You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Virginie.mangini@free.fr<br />
Chemin du serre – 30340 Rousson<br />
Le <strong>miroir</strong> <strong>de</strong> l’âme<br />
Un scénario écrit par<br />
Virginie MANGINI<br />
Version Origina<strong>le</strong><br />
V11309<br />
Document protégé par Copyright<br />
Déposé auprès <strong>de</strong> la SACD
VMI<br />
Le <strong>miroir</strong> <strong>de</strong> l’âme<br />
Un scénario écrit par<br />
Virginie MANGINI<br />
Version Origina<strong>le</strong><br />
V11309<br />
Document protégé par Copyright<br />
Déposé auprès <strong>de</strong> la SACD<br />
- 1 -
1 - INT. PRISON – NUIT<br />
------------ Septembre 2006 ---------------<br />
La nuit est tombée sur la maison d'arrêt pour femmes <strong>de</strong> F<strong>le</strong>ury Mérogis.<br />
Les lampadaires illuminent timi<strong>de</strong>ment l'extérieur <strong>de</strong> la prison; par d’étroites ouvertures<br />
mura<strong>le</strong>s s’échappe la lumière intérieure <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s, un grand bruit sourd, comme une<br />
sirène étouffée, puis, plus que <strong>le</strong>s murs noirs <strong>de</strong> la prison.<br />
La luminosité lunaire sur <strong>le</strong> visage d’une femme.<br />
Le visage est fin et sans expression, <strong>le</strong>s cheveux sont tirés en natte.<br />
Le regard est dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> à l’extérieur <strong>de</strong> la prison, en échappée <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s barreaux<br />
<strong>de</strong> la fenêtre <strong>de</strong> la cellu<strong>le</strong>.<br />
La jeune femme se tient <strong>de</strong>bout, appuyée sur <strong>le</strong> mur <strong>de</strong> la cellu<strong>le</strong> face à la fenêtre.<br />
Dans son mutisme et sa solitu<strong>de</strong>, el<strong>le</strong> ne semb<strong>le</strong> pas désemparée.<br />
VMI<br />
De me nommer je ne <strong>le</strong> puis,<br />
Vou<strong>le</strong>z-vous voir ce que je suis,<br />
Cherchez à voir ce que vous êtes<br />
(Recueil <strong>de</strong>s énigmes <strong>de</strong> ce temps (1655))<br />
Le <strong>miroir</strong> <strong>miroir</strong> <strong>de</strong> l’âme<br />
- 2 -
-------- Quelques mois plus tard ---------------------<br />
2 - INT/EXT. TERRASSE DU FOUQUET - PARIS CHAMPS ELYSEE – JOUR<br />
Par une superbe journée enso<strong>le</strong>illée, Paris, capita<strong>le</strong> <strong>de</strong> la France, l'avenue <strong>de</strong>s champs<br />
élysées, la terrasse du fouquet.<br />
Une jeune et jolie femme, pas très gran<strong>de</strong>, sort <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>ttes du Fouquet et se dirige vers<br />
la terrasse extérieure.<br />
Un serveur à l'uniforme ordonné s'arrête pour la laisser passer. Il la salue et s'excuse.<br />
Nous avançons avec cette jeune femme et découvrons l'intérieur luxueux du fouquet.<br />
Assises en terrasse, <strong>de</strong>ux femmes. On reconnaît la jeune fil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>ttes.<br />
Un dictaphone et <strong>de</strong>s notes sont posés sur la tab<strong>le</strong>.<br />
Il s'agit <strong>de</strong> la première page <strong>de</strong> Paris Match consacrée à l'artiste peintre la plus en<br />
vogue du moment : Elsa Quivir et son ascension fulgurante.<br />
Les femmes sont à l'aise, paraissent être amies.<br />
La journaliste insiste sur l'originalité du travail d'Elsa et pose <strong>de</strong>s questions sur son sty<strong>le</strong>.<br />
El<strong>le</strong> est curieuse <strong>de</strong> savoir ce que réserve Elsa : l'installation <strong>de</strong> son prochain atelier et<br />
sa ga<strong>le</strong>rie, ses interventions à la faculté <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> Paris ...<br />
Puis <strong>de</strong>s questions plus personnel<strong>le</strong>s.<br />
VMI<br />
JOURNALISTE<br />
Votre succès était <strong>de</strong> loin prévisib<strong>le</strong>, il y a moins d'un an <strong>le</strong><br />
nom d'Elsa Quivir n'évoquait rien, alors que <strong>de</strong>rnièrement<br />
votre exposition au centre Pompidou a été un triomphe, vous<br />
avez été remarquée tout spécia<strong>le</strong>ment pour votre oeuvre<br />
Brindil<strong>le</strong>, toi<strong>le</strong> inédite et d'un autre genre, d'où vous vient<br />
cette nouvel<strong>le</strong> inspiration ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
C'est un nouveau registre pour <strong>le</strong> public mais c'est un genre<br />
<strong>de</strong> peintures sur <strong>le</strong>quel je travaillais déjà <strong>de</strong>puis quelques<br />
temps. Dans un premier temps, je me suis consacrée<br />
d'avantage à ce pourquoi j'ai été appréciée. Puis, je crois<br />
que j'ai présenté Brindil<strong>le</strong>, qui est effectivement assez<br />
éloignée <strong>de</strong> mes autres toi<strong>le</strong>s, au bon moment. On m'a<br />
conseillé <strong>de</strong> <strong>le</strong> faire lors <strong>de</strong> cette exposition et c'est une<br />
réussite<br />
JOURNALISTE<br />
Qui vous a conseillé dans ce choix ?<br />
- 3 -
VMI<br />
ELSA QUIVIR<br />
Des amis en qui j'ai confiance<br />
JOURNALISTE<br />
Visib<strong>le</strong>ment vos amis vous influencent dans vos choix. Votre<br />
intérêt pour la peinture et l'art a-t-il été suscité par <strong>de</strong>s<br />
proches ou autres ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
(amusée)<br />
Je n'ai pas vraiment d'explications, je n'ai pas <strong>de</strong> souvenirs<br />
marquants sur <strong>le</strong> jour où j'ai pris pour la première fois un<br />
pinceau tandis que j'ai souvenir du ca<strong>de</strong>au d'une <strong>de</strong> mes<br />
amis pour un noël : <strong>de</strong> grosses bouteil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> peinture<br />
acrylique! C’était sans doute <strong>le</strong> début <strong>de</strong> mon histoire (en<br />
riant). Je n'ai pas fait d'étu<strong>de</strong>s dans ce domaine ni vraiment<br />
dans d'autres d'ail<strong>le</strong>urs. Mon père travaillait dur à l'usine et<br />
ma mère n'avait pas assez <strong>de</strong> mains pour ses enfants. Je<br />
crois qu'il ne faut pas chercher d'explications métaphysiques<br />
à mon envie <strong>de</strong> peindre. Vous disiez tout à l'heure que mon<br />
succès n'était pas prévisib<strong>le</strong>, vous avez raison. Je crois que<br />
la vie est faite <strong>de</strong> rencontres. Mon succès est réel<br />
aujourd'hui, sans doute <strong>de</strong> par mon ta<strong>le</strong>nt, mais surtout car<br />
j'ai été au bon endroit, au bon moment et parce que j'ai<br />
rencontré la bonne personne, cel<strong>le</strong> que vous croisez et qui<br />
peut changer <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> votre vie<br />
JOURNALISTE<br />
De qui par<strong>le</strong>z-vous ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Gloria, Gloria Schreiber, parce qu'el<strong>le</strong> m'a regardé<br />
différemment et porté un intérêt particulier chargé d'une<br />
extraordinaire force, el<strong>le</strong> a changé <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> ma vie<br />
JOURNALISTE<br />
C'est votre agent peut-être, el<strong>le</strong> travail<strong>le</strong> à vos côtés ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Ce n'est pas mon agent mais el<strong>le</strong> a fait plus que ce qu'aurait<br />
pu faire un agent pour moi, avant et pendant mon ascension,<br />
c'est fina<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> qui est à l'origine <strong>de</strong> mon succès. Gloria<br />
est maintenant à Las Vegas et s'occupe aujourd'hui <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s choses. Je dois tout à Gloria, c'est une amie<br />
et bien plus encore ...<br />
Elsa Quivir semb<strong>le</strong> soudainement nostalgique <strong>de</strong> la personne dont el<strong>le</strong> est en train <strong>de</strong><br />
- 4 -
par<strong>le</strong>r<br />
------------Environ 3 ans plus tôt------------<br />
3 - INT. APPARTEMENT DE GLORIA - SOIR<br />
VMI<br />
JOURNALISTE<br />
Avant <strong>de</strong> s’instal<strong>le</strong>r à Las Vegas, Gloria Schreiber a été<br />
visib<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> vecteur <strong>de</strong> votre réussite et vous semb<strong>le</strong>z être<br />
<strong>de</strong>venues proches, très proches. Pouvez-vous me par<strong>le</strong>r <strong>de</strong><br />
Gloria Schreiber ? Qui est-el<strong>le</strong> au juste ?<br />
1er Octobre 2004.<br />
Un portab<strong>le</strong> s'agite sur la conso<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'entrée d'un grand appartement. Le nom d'Elsa<br />
Quivir apparaît pendant que <strong>le</strong> téléphone vibre et tourne doucement sur lui-même.<br />
L'appartement est très lumineux et animé par un fond <strong>de</strong> musique.<br />
Des morceaux <strong>de</strong> coton blanc entre chaque orteil fraîchement peint, <strong>de</strong>s pieds appuyés<br />
sur la tab<strong>le</strong> basse du salon battent <strong>le</strong> rythme <strong>de</strong> la musique.<br />
Le ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong>s yeux maquillés au kool noir dans la glace, on reconnaît <strong>le</strong> regard <strong>de</strong> la<br />
jeune femme <strong>de</strong> la prison <strong>de</strong> F<strong>le</strong>ury Merogis.<br />
El<strong>le</strong> est installée sur son canapé, el<strong>le</strong> s'applique au contour <strong>de</strong> ses lèvres pétillantes.<br />
Ses cheveux sont remontés, quelques mèches tombent et laissent <strong>de</strong>viner une nuque<br />
fine. El<strong>le</strong> est vêtue d'un tee shirt plutôt fripé et d'un shorty, sa peau est légèrement halée<br />
et son corps parfait.<br />
Son regard se pose sur la pendu<strong>le</strong>, la jeune femme se donne un coup <strong>de</strong> fouet. En se<br />
<strong>le</strong>vant la glace lui échappe <strong>de</strong>s mains, el<strong>le</strong> la rattrape <strong>de</strong> justesse et laisse s'enfuir un<br />
petit soupire <strong>de</strong> soulagement. El<strong>le</strong> constate alors que ses pieds sont restés encombrés.<br />
El<strong>le</strong> retire rapi<strong>de</strong>ment chaque bout <strong>de</strong> coton puis laisse place à une série <strong>de</strong> pas légers.<br />
Devant <strong>le</strong>s glaces <strong>de</strong> son grand dressing, el<strong>le</strong> enfi<strong>le</strong> sa robe, détache ses cheveux et<br />
enfi<strong>le</strong> ses escarpins à talon. El<strong>le</strong> réajuste <strong>le</strong>s armatures <strong>de</strong> son soutien gorge. El<strong>le</strong> se<br />
regar<strong>de</strong> et fait la moue. El<strong>le</strong> enfi<strong>le</strong> une bel<strong>le</strong> et large bague à son in<strong>de</strong>x. C'est <strong>le</strong> seul<br />
bijou qu'el<strong>le</strong> porte. On suit ses pas, sa silhouette se dirige vers la porte d'entrée, à la<br />
prise <strong>de</strong> son sac et <strong>de</strong> son mobi<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> constate qu'el<strong>le</strong> a un message.<br />
ELSA QUIVIR<br />
(Par répon<strong>de</strong>ur, une voix peu assurée)<br />
Bonjour Gloria .. Mel<strong>le</strong> Schreiber, c'est Elsa Quivir, je tenais<br />
encore à vous remercier pour l'intérêt que vous avez porté à<br />
mon travail. Je n'arrive pas encore à réaliser que j'aurai ma<br />
place dans quelques mois à la bienna<strong>le</strong> ... Gloria, merci,<br />
j'espère vous revoir bientôt ...<br />
Les yeux <strong>de</strong> Gloria sourient.<br />
Sa main déc<strong>le</strong>nche l'alarme.<br />
Gloria sort.<br />
- 5 -
4 - INT. SALLE DE RÉCEPTION D'UN HOTEL - SOIR<br />
Gloria fait son entrée dans la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> réception <strong>de</strong> l'hôtel l'Imperator.<br />
On l'embrasse, on la congratu<strong>le</strong>.<br />
On lui reproche gentiment <strong>de</strong> s'être fait attendre, ce soir, ou d'être trop mo<strong>de</strong>ste.<br />
Cette exposition a été succès.<br />
Un homme qui semb<strong>le</strong> être l'organisateur <strong>de</strong> ce cocktail attise <strong>le</strong>s conversations et invite<br />
<strong>le</strong>s convives à s'avancer près <strong>de</strong>s buffets. Il s'exclame soudain lorsque Gloria<br />
s'approche<br />
VMI<br />
MR DICHAO<br />
Ah enfin la voilà ! Je crois que l'on peut applaudir Gloria pour<br />
<strong>le</strong> succès <strong>de</strong> cette exposition et ce qu'el<strong>le</strong> apporte dans <strong>le</strong><br />
milieu <strong>de</strong> l’art, je suis fier d'avoir Mel<strong>le</strong> Schreiber dans <strong>le</strong>s<br />
équipes <strong>de</strong> l'agence Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong><br />
Toute l'assemblée applaudit, Mr Dichao invite Gloria à prendre la paro<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> s'approche<br />
un peu plus <strong>de</strong> son patron et intervient<br />
GLORIA<br />
Tout d'abord je tiens à vous remercier pour votre présence ce<br />
soir mais aussi tout au long <strong>de</strong> cette exposition; je tiens à<br />
rendre hommage encore une fois à l'artiste JANUSZ pour la<br />
place et <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> qu'il a tenu dans son courant artistique, il<br />
n'aura malheureusement pas connu <strong>le</strong> succès <strong>de</strong> cette<br />
exposition consacrée à son parcours, sa carrière; il a quitté<br />
ce mon<strong>de</strong> trop tôt, mais il continuera, par ses oeuvres, à vivre<br />
au travers <strong>de</strong> vos yeux et <strong>de</strong> votre sensibilité.<br />
Mr Dichao lui tend une coupe <strong>de</strong> champagne et invite l'assemblée à congratu<strong>le</strong>r Gloria<br />
d'applaudissements.<br />
Gloria salue tour à tour <strong>le</strong>s convives qui la félicitent <strong>de</strong> ces choix.<br />
Plus loin, un groupe <strong>de</strong> femmes entoure un homme charmant et élégant. Il s'agit du<br />
célèbre scénographe Rodrigo Pérez.<br />
Antoine accapare Gloria. Il se réjouit <strong>de</strong> son succès et lui fait remarquer la présence <strong>de</strong><br />
Rodrigo.<br />
ANTOINE<br />
Rodrigo est là, il peut pas te lâcher, regar<strong>de</strong>s <strong>le</strong> avec ses<br />
groupis !<br />
GLORIA<br />
C'est normal qu'il soit là, tu vas pas pester à chaque fois,<br />
c'est <strong>le</strong> scénographe <strong>le</strong> plus en vogue sur Paris,<br />
Gloria continue <strong>de</strong> visiter ses convives puis se rapproche inévitab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> Rodrigo,<br />
qu'el<strong>le</strong> salue. Alors qu’el<strong>le</strong>s l'observent déjà comme une riva<strong>le</strong> potentiel<strong>le</strong>, Gloria ne<br />
manque pas d'adresser un bonjour aux jeunes femmes accolées à Rodrigo tel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s<br />
sangsues<br />
- 6 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Bonsoir Rodrigo, bonsoir mesdames<br />
RODRIGO<br />
Bonsoir Gloria, j'ai adoré, il faudra que l'on trouve un moment<br />
pour par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> tes projets ..... professionnels<br />
GLORIA<br />
Un <strong>de</strong> ses jours peut-être, bonne soirée mesdames<br />
Gloria se retire rejoint par Antoine qui lui rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>z-vous avec Mariaggi Lundi.<br />
Plusieurs fois ajourné, Antoine n'a pas envie <strong>de</strong> <strong>le</strong> recevoir seul comme la <strong>de</strong>rnière fois.<br />
ANTOINE<br />
Qu'est-ce qu'on va lui dire à Mariaggi ?<br />
GLORIA<br />
(en souriant)<br />
La vérité, ne t'en fais pas, on règ<strong>le</strong> <strong>le</strong> sujet Lundi<br />
Un jeune homme à gueu<strong>le</strong> d'ange s'approche <strong>de</strong> Gloria et la regar<strong>de</strong> avec gran<strong>de</strong><br />
attention. El<strong>le</strong> soutient <strong>le</strong> regard, amusée. Le convive s'approche encore à la toucher et<br />
lui glisse doucement un mot à l'oreil<strong>le</strong>. Gloria est troublée.<br />
Antoine observe <strong>le</strong> manège puis, interpellé par quelqu'un, la perd <strong>de</strong> vue.<br />
5 - INT. CLUB PRIVÉ DE L'HOTEL - NUIT<br />
Gloria suit bel<strong>le</strong> gueu<strong>le</strong> d'ange. Ils s'éloignent discrètement, dépassent <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes vers<br />
<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s, un moment, nous croyons qu'ils font route et empruntent un long couloir. Ils<br />
arrivent dans <strong>le</strong> club privé <strong>de</strong> l'hôtel avec bar et fumoir. Décor cramoisi.<br />
Un homme est assis dans un fauteuil. On distingue mal ses traits, mais ses chaussures<br />
et son costume sont <strong>de</strong> coupe rare.<br />
Gloria se dirige vers lui. Il se lève, l'enserre tendrement alors qu'el<strong>le</strong> s'abandonne.<br />
GLORIA<br />
Depuis quand es-tu sur Paris ?<br />
HOMME<br />
Je suis arrivé hier, je savais où te trouver mais j’ai préféré<br />
éviter certaines vieil<strong>le</strong>s connaissances au cocktail qui aurait<br />
gâché <strong>le</strong> plaisir <strong>de</strong> retrouver ma fil<strong>le</strong><br />
Gloria s’illumine. Son père l’invite à s’assoir alors que <strong>le</strong> barman s’avance<br />
BARMAN<br />
Votre vodka Mr Schreiber,<br />
- 7 -
VMI<br />
Mr SCHREIBER<br />
Merci<br />
Gloria ne regar<strong>de</strong> que son père et <strong>le</strong>s questions se bouscu<strong>le</strong>nt. Le barman s’efface avec<br />
discrétion.<br />
El<strong>le</strong> sourit, mo<strong>de</strong>ste.<br />
GLORIA<br />
Tu es <strong>de</strong> retour ou simp<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> passage ?<br />
Mr SCHREIBER<br />
De passage, je repars <strong>de</strong>main pour <strong>le</strong> Qatar<br />
GLORIA<br />
Un nouveau projet ?<br />
Mr SCHREIBER<br />
(répond à sa question et enchaine rapi<strong>de</strong>ment sur un autre<br />
sujet)<br />
Oui pour environ 2 ans … je regrette <strong>de</strong> ne pas avoir pu<br />
assister à l’exposition <strong>de</strong> Janusz, ton succès est<br />
remarquab<strong>le</strong>, on me par<strong>le</strong> beaucoup <strong>de</strong> toi, tu travail<strong>le</strong>s<br />
merveil<strong>le</strong>usement bien. Je suis beaucoup touché que tu aies<br />
choisi d’exposer l'œuvre du peintre Janusz. Bel hommage au<br />
grand artiste et à mon cher ami disparu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans. Il<br />
aurait été tel<strong>le</strong>ment sensib<strong>le</strong> et fier que ce soit toi qui<br />
l’expose, d’autant plus qu’au même moment l’affaire Dankrad<br />
Fitcher pourrait être jugée <strong>de</strong>vant la cour Européenne <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> l’homme. Il serait aussi fier que moi si ce n’est plus<br />
<strong>de</strong> ce qu’il se passe aujourd’hui.<br />
GLORIA<br />
Ce serait plus qu’une victoire que cet homme soit jugé ainsi.<br />
Quand à l’exposition <strong>de</strong> Janusz, c'est en souvenir <strong>de</strong><br />
l'histoire et <strong>de</strong>s relations que tu as entretenues à Varsovie<br />
avec lui que j’ai trouvé l'énergie et la motivation propre à tout<br />
embellir.<br />
Le livre que tu as écrit, papa, après sa mort, m'a aidé à<br />
mettre en vie l'oeuvre <strong>de</strong> ton tendre ami, à mieux <strong>le</strong><br />
comprendre, à mieux te comprendre aussi, à mieux te<br />
connaître aussi, tu es toujours resté si discret sur cette<br />
gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ta vie.<br />
Si <strong>le</strong> visage du père <strong>de</strong>meure dans la pénombre, soulignant ses traits nob<strong>le</strong>s, celui <strong>de</strong><br />
Gloria est illuminé, son regard quasi énamouré.<br />
- 8 -
Le serveur s’approche à nouveau et interroge la jeune femme sur sa comman<strong>de</strong>.<br />
