville<br />

voisine, par une autoécole<br />

<strong>de</strong> passage.<br />

Au bout d'une<br />

heure, la police arri-<br />

ve, sans ambulance.<br />

Un expert est également<br />

là. Il faut faire<br />

Magouil<strong>les</strong>, corruption,<br />

étranger dont on profite...<br />

Un voyage transformé en dix jours<br />

<strong>de</strong> cauchemar à la suite d'un acci<strong>de</strong>nt<br />

La nuit, <strong>les</strong> charettes non éclairées constituent un véritable danger<br />

pour <strong>les</strong> automobilistes qui redoutent <strong>de</strong> <strong>les</strong> découvrir<br />

au <strong>de</strong>rnier moment dans leurs phares.<br />

<strong>de</strong>s photos. Nicole Wentzo prête son appareil, fournit la pellicule. Le len<strong>de</strong>main,<br />

quand elle <strong>les</strong> fera développer en urgence, el<strong>les</strong> lui seront facturées 55 (360 F) l'unité,<br />

celui qui a effectué <strong>les</strong> prises <strong>de</strong> vue, ayant auparavant réclamé 11 (70 F), pour<br />

avoir appuyé sur le bouton.<br />

Assignée à rési<strong>de</strong>nce, permis <strong>de</strong> conduire et passeport retirés<br />

Les policiers embarquent la Française dans leur voiture, direction le dispensaire<br />

pour une prise <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong>s tests neurologiques du genre, marcher sur une jambe,<br />

reculer, monter sur une chaise. L'assistante médicale se présente avec un "haricot" peu<br />

engageant, au fond duquel se trouvent une aiguille et une seringue.<br />

Nicole Wentzo proteste, exigeant qu'el<strong>les</strong> soient emballées, provoquant <strong>de</strong>s réactions<br />

furieuses et <strong>de</strong>s cris, mais obtenant finalement gain <strong>de</strong> cause. Elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

nouvel<strong>les</strong> du b<strong>les</strong>sé, mais personne ne s'occupe plus d'elle. Le téléphone sonne et,<br />

ostensiblement, on lui fait entendre la conversation dont elle comprend <strong>les</strong> mots<br />

chocs: traumatismes crâniens multip<strong>les</strong>, nombreuses fractures <strong>de</strong>s membres et du bassin,<br />

coma…<br />

Le mon<strong>de</strong> vacille pour l'Alsacienne, isolée, qui est mise en condition, sans s'en<br />

apercevoir. En pleine nuit, elle est conduite dans un petit commissariat pour un interrogatoire.<br />

Il fait froid, elle grelotte, alors que <strong>les</strong> policiers enfilent <strong>de</strong> gros parkas.<br />

L'enquêteur veut lui faire écrire et signer ce qu'il veut, mais elle refuse.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Heureusement, une amie roumaine parlant bien le français,<br />

est arrivée et lui sert d'interprète. Les palabres se suivent<br />

sans résultats. Finalement son véhicule, son permis <strong>de</strong> conduire<br />

et son passeport lui sont retirés. Nicole Wentzo est "assignée<br />

à rési<strong>de</strong>nce" chez <strong>les</strong> gens qui l'hébergent et convoquée au<br />

commissariat <strong>de</strong> Sighet. C'est l'heure <strong>de</strong>s remises en question :<br />

"Je n'aurais jamais dû mettre <strong>les</strong> pieds en Roumanie. Çà fait<br />

dix ans qu'ils bouffent et ma vie et mon<br />

porte-monnaie".<br />

Des amis roumains l'ont attendu<br />

dans la cour jusqu'à 5 heures du matin,<br />

bien qu'ils travaillent à 8 heures.<br />

Pendant dix jours que durera ce cauchemar,<br />

ils seront à ses côtés, comme<br />

chauffeur avec leurs véhicu<strong>les</strong>, accompagnateur,<br />

traducteur.<br />

Mise en condition<br />

L'un est allé voir le b<strong>les</strong>sé et lui a<br />

apporté <strong>de</strong>s bananes qu'ils dévorent…<br />

quelques heures après son "coma" qui se révèle être <strong>de</strong> simp<strong>les</strong><br />

ecchymoses et <strong>de</strong>ux côtes cassées. Pourtant à l'hôpital, on n'en<br />

démord pas : "C'est grave. Il faut compter 60 jours d'hospitalisation<br />

et çà va vous coûter 1700 (11 000 F), parce que vous<br />

êtes responsable". Par la même occasion, un mé<strong>de</strong>cin sollicité<br />

pour faire un certificat médical afin <strong>de</strong> justifier le retard prévisible<br />

pour le retour en France, réclame 100 marks (53 , 350<br />

F). Un autre l'établira pour 15 (100 F). A la pharmacie, <strong>de</strong>ux<br />

boites <strong>de</strong> médicaments pour le groupe, qu'il faut faire venir <strong>de</strong><br />

Cluj (10 , 65 F <strong>de</strong> transport) seront facturés 70 (460 F) la<br />

boite, soit cinq fois leur prix en France.<br />

Au commissariat <strong>de</strong> Sighet, où Nicole Wentzo sera convoquée<br />

pratiquement quotidiennement <strong>de</strong> 9 heures à 17 heures,<br />

l'état du b<strong>les</strong>sé est toujours considéré comme très grave. De<br />

manière à être entendus, <strong>les</strong> policiers parlent entre eux d'acci<strong>de</strong>nts<br />

avec <strong>les</strong> étrangers: <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> marks, <strong>de</strong> dollars à<br />

payer… Parfois le téléphone sonne. L'enquêteur doit aller chez<br />

lui. On lui livre du bois. Il faut revenir l'après-midi, pour rien,<br />

sauf <strong>de</strong>s insultes et <strong>de</strong>s cris sur <strong>les</strong> gens <strong>de</strong> Calinesti qui ai<strong>de</strong>nt<br />

"la Française".<br />

"Il va vous falloir <strong>de</strong> l'argent pour payer tout çà"<br />

Les jours suivants, même scénario. Les policiers insistent:<br />

"il va vous falloir <strong>de</strong> l'argent pour payer tout çà". Nicole<br />

Wentzo a fait venir d'urgence 7000 (45 000 F), mais ne peut<br />

pas <strong>les</strong> retirer, faute <strong>de</strong> passeport confisqué. Les policiers se<br />

radoucissent tout à coup : "On vous accompagne à la<br />

banque"… banques qui se servent au passage : 260 (1700 F)<br />

à l'envoi… et 335 (2200 F) à la réception.<br />

Puis le résultat <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> sang arrive. Nicole Wentzo a<br />

bu une bière quelques heures avant l'acci<strong>de</strong>nt, mais le taux<br />

d'alcoolémie autorisé est <strong>de</strong> zéro en Roumanie. On lui fait<br />

comprendre que c'est grave, qu'elle va être déclarée responsable<br />

et <strong>de</strong>vra payer tous <strong>les</strong> frais… avant <strong>de</strong> lui suggérer qu'il<br />

est possible <strong>de</strong> changer le flacon qui la "met en cause". Elle<br />

bondit et obtient la présence d'un avocat parlant français. Il<br />

Sighetul Marmatiei est une ville chargée d’histoire,<br />

située au nord du Maramures,<br />

près <strong>de</strong> la frontière avec l’Ukraine.<br />

Société<br />

arrivera <strong>de</strong>ux heures plus tard. "Vous êtes en Roumanie… tout<br />

est possible, tout est légal", lui dira-t-il lors d'un entretien<br />

autorisé <strong>de</strong> dix minutes, lui <strong>de</strong>mandant 100 marks.<br />

Mais l'Alsacienne ne veut pas <strong>de</strong> "magouil<strong>les</strong>". Quelques<br />

jours plus tard, le même avocat, qui ne s'est pas dérangé, lui<br />

conseille au téléphone <strong>de</strong> laisser faire la police… et lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> passer à son bureau pour régler le prix <strong>de</strong> cette<br />

assistance, soit 100 marks. Pendant<br />

tous ces épiso<strong>de</strong>s, policiers et avocats<br />

se servent impunément <strong>de</strong> son téléphone<br />

portable, même pour <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong><br />

fil personnels. Un comble… Il lui faudra<br />

même, à ses frais, aller faire acheter<br />

dans une papeterie du papier, un<br />

carbone et un dossier cartonné, pour<br />

que sa déposition soit consignée…<br />

"Ici tout est possible,<br />

tout est permis"<br />

Après six jours d'affres, <strong>les</strong> amis<br />

roumains <strong>de</strong> Nicole Wentzo sont inquiets <strong>de</strong> la voir extrêmement<br />

fatiguée et ont peur qu'elle ne craque. Elle ne dort plus la<br />

nuit. "Ici, tout est possible, tout est permis" lui disent-ils, avec<br />

une gran<strong>de</strong> tristesse dans leurs regards, poursuivant "ils atten<strong>de</strong>nt<br />

tous <strong>de</strong> l'argent. Si tu ne passes pas par leurs combines,<br />

dans six mois tu seras encore là".<br />

Le len<strong>de</strong>main, remontée, elle retourne à la police <strong>de</strong><br />

Sighet. "Je veux le rapport d'expertise <strong>de</strong> l'assurance, faire<br />

réparer ma voiture pour rentrer en France. Combien ?". Un<br />

billet <strong>de</strong> 100 marks sorti du sac à main n'attire qu'une moue,<br />

celui <strong>de</strong> 100 dollars disparaît en un clin d'œil.<br />

Pour la même somme, Nicole Wentzo obtient aussi sa<br />

"liberté sous caution". Elle refuse toutefois la suggestion d'aller<br />

chez un garagiste recommandé par la police et entreprend<br />

elle-même la tournée <strong>de</strong>s carrossiers. Le premier lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

400 dollars (450 , 3000 F), simplement pour décabosser une<br />

portière. Sans facture… donc sans remboursement possible<br />

par l'assurance. Pare-brise, vitres, capot, essuie glace sont<br />

aussi à remplacer. Le second se contenterait <strong>de</strong> 400 marks (210<br />

, 1400 F). Un autre - un grand garage <strong>de</strong> Baia Mare- qui n'a<br />

pas <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> rechange, lui propose <strong>de</strong> <strong>les</strong> récupérer sur <strong>de</strong>s<br />

véhicu<strong>les</strong> impayés qu'il a en dépôt… et <strong>de</strong> <strong>les</strong> déclarer volées.<br />

Finalement ce sont ses amis qui décabosseront la voiture et<br />

boucheront <strong>les</strong> trous avec <strong>de</strong>s sacs poubel<strong>les</strong> et du gros scotch,<br />

ces réparations sommaires tenant jusqu'en Alsace.<br />

Tout à 100 marks ou à 100 dollars<br />

Un autre problème se pose. Les enfants du groupe ont <strong>de</strong>s<br />

visas <strong>de</strong> dix jours qui se terminent. Ils vont être en situation<br />

irrégulière. Moyennant 100 marks pour téléphoner, un intermédiaire<br />

obtient un ren<strong>de</strong>z-vous au service adéquat à Baia<br />

Mare pour <strong>les</strong> faire prolonger… ren<strong>de</strong>z vous qu'il faudra faire<br />

confirmer par un autre billet <strong>de</strong> 100 marks. On la prévient que<br />

ce renouvellement <strong>de</strong>vrait coûter 100 dollars par enfant, soit<br />

au total 450 (3000 F), au lieu <strong>de</strong> 1 en France !<br />

(A suivre page 18)<br />

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

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BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

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ARAD<br />

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CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

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BACAU <br />

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TIMISOARA<br />

TURNU<br />

SEVERIN<br />

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SIBIU<br />

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BRASOV<br />

GALATI<br />

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PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

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BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

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<br />

MEDGIDIA<br />

<strong>2002</strong>, année<br />

anti-corruption<br />

Le gouvernement a décidé <strong>de</strong> faire<br />

<strong>de</strong> <strong>2002</strong> l'année <strong>de</strong> la lutte contre la<br />

corruption, lançant un plan d'action.<br />

Une enquête a révélé que ce phénomène<br />

avait augmenté <strong>de</strong> 30 % en un<br />

an. Le nombre <strong>de</strong> fonctionnaires<br />

reconnaissant avoir été mêlés à ce<br />

genre <strong>de</strong> pratique s'est accru <strong>de</strong> moitié.<br />

56 % <strong>de</strong>s employés du secteur<br />

financier et bancaire admettent être<br />

confrontés à ce problème.<br />

La douane est l'un <strong>de</strong>s secteurs le<br />

plus touché. En 20<strong>01</strong>, 150 officiers<br />

ont été <strong>de</strong>stitués pour corruption, 880<br />

ont été sanctionnés. Pour endiguer ce<br />

fléau, la Police <strong>de</strong>s Frontières roumaine<br />

a signé un protocole d'accord avec<br />

son homologue hongroise et s'apprête<br />

à en faire <strong>de</strong> même avec la<br />

Bulgarie. Cette même année, une<br />

enquête a été menée sur 4000 policiers<br />

à travers le pays, soupçonnés<br />

d'enrichissement illicite, 430 faisant<br />

l'objet d'investigations plus poussées<br />

et 120 étant poursuivis.<br />

Le gouvernement aura fort à faire,<br />

car un rapport révèle que, parmi <strong>les</strong><br />

administrations <strong>les</strong> plus suspectées<br />

<strong>de</strong> corruption, on relève le nom <strong>de</strong><br />

celle… qui est chargée <strong>de</strong> la combattre.<br />

Le Premier ministre a d'ailleurs<br />

décidé <strong>de</strong> porter le fer dans <strong>les</strong> rangs<br />

du Ministère <strong>de</strong> l'Intérieur, dont l'action<br />

conditionne le succès <strong>de</strong> son<br />

plan, et d'avoir recours à un très<br />

grand nombre d'enquêteurs anonymes<br />

dans différents secteurs.<br />

Interrogeant ses lecteurs sur l'efficacité<br />

<strong>de</strong> ces mesures,"Romania<br />

Libera" s'est entendu répondre à 32<br />

% qu'el<strong>les</strong> seraient sans effet, et à 53<br />

% que la corruption <strong>de</strong>vrait même<br />

augmenter, seulement 10 % espérant<br />

qu'elle baisserait.<br />

Société<br />

Mais le fonctionnaire qui la reçoit, apprenant l'action humanitaire que mène "Le<br />

Flocon" <strong>de</strong>puis une décennie, s'indigne quand il entend le récit <strong>de</strong> l'odyssée <strong>de</strong> la<br />

Française. Il se lève et déclare : "Madame, je vous présente mes excuses. Je doute que<br />

vous <strong>les</strong> acceptiez. J'ai honte pour mon pays et mes compatriotes. A partir <strong>de</strong> maintenant,<br />

vous ne donnerez plus un lei, et je vous promets qu'on va vous laisser tranquille.<br />

Vos visas vous <strong>les</strong> aurez gratuitement".<br />

Reste à définir <strong>les</strong> responsabilités <strong>de</strong> l'acci<strong>de</strong>nt. L'expert commis par la police la<br />

fait porter à Nicole Wentzo. Celui <strong>de</strong> l'assurance, qu'il a fallu payer 100 marks, aux<br />

paysans. La police <strong>de</strong>man<strong>de</strong> son rapport, mais la Française en a besoin ainsi que <strong>de</strong> la<br />

quittance pour se faire rembourser en France. Une photocopie est faite discrètement à<br />

la Poste. Coût : 100 marks.<br />

"Il est donc impossible <strong>de</strong> rester honnête en Roumanie ?"<br />

… "Oh si, Madame, mais on en crève !"<br />

Une confrontation est organisée chez le paysan, où on commence à évoquer un<br />

accord à l'amiable, en même temps que celui-ci promet à un <strong>de</strong>s experts, un tailleur<br />

pour sa femme, et à l'autre, un dîner au "Perla", un grand restaurant <strong>de</strong>s environs<br />

Devinant encore une "magouille", Nicole Wentzo fait immédiatement appel à un<br />

troisième expert qui confirme que la charrette n'était pas éclairée. Le bout du tunnel ?<br />

Non. Pour rédiger le procès-verbal, il faut avoir recours à une traductrice assermentée<br />

- et, bien sûr - la payer. Sa traduction ne correspond pas aux déclarations faites par la<br />

Française.<br />

Nouvelle convocation au commissariat <strong>de</strong> Sighet, dans une pièce dont on a volé<br />

<strong>les</strong> ampou<strong>les</strong>, bien qu'elle soit fermée à clés. Un gradé vient, poli, présentant ses<br />

excuses. L'affaire semble s'arranger, mais Nicole Wentzo <strong>de</strong>vra revenir quelques<br />

semaines plus tard, à Noël, pour la conclusion <strong>de</strong> l'enquête par le procureur <strong>de</strong> la<br />

République, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses amis roumains se portant garants pour elle. Le procureur lui<br />

donnera alors raison, non sans qu'elle ait à revivre le même genre d'épreuves, mais en<br />

y étant cette fois-ci préparée. Ce sera aussi l'occasion <strong>de</strong> constater que <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sées sont<br />

en pleine forme.<br />

Son passeport et son permis <strong>de</strong> conduire lui sont remis en présence <strong>de</strong> son avocat.<br />

Connaissant le tarif, Nicole Wentzo avait préparé son billet <strong>de</strong> 100 marks. Avant <strong>de</strong><br />

regagner l'Alsace, elle a <strong>de</strong>mandé à l'officier <strong>de</strong> police : "Il est donc impossible <strong>de</strong> rester<br />

honnête en Roumanie ?", s'entendant répondre : "Oh, si Madame, mais on en<br />

crève!".<br />

"Ne nous abandonnez pas, vous êtes un coin <strong>de</strong> ciel bleu pour nous"<br />

Quelques jours avant son retour, la Française avait assisté à la messe du dimanche<br />

à Calinesti. Dès son entrée dans l'église, une grand-mère était venue s'asseoir à ses<br />

côtés, ainsi qu'un villageois, apostrophant <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong>, expliquant ce qui se passait.<br />

Pendant la cérémonie, Nicole Wentzo offrait un peu d'argent pour acheter un cierge et<br />

prier, afin <strong>de</strong> se sortir <strong>de</strong> sa situation. Mais on lui refusait son obole, en même temps<br />

qu'elle découvrait qu'un chapeau circulait dans <strong>les</strong> rangs… et que le plus gros cierge<br />

qu'on ait jamais vu brûler dans ces lieux ne lui soit remis.<br />

Le curé intervenait longuement, lui traduisant : "Nous savons ce que vous vivez<br />

actuellement, nous comprendrions que vous ne vouliez plus revenir en Roumanie,<br />

mais ne nous abandonnez pas. Vous êtes un coin <strong>de</strong> ciel bleu pour nous". A la sortie<br />

<strong>de</strong> l'office, entourée et choyée par <strong>les</strong> voisins et <strong>les</strong> villageois, elle avait l'impression<br />

d'être une petite fille.<br />

Près <strong>de</strong> dix-huit mois après ces épreuves, Nicole Wentzo n'en démord pas :<br />

"J'aime la Roumanie et <strong>les</strong> Roumains encore plus que jamais. Il n'est pas si facile d'y<br />

vivre. J'admire <strong>les</strong> gens qui y restent honnêtes". Dans son Alsace, elle a fait la tournée<br />

<strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong>, brocantes, et a récupéré tout un stock <strong>de</strong> catadiopres. De<br />

retour dans le Maramures, elle sillonne tous <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> la région avec <strong>de</strong>s amis<br />

roumains, munie d'un marteau et, dès qu'elle aperçoit une charrette non éclairé, elle <strong>les</strong><br />

cloue à l'arrière… pour s'assurer que <strong>les</strong> paysans ne <strong>les</strong> revendront pas.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Evénements<br />

Les Roumains doutent<br />

souvent <strong>de</strong> leur sens <strong>de</strong> la<br />

générosité et, plus généralement,<br />

<strong>de</strong>s qualités humaines <strong>de</strong><br />

leurs compatriotes. Pourtant, il suffit<br />

que survienne un événement touchant<br />

la famille, <strong>les</strong> voisins, pour<br />

que, spontanément, ils se révèlent<br />

tout autre. Cela est aussi vrai lorsqu'il<br />

s'agit <strong>de</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong>,<br />

comme à l’occasion <strong>de</strong>s inondations<br />

<strong>de</strong> l’an passé. L'image d'un<br />

vieil homme sans ressources venant donner son <strong>de</strong>rnier sac <strong>de</strong><br />

pommes <strong>de</strong> terres, à l'appel d'une télévision organisant une<br />

opération d'entre ai<strong>de</strong>, est encore présente à l'esprit.<br />

Cette réaction est d'autant plus méritoire que, plus<br />

qu'ailleurs sur le continent, <strong>les</strong> Roumains doivent vivre avec<br />

leurs propres difficultés. Elle relève <strong>de</strong> ce cœur chaleureux que<br />

tant d'Européens apprécient en eux. La rigueur du début <strong>de</strong><br />

l'hiver en a été l'illustration avec, en outre, le sens <strong>de</strong> l'action<br />

commune, ce qui constitue une nouveauté dans un pays où<br />

tout ce qui est associatif provoque un mouvement <strong>de</strong> recul,<br />

séquelle du régime précé<strong>de</strong>nt et <strong>de</strong> ses réunions obligatoires.<br />

Hélicoptères cloués au sol,<br />

mé<strong>de</strong>cins ne répondant plus aux urgences<br />

A Bucarest, 85 jeunes gens, informaticiens, ven<strong>de</strong>urs,<br />

journalistes, mécaniciens, etc…, ont créé un club, "Off-road<br />

adventure" ("L'aventure, hors <strong>de</strong>s sentiers battus "), pour vivre<br />

<strong>de</strong>s moments forts et apporter leur ai<strong>de</strong>. Après le travail, pendant<br />

leurs congés, ou se rendant libres s'ils le peuvent, ils foncent<br />

à travers le pays, là où leurs concitoyens ont besoin d'eux,<br />

au volant <strong>de</strong> leurs propres véhicu<strong>les</strong>.<br />

A Noël, à Pâques, ces bénévo<strong>les</strong> se ren<strong>de</strong>nt dans <strong>de</strong>s villages<br />

isolés, apportent un peu <strong>de</strong> réconfort, transportent <strong>les</strong><br />

habitants, vont chercher du ravitaillement, ren<strong>de</strong>nt mille petits<br />

services. Quelques sponsors et donateurs paient le carburant.<br />

La terrible vague <strong>de</strong> froid a conduit neuf d'entre eux vers<br />

<strong>les</strong> zones <strong>les</strong> plus touchées, en Moldavie. Parti un vendredi<br />

matin, leur convoi <strong>de</strong> cinq véhicu<strong>les</strong> 4 x 4 n'a réussi à rejoindre<br />

Iasi qu'en fin <strong>de</strong> soirée, après douze heures <strong>de</strong> route, <strong>les</strong> conditions<br />

<strong>de</strong> circulation étant épouvantab<strong>les</strong> avec, par endroits, <strong>de</strong>s<br />

congères <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois mètres. Hors d'état <strong>de</strong> poursuivre son<br />

Société<br />

Près d’un centaine <strong>de</strong> jeunes bénévo<strong>les</strong> bucarestois<br />

se mettent au service <strong>de</strong> leurs compatriotes<br />

Hiver rigoureux, chaleur <strong>de</strong>s cœurs<br />

Des habitants ont été bloqués plusieurs jours dans<br />

leurs maisons, entendant le bétail mugir <strong>de</strong> faim<br />

dans <strong>les</strong> étab<strong>les</strong>, avant que <strong>les</strong> secours n’interviennent.<br />

chemin, une voiture a dû même être<br />

abandonnée. Sur place, l'équipe a<br />

proposé ses services à la Protection<br />

Civile qui l'a immédiatement dirigée<br />

vers <strong>les</strong> services médicaux et<br />

<strong>de</strong>s ambulances. Faute <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong><br />

tous terrains, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins ne pouvaient<br />

plus répondre aux urgences<br />

dans <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong>venus inaccessib<strong>les</strong><br />