Au fond <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong>, dans un fauteuil gueu<strong>le</strong> d'ange feuil<strong>le</strong>tte un magazine.<br />
Mr Schreiber allume un cigare, Gloria est ravie, el<strong>le</strong> sourit. Si<strong>le</strong>nce affectueux. El<strong>le</strong><br />
regar<strong>de</strong> l’heure à la superbe horloge qui semb<strong>le</strong> suspendue dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong><br />
VMI<br />
GLORIA<br />
Il faut que j’y retourne papa, on peut se voir <strong>de</strong>main ?<br />
Mr SCHREIBER<br />
Malheureusement, je dois passer à la maison d'édition pour<br />
rég<strong>le</strong>r quelques formalités concernant mon livre et l’avocat<br />
<strong>de</strong> l’accusation <strong>de</strong> l’affaire Dankrad reçoit une <strong>de</strong>rnière fois<br />
l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s plaignants <strong>de</strong>main matin . Je dois décol<strong>le</strong>r au<br />
plus tard à 13heures pour <strong>le</strong> congrès international <strong>de</strong> Doha.<br />
Ils se lèvent en faisant un signe à gueu<strong>le</strong> d'ange.<br />
Le jeune homme se lève et plie son journal.<br />
Gloria serre très fort son père avec tendresse et fierté.<br />
GLORIA<br />
A bientôt papa et donnes moi <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dès que tu es<br />
installé au Qatar.<br />
Il fait quelques pas puis réalise soudain qu'il a quelque chose à lui donner.<br />
Un petit objet dans du papier journal qu'il sort <strong>de</strong> sa poche.<br />
Mr SCHREIBER<br />
Ah, tu pourras <strong>le</strong> remettre à ta mère, je lui avais promis.<br />
El<strong>le</strong> <strong>le</strong> prend et acquiesce du regard, puis <strong>le</strong>s regar<strong>de</strong> s'éloigner.<br />
6 - EXT. HABITACLE DE VOITURE - MATIN<br />
Les pieds <strong>de</strong> Gloria jouent sur <strong>le</strong>s péda<strong>le</strong>s <strong>de</strong> sa voiture au rythme <strong>de</strong> la chanson qui<br />
emplit l'habitac<strong>le</strong>. Le véhicu<strong>le</strong> avance ainsi, en ca<strong>de</strong>nce, dans l'embouteillage <strong>de</strong> la rue<br />
Parisienne. Le portab<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria sonne, el<strong>le</strong> sait c'est Antoine<br />
GLORIA<br />
(en recrachant la fumée <strong>de</strong> sa cigarette)<br />
Cinq toutes petites minutes et je suis aux pieds <strong>de</strong> Marriagi<br />
- 9 -
7 - INT. BUREAU DE L'AGENCE PRIVÉ WONDERPOLE - MATIN<br />
Un homme, au costume extravagant, chaussures blanches et lunettes d'écail<strong>le</strong> blanches<br />
est assis dans un siège au <strong>de</strong>sign minimaliste.<br />
Il écoute Antoine, <strong>de</strong> l’autre côté du bureau. Celui-ci déplore son <strong>de</strong>rnier appel à la<br />
hotline <strong>de</strong> son opérateur pour un problème d'accès internet<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
non seu<strong>le</strong>ment je suis resté un quart d'heure en attente,<br />
faites <strong>le</strong>s comptes à 20 cts d'euros la minute ! pour tomber<br />
fina<strong>le</strong>ment sur un gar qui comprenait parfaitement mon<br />
problème, mais moi pas un mot !! Déjà que c'est hyper<br />
technique si en plus on y rajoute un accent exotique, c'est la<br />
débanda<strong>de</strong> !<br />
ANTOINE<br />
(avec accent étranger)<br />
"Al<strong>le</strong>z dans panneau <strong>de</strong> configuration" , "euh", "démarrer,<br />
panneau <strong>de</strong> configuration, connexion réseau" , "euh ! tous <strong>le</strong>s<br />
programmes" j'ai raccroché, mon petit voisin est venu rég<strong>le</strong>r<br />
ça en 2 minutes montre en main, c'est pas mon truc<br />
l'informatique!<br />
Au fur et à mesure, Antoine s’anime, guettant la porte. Il transpire.<br />
ANTOINE<br />
C'est comme la <strong>de</strong>rnière fois, j'appel<strong>le</strong> un mé<strong>de</strong>cin pour<br />
prendre un ren<strong>de</strong>z-vous, je suis tombé sur une secrétaire soit<br />
disante médica<strong>le</strong> enfin une gestionnaire d'agenda incapab<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> faire la différence entre une crise d'hémorroï<strong>de</strong>s et une<br />
rage <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts !<br />
Marriagi est à peine amusé.<br />
Gloria survient, à son grand soulagement. Mariaggi reste assis, Gloria lui sert<br />
fermement la main.<br />
GLORIA<br />
Bonjour, je m'excuse pour <strong>le</strong> retard, Paris et ses<br />
embouteillages ! Vous avez peut-être commencé sans moi<br />
El<strong>le</strong> regar<strong>de</strong> d'un oeil coquin Antoine qui transpire encore après l'effort <strong>de</strong> conversation<br />
qu'il vient <strong>de</strong> fournir<br />
On rentre rapi<strong>de</strong>ment dans <strong>le</strong> vif du sujet.<br />
ANTOINE<br />
Non, nous bavardions <strong>de</strong> choses et d'autres<br />
- 10 -
Il balance <strong>le</strong> courrier sur <strong>le</strong> bureau.<br />
VMI<br />
MARRIAGI<br />
J'ai reçu par courrier recommandé votre avis négatif<br />
concernant ma participation à la bienna<strong>le</strong>.<br />
MARRIAGI<br />
Je ne comprends pas d'avoir été rayé du catalogue sans<br />
entretien, sans un mot !<br />
Une <strong>le</strong>ttre ? Que dois-je comprendre ?<br />
GLORIA<br />
Je comprends votre déception, vous n'êtes pas <strong>le</strong> seul,<br />
néanmoins ce n'est pas suffisant ! Cela mérite explication :<br />
mauvais calcul budgétaire ! Il a fallu faire <strong>de</strong>s choix et<br />
supprimer un certain nombre d'artistes. Je suis désolée<br />
d'autant que ce choix m'incombe à part entière<br />
L'artiste s'énerve, ses lunettes d'écail<strong>le</strong>s blanches s'agitent aux rythmes <strong>de</strong>s tics qui<br />
animent <strong>le</strong> bout <strong>de</strong> son nez et sa lèvre supérieure.<br />
L’ « artiste » suffoque.<br />
Gloria sourit davantage<br />
MARRIAGI<br />
Désolée, vous êtes désolée mais il va falloir trouver mieux,<br />
mais pour qui vous prenez vous ? Puis au nom <strong>de</strong> quel<strong>le</strong><br />
compétence vous arrogez vous <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> blackbou<strong>le</strong>r un<br />
créateur <strong>de</strong> mon espèce ?<br />
GLORIA<br />
Vous l'aurez voulu ! Un créateur ? un créateur qui ne crée<br />
plus rien <strong>de</strong> puis longtemps. Pour la Bienna<strong>le</strong>, ce que vous<br />
nous avez pondu est quelque chose que je qualifierai plus<br />
d'inacceptab<strong>le</strong> qu’indéfinissab<strong>le</strong>.<br />
MARRIAGI<br />
Mais comment pouvez-vous comprendre et juger mes<br />
oeuvres ? espèce <strong>de</strong> grognasse<br />
GLORIA<br />
Pour tout dire, je vous rappel<strong>le</strong> que je suis payée pour juger<br />
<strong>de</strong>s oeuvres. Vous vou<strong>le</strong>z <strong>de</strong>s détails, en voilà. Votre<br />
inspiration est maintenant démodée comme l'est toute chose<br />
futi<strong>le</strong> et sans va<strong>le</strong>ur. Vos années fastes sont au passé et<br />
c’est maintenant que vous vous souciez <strong>de</strong> ce que l’on peut<br />
comprendre <strong>de</strong> votre œuvre ! Quand vos amis vous ouvrez<br />
grand <strong>le</strong>s portes <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s expos, rétrospectives et autres<br />
hommages, vous souciez-vous <strong>de</strong> savoir ce que <strong>le</strong>s uns ou<br />
- 11 -
VMI<br />
<strong>le</strong>s autres pensaient <strong>de</strong> votre travail ! Fut un temps où il<br />
aurait été un honneur pour moi <strong>de</strong> présenter vos oeuvres<br />
mais aujourd'hui je suis heureuse <strong>de</strong> pourvoir vous dire<br />
combien l' "oeuvre" et <strong>le</strong> personnage me révulsent. Vous êtes<br />
fini, vos motivations sont <strong>de</strong>venues hors cadre, vous vous<br />
êtes perdu mon cher !<br />
Antoine est tétanisé.<br />
Mariaggi encaisse <strong>le</strong> choc.<br />
Antoine ne réagit pas.<br />
Gloria est dans un défi serein, triomphant.<br />
L’ « artiste » franchit la porte avec fracas et imprécations.<br />
MARRIAGI<br />
Vous aurez <strong>de</strong> mes nouvel<strong>le</strong>s Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Schreiber ..<br />
Antoine, admiratif et tremblant, invite Gloria à prendre un café.<br />
8 - INT. APPARTEMENT DE MME SCREIBER - JOUR<br />
Appartement cossu. Décoration bourgeoise, empesée. Dans un coin du salon, une<br />
dame mûre en survêtement fluo finit <strong>de</strong> faire du vélo en soufflant très fort. Sous sa<br />
chevelure colorée, <strong>le</strong> visage est rouge. El<strong>le</strong> halète <strong>de</strong>s considérations sur <strong>le</strong> « cœur au<br />
cœur <strong>de</strong> tout » et autres banalités <strong>de</strong> santé, el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> <strong>de</strong> son poids et <strong>de</strong> son IMC.<br />
Gloria est assise sur <strong>le</strong> bord d’un fauteuil, comme une petite fil<strong>le</strong> sage et un peu lasse.<br />
La dame se dirige vers la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> bains, une serviette autour du cou. El<strong>le</strong> invite Gloria à<br />
venir discuter avec el<strong>le</strong>, mais cel<strong>le</strong>-ci décline l’offre avec une légère grimace. El<strong>le</strong><br />
entend sa mère lui dire que tout <strong>de</strong> même, une exposition sur Janusz, quel<strong>le</strong> drô<strong>le</strong><br />
d’idée : cet ivrogne qui ne pensait qu’à traîner dans <strong>le</strong>s bars et dont <strong>le</strong>s peintures ou<br />
photos ne reflètent que sa propre déchéance …<br />
Gloria regar<strong>de</strong> <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux puis s’arrête précisément sur l'un d’entre eux qui évoque<br />
l’obsession <strong>de</strong> l’abandon et <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong> et chuchote une pensée pour sa mère.<br />
Les photos aux murs : photos d’une jeune et bel<strong>le</strong> danseuse.<br />
On reconnaît bien sûr Mme Schreiber.<br />
La photo <strong>de</strong>s 3 enfants est d’un format moindre, reléguée dans un ang<strong>le</strong> <strong>de</strong> mur. Sur un<br />
secrétaire, plusieurs gran<strong>de</strong>s photos <strong>de</strong> danseuse. On sonne. De la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> bain une<br />
voix s’élève :<br />
LOUISE SCREIBER<br />
Va ouvrir, chérie, c'est Mme Ramirez<br />
Une grosse dame essoufflée, <strong>de</strong>s cadres p<strong>le</strong>in <strong>le</strong>s bras, salue gaiement Gloria.<br />
- 12 -
El<strong>le</strong> tourne un instant dans l’appartement.<br />
Gloria désigne la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> bain<br />
VMI<br />
MME RAMIREZ<br />
Ça fait si longtemps que je ne vous ai pas vue, où est Mme<br />
Schreiber ?<br />
GLORIA<br />
Et par pitié Mme Ramirez tutoyez-moi ...<br />
MME RAMIREZ<br />
(Excitée, en hurlant)<br />
Je <strong>le</strong>s ais Louise, je <strong>le</strong>s ais !! vous al<strong>le</strong>z voir ces merveil<strong>le</strong>s !<br />
Les cadres sont dorés et d’un baroque douteux. El<strong>le</strong> jette un coup d’œil réprobateur en<br />
direction <strong>de</strong> Gloria qui l’ai<strong>de</strong> sans même <strong>le</strong>s regar<strong>de</strong>r.<br />
Gloria <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Mme Ramirez <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Caro<strong>le</strong>, sa fil<strong>le</strong>. Dans la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> bain,<br />
Louise se démaquil<strong>le</strong> avec <strong>de</strong>s gestes <strong>le</strong>nts ou rageurs. Ses cheveux mouillés, épars,<br />
tombent sans grâce.<br />
Mme RAMIREZ pose délicatement <strong>le</strong>s cadres sur la tab<strong>le</strong> basse du salon et se dé<strong>le</strong>cte<br />
<strong>de</strong> ses commentaires.<br />
MME RAMIREZ<br />
Je me souviens <strong>de</strong> ses débuts, on avait déjà d'yeux que pour<br />
el<strong>le</strong>, l'adaptation du lac <strong>de</strong>s cygnes, fabu<strong>le</strong>use, el<strong>le</strong> avait déjà<br />
une grâce à faire p<strong>le</strong>urer<br />
Louise sort <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> bain, une serviette nouée sur ses cheveux. El<strong>le</strong> s’assoit sur <strong>le</strong><br />
divan aux côtés <strong>de</strong> Mme Ramirez. El<strong>le</strong>s sont toutes <strong>de</strong>ux excitées comme <strong>de</strong>s gamines,<br />
s’extasiant sur <strong>le</strong>s cadres et photos qui génèrent <strong>de</strong>s souvenirs et <strong>de</strong>s batail<strong>le</strong>s <strong>de</strong><br />
dates. Gloria n'est pas vraiment intéressée, el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> ennuyée par <strong>le</strong> sujet sans doute<br />
maintes fois évoqué.<br />
GLORIA<br />
As-tu eu <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s d'Anna ?<br />
LOUISE SCREIBER<br />
(sans même la regar<strong>de</strong>r)<br />
Oui il y a environ un mois au téléphone. El<strong>le</strong> se plait vraiment<br />
aux Etats Unis, en plus el<strong>le</strong> peut voir Samuel<br />
GLORIA<br />
Anna a réussi son grand oral il y a trois jours, el<strong>le</strong> s'attendait<br />
la veil<strong>le</strong> à ce que tu lui passes un coup <strong>de</strong> fil, histoire <strong>de</strong><br />
savoir que tu penses à el<strong>le</strong>, en plus tu lui avais promis<br />
Louise fronce <strong>le</strong>s sourcils, se lève, chausse <strong>de</strong>s lunettes et ouvre un tiroir; el<strong>le</strong> en sort<br />
un agenda qu’el<strong>le</strong> feuil<strong>le</strong>tte nerveusement.<br />
- 13 -
VMI<br />
LOUISE SCREIBER<br />
Ben ça, je l'aurai noté tout <strong>de</strong> même ... Quel jour ?<br />
MME RAMIREZ<br />
(en s'adressant à Louise)<br />
Qu'a-t-el<strong>le</strong> décroché comme diplôme ?<br />
LOUISE SCREIBER<br />
Je ne saurai vous dire, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>le</strong>s plus simp<strong>le</strong>s ayant <strong>de</strong><br />
nos jours <strong>de</strong>s appellations barbares !<br />
GLORIA<br />
(en soufflant à sa mère)<br />
Un diplôme <strong>de</strong> Mercatique et management international<br />
LOUISE SCREIBER<br />
C'est bien ce que je dis<br />
Mme Schreiber, après avoir rangé son agenda à sa place, s’absorbe dans la<br />
contemplation maniaque du parquet.<br />
GLORIA<br />
Tu aurais pu au moins l'appe<strong>le</strong>r<br />
Louise Schreiber pointe du doigt un petit espace et coupe la paro<strong>le</strong> à sa fil<strong>le</strong>.<br />
LOUISE SCREIBER<br />
Là !<br />
S’en suit un débat entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux amies concernant un affaissement du parquet que<br />
pointe du doigt Madame Schreiber. Mme Ramirez nie parce que, chez aucun autre<br />
habitant <strong>de</strong> l’immeub<strong>le</strong>, on retrouve cette dénivellation.<br />
Louise semb<strong>le</strong> se réveil<strong>le</strong>r en se rapprochant <strong>de</strong> Gloria.<br />
Les yeux <strong>de</strong> Gloria sont réprobateurs.<br />
Louise observe alors l'une <strong>de</strong>s photos où el<strong>le</strong> est merveil<strong>le</strong>usement gracieuse et conclut<br />
l’échange là où el<strong>le</strong> l’avait abandonné.<br />
LOUISE SCREIBER<br />
(en saisissant <strong>le</strong> cadre)<br />
Gloria ne me fait pas <strong>de</strong> sermon s'il te plait, ta soeur est une<br />
gran<strong>de</strong> fil<strong>le</strong>, regar<strong>de</strong>s où j'étais et ce que je faisais à son âge<br />
: Palais Garnier dans la Sylphi<strong>de</strong>, un <strong>de</strong>s plus grands bal<strong>le</strong>ts<br />
romantiques .... Et ma mère ne se souciait pas <strong>de</strong> savoir si<br />
j'avais mal aux pieds !<br />
La discussion rou<strong>le</strong> à nouveau sur <strong>le</strong>s photos et <strong>le</strong>ur encadrement.<br />
Gloria, avec un sourire, hausse la voix pour mieux être entendue.<br />
- 14 -
Mme Schreiber se rengorge.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
J'ai vu papa hier, <strong>de</strong> passage à Paris mais déjà reparti pour<br />
Doha.<br />
LOUISE SCREIBER<br />
(en se gaussant)<br />
Le Polak volant<br />
Gloria fouil<strong>le</strong> dans son sac et en extrait <strong>le</strong>ntement l’objet entouré <strong>de</strong> papier qu'el<strong>le</strong> remet<br />
à sa mère<br />
GLORIA<br />
Papa m'a remis ça pour toi<br />
.<br />
Louise <strong>le</strong> saisit, méfiante.<br />
El<strong>le</strong> se contient dans une longue grimace, el<strong>le</strong> tourne et pose bruta<strong>le</strong>ment l’objet sans<br />
l’ouvrir sur l’un <strong>de</strong>s cadres, <strong>le</strong> verre se brise, el<strong>le</strong> fond en larmes. Mme Ramirez la<br />
prend par <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> se tourne vers Gloria, <strong>le</strong> visage en feu,<br />
MME RAMIREZ<br />
Mais ce n’est pas croyab<strong>le</strong> ! vous prenez plaisir à faire<br />
souffrir votre mère, et avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> votre père en plus, cet<br />
homme sans principe pour qui Madame a tout sacrifié !<br />
GLORIA<br />
Mme Ramirez ! arrêtez tout <strong>de</strong> suite s'il vous plait<br />
Mme Ramirez s’offusque <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gloria .<br />
Gloria se lève, prend son sac et regar<strong>de</strong> Mme Ramirez dans <strong>le</strong> blanc <strong>de</strong>s yeux.<br />
Le visage congestionné <strong>de</strong> Louise est grotesque mais sincère.<br />
9 - INT. BUREAU DE GLORIA - JOUR<br />
Gloria s'affère à classer méthodiquement et avec nostalgie <strong>le</strong> dossier concernant<br />
l'exposition <strong>de</strong> Janusz.<br />
Son bureau est rempli <strong>de</strong> f<strong>le</strong>urs. On continue à la congratu<strong>le</strong>r par <strong>de</strong> magnifiques<br />
bouquets accompagnés <strong>de</strong> mots emplis <strong>de</strong> reconnaissance.<br />
La secrétaire franchit <strong>le</strong> seuil <strong>de</strong> la porte du bureau <strong>de</strong> Gloria avec une nouvel<strong>le</strong><br />
composition flora<strong>le</strong>.<br />
LA SECRÉTAIRE<br />
Et encore un ! il vient d'arriver<br />
GLORIA<br />
Je n'ai plus <strong>de</strong> vase, al<strong>le</strong>z voir dans <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong> Claudia<br />
- 15 -
VMI<br />
LA SECRÉTAIRE<br />
Et Mr Armant du ministère <strong>de</strong> la culture est dans <strong>le</strong> hall, il<br />
souhaite vous voir<br />
GLORIA<br />
Mr Armant ? ... j'arrive<br />
Gloria range rapi<strong>de</strong>ment <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> son bureau.<br />
10 - INT. HALL DE L'AGENCE DE GLORIA - JOUR<br />
Gloria se dirige dans <strong>le</strong> hall d'entrée.<br />
El<strong>le</strong> y trouve un homme élégant en costume cravate qui la regar<strong>de</strong> s'avancer vers lui.<br />
Il termine une conversation sur son téléphone portab<strong>le</strong>.<br />
Ils se saluent amica<strong>le</strong>ment d'une poignée <strong>de</strong> mains.<br />
11 - INT. BUREAU DE GLORIA - JOUR<br />
GLORIA<br />
(large sourire)<br />
Bonjour Mr Armant, comment al<strong>le</strong>z-vous ?<br />
MR ARMANT<br />
Bien Mel<strong>le</strong> Schreiber, je sais que nous n'avions pas ren<strong>de</strong>zvous<br />
mais je souhaiterai m'entretenir avec vous<br />
GLORIA<br />
Suivez-moi, nous serons bien mieux dans mon bureau.<br />
Gloria se dirige vers son siège <strong>de</strong> bureau et propose d'un signe <strong>de</strong> la main à Mr Armant<br />
<strong>de</strong> s'asseoir dans <strong>le</strong> grand et confortab<strong>le</strong> fauteuil qui fait face<br />
MR ARMANT<br />
(surpris par <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> f<strong>le</strong>urs)<br />