à cause du mauvais temps.<br />

Les appels <strong>de</strong> détresse se multipliaient,<br />

notamment <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><br />

femmes sur le point d'accoucher.<br />

Les hélicoptères ne pouvaient pas décoller. Des chassesneige<br />

étaient transformés tant bien que mal en ambulances,<br />

mais <strong>les</strong> autorités <strong>les</strong> réquisitionnaient le plus souvent pour<br />

dégager <strong>les</strong> routes, dont certaines étaient fermées au trafic.<br />

Devant la gravité <strong>de</strong> la situation, la police <strong>de</strong> Iasi interdisait<br />

même aux automobilistes <strong>de</strong> quitter la ville.<br />

Bloqués dans la neige et le froid,<br />

avec une femme sur le point d'accoucher<br />

Nombreuses étaient <strong>les</strong> femmes qui se résignaient à mettre<br />

au mon<strong>de</strong> leur bébé à la maison, sans assistance, effrayées par<br />

le récit fait par <strong>les</strong> radios du calvaire <strong>de</strong> l'une d'entre el<strong>les</strong> qui<br />

avait mis sept heures pour rejoindre la clinique. Prise dans la<br />

tourmente, la voiture conduite par son mari ne s'était frayée un<br />

chemin que grâce à l'intervention d'un véhicule <strong>de</strong> service.<br />

Les neuf volontaires <strong>de</strong> "Off-Road Adventure" et leurs<br />

quatre Jeep n'étaient pas en peine pour se rendre uti<strong>les</strong>. Tout<br />

juste rentrés d'une mission, ils étaient dirigés vers un autre village,<br />

accompagnant parfois l'auto-chenillette servant d'ambulance,<br />

que l'on avait sorti <strong>de</strong> son garage pour <strong>les</strong> cas extrêmes.<br />

Leur tâche n'allait pas sans risques, ni angoisse. Deux<br />

d'entre-eux se sont ainsi retrouvés bloqués pendant quatre<br />

heures sous un mur <strong>de</strong> neige, dans le noir et le froid, avec une<br />

femme pouvant accoucher à tout moment à bord <strong>de</strong> leur véhicule,<br />

la situation étant sauvée par <strong>de</strong>s villageois alertés par<br />

téléphone mobile.<br />

Après avoir réalisé quinze missions avec succès et secouru<br />

autant <strong>de</strong> personnes, nuit et jour pendant 48 heures, <strong>les</strong><br />

jeunes Bucarestois ont regagné la capitale le dimanche soir…<br />

pour reprendre leur travail le len<strong>de</strong>main matin.<br />

Vente <strong>de</strong> nouveaux nés roumains à Chypre<br />

Un gynécologue chypriote <strong>de</strong> 42 ans a été condamné à 7000 (46 000 F) d'amen<strong>de</strong> par un tribunal <strong>de</strong> Nicosie, pour<br />

avoir vendu quatre nouveaux nés roumains à <strong>de</strong>s coup<strong>les</strong> sans enfant, ce qui lui avait rapporté 30 000 (200 000 F).<br />

Il avait été arrêté pour trafic <strong>de</strong> faux papiers alors qu'il remettait un nourrisson <strong>de</strong> trois jours à un couple grec, lequel<br />

avait acquitté 18 000 (120 000 F), plus <strong>les</strong> frais médicaux. La mère <strong>de</strong> l'enfant, qui était venue accoucher dans son établissement,<br />

avait reçu 2800 (18 000 F). Le trafic d'enfants reste une pratique quasiment impunie à Chypre, du fait <strong>de</strong> lacunes dans la législation<br />

sur <strong>les</strong> adoptions.<br />

22 19


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU<br />

<br />

MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ SF. GHEORGHE<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

FOCSANI<br />

<br />

GALATI<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

22 20<br />

CRAIOVA<br />

KOSLODUI <br />

PITESTI <br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Mendiants pour jouer<br />

aux jeux vidéo<br />

Près <strong>de</strong> 250 enfants, âgés <strong>de</strong> dix à<br />

quinze ans, ont été repérés par la<br />

police <strong>de</strong> Iasi en train <strong>de</strong> mendier<br />

dans <strong>les</strong> rues, l'an passé. Ils ont<br />

confié qu'ils se livraient à cette pratique<br />

pour pouvoir fréquenter <strong>les</strong><br />

cafés Internet et jouer aux jeux vidéo,<br />

leur parents ne leur donnant pas d'argent<br />

<strong>de</strong> poche. Certains ont même<br />

avoué qu'ils avaient volé pour pouvoir<br />

s'offrir une heure <strong>de</strong> jeux, dont le prix<br />

coûte 0,5 (3 F). La police a averti<br />

<strong>les</strong> parents qu'ils seraient eux-mêmes<br />

verbalisés si leurs enfants étaient<br />

repris sur le fait.<br />

Fréquenter <strong>les</strong> cafés Internet est<br />

<strong>de</strong>venu plus qu'une mo<strong>de</strong>, une véritable<br />

psychose. Les enfants viennent<br />

le plus souvent en groupe <strong>de</strong> 3 à 5 et<br />

se livrent <strong>de</strong>s batail<strong>les</strong> par conso<strong>les</strong><br />

interposées, l'ambiance restant toutefois<br />

calme. Les lieux sont bondés jusqu'à<br />

20 heures, mais c'est entre 11 h<br />

et 16 h qu'ils sont le plus fréquentés,<br />

<strong>les</strong> élèves "séchant" leurs cours pour<br />

venir y jouer. Des enfants fuguent <strong>de</strong><br />

l'orphelinat pour <strong>les</strong> rejoindre. Internet<br />

n'a plus <strong>de</strong> secrets pour eux. Même<br />

<strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents venant <strong>de</strong> la campagne<br />

s'y mettent rapi<strong>de</strong>ment, rattrapant<br />

en un ou <strong>de</strong>ux mois leurs camara<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la ville.<br />

Bureaux pour Tsiganes<br />

Des bureaux départementaux pour<br />

<strong>les</strong> Tsiganes vont être mis en place<br />

dans <strong>les</strong> préfectures, ayant pour mission<br />

d'élaborer le plan d'action "Roms<br />

20<strong>01</strong>-2004" et <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong> la<br />

coordination <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong>s<br />

conseillers pour cette communauté au<br />

niveau <strong>de</strong>s mairies. Ils comprendront<br />

à la fois <strong>de</strong>s Tsiganes et <strong>de</strong>s spécialistes<br />

<strong>de</strong> leurs problèmes.<br />

<br />

Evénements<br />

Société<br />

L'afflux en masse d'immigrants <strong>de</strong>s anciens pays communistes au Portugal<br />

s'est accompagnée <strong>de</strong> l'implantation <strong>de</strong>s mafias <strong>de</strong> l'Est qui se livrent à l'extorsion<br />

<strong>de</strong> fonds et à <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> violence sur leurs compatriotes. Pour la<br />

première fois, 25 membres présumés <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong> ces organisations criminel<strong>les</strong>, dont 14<br />

Moldaves, ont été traduits en justice à Lisbonne, le procès ayant été entouré <strong>de</strong><br />

mesures <strong>de</strong> sécurité exceptionnel<strong>les</strong>.<br />

Le Portugal avait adopté en janvier 20<strong>01</strong> un décret-loi permettant d'accor<strong>de</strong>r aux<br />

étrangers en situation irrégulière un permis <strong>de</strong> séjour d'un an, renouvelable pendant<br />

cinq ans, à condition qu'ils aient un contrat <strong>de</strong> travail.<br />

Sur <strong>les</strong> 131 000 immigrés clan<strong>de</strong>stins dont le Portugal a régularisé la situation en<br />

20<strong>01</strong>, plus <strong>de</strong> 70 000 sont originaires <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est, dont un fort contingent<br />

d'Ukrainiens (45 000), <strong>de</strong>s Moldaves (9000), <strong>de</strong>s Roumains (7500) et <strong>de</strong>s Russes<br />

(5000). Pourtant plus qualifiés que l'immigration brésilienne et africaine habituelle, ils<br />

travaillent dans le bâtiment et <strong>les</strong> travaux publics.<br />

Il resterait 60 000 clan<strong>de</strong>stins dans le pays, <strong>les</strong> filières criminel<strong>les</strong>, très organisées,<br />

continuant à <strong>les</strong> acheminer, percevant à chaque étape une substantielle rémunération<br />

et prélevant leur dîme sur place, même si tous <strong>les</strong> arrivants ne tombent pas dans leurs<br />

griffes. Bon nombre d'entre eux se dirigent vers <strong>les</strong> bourga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'intérieur du pays<br />

pour tenter d'échapper aux mafias qui sévissent dans <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>.<br />

Accord avec la Roumanie<br />

Portugal : l'arrivée<br />

<strong>de</strong>s immigrants <strong>de</strong> l'Est<br />

attire <strong>les</strong> mafias<br />

Ce trafic est d'autant plus profitable que le secteur du BTP, souvent montré du<br />

doigt pour sa propension à employer <strong>de</strong>s clan<strong>de</strong>stins sans contrat <strong>de</strong> travail, estime<br />

qu'il a besoin <strong>de</strong> 10 000 à 20 000 travailleurs étrangers supplémentaires. Le Portugal<br />

connaît une situation <strong>de</strong> quasi plein emploi alors qu'il doit encore construire dix sta<strong>de</strong>s<br />

pour accueillir l'Euro 2004, le championnat européen <strong>de</strong> football.<br />

Mais le gouvernement portugais veut désormais favoriser l'immigration légale et<br />

stopper <strong>les</strong> régularisations afin <strong>de</strong> décourager <strong>les</strong> filières clan<strong>de</strong>stines. Il a déjà passé<br />

<strong>de</strong>s accords avec la Roumanie et la Russie afin <strong>de</strong> favoriser l'octroi <strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> travail<br />

délivrés dans le pays d'origine, et négocie avec <strong>les</strong> autres.<br />

France : <strong>les</strong> petits pilleurs <strong>de</strong> parcmètres<br />

"reconvertis" à la prostitution<br />

Certains mineurs roumains qui<br />

pillaient <strong>les</strong> parcmètres <strong>de</strong><br />

Paris sont contraints <strong>de</strong> se<br />

prostituer <strong>de</strong>puis l'été <strong>de</strong>rnier, note la<br />

mission française d'information parlementaire<br />

sur l'esclavage mo<strong>de</strong>rne. Cette<br />

"reconversion" est due au développement<br />

du paiement par cartes qui a rendu le trafic<br />

beaucoup moins rentable pour <strong>les</strong><br />

réseaux exploitant ces jeunes.<br />

Elle illustre la capacité d'adaptation<br />

<strong>de</strong>s filières et le passage progressif d'enfants<br />

contraints à la délinquances vers<br />

l'exploitation sexuelle, constituant un<br />

danger latent, y compris en province.<br />

Selon <strong>les</strong> différentes estimations, <strong>de</strong><br />

140 à 400 jeunes Roumains se sont livrés<br />

au pillage <strong>de</strong>s horodateurs, <strong>de</strong>puis début<br />

2000. Au premier trimestre 20<strong>01</strong>, la police<br />

avait enregistré 300 000 effractions<br />

sur <strong>les</strong> quelques 7500 parcmètres <strong>de</strong> la<br />

capitale, pour un préjudice évalué au<br />

minimum à un millions d'euros (6,5 MF).<br />

Ces enfant n'ont parfois que 9 ou 10<br />

ans, en tous cas toujours moins <strong>de</strong> seize<br />

ans pour ne pas pouvoir être tenus responsab<strong>les</strong><br />

pénalement et être relâchés. Ils<br />

sont recrutés dans le Maramures, contre<br />

<strong>de</strong> l'argent versé aux parents. Logés le<br />

plus souvent en banlieue, dans <strong>de</strong>s<br />

immeub<strong>les</strong> abandonnés, <strong>de</strong>s squats ou<br />

<strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> gens du voyage, ils doivent<br />

gagner au minimum 230 (1500 F) par<br />

jour, sous peine <strong>de</strong> sévices corporels.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Santé<br />

Ala fin 2000, le nombre <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> syphilis avait<br />

doublé en Roumanie, par rapport à 1990. La prévalence<br />

<strong>de</strong> la maladie est passée <strong>de</strong> 19,8 cas pour<br />

cent mille habitants à 45, soit dix mille personnes infectées à<br />

travers le pays, dont 4600 pour la seule année 2000. Bucarest<br />

se plaçait en tête, avec 1361 nouveaux cas, suivi <strong>de</strong> Constantsa<br />

(753), Galati (448), Iasi (397), Cluj (3<strong>03</strong>), le département <strong>de</strong><br />

Covasna (Sfântu Gheorghe) fermant la marche (36). Un mé<strong>de</strong>cin<br />

<strong>de</strong> Bucarest qui, jusqu'ici, n'avait enregistré dans son service<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>rmato-vénérologie d'un hôpital que <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong><br />

syphilis congénitale en a dénombré 161 parmi <strong>les</strong> nouveaux<br />

nés, en 2000.<br />

Encore, d'après <strong>les</strong> spécialistes, ces chiffres sont-ils en<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> la réalité, <strong>les</strong> personnes atteintes ne consultant pas<br />

forcément leurs mé<strong>de</strong>cins. Près <strong>de</strong>s trois quarts d'entre-el<strong>les</strong> ne<br />

sont dépistées qu'à un sta<strong>de</strong> avancé <strong>de</strong> la maladie, par hasard,<br />

à la faveur d'un examen portant sur autre chose.<br />

Les causes <strong>de</strong> cette recru<strong>de</strong>scence sont à mettre au débit <strong>de</strong><br />

l'insuffisance <strong>de</strong> l'éducation sexuelle et <strong>de</strong> l'usage du préservatif,<br />

mais aussi <strong>de</strong> l'échange grandissant <strong>de</strong> partenaires et du<br />

développement <strong>de</strong> la prostitution.<br />

Environnement<br />

Koslodui : la centrale<br />

nucléaire qui fait peur<br />

Depuis la chute du communisme,<br />

la centrale nucléaire<br />

bulgare <strong>de</strong> Koslodui, <strong>de</strong><br />

type Tchernobyl, fait peur aux occi<strong>de</strong>ntaux<br />

mais aussi à ses voisins, au premier<br />

rang <strong>de</strong>squels se trouve la<br />

Roumanie. Cette centrale, vétuste,<br />

située au bord du Danube, à 70 km au<br />

sud <strong>de</strong> Craiova, fournit 40 % <strong>de</strong> son<br />

électricité à la Bulgarie.<br />

Sofia a accepté, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l'UE pour raison <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong> fermer<br />

avant 20<strong>03</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux plus anciens réacteurs,<br />

<strong>de</strong> 440 MW chacun. Mais le nouveau<br />

prési<strong>de</strong>nt bulgare, Gueorgui<br />

Paravanov, un ancien communiste,<br />

exhorte son gouvernement à être ferme<br />

dans <strong>les</strong> négociations pour la fermeture<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tranches suivantes, proposant<br />

2008 comme échéance, alors que l'UE<br />

souhaite 2006. Outre ces quatre réacteurs,<br />

Koszlodui compte <strong>de</strong>ux tranches<br />

plus mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> 1000 MW chacune.<br />

Bruxel<strong>les</strong> a toutefois un atout <strong>de</strong> poids<br />

pour faire prévaloir son point <strong>de</strong> vue :<br />

<strong>les</strong> 100 M (6,5 milliards <strong>de</strong> F) qu'elle<br />

a promis en cas d'accord.<br />

Société<br />

Les cas <strong>de</strong> syphilis ont doublé en dix ans<br />

Lors <strong>de</strong> Boboteaza, un prêtre bénit <strong>les</strong><br />

eaux en y jetant un crucifix...<br />

Parmi la population la plus touchée, on trouve <strong>les</strong> chauffeurs<br />

<strong>de</strong> poids lourds, <strong>les</strong> soldats, <strong>les</strong> détenus, <strong>les</strong> personnes<br />

marginalisées par la pauvreté, <strong>les</strong> Tsiganes, <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents<br />

placés en institution, <strong>les</strong> prostituées. Une campagne <strong>de</strong> prévention<br />

doit être lancée à leur intention, mais <strong>de</strong>s voix <strong>de</strong> plus<br />

en plus nombreuses s'élèvent, notamment au Parlement, pour<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la légalisation <strong>de</strong> la prostitution et l'ouverture <strong>de</strong><br />

maisons closes contrôlées sanitairement.<br />

Selon la ministre <strong>de</strong> la Santé, Angela Bartos, un carnet<br />

<strong>de</strong> santé, obligatoire pour tous <strong>les</strong> Roumains,<br />

sera introduit à partir <strong>de</strong> cette année. Leurs titulaires<br />

<strong>de</strong>vront être enregistrés auprès d'un mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille, sous<br />

peine <strong>de</strong> ne plus bénéficier <strong>de</strong> traitements, sauf pour <strong>les</strong> cas <strong>de</strong><br />

maladies contagieuses ou transmissib<strong>les</strong>, présentant un danger<br />

<strong>de</strong> contamination. La gratuité totale <strong>de</strong>s traitements sera accordée<br />

pour <strong>les</strong> vaccinations, <strong>les</strong> grossesses, <strong>les</strong> soins aux enfants,<br />

le dépistage <strong>de</strong> la tuberculose.<br />

Dans plusieurs endroits du pays, à<br />

l'occasion <strong>de</strong> "Boboteaza", la<br />

célébration du baptême du Christ,<br />

le 6 janvier, <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> orthodoxes ont renoué<br />

avec une tradition qui remonte à avant Mihaï<br />

Viteazul et n'était plus pratiquée <strong>de</strong>puis le départ du Roi Michel. Cette année, cette<br />

date tombait un dimanche. A Bucarest, après la messe, plus d'un millier <strong>de</strong> paroissiens<br />

du quartier <strong>de</strong> Grozavesti se sont rendus en procession près du pont sur la Dimbovita.<br />

Là, le prêtre a lancé dans la rivière une croix pour bénir ses eaux. Par moins dix<br />

<strong>de</strong>grés, cinq courageux nageurs, se sont lancés afin <strong>de</strong> la récupérer, se livrant une<br />

farouche bataille pour s'en emparer, le gagnant<br />

étant assuré <strong>de</strong> bonne fortune et <strong>de</strong> sagesse<br />

pendant l'année, et recevant un million <strong>de</strong> lei<br />

(40 , 250 F), <strong>les</strong> autres, la moitié.<br />

Autrefois, pendant la semaine suivante, <strong>les</strong><br />

femmes étaient invitées à ne pas faire <strong>de</strong> <strong>les</strong>sive,<br />

<strong>de</strong> crainte <strong>de</strong> souiller <strong>de</strong> l'eau qui avait<br />

peut-être reçue l'onction. Les fidè<strong>les</strong> se sont<br />

ensuite dirigés vers la cathédrale <strong>de</strong>vant<br />

laquelle huit tonneaux d'eau ont été bénits en<br />

présence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux évêques, avant une distribution<br />

générale. Il fallait patienter trois heures<br />

Institution du carnet <strong>de</strong> santé<br />

Religion<br />

“Boboteaza” :<br />

eaux glacées et bénites<br />

...que <strong>de</strong>s plongeurs s’efforcent<br />

<strong>de</strong> ramener sur la terre,<br />

le vainqueur étant recompensé.<br />

pour remplir le récipient apporté, souvent une bouteille <strong>de</strong> tsuika ou <strong>de</strong> bière, un verre<br />

<strong>de</strong> moutar<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> ketchup. Une croix en glace avait été dressée sur <strong>les</strong> lieux.<br />

Cette cérémonie s'est répétée dans plusieurs autres vil<strong>les</strong>, sur le Danube, le Siret,<br />

dans le port <strong>de</strong> Constantsa. A Focsani, <strong>les</strong> chasseurs ont tiré <strong>de</strong>s salves au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

rivière, <strong>les</strong> enfants poussant <strong>de</strong>s cris stri<strong>de</strong>nts, pour chasser <strong>les</strong> mauvais esprits.<br />

22 21


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22<br />

<br />

BAIA<br />

MARE<br />

<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

ARAD<br />

TARGU MURES<br />

<br />

IASI<br />

<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

BRAILA <br />

<br />

PITESTI <br />

PLOIESTI<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTAN-<br />

<br />

Les dix face-à-face<br />

La première rencontre <strong>de</strong> football<br />

entre la France et la Roumanie<br />

remonte à 1932 et s'est déroulée à<br />

Bucarest, <strong>les</strong> Roumains l'emportant<br />

6 à 3. En 70 ans, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux équipes se<br />

sont affrontées dix fois, la France<br />

gagnant 6 fois, la Roumanie, 3 fois,<br />

un match nul étant enregistré. Les<br />

Français ont dû attendre 1969 pour<br />

s'imposer. Ils ont disputé six matchs à<br />

domicile, <strong>les</strong> Roumains, trois, chaque<br />

sélection ayant remporté une victoire<br />

à l'extérieur. Au total, <strong>les</strong> Français ont<br />

marqué 14 buts et en ont encaissé<br />

12, <strong>les</strong> Roumains l'inverse. Si <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux équipes se sont affrontées lors<br />

du championnat d'Europe <strong>de</strong>s nations<br />

<strong>de</strong> 1996 (éliminatoires puis phase<br />

finale), el<strong>les</strong> n'ont jamais été adversaires<br />

en coupe du mon<strong>de</strong>. La <strong>de</strong>rnière<br />

victoire <strong>de</strong> la Roumanie sur la<br />

France remonte à 30 ans.<br />

12 juin 1932 (Bucarest) :<br />

Roumanie 6 - France 3<br />

22 mars 1967 (Paris) : France 1 -<br />

Roumanie 2<br />

30 avril 1969 (Paris) : France 1 -<br />

Roumanie 0<br />

20 avril 1970 (Reims) : France 2 -<br />

Roumanie 0<br />

8 avril 1972 (Bucarest) :<br />

Roumanie 2 - France 0<br />

23 mars 1974 (Paris) : France 1 -<br />

Roumanie 0<br />

8 octobre 1974 (Saint-Etienne) :<br />

France 0 - Roumanie 0 (match aller<br />

<strong>de</strong>s éliminatoires du Championnat<br />

d'Europe <strong>de</strong>s Nations <strong>de</strong> 1996)<br />

10 octobre 1995 (Bucarest) :<br />

Roumanie 1 - France 3 (retour)<br />

9 juin 1996 (Newcastle) : France 1<br />

- Roumanie 0 (phase finale en<br />

Angleterre).<br />

13 février 20<strong>01</strong> (Paris) : France 2 -<br />

Roumanie 1.<br />

Sports<br />

Société<br />

Tricolores (bleux-blancs-rouges)… contre Tricolorii (rosu-galben-albastru,<br />

rouge-jaune-bleu) : l'affiche était alléchante au Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> France, le 13<br />

février. Les Français avaient choisi <strong>les</strong> Roumains, éliminés <strong>de</strong> la coupe du<br />

mon<strong>de</strong>, comme sparring-partner en vue du grand ren<strong>de</strong>z-vous qui <strong>les</strong> attend en juin<br />

prochain en Corée du Sud et au Japon.<br />

Devant 80 000 spectateurs, dont 3000 supporters roumains, ce match <strong>de</strong> préparation<br />

a tenu toutes ses promesses, malgré une pluie battante. Les hommes <strong>de</strong> Anghel<br />

Iordanescu, qui reprenait <strong>les</strong> comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la sélection roumaine après l'épiso<strong>de</strong><br />

Hagi, ont tenu la dragée haute à ceux <strong>de</strong> Roger Lemerre, ne s'inclinant que par 2 buts<br />

à un, s'offrant même le luxe <strong>de</strong> rater un penalty.<br />

Un violoniste qui déclenche un scandale national<br />

Tricolores contre Tricolorii<br />

L'affiche qui fâche<br />

Mais cette rencontre a été aussi l'occasion <strong>de</strong> mesurer une nouvelle fois le fossé<br />

<strong>de</strong> méconnaissance et d'incompréhension qui sépare <strong>les</strong> Français <strong>de</strong>s Roumains, et<br />

l'extrême sensibilité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur <strong>les</strong> sujets qui fâchent. Afin d'attirer le public,<br />

la Fédération Française <strong>de</strong> Football avait chargé une agence <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> réaliser<br />

une superbe affiche. Pour donner un caractère exotique à la rencontre, <strong>les</strong> champions<br />

du mon<strong>de</strong> y étaient flanqués d'un violoniste jouant <strong>de</strong> son instrument <strong>de</strong>vant un<br />

monastère <strong>de</strong> Bucovine.<br />

Immédiatement, l'ensemble <strong>de</strong> la presse roumaine a reconnu un Tsigane sous <strong>les</strong><br />

traits du musicien et a crié au scandale, déclenchant un véritable tollé dans tout le<br />

pays. Une nouvelle fois, montrant par là son inculture, la France amie assimilait et<br />

réduisait le peuple roumain aux Roms.<br />

"Est-ce qu'il viendrait aux Roumains l'idée<br />

<strong>de</strong> représenter <strong>les</strong> Français sous <strong>les</strong> traits d'un<br />

Maghrébin ?" se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> Roumains,<br />

atteints dans leur fierté. "Ce n'est pas la même<br />

chose" répliquent ces <strong>de</strong>rniers qui ignorent totalement<br />

<strong>les</strong> problèmes posés par la communauté<br />

tsigane en Roumanie et la détestable image qu'ils<br />

donnent du pays à l'étranger, dont tous ses habitants<br />

souffrent. Les Roumains se montrent d'autant<br />

plus ulcérés que <strong>les</strong> Français, d'une ignorance<br />

crasse sur le sujet, se posent volontiers en donneurs<br />

<strong>de</strong> leçons, <strong>les</strong> taxant en outre <strong>de</strong> racisme<br />

quand ils enten<strong>de</strong>nt leurs protestations.<br />

Délit <strong>de</strong> récidive<br />

Zinédine Zidane aux prises avec<br />

Cristian Chivu, lors <strong>de</strong> la rencontre<br />

amicale France-Roumanie, au Sta<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> France, le 13 février <strong>de</strong>rnier.<br />

L'affaire a été durement ressentie en<br />

Roumanie car il s'agit d'une récidive. En 1994, lors <strong>de</strong> la Coupe du mon<strong>de</strong> aux USA,<br />

après la brillante victoire <strong>de</strong> l'équipe emmenée par Hagi sur l'Argentine, l'une <strong>de</strong>s<br />

favorites <strong>de</strong> la compétition, le journaliste <strong>de</strong> l'Agence France Presse avait intitulé son<br />

article "Les virtuoses tsiganes ont ensorcelé <strong>les</strong> Argentins", titre qui avait été repris par<br />

l'ensemble <strong>de</strong> la presse française. Le scandale avait été énorme en Roumanie. Le<br />

Prési<strong>de</strong>nt Iliescu avait convoqué l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France, lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>s explications.<br />

Des Roumains vivant en France avaient exigé <strong>de</strong>s rectificatifs dans <strong>les</strong> journaux<br />

incriminés, <strong>les</strong> menaçant d'entamer une grève <strong>de</strong> la faim <strong>de</strong>vant leurs sièges. A<br />

Bucarest, <strong>les</strong> passants reconnaissant <strong>de</strong>s Français, peinés que <strong>de</strong>s amis puissent <strong>les</strong><br />

considérer ainsi, exprimaient leur incompréhension. Ces <strong>de</strong>rniers avaient beaucoup <strong>de</strong><br />

mal à leur expliquer que l'image <strong>de</strong>s Tsiganes chez eux était toute autre, revêtant un<br />

aspect romantique… et qu'il ne fallait peut-être pas exiger d'un chroniqueur sportif <strong>de</strong>s<br />

connaissances dépassant <strong>les</strong> limites d'un terrain <strong>de</strong> football.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Sports<br />

Leonard Doroftei a<br />

donné à la Roumanie<br />

son premier grand<br />

titre <strong>de</strong> champion du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

boxe, version WBA, en ravissant<br />

sa ceinture <strong>de</strong> diamant à<br />

son dépositaire, l'Argentin Raul<br />

Balbi, le 5 janvier à San Antonio<br />

(USA). Balbi, 28 ans, 48 victoires<br />

en 53 combats, défendait<br />

pour la première fois le titre <strong>de</strong>s<br />

mi-légers (62 kg), qu'il avait<br />

arraché au Français Julien Lorcy, trois mois plus tôt.<br />

Au terme d'un combat dramatique en douze reprises, <strong>de</strong>ux<br />

juges-arbitres sur trois ont accordé la victoire au Roumain, qui<br />

l'a emporté par un petit point d'écart (140-139). Le boxeur<br />

<strong>de</strong>meure invaincu chez <strong>les</strong> professionnels, avec 20 victoires,<br />

dont 7 par KO. B<strong>les</strong>sé à l'arca<strong>de</strong> sourcilière au début du combat,<br />

saignant abondamment, subissant le pressing <strong>de</strong> son<br />

adversaire, Doroftei s'est repris dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières reprises<br />

pour terminer déchaîné. Les juges ont finalement récompensé<br />

sa plus gran<strong>de</strong> agressivité et sa précision, 1083 coups distribués<br />

à son adversaire dont 476 arrivant à <strong>de</strong>stination, contre,<br />

respectivement, 927 et 325.<br />

Balbi a violemment contesté la décision et n'a pas remis sa<br />

ceinture <strong>de</strong> diamant au Roumain, déclarant l'avoir oubliée chez<br />

lui. Un match revanche <strong>de</strong>vrait avoir lieu, peut-être en<br />

Roumanie, tout dépendra <strong>de</strong> la bourse offerte. A San-Antonio,<br />

l'Argentin a reçu 200 000 (1,32 MF)… ce qui met le coup <strong>de</strong><br />

Les fédérations roumaines disposent<br />

d'un budget pour l'alimentation<br />

<strong>de</strong>s sportifs <strong>de</strong> haut<br />

niveau qui était, quotidiennement, en<br />

1999, <strong>de</strong> 7,5 (50 F), porté à 10 (65 F)<br />

pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s<br />

J.O. <strong>de</strong> Sydney. Ces sommes sont revenues<br />

à leur niveau initial ensuite, sans<br />

tenir compte <strong>de</strong> l'inflation (45 % en 2000,<br />

30 % en 20<strong>01</strong>), ce qui <strong>les</strong> a réduites respectivement<br />

à 3,7 (24 F) et 5,2 (34 F).<br />

Du coup, la saison passée, <strong>les</strong> athlètes<br />

se sont plaints <strong>de</strong> ne plus manger à<br />

leur faim. Cela a été particulièrement le<br />

cas chez <strong>les</strong> rameurs, dont la débauche<br />

d'énergie considérable exige en retour un<br />

apport en calories très important. Au<br />

cours d'une séance d'entraînement, ces<br />

sportifs éliminent <strong>de</strong> 2 à 3 litres <strong>de</strong> sueur,<br />

leur réhydratation nécessitant l'absorption<br />

<strong>de</strong> 3 à 4 litres d'eau minérale par jour.<br />

Pour faire <strong>de</strong>s économies, <strong>les</strong> entraî-<br />

Société<br />

Un boxeur <strong>de</strong> Ploiesti donne à la Roumanie<br />

son premier grand titre <strong>de</strong> champion du mon<strong>de</strong><br />

Léonard Doroftei : la rage <strong>de</strong> vaincre<br />

poing encaissé à 420 (2755 F). Son challenger s'est contenté<br />

<strong>de</strong> 55 000 (360 000 F), soit 170 (1110 F) l'œil au beurre<br />

noir, somme sur laquelle il a dû défalquer l'achat d'une paire<br />

<strong>de</strong> lunettes <strong>de</strong> soleil pour être présentable afin d'aller fêter son<br />

nouveau titre dans son pays natal, où il a été accueilli en héros.<br />

Haut comme trois pommes…<br />

mais doué d'une volonté farouche<br />

Originaire <strong>de</strong> Ploïesti, Leonard Doroftei, âgé <strong>de</strong> 31 ans, a<br />

déjà une longue carrière <strong>de</strong>rrière lui. L'ado<strong>les</strong>cent a commencé<br />

à boxer à 14 ans dans le club <strong>de</strong> sa ville. Deux ans plus tard,<br />

il était champion <strong>de</strong> Roumanie junior et s'attribuera cinq titres<br />

nationaux chez <strong>les</strong> seniors. Chez <strong>les</strong> amateurs, il décrochera<br />

<strong>de</strong>ux médail<strong>les</strong> <strong>de</strong> bronze, aux JO <strong>de</strong> Barcelone (1992) et<br />

d'Atlanta (1996), le titre <strong>de</strong> champion d'Europe en 1996 et <strong>de</strong><br />

champion du mon<strong>de</strong>, à Berlin en 1995, remportant 239 victoires<br />

et ne s'inclinant que 15 fois.<br />

Le boxeur a décidé <strong>de</strong> passer professionnel en 1997, à<br />

l'âge <strong>de</strong> 27 ans et est parti s'entraîner à Montréal, après avoir<br />

signé un contrat avec un agent canadien. Marié, père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

enfants, il espère acquérir la nationalité canadienne cette<br />

année, tout en <strong>de</strong>meurant très attaché à son pays. Petit gabarit<br />

(1,60 m), ayant une volonté exceptionnelle et faisant preuve<br />

d'intelligence du ring, il a saisi la première chance qui s'offrait<br />

à lui <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir champion du mon<strong>de</strong>. Doroftei dépasse ainsi<br />

dans la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> la boxe roumaine, Mihaï Leu, également<br />

champion du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moyens, en 1994, mais dans la version<br />

moins cotée <strong>de</strong> la WBC.<br />

Des rameurs qui ne mangent pas à leur faim<br />

neurs ont été obligés <strong>de</strong> couper celle-ci<br />

avec <strong>de</strong> l'eau du robinet et <strong>de</strong> rogner sur<br />

la nourriture. Le problème se pose moins<br />

pendant la saison pluvieuse ou froi<strong>de</strong>. La<br />

sudation est plus limitée, la consommation<br />

d'eau aussi… ce qui permet d'augmenter<br />

<strong>les</strong> portions dans <strong>les</strong> assiettes.<br />

Les rameurs roumains, hommes et<br />

femmes, ont ramené trois titres olympiques<br />

et <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> champion du mon<strong>de</strong> à<br />

leur pays, ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années.<br />

Collecte pour <strong>les</strong> rugbymen roumains Les nageurs privés <strong>de</strong> bassin<br />

Au cours du match <strong>de</strong> ligue anglaise opposant Newcastle à<br />

Sarencens, une collecte <strong>de</strong> matériel a été organisée pour venir en<br />

ai<strong>de</strong> aux joueurs roumains. 180 paires <strong>de</strong> chaussures, un jeu <strong>de</strong><br />

400 maillots et 240 shorts, 75 paires <strong>de</strong> protège-tibias et 55 ballons ont été<br />

récupérés et acheminés par British Airways, sponsor <strong>de</strong> Saracens. Les joueurs<br />

anglais avaient été effarés par la misère <strong>de</strong>s équipements <strong>de</strong> leurs collègues<br />

roumains, lors d'un match <strong>de</strong> coupe d'Europe récent, disputé à Bucarest.<br />

Nageurs et plongeurs roumains n'ont<br />

pas pu s'entraîner pendant <strong>de</strong>ux mois,<br />

le système <strong>de</strong> chauffage du seul bassin<br />

qui leur est réservé, étant tombé en panne et<br />

nécessitant <strong>de</strong> grosses réparations. Le bassin <strong>de</strong><br />

remplacement, sans entretien <strong>de</strong>puis trois ans,<br />

était également inutilisable.<br />

22 23


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 24<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

ORADEA<br />

SUCEAVA<br />

CLUJ<br />

HOREA <br />

ARAD<br />

<br />

TARGU<br />

MURES<br />

<br />

<br />

IASI<br />

<br />

HUNEDOARA<br />

BACAU<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Météo à l'oignon<br />

Pour prévoir le temps tout au long<br />

<strong>de</strong> l'année, <strong>les</strong> vieux Ceangaï, issus<br />

d'une minorité hongroise venue <strong>de</strong><br />

Transylvanie et installée dans la<br />

région <strong>de</strong> Bacau, ont leur métho<strong>de</strong>. A<br />

Noël, ils coupent en <strong>de</strong>ux un oignon,<br />

le décortiquent en douze morceaux,<br />

leur attribuant chacun un mois, qu'ils<br />

recouvrent <strong>de</strong> pincées <strong>de</strong> sel pendant<br />

une semaine.<br />

Au premier <strong>de</strong> l'an, <strong>les</strong> Ceangaï<br />

prédisent ainsi <strong>les</strong> mois pluvieux,<br />

ceux dont le sel est gorgé d'humidité,<br />

ou secs, quand il n'a pas bougé. Ce<br />

procédé, infaillible, selon leurs utilisateurs,<br />

était aussi employé, autrefois,<br />

dans plusieurs autres régions.<br />

Prendre sa peur<br />

en patience<br />

Les villages <strong>de</strong> la commune<br />

d'Horea dans <strong>les</strong> monts Apuseni, ont<br />

été mis en état d'alerte maximum<br />

pendant <strong>les</strong> grands froids du début<br />

<strong>de</strong> l'hiver, <strong>de</strong>s meutes <strong>de</strong> loups affamés<br />

rodant autour <strong>de</strong>s habitations.<br />

Les hurlements <strong>de</strong> ces animaux sauvages<br />

terrorisaient la population qui<br />

s'est calfeutrée dans <strong>les</strong> maisons,<br />

interdisant aux enfants <strong>de</strong> sortir,<br />

ramassant le bétail. Des chiens ont<br />

été dévorés.<br />

De mémoire <strong>de</strong> villageois, il faut<br />

remonter à longtemps pour retrouver<br />

une telle invasion <strong>de</strong> loups. Les températures<br />

sibériennes et <strong>les</strong> abondantes<br />

chutes <strong>de</strong> neige <strong>les</strong> ont fait<br />

sortir en nombre <strong>de</strong>s forêts, à la<br />

recherche <strong>de</strong> nourriture. Aucune<br />

autorisation <strong>de</strong> chasse n'ayant été<br />

accordée, <strong>les</strong> habitants ont dû<br />

prendre "leur peur en patience", en<br />

attendant l'arrivée du redoux.<br />

<br />

Insolite<br />

Société<br />

Gendarmes au grand cœur<br />

Quelle ne fut pas la surprise <strong>de</strong>s douze habitants <strong>de</strong> Plaietu, dans le département<br />

<strong>de</strong> Prahova, quand ils ont vu débarquer, le 24 décembre <strong>de</strong>rnier, le<br />

Père Noël, encadré <strong>de</strong> gendarmes… Dans ce village, recouvert en gran<strong>de</strong><br />

partie par <strong>les</strong> eaux du lac d'un barrage, seu<strong>les</strong> trois maisons restent habitées et on ne<br />

voit personne pendant <strong>de</strong> longs mois.<br />

Isolé, sans électricité, ni eau courante, Plaietu n'est accessible que par un mauvais<br />

chemin, impraticable en hiver, pério<strong>de</strong> où <strong>les</strong> trois famil<strong>les</strong> <strong>de</strong>meurant sur place sont<br />

coupées du reste du mon<strong>de</strong>, une barque assurant <strong>les</strong> liaisons quand le lac n'est pas gelé.<br />

La gendarmerie départementale a donc décidé <strong>de</strong> leur apporter un peu <strong>de</strong> réconfort,<br />

le général la commandant ayant troqué son uniforme contre le costume <strong>de</strong> Père<br />

Noël et distribuant à chacune ca<strong>de</strong>aux et mets pour <strong>les</strong> fêtes d'une valeur <strong>de</strong> 200<br />

(1350 F). Voyant ce personnage magique pour la première fois - on ne reçoit pas la<br />

télévision à Plaietu - une fillette <strong>de</strong> dix ans se montrait très intimidée et découvrait<br />

aussi bananes et oranges… ne sachant trop comment s'y prendre pour <strong>les</strong> éplucher.<br />

Internet<br />

Bonnes adresses sur le Net<br />

Bala<strong>de</strong> en Roumanie :<br />

Bucarest, Brasov et Sibiu<br />

On peut voyager à travers la Roumanie, en restant tranquillement chez soi,<br />

<strong>de</strong>vant son écran, pourvu que l'on dispose d'Internet. C'est une bala<strong>de</strong> virtuelle<br />

à travers le pays qui vous est proposée dans cette chronique… à<br />

vous <strong>de</strong> la transformer en réalité, lors <strong>de</strong> vos prochaines vacances !<br />

Commençons par Bucarest dont la vision ne s'arrête pas au palais du Parlement,<br />

ni à l'avenue <strong>de</strong> l'Union et ses immeub<strong>les</strong> sans âme, commandés par le "Conducator"<br />

à ses 700 architectes qui <strong>de</strong>vaient re<strong>de</strong>ssiner la capitale dont il rêvait. Déjà, un diaporama<br />

sur http://www.virtourist.com/europe/bucharest/ présente une autre face <strong>de</strong><br />

la ville et, pour vous faire définitivement changer d'avis sur cet univers glacé, il faut,<br />

avec http://www.geocities.com/tanyamurzin/postcards00.html, poursuivre la visite<br />

par une galerie photos . Maintenant vous avez une toute autre idée <strong>de</strong> Bucarest et vous<br />

ne pourrez plus jamais dire "qu'elle est une ville sans aucune valeur touristique" . Ces<br />

sites vous auront sans-doute donné envie <strong>de</strong> flâner dans ce qu'il reste <strong>de</strong> ce "petit<br />

Paris", tant vanté par l'écrivain et diplomate Paul Morand, dans <strong>les</strong> années 30. Voici<br />

un plan pour ne pas vous perdre : http://www.pmb.ro/.<br />

Dirigeons nous à présent vers la Transylvanie et plus précisément à Brasov, au<br />

cœur <strong>de</strong>s Carpates. Brrr…très froid l'hiver (- 25° en décembre <strong>de</strong>rnier), mais + 20°<br />

début février (à y perdre son slavon !). http://brasov.ro/ fourmille d'infos pratiques,<br />

avec un petit plus, la série <strong>de</strong> cartes posta<strong>les</strong> anciennes datant <strong>de</strong> la fin du XIXème<br />

siècle. A transmettre à vos amis par E-cards pour compléter leurs collections.<br />

Deux sites permettent <strong>de</strong> continuer la découverte <strong>de</strong> l'ancienne cité alleman<strong>de</strong>, en<br />

cours <strong>de</strong> restauration grâce à <strong>de</strong>s capitaux germaniques : http://www.brasovtravelgui<strong>de</strong>.ro/attractions/cita<strong>de</strong>l.htm<br />

et http://brasov.free.fr (site en français).<br />

Avec http://www.primsb.ro/internet/ro/start.html poussons maintenant notre<br />

voyage jusqu'à Sibiu. Le site officiel <strong>de</strong> la ville propose une galerie photos importante.<br />

Enfin, et plus surprenant, ce site très joli graphiquement conçu par un habitant <strong>de</strong><br />

Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> http://www.sibiu.f2s.com/. Il doit y avoir une Roumaine dans la<br />

confi<strong>de</strong>nce pour le faire avec tant d'amour !<br />

La suite <strong>de</strong> cette bala<strong>de</strong> dans le prochain numéro …<br />

Alain Defline<br />

Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site<br />

http://la<strong>roumanie</strong>.<strong>de</strong>-France.org,<br />

partenaire <strong>de</strong>s "Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie".


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Livres<br />

Les éditions Maisonneuve et Larose mettent à la disposition<br />

du public <strong>les</strong> contes roumains d'Arthur et<br />

Albert Schott, publiés pour la première fois dès<br />

1845, dans <strong>les</strong> pays germaniques et en allemand. L'œuvre existait<br />

également en français, mais n'étaient plus disponible à ce<br />

jour. Tout autant que ceux <strong>de</strong>s frères Grimm qui datent <strong>de</strong> la<br />

même époque, ces contes sont assurément <strong>de</strong>s classiques du<br />

genre. Dans la première moitié du XIXème siècle, inspirés justement<br />

par le travail <strong>de</strong> ces illustres conteurs qu'ils admirent, <strong>les</strong><br />

frères Schott retranscrivent <strong>de</strong>s récits issus du fonds légendaire<br />

<strong>de</strong> la Valachie, province danubienne qui constituera quelques<br />

années plus tard la Roumanie, par l'Union avec la Moldavie.<br />

Les <strong>de</strong>ux frères se partageaient le travail<br />

Les <strong>de</strong>ux frères se partagent le travail. Au cours <strong>de</strong> ses<br />

voyages, Arthur enregistre <strong>les</strong> récits merveilleux que lui font <strong>les</strong><br />

gens rencontrés sur place. Profitant d'un séjour <strong>de</strong> six ans dans<br />

le Banat occi<strong>de</strong>ntal, il se fera traduire "Le trésor <strong>de</strong> contes et<br />

récits qui ornait la mémoire <strong>de</strong> la vieille Valaque Florika" ou<br />

bien récupérera <strong>de</strong>s contes directement écrits en allemand<br />

comme ceux <strong>de</strong> "Monsieur Dragu<strong>les</strong>ku, un Valaque originaire<br />

d'Oravitza".<br />

Consciencieux, Arthur Schott se fait raconter à nouveau <strong>les</strong><br />

Deux ouvrages pourront être<br />

lus avec profit par ceux que<br />

l'ancienneté <strong>de</strong> la culture<br />

roumaine et son enracinement dans <strong>de</strong><br />

vieux fonds <strong>de</strong> pensée mythologique intéressent.L'un<br />

part à la recherche <strong>de</strong>s structures<br />

menta<strong>les</strong> révélées par <strong>les</strong> rituels qui<br />

se pratiquent encore dans <strong>les</strong> Carpates. Il<br />

s'agit <strong>de</strong> Mémoires <strong>de</strong>s Carpates <strong>de</strong> Jean<br />

Cuisenier, ethnologue rigoureux formé à<br />

l'école <strong>de</strong> Levy-Strauss, qui use <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong>s quasi scientifiques pour tenter<br />

<strong>de</strong> cerner une Roumanie millénaire.<br />

L'autre provient d'une romancière<br />

dont la démarche est fondée sur <strong>les</strong> sentiments<br />

que lui inspire un retour au pays<br />

après une longue absence. Il s'agit <strong>de</strong><br />

l'ouvrage, plus ancien, <strong>de</strong> Marthe<br />

Bibesco, intitulé Izvor, le pays <strong>de</strong>s<br />

sau<strong>les</strong> dont le propos tente <strong>de</strong> circonscrire<br />

une Roumanie éternelle afin <strong>de</strong> mieux<br />

la comprendre.<br />

Jean Cuisenier a parcouru la<br />

Roumanie à <strong>de</strong> nombreuses reprises,<br />

avant comme après la chute du commu-<br />

nisme. Ses pas l'ont conduit partout où<br />

existait du matériau ethnologique. C'est à<br />

dire en <strong>de</strong> nombreuses régions, notamment<br />

au Maramures, en Olténie et en<br />

Bucovine. Autant <strong>de</strong> régions rura<strong>les</strong> dans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> paysans ont conservé <strong>de</strong><br />

prodigieuses constructions <strong>de</strong> l'esprit…<br />

enchâssées dans la splen<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s grands<br />

rituels célébrant la vie, la mort, chantant<br />

le passage <strong>de</strong>s saisons et l'intervention<br />

<strong>de</strong>s saints.<br />

Aux observations scrupuleusement<br />

notées sur <strong>les</strong> fêtes, <strong>les</strong> obsèques, <strong>les</strong> travaux,<br />

l'habitat, la cuisine, <strong>les</strong> vêtements,<br />

etc… s'ajoutent <strong>de</strong> remarquab<strong>les</strong> photos<br />

en noir et blanc et quelques beaux textes<br />

qui témoignent largement <strong>de</strong> la poésie à<br />

l'œuvre dans ces campagnes roumaines.<br />

Jeter <strong>de</strong>s ponts avec <strong>les</strong> paysans<br />

Le livre <strong>de</strong> Marthe Bibesco, bien que<br />

différent et datant <strong>de</strong> 1947, est tout autant<br />

intéressant. L'émotion est souvent présente,<br />

notamment lorsque cette gran<strong>de</strong><br />

Connaissance et découverte<br />

Les " Contes roumains " <strong>de</strong>s frères Schott<br />

à nouveau disponib<strong>les</strong> en librairie<br />

A la poursuite du merveilleux et <strong>de</strong> l'imaginaire en Valachie<br />

histoires - comme un journaliste aujourd'hui, recoupe ses<br />

sources - puis peaufine sa première mouture. Albert, qui est<br />

resté en Allemagne, réalise alors un remaniement pru<strong>de</strong>nt mais<br />

fidèle au sujet, afin <strong>de</strong> satisfaire aux critères <strong>de</strong> la publication.<br />