Nous apprécions, autant que tous vos admirateurs, votre<br />
travail. Particulièrement celui que vous êtes en train <strong>de</strong><br />
mener pour nous : la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Arts Contemporains <strong>de</strong><br />
Paris. Vos expositions sont un succès à l'unanimité : insolite,<br />
surprenant, ta<strong>le</strong>nt caché, vous savez mettre en lumière ce<br />
que d'autres laisseraient mourir dans l'ombre.<br />
Gloria, ne comprenant pas très bien l'objet <strong>de</strong> cette discussion, explique que<br />
l'organisation <strong>de</strong> l'exposition, qu'el<strong>le</strong> a en charge concernant la bienna<strong>le</strong>, est bouclée et<br />
prête à être présentée comme convenu à la fin du mois.<br />
- 16 -
VMI<br />
MR ARMANT<br />
Si je suis là ce n'est pas pour vous par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> cette<br />
collaboration mais d'une tout autre.<br />
GLORIA<br />
C'est-à-dire ?<br />
Gloria <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> intriguée et curieuse ....<br />
MR ARMANT<br />
Janusz : c'est toute la Pologne que vous avez touchée.<br />
L'ambassa<strong>de</strong>ur a fait un retour en Pologne <strong>de</strong>s plus élogieux.<br />
Ils ont été non seu<strong>le</strong>ment séduits mais émus que la France<br />
s'intéresse à <strong>le</strong>urs artistes. La Pologne désire vivement que<br />
vous <strong>le</strong>s accompagniez dans <strong>le</strong> projet <strong>de</strong> commémoration <strong>de</strong><br />
la <strong>de</strong>rnière guerre.<br />
MR ARMANT<br />
Il nous faut l'expo <strong>de</strong> Janusz en Pologne à Varsovie. Je ne<br />
vous cache pas que la France est aussi intéressée puisque il<br />
s'agit d'un projet culturel franco polonais. Le centre <strong>de</strong>s Arts<br />
et sciences <strong>de</strong> Varsovie avec à sa tête Mr Sikorski orchestre<br />
cet événement. Votre exposition a plus que sa place pour cet<br />
événement. Je pense aussi qu'ils auront besoin <strong>de</strong> votre<br />
expérience sur <strong>le</strong> sujet, l'événement ça vous connaît !<br />
GLORIA<br />
(en prenant son agenda)<br />
Je suis touchée par cette proposition. A quel<strong>le</strong> date doit<br />
débuter ce projet ?<br />
MR ARMANT<br />
Dès la semaine prochaine<br />
GLORIA<br />
(surprise)<br />
Pardon ?<br />
MR ARMANT<br />
la cérémonie se dérou<strong>le</strong> du 1er au 11 Janvier soit dans 3<br />
mois et tout est à faire, c'est pour <strong>de</strong> suite ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong><br />
Schreiber<br />
GLORIA<br />
(troublée par cette proposition)<br />
Je ne vois pas comment gérer la bienna<strong>le</strong> sur laquel<strong>le</strong> vous<br />
m'avez sollicitée et ce projet qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une exclusivité <strong>de</strong><br />
- 17 -
VMI<br />
trois mois<br />
Mr Armant se lève et la salue.<br />
11 - INT. CHAMBRE DE GLORIA - NUIT<br />
MR ARMANT<br />
(rassurant)<br />
Ne vous méprenez pas Mel<strong>le</strong> Schreiber, nous comprenons<br />
bien qu'il faut que nous fassions un choix et si vous acceptez<br />
ce nouveau projet, nous vous dégagerons <strong>le</strong> temps qu'il<br />
faudra <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong>. Votre dossier est nettement avancé et<br />
Il faut qu'il y ait une tota<strong>le</strong> transparence. Nous avons<br />
conscience <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> cette première bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />
arts contemporains, c'est pourquoi nous mettrons une<br />
personne pour vous remplacer durant votre absence et dès<br />
votre retour vous reprendrez <strong>le</strong> dossier<br />
GLORIA<br />
Le dossier est déjà bien avancé, <strong>le</strong>s artistes sont<br />
sé<strong>le</strong>ctionnés, <strong>le</strong>s lieux et dates d'expos pratiquement<br />
bouclés, dans trois mois, la bienna<strong>le</strong> aura déjà commencé ...<br />
MR ARMANT<br />
Vous avez effectivement fait <strong>le</strong> plus important du travail et<br />
c'est un peu rageant <strong>de</strong> lâcher <strong>le</strong> dossier précisément à ce<br />
moment. Mais réfléchissez bien à cette proposition et faites<br />
nous part dès que possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> votre décision<br />
Gloria longe une tab<strong>le</strong> basse qui fait face à son lit. Des livres, <strong>de</strong>s revues entassées.<br />
Puis <strong>le</strong> lit et la tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> chevet sur laquel<strong>le</strong> est posé un livre : Improbab<strong>le</strong> chemin <strong>de</strong> vie<br />
<strong>de</strong> Bruno Schreiber, et la photo d'un enfant en noir et blanc.<br />
Il est 23h15 à son réveil, Gloria se couche.<br />
12 - INT. BUREAU DE GLORIA - PLUS TARD<br />
Gloria vêtue d'un joli manteau entre, pensive, dans son bureau. De nouvel<strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs sont<br />
exposées dans <strong>de</strong>s vases. Le regard <strong>de</strong> Gloria est attiré particulièrement par l'un <strong>de</strong>s<br />
bouquets. El<strong>le</strong> s'approche <strong>de</strong> plus près pour en saisir la carte : "Félicitations <strong>de</strong> tout un<br />
pays, en espérant pouvoir vous rencontrer bientôt : Mr Sikorski - Varsovie"<br />
Gloria parait troublée. Antoine sur ces entre faits entrent dans <strong>le</strong> bureau.<br />
- 18 -
VMI<br />
ANTOINE<br />
(envahissant et rapi<strong>de</strong>ment intrigué par Gloria)<br />
Que pasa ? T’as vu ta tête, tu dénotes avec <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs !<br />
GLORIA<br />
On me propose un projet en Pologne <strong>de</strong> trois mois<br />
ANTOINE<br />
(excité)<br />
En Pologne ?<br />
GLORIA<br />
(sérieuse)<br />
Et <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> ...<br />
ANTOINE<br />
(faussement amusé)<br />
On prépare nos valises et on met Paris en bouteil<strong>le</strong> !! non<br />
sans rire c'est quoi ce projet ?<br />
Gloria s'explique sur <strong>le</strong>s motivations et <strong>le</strong>s intérêts politico culturels du projet.<br />
Le succès <strong>de</strong> l'exposition <strong>de</strong> Janusz a dépassé <strong>le</strong>s frontières, et on <strong>le</strong> veut chez lui.<br />
El<strong>le</strong> est à la fois excitée et soucieuse pour la bienna<strong>le</strong>, ses artistes .... On lui a promis<br />
une reprise en main <strong>de</strong> son projet Parisien. Plus Gloria par<strong>le</strong>, plus <strong>le</strong> visage d’Antoine se<br />
détend.<br />
ANTOINE<br />
Ecoutes Gloria, c'est un super projet, qui te concerne et qui<br />
ne peut te tenir qu’à coeur, je crois. Ne te fais pas <strong>de</strong> souci<br />
pour la bienna<strong>le</strong>, j'ai suivi ton dossier, je suis sur Paris, je<br />
serai là pour être ta voie et puis trois mois c'est vite passé.<br />
Tu ne peux pas refuser, c’est un projet pour toi.<br />
13 - INT. COULOIR DU MINISTÈRE DE LA CULTURE - MATIN<br />
Gloria avance dans <strong>le</strong> long couloir du Ministère <strong>de</strong> la Culture aux matériaux et matières<br />
précieux.<br />
Ses mains sont encombrées du poids <strong>de</strong> ses dossiers.<br />
Sa démarche est élégante et assurée.<br />
D'autres pas viennent se mê<strong>le</strong>r à ceux <strong>de</strong> Gloria<br />
Un homme clame son nom du fond du couloir, Gloria stoppe net sa marche, se<br />
retourne, ses cheveux accompagnent avec légèreté son mouvement, ses yeux sont<br />
curieux et inquiets: c'est Rodrigo.<br />
Rodrigo la flatte encore et à son habitu<strong>de</strong>. Il lui caresse légèrement la joue, Gloria<br />
repousse sa main <strong>de</strong> son visage en lui <strong>de</strong>mandant ce qu'il fait là.<br />
- 19 -
VMI<br />
RODRIGO<br />
Bonjour Gloria, tu es magnifique comme d'habitu<strong>de</strong><br />
GLORIA<br />
Qu'est-ce que tu fais ici ?<br />
RODRIGO<br />
Rassures toi je ne pars pas avec toi !!<br />
Gloria, confuse d'avoir été cernée, s'apprête à lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment il sait mais Mr<br />
Armant <strong>le</strong>s interpel<strong>le</strong>.<br />
GLORIA<br />
Comment tu<br />
MR ARMANT<br />
(du fond du couloir et s'avançant vers eux en <strong>le</strong>s<br />
interrompant)<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber et Mr Perez, nous vous attendions<br />
14 - INT. SALLE ... - MINISTÈRE CULTURE - MATIN<br />
Ils entrent tous trois dans une gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> réunion où hommes et dames col<strong>le</strong>t<br />
montés <strong>le</strong>s atten<strong>de</strong>nt. Gloria exquise un sourire; puis, dans un bonjour sincère, s'en suit<br />
une série <strong>de</strong> poignées <strong>de</strong> mains rythmée d'une avalanche <strong>de</strong> noms et <strong>de</strong> fonctions que<br />
récite très studieusement Mr Armant. A la poignée <strong>de</strong> main donnée à Mr Sirkoski,<br />
directeur du centre <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> Varsovie et prési<strong>de</strong>nt du syndicat <strong>de</strong> l'alliance culturel<strong>le</strong><br />
franco-polonaise, <strong>le</strong> coeur <strong>de</strong> Gloria s'embrase, <strong>le</strong>s yeux se cherchent et se trouvent, <strong>le</strong><br />
regard est tendre et approbateur. L'homme est âgé et semb<strong>le</strong> sage.<br />
Gloria est là pour remettre <strong>le</strong> dossier <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l'organisation à mettre en<br />
place. Et aussi pour, précisément, officialiser son engagement dans <strong>le</strong> projet Polonais.<br />
Gloria et Rodrigo s'instal<strong>le</strong>nt autour <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> réunion.<br />
Mr Armant reste <strong>de</strong>bout près du pupitre et lance l'ordre du jour.<br />
MR ARMANT<br />
Nous sommes réunis aujourd'hui pour <strong>de</strong>ux sujets importants<br />
qui seront sans doute <strong>de</strong>ux acteurs essentiels <strong>de</strong> l'art pour<br />
<strong>le</strong>s années 2004 et 2005 : La bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong>s arts<br />
contemporains, plus particulièrement sa partie peinture<br />
mission confiée à Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Schreiber il y a six mois et<br />
l'exposition <strong>de</strong> Janusz en Pologne qui sera menée par Mel<strong>le</strong><br />
Schreiber dans quelques jours. Je vous propose <strong>de</strong><br />
commencer par la bienna<strong>le</strong> puisque Mr Perez n'a que<br />
quelques instants à nous accor<strong>de</strong>r.<br />
- 20 -
L'assemblée jette un regard vers <strong>le</strong> principal intéressé qui est tout sourire, Gloria, el<strong>le</strong><br />
semb<strong>le</strong> inquiète.<br />
VMI<br />
MR ARMANT<br />
C'est effectivement Mr Pérez qui reprendra <strong>le</strong> dossier <strong>de</strong> la<br />
bienna<strong>le</strong> confié à Mel<strong>le</strong> Schreiber. Il s'agit <strong>de</strong> la partie<br />
exposition peinture contemporaine. Le dossier, que nous<br />
présentera Mel<strong>le</strong> Schreiber dans un instant, est déjà bien<br />
avancé. Mr Pérez s'occupera donc <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s démarches<br />
administratives et <strong>de</strong> la partie scénographie dans laquel<strong>le</strong> il<br />
est expert. Je tiens à rappe<strong>le</strong>r que Mr Pérez a déjà toute<br />
notre confiance puisqu'il a mené plusieurs missions pour<br />
notre ministère qui ont été toutes saluées <strong>de</strong> succès. Son<br />
ta<strong>le</strong>nt n'est plus à prouver. Néanmoins, la Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong> gar<strong>de</strong><br />
un droit <strong>de</strong> regard et Mr Antoine Cordaro <strong>de</strong>meure, tel qu'il<br />
était aujourd'hui, assistant commissaire d'expositions.<br />
Gloria, à l'entente du nom <strong>de</strong> Rodrigo Pérez dans la reprise <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong>, suffoque<br />
dans son tail<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>ux pièces, <strong>le</strong>s boutons <strong>de</strong> son veston semb<strong>le</strong>nt fléchir sous <strong>le</strong><br />
gonf<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> ses seins ...<br />
Mr Armant invite Mel<strong>le</strong> Schreiber à faire lumière sur <strong>le</strong> contenu <strong>de</strong> sa commission<br />
artistique.<br />
MR ARMANT<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber, si vous vou<strong>le</strong>z bien nous présenter votre<br />
proposition artistique<br />
Gloria retient son émoi. Ses yeux parcourent à nouveau l'assemblée puis reprend peu à<br />
peu <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssus. El<strong>le</strong> se lève et se dirige vers <strong>le</strong> pupitre central. Gloria ouvre son dossier<br />
et entame la présentation <strong>de</strong> sa proposition fina<strong>le</strong>.<br />
Rodrigo l'œil coquin regar<strong>de</strong> la silhouette parfaite <strong>de</strong> Gloria .Il semb<strong>le</strong> un brin satisfait,<br />
vouloir la manger ...<br />
Lors <strong>de</strong> sa conclusion, el<strong>le</strong> insiste sur la place qu'el<strong>le</strong> a donnée aux artistes encore dans<br />
l’ombre et au ta<strong>le</strong>nt inestimab<strong>le</strong><br />
GLORIA<br />
Comme a dit Malraux il est nécessaire à la culture française<br />
que Paris <strong>de</strong>meure, en art, la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'accueil et <strong>de</strong> la liberté.<br />
Une bienna<strong>le</strong>, quel qu’el<strong>le</strong> soit, doit s'attacher à découvrir un<br />
art exigeant en phase avec notre contemporanéité, c'est dans<br />
cette pensée profon<strong>de</strong> et qui me tient à coeur que je tiens à<br />
vous rappe<strong>le</strong>r l'accueil dans la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong>s arts<br />
contemporains <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> trois nouveaux artistes, à ce jour<br />
inconnus : Messieurs Pagero Vincent et Bertrand Julien et<br />
- 21 -
15 - INT. CUISINE DE GLORIA - SOIR<br />
VMI<br />
pour finir Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Elsa Quivir. Vous retrouverez tout en<br />
détail <strong>le</strong> programme dans <strong>le</strong> dossier que je remets à Mr<br />
Pérez et qui reste bien entendu à vali<strong>de</strong>r.<br />
Gloria, dans sa cuisine, vêtue d'un beau jean au b<strong>le</strong>u délavé et d'un tee-shirt moulant<br />
une poitrine arrogante, lutte contre <strong>le</strong> bouchon d'une bouteil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Vaqueras.<br />
On sonne.<br />
16 - INT. SEUIL PORTE ENTRÉE - APPART GLORIA - SOIR<br />
La porte s'efface <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> visage d'Antoine et d'un jeune homme que l'on pourrait<br />
confondre avec un danseur <strong>de</strong> tectonique à l'acné avancée.<br />
Gloria, proche <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> rires et <strong>de</strong> l'évanouissement, donne la bouteil<strong>le</strong> <strong>de</strong> rouge à<br />
Antoine avant <strong>de</strong> lui vo<strong>le</strong>r une bise affectueuse.<br />
ANTOINE<br />
Je te présente Mathias<br />
Gloria salue poliment <strong>le</strong> jeune homme et <strong>le</strong>s invite à se mettre à l'aise en <strong>le</strong>s<br />
abandonnant pour la cuisine.<br />
17 - INT. CUISINE DE GLORIA - SOIR<br />
Dans sa cuisine Gloria contrô<strong>le</strong> la cuisson du four, el<strong>le</strong> peste après Antoine. El<strong>le</strong> ne peut<br />
pas penser qu'il puisse trouver un intérêt à un ado pré pubère...<br />
Antoine entre dans la cuisine.<br />
ANTOINE<br />
(Excité)<br />
Non mais tu as vu comme il est beau ... Il faut absolument<br />
que je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Moreau qu’il me fasse un nu. T'as vu son<br />
cul !!<br />
GLORIA<br />
Pas encore ! Que ses spots !<br />
On sonne à nouveau.<br />
Gloria suggère à Antoine d'al<strong>le</strong>r ouvrir.<br />
18 - INT. SALON / SALLE À MANGER APPART DE GLORIA - NUIT<br />
- 22 -
La soirée semb<strong>le</strong> bien arrosée.<br />
Le jeu du dictionnaire anime la tab<strong>le</strong>.<br />
VMI<br />
MATHIAS<br />
Alors on a dit "Probité», é<br />
GLORIA<br />
Non probité, a !<br />
Rires ...<br />
Sous la main <strong>de</strong> Mathias un dictionnaire et <strong>de</strong>s petits papiers qu'il déplie et qu'il se<br />
dé<strong>le</strong>cte à lire avec un air nié.<br />
Les définitions autour du mot probité fusent aussi révélatrices que quelques fois<br />
impertinentes.<br />
Les convives sont enivrées, <strong>le</strong>s langues se délient ...<br />
On s'amuse à trouver qui a écrit quoi.<br />
Mathias lit la définition du papier qu'il tient délicatement entre ses doigts.<br />
Antoine se gausse,<br />
MATHIAS<br />
Nom commun féminin, peu utilisé <strong>de</strong> nos jours, remplacé par<br />
probabilité. Encore utilisé en mé<strong>de</strong>cine plus fréquemment<br />
pour indiquer <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> risque, à l'opposé <strong>de</strong> probabilité<br />
utilisé en général pour évaluer <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> chance<br />
ANTOINE<br />
C'est la déf d'un tracassé <strong>de</strong> l'esprit ça, Renaud on t'a<br />
reconnu<br />
RENAUD<br />
Parce que toi scientifique égal tracassé <strong>de</strong> la tête !<br />
MATHIAS<br />
Al<strong>le</strong>z ne vous dispersez pas <strong>le</strong>s garçons je continue<br />
ANTOINE<br />
Vas y ma pou<strong>le</strong>, excuses moi<br />
MATHIAS<br />
(qui déplie <strong>le</strong> papier suivant)<br />
Mesure <strong>de</strong> la turgescence du pénis <strong>de</strong> l'homme. Dans <strong>le</strong><br />
milieu du porno on par<strong>le</strong> <strong>de</strong> Pro <strong>de</strong> la queue, ex : cet homme<br />
a un pénis d'une gran<strong>de</strong> probité<br />
RENAUD<br />
Et bien là c'est la définition du tracassé <strong>de</strong> la queue !!!<br />
- 23 -
Antoine est mort <strong>de</strong> rires. Tous <strong>le</strong>s regards sont rivés vers lui, ils se marrent sur <strong>le</strong><br />
personnage et sa définition. Mathias réclame à nouveau du calme.<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
Je vote pour cel<strong>le</strong> là, je suis trop fort !!<br />
MATHIAS<br />
(qui hausse un peu la voix pour réclamer si<strong>le</strong>nce)<br />
La suivante : Probité, vertu dont Rodrigo Pérez est<br />
dépourvue, et (il tourne la papier) c'est tout !<br />
La jeune femme qui est au côté <strong>de</strong> Renaud et qui semb<strong>le</strong> être sa compagne prend la<br />
paro<strong>le</strong><br />
LAURE<br />
Et bien, sur ce mot, j'ai l'impression qu'on aura démasqué<br />
tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> ! Il est tel<strong>le</strong>ment beau Rodrigo<br />
et si reconnu dans <strong>le</strong> tout Paris, que moi je m'assois sur la<br />
vertu qu'il n'a pas ! je ne te comprends pas Gloria, il est<br />
encore à tes pieds, comme tous <strong>le</strong>s autres hommes que tu as<br />
croisés d'ail<strong>le</strong>urs, toutes <strong>le</strong>s femmes sont prêtes à se frotter<br />
contre <strong>le</strong> ténébreux et ta<strong>le</strong>ntueux Rodrigo Pérez, et toi tu <strong>le</strong><br />
balances, tu balances sur <strong>le</strong>s vertus qu'il n' a pas ! Et bien ma<br />
bel<strong>le</strong> tu en as <strong>de</strong> la chance<br />
El<strong>le</strong> se boit <strong>le</strong> verre cul sec, Renaud la regar<strong>de</strong> un peu étonné<br />
LAURE<br />
Et je signe <strong>de</strong>main avec Rodrigo pour tester la probité <strong>de</strong> sa<br />
queue ! et je vote pour ta définition ma bel<strong>le</strong> Gloria ! enfin<br />
cel<strong>le</strong> là quoi !<br />