Les frères Grimm considéraient que <strong>les</strong> contes ne sont en<br />

fait que "d'anciens mythes qu'on croyait perdus mais qui subsistent<br />

encore dans cette forme". Ils assuraient qu'ils venaient<br />

d'un fonds primitif commun développé à leur façon par chaque<br />

peuple. Pas étonnant alors <strong>de</strong> retrouver <strong>de</strong>s parentés étroites<br />

entre légen<strong>de</strong>s grecques, contes germaniques et roumains… et<br />

donc entre <strong>les</strong> contes <strong>de</strong>s frères Grimm et Schott, qu'une même<br />

i<strong>de</strong>ntité chrétienne a, par la suite, patinés quelque peu semblablement.<br />

Ainsi, comme le disent <strong>les</strong> frères Schott, <strong>les</strong> lecteurs pourront<br />

retrouver dans ces récits valaques "à côté <strong>de</strong> maint trait<br />

nouveau, maint visage <strong>de</strong>puis longtemps connu, mainte voix<br />

qui, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> jours <strong>de</strong> notre enfance, a fait notre joie". Le beau<br />

prince, le miroir magique, <strong>les</strong> enfants d'or, le diable et son écolier,<br />

la nymphe <strong>de</strong> la forêt, la sirène d'or, etc… entrent ainsi dans<br />

l'univers <strong>de</strong>s amateurs du merveilleux et <strong>de</strong> l'imaginaire.<br />

Bernard Camboulives<br />

Contes Roumains d'Arthur et Albert Schott, (traduit <strong>de</strong> l'allemand<br />

par Denise Modigliani). Nouv ed, Maissonneuve et Larose, 20<strong>01</strong><br />

Roumanie millénaire et Roumanie éternelle<br />

aristocrate roumaine, ayant choisi <strong>de</strong><br />

s'installer à Paris, s'aperçoit qu'elle doit sa<br />

richesse à l'extrême exploitation <strong>de</strong>s paysans<br />

qui vivent sur ses terres.<br />

Désireuse <strong>de</strong> jeter <strong>de</strong>s ponts avec ces<br />

<strong>de</strong>rniers, elle comprend vite qu'ils ne sont<br />

pas en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s propriétaires, mais<br />

"ailleurs, et loin, au fond <strong>de</strong>s âges". Des<br />

paysannes ignorantes vont ainsi lui permettre<br />

d'entrer dans un mon<strong>de</strong> rempli <strong>de</strong><br />

poésie. "La poésie abon<strong>de</strong>, coule <strong>de</strong> source,<br />

dès qu'on s'enfonce avec ce peuple<br />

dans la forêt enchantée qu'il habite". Ce<br />

sont <strong>les</strong> saisons <strong>de</strong> l'année et leurs rituels<br />

inchangés <strong>de</strong>puis bien longtemps qui servent<br />

<strong>de</strong> fil conducteur à ce beau livre <strong>de</strong><br />

Marthe Bibesco.<br />

B.C.<br />

Mémoire <strong>de</strong>s Carpates, Roumanie millénaire<br />

: un regard intérieur <strong>de</strong> Jean<br />

Cuisenier. Plon, 2000.<br />

Izvor, le pays <strong>de</strong>s sau<strong>les</strong>, la Roumanie<br />

éternelle <strong>de</strong> Marthe Bibesco. Christian <strong>de</strong><br />

Bartillat éditeur, 1994 (Plon, 1947).<br />

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

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BAIA MARE<br />

PASCANI<br />

ORADEA<br />

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TARGU <br />

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GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

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PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

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BUCAREST<br />

BRAILA <br />

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TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Se vendre pour<br />

du pain... ou<br />

<strong>de</strong> la brioche?<br />

Les anecdotes authentiques fourmillent<br />

sur l'écrivain, rapportées par<br />

ses proches, dont sa fille aînée,<br />

Profira Sadoveanu, aujourd'hui âgée<br />

<strong>de</strong> 96 ans, la seule <strong>de</strong> ses trois garçons<br />

et six fil<strong>les</strong> encore en vie.<br />

Au cours d'une promena<strong>de</strong> en<br />

ra<strong>de</strong>au sur la rivière Bistrita dans un<br />

cadre enchanteur qu'il n'a jamais eu<br />

l'occasion d'apprécier, l'auteur ne lève<br />

pas <strong>les</strong> yeux, absorbé par la partie<br />

d'échecs qu'il dispute. Quelques mois<br />

plus tard, ses accompagnateurs<br />

découvriront une <strong>de</strong>scription magnifique<br />

et minutieuse <strong>de</strong> l'endroit, dans<br />

un <strong>de</strong> ses romans.<br />

Devenu prési<strong>de</strong>nt du Présidium <strong>de</strong><br />

la Gran<strong>de</strong> Assemblée Nationale, sous<br />

le régime communiste, Sadoveanu<br />

reçoit un journaliste dans une maison<br />

fastueuse. On lui apporte un plateau<br />

garni <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> sandwichs,<br />

qu'il dévore, sauf le <strong>de</strong>rnier qu'il partage<br />

en <strong>de</strong>ux. "Vous voyez, je suis<br />

communiste… Je partage fraternellement<br />

tout ce que j'ai”, glisse-t-il à son<br />

interlocuteur qui ne sait quoi penser.<br />

Un <strong>de</strong> ses amis le rencontre et lui<br />

reproche d'avoir mis son talent à la<br />

disposition <strong>de</strong>s nouveaux maîtres du<br />

pays. "Un artiste ne doit pas se<br />

vendre " le sermonne-t-il. "Que veuxtu…<br />

Que ne ferait pas l'homme pour<br />

un bout <strong>de</strong> pain ? " se justifie<br />

Sadoveanu, s'attirant une réponse<br />

implacable : "Pour le pain peut-être.<br />

Mais pour toi, il s'agit <strong>de</strong> brioche" !<br />

Apiculteur averti, l'écrivain avait <strong>de</strong><br />

nombreuses ruches. Après la guerre,<br />

alors que tout manquait, un mé<strong>de</strong>cin<br />

ami vint quéman<strong>de</strong>r du miel pour un<br />

poète démuni et qui se mourrait.<br />

Sadoveanu lui remit un pot. Par politesse,<br />

le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>manda combien<br />

il <strong>de</strong>vait. "Voyez avec mon secrétaire"<br />

s'entendit-il répondre.<br />

<br />

Littérature<br />

Connaissance et découverte<br />

Compromis avec le pouvoir communiste,<br />

l'écrivain <strong>de</strong>meure une immense<br />

figure <strong>de</strong> la littérature roumaine<br />

Sadoveanu, metteur<br />

en scène <strong>de</strong> l'Histoire<br />

De son vivant, Mihaïl Sadoveanu<br />

(1880-1961), était souvent comparé<br />

au "Ceahlaul" pour la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong><br />

son œuvre. L'impressionnant massif montagneux<br />

<strong>de</strong>s confins <strong>de</strong> la Moldavie correspondait<br />

aussi bien au physique robuste <strong>de</strong> l'écrivain. A<br />

la fin <strong>de</strong> sa vie, <strong>les</strong> critiques ne lésinaient pas<br />

sur <strong>les</strong> superlatifs lyriques, qualifiant également<br />

le romancier <strong>de</strong> “Stefan cel Mare (Etienne le<br />

Grand ) <strong>de</strong> la littérature roumaine", ou <strong>de</strong><br />

"Troisième Mihaï <strong>de</strong> l'Histoire du Peuple roumain",<br />

après Mihaï Viteazul (Michel le Brave),<br />

premier unificateur <strong>de</strong> la Roumanie, et Mihaï<br />

Eminescu, le poète national.<br />

L'époque, il est vrai, se prêtait à la dithyrambe.<br />

Sadoveanu était <strong>de</strong>venu une importante figure du régime communiste, dont il<br />

présida le Présidium <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Assemblée Nationale <strong>de</strong> 1947 jusqu'à sa mort, en<br />

1961, jouissant <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> privilèges dus à son rang. Quelques années plus tard, dans<br />

un tout autre registre, <strong>les</strong> thuriféraires du pouvoir porteront aux nues un "Génie <strong>de</strong>s<br />

Carpates", également "Danube <strong>de</strong> la pensée", pour <strong>les</strong> résultats que l'on sait.<br />

Autant dire que la collaboration <strong>de</strong> l'écrivain avec <strong>les</strong> communistes lui attire<br />

aujourd'hui <strong>les</strong> foudres <strong>de</strong>s critiques dont la plume a été libérée, d'autant plus que le<br />

personnage était mesquin, connu pour son égoïsme notoire, et avait accumulé une <strong>de</strong>s<br />

plus gran<strong>de</strong>s fortunes du pays à l'époque. " Son œuvre a été surévaluée", "Sadoveanu<br />

a été utilisé par l'idéologie et en a aussi tiré profit", "Les commentateurs l'ont encensé<br />

parce qu'il fallait courber l'échine <strong>de</strong>vant l'appareil <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> du Parti"…<br />

sont quelques unes <strong>de</strong>s appréciations peu flatteuses que l'on peut lire à son sujet.<br />

Ses livres brûlés par <strong>les</strong> apprentis fascistes en 1937<br />

S'il était <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, Mihaïl Sadoveanu s'en offusquerait-il pour autant ? Le<br />

créateur <strong>de</strong> l'épopée du peuple roumain, inventeur du genre du roman historique dans<br />

son pays, a été au centre <strong>de</strong> controverses, tout au long <strong>de</strong> sa vie. D'obédience francmaçonne,<br />

grand maître d'une loge, il était voué aux gémonies par <strong>les</strong> apprentis fascistes<br />

légionnaires qui, en 1937, brûlèrent ses livres en place publique. Cet autodafé,<br />

aboutissement d'une campagne <strong>de</strong> presse, souleva l'indignation <strong>de</strong>s intellectuels, mais<br />

il annonçait aussi le temps <strong>de</strong>s épreuves pour le peuple roumain qui ne se terminera<br />

qu'un <strong>de</strong>mi-siècle après, avec la chute <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

Bien avant <strong>les</strong> flatteries excessives à venir ou une haine abjecte, l'écrivain savoura<br />

la reconnaissance émue et sincère que le peuple et le pays lui exprimèrent en 1930,<br />

lors <strong>de</strong> manifestations nationa<strong>les</strong> organisées à l'occasion <strong>de</strong> son cinquantième anniversaire,<br />

pour avoir su mettre en scène leur histoire.<br />

Cette époque, entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux guerres, fût la plus heureuse <strong>de</strong> sa vie. Sadoveanu,<br />

revenu du front, où il avait combattu avec le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> lieutenant, après avoir gagné ses<br />

galons contre <strong>les</strong> Bulgares dès 1913, s'installa avec sa famille à Iasi, dans l'ancienne<br />

maison <strong>de</strong> Kogalniceanu, historien et Premier ministre sous Cuza (1859-1866). Il y<br />

écrira trente romans, le quart <strong>de</strong> son œuvre qui en comporte cent vingt, dont Baltagul<br />

(La Hache), bouclée en <strong>de</strong>ux semaines, traduite en 24 langues, inspirée <strong>de</strong> la célèbre<br />

balla<strong>de</strong> populaire Mioritsa. Le personnage central en est une sorte <strong>de</strong> Hamlet féminin<br />

qui veut venger la mort <strong>de</strong> son mari.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

La communion <strong>de</strong> l'homme et la nature<br />

De sa table <strong>de</strong> travail, Sadoveanu embrasait du regard la<br />

Moldavie, <strong>de</strong> la rivière Prut au Ceahlaul. Chasseur et pêcheur<br />

passionné, il arpentait forêts et vallées. Cette communion <strong>de</strong><br />

l'homme et la nature se retrouve au détour <strong>de</strong> chaque page, tout<br />

comme l'auteur sait rendre l'atmosphère monotone <strong>de</strong>s villages,<br />

bourga<strong>de</strong>s, engourdis par l'hiver ou plongés dans la torpeur<br />

<strong>de</strong> l'été. Ce sera d'ailleurs le<br />

titre <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> ses romans, Locul<br />

un<strong>de</strong> nu s-a intimplat nimic (Le<br />

lieu où il ne s'est rien passé).<br />

Imprégné <strong>de</strong> son pays,<br />

Sadoveanu, a été un écrivain<br />

populaire, très publié et autant lu<br />

par un public <strong>de</strong> tous âges. Son<br />

œuvre est empreinte d'idées<br />

humanistes et généreuses, où<br />

perce parfois une pointe <strong>de</strong> morale,<br />

à vertu pédagogique comme<br />

dans Crâsma lui Mos Precu (Le<br />

bistrot du Père Precu).<br />

Sadoveanu y présente un pope<br />

ivrogne, connu pour ses frasques,<br />

allant jusqu'à baptiser un cheval<br />

dans une cave où il s'enivrait.<br />

Se reconnaissant sous <strong>les</strong> traits du personnage, un prêtre<br />

<strong>de</strong>s environs, après avoir envisagé <strong>de</strong> faire un procès, jugea<br />

plus pru<strong>de</strong>nt, "toute honte bue", <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sa mutation dans<br />

un village éloigné où le livre ne risquait pas <strong>de</strong> parvenir, tout<br />

en renonçant à son vice. Il viendra remercier l'écrivain<br />

quelques années plus tard.<br />

Abandonnant ses étu<strong>de</strong>s<br />

médiocres pour <strong>de</strong>venir écrivain<br />

Sadoveanu était très attaché à sa Moldavie natale. Il avait<br />

vu le jour le 5 novembre 1880, à Pascani, dans une famille<br />

bourgeoise. Son père était avocat et sa mère, fille <strong>de</strong> "razesi",<br />

paysans ayant <strong>de</strong> la terre. Contrairement à bien d'autres génies<br />

roumains, montrant une précocité stupéfiante, l'enfant ne<br />

brillait pas à l'école, redoublant à <strong>de</strong>ux reprises. Ses maîtres<br />

estimaient que son éducation rurale l'handicapait. Cela ne<br />

l'empêchera pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir plus tard docteur "honoris causa"<br />

<strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Iasi, ville dont il a dirigé le Théâtre national<br />

entre 1910 et 1919, et dont le grand lycée porte aujourd'hui son<br />

nom, et membre éminent <strong>de</strong> l'Académie roumaine.<br />

Jeune homme, il entreprit sans conviction <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

droit à Bucarest, sur <strong>les</strong> instances <strong>de</strong> son père, <strong>les</strong> abandonnant<br />

et n'exerçant jamais le métier <strong>de</strong> juriste. Mihaï Sadoveanu<br />

avait alors vingt ans. Il avait pris la décision difficile <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir<br />

écrivain et <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong> ses livres. Il ne s'agissait pas d'un<br />

coup <strong>de</strong> tête. Dès l'âge <strong>de</strong> seize ans, l'ado<strong>les</strong>cent avait voulu<br />

entreprendre une biographie <strong>de</strong> Stefan cel Mare, renonçant<br />

faute <strong>de</strong> <strong>document</strong>s, mais montrant là son goût prononcé pour<br />

<strong>les</strong> fresques historiques. Un an plus tard, il écrivait son premier<br />

ouvrage, sous le pseudonyme <strong>de</strong> "Mihaï din Pascani ".<br />

Sadoveanu collaborait à <strong>de</strong>s revues, <strong>de</strong>s journaux, y<br />

Connaissance et découverte<br />

côtoyait <strong>de</strong>s membres éminents <strong>de</strong> l'intelligentsia roumaine.<br />

Bien <strong>de</strong>s années après, il <strong>de</strong>viendra directeur d' "A<strong>de</strong>varul"<br />

("La vérité") et "Dimineata" ("Le Matin"), dénonçant dans ses<br />

artic<strong>les</strong> "le véritable visage <strong>de</strong> l'obscurantisme fasciste".<br />

Quatre romans, la même année<br />

Mais, en attendant il fallait vivre. Après s'être marié avec<br />

Ecaterina Bâlu, en 1904, dont il<br />

aura neuf enfants, le jeune auteur<br />

trouva une place <strong>de</strong> copiste à<br />

Bucarest. Décidément voué à être<br />

prolifique, il publia la même<br />

année quatre romans… Ce qui<br />

amènera le maître à penser <strong>de</strong><br />

cette époque, Nicolae Iorga, a<br />

baptisée 1904 "année<br />

Sadoveanu".<br />

Sa carrière était lancée.<br />

L'écrivain s'affirma alors comme<br />

un véritable conteur, avec une<br />

gran<strong>de</strong> capacité à écrire "authentique".<br />

Sous sa plume, boyards et<br />

iobagi (paysans serfs) s'expriment<br />

comme dans la vie. Avocats, soldats,<br />

curé, marchands, braconniers, voleurs sont plus vrais que<br />

nature. Sadoveanu est alors <strong>de</strong> plain pied dans la gran<strong>de</strong><br />

époque du roman réaliste. Dans Tara <strong>de</strong> dincolo <strong>de</strong> negura<br />

(Le pays d'outre-brouillard) pêcheurs, chasseurs <strong>de</strong><br />

Moldavie <strong>de</strong> Dobroudja prennent place au rythme <strong>de</strong>s saisons<br />

qui se succè<strong>de</strong>nt . Le poète <strong>de</strong> la nature qu'il est apparaît aussi<br />

avec Imparatia Apelor (L'Empire <strong>de</strong>s eaux), Valea<br />

Frumoasei (La vallée <strong>de</strong> la Belle).<br />

La maison <strong>de</strong> Sadoveanu, construite en 1842 par Mihail<br />

Kogalniceanu, homme politique <strong>de</strong> premier plan,<br />

et habitée un temps par le musicien George Enescu,<br />

est <strong>de</strong>venue aujourd’hui un musée consacré à l’écrivain.<br />

Reposant aux côtés d'Eminescu et Caragiale<br />

Toutefois, ce sont ses romans historiques qui assureront sa<br />

réputation. Sadoveanu crée le genre, le rend vivant, rapproche<br />

ainsi <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> l'histoire roumaines du public, ce<br />

qui en fait, même aujourd'hui, un auteur très important, toujours<br />

en bonne place dans <strong>les</strong> programmes scolaires.<br />

L'écrivain voit l'histoire comme une scène immense où se<br />

mêlent chefs <strong>de</strong>s voleurs et grands voïvo<strong>de</strong>s, dans <strong>de</strong>s décors<br />

d'épopées, mythes et légen<strong>de</strong>s, le lecteur ayant le sentiment <strong>de</strong><br />

participer aux plus beaux ou plus terrib<strong>les</strong> événements. Ainsi<br />

en est-il avec la trilogie Fratii J<strong>de</strong>ri (Les frères J<strong>de</strong>ri),<br />

vaillants chevaliers luttant aux côtés <strong>de</strong> Stefan cel Mare, le<br />

prince qui a repoussé <strong>les</strong> Turcs à quarante reprises, construisant<br />

autant <strong>de</strong> monastères pour remercier Dieu. Zodia<br />

Cancerului (Le signe du cancer) montre un autre visage <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> la Moldavie, néfaste celui- là, l'époque <strong>de</strong> Duca<br />

Voda, voïvo<strong>de</strong> corrompu, cruel et sans scrupu<strong>les</strong>.<br />

Même contesté aujourd'hui, il était naturel que le grand<br />

historien prenne place dans la mémoire <strong>de</strong>s Roumains…<br />

Mihaïl Sadoveanu, presque aveugle, mort le 19 novembre<br />

1961, à l'âge <strong>de</strong> 81 ans, repose dans le cimetière Bellu <strong>de</strong><br />

Bucarest, aux côtés <strong>de</strong> Mihaï Eminescu et Ion Luca Caragiale.<br />

Sa maison <strong>de</strong> Iasi a été transformé en musée.<br />

22 27


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

BAIA<br />

BISTRITA <br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

CHISINAU<br />

<br />

TARGU <br />

<br />

MURES<br />

<br />

IASI<br />

ARAD<br />

<br />

CLUJ <br />

<br />

BACAU<br />

DEVA<br />

SIGHISOARA<br />

<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

BRASOV<br />

<br />

22 28<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Pilote d'essai<br />

malgré lui<br />

Lors du <strong>de</strong>uxième salon aéronautique<br />

international <strong>de</strong> 1910, au Grand<br />

Palais, à Paris, soit seulement un an<br />

après que Louis Blériot ait traversé la<br />

Manche, beaucoup <strong>de</strong> visiteurs restèrent<br />

sceptiques <strong>de</strong>vant l'avion à réaction<br />

que Henri Coanda, alors âgé <strong>de</strong><br />

24 ans, exposait. Ils n'avaient jamais<br />

vu une machine aussi étrange, ni non<br />

plus entendu parler d'avion sans hélice.<br />

Autant dire qu'ils doutaient <strong>de</strong> le<br />

voir voler un jour…<br />

Touché par ces critiques, le jeune<br />

ingénieur fit transporter son invention<br />

à Issy <strong>les</strong> Moulineaux, à la fermeture<br />

<strong>de</strong> la manifestation, le 12 décembre,<br />

et entreprit <strong>de</strong> la vérifier, mais sans<br />

intention <strong>de</strong> voler. Henri Coanda ne<br />

savait d'ailleurs piloter que <strong>de</strong>s planeurs.<br />

Il mit le réacteur en route, le<br />

lassa chauffer quelques minutes et<br />

appuya sur le bouton commandant sa<br />

puissance. L'avion se mit à avancer<br />

et prit <strong>de</strong> la vitesse, <strong>de</strong>s flammes et<br />

<strong>de</strong> la fumée fusaient.<br />

Avant même qu'il ne réalise ce qui<br />

se passait, Coanda avait décollé.<br />

Effrayé par <strong>les</strong> flammes qui jaillissaient<br />

<strong>de</strong> toutes parts, il ne contrôla<br />

plus la machine, laquelle perdit vitesse<br />

et altitu<strong>de</strong> pour, quelques<br />

secon<strong>de</strong>s plus tard, s'écraser au sol<br />

et prendre feu. Le jeune homme fut<br />

éjecté… et s'en tira avec <strong>de</strong> légères<br />

brûlures et contusions. Il n'était pas<br />

harnaché, n'ayant pas eu l'intention<br />

<strong>de</strong> voler, ce qui lui évita d'être brûlé<br />

vif. Ce jour là, le premier avion à<br />

réaction du mon<strong>de</strong> avait volé et son<br />

pilote était aussi son inventeur! Mais,<br />

faute <strong>de</strong> financement, le génial<br />

Roumain dût renoncer à fabriquer un<br />

<strong>de</strong>uxième prototype.<br />

<br />

Sciences<br />

Connaissance et découverte<br />

Encore enfant, Henri Coanda (1886-1972)<br />

était attiré par tout ce qui touche au "plus<br />

lourd que l'air" et fasciné par le "miracle du<br />

vent". Ses parents ne se doutaient pas que leur second<br />

fils marcherait sur <strong>les</strong> pas <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci, en<br />

<strong>de</strong>venant l'un <strong>de</strong>s plus grands inventeurs <strong>de</strong> son temps,<br />

dont celui <strong>de</strong> l'aviation mo<strong>de</strong>rne, mettant au point un<br />

prototype avec trente ans d'avance sur son essor.<br />

Le jeune Henri, né à Bucarest le 7 juin 1886, passa<br />

une partie <strong>de</strong> son enfance avec ses quatre frères et <strong>de</strong>ux<br />

sœurs en France, où son père était attaché d'ambassa<strong>de</strong>.<br />

De retour en Roumanie, il acheva ses étu<strong>de</strong>s secondaires<br />

dans la capitale et à Iasi. Sorti officier d'artillerie<br />

<strong>de</strong> l'école militaire <strong>de</strong> Bucarest, il construisit dès l'âge <strong>de</strong> 19 ans, en 1905, un missile<br />

pour équiper <strong>les</strong> futurs avions <strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> son pays… alors que l'aviation militaire<br />

n'existait pas encore.<br />

Le jeune Roumain se spécialisa en suivant <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Liège, puis<br />

<strong>de</strong> l'école supérieure d'aéronautique <strong>de</strong> Paris dont il sortit avec le diplôme d'ingénieur<br />

en 1909. Mais il en savait déjà beaucoup plus que ses professeurs. Le savant Paul<br />

Painlevé et le célèbre Gustave Eiffel le prirent en amitié et l'aidèrent à construire un<br />

banc d'essai pour ses expériences. Il l'installa sur une locomotive filant à 90 km/h entre<br />

Paris et Saint Quentin, ce qui lui permit d'étudier <strong>les</strong> phénomènes <strong>de</strong> l'aérodynamisme,<br />

science dans laquelle il se spécialisera et dont il va <strong>de</strong>venir une sommité mondiale.<br />

Il filma ses essais avec une caméra <strong>de</strong> son invention et put ainsi affiner le profil <strong>de</strong>s<br />

ai<strong>les</strong> <strong>de</strong>s avions.<br />

"Ce garçon est né trente ans trop tôt" dira <strong>de</strong> lui Gustave Eiffel<br />

En décembre 1910, Henri Coanda, étonna <strong>les</strong> visiteurs du second salon international<br />

<strong>de</strong> l'aéronautique <strong>de</strong> Paris, en présentant un monoplan révolutionnaire, conçu<br />

dès 1905, mû par un moteur sans hélice, utilisant le principe <strong>de</strong>s futurs avions à réaction.<br />

Pour domestiquer <strong>les</strong> flammes qui jaillissaient le long du fuselage, il mit au point,<br />

après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s approfondies, une tuyère dont le principe est toujours utilisé aujourd'hui<br />

par <strong>les</strong> constructeurs aéronautiques.<br />

Dès 1916, l'inventeur conçut le principe d'un bi-réacteur placé à la queue <strong>de</strong><br />

l'avion, anticipant <strong>de</strong> quatre décennies la création <strong>de</strong> la fameuse "Caravelle", pour<br />

laquelle il sera d'ailleurs consulté. Mais toutes ces avancées <strong>de</strong> la science, en avance<br />

sur leur temps, n'aboutirent pas dans l'immédiat, faute <strong>de</strong> financement, ce qui fera dire<br />

à Gustave Eiffel, lui aussi passionné d'aérodynamisme, "Ce garçon est né trente ans<br />

trop tôt ".<br />

Père <strong>de</strong> la soucoupe volante<br />

Dès 1910, le génial inventeur<br />

avait mis au point le premier<br />

avion à réaction <strong>de</strong> l'histoire<br />

Henri Coanda : le passé,<br />

le présent et l'avenir <strong>de</strong> l'aviation<br />

Outre <strong>les</strong> nombreux avions qu'il mit au point, en Angleterre, à Bristol, ou pour <strong>de</strong>s<br />

constructeurs français, près <strong>de</strong> Paris, Henri Coanda développa aussi ses inventions<br />

dans le domaine militaire. En 1914, le canon sans recul voit le jour, puis <strong>les</strong> armes<br />

avec frein <strong>de</strong> recul, le viseur automatique pour avion. Près d'un <strong>de</strong>mi-siècle plus tard,<br />

en 1960, il réalisera pour le Pentagone une torpille sous marine indétectable, capable<br />

<strong>de</strong> filer à 160 km/h sans faire la moindre vague. La NASA s'entourera <strong>de</strong> ses conseils<br />

pour <strong>les</strong> missions Apollo.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Après vingt ans <strong>de</strong> travaux, Henri Coanda fera breveter en<br />

France, en 1934, l'une <strong>de</strong> ses 250 découvertes, portant sur la<br />

circulation d'un flui<strong>de</strong> à travers un autre. Baptisée <strong>de</strong>puis<br />

"Effet Coanda", elle donna naissance à la mécanique <strong>de</strong>s<br />

flui<strong>de</strong>s avec <strong>de</strong>s applications importantes ou inédites, comme<br />

la soucoupe volante, inventée l'année suivante par le Roumain,<br />

toujours en France, et appelée "Aerodina Lenticulara", mais<br />

aussi concernant la propulsion<br />

et la sustentation <strong>de</strong>s aéronefs,<br />

la réduction du bruit, l'amélioration<br />

du fonctionnement <strong>de</strong>s<br />

turbines à gaz, <strong>de</strong>s amplificateurs<br />

<strong>de</strong> flui<strong>de</strong>s, etc…<br />

S'inspirer <strong>de</strong>s cyclones<br />

A la fin <strong>de</strong> sa vie, le vieux<br />

savant se montrait insatisfait <strong>de</strong><br />

l'évolution <strong>de</strong> l'aéronautique. Il ne voyait dans <strong>les</strong> appareils<br />

mo<strong>de</strong>rnes guère plus que le perfectionnement <strong>de</strong>s avions en<br />

Henri Coanda aux cotés <strong>de</strong> son jeune protégé,<br />

l’américain Patrick Flanagan,<br />

un génie à sa dimension.<br />

Inventeur prolifique, Henri<br />

Coanda a déposé plus <strong>de</strong> 250 brevets,<br />

dont beaucoup n'avaient pas<br />

trait à son domaine <strong>de</strong> prédilection, l'aéronautique.<br />

Dès 1918, il mit au point le<br />

concept <strong>de</strong> maisons préfabriquées fondant,<br />

cinq ans plus tard, une société chargée<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> commercialiser. Le béton-bois,<br />

nouveau matériau qu'il avait créé, servant<br />

pour la décoration architecturale, fut utilisé<br />

pour orner entièrement le palais <strong>de</strong> la<br />

culture <strong>de</strong> Iasi, en 1925. De son imagination<br />

naquit <strong>les</strong> wagons et citernes en<br />

béton, <strong>les</strong> installations solaires pour <strong>de</strong>ssaler<br />

l'eau <strong>de</strong> mer.<br />

Le Roumain conçut également un<br />

appareil pour détecter la présence <strong>de</strong><br />

liqui<strong>de</strong>s ou flui<strong>de</strong>s dans le sol, efficace<br />

pour repérer <strong>les</strong> gisements <strong>de</strong> pétrole ou<br />

<strong>de</strong> gaz. Il construisit en mer, dans le<br />

Golfe Persique, <strong>de</strong>s réservoirs pour stocker<br />

le pétrole extrait, préfigurant <strong>les</strong><br />

plates-formes offshore.<br />

Ses nombreux voyages à travers le<br />

mon<strong>de</strong> l'amenèrent à s'intéresser <strong>de</strong> plus<br />

près à <strong>de</strong>ux régions, le Hunza, dans le<br />

nord du Pakistan, Vilcabamba en<br />

Equateur, où l'on vivait centenaire, sans<br />

maladies, ni caries <strong>de</strong>ntaires, leurs habitants<br />

se montrant pleins <strong>de</strong> vitalité. Ses<br />

observations le conduisirent à mettre en<br />

avant la qualité <strong>de</strong> l'eau potable, qu'il rapprocha<br />

du besoin vital <strong>de</strong> l'organisme <strong>de</strong><br />

cet élément, dont il est constitué à plus <strong>de</strong><br />

70 %.<br />

Pendant près <strong>de</strong> 60 ans, Henri<br />

Coanda se pencha sur ce phénomène, persuadé<br />

que se trouvait là la clé <strong>de</strong> la longévité.<br />

Il était capable d'analyser l'eau <strong>de</strong><br />

n'importe quelle région et <strong>de</strong> prédire la<br />

longévité <strong>de</strong>s populations.<br />

Associant un prodige américain<br />

<strong>de</strong> 17 ans à ses recherches<br />

Le savant s'efforça <strong>de</strong> reconstituer un<br />

"élixir <strong>de</strong> jouvence" qui aurait <strong>les</strong> mêmes<br />

qualités que l'eau <strong>de</strong> Hunza, associant à<br />

ses recherches un jeune Américain <strong>de</strong> 17<br />

ans dont il s'était pris <strong>de</strong> sympathie,<br />

Patrick Flanagan, qui se révéla par la<br />

Connaissance et découverte<br />

papier que <strong>les</strong> enfants font voler. L'inventeur préconisait <strong>de</strong><br />

changer totalement <strong>de</strong> conception, en s'appuyant sur le principe<br />

qu'il avait découvert, pour que <strong>les</strong> engins du futur décollent<br />

et atterrissent verticalement et se déplacent en volant. Il basait<br />

sa réflexion sur l'observation <strong>de</strong>s cyclones, <strong>de</strong> leur puissance et<br />

<strong>de</strong> leur déplacement. Henri Coanda était retourné dans son<br />

pays en 1970, pour y mourir <strong>de</strong>ux ans plus tard, à Bucarest, le<br />

25 novembre 1972, à l'âge <strong>de</strong> 86<br />

ans. Auparavant, en 1971, il<br />

avait fondé dans la capitale roumaine<br />

l'Institut <strong>de</strong> création<br />

scientifique et technique. Les<br />

Américains lui avaient rendu<br />

hommage, quelques années plus<br />

tôt, en affirmant que le<br />

Roumain était "le passé, le présent<br />

et l'avenir <strong>de</strong> l'aviation".<br />

Ses principa<strong>les</strong> inventions peuvent<br />

être vues au musée <strong>de</strong> technologie "Professeur Dimitrie<br />

Leonida" <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Henri Coanda exposa le premier prototype d’avion à réaction<br />

lors du <strong>de</strong>uxième Salon Aéronautique International <strong>de</strong> Paris,<br />

en 1910, suscitant le scepticisme <strong>de</strong>s visiteurs.<br />

Pendant soixante ans, le savant chercha à mettre au point<br />

son "eau miraculeuse", promise à <strong>de</strong>venir un élixir <strong>de</strong> jouvence<br />

suite un génie à sa dimension. A près <strong>de</strong><br />

80 ans, s'estimant trop vieux pour mener<br />

à bien ce travail, Henri Coanda lui confia<br />

le résultat <strong>de</strong> ses travaux.<br />

En 1997, Flanagan fut proposé pour<br />

le prix Nobel <strong>de</strong> biochimie pour ses<br />

découvertes dans le domaine <strong>de</strong> la nutrition.<br />

Grâce à l'apport <strong>de</strong> son vieil ami, il<br />

avait réussi à mettre au point une solution,<br />

la "Crystal Energy", qui, ajoutée à<br />

<strong>de</strong> l'eau distillée, reproduisait <strong>les</strong> qualités<br />

<strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> Hunza, mais aussi un antioxydant,<br />

la microhydrine, mille fois plus<br />

actif que <strong>les</strong> vitamines C, E ou le bétacarotène,<br />

et le <strong>de</strong>ntifrice "MicroBrite", première<br />

pâte alcaline du mon<strong>de</strong>, <strong>les</strong> autres<br />

étant jusqu'ici aci<strong>de</strong>s.<br />

Henri Coanda ne reçut jamais le Prix<br />

Nobel, comme aucun autre Roumain<br />

d'ailleurs. Il se contenta <strong>de</strong> l'Ordre<br />

National du Mérite que la France lui<br />

décerna, avec le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ur.<br />

Ce geste <strong>de</strong> reconnaissance alla droit au<br />

cœur du savant qui y avait passé la<br />

majeure partie <strong>de</strong> sa vie, installant une<br />

usine dans <strong>les</strong> environs <strong>de</strong> Poitiers en<br />

1939 et faisant l'acquisition d'un château<br />

dans la région, à Migné-Auxances, qu'il<br />

revendit en 1957. Il utilisera <strong>les</strong> nombreuses<br />

dépendances et <strong>les</strong> prés du<br />

domaine, pour faire <strong>les</strong> essais <strong>de</strong> prototypes<br />

munis <strong>de</strong> turbo-propulseurs, préfigurant<br />

<strong>de</strong>s hydroglisseurs et <strong>de</strong> futures<br />

soucoupes volantes.<br />

22 29


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 30<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

CLUJ <br />

BACAU <br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

FOCSANI<br />

<br />

GALATI<br />

TIMISOARA SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

La région <strong>de</strong> Vrancea<br />

au cœur <strong>de</strong>s séismes<br />

La zone sismogène <strong>de</strong> Vrancea<br />

(Focsani) a été le centre d'une centaine<br />

<strong>de</strong> secousses telluriques en un<br />

siècle, dont douze d'importance<br />

majeure qui ont affecté la moitié du<br />

pays. Située dans une région montagneuse<br />

<strong>de</strong>s Carpates orienta<strong>les</strong>, à<br />

150 km au nord-est <strong>de</strong> Bucarest, elle<br />

occupe une superficie <strong>de</strong> 2000 km2.<br />

Cette zone est au point <strong>de</strong> rencontre<br />

<strong>de</strong> trois plaques tectoniques,<br />

<strong>les</strong> plaques est européennes, subalpines<br />

et sub-carpatiques. Elle se<br />

trouve à l'origine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois<br />

tremblement <strong>de</strong> terre dévastateurs et<br />

meurtriers au cours <strong>de</strong> chaque siècle,<br />

se caractérisant le plus souvent par<br />

<strong>de</strong>ux fortes secousses successives,<br />

avec <strong>de</strong>s effets macro-sismiques sur<br />

un territoire important, dépassant largement<br />

<strong>les</strong> frontières du pays, et<br />

atteignant une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 60 à<br />

200 km.<br />

Ce fût sans doute le cas du plus<br />

important tremblement <strong>de</strong> terre <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> la Roumanie, remontant<br />

au 26 octobre 1802. Aucune échelle<br />

ne permettait à l'époque <strong>de</strong> mesurer<br />

son intensité - elle est estimée aujourd'hui<br />

à 7,8 ou 8 gra<strong>de</strong>s sur l'échelle<br />

<strong>de</strong> Richter - mais il fut ressenti jusqu'à<br />

Varsovie, Moscou, Saint-<br />

Pétersbourg, Belgra<strong>de</strong>, Budapest et<br />

Constantinople. Le 23 janvier 1838,<br />

un autre séisme violent et meurtrier,<br />

parti <strong>de</strong> Vrancea, toucha aussi la<br />

Grèce et l'Ukraine.<br />

Avec l'Italie, la Turquie, la<br />

Roumanie est considérée comme le<br />

pays européen le plus menacé et est<br />

classée dans <strong>les</strong> régions à haut<br />

risque, avec le Japon, la Californie, la<br />

Colombie…<br />

<br />

Mémoire<br />

Connaissance et découverte<br />

Voici un quart <strong>de</strong> siècle, le 4 mars 1977 au soir - il était 21h20 - La<br />

Roumanie subissait le tremblement <strong>de</strong> terre le plus <strong>de</strong>structeur <strong>de</strong> son histoire.<br />

D'une magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 7,4 gra<strong>de</strong>s sur l'échelle <strong>de</strong> Richter et d'une profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> 95 km, son épicentre se situait à 150 km au nord-est, dans la zone sismique<br />

<strong>de</strong> Vrancea (Focsani), qui provoque 95 % <strong>de</strong>s tremblements <strong>de</strong> terre du pays. Le séisme<br />

causa la mort <strong>de</strong> 1570 personnes, en b<strong>les</strong>sant 11 300, laissant 35 000 famille sans<br />

logements. Près <strong>de</strong> 200 immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 6 étages s'étaient effondrés ou étaient<br />

fortement endommagés, notamment <strong>les</strong> plus vieux qui n'avaient pas <strong>de</strong> structures<br />

métalliques et avaient déjà subi d'autres secousses.<br />

Ceausescu en profita pour faire place nette<br />

Des immeub<strong>les</strong> lézardés vacillaient, le centre <strong>de</strong> la capitale était trouée <strong>de</strong> crevasses<br />

béantes, vites cernées <strong>de</strong> hautes palissa<strong>de</strong>s qui soustrairont <strong>les</strong> dégâts à la vue<br />

du public. Ceux-ci furent estimés à <strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> l'époque, mais aucun<br />

chiffre ne sera donné.<br />

Les témoins se souviennent d'une nuit glaciale où "le ciel était rouge comme le<br />

sang", déchirée par <strong>les</strong> cris <strong>de</strong> désespoir <strong>de</strong>s rescapés ayant perdu leurs proches et <strong>les</strong><br />

plaintes inhumaines <strong>de</strong>s habitants ensevelis sous <strong>les</strong> décombres, écrasés ou mourant<br />

asphyxiés. Par chance, aucun incendie <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur ne se déclencha. Parmi <strong>les</strong><br />

victimes, on releva le nom d'artistes connus comme l'acteur Toma Caragiu, la chanteuse<br />

Doina Ba<strong>de</strong>a, le metteur en scène Alexandru Bocanet, l'écrivain Alexandru<br />

Ivasiuc.<br />

Les autorités communistes se montrèrent très avares d'informations sur la catastrophe<br />

et réagirent lentement, sans-doute pour cacher leur impéritie dans le domaine<br />

<strong>de</strong>s secours et <strong>de</strong> la prévention. Aucun rapport détaillant son étendue ne fût publié. Les<br />

Roumains ne <strong>de</strong>vineront l'ampleur <strong>de</strong> la catastrophe que par ouïe-dire, et au fil du<br />

temps. Mais Ceausescu profita <strong>de</strong> ce cataclysme pour lancer dans <strong>les</strong> années suivantes<br />

son programme bouleversant l'urbanisme et l'architecture du centre <strong>de</strong> la capitale, faisant<br />

disparaître <strong>de</strong>s quartiers entiers, <strong>de</strong>s églises. Place nette était faite pour son palais<br />

gigantesque et l'avenue qui lui fait face.<br />

En 1940, <strong>les</strong> Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Fer<br />

et <strong>les</strong> Allemands au secours <strong>de</strong>s survivants<br />

Plus <strong>de</strong> 1500 morts,<br />

35 000 famil<strong>les</strong> sans abri…<br />

Voici un quart <strong>de</strong> siècle, la Roumanie subissait<br />

son tremblement <strong>de</strong> terre le plus <strong>de</strong>structeur<br />

Bucarest, capitale à hauts risques<br />

Bucarest n'en était pas à son premier tremblement <strong>de</strong> terre. La ville a connu douze<br />

séismes majeurs au cours du XXème siècle, d'une magnitu<strong>de</strong> comprise entre 6,4 et 7,7<br />

gra<strong>de</strong>s, allant jusqu'à une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 150 km, ce qui fut le cas <strong>de</strong> celui du 10<br />

novembre1940, le plus fort. Son bilan fût moins lourd - tout <strong>de</strong> même 500 morts - <strong>les</strong><br />

constructions n'étant pas aussi hautes. Dix mille maisons et immeub<strong>les</strong> furent détruits<br />

ou sérieusement endommagés par une terrible secousse qui dura trois minutes, surprenant<br />

la population en plein sommeil, à trois heures du matin. Parmi eux, le célèbre<br />

hôtel Carlton, dont le spectaculaire effondrement <strong>de</strong> ses 14 étages, dotés pourtant<br />

d'une structure en béton armé, marqua <strong>les</strong> mémoires.<br />

Fraîchement installées dans le pays, <strong>les</strong> troupes alleman<strong>de</strong>s se montrèrent très<br />

actives, déblayant <strong>les</strong> édifices écroulés, dégageant <strong>les</strong> survivants. El<strong>les</strong> reçurent le renfort<br />

<strong>de</strong>s légionnaires <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer qui en tirèrent momentanément profit politiquement.<br />

Ce fut bien le seul moment où ces sympathisants fascistes gagnèrent la sympathie<br />

<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la capitale, reconnaissants, alors qu'ils partageaient le pouvoir<br />

avec le maréchal Antonescu, lequel <strong>les</strong> éliminera en janvier suivant.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Mémoire<br />

Au printemps 20<strong>01</strong>, une<br />

secousse sévère (5,3 sur<br />

l'échelle <strong>de</strong> Richter), a rappelé<br />

aux habitants <strong>de</strong> Bucarest qu'ils<br />

habitaient dans la capitale la plus exposée<br />

d'Europe. Une psychose s'est installée,<br />

faisant état <strong>de</strong> l'imminence d'un séisme<br />

dévastateur. La rumeur prenait appui<br />

sur la répétition <strong>de</strong> tels phénomènes, un<br />

autre tremblement (5,5 gra<strong>de</strong>s) ayant déjà affecté tout le su<strong>de</strong>st<br />

du pays, en avril 1999. Les <strong>de</strong>rniers tremblements sérieux<br />

enregistrés à Bucarest sont tout à fait présents dans <strong>les</strong> esprits<br />

puisqu'ils remontent seulement au 30 et 31 mai 1990 (6,9 et<br />

6,4 gra<strong>de</strong>s) et au 30 août 1986 (7,1 gra<strong>de</strong>s). Ils ne firent heureusement<br />

que <strong>de</strong>s dégâts matériels.<br />

Les scientifiques roumains ont tenu toutefois à rassurer<br />

leurs compatriotes : il n'y aura pas <strong>de</strong> tremblement <strong>de</strong> terre<br />

majeur en Roumanie avant 2006. Le scientifique base ses prévisions<br />

sur l'observation <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong>puis six sièc<strong>les</strong>,<br />

fiab<strong>les</strong> à 100 % selon lui, qui montrent que la fréquence minimum<br />

entre <strong>de</strong>ux séismes majeur est <strong>de</strong> 18,6 années. Toutefois,<br />

la probabilité d'un tremblement <strong>de</strong> terre d'une magnitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

6,8 à 7,6 gra<strong>de</strong>s entre cette date et 2<strong>01</strong>3 est estimée à 80 %.<br />

Bucarest est construite sur un<br />

sol sablonneux et <strong>de</strong>s marais.<br />

Seu<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ou trois collines<br />

<strong>de</strong> la capitale - le quartier Drumul Tabereï<br />

et celle sur laquelle a été construite le<br />

palais <strong>de</strong> Ceausescu - révèlent une<br />

consistance plus soli<strong>de</strong>. La capitale est<br />

donc particulièrement vulnérable aux<br />

tremblements <strong>de</strong> terre. Celui <strong>de</strong> 1977 a<br />

duré 1 mn 32. Pendant cinq secon<strong>de</strong>s, <strong>les</strong><br />

immeub<strong>les</strong> se sont soulevés <strong>de</strong> 1,96<br />

mètres, puis se sont déplacés <strong>de</strong> 3,92 m<br />

dans le sens nord-sud, et <strong>de</strong> 3,13 m dans<br />

celui est-ouest.<br />

Ce sont <strong>les</strong> quartiers du centre qui ont<br />

été <strong>les</strong> plus touchés, ceux où le régime<br />

avait logé l'intelligentsia du pays, dans <strong>de</strong><br />

beaux immeub<strong>les</strong> anciens, ce qui a<br />

conduit <strong>les</strong> Bucarestois a donné au séisme<br />

<strong>de</strong> 1977 le nom <strong>de</strong> "Tremblement <strong>de</strong><br />

luxe". Un ouvrage intitulé Les neuf pour<br />

l'éternité évoque le <strong>de</strong>stin tragique <strong>de</strong><br />

quelques uns <strong>de</strong> ses écrivains, musiciens,<br />

artistes disparus alors. Le plus célèbre<br />

était certainement Toma Caragiu. Une<br />

heure avant la terrible secousse, le comé-<br />

Connaissance et découverte<br />

Probabilité à 80 % d'un séisme<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> magnitu<strong>de</strong> avant 2<strong>01</strong>3<br />