Renaud est gêné et surpris par <strong>le</strong>s propos <strong>de</strong> Laure.<br />
Gloria et Laure partent en crise <strong>de</strong> rires.<br />
Mathias ne sait plus où il en est dans ses bouts <strong>de</strong> papiers.<br />
19 - EXT. TERRASSE - APPART GLORIA - PLUS TARD<br />
Fin <strong>de</strong> soirée, plus qu’ Antoine et Mathias.<br />
Sur une jolie terrasse, à peine éclairée, quelques bougies posées sur la tab<strong>le</strong> du salon<br />
en bois <strong>de</strong> teck, Gloria et Mathias sirotent une liqueur <strong>le</strong>s yeux perdus sur Paris dans la<br />
nuit. Antoine, étalé sur <strong>le</strong> sofa, s'enfume d'une benson.<br />
Gloria par<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> ses merveil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> nuit, la nuit où certaines âmes se réveil<strong>le</strong>nt,<br />
où <strong>le</strong>s rencontres peuvent être exceptionnel<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> à ce moment là du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
artistes ...<br />
Mathias semb<strong>le</strong> se réveil<strong>le</strong>r, il propose une after, il est comme sur du 250 volts, Antoine<br />
- 24 -
semb<strong>le</strong> dégonflé. Gloria sourit et décline l'invitation, Antoine ne relève pas, il s'incline<br />
face à sa jeunesse perdue.<br />
Mathias l'air naturel ne se démonte pas, bise Antoine en lui suggérant <strong>de</strong> rester dormir<br />
sur place puis il s'échappe en prétextant l'heure tardive.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
(amusée par la situation)<br />
Antoine ... El<strong>le</strong> baragouine quelques mots en Polonais .. Tu<br />
n'oublieras pas mes plantes pendant mon absence ? avec la<br />
ca<strong>de</strong>nce que tu dois suivre !!<br />
Antoine la regar<strong>de</strong> d'un oeil, l'autre restant définitivement fermé.<br />
Gloria se lève et présente à Antoine sa plante chérie qui triomphe dans un <strong>de</strong>s quatre<br />
coins <strong>de</strong> la terrasse<br />
Antoine s'endort cigarette en main.<br />
GLORIA<br />
El<strong>le</strong> a besoin <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> tendresse, comme toi<br />
d'ail<strong>le</strong>urs, et surtout d'eau comme toi d'ail<strong>le</strong>urs !! ... Pour <strong>le</strong>s<br />
autres c'est avec modération, ce sont <strong>de</strong>s plantes grasses<br />
20 - INT. AEROPORT FREDERIC CHOPIN VARSOVIE - JOUR<br />
Le long manteau noir <strong>de</strong> Mr Sikorski met en relief sa chevelure blanche.<br />
Les mains dans <strong>le</strong>s poches, il avance calmement dans <strong>le</strong> grand hall, fourmillant <strong>de</strong><br />
mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'aéroport Frédéric Chopin <strong>de</strong> Varsovie.<br />
Aux portes voix : <strong>de</strong>s mots polonais, l'affichage é<strong>le</strong>ctronique indique <strong>le</strong>s horaires<br />
d’arrivées <strong>de</strong>s vols, <strong>le</strong> vol en provenance <strong>de</strong> Paris est en cours <strong>de</strong> débarquement.<br />
21 - INT. HALL ARRIVEE AEROPORT FREDERIC CHOPIN - JOUR<br />
Gloria est assise, <strong>le</strong>s jambes croisées. Nous l'observons <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> zénith du hall<br />
d'arrivée, el<strong>le</strong> attend. Les voyageurs encombrés <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs bagages s'agitent, certains<br />
sont accueillis par <strong>de</strong>s amis, d'autres par <strong>de</strong>s poignées <strong>de</strong> mains plus so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong>s,<br />
c 'est un véritab<strong>le</strong> lieu <strong>de</strong> rencontres, <strong>de</strong> retrouvail<strong>le</strong>s.<br />
On ne voit <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria que par <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> la vitre qui donne à l'extérieur.<br />
De dos, sa chevelure et ses épau<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> se tient si droite qu'il semb<strong>le</strong> que sa tête est<br />
hissée par un fil imaginaire.<br />
On observe avec el<strong>le</strong> <strong>le</strong> froid et <strong>le</strong> paysage à l'extérieur.<br />
Un homme se tient <strong>de</strong>bout dans <strong>le</strong> hall, panneau à la main où est écrit Mr Korzack.<br />
- 25 -
Il répète inlassab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Korzack et cherche parmi <strong>le</strong>s voyageurs l'homme<br />
qu'il doit accueillir.<br />
VMI<br />
INCONNU DANS L'AÉOROPORT FRÉDÉRIC CHOPIN<br />
Monsieur Korzack, Monsieur Korzack, Korzack pour la<br />
Société In<strong>de</strong>lor<br />
La tonalité <strong>de</strong> la voix <strong>de</strong> l'inconnu <strong>de</strong> l'aéroport change.<br />
On revient sur <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Gloria.<br />
L'image est flou, <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Gloria se confond au paysage extérieur (on bascu<strong>le</strong> alors<br />
dans <strong>le</strong>s pensées <strong>de</strong> Gloria)<br />
22 - EXT. GHETTO DE VARSOVIE - MATIN<br />
Hiver 1942<br />
Le froid est glacial dans <strong>le</strong> ghetto <strong>de</strong> Varsovie où la pression militaire al<strong>le</strong>man<strong>de</strong> est<br />
insoutenab<strong>le</strong> et manifeste. Des hommes en uniforme et armés font tremb<strong>le</strong>r à chacun<br />
<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mouvement <strong>le</strong>s âmes égarées recluses ici dans la sa<strong>le</strong>té, la misère et la terreur.<br />
Trois al<strong>le</strong>mands assis <strong>de</strong>vant une tab<strong>le</strong> où reposent <strong>de</strong>s registres, appel<strong>le</strong>nt <strong>de</strong>s noms.<br />
Feldman, famil<strong>le</strong> kubzack... À chaque nom, s'en suivent <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> pas résonnants,<br />
<strong>de</strong>s hommes ou femmes s'avancent pénib<strong>le</strong>ment têtes baissées.<br />
Dans chaque fi<strong>le</strong> on distingue un groupe différent <strong>de</strong> personnes : hommes, personnes<br />
âgées, femmes et enfants.<br />
Face à l'un <strong>de</strong>s officiers al<strong>le</strong>mands, une fi<strong>le</strong> avec femmes et enfants.<br />
L’officier appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Korzack. C'est alors un homme frê<strong>le</strong> qui s'avance laissant<br />
<strong>de</strong>rrière lui un groupe d'enfants rangés <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux et appliqués à se tenir la main.<br />
Il porte <strong>de</strong>s petites lunettes ron<strong>de</strong>s.<br />
Il s'approche, l'officier nazi ne <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> pas.<br />
L'Officier NAZI<br />
Janusz Korzack, vous êtes mé<strong>de</strong>cin, écrivain et responsab<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> zet orphelinat, combien ?<br />
JANUSZ KORZACK<br />
31<br />
L'officier compte sur son registre, il n'a pas encore regardé Mr Korzack.<br />
- 26 -
VMI<br />
L'OFFICIER NAZI<br />
(ricanant et parlant haut et fort)<br />
J'en compte 30, je vous ai <strong>de</strong>mandé combien d'enfants ?<br />
JANUSZ KORZACK<br />
Nous sommes 31.<br />
L'OFFICIER NAZI<br />
(ricanant <strong>de</strong> plus en plus fort)<br />
Vous êtes <strong>le</strong> premier qui en rajoute !<br />
JANUSZ KORZACK<br />
Je <strong>le</strong>s accompagne, je pars avec eux<br />
L'OFFICIER NAZI<br />
(ricanant <strong>de</strong> plus en plus fort et regardant sur un<br />
<strong>de</strong>uxième registre)<br />
Vous vous vou<strong>le</strong>z partir à Tréblinka ? avec eux ? vous zêtes<br />
prévus pour un travail ( il se gausse ) ! Je vois sur ce registre<br />
que Korzack doit être envoyé ail<strong>le</strong>urs,<br />
il lui montre <strong>de</strong> la tête une fi<strong>le</strong> permettant d'entrer dans un local où l'accueil semb<strong>le</strong><br />
privilégié alors que <strong>le</strong>s enfants doivent se diriger vers la voie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer.<br />
JANUSZ KORZACK<br />
Nous sommes 31,<br />
L'OFFICIER NAZI<br />
(ricanant)<br />
30 31 c'est comme vous voudrez Monsieur Korzack....<br />
L'attention <strong>de</strong> l'officier se porte soudain vers l'une <strong>de</strong>s autres fi<strong>le</strong>s. Un <strong>de</strong>s hommes tente<br />
<strong>de</strong> se révolter.<br />
Au moment où l'officier se dirige vers la rébellion, il remet <strong>le</strong> registre à l’un <strong>de</strong>s soldats<br />
se tenant à ses côtés.<br />
L'OFFICIER NAZI<br />
(alors qu'il se dirige vers la rébellion)<br />
bon pour transport<br />
23 - INT. HALL ARRIVEE AEROPORT FREDERIC CHOPIN - JOUR<br />
Dans <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> la vitre, <strong>de</strong>rrière Gloria, on aperçoit <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Monsieur Sikorski.<br />
Sa main se pose sur l'épau<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria, près <strong>de</strong> son visage, <strong>le</strong>s yeux encore ail<strong>le</strong>urs.<br />
Gloria semb<strong>le</strong> se réveil<strong>le</strong>r, se lève aussitôt et lui sourit sincèrement.<br />
- 27 -
VMI<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
(sourire discret et affectueux)<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber, je suis désolé <strong>de</strong> vous avoir fait attendre<br />
après un voyage... peut-être éprouvant ?<br />
GLORIA<br />
Je crois que je me suis un peu assoupie ! Bonjour monsieur<br />
Sikorski.<br />
24 - INT. HABITACLE DE VOITURE MR SIKORSKI - JOUR<br />
La voiture <strong>de</strong> Monsieur Sikorski <strong>de</strong> marque Polonaise et <strong>de</strong> cou<strong>le</strong>ur sombre avance sur<br />
la route qui mène au centre <strong>de</strong> Varsovie.<br />
La voiture est impeccab<strong>le</strong>ment propre et sobre.<br />
Seuls <strong>le</strong>urs visages, vus du siège passager arrière, apparaissent à l'écran.<br />
Ils sont en gros plan.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
(calme et toujours posé)<br />
Nous allons au Palais <strong>de</strong> la culture et <strong>de</strong> la science.<br />
GLORIA<br />
J'ai entendu par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> cet endroit, grandiose, je crois qu'on<br />
peut apercevoir cet édifice <strong>de</strong> très loin ?<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
À plus <strong>de</strong> 50 kms. Nous vous avons réservé un bureau à<br />
l'étage où je me trouve avec mes collaborateurs.<br />
GLORIA<br />
Vous êtes ici <strong>de</strong>puis longtemps ?<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
(il sourit)<br />
A cet endroit assez peu .. En Pologne <strong>de</strong>puis presque<br />
toujours !<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Vous connaissez la Pologne Mel<strong>le</strong> Schreiber ? votre nom<br />
résonne si bien ici<br />
GLORIA<br />
Oui , mais je n'y suis jamais venue, c'est la première fois<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Pour <strong>le</strong>s premiers jours, je vous ai réservé une chambre<br />
d'hôtel.<br />
- 28 -
VMI<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Mais je pourrais passer du temps avec vous pour trouver un<br />
appartement, trois mois dans une chambre c'est peut-être<br />
long ?<br />
GLORIA<br />
Vous avez raison, dès que j'aurai pris mes marques je pense<br />
que j'aurai besoin <strong>de</strong> quelques adresses ... El<strong>le</strong> lui dit merci<br />
en Polonais<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Vous par<strong>le</strong>z Polonais ?<br />
GLORIA<br />
Un peu, par mon père, mais si peu<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
J'ai entendu par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> votre père Bruno Schreiber pour son<br />
parcours remarquab<strong>le</strong> entre autres ...<br />
GLORIA<br />
Oui il a quitté la Pologne en 1955 pour la France .... Il par<strong>le</strong><br />
très bien la langue Polonaise mais sont rares <strong>le</strong>s fois où il a<br />
bien voulu nous y initier, j'ai fina<strong>le</strong>ment plus appris par ma<br />
curiosité et entre nous je me défends beaucoup mieux en<br />
Anglais et en Vietnamien<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Vietnamien ? Quel choix surprenant ?<br />
GLORIA<br />
Oui c'est vrai<br />
25 - INT. BUREAU GLORIA - PALAIS ARTS ET SCIENCES - VARSOVIE - PLUS<br />
TARD<br />
La vue sur Varsovie est magnifique <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong> Gloria.<br />
Gloria, <strong>de</strong>bout, regar<strong>de</strong>, <strong>de</strong> ce point dominant, la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Varsovie.<br />
IRINA<br />
(franchissant la porte)<br />
Vos clés <strong>de</strong> voiture Gloria … et la société "affréta" me<br />
confirme <strong>le</strong>ur présence dès 16h. Le FRET en provenance <strong>de</strong><br />
Bruxel<strong>le</strong>s en gare Centra<strong>le</strong> "Warszawa Centralna", n'a pas <strong>de</strong><br />
- 29 -
VMI<br />
retard ....<br />
GLORIA<br />
Parfait ! Merci Irina, je serai donc cet après midi entre la gare<br />
et la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s archives. Pourriez-vous en informer Monsieur<br />
Sikorski ?<br />
IRINA<br />
Oui et je vais vous trouver un plan pour vous rendre jusqu'à<br />
la gare, question que vous ne vous perdiez pas dans <strong>le</strong>s<br />
méandres <strong>de</strong> Varsovie<br />
26 - INT/EXT. WARSZAWA CENTRALNA - PLUS TARD<br />
Le FRET est entré en gare.<br />
Les wagons sont tous chargés <strong>de</strong> containers.<br />
A chacun d'entre eux <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> déchargement s'afférent à transférer la cargaison<br />
du wagon sur <strong>de</strong>s chariots roulants qui sont menés jusqu'au véhicu<strong>le</strong> transporteur.<br />
Devant l'un <strong>de</strong>s wagons, Gloria essaie d'expliquer à l'équipe <strong>de</strong> manipu<strong>le</strong>r avec<br />
délicatesse <strong>le</strong>s containers D&E, son polonais maladroit ne lui vaut aucune attention <strong>de</strong>s<br />
manutentionnaires qui tout en pilotant <strong>le</strong>ur engin comme <strong>de</strong>s playmobi<strong>le</strong>s s'amusent à<br />
commenter <strong>le</strong> charme et <strong>le</strong>s formes irrésistib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Gloria.<br />
Gloria perd son sang froid et se poste <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> wagon.<br />
El<strong>le</strong> commence à expliquer avec <strong>de</strong>s mots polonais simp<strong>le</strong>s et basiques<br />
GLORIA<br />
Stop, contenu fragi<strong>le</strong>, pru<strong>de</strong>nce<br />
Soudain, sans que Gloria ne s'aperçoive <strong>de</strong> sa présence, un homme à l'allure<br />
décontractée prend partie et explique aux hommes, en bon polonais, ce qu'il y a lieu <strong>de</strong><br />
faire et <strong>de</strong> ne pas faire.<br />
INCONNU DE LA GARE<br />
(en polonais)<br />
Les gars, il s'agit d'un convoi exceptionnel d'oeuvres d'arts<br />
<strong>de</strong>stinées à la manifestation <strong>de</strong> commémoration, soyez<br />
pru<strong>de</strong>nts, el<strong>le</strong>s doivent arriver sans une éraflure, ok ?<br />
Gloria est rassurée et laisse échapper un soupir <strong>de</strong> soulagement.<br />
El<strong>le</strong> s'avance vers l'homme et <strong>le</strong> remercie en Polonais.<br />
GLORIA<br />
Je vous remercie (en polonais)<br />
INCONNU DE LA GARE<br />
Il n'y a pas <strong>de</strong> problème.<br />
- 30 -
El<strong>le</strong> lui tend la main.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
(étonnée et rassurée)<br />
Vous par<strong>le</strong>z français ! J'ai vu <strong>le</strong> moment où <strong>le</strong> container allait<br />
s'éventrer sur <strong>le</strong> sol.<br />
INCONNU DE LA GARE<br />
Ils n'ont pas l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> décharger ce genre <strong>de</strong><br />
marchandises ! <strong>de</strong>s oeuvres d'art ! <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux alors encore<br />
en moins<br />
GLORIA<br />
Comment savez-vous ?<br />
INCONNU DE LA GARE<br />
Roman Manioski, je fais partie <strong>de</strong> la troupe <strong>de</strong>s Arts Sauts,<br />
nous travaillons aussi sur <strong>le</strong> projet. Mr Sikorski m'a dit que<br />
vous seriez ici, nous déchargeons un peu plus bas une<br />
structure métallique arrivée tout droit <strong>de</strong> France.<br />
GLORIA<br />
Ah d'accord et bien je suis Gloria Schreiber,<br />
ROMAN<br />
(un peu embarrassé par ce signe <strong>de</strong> salutation)<br />
Enchanté Gloria<br />
Il lui tend la main et surveil<strong>le</strong> d'un oeil l'équipe <strong>de</strong>s hommes.<br />
ROMAN<br />
A dire vrai ils n'ont pas pour habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> croiser <strong>de</strong>s femmes<br />
sur <strong>le</strong>s quais et encore moins <strong>de</strong>s conductrices <strong>de</strong><br />
déchargement !<br />
Roman continue à piloter <strong>le</strong>s hommes au sol <strong>de</strong> façon à ce que la cargaison soit<br />
ménagée <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong>.<br />
Gloria observe cet homme, el<strong>le</strong> est enivrée par ses paro<strong>le</strong>s polonaises et son charme<br />
fou.<br />
ROMAN<br />
Je pense que ça <strong>de</strong>vrait al<strong>le</strong>r maintenant, ils doivent vous <strong>le</strong>s<br />
livrer où ?<br />
GLORIA<br />
(dissimulant son émoi)<br />
Au palais <strong>de</strong>s arts et <strong>de</strong>s sciences, Mr Sikorski a eu une<br />
autorisation pour la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s archives en attendant.<br />
ROMAN<br />
Ok il ne <strong>de</strong>vrait alors plus y avoir <strong>de</strong> problèmes. Je vous<br />
- 31 -
VMI<br />
laisse Gloria, je retourne à mon équipe<br />
GLORIA<br />
À bientôt Ro...<br />
ROMAN<br />
Roman Manioski, oui on se revoit bientôt<br />
Gloria est troublée par <strong>le</strong> charme et la gentil<strong>le</strong>sse <strong>de</strong> cet homme.<br />
27 - INT/EXT. WARSZAWA CENTRALNA - PLUS TARD<br />
Gloria quitte la voie <strong>de</strong> déchargement, un train arrive ... De nouvel<strong>le</strong>s équipes se<br />
précipitent sur <strong>le</strong> quai.<br />
Gloria s'arrête pour laisser passer l'une d'entre el<strong>le</strong>.<br />
El<strong>le</strong> est prise dans <strong>le</strong> tourbillon <strong>de</strong> cet empressement, el<strong>le</strong> pourrait en perdre l'équilibre,<br />
el<strong>le</strong> avance tout <strong>de</strong> même.<br />
28 - EXT. CHEMIN FER - GHETTO VARSOVIE – JOUR<br />
Hiver 1942<br />
Un homme grand, portant un chapeau <strong>de</strong> crêpe, avance dans la fou<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s groupes sont<br />
prostrés <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s wagons.<br />
Des SS font monter <strong>le</strong>s juifs dans <strong>le</strong>s wagons du train. Certains piétons passent tête<br />
basse, la main accrochée à <strong>le</strong>ur maigre sac, <strong>de</strong> honte ils n'osent décrocher <strong>le</strong>s yeux du<br />
sol. D'autres indifférents déambu<strong>le</strong>nt tête haute en continuant <strong>le</strong>ur conversation et en<br />
saluant certains officiers. Le groupe <strong>de</strong> l'orphelinat <strong>de</strong> Janusz Korzack est prostré, en<br />
attente, <strong>le</strong>s enfants sont là, tremblants, rangés <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux, Korzack <strong>le</strong>s rassure <strong>de</strong><br />
son regard protecteur, il semb<strong>le</strong> chercher dans la fou<strong>le</strong> une âme soeur qui pourrait <strong>le</strong>s<br />
sauver. L'homme au chapeau <strong>de</strong> crêpe s'avance au loin, ses yeux sont emplis <strong>de</strong> pitié,<br />
ses points se serrent à la vue d'autant <strong>de</strong> cruautés gratuites <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s SS. Cet<br />
homme n'échappe pas à Janusz. Alors qu’une bouscula<strong>de</strong> l'amène à s'approcher du<br />
groupe, Janusz interrompt la marche <strong>de</strong> l'homme et lui donne la main d'un <strong>de</strong> ses<br />
enfants. Celui qui est <strong>le</strong> plus proche, celui que l'on pourra changer <strong>de</strong> place à ce<br />
moment là, précisément, sans que personne ne s'aperçoive <strong>de</strong> quoique ce soit<br />
JANUSZ KORZACK<br />
Il s'appel<strong>le</strong> Tomsk Portmann, je suis Janusz Korzack,<br />
protégez <strong>le</strong><br />
L'homme au chapeau <strong>de</strong> crêpe ne lâche pas l’enfant, <strong>le</strong>s regards s'échangent, l'un<br />
désespéré et l'autre approbateur puis <strong>le</strong> regard <strong>de</strong> l'enfant muet, il a compris.<br />
L'homme continue sa marche avec l'enfant. Un peu plus loin il <strong>le</strong> portera et disparaîtra<br />
- 32 -
dans la fou<strong>le</strong>.<br />
Un SS vient vers Janusz Korzack, registre en main<br />
VMI<br />
OFFICIER ALLEMAND AUTRE<br />
Orphelinat "Chemin <strong>de</strong> vie "<br />
OFFICIER ALLEMAND AUTRE<br />
(en lisant <strong>le</strong> registre)<br />
30<br />
Un autre officier compte <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> personnes faisant partie <strong>de</strong> ce groupe<br />
OFFICIER ALLEMAND AUTRE<br />
Votre nom ?<br />
JANUSZ KORZACK<br />
Tomsk Portmann<br />
OFFICIER AUTRE<br />
Ils sont 30<br />
L’officier vali<strong>de</strong> <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> personnes sur <strong>le</strong> registre ainsi que <strong>le</strong>s noms.<br />
OFFICIER ALLEMAND AUTRE<br />
Montez, <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux et entazez vous bien<br />
Les enfants <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux s'effacent dans <strong>le</strong> wagon, Janusz Korzack <strong>le</strong>s réconforte, il<br />
monte après eux, il regar<strong>de</strong> dans la direction <strong>de</strong> l'homme qui est parti avec l’enfant, il<br />
sourit avec discrétion et ses yeux s'embuent <strong>de</strong> larmes. L'homme au chapeau <strong>de</strong> crêpe<br />
au loin se retourne tandis que Janusz Korzack disparaît dans <strong>le</strong> train. La porte du<br />
wagon se referme.<br />
29 - INT/EXT. WARSZAWA CENTRALNA - JOUR<br />
Gloria sort <strong>de</strong> la gare.<br />
30 - EXT. EXTÉRIEUR GARE - PLUS TARD<br />
Roman et Mayol se dirigent vers <strong>le</strong>ur véhicu<strong>le</strong> à la sortie <strong>de</strong> la gare.<br />
Ils échangent sur la structure qu'ils viennent <strong>de</strong> recevoir et <strong>le</strong>ur empressement <strong>de</strong> la<br />
découvrir en gran<strong>de</strong>ur nature.<br />
Roman aperçoit Gloria. El<strong>le</strong> sort <strong>de</strong> la gare et cherche la direction où probab<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong><br />
a pu laisser sa voiture.<br />
Roman échange quelques mots puis quitte Mayol qui monte seul en voiture.<br />
Roman s'approche dans la direction <strong>de</strong> Gloria.<br />
El<strong>le</strong> <strong>le</strong> voit et sourit, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> s'avancer.<br />
- 33 -
VMI<br />
ROMAN<br />
Et si on buvait un café ?<br />
GLORIA<br />
Volontiers<br />
31 - INT. CAFÉ DE LA GARE - PLUS TARD<br />
Des carrés <strong>de</strong> sucre dans un café noir, un puis <strong>de</strong>ux et trois, une cuillère qui s'agite<br />
ROMAN<br />
Il faut que je per<strong>de</strong> cette mauvaise habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trop sucrer,<br />
puis ce n'est pas vraiment compatib<strong>le</strong> avec mon activité !<br />
GLORIA<br />
Il me tar<strong>de</strong> <strong>de</strong> rencontrer votre troupe. Les …. ?<br />
ROMAN<br />
Les Arts Sauts<br />
GLORIA<br />
Du cirque ?<br />
ROMAN<br />
Nouveau, cirque nouveau<br />
GLORIA<br />
Vous n'êtes jamais venus en France<br />
ROMAN<br />
Non, nous avons fait l'Est <strong>de</strong> l'Europe. Nous préparons notre<br />
participation à la cérémonie <strong>de</strong>puis 8 mois environ et cette<br />
année j'ai ouvert l'Eco<strong>le</strong> du nouveau cirque ... Les voyages<br />
nous avons un peu stoppé. Et vous ? <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux mais<br />
encore, je ne sais pas grand chose, Mr Sikorski est un<br />
personnage très discret ...<br />
GLORIA<br />
Et bien je suis Commissaire d'exposition Scénographe et<br />
responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> projets culturels événementiels à l'agence<br />
Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris et à Varsovie <strong>de</strong>puis hier !<br />
ROMAN<br />
Rien que ça ...<br />
GLORIA<br />
Comme diraient certains "<strong>de</strong> bien grands mots où personne<br />
- 34 -
VMI<br />
ne comprend rien ! " .. Je suis à Varsovie pour 3 mois afin<br />
d'intégrer <strong>le</strong>s oeuvres d'art du peintre Janusz à la cérémonie<br />
<strong>de</strong> commémoration <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1945<br />
ROMAN<br />
Janusz ?<br />
GLORIA<br />
C'était un artiste peintre d'un grand ta<strong>le</strong>nt, il est décédé il y a<br />
plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans maintenant ... Janusz est son "nom<br />
d'artiste», Il a laissé une oeuvre d'une cinquantaine <strong>de</strong><br />
tab<strong>le</strong>aux .C'est la première fois qu'il sera exposé ici en<br />
Pologne. Reste dans un premier temps à trouver où<br />
ROMAN<br />
Notre représentation se fera dans <strong>le</strong>s jardins du cimetière <strong>de</strong><br />
Powaski, c'était un choix important dans ce contexte. On<br />
pourra vous ai<strong>de</strong>r dans votre recherche pour votre lieu<br />
d'expo...<br />
GLORIA<br />
Monsieur Sikorski m'a aussi proposé son ai<strong>de</strong> mais il m'a l'air<br />
d'être déjà très sollicité<br />
ROMAN<br />
C'est un homme très généreux<br />
GLORIA<br />
Voilà c'est ça et je ne voudrai pas abuser <strong>de</strong> la générosité <strong>de</strong><br />
qui que ce soit, car vous aussi il me semb<strong>le</strong> que vous avez<br />
<strong>de</strong> quoi faire ...<br />
ROMAN<br />
Écoutez échange <strong>de</strong> bons procédés, quelques tuyaux pour<br />
votre lieu d'expo contre quelques tuyaux <strong>de</strong> mise en scène !<br />
GLORIA<br />
(rires)<br />
je ne connais pas grand chose au cirque !! puis je ne peux<br />
pas m'improviser en scénographie à tous <strong>le</strong>s domaines ...<br />
ROMAN<br />
Votre avis, rien qu'un avis, un œil nouveau dans nos airs, tout<br />
droit arrivé <strong>de</strong> Paris ... Pas plus .<br />
Il boit son café, il lui sourit. El<strong>le</strong> lui sourit en agitant sa tête comme pour indiquer une<br />
certaine légèreté <strong>de</strong> propos.<br />
- 35 -
VMI<br />
GLORIA<br />
(regardant l'horloge)<br />
Il faut que j'y ail<strong>le</strong>, à bientôt Roman<br />
32 - INT. ANCIEN GYMNASE - ECOLE CIRQUE NOUVEAU - JOUR<br />
Fin d'après-midi, hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports réhabilitée, décor sobre et mo<strong>de</strong>ste.<br />
Atelier aménagé avec agrées et accessoires, tapis au sol.<br />
Dans <strong>le</strong>s airs : trapèzes et plateformes suspendus.<br />
Roman et trois autres hommes sont en séance d'entraînement.<br />
Dans un <strong>de</strong>s ang<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la hal<strong>le</strong> une jeune femme bel<strong>le</strong> et élancée donne un cours <strong>de</strong><br />
gymnastique à <strong>de</strong>s enfants qui apprécient l'activité et mê<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>ur joie d'apprendre à <strong>de</strong>s<br />
rires innocents. Ils s'appliquent à faire tourner <strong>de</strong>s ballons ronds autour <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur tail<strong>le</strong>.<br />
Chaque groupe évolue avec joie et motivation.<br />
Roman porte un pantalon tail<strong>le</strong> basse, son corps est parfait et musclé, son buste<br />
dénudé. Sous l'effort, la transpiration semb<strong>le</strong> vernir sa peau aux reliefs bombés.<br />
Trois hommes dont Roman évoluent <strong>de</strong>puis trois plateformes.<br />
Un autre se balance avec allégresse sur un trapèze. Roman et <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux autres hommes<br />
sont porteurs. Suspendus par <strong>le</strong>s jambes, ils supportent du bout <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs bras l'homme<br />
au trapèze qui tour à tour se balance dans <strong>de</strong>s pirouettes fantasques avant <strong>de</strong> se lâcher<br />
dans <strong>le</strong>s airs pour se rattraper à <strong>le</strong>urs mains. C'est la valse du trapéziste.<br />
33 - INT. ANCIEN GYMNASE - ECOLE CIRQUE NOUVEAU - JOUR<br />
Le téléphone retentit dans la hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports. C'est une sonnerie stri<strong>de</strong>nte à l'ancienne.<br />
Saul, en pas <strong>de</strong> biche, quitte <strong>le</strong> groupe <strong>de</strong>s enfants en se dirigeant vers <strong>le</strong> bureau d'où<br />
vient <strong>le</strong> clin clan du téléphone. Saul prend plaisir à amuser <strong>le</strong>s enfants en travestissant<br />
son déplacement. Leurs rires emplissent <strong>le</strong> local.<br />
Saul <strong>le</strong>ur fait signe dans un langage digne d'un clown <strong>de</strong> se taire.<br />
SAUL<br />
(en Polonais)<br />
Les Arts Sauts bonjour<br />
34 - INT. BUREAU DE MR SIKORSKI - - JOUR<br />
Gloria installée comme une timi<strong>de</strong> étudiante dans <strong>le</strong> fauteuil qui fait face au bureau <strong>de</strong><br />
Mr Sikorski, écoute la conversation téléphonique <strong>de</strong> Monsieur Sirkoski.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
(en polonais)<br />
bonjour Mel<strong>le</strong> Vinzak , j'espère ne pas vous déranger<br />
- 36 -
...............................<br />
...............................<br />
.................................<br />
.................................<br />
VMI<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
C'est moi qui m'excuse d'interrompre cette séance, je veillais<br />
à vous rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> ce soir, je serai honoré <strong>de</strong><br />
votre présence pendant <strong>le</strong> colloque et à la réception qui<br />
suivra.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Je ne vous retar<strong>de</strong> pas d'avantage alors, veuil<strong>le</strong>z saluer toute<br />
l'équipe <strong>de</strong> ma part, à ce soir.<br />
Monsieur Sikorski raccroche <strong>le</strong> téléphone et s'adresse à Gloria.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Bien, Vou<strong>le</strong>z-vous Mel<strong>le</strong> Schreiber que je vous envoie un<br />
taxi pour ce soir ?<br />
GLORIA<br />
Non ne vous inquiétez pas.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Alors attaquons! Le budget ? qu' en pensez-vous ?<br />
GLORIA<br />
Je l'ai examiné <strong>de</strong> près et je pense que je <strong>de</strong>vrai m'en sortir<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Le budget est à la hauteur <strong>de</strong> nos espérances, toutefois il a<br />
été diffici<strong>le</strong>ment obtenu : négociations française, polonaise,<br />
franco-polonaise et al<strong>le</strong>man<strong>de</strong> aussi. Puis Il a été réparti<br />
équitab<strong>le</strong>ment entre <strong>le</strong>s différents intervenants <strong>de</strong> cet<br />
événement : <strong>le</strong> concours Chopin qui cette année prendra une<br />
nouvel<strong>le</strong> dimension puisque chaque pianiste sera<br />
accompagné par un orchestre philharmonique gran<strong>de</strong> place<br />
du palais Wilanov; projection <strong>de</strong> documentaires et<br />
conférences ici même au centre <strong>de</strong>s Arts et Sciences, et<br />
festival du film sur nos terrib<strong>le</strong>s guerres dans <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
sal<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong> Varsovie. La fameuse troupe Les Arts<br />
Sauts qui s'instal<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s grands jardins du cimetière<br />
Powaski ... Vous avez rencontré Roman et sa gran<strong>de</strong><br />
structure qui a coûté très cher. De ce fait ils ne prennent pas<br />
<strong>de</strong> cachet pour <strong>le</strong>ur travail ... Ceux sont <strong>de</strong> grands<br />
- 37 -
35 - INT. SALLE DE CONFÉRENCE - SOIR<br />
VMI<br />
passionnés, vous al<strong>le</strong>z certainement apprécier <strong>le</strong>ur approche.<br />
Puis la surprise <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnière minute pour laquel<strong>le</strong> nous avons<br />
réajusté <strong>le</strong> budget : JANUSZ, son oeuvre mais aussi son<br />
histoire au travers votre exposition ... Gloria et son ta<strong>le</strong>nt<br />
arrachés à la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris. (Sourires.)<br />
GLORIA<br />
C'est un beau programme, je suis certaine que l'événement<br />
sera à la hauteur <strong>de</strong>s espérances <strong>de</strong> chacun. Je suis fière<br />
d'être ici et puis je retrouverai assez vite la bienna<strong>le</strong> et sa vil<strong>le</strong><br />
Paris. Je ne regrette rien Monsieur Sikorski.<br />
Discours sur <strong>le</strong> projet <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s Justes Polonais au coeur <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong><br />
1945 et <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>, débats et présentation du projet franco-polonais <strong>de</strong> commémoration<br />
<strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1945.<br />
Mr Sikorski prend la paro<strong>le</strong> pour par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> cet événement.<br />
Plus tard il cite <strong>le</strong>s noms et prénoms <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s intervenants qui se lèveront tout à<br />
tour dans la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> conférence dont Gloria Schreiber.<br />
36 - INT. SALLE DE RECEPTION - PLUS TARD<br />
La sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> réception au grand et haut plafond voûté.<br />
C'est un grand buffet qui est dressé.<br />
Toutes <strong>le</strong>s convives conversent et se dé<strong>le</strong>ctent <strong>de</strong> mets.<br />
Des hommes vêtus <strong>de</strong> tablier blanc bala<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s plateaux <strong>de</strong> coupes <strong>de</strong><br />
champagne d'un point à l'autre <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong>. Leurs manières paraissent<br />
programmées tant el<strong>le</strong>s ne varient guère.<br />
Parmi la fou<strong>le</strong> on reconnaît <strong>le</strong>s visages, Saul n'est pas loin <strong>de</strong> Roman, ils paraissent<br />
complices.<br />
Le regard <strong>de</strong> Roman se pose avec discrétion sur la bel<strong>le</strong> Gloria que l'on salue, reconnaît<br />
au travers <strong>de</strong> la renommée <strong>de</strong> son exposition JANUSZ.<br />
CONVIVE DE LA RECEPTION<br />
Bonsoir Mel<strong>le</strong> Schreiber, j'ai assisté à l'exposition <strong>de</strong><br />
JANUSZ à Paris, je suis si fière que vous l'exposiez ici en<br />
Pologne, spécia<strong>le</strong>ment pour cet événement; je connais son<br />
histoire et aussi fina<strong>le</strong>ment un peu la vôtre, je vous remercie<br />
pour votre travail<br />
- 38 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Vous êtes gentil<strong>le</strong>, je suis heureuse d'être ici et d'exposer<br />
Janusz dans sa vil<strong>le</strong> nata<strong>le</strong><br />
Gloria est touchée, el<strong>le</strong> s'échappe dès que l'occasion <strong>le</strong> lui permet.<br />
37 - EXT. TERRASSE SALLE DE RECEPTION - PLUS TARD<br />
Gloria prend l'air, <strong>le</strong>s bras <strong>le</strong> long du corps et <strong>le</strong>s pommes <strong>de</strong> main ouvertes, <strong>le</strong>s yeux se<br />
per<strong>de</strong>nt vers l'horizon.<br />
Roman sort <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> réception et rejoint Gloria qui lui tourne <strong>le</strong> dos.<br />
ROMAN<br />
Comment al<strong>le</strong>z-vous Gloria?<br />
GLORIA<br />
(sourire)<br />
Bien Roman, je suis un peu bousculée, la soirée a pris une<br />
tournure que je n'avais pas imaginée, <strong>le</strong> passé me rattrape<br />
plus vite que prévu, ça va al<strong>le</strong>r ...<br />
ROMAN<br />
Cigarette ?<br />
GLORIA<br />
Oui je veux bien<br />
Roman allume la cigarette qui se trouve entre <strong>le</strong>s lèvres <strong>de</strong> Gloria. La flamme est à mi<br />
chemin <strong>de</strong>s yeux <strong>de</strong> l'un et <strong>de</strong> l'autre. Les regards sont p<strong>le</strong>ins <strong>de</strong> séduction et <strong>de</strong><br />
pu<strong>de</strong>ur.<br />
ROMAN<br />
Si on allait marcher ?... Une petite visite nocturne <strong>de</strong><br />
Varsovie !<br />
GLORIA<br />
Inédit pour moi !<br />
38 - EXT. RUE DE VARSOVIE - NUIT<br />
Il fait froid, Gloria et Roman sont vêtus chau<strong>de</strong>ment.<br />
- 39 -
Leurs pas résonnent dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> la nuit, rares sont <strong>le</strong>s passants qu'ils croisent. Ils<br />
sont dans une rue piétonne. Si l'allure <strong>de</strong> Gloria est longue et fine, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Roman est<br />
plus pesante mais curieusement soup<strong>le</strong> et légère.<br />
39 - INT. PUB - NUIT<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
Je connais un petit pub sympa à quelques pas, un petit verre<br />
pour se réchauffer<br />
GLORIA<br />
Ne sera pas <strong>de</strong> trop !<br />
Ambiance cha<strong>le</strong>ureuse, sur une estra<strong>de</strong> à peine dominante, un homme au piano<br />
accompagnée à la voix d'une femme.<br />
Assis au bar, côte à côte, Roman et Gloria sous l'éclairage rouge tamisé discutent<br />
autour d'un verre.<br />
ROMAN<br />
(en Polonais, s'adressant au barman)<br />
Vous nous resservirez s'il vous plait<br />
GLORIA<br />
Tu as déjà vécu en France ?<br />
ROMAN<br />
Oui j'ai vécu à Aix en Provence jusqu'à l’âge <strong>de</strong> dix ans, puis<br />
quand mes parents se sont séparés j'ai suivi mon père à<br />
Varsovie. Je vais <strong>de</strong> temps en temps en France,<br />
<strong>de</strong>rnièrement pour <strong>le</strong> boulot. Je n'ai jamais eu <strong>le</strong> besoin <strong>de</strong><br />
m'y réinstal<strong>le</strong>r, je suis bien ici. Je me suis construit ici.<br />
GLORIA<br />
Ton père est toujours là ?<br />
ROMAN<br />
Non il est mort il y a quelques années.<br />
ROMAN<br />
Et toi c'est en France que tu as toujours vécu ?<br />
GLORIA<br />
J'adore la France, Paris, la méditerranée ... J'ai beaucoup<br />
voyagé petite, la profession <strong>de</strong> mon père l'amenait dans tous<br />
<strong>le</strong>s coins du mon<strong>de</strong> ... Je suis allée un peu partout et<br />
fina<strong>le</strong>ment il ne nous a jamais amenés à Varsovie où il est<br />
née et où il a vécu, je pense que c'était trop diffici<strong>le</strong> pour lui.<br />
- 40 -
Un homme à côté s'agite, il réclame vulgairement du feu au barman.<br />
Roman en Polonais lui dit d'être plus poli et lui tend la flamme <strong>de</strong> son briqué.<br />
Gloria est assise, el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> être dans un autre mon<strong>de</strong> presque surréaliste pour el<strong>le</strong>.<br />
40 - EXT. AUX PORTES D'ENTRÉE DU PUB - PLUS TARD<br />
Roman et Gloria sont aux portes du pub. Ils enfi<strong>le</strong>nt, surpris par <strong>le</strong> froid et la neige, <strong>le</strong>ur<br />