Le Palais Victoria, siège du gouvernement,<br />

est un <strong>de</strong>s édifices <strong>les</strong> plus menacés,<br />

<strong>les</strong> autorités envisageant même <strong>de</strong> déménager.<br />

dien avait accepté un rôle dans un film<br />

intitulé "Un autobus pour la mort", blaguant<br />

avec le metteur en scène en lui<br />

<strong>de</strong>mandant s'il n'avait pas une autre <strong>de</strong>stination<br />

à lui proposer.<br />

Quatre autres artistes avaient convenu<br />

<strong>de</strong> faire la fête dans l'appartement <strong>de</strong><br />

l'un d'eux. Surpris par le séisme, ils dévalèrent<br />

<strong>les</strong> escaliers mais <strong>les</strong> murs du bâtiment<br />

s'effondrèrent sur eux, <strong>les</strong> écrasant,<br />

alors qu'ils atteignaient l'entrée. D'autres<br />

eurent plus <strong>de</strong> chance, comme la poétesse<br />

Ana Blandania, déjà suspectée par le<br />

régime à l'époque. Sortie promener son<br />

chien, elle retrouva son mari en pyjama<br />

dans la rue… alors qu'il dormait au septième<br />

étage.<br />

Popularité pour Ceausescu<br />

Pendant <strong>de</strong>s heures, la radio se tut. La<br />

première station à annoncer l'événement<br />

fût Radio Free Europe, la radio anti-communiste<br />

<strong>de</strong>s Occi<strong>de</strong>ntaux, basée à<br />

Munich, que <strong>les</strong> Roumains écoutaient<br />

clan<strong>de</strong>stinement.<br />

Si <strong>les</strong> bâtiments construits après <strong>les</strong><br />

séismes <strong>de</strong> 1940, puis 1977, ont bénéficié<br />

<strong>de</strong> normes adaptées leur permettant<br />

<strong>de</strong> résister à une forte secousse, <strong>les</strong><br />

craintes sont vives, par contre, pour <strong>les</strong><br />

vieux édifices <strong>de</strong> la capitale.<br />

La survie au quotidien<br />

plus importante que la sécurité<br />

Sur 3400 immeub<strong>les</strong> expertisés dans la région la plus<br />

exposée du pays, 600 ont été classés dans la catégorie à hauts<br />

risques, 115 ayant plus <strong>de</strong> quatre étages. Nombre d'entre eux<br />

ont été renforcés ou sont en cours <strong>de</strong> consolidation, avec l'ai<strong>de</strong><br />

d'experts étrangers, notamment japonais, ou le projet européen<br />

Risk-UE. C'est le cas du Palais Victoria, qui abrite le gouvernement,<br />

<strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong> Bucarest, du central téléphonique, <strong>de</strong>s<br />

sièges <strong>de</strong> la télévision, <strong>de</strong> la radio, d'hôpitaux, d'éco<strong>les</strong>…<br />

Les pouvoirs publics ont mis <strong>de</strong>s fonds à la disposition <strong>de</strong>s<br />

associations <strong>de</strong> propriétaires, mais <strong>les</strong> travaux sont rarement<br />

entrepris, cel<strong>les</strong>-ci ne pouvant apporter le complément du<br />

financement. Dans la conjoncture actuelle, assurer sa survie au<br />

quotidien est plus important que garantir sa sécurité.<br />

Pour le régime, même <strong>les</strong> catastrophes naturel<strong>les</strong> étaient d'origine bourgeoise...<br />

Un tremblement baptisé "<strong>de</strong> luxe"<br />

Ceausescu étant en visite en Iran, le<br />

pouvoir, paralysé, ne savait quelle attitu<strong>de</strong><br />

prendre. Sa première réaction fût <strong>de</strong><br />

dénoncer "<strong>les</strong> constructions bourgeoises,<br />

sans solidité, responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s immenses<br />

dégâts". Mais cette propagan<strong>de</strong> cessa<br />

immédiatement quand, sur ses on<strong>de</strong>s,<br />

Radio Free Europe rappela que c'est le<br />

"Conducator" en personne qui avait<br />

affaibli ces immeub<strong>les</strong> en faisant entreprendre<br />

<strong>de</strong>s travaux qui avaient détruit<br />

leurs fondations et soutènements.<br />

De retour <strong>de</strong> Téhéran, <strong>de</strong>ux jours<br />

plus tard, Ceausescu et sa femme, Elena,<br />

visitèrent tous <strong>les</strong> quartiers touchés,<br />

réconfortant la population, y gagnant une<br />

gran<strong>de</strong> popularité. Deux évènements<br />

émurent <strong>les</strong> Roumains. Sur l'insistance<br />

d'une mère indiquant où <strong>de</strong>vait être son<br />

fils, <strong>les</strong> fouil<strong>les</strong> durèrent onze jours et<br />

permirent <strong>de</strong> le retrouver vivant. Un père<br />

effondré chercha sa femme, qui venait<br />

d'accoucher, pendant trois jours. Partagé<br />

entre larmes et cris <strong>de</strong> joie, il la découvrit<br />

morte, mais serrant contre sa poitrine leur<br />

bébé bien vivant.<br />

22 31


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 32<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

BACAU<br />

<br />

GALATI<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

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<br />

CLUJ<br />

DEVA<br />

PITESTI <br />

BRAILA <br />

<br />

<br />

PLOIESTI TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

CONSTANTA<br />

BUCAREST<br />

<br />

Des exercices<br />

<strong>de</strong> sécurité qui<br />

n'ont jamais lieu<br />

Les Bucarestois vivent dans la<br />

crainte d'un nouveau tremblement <strong>de</strong><br />

terre. Ils savent que celui-ci est inéluctable<br />

et s'efforcent <strong>de</strong> déchiffrer<br />

dans <strong>les</strong> séismes <strong>les</strong> plus importants<br />

<strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la capitale, <strong>les</strong> probabilités<br />

<strong>de</strong> sa puissance et <strong>de</strong> la date<br />

<strong>de</strong> son déclenchement, épiant <strong>les</strong><br />

interval<strong>les</strong> <strong>les</strong> séparant:<br />

1677-1734 : 57 ans<br />

1734-1786 : 52 ans<br />

1786-1789 : 3 ans<br />

1789-1794 : 5 ans<br />

1794-1802 : 8 ans<br />

1802-1829 : 27 ans<br />

1829-1838 : 9 ans<br />

1838-1908 : 70 ans<br />

1908-1940 : 32 ans<br />

1940-1977 : 37 ans<br />

Les habitants doutent cependant<br />

<strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong>s autorités à<br />

prendre <strong>les</strong> mesures préventives<br />

nécesaires. Des dépliants sont bien<br />

distribués dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> donnant<br />

<strong>de</strong>s conseils à suivre, annonçant <strong>de</strong>s<br />

exercices <strong>de</strong> sécurité… mais ceux-ci<br />

n'ont jamais lieu. Les pompiers<br />

s'avouent impuissants. Hôpitaux, services<br />

<strong>de</strong> secours… Rien ne leur<br />

paraît préparé. Simplement <strong>de</strong><br />

grands cerc<strong>les</strong> rouges ont été disposés<br />

sur <strong>les</strong> bâtiments du centre-ville<br />

<strong>les</strong> plus menacés, pour <strong>les</strong> repérer…<br />

au plus grand mécontentement <strong>de</strong><br />

leurs occupants qui ont vu la valeur<br />

<strong>de</strong> leurs logements baisser.<br />

Cependant, dès juillet prochain,<br />

grâce à une station d’observation<br />

financée par <strong>les</strong> Américains, la<br />

Roumanie pourra détecter <strong>les</strong> prémisses<br />

d’un séisme une semaine à<br />

l’avance et non plus un quart d’heure.<br />

Mémoire<br />

Connaissance et découverte<br />

Ce 4 mars 1977, Liana Lungu se reposait dans une chambre <strong>de</strong> la maternité<br />

Steaua, près <strong>de</strong> la gare du Nord, à Bucarest. La chanteuse et comédienne<br />

francophone y était surveillée médicalement à cause d'une grossesse délicate.<br />

La nuit était tombée, le dîner avait été servi. Dehors, le froid était intense. Le<br />

mé<strong>de</strong>cin, la voyant dévorer son repas avec appétit, s'était exclamé, rieur, "Mais vous<br />

mangez comme si c'était votre <strong>de</strong>rnier repas "…<br />

Cinq minutes plus tard, peu après 21 h, la jeune femme percevait un hululement<br />

angoissant qui s'amplifiait. "Les fil<strong>les</strong>, c'est un tremblement <strong>de</strong> terre" criait-elle à ses<br />

compagnes <strong>de</strong> chambre. De son lit, Liana voyait <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s usines Grivita, un <strong>de</strong>s<br />

plus importants complexes industriels du pays, tanguer, "comme sur <strong>de</strong>s patins à roulettes".<br />

Les immeub<strong>les</strong> dansaient <strong>de</strong>vant sa fenêtre. Le ciel était <strong>de</strong>venu rouge alors<br />

que la terre se mettait à hurler. Plus tard, un soldat en faction sur la terrasse d'un bâtiment,<br />

lui confiera qu'un vent très fort s'était levé, vite transformé en torna<strong>de</strong>, soulevant<br />

<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> poussière sur la ville. Il avait dû se cramponner à une<br />

antenne pour ne pas être balayé et, dans son regard rempli d'épouvante, voyait l'hôtel<br />

Intercontinental se balancer comme <strong>les</strong> branches d'un saule pleureur.<br />

"Plutôt mourir vite"<br />

"Mais vous mangez<br />

comme si c'était votre <strong>de</strong>rnier repas"...<br />

Vingt cinq ans après<br />

Liana en tremble encore<br />

Dans la maternité, où un accouchement était en train <strong>de</strong> se dérouler, <strong>les</strong> plafonds<br />

s'effondraient, la panique s'installait. Des patientes, <strong>de</strong>venues hystériques, criaient,<br />

courraient dans tous <strong>les</strong> sens, à la recherche d'ai<strong>de</strong>, gagnant la sortie.<br />

Malheureusement, <strong>de</strong>s autoclaves <strong>de</strong> stérilisation, couchés à travers le sol, avaient bloqué<br />

<strong>les</strong> portes. Affolées, <strong>de</strong>s femmes sautèrent par la fenêtre du premier étage, certaines<br />

avec leurs perfusions, se b<strong>les</strong>sant, s'occasionnant <strong>de</strong>s fractures ou provoquant<br />

<strong>de</strong>s fausses couches. L'une, désespérée, cherchait un morceau <strong>de</strong> verre pour tenter <strong>de</strong><br />

se suici<strong>de</strong>r. "Plutôt mourir vite" s'exclamait-elle… Les gens étaient désemparés.<br />

Comment se protéger ? Où se réfugier ? Rien n'avait été dit, ni préparé par <strong>les</strong> autorités<br />

au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, alors qu'el<strong>les</strong> connaissaient <strong>les</strong> risques auxquels<br />

Bucarest était exposée.<br />

"Le plus terrible, c'était <strong>de</strong> n'avoir aucune nouvelle <strong>de</strong> l'extérieur" se souvient<br />

Liana qui était restée bloquée et ne savait pas si on se préoccupait d'elle et <strong>de</strong>s autres<br />

survivants. Les secours s'organisaient-ils ? Sous <strong>les</strong> décombres, l'oreille collée à son<br />

transistor, elle entendait le speaker continuer à débiter ses habituels messages sans<br />

mentionner aucunement le séisme. Les programmes continuaient, comme s'il ne s'était<br />

rien passé.<br />

Préparer sa valise avec <strong>de</strong> l'eau et <strong>de</strong>s pi<strong>les</strong> pour le transistor<br />

Finalement sauvée, la chanteuse se rappelle aujourd'hui avec effroi ces moments<br />

terrib<strong>les</strong>, interminab<strong>les</strong>. Les tremblements <strong>de</strong> terre ne sont pas un sujet <strong>de</strong> plaisanterie<br />

pour <strong>les</strong> Bucarestois. Le père <strong>de</strong> Liana avait déjà vécu celui <strong>de</strong> 1940 et lui avait raconté<br />

<strong>les</strong> scènes horrib<strong>les</strong> auxquel<strong>les</strong> il avait été confronté. Alors, aujourd'hui, la colère <strong>de</strong><br />

sa fille est gran<strong>de</strong> contre <strong>les</strong> médias qui, l'an passé, avaient amplifié <strong>les</strong> prévisions d'un<br />

scientifique américain lequel, fort <strong>de</strong> ses mesures, avait annoncé un séisme d'une<br />

encore plus gran<strong>de</strong> magnitu<strong>de</strong> pour septembre 20<strong>01</strong>.<br />

L'échéance se rapprochant, chaque jour <strong>les</strong> journaux faisaient monter la pression.<br />

Comme <strong>de</strong> nombreux habitants <strong>de</strong> la capitale, Liana avait préparé sa valise, n'oubliant<br />

pas d'y glisser <strong>de</strong>s bouteil<strong>les</strong> d'eau et <strong>de</strong>s pi<strong>les</strong> pour son transistor. Puis, elle avait arrêté<br />

ses dispositions testamentaires et en avait informé par téléphone sa fille unique,<br />

Adriana, étudiante au Caire, dont on <strong>de</strong>vine la réaction affolée. Sa fille dont elle attendait<br />

justement la naissance voici 25 ans…


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Portrait<br />

25 ans après sa mort,<br />

Toma Caragiu reste un <strong>de</strong>s<br />

comédiens préférés <strong>de</strong>s Roumains.<br />

Lo rsqu'on<br />

évoque le tremblement<br />

<strong>de</strong><br />

terre du 4 mars 1977, un<br />

nom vient tout <strong>de</strong> suite à<br />

l'esprit <strong>de</strong>s Roumains :<br />

Toma Caragiu. Le grand<br />

acteur compte parmi <strong>les</strong><br />

victimes <strong>de</strong> la catastrophe,<br />

son corps ayant été retrouvé<br />

dans la cage d'escalier<br />

<strong>de</strong> son immeuble. Il avait<br />

52 ans et était au fait <strong>de</strong> la<br />

gloire. Sa disparition a été<br />

un choc pour ses compa-<br />

triotes qui l'adoraient. Vingt cinq ans après, <strong>les</strong> visiteurs s'arrêtent<br />

<strong>de</strong>vant sa tombe, au cimetière Bellu <strong>de</strong> Bucarest, bien que<br />

seulement son nom y soit gravé.<br />

Caragiu était à lui seul un registre vivant <strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> du<br />

répertoire théâtral. Il avait campé plus d'une centaine <strong>de</strong> personnages<br />

principaux, <strong>de</strong>s plus sérieux, tragiques, comme<br />

Othello, aux plus comiques. Dans ce <strong>de</strong>rnier genre, son apparition<br />

sur scène déclenchait <strong>les</strong> rires avant même qu'il n'ait<br />

ouvert la bouche.<br />

Succès monstre dans une fable<br />

sur la coexistence à la roumaine…<br />

Le comédien <strong>de</strong>vait notamment sa popularité au rôle <strong>de</strong><br />

Ianke qu'il interprètera 306 fois <strong>de</strong>vant plus <strong>de</strong> 100 000 spectateurs,<br />

dans la pièce <strong>de</strong> Victor Ion Popa Take, Ianke, et<br />

Cadâr, une fable toujours d'actualité sur <strong>les</strong> Roumains, leurs<br />

diversités ethniques, encore jouée à guichets fermés aujourd'hui<br />

au théâtre "Ion Luca Caragiale" <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Trois voisins, respectivement Roumain, Juif et Turc, commerçants<br />

dans une même rue, s'enten<strong>de</strong>nt comme <strong>de</strong> bons<br />

vieux amis, malgré toutes <strong>les</strong> différences, <strong>les</strong> habitu<strong>de</strong>s, <strong>les</strong><br />

accents, la religion, la culture, <strong>les</strong> séparant, et que la pièce met<br />

savoureusement en scène… Du moins, jusqu'à ce qu'une idylle<br />

entre leurs enfants <strong>les</strong> amènent à se recroqueviller sur leurs<br />

réflexes communautaires. Mais la Roumanie n'est pas Vérone<br />

Comme le footballeur<br />

Gheorghe Hagi, Toma<br />

Caragiu était d'origine aroumaine,<br />

cette communauté roumaine fixée<br />

au sud du Danube, en Macédoine.<br />

L'acteur était né en Grèce en 1925, ses<br />

parents regagnant la Roumanie par étapes<br />

au gré <strong>de</strong>s évènements <strong>de</strong> l'histoire.<br />

Finalement, la famille se fixa à Ploiesti en<br />

Connaissance et découverte<br />

Le grand acteur est la victime la plus célèbre du séisme <strong>de</strong> 1977<br />

Aimé <strong>de</strong>s Roumains, Toma Caragiu<br />

savait faire rire et pleurer<br />

1940. Son père mobilisé, le jeune Toma,<br />

15 ans, aîné <strong>de</strong>s enfants, prit sa place <strong>de</strong>rrière<br />

le comptoir du café qu'il tenait.<br />

Ploesti <strong>de</strong>vint sa ville d'adoption. Il<br />

en dirigera le théâtre plus tard. Après la<br />

guerre, élève doué, Toma poursuivit ses<br />

étu<strong>de</strong>s au Conservatoire Royal <strong>de</strong><br />

Musique et d'Art Dramatique, menant <strong>de</strong><br />

front ses cours et ses premiers pas sur la<br />

et <strong>les</strong> tourtereaux n'auront pas à connaître le sort <strong>de</strong> Roméo et<br />

Juliette, leurs pères s'avérant même finalement complices…<br />

pourvu que leurs principes soient sauvegardés en public.<br />

Toma Caragiu a joué <strong>les</strong> plus grands classiques du répertoire<br />

théâtral roumain, notamment la pièce O scrisoare pierduta<br />

(Une lettre perdue) <strong>de</strong> Caragiale où il interprète le rôle<br />

du célèbre Catavencu, un politicien démagogue, s'emmêlant<br />

dans <strong>de</strong>s discours qui font crouler <strong>de</strong> rire <strong>les</strong> Roumains et dont<br />

le personnage donnera plus tard son nom à un journal satirique<br />

très prisé, mettant en boite la nomenklatura actuelle, dans le<br />

style du "Canard enchaîné".<br />

Un million et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> spectateurs se sont<br />

déplacés pour venir le voir jouer sur scène<br />

L'acteur se multipliait, interprétant parfois quatre ou cinq<br />

rô<strong>les</strong> la même année. De 1965 jusqu'à sa mort, il se produira<br />

1729 fois <strong>de</strong>vant le public du théâtre "Lucia Sturza Bulandra",<br />

du nom d'une gran<strong>de</strong> actrice du début du XXème siècle (1873-<br />

1961), où 800 000 Roumains ont pu le voir jouer un soir sur<br />

<strong>de</strong>ux. Au total, tout au long <strong>de</strong> sa carrière, un million et <strong>de</strong>mi<br />

<strong>de</strong> ses compatriotes se seront déplacés pour le voir sur scène.<br />

"Génial", "formidable", "comédien unique", "acteur<br />

total", "difficile à égaler et à dépasser", "plus grand<br />

comique"… sont quelques unes <strong>de</strong>s formu<strong>les</strong> qui reviennent le<br />

plus souvent à son sujet. Capable <strong>de</strong> passer instantanément du<br />

vau<strong>de</strong>ville à la tragédie, Toma Caragiu a été consacré par <strong>les</strong><br />

Roumains meilleur comédien du pays à la suite d'une enquête<br />

lancée par la revue "Flacara", en 1971.<br />

Les auditeurs ne rataient pas son émission radiophonique<br />

du dimanche "Unda vesela" ("L'on<strong>de</strong> <strong>de</strong> gaîté"), où <strong>de</strong>s allusions,<br />

tolérées par le pouvoir, sans-doute comme soupape <strong>de</strong><br />

sécurité, pouvaient percer. Ainsi, un biologiste détaille-t-il <strong>les</strong><br />

caractéristiques du lézard… nom donné aussi aux mauvaises<br />

langues et, par extension, aux mouchards <strong>de</strong> la Sécuritate.<br />

Toma Caragiu tourna également 40 longs métrages dont le<br />

dramatique Actorul si salbaticii (L'acteur et <strong>les</strong> sauvages)<br />

mettant en scène la vie du grand acteur Constantin Tanase, aux<br />

prises avec <strong>les</strong> Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fer, mourant après une tira<strong>de</strong>, et dont<br />

un théâtre <strong>de</strong> Bucarest porte aujourd'hui le nom. Dans le film,<br />

le héros interprété par Caragiu s'appelle Caratase…<br />

Apprenti acteur dans <strong>les</strong> usines<br />

scène du Théâtre National. Mais <strong>les</strong><br />

temps changèrent et le jeune acteur, tout<br />

en continuant sa formation, participa à la<br />

naissance <strong>de</strong> la "briga<strong>de</strong> culturelle" mise<br />

en place par <strong>les</strong> communistes, à Ploiesti,<br />

qui fût transformée ensuite en "Théâtre<br />

<strong>de</strong>s syndicats unis", allant jouer dans <strong>les</strong><br />

usines et découvrant une autre forme<br />

d'apprentissage.<br />

22 33


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 34<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

IASI<br />

SOVATA<br />

ARAD TARGU<br />

BACAU<br />

<br />

MURES<br />

<br />

<br />

SLANIC<br />

PRAID<br />

DEVA<br />

MOLDOVA<br />

<br />

BRASOV<br />

TIMISOARA<br />

BRAILA<br />

<br />

<br />

SLANIC<br />

<br />

PITESTI PRAHOVA TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Quand le sel peut<br />

<strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l'or…<br />

La station balnéo-climatique <strong>de</strong><br />

Sovata, dans le département du<br />

Mures, à majorité magyare, a été<br />

malheureusement laissée à l'abandon<br />

<strong>de</strong>puis une dizaine d'années.<br />

Pourtant, comme sa voisine <strong>de</strong> Praid,<br />

distante <strong>de</strong> sept kilomètres, elle enregistre<br />

une fréquentation <strong>de</strong> plus en<br />

plus forte <strong>de</strong> curistes et touristes roumains<br />

mais aussi étrangers, notamment<br />

hongrois. Deux cent mille personnes<br />

y ont séjourné, en 20<strong>01</strong>.<br />

L'attrait <strong>de</strong> Sovata, plus gran<strong>de</strong><br />

station thermale roumaine <strong>de</strong> l'"Entre<strong>de</strong>ux-guerres<br />

", ne s'est pas effacé<br />

malgré <strong>les</strong> vicissitu<strong>de</strong>s. Sa réputation<br />

d'endroit où l'on guérit remonte à la<br />

fin du XVIème siècle et le statut <strong>de</strong><br />

station à 1850. Les souverains <strong>de</strong><br />

Roumanie y invitaient fréquemment<br />

leurs cousins, <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> roya<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