veste.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
(Excitée comme une enfant !)<br />
Il neige ! c'est incroyab<strong>le</strong> il neige ! c'est magnifique<br />
ROMAN<br />
Bon ! taxi à cette heure ci diffici<strong>le</strong>, il nous reste <strong>le</strong> tramway !<br />
(voir transport possib<strong>le</strong> à Varsovie la nuit )<br />
GLORIA<br />
(un peu enivrée et insouciante)<br />
On peut marcher, il faut vraiment que je m'aère ...<br />
ROMAN<br />
(rires)<br />
oui mais sous la neige ce sera un peu diffici<strong>le</strong>, il vaut mieux<br />
se rendre jusqu' à la station, el<strong>le</strong> est au bout <strong>de</strong> la rue, on<br />
attendra abrités la prochaine correspondance<br />
Roman lui met sa veste sur <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s.<br />
Ils marchent sous la neige, <strong>le</strong> froid <strong>le</strong>s stimu<strong>le</strong> à avancer <strong>de</strong> plus en plus vite, ils évitent<br />
<strong>le</strong>s glissages et ne limitent pas <strong>le</strong>urs rires. Roman amuse Gloria.<br />
Un taxi est arrêté sur la voie.<br />
Aussitôt Roman toque à la fenêtre, <strong>le</strong> taxiteur semb<strong>le</strong> émerger !<br />
41 - INT. HABITACLE TAXI - NUIT<br />
TAXITEUR<br />
(baissant la fenêtre) montez<br />
Taxi typique Polonais, très stéréotypé.<br />
ROMAN<br />
Quel<strong>le</strong> chance !<br />
- 41 -
VMI<br />
GLORIA<br />
(Très frigorifiée et en regardant Roman)<br />
Je rentre directement à l'hôtel ... rue Grasbay Hôtel Le<br />
Bienvenu, je suis congelée ...<br />
Roman, en s'adressant au conducteur <strong>de</strong> taxi, reprend en Polonais la requête <strong>de</strong> Gloria<br />
puis ajoute,<br />
ROMAN<br />
(En Polonais)<br />
Merci <strong>de</strong> mettre <strong>le</strong> chauffage s'il vous plait, la <strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> est<br />
frigorifiée<br />
TAXITEUR<br />
(sortant <strong>de</strong> sa glacière une bouteil<strong>le</strong> et dans un<br />
français à l'accent polonais)<br />
Soubrowska ? Soubrowska réchauffe <strong>le</strong>s coeurs !<br />
Le taxiteur tend la bouteil<strong>le</strong> à Roman en tenant pénib<strong>le</strong>ment d'une main son volant.<br />
Roman décline sa proposition, <strong>le</strong> conducteur se ravise et profite <strong>de</strong> l'occasion pour<br />
s'enfi<strong>le</strong>r une gorgée. Il pousse alors un rugissement <strong>de</strong> satisfaction. Il pose la bouteil<strong>le</strong><br />
sur <strong>le</strong> siège passager puis actionne <strong>le</strong> bouton <strong>de</strong> chauffage.<br />
Roman prend <strong>le</strong>s mains <strong>de</strong> Gloria pour <strong>le</strong>s réchauffer.<br />
El<strong>le</strong> ne dit rien, il ne dit rien.<br />
42 - EXT. DEVANT PETITE ENTRÉE DE L'HOTEL - NUIT<br />
Le taxi s'arrête. Il neige encore à gros flocons.<br />
Gloria <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> la voiture, Roman la suit.<br />
ROMAN<br />
(en Polonais, s'adressant au taxiteur)<br />
Une minute s’il vous plait<br />
Gloria attend <strong>de</strong>bout <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> hall d'entrée <strong>de</strong> l'hôtel et regar<strong>de</strong> Roman qui se dirige<br />
vers el<strong>le</strong>.<br />
Les flocons se posent délicatement sur ses cheveux et son visage, el<strong>le</strong> est tel<strong>le</strong>ment<br />
bel<strong>le</strong> que Roman ne résiste pas à <strong>le</strong> lui dire<br />
ROMAN<br />
(en lui touchant la joue pour lui y en<strong>le</strong>ver<br />
délicatement <strong>le</strong>s quelques flocons)<br />
Tu es si bel<strong>le</strong> ...<br />
Gloria sourit.<br />
Roman s'approche et frô<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa joue sa joue, Gloria ferme <strong>le</strong>s yeux, el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong><br />
suffoquer <strong>de</strong> plaisir, cette retenue l'embrase, el<strong>le</strong> se prête au jeu ....<br />
- 42 -
Le taxiteur pendant ce temps s'engorge <strong>de</strong> subrowska.<br />
Les visages s'embrassent .Les lèvres s’eff<strong>le</strong>urent.<br />
Le taxiteur se retourne et regar<strong>de</strong> vers <strong>le</strong> hall d'entrée <strong>de</strong> l'hôtel ... Roman et Gloria ont<br />
disparu. Il tente alors <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la voiture mais visib<strong>le</strong>ment trop embrumé par l'alcool il<br />
ne parvient pas à ouvrir sa portière.<br />
VMI<br />
TAXITEUR<br />
(en Polonais)<br />
Et vive la soubrowska ! vive <strong>le</strong>s amours ! vive <strong>le</strong>s courses à<br />
l'oeil !<br />
Il continue à déblatérer en démarrant en fanfare étouffé par ses rires et évitant <strong>de</strong><br />
justesse la chute par la portière.<br />
43 - INT. HALL DE L'HOTEL - NUIT<br />
Gloria et Roman ont pénétré par recul successif dans <strong>le</strong> hall <strong>de</strong> l'hôtel.<br />
Il est à peine éclairé, seul <strong>le</strong> veil<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> nuit jette un coup d'oeil amusé<br />
Gloria lui dit oui du regard.<br />
ROMAN<br />
(lui murmurant à l'oreil<strong>le</strong>)<br />
Viens chez moi Gloria<br />
44 - EXT. DEVANT PETITE ENTRÉE DE L'HOTEL - NUIT<br />
Ils sortent, Roman tire Gloria par la main comme un jeune homme fougueux.<br />
Ils constatent que <strong>le</strong> taxi au loin se fait la mal<strong>le</strong>.<br />
GLORIA<br />
Et bien on a gagné la course !!!<br />
Roman, soudainement, saisit <strong>le</strong> vélo qui est appuyé sur <strong>le</strong> mur.<br />
ROMAN<br />
Après la petit marche by night ! es-tu prête pour une<br />
escapa<strong>de</strong> à bicyc<strong>le</strong>tte ? mon chez moi n'est pas très loin ....<br />
Dans <strong>le</strong> vieux Varsovie<br />
- 43 -
45 - EXT. PONT DE VARSOVIE - NUIT<br />
Gloria est en danseuse, la neige s'est arrêtée <strong>de</strong> tomber, <strong>le</strong> décor est magnifique.<br />
Le souff<strong>le</strong> <strong>de</strong> Roman et <strong>de</strong> Gloria laisse échapper une vapeur blanche épaisse.<br />
Le vélo semb<strong>le</strong> glisser <strong>le</strong> long du pont, <strong>le</strong>s pneus sur la neige laissent s'échapper un<br />
bruit agréab<strong>le</strong> et sourd, la nuit est grise et blanche.<br />
Soudain <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce est bercé <strong>de</strong> percussions lointaines.<br />
Roman passe à proximité <strong>de</strong> l'endroit d'où provient <strong>le</strong> son <strong>de</strong>s tams tams.<br />
Un feu central, une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> jeunes, certains aux percussions ... Derrière eux un mur<br />
haut qui semb<strong>le</strong> faire murail<strong>le</strong>. L'endroit doit, au travers du feu et <strong>de</strong> la musique, dégagé<br />
une cha<strong>le</strong>ur sensuel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> rouge, <strong>le</strong> roux doivent prédominer et faire contrastes avec <strong>le</strong><br />
blanc du Pont et du froid.<br />
Les yeux <strong>de</strong> Gloria se réchauffent, s'enflamment.<br />
Roman et Gloria sont dans la lumière.<br />
La cha<strong>le</strong>ur du feu passe dans <strong>le</strong>s cheveux <strong>de</strong> Gloria.<br />
Si<strong>le</strong>nce - percussions - cha<strong>le</strong>ur.<br />
46 - INT. INTÉRIEUR DE ROMAN - NUIT<br />
L'intérieur est dans la pénombre.<br />
Puis la même lumière que la rue éclaire Roman et Gloria, la même cha<strong>le</strong>ur se dégage.<br />
Le si<strong>le</strong>nce est roi.<br />
Roman s'approche <strong>de</strong> Gloria et lui prend <strong>le</strong> visage dans <strong>le</strong>s mains. Sa bouche<br />
s'approche et l'embrasse tendrement, il l'embrasse encore, encore et encore, <strong>le</strong>s<br />
percussions tel<strong>le</strong>s un battement <strong>de</strong> coeur émergent pour accompagner ce balai <strong>de</strong><br />
baisers sensuels que ni l'un ni l'autre ne peut interrompre. Un moment charnel et <strong>de</strong><br />
pure douceur.<br />
La main <strong>de</strong> Roman fait glisser <strong>le</strong> pull <strong>de</strong> l'épau<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria avec une gran<strong>de</strong> délicatesse,<br />
<strong>de</strong> ses lèvres il eff<strong>le</strong>ure sa peau, la caresse ... Puis remonte doucement <strong>le</strong> long <strong>de</strong> son<br />
cou pour renaître à nouveau sur ses lèvres dans un balai <strong>de</strong> baiser.<br />
Gloria s'abandonne <strong>de</strong> plaisir ... El<strong>le</strong> retire <strong>le</strong> tee-shirt <strong>de</strong> Roman, dans la lumière son<br />
buste est parfait, il se rapproche et la sert tendrement, <strong>le</strong>s mains <strong>de</strong> Gloria remonte sur<br />
<strong>le</strong> dos musclé, Roman lui retire son pull.<br />
Les <strong>de</strong>ux corps sont divinés par la lumière, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux seins <strong>de</strong> Gloria viennent se poser<br />
sur la poitrine <strong>de</strong> Roman, il est soudain comme é<strong>le</strong>ctrisé ...<br />
Il l'embrasse à nouveau, <strong>le</strong>s bouches semb<strong>le</strong>nt aimantées.<br />
Sans précipitation, <strong>le</strong>s corps s'abandonnent au plaisir.<br />
Les mains <strong>de</strong> Roman découvrent <strong>le</strong>s courbes merveil<strong>le</strong>uses <strong>de</strong> Gloria tout en la<br />
déshabillant.<br />
Les <strong>de</strong>ux corps chavirent avec grâce sur <strong>le</strong> lit, <strong>le</strong>s draps sont mal rangés ce qui <strong>le</strong>s<br />
laisse paraître encore plus irrésistib<strong>le</strong>ment doux. Sensuel<strong>le</strong>ment Roman embrasse <strong>le</strong>s<br />
seins <strong>de</strong> Gloria.<br />
C'est divin, <strong>le</strong>s lèvres <strong>de</strong> Roman glissent sur <strong>le</strong> corps <strong>de</strong> Gloria. Ses fesses sont<br />
VMI<br />
- 44 -
sublimées par la lumière et re<strong>de</strong>ssinées <strong>de</strong> la douce main <strong>de</strong> Roman.<br />
Les baisers sont <strong>de</strong> plus en plus mouillés et intenses.<br />
Les visages et <strong>le</strong>s yeux irradient <strong>de</strong> plaisir.<br />
Les corps se donnent et gémissent <strong>de</strong> plaisir.<br />
Moment érotique et pudique.<br />
47 - INT. INTÉRIEUR DE ROMAN - MATIN<br />
Le jour se lève et éclaire peu à peu l'intérieur <strong>de</strong> l'appartement <strong>de</strong> Roman.<br />
Gloria est proche, el<strong>le</strong> dort sur <strong>le</strong> lit défait, <strong>le</strong>s draps recouvrent son corps.<br />
On <strong>de</strong>vine une décoration et un <strong>de</strong>sign original, <strong>de</strong>s mobi<strong>le</strong>s inattendus dans <strong>le</strong>s airs,<br />
<strong>de</strong>s fresques ou posters muraux on distingue mal, du mobilier semblant sortir tout droit<br />
<strong>de</strong>s brocanteurs <strong>de</strong> Paris. La pièce est gran<strong>de</strong>, on ne sait fina<strong>le</strong>ment pas trop où l'on se<br />
trouve. Puis un large canapé fait face à un écran géant digne d’un petit cinéma du fin<br />
fond <strong>de</strong> la France, un rétro est accroché au plafond, plus loin beaucoup <strong>de</strong> disques, un<br />
accordéon.<br />
On aimerait tout voir <strong>de</strong> cette pièce à vivre tant on s'y trouve bien, aspiré <strong>de</strong> curiosité.<br />
48 - INT. INTERIEUR DE ROMAN VERS CUISINE - MATIN<br />
De <strong>de</strong>rrière un pan <strong>de</strong> vitres opaques, on distingue la silhouette <strong>de</strong> Roman, <strong>de</strong>s bruits<br />
accompagnent ses mouvements, on comprend qu'il se trouve dans la cuisine.<br />
Le pan vitré glisse pour s'ouvrir, <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Roman est radieux. Ses cheveux mouillés,<br />
retombent sur sa nuque. Le marcel blanc qu'il porte nous rappel<strong>le</strong> encore une fois une<br />
musculature parfaite.<br />
De sa main droite, il porte avec agilité un plateau sur <strong>le</strong>quel un petit déjeuner est dressé.<br />
On avance avec Roman <strong>de</strong> la cuisine vers l'endroit où dort Gloria. L'appartement que<br />
l'on découvre ainsi est proche du loft. A un endroit <strong>le</strong> plafond est si haut qu'un trapèze a<br />
pu y être installé.<br />
En passant près d'une étagère, il saisit un petit objet qu'on a du mal à distinguer, il<br />
sourit.<br />
49 - INT. INTERIEUR DE ROMAN COUCHAGE - MATIN<br />
Gloria est toujours assoupie. Sur <strong>le</strong> lit, la lumière du matin éclaire sa chevelure sur <strong>le</strong>s<br />
draps <strong>de</strong> satin vio<strong>le</strong>t, son corps que l'on voit à peine laisse apparaître une peau qui se<br />
marie à merveil<strong>le</strong> aux cou<strong>le</strong>urs matina<strong>le</strong>s.<br />
Soudain <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria est bercé d'une petite musique qui semb<strong>le</strong> tout droit s'être<br />
échappée d'une boite à merveil<strong>le</strong>. Les traits <strong>de</strong> son visage sont fins et radieux dans son<br />
sommeil. On reconnaît une mélodie, <strong>le</strong>s notes sont simp<strong>le</strong>s et authentiques et presque<br />
familières.<br />
Le plan s'élargit.<br />
VMI<br />
- 45 -
Roman près d'el<strong>le</strong>, assis en tail<strong>le</strong>ur, tourne une petite manivel<strong>le</strong> qui laisse s'échapper ce<br />
son chargé <strong>de</strong> significations (mélodie du film).<br />
Gloria s'éveil<strong>le</strong> à l'enchantement comme la bel<strong>le</strong> au bois dormant.<br />
El<strong>le</strong> regar<strong>de</strong> Roman et comprend alors, el<strong>le</strong> émerge.<br />
Il se penche et lui vo<strong>le</strong> un baiser.<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
Café, thé, chocolat, jus d'orange, tout ?<br />
GLORIA<br />
3 Cafés s'il te plait<br />
ROMAN<br />
Ça tombe bien car je n'ai que du café ! mais <strong>de</strong>s babkas ( en<br />
agitant <strong>le</strong> sachet )<br />
50 - INT. INTERIEUR DE ROMAN COUCHAGE - PLUS TARD<br />
Ils sont tous <strong>de</strong>ux en tail<strong>le</strong>ur sur <strong>le</strong> lit, <strong>le</strong> plateau <strong>le</strong>s sépare.<br />
Gloria parcourt <strong>de</strong>s yeux cet intérieur aux détails précieux.<br />
GLORIA<br />
Ils sont superbes tous ces mobi<strong>le</strong>s, on se croirait en<br />
apesanteur à trop vouloir <strong>le</strong>s regar<strong>de</strong>r<br />
ROMAN<br />
Oui ils sont autant exceptionnels que <strong>le</strong>urs créateurs. J'ai<br />
rencontré la famil<strong>le</strong> F<strong>le</strong>nsted lors d'une représentation au<br />
Danemark... Comme un théâtre <strong>de</strong> conte <strong>de</strong> fées mo<strong>de</strong>rnes,<br />
l'éco<strong>le</strong>, dans laquel<strong>le</strong> ils se sont installés, est <strong>le</strong> lieu <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur<br />
imagination et fabrication <strong>de</strong> mobi<strong>le</strong>s, c'est fabu<strong>le</strong>usement<br />
surprenant !<br />
Il l'amène faire la visite <strong>de</strong> son appartement, certains <strong>de</strong> ces mobi<strong>le</strong>s sont complètement<br />
insolites. Gloria apprécie.<br />
Ils passent alors <strong>de</strong>vant un mur taggué <strong>de</strong> façon très esthétique et artistique.<br />
Gloria stoppe sa marche.<br />
GLORIA<br />
Ca c'est curieux, c'est toi qui peins ?<br />
ROMAN<br />
Non, un jeune du quartier très ta<strong>le</strong>ntueux, j'ai pas résisté, il<br />
est venu, il s'est éclaté, <strong>le</strong> résultat est à la hauteur non ?<br />
- 46 -
VMI<br />
GLORIA<br />
C'est pas mal, c'est curieux, car j'ai poussé et mis en<br />
exposition pour la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris une artiste qui fait <strong>de</strong>s<br />
choses extraordinaires, c'est différent c'est certain mais c'est<br />
une expression par <strong>de</strong>s tags sur <strong>de</strong>s supports quelques fois<br />
inattendus. C'est Elsa Quivir, n'oublies pas ce nom el<strong>le</strong> fera<br />
par<strong>le</strong>r d'el<strong>le</strong>.Je suis convaincue qu'un jour ou l'autre<br />
l'expression <strong>de</strong> l'art par <strong>le</strong>s tags sera reconnue comme l'une<br />
<strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s expressions artistiques <strong>de</strong> notre temps ! Mais<br />
pas faci<strong>le</strong> à faire passer la pilu<strong>le</strong> !<br />
Roman doit partir, il faut qu'il la laisse ici, il lui propose <strong>de</strong> lui laisser un no <strong>de</strong> taxi et pas<br />
celui <strong>de</strong> Monsieur Soubrowska cette fois ci.<br />
Roman lui suggère <strong>de</strong> passer une <strong>de</strong> ces fins d'après midi à la hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports. Ils sont<br />
en séance <strong>de</strong> répétition à partir <strong>de</strong> 17 heures tous <strong>le</strong>s jours. Il lui laisse l'adresse sur un<br />
morceau <strong>de</strong> papier. Il lui vo<strong>le</strong> un tendre baiser, puis un <strong>de</strong>uxième et puis un troisième, la<br />
main est toujours affectueuse et tendre.<br />
51 - INT. DESCENTE ESCALIER - MATIN<br />
Sourires .<br />
GLORIA<br />
(penchée par la rambar<strong>de</strong>, à peine vêtue)<br />
Et tes clés ?<br />
ROMAN<br />
tu me <strong>le</strong>s rends en fin d'après midi !!<br />
GLORIA<br />
ce ne sera peut-être pas possib<strong>le</strong> ...<br />
ROMAN<br />
Sous <strong>le</strong> paillasson<br />
Roman disparaît dans <strong>le</strong> ventre <strong>de</strong> l’escalier en colimaçon.<br />
52 - INT. INTÉRIEUR DE ROMAN - MATIN<br />
Gloria est seu<strong>le</strong> dans l’appartement, el<strong>le</strong> passe près <strong>de</strong>s meub<strong>le</strong>s et objets, el<strong>le</strong><br />
redécouvre <strong>de</strong>s yeux, d'un peu plus près, el<strong>le</strong> ne touche rien.<br />
- 47 -
53 - INT. DEVANT PORTE ROMAN - MATIN<br />
Les chaussures <strong>de</strong> Gloria sur <strong>le</strong> paillasson, la porte se referme, <strong>de</strong>s bruits <strong>de</strong> clé.<br />
Gloria sort <strong>de</strong> l'appartement <strong>de</strong> Roman.<br />
El<strong>le</strong> glisse <strong>le</strong>s clés sous <strong>le</strong> paillasson puis <strong>de</strong>scend <strong>le</strong>s escaliers <strong>le</strong>gère.El<strong>le</strong> disparaît<br />
peu à peu.<br />
54 - EXT. HALL DE L'HOTEL - PLUS TARD<br />
Le taxi s'arrête <strong>de</strong>vant la porte d'entrée <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> Gloria.<br />
On la <strong>de</strong>vine <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière la vitre. El<strong>le</strong> en sort, la porte s'ouvre, sur <strong>le</strong> sol son pied se<br />
pose délicatement sur la neige encore craquante. El<strong>le</strong> tend un bil<strong>le</strong>t entre l'espace limité<br />
par l'appui tête et la charnière <strong>de</strong> portière du taxiteur.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
(En polonais)<br />
Merci, gar<strong>de</strong>z la monnaie<br />
Le vélo emprunté la veil<strong>le</strong> a retrouvé sa place. Gloria est alors agréab<strong>le</strong>ment surprise.<br />
55 - INT. ASCENCEURS DE L'HOTEL - PLUS TARD<br />
Dans l'ascenseur tout miniature rikiki <strong>de</strong> l'hôtel, Gloria actionne <strong>le</strong> bouton <strong>de</strong> l'étage no<br />
3, son téléphone portab<strong>le</strong> sonne, s'affiche <strong>le</strong> prénom d'Antoine.<br />
Gloria ne répond pas. El<strong>le</strong> s'appuie <strong>de</strong> tout son corps contre la paroi principa<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
l’ascenseur, el<strong>le</strong> se laisse al<strong>le</strong>r, el<strong>le</strong> est divinement bien.<br />
56 - INT. BUREAU GLORIA - PALAIS ARTS ET SCIENCES - VARSOVIE - PLUS<br />
TARD<br />
Gloria à son bureau, <strong>de</strong>rrière el<strong>le</strong> par la gran<strong>de</strong> baie : Varsovie.<br />
Gloria est en premier plan, centra<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> est concentrée dans son travail, Varsovie est<br />
<strong>de</strong>rrière, gran<strong>de</strong>.<br />
Ce plan <strong>de</strong>vrait nous faire penser à un tab<strong>le</strong>au.<br />
Le téléphone posé sur <strong>le</strong> bureau bipe, Gloria intercepte en pressant sur l'un <strong>de</strong>s gros<br />
boutons<br />
GLORIA<br />
Oui Irina<br />
IRINA<br />
J'ai Monsieur Cordaro qui vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
- 48 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Ah oui Antoine, oui passez <strong>le</strong> moi, merci<br />
57 - INT. BUREAU ANTOINE FRANCE - JOUR<br />
-------<br />
-------<br />
--------<br />
--------<br />
--------<br />
-------<br />
-------<br />
Il écoute Gloria et acquiesce <strong>de</strong> la tête<br />
ANTOINE<br />
(Enfadé)<br />
Et alors ma gran<strong>de</strong> ! J’essaie <strong>de</strong> te joindre <strong>de</strong>puis hier soir et<br />
rien !! t'as perdu ton portab<strong>le</strong> ?<br />
ANTOINE<br />
Une semaine que tu es partie et c'est si<strong>le</strong>nce radio !<br />
ANTOINE<br />
Bien, bien <strong>le</strong> programme a été validé on <strong>de</strong>vrait <strong>le</strong> recevoir<br />
bientôt mais tu sais avec Rodrigo c'est pas simp<strong>le</strong><br />
ANTOINE<br />
Il m'aime pas, il aime pas <strong>le</strong>s hommes alors moi t'as compris,<br />
à part me faire greffer <strong>de</strong>s seins je vois pas comment il<br />
pourrait me voir, me considérer !!! ( rires )<br />
ANTOINE<br />
En plus je suis passé sur l'affaire <strong>de</strong>s sculptures, je te<br />
raconterai, bref je n’arrête pas <strong>de</strong> courir, plus un Mathias qui<br />
m'épuise ! ( il s'éclate <strong>de</strong> rire )<br />
ANTOINE<br />
C'est bien ? comment ça c'est bien ? tu me dis pas qu'il n'est<br />
pas fait pour moi ?? qu'est ce qui t'arrive ?<br />
ANTOINE<br />
Tu es super motivée par <strong>le</strong> projet et Varsovie est magnifique,<br />
t'as pas l'impression <strong>de</strong> me prendre pour un con ?<br />
ANTOINE<br />
Bon tu me rappel<strong>le</strong>s quand tu en auras envie, je pense à toi<br />
- 49 -
VMI<br />
et je t'embrasse très fort ... Ah oui quel temps il fait ? Il neige<br />
!! Ben je t’envoie un rayon <strong>de</strong> so<strong>le</strong>il Parisien ma chérie.<br />
Antoine raccroche, François vient lui rappe<strong>le</strong>r qu'il est attendu en réunion. Il lui précise<br />
qu'il a eu Gloria et qu'el<strong>le</strong> se porte à merveil<strong>le</strong> loin d'eux !<br />
Il passe <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> bureau vi<strong>de</strong> et sombre <strong>de</strong> Gloria avant <strong>de</strong> disparaître dans la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
réunion.<br />
58 - INT. BUREAU D'IRINA - JOUR<br />
Gloria est en train <strong>de</strong> remettre <strong>de</strong>s dossiers à Irina. El<strong>le</strong> <strong>le</strong>s avait empruntés la veil<strong>le</strong>.<br />
El<strong>le</strong> n'a pas encore trouvé <strong>le</strong> lieu d'exposition. El<strong>le</strong> a rencontré hier soir la responsab<strong>le</strong><br />
du Palais Wilanov, l'endroit pourtant superbe ne lui a pas paru <strong>de</strong> bonne contenance<br />
pour <strong>le</strong>s oeuvres <strong>de</strong> Janusz, pour l'exposition.<br />
Mr Sikorski rentre dans <strong>le</strong> bureau.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber ! il faut absolument que je vous présente<br />
l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Pologne. Sa délicieuse femme<br />
Joséphine organise ce soir un cocktail suivi d'un dîner dans<br />
<strong>le</strong>ur somptueuse maison. Ils tiennent à ce que vous soyez<br />
présente, votre présence <strong>le</strong>s honorera<br />
GLORIA<br />
(gênée)<br />
C'est que je ..<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber je vous assure ils ont été très insistants<br />
GLORIA<br />
Je serai alors ravie <strong>de</strong> <strong>le</strong>s rencontrer<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Je peux passer à votre hôtel vers 18 heures.<br />
Gloria sourit pour lui répondre dans l'affirmative, presque obligée.<br />
59 - INT/EXT. DEVANT ENTRÉE PROPRIÉTÉ AMBASSADEUR DE FRANCE - SOIR<br />
La voiture <strong>de</strong> Mr Sikorski arrive <strong>le</strong>ntement jusque <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s escaliers <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la<br />
somptueuse <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France en Pologne.<br />
Un maître <strong>de</strong> maison se précipite pour ouvrir avec gran<strong>de</strong> courtoisie la porte <strong>de</strong> Mel<strong>le</strong><br />
Schreiber.Il la salue.El<strong>le</strong> <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> la voiture en <strong>le</strong> remerciant.El<strong>le</strong> porte une robe <strong>de</strong><br />
circonstance.<br />
- 50 -
VMI<br />
LA MAITRESSE DE MAISON<br />
Bonsoir Monsieur Sikorski<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Bonsoir Jean-Philippe<br />
LA MAITRESSE DE MAISON<br />
Veuil<strong>le</strong>z vous donner la peine d'entrée<br />
JOSÉPHINE<br />
(en se précipitant à l'entrée et en embrassant<br />
Gloria)<br />
Bonsoir mon enfant, Monsieur Sikorski bonsoir toujours aussi<br />
ponctuel. Et Madame ?<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
El<strong>le</strong> est encore fatiguée et vous prie <strong>de</strong> l'excuser <strong>de</strong> son<br />
absence, el<strong>le</strong> m'a chargé <strong>de</strong> vous présenter ses meil<strong>le</strong>urs<br />
sentiments, el<strong>le</strong> vous promet un goûter dans quelques<br />
semaines.<br />
Le cocktail et <strong>le</strong> dîner sont à l'image du mon<strong>de</strong> très politisé et culturel<strong>le</strong>ment raffiné<br />
qu'est celui d'une ambassa<strong>de</strong>. Les conversations fusent sur l'histoire <strong>de</strong> l'art. Gloria y<br />
trouve sa place et alimente <strong>le</strong>s sujets <strong>de</strong> ses connaissances et <strong>de</strong> ses références. El<strong>le</strong><br />
se fond incroyab<strong>le</strong>ment bien dans <strong>le</strong> décor et dans l'ambiance. On la croirait<br />
comédienne tant la situation dans laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> est ce soir contraste avec cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'avant<br />
veil<strong>le</strong>.<br />
60 - INT. EN APPARTE INTERIEUR AMBASSADEUR DE FRANCE - SOIR<br />
Monsieur l’Ambassa<strong>de</strong>ur se tient près <strong>de</strong> Gloria, tout <strong>de</strong>ux sont proches <strong>de</strong> la cheminée,<br />
un peu à l’écart <strong>de</strong>s autres convives.<br />
MONSIEUR L’AMBASSADEUR<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber, j’ai eu <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la cour Européene<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme au sujet du procès <strong>de</strong> Dankrad Fitcher.<br />
Il semb<strong>le</strong>rait que Dankrad ne pourrait pas être jugé pour<br />
crime contre l’humanité mais pour crime <strong>de</strong> guerre, il a une<br />
défense implacab<strong>le</strong> et malheureusement <strong>le</strong> temps a joué en<br />
sa faveur. Le procès pourrait être renvoyé vers <strong>le</strong> tribunal <strong>de</strong><br />
guerre.<br />
GLORIA<br />
J’ai eu mon père <strong>de</strong>rnièrement, il m’a tenu informée et <strong>le</strong>s<br />
avocats sont éga<strong>le</strong>ment peu optimistes, la plupart <strong>de</strong>s<br />
- 51 -
VMI<br />
victimes qui lui ont survécu ont disparu aujourd’hui. Le<br />
dossier est moins accablant que ce qu’il aurait du l’être. Le<br />
temps joue effectivement en sa faveur mais tout n’est pas<br />
perdu et rien n’est encore définitif. Comment peut-on<br />
considérer <strong>de</strong> tels actes comme crimes <strong>de</strong> guerre !?<br />
Monsieur Sikorski se sent las et doit se retirer, il doit reconduire Gloria mais Joséphine<br />
et son mari insistent pour qu'el<strong>le</strong> puisse prolonger <strong>de</strong> sa présence cette soirée que<br />
chaque convive apprécie.<br />
Monsieur l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France propose alors <strong>de</strong> reconduire Gloria par son voiturier,<br />
Monsieur Sikorski peut ainsi se retirer sans en<strong>le</strong>ver la bel<strong>le</strong> et intéressante Gloria<br />
Schreiber qui égayera la fin <strong>de</strong> soirée.<br />
61 - INT. INTÉRIEUR VOITURE AMBASSADEUR - SOIR<br />
La vitre arrière <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> et bel<strong>le</strong> voiture est baissée, Gloria salue une <strong>de</strong>rnière fois<br />
Joséphine qui se tient sous <strong>le</strong> grand porche d'entrée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>meure.<br />
La vitre remonte doucement dans un bruit sourd.<br />
La voiture a commencé à rou<strong>le</strong>r.<br />
Dans la nuit, <strong>le</strong>s phares prolongent la route dans une clarté jaunâtre.<br />
Les yeux du voiturier se reflètent dans <strong>le</strong> rétroviseur.<br />
On ne voit que <strong>le</strong>s yeux <strong>de</strong> voituriers <strong>de</strong>puis l'arrière où est installée Gloria.<br />
VOITURIER<br />
Où dois-je vous déposer Madame ?<br />
Dans un moment que l'on croit être <strong>de</strong> l'hésitation<br />
GLORIA<br />
Hôtel Le Bienvenue rue Gasbray...<br />
VOITURIER<br />
Bien madame, nous aurons environ une vingtaine <strong>de</strong> minutes<br />
<strong>de</strong> route avant <strong>de</strong> rejoindre votre hôtel<br />
GLORIA<br />
Vous n’êtes pas trop ennuyé, j'espère, <strong>de</strong> reprendre la route<br />
à cette heure ci<br />
VOITURIER<br />
C'est avec plaisir Madame<br />
- 52 -
Si<strong>le</strong>nce, seul <strong>le</strong> bruit du moteur résonne, l'homme conduit sérieusement, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux mains<br />
sont posées sur <strong>le</strong> volant à 10H10.<br />
VMI<br />
VOITURIER<br />
Vous êtes Française ?<br />
GLORIA<br />
Oui, vous aussi ?<br />
VOITURIER<br />
Oui et au service <strong>de</strong> Monsieur l'ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>puis trente<br />
ans, je <strong>le</strong> suis partout.<br />
VOITURIER<br />
Vous vous plaisez ici ?<br />
GLORIA<br />
Oui, beaucoup, cette vil<strong>le</strong> me parait déjà si familière, son<br />
langage presque habituel<br />
Le voiturier regar<strong>de</strong> dans son rétroviseur latéral la route que <strong>le</strong>s phares arrière illuminent<br />
à peine, ils sont seuls sur cette route déserte et sombre.<br />
Le ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong> Gloria dans <strong>le</strong> rétroviseur, el<strong>le</strong> est pensive.<br />
62 - INT. HALL DE L'HOTEL – NUIT<br />
Gloria entre dans l’hôtel, el<strong>le</strong> est un peu lasse, il est tard.<br />
Le veil<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> nuit qui reconnaît Gloria la salue d'un air et d'un ton coquin.<br />
63 - INT. CHAMBRE HOTEL – NUIT<br />
Gloria s'éta<strong>le</strong> <strong>de</strong> tout son corps sur son lit. Ses cheveux forment une couronne.<br />
On observe <strong>le</strong> plafond avec Gloria. Un lustre <strong>de</strong> sty<strong>le</strong> douteux éclaire d'une lumière<br />
diffuse et tamisée la chambre au décor bien trop sobre et aux cou<strong>le</strong>urs bien trop fa<strong>de</strong>s.<br />
64 - INT/EXT. MAISON GLORIA - JOUR<br />
---- maison sty<strong>le</strong> Frédéric Chopin ----<br />
La porte s'ouvre sur l'intérieur d'une maison.<br />
Le mobilier est simp<strong>le</strong> mais agencé avec goût.<br />
La personne <strong>de</strong> l'agence immobilière à l'accent Français maladroit fait visiter la <strong>de</strong>meure<br />
à Gloria qui semb<strong>le</strong> intéressée par <strong>le</strong>s lieux.<br />
- 53 -
VMI<br />
AGENT IMMOBILIÈRE<br />
El<strong>le</strong> est très lumineuse et peut-être réaménagée à votre<br />
convenance<br />
GLORIA<br />
Je la trouve très bien comme ça, je vais la prendre ...<br />
AGENT IMMOBILIÈRE<br />
Bien c'est un très bon choix, je vous fais parvenir <strong>le</strong>s papiers<br />
au centre <strong>de</strong>s Arts et vous laisse vos clés<br />
GLORIA<br />
(en saisissant <strong>le</strong>s clés)<br />
Oh oui je <strong>le</strong>s prends tout <strong>de</strong> suite ! je vous remercie pour <strong>le</strong>s<br />
visites et <strong>de</strong> m'avoir libérée <strong>de</strong> cette chambre d’hôtel<br />
El<strong>le</strong> s'avance à l'extérieur sur une jolie terrasse longeant toute la faça<strong>de</strong> du mur<br />
d'entrée. Un grand arbre domine entre la maison et <strong>le</strong> portillon d'entrée, un chemin<br />
traverse un jardin coquet pour mener aux marches <strong>de</strong> l’escalier <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> cou<strong>le</strong>ur<br />
blanche.<br />
GLORIA<br />
Au revoir<br />
AGENT IMMOBILIÈRE<br />
Au revoir et n'oubliez pas <strong>de</strong> saluer Monsieur Sikorski <strong>de</strong> ma<br />
part.<br />
65 - INT. CENTRE DES ARTS ET SCIENCE - JOUR<br />
Gloria, <strong>de</strong>s dossiers sous <strong>le</strong> bras, sort avec empressement d'une <strong>de</strong>s sal<strong>le</strong>s <strong>de</strong> réunion<br />
du centre <strong>de</strong>s arts et sciences, el<strong>le</strong> laisse <strong>de</strong>rrière el<strong>le</strong> quelques personnes qui n'ont pas<br />
la même hâte et qui finissent <strong>le</strong>ur conversation calmement.<br />
El<strong>le</strong> passe par son bureau, dépose ses dossiers, enfi<strong>le</strong> sa veste et saisit son sac. El<strong>le</strong><br />
sort <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s poches <strong>le</strong> bout <strong>de</strong> papier sur <strong>le</strong>quel Roman a inscrit l'adresse <strong>de</strong> la<br />
hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports.<br />
Avec rapidité Gloria frappe sur son clavier l'adresse du centre et cel<strong>le</strong> laissée par<br />
Roman, quelques secon<strong>de</strong>s plus tard une page s'imprime. Gloria observe <strong>le</strong> plan,<br />
bouffe, regar<strong>de</strong> sa montre et s'enfuit d'un pas déterminé.<br />
66 - INT. HABITACHE DE VOITURE GLORIA EN POLOGNE - PLUS TARD<br />
Gloria est en voiture, el<strong>le</strong> avance pénib<strong>le</strong>ment gênée par la fumée <strong>de</strong> sa cigarette et la<br />
- 54 -
<strong>le</strong>cture du plan posé sur <strong>le</strong> siège voisin. El<strong>le</strong> passe dans différents quartiers à la<br />
découverte hasar<strong>de</strong>use du nom <strong>de</strong> la rue dans laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> s'aventure.<br />
L'heure commence à être tardive, Gloria se déci<strong>de</strong> à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> à un passant.<br />
L'espoir est retrouvé quand on lui indique qu'el<strong>le</strong> n'est pas loin et qu'el<strong>le</strong> n'a que<br />
quelques rues à franchir avant <strong>de</strong> parvenir à la hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports.<br />
67 - EXT. COUR HALLE DES SPORTS - JOUR<br />
Gloria stoppe la voiture dans la gran<strong>de</strong> cour face à la hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports. Dans un entrain<br />
et une satisfaction que l'on <strong>de</strong>vine, Gloria <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> la voiture, referme sa portière puis<br />
s'arrête. L’entrée <strong>de</strong> la hal<strong>le</strong> est fermée, un grand ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fer fait barrage.<br />
Gloria est <strong>de</strong>vant la portière conducteur <strong>de</strong> sa voiture, on <strong>de</strong>vine maintenant sa<br />
déception.<br />
Quelques gouttes <strong>de</strong> pluie commencent à tomber.<br />
Non loin <strong>de</strong> là, un groupe d'enfant joue, <strong>le</strong>urs rires interpel<strong>le</strong>nt Gloria. El<strong>le</strong> se retourne<br />
pour <strong>le</strong>s regar<strong>de</strong>r. El<strong>le</strong> rentre dans sa voiture et continue à observer <strong>le</strong>s enfants dans<br />
<strong>le</strong>ur jeu. C'est <strong>le</strong> plus petit qui est <strong>le</strong> maître <strong>de</strong> cérémonie, il tourne <strong>le</strong> dos à ses<br />
camara<strong>de</strong>s et tape plusieurs fois d'une main sur un mur pendant que ses amis avancent<br />
aussi empressés <strong>le</strong>s uns que <strong>le</strong>s autres, puis il se retourne. A ce moment <strong>le</strong> groupe<br />
s'immobilise spontanément, chaque enfant est <strong>de</strong>venu statue <strong>de</strong> marbre. Le petit garçon<br />
est visib<strong>le</strong>ment à l'affût du moindre mouvement, se prêtant à faire <strong>le</strong> pitre pour mieux<br />
provoquer la faib<strong>le</strong>sse <strong>de</strong> l'un d'entre eux. La pluie commence à tomber à grosses<br />
gouttes, c'est alors que du doigt, un <strong>de</strong>s enfants est accusé d'avoir bougé ! Il est<br />
renvoyé aussitôt sur la ligne <strong>de</strong> départ.<br />
La pluie tombe maintenant très fort, Gloria aperçoit à peine <strong>le</strong>s enfants qui sous <strong>le</strong>s rires<br />
partent en courant probab<strong>le</strong>ment se mettre à l'abri.<br />
68 - INT. VARSOVIE MAISON SCHREIBER – JOUR<br />
Printemps 1943<br />
Un petit garçon, en tenue d'écolier et cartab<strong>le</strong> en main, court dans la ruel<strong>le</strong> avant <strong>de</strong><br />
disparaître par l'entrée d'un immeub<strong>le</strong> <strong>de</strong> vil<strong>le</strong>.<br />
La porte se referme dans un grand tintamarre, il rejoint la cuisine dans un pas <strong>de</strong> course<br />
et embrasse sa mère qui visib<strong>le</strong>ment prépare <strong>le</strong> repas à base <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre.<br />
Il s'assoit à tab<strong>le</strong>, sort son cahier d'éco<strong>le</strong> et s'applique aussitôt à <strong>de</strong>s lignes d'écriture.<br />
VMI<br />
LE PETIT GARÇON<br />
Maman dès que j'ai terminé mes <strong>de</strong>voirs, j' y vais ... Hein<br />
maman ?<br />
LA MÈRE<br />
(Tout en jetant un oeil sur la composition <strong>de</strong> son<br />
- 55 -
VMI<br />
fils)<br />
Oui mon amour, mais tout <strong>de</strong> même calmes toi un peu. Ce<br />
sera mieux pour écrire<br />
Un bruit <strong>de</strong> porte qui s'ouvre et se referme puis <strong>de</strong>s pas. Au seuil <strong>de</strong> la porte <strong>de</strong> la<br />
cuisine apparait l'homme au chapeau <strong>de</strong> crêpe.<br />
Il dépose son chapeau sur <strong>le</strong> porte manteau. L’homme est coiffé <strong>de</strong> très court et ses<br />
traits sont nob<strong>le</strong>s.<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
Bonsoir mon garçon<br />
LE PETIT GARÇON<br />
Bonsoir papa<br />
L'homme se penche sur son enfant et lui dépose un baiser sur <strong>le</strong> front puis s'approche<br />
<strong>de</strong> la femme qu'il embrasse tendrement.<br />
Le petit garçon termine diffici<strong>le</strong>ment son travail puis regar<strong>de</strong> <strong>le</strong> père.<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
Prends ton cahier mon chéri et suis moi.<br />
LA MÈRE<br />
(en donnant <strong>le</strong> torchon renfermant la nourriture)<br />
Prends un peu <strong>de</strong> pain et <strong>de</strong> la pâte <strong>de</strong> coing.<br />
Le père saisit dans un tiroir ce qui semb<strong>le</strong> être une poignée, on ne distingue pas très<br />
bien.<br />