Grèce et <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne. Sous<br />

<strong>les</strong> communistes, la station a été<br />

oubliée, aucun investissement n'y<br />

étant fait jusqu'en 1970, date à<br />

laquelle Ceausescu décidait <strong>de</strong> la<br />

relancer, faisant construire cinq<br />

hôtels, attirant <strong>de</strong>s vagues <strong>de</strong> touristes<br />

étrangers jusqu'en 1990.<br />

Depuis, rien n'a été entrepris. Les<br />

tour-opérateurs ont résilié leurs<br />

contrats. Le FPS (Fonds <strong>de</strong><br />

Propriétés <strong>de</strong> l'Etat) a bien tenté <strong>de</strong><br />

vendre quelques villas pour relancer<br />

la station, mais <strong>les</strong> 350 000 (2,3<br />

MF) injectés paraissent dérisoires à<br />

côté <strong>de</strong>s 7,5 M (50 MF) nécessaires.<br />

Des investisseurs se sont présentés,<br />

mais un contentieux avec d'anciens<br />

exploitants qui subodorent que le sel<br />

pourrait bien re<strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l'or, bloque<br />

le processus <strong>de</strong> privatisation et la<br />

construction d'un hôtel quatre étoi<strong>les</strong>.<br />

<br />

Tourisme<br />

Connaissance et découverte<br />

Un lieu exceptionnel en Europe<br />

Mines et montagnes <strong>de</strong> sel<br />

<strong>de</strong>s Carpates orienta<strong>les</strong><br />

Mines et montagnes <strong>de</strong> sel, lacs salés, constituent l'une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s<br />

curiosités <strong>de</strong> la Roumanie et, par leur étendue, en font un lieu exceptionnel<br />

en Europe, <strong>de</strong>stiné aux curistes, qui peuvent y apprécier <strong>les</strong> bienfaits<br />

<strong>de</strong> la "spéléothérapie" et <strong>de</strong> ses traitements sous terre, mais aussi aux touristes<br />

qui y découvrent <strong>de</strong>s paysages extérieurs et souterrains fascinants, tout en pratiquant<br />

<strong>de</strong>s activités dans <strong>de</strong>s conditions pittoresques. Pour ne rien gâcher, ces endroits se<br />

trouvent dans une région réputée pour sa beauté, <strong>les</strong> Carpates orienta<strong>les</strong>.<br />

Ces hauts lieux du tourisme d'autrefois, qui ont contribué à donner à la Roumanie<br />

sa réputation <strong>de</strong> réservoir <strong>de</strong> stations therma<strong>les</strong> du Vieux continent, se répartissent sur<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux versants <strong>de</strong> la montagne, en Transylavnie (stations <strong>de</strong> Sovata, Praid, Ocna<br />

Muresului, Turda, Cojocna, Sic, Ocna Dejului, Ocna Sibiului) et dans la région <strong>de</strong><br />

Bacau, en Moldavie (Slanic Moldova, Târgu Ocna, Poiana Sarata, Poiana Uzului),<br />

sans oublier Slanic Prahova, plus au sud.<br />

Pour <strong>les</strong> plus importantes d'entre el<strong>les</strong>, ces stations sont ouvertes toute l'année. Le<br />

climat y est qualifié <strong>de</strong> sub-alpin, l'air y est sec en hiver, avec <strong>de</strong>s températures<br />

moyennes <strong>de</strong> - 4 ° en janvier, et agréable en été (19 ° en juillet). Les curistes viennent<br />

y soigner ou soulager toutes sortes d'affections : cardio-vasculaires, gynécologiques,<br />

du système nerveux, post-traumatiques, rhumatisma<strong>les</strong>, hépathiques, digestives, urinaires,<br />

métaboliques, dégénératives, respiratoires, le diabète, l'obésité…<br />

Les eaux <strong>de</strong> source se révèlent riches en toutes sortes d'éléments recommandés<br />

par <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins, avec leurs carbonates, bi-carbonates, leurs composants chlorés,<br />

sodés, sulfurés, leurs oligo-éléments. Des qualités qui font comparer, <strong>de</strong>puis un siècle<br />

et <strong>de</strong>mi, <strong>les</strong> eaux minéra<strong>les</strong> <strong>de</strong> cette région à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Karlovy-Vary et Vichy, et leur<br />

ont valu <strong>de</strong> nombreuses médail<strong>les</strong> d'or dans <strong>les</strong> concours internationaux.<br />

Près <strong>de</strong> Slanic Moldova, la plus gran<strong>de</strong> station<br />

thermale souterraine du continent<br />

A85 km au sud <strong>de</strong> Bacau,<br />

Slanic Moldova est appelée<br />

la perle <strong>de</strong> la Moldavie.<br />

Située dans un paysage enchanteur <strong>de</strong><br />

collines et <strong>de</strong> vertes vallées arrosées par<br />

plusieurs rivières, au pied <strong>de</strong>s Carpates<br />

orienta<strong>les</strong>, la station thermale offre toute<br />

une palette <strong>de</strong> soins et indications pour<br />

<strong>les</strong> curistes ainsi que <strong>de</strong> nombreuses possibilités<br />

<strong>de</strong> logements.<br />

A quelques kilomètres, <strong>les</strong> mines <strong>de</strong><br />

sel <strong>de</strong> Târgu Ocna, toujours en activité,<br />

abritent une impressionnante station thermale<br />

souterraine, la plus importante<br />

d'Europe, que <strong>les</strong> touristes peuvent également<br />

visiter. A 200 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur,<br />

répartie sur huit niveaux que l'on atteint<br />

par un couloir <strong>de</strong> près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux kilomètres<br />

<strong>de</strong> long, suffisamment large pour laisser<br />

<strong>de</strong>ux véhicu<strong>les</strong> se croiser, elle abrite<br />

sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> soins avec lits, terrains <strong>de</strong> sport,<br />

halle <strong>de</strong> bowling.<br />

Les curistes y viennent pour la qualité<br />

remarquable <strong>de</strong> son air dépourvu d'élé-<br />

ments allergisants, à l'humidité et à la<br />

température constante et, surtout, contenant<br />

<strong>de</strong>s ions négatifs qui auraient <strong>de</strong>s<br />

effets bénéfiques sur l'asthme, <strong>les</strong> bronchites<br />

chroniques, <strong>les</strong> sinusites.<br />

Efficace à 90% pour<br />

<strong>les</strong> enfants asthmatiques<br />

Une cure <strong>de</strong> trois semaines est<br />

recommandée. Les effets ne se font pas<br />

ressentir immédiatement, un contre-choc<br />

étant même parfois enregistré… mais,<br />

une patiente anglaise, fortement asthmatique,<br />

confiait que, <strong>de</strong>ux mois après, elle<br />

avait pu danser au mariage <strong>de</strong> sa fille, ce<br />

qui était inimaginable avant. Les améliorations<br />

sont particulièrement sensib<strong>les</strong>,<br />

dans 90 % <strong>de</strong>s cas, pour <strong>les</strong> enfants<br />

atteints d'affections pulmonaires.<br />

Plusieurs pays, l'Italie, l'Allemagne,<br />

Israël, se proposent d'utiliser leurs ressources<br />

géologiques pour donner naissance<br />

à <strong>de</strong>s stations similaires.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Tourisme<br />

A500 mètres d'altitu<strong>de</strong>, Sovata, l'une <strong>de</strong>s stations<br />

roumaines <strong>les</strong> plus connues, se trouve sur une<br />

montagne <strong>de</strong> sel… ce qui n'empêche pas cette<br />

ville <strong>de</strong> 12 000 habitants, proche <strong>de</strong> Târgu Mures, d'être entourée<br />

<strong>de</strong> vertes forêts <strong>de</strong> châtaigniers, boulots, hêtres et chênes.<br />

Sept lacs<br />

proches, qui<br />

ont envahi<br />

d'anciens sites<br />

<strong>de</strong> mines, forment<br />

un collier:<br />

le lac <strong>de</strong><br />

l'Ours (lacu<br />

Ursu), le plus<br />

grand avec une<br />

superficie <strong>de</strong><br />

Dans certaines anciennes mines <strong>de</strong> sel,<br />

<strong>de</strong>s églises ont été aménagées.<br />

quatre hectares<br />

et aussi le plus<br />

profond, dix-<br />

huit mètres, celui <strong>de</strong>s Serpents (Serpilor), <strong>de</strong>s Mer<strong>les</strong><br />

(Mierlei), <strong>les</strong> lacs Vert (Ver<strong>de</strong>), Noir (Negru), Rouge (Rosu), et<br />

<strong>de</strong>s Noisetiers (Alunis).<br />

Leur concentration en chlorure <strong>de</strong> sodium varie entre 40 et<br />

250 grammes par litre, bien plus que l'océan (35 g) et presque<br />

autant que le Grand Lac salé aux USA ou que la Mer Morte<br />

(280 g). La salinité <strong>de</strong>s eaux change suivant leur profon<strong>de</strong>ur<br />

pour atteindre son maximum au fond. Alimentées par <strong>de</strong><br />

petites rivières, <strong>de</strong>s pellicu<strong>les</strong> d'eau douce jouent le rôle d'isolant<br />

thermique<br />

et protègent <strong>les</strong><br />

strates d'eau<br />

chau<strong>de</strong>. Les baigneurs,<br />

qui fré-<br />

Les immenses<br />

sal<strong>les</strong> souterraines<br />

<strong>de</strong> Praid, près<br />

<strong>de</strong> Sovata.<br />

quentent <strong>les</strong> plages aménagées <strong>de</strong>s lacs Ursu et Alunis, flottant<br />

sans effort sur leurs eaux, peuvent constater par eux-mêmes ce<br />

phénomène héliothermique : en surface, l'eau est à 10-20°, à<br />

un mètre, entre 30 et 40°… à 1,5 m, entre 40 et 60°.<br />

"Pas besoin <strong>de</strong> l'intervention <strong>de</strong>s hommes…<br />

pour tomber enceinte"<br />

Les boues sapropéliques du lac sont utilisées en empaquetage<br />

ou en application pour <strong>les</strong> rhumatismes. Les vertus gynécologiques<br />

<strong>de</strong> ses eaux sont largement reconnues. Leur réputation<br />

est telle que l'on dit que <strong>les</strong> femmes s'y baignant n'ont pas<br />

besoin <strong>de</strong> l'intervention <strong>de</strong>s hommes… pour tomber enceinte.<br />

La station dispose <strong>de</strong> plusieurs hôtels d'une capacité <strong>de</strong><br />

mille places, <strong>de</strong> villas à louer, <strong>de</strong> cabanes et d'un terrain <strong>de</strong><br />

camping, au bord d'une rivière, d'une discothèque, d'un bowling,<br />

d'une piscine couverte, d'un cinéma.<br />

Connaissance et découverte<br />

Dans <strong>les</strong> sept lacs <strong>de</strong> Sovata, l'eau passe<br />

<strong>de</strong> 10 à 60 <strong>de</strong>grés en moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres<br />

Les possibilités d'excursion à pied sont nombreuses dans<br />

la région, empruntant <strong>de</strong>s circuits <strong>de</strong> 5 à 15 km, <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong><br />

3 à 6 heures <strong>de</strong> marche. Le "canyon salé", taillé par endroits<br />

dans <strong>de</strong>s roches <strong>de</strong> sel par la rivière Corund, se révèle particulièrement<br />

spectaculaire à observer l'été quand <strong>les</strong> reflets du<br />

soleil lui donnent l'apparence d'un glacier. Piques-niques en<br />

forêts, bala<strong>de</strong>s à cheval sont également possib<strong>les</strong> dans <strong>les</strong><br />

environs, tout comme une visite au village <strong>de</strong> Corund où existent<br />

<strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> céramique.<br />

Les touristes peuvent partir pour une journée ou <strong>de</strong>ux, en<br />

bus ou en voiture, à la découverte <strong>de</strong>s splendi<strong>de</strong>s gorges <strong>de</strong><br />

Bicaz, paysage le plus renommé <strong>de</strong>s Carpates orienta<strong>les</strong>, à une<br />

centaine <strong>de</strong> kilomètres, visiter à proximité <strong>les</strong> beaux lacs<br />

d'Izvorul Muntelui et Rosu, pousser jusqu'aux monastères<br />

d'Agapia, <strong>de</strong> Varatec et <strong>de</strong> Neamt, près <strong>de</strong> Târgu Neamt.<br />

A Praid, on peut se marier dans une église<br />

œcuménique en sel, à 110 mètres sous terre<br />

A sept kilomètres <strong>de</strong> Sovata, la mine <strong>de</strong> sel <strong>de</strong> Praid,<br />

exploitée <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> Romains et aujourd'hui reconvertie en<br />

centre <strong>de</strong> "spéléothérapie", constitue cependant la principale<br />

attraction <strong>de</strong> la région. Pendant que <strong>les</strong> curistes y suivent leur<br />

traitement, <strong>de</strong>s séances quotidiennes <strong>de</strong> quatre heures, enfants<br />

et accompagnateurs partent à sa découverte, <strong>les</strong> différentes<br />

excavations étant reliées par <strong>de</strong>s couloirs souterrains, et vont<br />

admirer une église œcuménique, construite en sel. Amateurs<br />

d'originalité, <strong>de</strong> jeunes coup<strong>les</strong> viennent s'y marier religieuse-<br />

ment, à 110 mètres sous terre. Des concerts <strong>de</strong> musique classique<br />

y sont donnés.<br />

Dans d'immenses sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> dix mètre <strong>de</strong> haut, longues <strong>de</strong><br />

plusieurs dizaines <strong>de</strong> mètres, aux murs en sel, le visiteur peut<br />

jouer au billard, disputer <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> tennis <strong>de</strong> table, boire<br />

un thé, prendre son petit-déjeuner ou se restaurer.<br />

Depuis peu, un concours <strong>de</strong> sculpture en sel et <strong>de</strong> peinture<br />

est organisé l'été dans un <strong>de</strong>s boyaux <strong>de</strong> la mine, pendant<br />

une semaine. Située dans une région où vivent <strong>de</strong> nombreux<br />

Magyars, la station <strong>de</strong> Praid, outre ses bains d'eau salée et ses<br />

nombreuses possibilités <strong>de</strong> logement, offre également plusieurs<br />

animations, dont <strong>de</strong>s cours pour apprendre à préparer le<br />

fameux "Kürtôs Kalacs", brioche fourrée aux noix et enroulée<br />

autour d'un rouleau à pâtisserie. Les touristes ont également la<br />

possibilité <strong>de</strong> participer au concours international <strong>de</strong> "töltöttkaposzta",<br />

qu'ils connaissent certainement davantage sous le<br />

nom roumain <strong>de</strong>… "sarmale".<br />

22 35


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 36<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

TARGU IASI<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

MURES<br />

<br />

BACAU<br />

DEVA <br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

<br />

Gradinitsa<br />

SIGHET<br />

<br />

PITESTI PLOIESTI<br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

SLOBOZIA <br />

CONSTANTA<br />

Un simple geste<br />

pour accompagner<br />

un enfant<br />

"Gradinitsa" a noté avec un vif intérêt,<br />

la décision du gouvernement roumain<br />

<strong>de</strong> mener une intense campagne<br />

<strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s abandons…<br />

tout en espérant qu'elle ne se limitera<br />

pas à un seul aspect médiatique,<br />

mais qu'elle sera accompagnée <strong>de</strong><br />

mesures concrètes, seu<strong>les</strong> vraiment<br />

dissuasives, comme l'augmentation<br />

sensible <strong>de</strong>s allocations familia<strong>les</strong><br />

pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus démunies et<br />

leur in<strong>de</strong>xation régulière sur <strong>les</strong> prix.<br />

Elle suggère également que une commission<br />

permette aux associations et<br />

aux structures concernées <strong>de</strong> donner<br />

une suite à cette campagne.<br />

14 ou 20 par mois<br />

Les personnes désireuses d'ai<strong>de</strong>r<br />

"Gradinitsa " peuvent choisir un parrainage<br />

simple (anonyme) ou personnalisé.<br />

Dans ce cas, el<strong>les</strong> reçoivent<br />

une photo <strong>de</strong> leur filleul(e), <strong>de</strong>s informations,<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins et, si el<strong>les</strong> le<br />

souhaitent, peuvent entretenir une<br />

relation avec la famille, aller visiter<br />

l'enfant.<br />

Le "parrain" verse une contribution<br />

<strong>de</strong> 14 (90 F) ou 20 (130 F) p ar<br />

mois (le versement peut être trimestriel).<br />

Les dons sont également possib<strong>les</strong>.<br />

L'association étant reconnue<br />

d'intérêt général, on peut déduire <strong>de</strong><br />

ses impôts 50 % du montant annuel<br />

<strong>de</strong> sa contribution grâce au reçu fiscal<br />

qu'elle délivre.<br />

"Gradinitsa-RLM", 11 rue <strong>de</strong>s Ducs, 55<br />

000 Bar le Duc, France. Tel-fax : (00 33)<br />

<strong>03</strong> 29 76 11 28 ou <strong>03</strong> 29 75 95 69. E-<br />

mail: gradinitsa@wanadoo.fr<br />

<br />

Echanges<br />

Connaissance et découverte<br />

L'association lorraine est présente<br />

dans <strong>les</strong> Maramures <strong>de</strong>puis dix ans<br />

et ses "parrains" prouvent<br />

que l'abandon n'est pas une fatalité<br />

Depuis bientôt dix ans, "Gradinitsa" agit dans le département <strong>de</strong>s<br />

Maramures pour prévenir l'abandon d'enfants. L'association lorraine <strong>de</strong><br />

Bar le Duc, reconnue d'intérêt général par <strong>les</strong> autorités françaises, suit<br />

actuellement 200 enfants, vivant à Baia Mare, la préfecture, ou à Sighet, pour éviter<br />

que certains ne soient placés en orphelinat, ou bien sous-nourris et, <strong>de</strong> plus, privés <strong>de</strong><br />

"gradinitsa" (jardin d'enfants ou maternelle).<br />

Son expérience lui a montré que, dans l'immense majorité <strong>de</strong>s cas, c'est l'absence<br />

cruelle <strong>de</strong> moyens qui pousse <strong>les</strong> parents à l'abandon. Même s'il faut faire évoluer <strong>les</strong><br />

mentalités qui, à travers <strong>de</strong>s réflexes conditionnés sous l'ancien régime, conduisent<br />

<strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> à remettre leurs enfants à <strong>de</strong>s institutions d'Etat, ce à quoi l'association<br />

s'emploie par son action et <strong>de</strong>s réunions d'information.<br />

Du pain et <strong>de</strong> la margarine comme unique repas<br />

A Sighet, 60 % <strong>de</strong> la population est confrontée au problème du chômage. Des<br />

mères confient qu'el<strong>les</strong> ne peuvent offrir à leurs enfants que du pain avec <strong>de</strong> la margarine<br />

ou du lard. Les allocations familia<strong>les</strong> existent, mais sont très faib<strong>les</strong>.<br />

"Gradinitsa" a entrepris <strong>de</strong> compenser leur insuffisance en participant financièrement<br />

aux contributions <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus pauvres afin que leurs enfants soient reçus en<br />

crèche ou en maternelle. Pour cela, l'association a mis au point un système simple <strong>de</strong><br />

parrainage - un "parrain" étranger ai<strong>de</strong> un "filleul(e)" - qui permet à ses protégés <strong>de</strong><br />

bénéficier d'une enfance normale, dans leur famille, et <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong>s apports sociaux<br />

et éducatifs <strong>de</strong> la maternelle ainsi que d'une nourriture suffisante.<br />

Ainsi le parrainage participe pour moitié à la contribution pour la crèche ou la<br />

maternelle, en internat du lundi au vendredi. La famille paie <strong>les</strong> 50 % restant. Dans<br />

certains cas <strong>de</strong> ressources inexistantes, l'enfant est pris en charge jusqu'à 90 ou 100 %.<br />

L'argent est versé directement à l'association partenaire <strong>de</strong> "Gradinitsa" en Roumanie,<br />

qui remet chaque mois la somme correspondante à l'établissement qui s'occupe <strong>de</strong> lui.<br />

Le don fait par le parrain est versé intégralement pour <strong>les</strong> enfants. Les problèmes<br />

<strong>de</strong> santé, comme <strong>les</strong> comptes, sont suivis <strong>de</strong> près. Tous <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> l'association<br />

sont bénévo<strong>les</strong>. Les missions <strong>de</strong> longue durée en Roumanie sont assurées par <strong>de</strong>s<br />

retraités ou <strong>de</strong>s étudiants. Les frais <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong> déplacement sont couverts<br />

par <strong>les</strong> cotisations et <strong>les</strong> subventions. L'association s'appuie sur <strong>les</strong> structures roumaine<br />

existantes dans le domaine <strong>de</strong> l'enfance et veille à compléter leurs moyens <strong>de</strong><br />

mener à bien leur action.<br />

Près <strong>de</strong> mille enfants soutenus… et un seul abandon<br />

Depuis sa création, en 1993, "Gradinitsa" a ainsi soutenu près <strong>de</strong> mille enfants,<br />

<strong>les</strong> suivant sur plusieurs années chacun. Parmi eux, un seul a été abandonné… en<br />

cachette. Des interventions <strong>de</strong> psychologues auprès d'éducatrices <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> placement<br />

leur ont permis <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> reprendre leurs enfants. Cel<strong>les</strong> ci<br />

sont suivies pour être encouragées dans leur décision.Grâce au soutien <strong>de</strong>s Lorrains et<br />

<strong>de</strong> leurs "parrains", la crèche à la semaine <strong>de</strong> Sighet n'a pas fermé. Elle reçoit 60<br />

enfants, dont aucun parent ne peut payer intégralement la contribution. Même avec<br />

l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'association, c'est encore dur pour beaucoup, mais ils s'accrochent.<br />

"Gradinitsa" ne limite pas son action aux seuls parrainages. Elle mène <strong>de</strong>s formations<br />

en Roumanie et en France pour <strong>de</strong>s éducatrices <strong>de</strong> crèches et <strong>de</strong>s institutrices<br />

<strong>de</strong> maternel<strong>les</strong> roumaines, finance <strong>de</strong>s travaux d'amélioration <strong>de</strong> bâtiments, l'achat <strong>de</strong><br />

mobilier, <strong>de</strong> matériel, apporte une ai<strong>de</strong> pour <strong>les</strong> voyages <strong>de</strong> classes, organise <strong>de</strong>s<br />

échanges franco-roumains avec <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>cents.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Traditions<br />

Cette année, contrairement à 20<strong>01</strong> où <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux fêtes<br />

religieuses tombaient le même jour, <strong>les</strong><br />

Orthodoxes célébreront Pâques cinq semaines<br />

après <strong>les</strong> Catholiques, le dimanche<br />

5 mai. Dans <strong>de</strong> nombreuses maisons,<br />

<strong>les</strong> femmes auront préparé <strong>les</strong><br />

traditionnels œufs colorés. La<br />

légen<strong>de</strong> veut que cette pratique soit<br />

inspirée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers moments du<br />

Christ. Alors qu'on le crucifiait,<br />

Marie-Ma<strong>de</strong>leine aurait apporté un<br />

panier rempli d'œufs aux soldats<br />

pour qu'ils mettent un terme à leurs<br />

tortures. Des gouttes <strong>de</strong> sang<br />

seraient tombés sur <strong>les</strong> oeufs, leur<br />

donnant une teinte rougeâtre. Trois<br />

jours plus tard, lorsque Jésus fût<br />

ressuscité, Marie-Ma<strong>de</strong>laine se rendit chez ses sœurs, distribuant<br />

à chacune un œuf, s'exclamant "Christ est ressuscité !"<br />

("Hristos a înviat !"), ce à quoi el<strong>les</strong> répondirent "C'est vrai<br />

qu'il est ressuscité !" ("A<strong>de</strong>varat c-a inviat !").<br />

Ce sont ces formu<strong>les</strong> que reprennent aujourd'hui <strong>les</strong><br />

fidè<strong>les</strong>, en se saluant après la messe <strong>de</strong> la résurrection, le<br />

dimanche matin <strong>de</strong> Pâques. Alors seulement commencent <strong>les</strong><br />

festivités, avec l'échange <strong>de</strong>s œufs qu'on entrechoque, pour se<br />

revoir dans l' "Au-<strong>de</strong>là", avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> consommer.<br />

Une tâche strictement réservée aux femmes<br />

La tâche <strong>de</strong> colorer <strong>les</strong> œufs revient strictement aux<br />

femmes. Aujourd'hui, el<strong>les</strong> se contentent <strong>de</strong> <strong>les</strong> plonger dans<br />

<strong>de</strong>s bains <strong>de</strong> teintures artificiel<strong>les</strong>, un ou <strong>de</strong>ux jours à l'avance.<br />

Mais en Bucovine (Suceava), région où la tradition se<br />

conserve le plus, la décoration atteint <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> virtuosité,<br />

exigeant un travail minutieux, commencé bien à l'avance,<br />

vers la mi-carême.<br />

Dès cette époque, on peint <strong>de</strong>s œufs "încon<strong>de</strong>iate", c'est à<br />

dire ornés <strong>de</strong> motifs le plus souvent géométriques que l'on<br />

retrouve brodés sur <strong>les</strong> costumes. Points qui serpentent, points<br />

en <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> loup, en queue d'hiron<strong>de</strong>l<strong>les</strong>, combinés à <strong>de</strong>s associations<br />

<strong>de</strong> couleurs extraordinaires, rouge et jaune, vert et<br />

noir, vert et bleu, blanc et bleu, donnent naissance à <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong><br />

œuvres d'art populaire.<br />

Les œufs <strong>de</strong> cane appréciés<br />

Les <strong>de</strong>ssins <strong>les</strong> plus compliqués sont exécutés en<br />

Bucovine mais aussi dans le Banat (Timisoara), alors que <strong>les</strong><br />

paysans d'Olténie (Craïova) et <strong>de</strong> Muntenie ( Ploïesti ) utilisent<br />

<strong>de</strong>s motifs plus simp<strong>les</strong>. Les œufs "ferrés", dans <strong>les</strong>quels sont<br />

enfoncés un petit fer à cheval, sont spécifiques au Baragan<br />

(Slobozia), ainsi que <strong>les</strong> œufs "perlés", sur <strong>les</strong>quels ont été collées<br />

<strong>de</strong> petites per<strong>les</strong> en verre qui forment <strong>de</strong>s motifs popu-<br />

laires vivement colorés.<br />

Le choix <strong>de</strong>s oeufs est minutieusement fait. Seuls sont<br />

retenus ceux qui ne sont pas fécondés et parmi eux, <strong>les</strong> plus<br />

gros, <strong>les</strong> plus beaux, <strong>les</strong> plus<br />

propres, avec une coquille brillante.<br />

Les oeufs <strong>de</strong> cane sont particulièrement<br />

recherchés pour leur<br />

grosseur.<br />

Après cette sélection, <strong>les</strong> œufs<br />

sont soigneusement lavés,<br />

bouillis, séchés, et ensuite recouverts<br />

<strong>de</strong> cire, laquelle servira à<br />

durcir et à protéger la couleur.<br />

Lorsque celle-ci est bien sèche, on<br />

y trace le premier motif décoratif,<br />

ce qui est difficile, la forme ovale<br />

ne se prêtant guère à cet art. L'œuf<br />

est ensuite plongé dans un bain <strong>de</strong> couleur. L'opération est<br />

répétée avec une autre couche <strong>de</strong> cire, un autre motif, une autre<br />

couleur… et ainsi <strong>de</strong> suite, mais pas dans n'importe quel ordre:<br />

le rouge en premier, puis le vert, le bleu et le noir.<br />

Après trois ou quatre bains, la cire sera enlevée à l'ai<strong>de</strong><br />

d'un chiffon chauffé qui sera conservé pour embaumer le<br />

panier d'œufs que l'on porte à l'église pour la bénédiction du<br />

dimanche <strong>de</strong> Pâques… et pour <strong>les</strong> fumigations contre <strong>les</strong> maux<br />

<strong>de</strong> gorge ou <strong>les</strong> douleurs aux oreil<strong>les</strong> ! Puis, afin <strong>de</strong> lui donner<br />

un certain éclat, l'œuf sera frotté avec un peu <strong>de</strong> graisse ou <strong>de</strong><br />

lard, remplacés souvent, maintenant, par <strong>de</strong> la laque.<br />

Aujourd'hui, le contenu<br />

est retiré à l'ai<strong>de</strong> d'une seringue<br />

Connaissance et découverte<br />

En Bucovine, la décoration <strong>de</strong>s œufs atteint <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> virtuosité<br />

Pâques a suscité la naissance d'un véritable art populaire<br />

Aujourd'hui, <strong>les</strong> œufs font l'objet d'un commerce artisanal<br />

<strong>de</strong>stiné aux touristes. Vendus encore 3 cents ( 0,2 F) l'unité à<br />

la sortie <strong>de</strong>s monastères, en mai 1990, ils se négociaient à 1,5<br />

(10 F), l'an passé. Pour résister plus longtemps, ils ne sont<br />

plus bouillis et leur contenu est retiré à l'ai<strong>de</strong> d'une seringue.<br />

Par ailleurs, <strong>les</strong> motifs traditionnels sont souvent remplacés<br />

par <strong>de</strong>s motifs occi<strong>de</strong>ntaux, tels le visage du Christ, la<br />

Crucifixion ou <strong>de</strong>s scènes bibliques. Des œufs en bois ont également<br />

fait leur apparition.<br />

Selon la coutume, <strong>les</strong> oeufs sont consommés le dimanche<br />

<strong>de</strong> Pâques. En Transylvanie, en Bucovine et dans le<br />

Maramures (Baïa Mare), on mange d'abord un œuf blanc,<br />

après avoir donné l'aumône dans le village. Des vertus leur<br />

sont aussi attribués par la mé<strong>de</strong>cine populaire. Ils protègent<br />

également <strong>les</strong> fermes contre <strong>les</strong> forces du mal, tout au long <strong>de</strong><br />

l'année, quand ils sont conservés à l'intérieur, et <strong>les</strong> moissons<br />

<strong>de</strong> la grêle, pendant l'été, s'ils sont enfouis dans la terre près<br />

<strong>de</strong>s bornes délimitant <strong>les</strong> propriétés.<br />

Mais <strong>les</strong> œufs <strong>les</strong> plus amoureusement décorés seront<br />

conservés, mis en évi<strong>de</strong>nce sur une table du salon ou un buffet,<br />

suscitant le regard admiratif et <strong>les</strong> compliments <strong>de</strong>s invi-<br />

22 37


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22 38<br />

<br />

<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

<br />

<br />

ARAD<br />

<br />

<br />

CLUJ<br />

TARGU MURES IASI<br />

BACAU<br />

<br />

DEVA<br />

<br />

<br />

TIMISOARA<br />

<br />

SIBIU<br />

ADJUD <br />

<br />

GALATI<br />

BRASOV<br />

<br />

PITESTI <br />

CRAIOVA<br />

<br />

<br />

BUCAREST<br />

BRAILA <br />

<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

"Hommage à la<br />

Roumanie, Fille<br />

d'Europe" en photos<br />

La Maison <strong>de</strong> l'Europe à Paris propose<br />

une exposition d'une cinquantaine<br />

<strong>de</strong> photos sous le thème :<br />

"Hommage à la Roumanie : fille<br />

d'Europe", du 19 mars au 9 avril<br />

prochain. Ami <strong>de</strong> ce pays, Jean-Yves<br />

Delaune y présente <strong>de</strong> superbes clichés<br />

le déclinant sous trois ang<strong>les</strong> :<br />

"un vieux pays d'Europe" à la nature<br />

intacte et à la ruralité vivante, "<strong>les</strong><br />

gens d'Europe", un peuple attachant<br />

au génie créateur, "la fille prodigue<br />

d'Europe", après une aussi longue<br />

absence, le retour.<br />

"Hommage à la Roumanie : fille<br />

d'Europe", du 13 mars au 9 avril,<br />

Maison <strong>de</strong> l'Europe, 37 rue <strong>de</strong>s Francs<br />

Bourgeois, Paris IVème.<br />

Ne jetez pas<br />

vos vidéo-cassettes<br />

<strong>de</strong> films français !<br />

DEFY (Développement <strong>de</strong><br />

l'Entrai<strong>de</strong> Francophone Yvelinoise)<br />

consacre l'essentiel <strong>de</strong> ses moyens à<br />

ai<strong>de</strong>r la section française <strong>de</strong> la bibliothèque<br />

G. Baritiu <strong>de</strong> Brasov.. DEFY<br />

veut également épauler la création<br />

d'une activité ciné-club, avec la projection<br />

<strong>de</strong> films et <strong>document</strong>aires en<br />

français, et s'efforce <strong>de</strong> réunir 2300 à<br />

3000 (15-20 000 F) pour l'achat<br />

d'un téléviseur grand écran. DEFY<br />

veut également acheminer <strong>de</strong> nouveaux<br />

livres. L'association recherche<br />

donc <strong>de</strong>s "parrains" susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

l'ai<strong>de</strong>r à boucler son budget transport<br />

<strong>de</strong> livres et <strong>de</strong>s cinéphi<strong>les</strong>, amateurs<br />

<strong>de</strong> vidéo-cassettes, prêts à donner<br />

cel<strong>les</strong> qui ne <strong>les</strong> intéressent plus, s'il<br />

s'agit <strong>de</strong> films français.<br />

Contact : Arlette Renaud-Boué<br />

rolrena@club-internet.fr .<br />

<br />

Humour<br />

Leçon interprétée<br />

Dans un village, le pope a réuni ses<br />

fidè<strong>les</strong> pour une veillée afin <strong>de</strong> leur expliquer<br />

pourquoi le racisme est un grave<br />

péché. Vasile, n'étant pas sûr d'avoir tout<br />

compris, veut en avoir le cœur net :<br />

- Si mon voisin pousse un Noir dans<br />

la rivière parce qu'il n'y a pas <strong>de</strong> place<br />

pour <strong>de</strong>ux dans le bateau, c'est du racisme?<br />

- Evi<strong>de</strong>mment, s'étrangle le pope.<br />

Vasile, rassuré :<br />

- Ah bon… moi c'était un Hongrois.<br />

Femme unique<br />

Dieu créa la première femme à partir<br />

d'une côte d'Adam et dit à celui-ci :<br />

- Choisis toi une femme.<br />

C'était la première élection <strong>de</strong> type<br />

stalinien.<br />

Bon sens<br />

Le Bon Dieu distribue qualités et<br />

défauts à ses créatures. Arrive le tour <strong>de</strong><br />

Marin, paysan d'Olténie (région brocardée<br />

par <strong>les</strong> autres Roumains pour son soidisant<br />

faible niveau intellectuel)<br />

- Mon pauvre Marin, tu es le <strong>de</strong>rnier<br />

à passer, je n'ai pas grand chose à te pro-<br />

Connaissance et découverte<br />

Blagues à la roumaine<br />

Epreuve <strong>de</strong> vérité<br />

Couvert <strong>de</strong> flatteries par ses collaborateurs qui lui affirment à longueur <strong>de</strong> journée<br />

que <strong>les</strong> Roumains l'adorent, Ceausescu a décidé d'en avoir le cœur net. Il se grime et,<br />

<strong>de</strong>venu méconnaissable, se rend dans un bistrot où il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un client ce qu'il<br />

pense du "conducator".<br />

Le visage <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier se ferme. Il rentre la tête dans <strong>les</strong> épau<strong>les</strong>, regar<strong>de</strong> apeuré<br />

autour <strong>de</strong> lui puis répond d'une voix inaudible :<br />

- Suivez moi discrètement dans <strong>les</strong> toilettes.<br />

Une fois dans <strong>les</strong> lieux, après avoir fermé la porte à double tour et s'être assuré<br />

qu'ils sont seuls, il lui chuchote à l'oreille :<br />

- Vous savez, faut pas croire ce que pensent <strong>les</strong> autres, moi je vous aime bien.<br />

Le sens <strong>de</strong> la réplique<br />

De policiers reviennent d'une inspection dans une coopérative agricole où on leur<br />

a fait "ca<strong>de</strong>au" d'un cochon. Ils s'arrêtent pour prendre un pope qui fait du stop pour<br />

aller à la ville, mais aussi pour s'en moquer, comme cela était courant au temps du<br />

communisme, <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s représentants du pouvoir.<br />

Dans la voiture, le prêtre <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :<br />

- Qu'est ce que vous allez faire du cochon ?<br />

- On l'emmène passer un examen <strong>de</strong> théologie.<br />

- S'il ne réussit pas… Vous le gar<strong>de</strong>z dans la police ?<br />

poser. Tu n'as plus le choix qu'entre la<br />

beauté et la bêtise.<br />

- Ah, ben, vous savez, la beauté<br />

passe…<br />

Choix raisonnable<br />

Ion, au lycée, est pressé <strong>de</strong> choisir<br />

une langue.<br />

- Hébraïque ! déci<strong>de</strong>-t-il<br />

- Mais pourquoi ? s'étonne son professeur.<br />

- Parce que quand j'irai au Paradis, je<br />

pourrai dire ce que je pense au Bon Dieu<br />

- Et si tu vas en Enfer ?<br />

- Le roumain, je le parle déjà…<br />

Largesse<br />

Après la mort d'un député d'origine<br />

hongroise, une quête est faite parmi <strong>les</strong><br />

parlementaires pour son enterrement.<br />

Chargé <strong>de</strong> la collecte, un collègue <strong>de</strong><br />

Corneliu Vadim Tudor, se risque timi<strong>de</strong>ment<br />

auprès <strong>de</strong> celui-ci, connaissant la<br />

vindicte anti-magyare du lea<strong>de</strong>r ultranationaliste.<br />

- Vous ne voulez pas faire un geste ?<br />

- Combien ont donné <strong>les</strong> autres ?<br />

- Cent mille lei<br />

- Alors, en voici <strong>de</strong>ux cent mille…<br />

Mais vous en enterrez <strong>de</strong>ux.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

CHANGE*<br />

( en lei )<br />

Euro 27911<br />

Franc 4254<br />

Franc belge 692<br />

Franc suisse 18879<br />

Dollar 32139<br />

Dollar canadien 20215<br />

Forint hongrois 115<br />

*Au 20 février <strong>2002</strong><br />

Les NOUVELLES<br />

<strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Numéro 10, mars - avril <strong>2002</strong><br />

Lettre d'information bimestrielle sur<br />

abonnement éditée par ADICA<br />

(Association pour le Développement<br />

International, la Culture et l’Amitié)<br />

association loi 19<strong>01</strong><br />

Siège social, rédaction :<br />

8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie<br />

44 300 Nantes, France<br />

Tel. : 02 40 49 79 94<br />

Fax: 02 40 49 79 49<br />

E-Mail : adica@wanadoo.fr<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication<br />

Henri Gillet<br />

Rédactrice en chef<br />

Dolores Sîrbu-Ghiran<br />

Ont participé à ce numéro :<br />

Ruxandra Radoslavescu, Camelia<br />

Cusnir, Nichita Sîrbu, Ionel<br />

Funeriu, Alain Defline, Bernard<br />

Camboulives,Philippe Gillet,<br />

Francky Blan<strong>de</strong>au<br />

Autres sources : agences <strong>de</strong> presse<br />

et presse roumaines, françaises et<br />

francophones, télévisions roumaines,<br />

sites internet, fonds <strong>de</strong><br />

<strong>document</strong>ation ADICA<br />

Impression : Helio Nantes<br />

12 rue Félix Faure, BP 41 814<br />

44 <strong>01</strong>8, Nantes Cé<strong>de</strong>x 1<br />

Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />

1102 G 8<strong>01</strong>72<br />

ISSN 1624-4699<br />

Prochain numéro : Mai<br />

Adresses uti<strong>les</strong><br />

ABONNEMENT<br />

Abonnement aux Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie, lettre d'information bimestrielle,<br />

pour un an / 6 numéros, port compris<br />

Normal: 100 TTC / an<br />

Associations et particuliers : 75 TTC / an<br />

Infos pratiques<br />

Consulats <strong>de</strong> Roumanie en France :<br />

Paris : 3, rue <strong>de</strong> l'Exposition, 75007 Tel:<strong>01</strong>.47.05.10.46 (<strong>de</strong> 10h à 12h et 16h à 17h)<br />

Strasbourg : 19, rue du Conseil <strong>de</strong>s Quinze. (Tel <strong>03</strong>.88.61.98.96 )<br />

Marseille 157 Bd Michelet ,13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)<br />

Office du tourisme <strong>de</strong> Roumanie: 12, rue <strong>de</strong>s Pyrami<strong>de</strong>s, 75002 Paris. Tel :<br />

<strong>01</strong>.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE<br />

Consulat <strong>de</strong> Roumanie en Belgique : 105, rue Gabrielle, 1180 Bruxel<strong>les</strong><br />

Tel:(02).345.26.80<br />

Office du tourisme : 17, Galerie <strong>de</strong> la Toison d'Or, 1050 Bruxel<strong>les</strong> Tel / Fax :<br />

02.502.46.42<br />

Consulat <strong>de</strong> Roumanie en Suisse :79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel : 0 31 352 35 21<br />

ou 22<br />

Office du tourisme :10, Schweizergasse, 80<strong>01</strong> Zurich Tel : <strong>01</strong> 211 17 30<br />

Consulats en Roumanie<br />

Consulat <strong>de</strong> France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin). Tel :<br />

(00 40) 1 312 02 17 à 21<br />

Brasov : 148, strada Lunga. (ouvert <strong>de</strong> 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre pas<br />

<strong>de</strong> visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67<br />

Chambre <strong>de</strong> commerce International française: 142-146, Calea Victoriei, sector 1,<br />

Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51<br />

Consulat <strong>de</strong> Belgique: 32, boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00 40)<br />

1 212 3680<br />

Consulat <strong>de</strong> Suisse:12, strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert <strong>de</strong> 9h à 17 h)<br />

Tel : (00 40) 1 210 <strong>03</strong>24<br />

Consulat du Canada : 36, strada Nicolae Iorga Bucarest Tel : (00 40) 1 222-98-45.<br />

(Ouvert <strong>de</strong> 9 h à 17 h)<br />

Office du tourisme <strong>de</strong> Roumanie à Bucarest : 7, Boulevard Magheru, Bucarest<br />

(ouvert <strong>de</strong> 8h à 20h). Tel : (00 40) 1 312 25 98.<br />

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8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie 44 300 Nantes - France<br />

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Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

40<br />

Seul quotidien en français du Caire à Zurich<br />

Bucarest Matin se meurt<br />

dans l'indifférence<br />

<strong>de</strong> ses amis<br />

Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du<br />

pays où l'on se trouve, résumant également dans votre<br />

langue <strong>les</strong> principaux évènements internationaux et<br />

<strong>de</strong> chez soi, est un privilège rare. Surtout si ce pays n'est pas<br />

francophone, même s'il est francophile. Le retrouver dans son<br />

hôtel, à bord <strong>de</strong> l'avion ou dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> librairies <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, n'est pas seulement d'un grand réconfort quand on<br />

se sent un peu déphasé, c'est aussi une ai<strong>de</strong> précieuse.<br />

"Bucarest Matin" fait partie <strong>de</strong> cette poignée <strong>de</strong> journaux, extrêmement réduite, qui<br />

chaque jour maintient la présence <strong>de</strong> la langue et <strong>de</strong> l'influence française à travers le mon<strong>de</strong>.<br />

Une gageure que l'on ne retrouve nulle part sur le continent européen et dans aucun autre ex pays <strong>de</strong> l'Est. Même pas en Pologne,<br />

autre pays traditionnellement ami <strong>de</strong> la France et disposant <strong>de</strong> moyens et d'ai<strong>de</strong>s supérieurs. Depuis la Suisse, il faut aller jusqu'au<br />

Moyen-Orient, au Caire et à Beyrouth, pour retrouver cette forme "d'exception culturelle".<br />

Le pari d'un quotidien en français en Roumanie remonte à 1995. Radu Bogdan, son propriétaire, misait alors sur l'ouverture <strong>de</strong><br />

son pays à l'économie <strong>de</strong> marché et la place <strong>de</strong> choix que la France ne manquerait pas d'y occuper, au vu <strong>de</strong> l’influence qu’elle y<br />

exerce <strong>de</strong>pui bientôt <strong>de</strong>ux sièc<strong>les</strong>.. Il recevait son ai<strong>de</strong>, essentiellement technique, pour le démarrage, fourniture d'ordinateurs, mise<br />

à disposition d'un coopérant afin <strong>de</strong> veiller au niveau du français.<br />

Au fil <strong>de</strong>s ans, l'intérêt <strong>de</strong> Paris a faibli. "Bucarest Matin" s'est retrouvé seul<br />

à défendre la présence française dans la sphère médiatique roumaine. Alors que<br />

l'autre quotidien du groupe, "NINE O' CLOCK", <strong>de</strong>stiné aux anglophones, prospérait,<br />

augmentait le nombre <strong>de</strong> ses pages et <strong>de</strong> ses chroniques, bénéficiant du soutien<br />

<strong>de</strong>s annonceurs anglais et américains, "Bucarest-Matin" s'étiolait, pratiquement<br />

sevré <strong>de</strong> publicité, bien que la France soit le premier investisseur dans le<br />

pays et que ses plus grosses entreprises y soient présentes, Renault, Carrefour,<br />

Michelin, Lafarge, Alcatel, Accord, la Société générale, France Télécom…<br />

Journaux anglais et italien risquent <strong>de</strong> rester seuls sur la place<br />

Tirant toujours à 5000-6000 exemplaires, le journal survit aujourd'hui sans moyens, grâce à la synergie (impression, distribution,<br />

abonnement) développée par "NINE O' CLOCK" et "SETTE GIORNI", le nouvel hebdomadaire en italien du groupe, qui<br />

déjà s'autofinance avec la publicité apportée par <strong>les</strong> investisseurs transalpins.<br />

La rédaction est réduite à <strong>de</strong>ux jeunes femmes, épaulées par quelques étudiants,<br />

soit un effectif quatre à cinq fois inférieur à celui <strong>de</strong> son confrère anglais.<br />

Ruxandra et Camelia se battent <strong>de</strong>puis l'origine pour que la présence française au<br />

quotidien soit assurée sur la place <strong>de</strong> Bucarest et dans le reste du pays.<br />

L'abattement n'est pas loin parfois quand el<strong>les</strong> constatent que leurs efforts non<br />

seulement ne sont pas reconnus, mais souvent même ignorés. Comment ne pas se<br />

sentir découragées quand on consacre chaque semaine <strong>de</strong>s colonnes à l'activité<br />

culturelle francophone <strong>de</strong> la capitale, réservant une place <strong>de</strong> choix au prestigieux<br />

Institut français… et que celui-ci n'a pas <strong>de</strong>ux francs (0,3 ) par jour à donner<br />

pour abonner sa bibliothèque ? "Ces maudits Français" diraient <strong>les</strong> Québécois,<br />

<strong>de</strong>vant tant d'ingratitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> désintérêt … mais à Bucarest, on est plus polis.<br />

Oh, certes le journal aurait besoin <strong>de</strong> conforter son niveau d'écriture. Mais<br />

comment faire quand on est si peu et écrasés par la tâche… avec un seul dictionnaire<br />

<strong>de</strong> français à disposition.<br />

Depuis près <strong>de</strong> sept ans, chaque jour <strong>de</strong> la semaine,<br />

Camelia et Ruxandra assurent la sortie d’un journal<br />

<strong>de</strong>stiné aux francophones et écrit dans leur langue.<br />

“Bucarest-Matin” se meurt… comme le français en Roumanie. A petit feu. Mais il faudrait très peu <strong>de</strong> choses pour le sauver.<br />

Un peu <strong>de</strong> publicité pour permettre à son directeur d'étoffer la rédaction, l'envoi d'un jeune coopérant-journaliste chargé du bon<br />

usage du français, et l'ai<strong>de</strong> régulière <strong>de</strong> quelques professionnels amis <strong>de</strong> la Roumanie. A ce faible prix, la francophonie aurait toujours<br />

son irremplaçable vitrine dans un pays où elle compte tant, et la défense <strong>de</strong> son influence ne se limiterait pas à <strong>de</strong>s mots…<br />

qu'on n'imprimera peut-être même bientôt plus à Bucarest.

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