L'homme s'efface dans <strong>le</strong> couloir qui jouxte un escalier menant à l'étage. Sur <strong>le</strong> mur qui<br />
fait face un <strong>miroir</strong> long et pas très large. La silhouette <strong>de</strong> l'homme, plus il avance,<br />
s'agrandit dans <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t. Le petit garçon reste <strong>de</strong>rrière son père, il est visib<strong>le</strong>ment<br />
empressé mais reste si<strong>le</strong>ncieux et attentif à ses moindres gestes.<br />
Le père s'arrête spontanément <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> <strong>miroir</strong>.<br />
Le ref<strong>le</strong>t bouge, on ne comprend pas trop ce qu'il se passe, puis soudainement s'efface<br />
pour laisser place à une surface en bois.<br />
L'homme, pru<strong>de</strong>mment, dépose <strong>le</strong> <strong>miroir</strong>. Le petit garçon est dans l’admiration,<br />
si<strong>le</strong>ncieux. La mère <strong>le</strong>s a rejoints, el<strong>le</strong> se tient à l'écart.<br />
C'est une porte aux dimensions particulières qui se cache <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong> <strong>miroir</strong>.<br />
L'homme enfonce la poignée, la tourne délicatement : la porte s'ouvre.<br />
Le garçon, sur l'invitation <strong>de</strong> son père, disparaît comme par magie, <strong>le</strong> père <strong>le</strong> suit.<br />
La mère s'avance.<br />
- 56 -
VMI<br />
LA MÈRE<br />
À tout à l'heure<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
Je taperai un coup comme d’habitu<strong>de</strong><br />
Puis la porte se referme et <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t balbutiant <strong>de</strong> la mère, apparaît pour prendre la place<br />
<strong>de</strong> la porte en bois.<br />
69 - INT. PIÈCE SECRÈTE – JOUR Printemps 1943<br />
Une secon<strong>de</strong> porte s'ouvre, <strong>le</strong> petit garçon entre dans une pièce et se précipite aux<br />
côtés d'un jeune garçon assis à une petite tab<strong>le</strong>. On reconnaît <strong>le</strong> petit garçon que<br />
l'homme au chapeau <strong>de</strong> crêpe a pris par la main près du train. La pièce ne possè<strong>de</strong> pas<br />
<strong>de</strong> fenêtres, un éclairage <strong>de</strong> fortune permet <strong>de</strong> voir à peine clair, à gauche un petit lit<br />
aux couvertures sombres, <strong>de</strong>s vivres entassés dans un <strong>de</strong>s coins, quelques tab<strong>le</strong>aux et<br />
objets rares probab<strong>le</strong>ment mis à l'abri <strong>de</strong>s pillages, puis une armoire grise fermée par un<br />
ca<strong>de</strong>nas. Les cou<strong>le</strong>urs dans cette pièce sont sombres et tristes.<br />
L’enfant, assis à la tab<strong>le</strong>, avec une petite brosse aux poils anarchiques et un pot <strong>de</strong><br />
cirage noir, s'applique à un <strong>de</strong>ssin. Il utilise vraisemblab<strong>le</strong>ment aussi ses doigts, qui sont<br />
souillés <strong>de</strong> ce cirage noir.<br />
Le petit garçon est émerveillé par la composition <strong>de</strong> son ami.<br />
Le père félicite <strong>le</strong> jeune enfant, il essaiera <strong>de</strong> lui trouver <strong>de</strong> la peinture et du matériel<br />
pour que son ta<strong>le</strong>nt puisse s'exprimer différemment.<br />
Pour l'heure il s'agit <strong>de</strong> la séance d'écriture.<br />
L'enfant saisit un tronc <strong>de</strong> bois qui lui sert d'assise et prend place face à son ami.<br />
Les mains du jeune garçon sont noires <strong>de</strong> cirage. Monsieur Schreiber lui essuie avec un<br />
mouchoir qu'il retire <strong>de</strong> sa poche.<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
À la nuit tu sortiras pour prendre une douche<br />
LE PETIT GARÇON<br />
Oh oui et il pourra rester dormir avec moi<br />
Le petit garçon du train regar<strong>de</strong> son ami <strong>le</strong>s yeux remplis <strong>de</strong> joie puis <strong>le</strong> père dans<br />
l'attente <strong>de</strong> sa réponse<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
Non pas ce soir, <strong>de</strong>hors c'est bien trop agité, il ne faut pas<br />
prendre <strong>de</strong> risques <strong>le</strong>s enfants<br />
- 57 -
Puis <strong>le</strong> père, appliqué, écrit entre <strong>le</strong>s lignes du cahier du jeune garçon, dont il a pris la<br />
main ce jour là près du train, <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> : Tomsk Portmann.<br />
VMI<br />
LE PÈRE - L'HOMME AU CHAPEAU DE CRÉPE<br />
Al<strong>le</strong>z mon garçon bientôt tu sauras écrire ton nom <strong>le</strong>s yeux<br />
fermés<br />
Puis <strong>le</strong> père écrit entre <strong>le</strong>s lignes du cahier <strong>de</strong> son fils <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> : Bruno Schreiber.<br />
( On reconnaît la calligraphie utilisé dans la couverture <strong>de</strong> livre posé sur la tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la<br />
chambre <strong>de</strong> Gloria à Paris )<br />
70 - INT. HABITACHE DE VOITURE GLORIA EN POLOGNE - JOUR<br />
La pluie cou<strong>le</strong> tel un ri<strong>de</strong>au d'eau sur <strong>le</strong> pare-brise <strong>de</strong> la voiture <strong>de</strong> Gloria.<br />
Gloria enc<strong>le</strong>nche <strong>le</strong>s essuies glaces.<br />
Par <strong>le</strong> pare-brise, l'entrée <strong>de</strong> la hal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sports, un homme se tient là <strong>de</strong>bout, on croit<br />
distinguer Roman.<br />
Les yeux <strong>de</strong> Gloria s'emplissent <strong>de</strong> joie.<br />
Le pare-brise est à nouveau ri<strong>de</strong>au d'eau, <strong>le</strong>s essuies glaces re balaient, Roman<br />
reconnaît alors Gloria qui dans la surprise a du mal à gérer la situation.<br />
Gloria sort <strong>de</strong> la voiture au même moment où Roman s'avance, ils se retrouvent ainsi<br />
sous la pluie.<br />
Ils se jettent dans <strong>le</strong>s bras l'un <strong>de</strong> l'autre, ils s'enlacent.<br />
Roman prend la nuque <strong>de</strong> Gloria dans ses mains.<br />
ROMAN<br />
Tu es encore plus bel<strong>le</strong> sous la pluie.<br />
Il l'embrasse.<br />
Ils sont beaux, ils sont trempés, ils sont ensemb<strong>le</strong>s et la terre peut bien s'arrêter <strong>de</strong><br />
tourner.<br />
71 - INT. ANCIEN GYMNASE - ECOLE CIRQUE NOUVEAU - JOUR<br />
Roman allume une cigarette, il s'était absenté pour se rendre au tabac du coin.<br />
Il quitte son tee shirt trop mouillé.<br />
Gloria a retiré sa veste, son haut est légèrement mouillé laissant apparaître quelques<br />
goutte<strong>le</strong>ttes. Ses cheveux gorgés d'eau retombent sur ses épau<strong>le</strong>s avec grâce.<br />
La séance <strong>de</strong> répétition <strong>de</strong> la journée a été annulée. Il savait qu'el<strong>le</strong> finirait par venir.<br />
Gloria découvre la hal<strong>le</strong> dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s Arts Sauts évoluent.<br />
El<strong>le</strong> aperçoit <strong>le</strong>s plateformes et <strong>le</strong>s trapèzes suspendus dans <strong>le</strong>s airs.<br />
- 58 -
Roman lui explique <strong>le</strong>ur façon <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r ici en entraînement et en répétition.<br />
La structure, <strong>le</strong> support final pour <strong>le</strong> grand spectac<strong>le</strong> est en cours <strong>de</strong> montage.<br />
De là haut ce sera une évolution d'une autre dimension.<br />
Roman invite Gloria à se hisser et se balancer dans <strong>le</strong>s airs.<br />
Le grand fi<strong>le</strong>t <strong>de</strong> protection qui assure la sécurité en cas <strong>de</strong> chute rassure Gloria, el<strong>le</strong> se<br />
prête à l'expérience inédite pour el<strong>le</strong>.<br />
Sur la plateforme, Gloria se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment el<strong>le</strong> va bien pouvoir rejoindre ce<br />
trapèze.<br />
C'est alors que Roman se jette dans <strong>le</strong>s airs, saisit <strong>le</strong> trapèze et effectue <strong>de</strong>s<br />
mouvements <strong>de</strong> tout son corps qui <strong>le</strong> propulse <strong>de</strong> l'avant à l'arrière.Il atteint rapi<strong>de</strong>ment<br />
la plateforme où se trouve Gloria presque tétanisée.<br />
Il l'invite à l'enlacer très fort par <strong>le</strong> cou et à s'asseoir sur lui dès qu'el<strong>le</strong> sent <strong>le</strong> sol se<br />
dérober sous ses pieds.<br />
Gloria ne dit rien et s'exécute.<br />
Les voilà, comme <strong>de</strong>ux tourtereaux, dans <strong>le</strong>s airs : Gloria est appuyée sur Roman, la<br />
tête dans <strong>le</strong> creux <strong>de</strong> son épau<strong>le</strong>, il la berce doucement, ils n'ont besoin, à ce moment<br />
là, <strong>de</strong> rien, ils sont là ensemb<strong>le</strong>s et tout suffit.<br />
Moment aérien - vertigineux et calme - une pause<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
Tu avances comme tu veux sur ton expo ?<br />
GLORIA<br />
À vrai dire ce n'est pas faci<strong>le</strong>, j'ai découvert beaucoup <strong>de</strong><br />
lieux mais pas un seul pour Tomsk enfin pour Janusz<br />
ROMAN<br />
(un peu perdu)<br />
Tomsk ou Janusz ?<br />
GLORIA<br />
C'est Tomsk Portmann. L'homme est Tomsk Portmann et<br />
L'artiste est Janusz. Il a choisi ce pseudo en hommage à<br />
l'homme qui a sacrifié sa vie pour la sienne. Il a été pris très<br />
jeune dans <strong>le</strong>s tourmentes <strong>de</strong> la guerre, il doit sa vie, entre<br />
autres, à Janusz Korzack.<br />
ROMAN<br />
Tu connaissais personnel<strong>le</strong>ment Tomsk Portmann ?<br />
GLORIA<br />
Oui ... et je ne <strong>le</strong> vois pas dans <strong>le</strong>s lieux que j'ai pu visiter, je<br />
ne <strong>le</strong> vois pas enfermé ici à Varsovie, il l'a été déjà trop<br />
longtemps ... Je vois son expo à l'extérieur avec du bruit et<br />
<strong>de</strong>s lumières, jour et nuit ... Aux portes du mur, <strong>de</strong> l'autre côté<br />
<strong>de</strong> la frontière ... Tu comprends<br />
- 59 -
Le trapèze s'immobilise petit à petit.<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
oui, il faut que tu portes cette exposition dans son histoire, je<br />
peux t'ai<strong>de</strong>r, je connais bien Varsovie<br />
ROMAN<br />
Laisses toi faire, ne crains rien<br />
Et soudain Roman d'un tour <strong>de</strong> trapèze permet à Gloria <strong>de</strong> rejoindre <strong>le</strong> fi<strong>le</strong>t dans une<br />
grâce et facilité déconcertante.<br />
El<strong>le</strong> se laisse tomber, el<strong>le</strong> est amusée puis s'abandonne sous <strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s soup<strong>le</strong>s et<br />
confortab<strong>le</strong>s du fi<strong>le</strong>t.<br />
Nous sommes <strong>le</strong>s yeux <strong>de</strong> Gloria, Roman est encore dans <strong>le</strong>s airs, il prépare sa sortie.<br />
Nous sommes au zénith, dominants.<br />
72 - INT. ANCIEN GYMNASE - ECOLE CIRQUE NOUVEAU - JOUR<br />
Roman se libère du trapèze et rejoint <strong>le</strong> fi<strong>le</strong>t dans une pirouette aérienne. Gloria rebondit<br />
sous <strong>le</strong> poids et l'énergie du saut. El<strong>le</strong> est propulsée dans <strong>le</strong>s airs, el<strong>le</strong> rit. El<strong>le</strong><br />
ressemb<strong>le</strong> à une petite fil<strong>le</strong> au moment <strong>de</strong> sa première expérience sur un trampoline.<br />
Des bruits se font entendre, <strong>de</strong>s jeunes garçons franchissent l'entrée <strong>de</strong> la hal<strong>le</strong>, sac <strong>de</strong><br />
sport en main.<br />
ROMAN<br />
J'ai mon cours <strong>de</strong> mouvement et équilibre au sol qui va<br />
commencer... Il faut que je libère ma sirène <strong>de</strong>s prises du fi<strong>le</strong>t<br />
Roman tel un chimpanzé <strong>de</strong>scend du fi<strong>le</strong>t et invite Gloria a exécuté la même figure.<br />
Il la rattrape dans ses bras et lui vo<strong>le</strong> un baiser<br />
ROMAN<br />
On dîne ensemb<strong>le</strong> ce soir ?<br />
GLORIA<br />
Oui et chez moi! J’ai loué une petite maison<br />
73 - INT. ANCIEN GYMNASE - ECOLE CIRQUE NOUVEAU - JOUR<br />
Gloria écrit dans <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong> la hal<strong>le</strong> sa nouvel<strong>le</strong> adresse.<br />
Une gran<strong>de</strong> vitre donne sur la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong>, Gloria observe d'un oeil curieux <strong>le</strong> groupe.<br />
On croirait assister à un cours <strong>de</strong> Capoéra, Roman fait une démonstration avec un <strong>de</strong><br />
ses élèves, <strong>le</strong>s autres agenouillés et attentifs observent.<br />
- 60 -
Gloria est séduite, encore et à nouveau.<br />
Des photos sur <strong>le</strong> mur reflètent <strong>le</strong>s moments forts <strong>de</strong>s différentes tournées <strong>de</strong> la troupe.<br />
Ils sont nombreux, on peut en compter une dizaine environ.<br />
La joie est à l'honneur sur chaque photo.<br />
Sur l'une d'entre el<strong>le</strong>, <strong>le</strong> groupe au comp<strong>le</strong>t, Saul enlace Roman par <strong>le</strong> cou.<br />
74 - EXT. MAISON GLORIA - NUIT<br />
La pénombre <strong>de</strong> la nuit a gagné.<br />
Gloria, appuyée sur <strong>le</strong> pilier en bois, fume une cigarette sur sa terrasse dont l'éclairage<br />
illumine à peine <strong>le</strong> jardin. L'ombre du grand arbre et <strong>de</strong> ses feuil<strong>le</strong>s danse sur <strong>le</strong> sol. On<br />
distingue mal <strong>le</strong> portillon, <strong>le</strong> bruit grinçant laisse présager que quelqu'un arrive.<br />
Roman avance, il semb<strong>le</strong> hypnotisé par <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong> Gloria, là, posée tel<strong>le</strong> une femme<br />
<strong>de</strong> plaisir qui attend <strong>le</strong> client.<br />
Gloria aspire une bouffée <strong>de</strong> cigarette dans un sourire, Roman s'arrête <strong>de</strong>vant <strong>le</strong>s<br />
marches. Gloria recrache la fumée dans une grâce et un sexe App<strong>le</strong> insoutenab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong><br />
ne se rend pas compte <strong>de</strong> ce qu'el<strong>le</strong> dégage et est un peu surprise du si<strong>le</strong>nce et du<br />
regard <strong>de</strong> Roman à ce moment.<br />
Il monte doucement <strong>le</strong>s marches, ne la lâchant pas du regard, il s'empare <strong>de</strong> sa<br />
cigarette qu'il jette au sol, lui prend la main et l'attire à l'intérieur.<br />
75 - INT. MAISON GLORIA - NUIT<br />
Ils sont appuyés <strong>de</strong> tout <strong>le</strong>ur corps sur <strong>le</strong> grand pan <strong>de</strong> glace accolé au mur <strong>de</strong> la pièce<br />
principa<strong>le</strong>.<br />
Il s'y reflète la nuit <strong>de</strong> la baie qui fait face, on <strong>le</strong>s observe enlacés et s'embrassant, sur<br />
un plan large pris <strong>de</strong> dos.<br />
Puis nous sommes dans l'axe où peuvent se mê<strong>le</strong>r ref<strong>le</strong>t et réalité.<br />
Dans l'étreinte la paume <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> Gloria vient se poser sur la glace, sur <strong>le</strong> point <strong>le</strong><br />
plus haut.<br />
La tête <strong>de</strong> Roman et ses cheveux soup<strong>le</strong>s glissent vers <strong>le</strong>s hanches <strong>de</strong> Gloria, puis<br />
Gloria irradiant <strong>de</strong> plaisir plonge à son tour.<br />
Avec <strong>le</strong>nteur <strong>le</strong> visage et <strong>le</strong>s cheveux <strong>de</strong> Gloria glissent <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la glace.<br />
76 - INT. AÉROPORT ROISSY PARIS - JOUR<br />
Le sas <strong>de</strong> transfert d'un avion sur l'aéroport <strong>de</strong> Roissy à Paris, <strong>de</strong>s personnages qui<br />
défi<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s uns <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s autres, la plupart paraissent réjouis, reposés, décontractés,<br />
<strong>le</strong>ur teint est halé. Retour probab<strong>le</strong> d'une <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> vacances.<br />
Antoine apparaît, plutôt en désaccord avec <strong>le</strong>s autres voyageurs. Costume froissé,<br />
chemise défaite et sans cravate, Antoine marche <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la voie toute tracée, portab<strong>le</strong><br />
à l'oreil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s yeux qui avancent plus vite que ses pas freinés par la fou<strong>le</strong>. Il bouscu<strong>le</strong><br />
maladroitement une femme.<br />
VMI<br />
- 61 -
--------------<br />
--------------<br />
--------------<br />
--------------<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
Veuil<strong>le</strong>z m’excuser Madame<br />
ANTOINE<br />
(Au téléphone portab<strong>le</strong>)<br />
Je suis à Paris<br />
ANTOINE<br />
Je suis resté bloqué <strong>de</strong>ux heures à l'aéroport <strong>de</strong> Rome<br />
ANTOINE<br />
HS, il faut que tu envoies quelqu'un pour récupérer <strong>le</strong>s<br />
sculptures<br />
ANTOINE<br />
Écoutes je me suis tapé une semaine <strong>de</strong> négoce avec ces<br />
putains <strong>de</strong> rital, alors là je veux ma douche et mon pieux, là<br />
<strong>de</strong> suite ! c'est plus mon affaire, on se voit <strong>de</strong>main au bureau<br />
77 - INT. APPARTEMENT DE GLORIA - MATIN<br />
Le hall d'entrée <strong>de</strong> l'appartement <strong>de</strong> Gloria.<br />
Antoine reposé, métamorphosé dans un superbe costume, actionne <strong>le</strong> bouton d'appel<br />
<strong>de</strong> l'ascenseur. Il semb<strong>le</strong> vouloir être invisib<strong>le</strong>. Soudain, sortant dont on ne sait où, la<br />
concierge déjà envahissante<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Mr Antoine, et bien où vous cachiez-vous ? je me suis fait un<br />
sang d'encre<br />
ANTOINE<br />
(pris au piège)<br />
Monsieur Cordaro, Antoine Cordaro, vous ne <strong>le</strong> retiendrez<br />
jamais ! un déplacement à l'étranger qui s'est prolongé, je<br />
suis pressé, rien <strong>de</strong> spécial ?<br />
- 62 -
VMI<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Si Mme Schreiber est passée, el<strong>le</strong> était surprise d'apprendre<br />
que Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> est en Pologne, tout <strong>de</strong> même..<br />
ANTOINE<br />
(tout en entrant dans l'ascenseur)<br />
Ah bon, et alors ?<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
(la porte <strong>de</strong> l'ascenseur se referme sur Antoine)<br />
Ben toujours aussi mince ! el<strong>le</strong> a laissé un mot pour Gloria, je<br />
vous <strong>le</strong> donne ?<br />
ANTOINE<br />
Non non Gloria l'aura à son retour .. Au revoir<br />
78 - INT. APPARTEMENT DE GLORIA - MATIN<br />
L'appartement trop ordonné <strong>de</strong> Gloria souligne son absence.<br />
Antoine arrosoir en main s'applique à l'entretien <strong>de</strong>s plantes que Gloria lui a confiées.<br />
Il semb<strong>le</strong> pressé et minute ses moindres mouvements, l'écou<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> l'eau par<br />
l'arrosoir visib<strong>le</strong>ment trop <strong>le</strong>nt et sa contenance trop petite exaspèrent Antoine.<br />
Il repart côté cuisine pour remplir son arrosoir, sur un <strong>de</strong>s meub<strong>le</strong>s la base du téléphone<br />
indique <strong>de</strong>s messages en attente sur répon<strong>de</strong>ur.<br />
Il actionne <strong>le</strong> bouton et continue à vaquer à son occupation.<br />
Les messages défi<strong>le</strong>nt.<br />
Bip<br />
"Boutique The Store, Salut Gloria c'est Estel<strong>le</strong> ! la nouvel<strong>le</strong> col<strong>le</strong>ction est arrivée, y a <strong>de</strong><br />
superbes pièces qui vont te plaire, dépêches toi <strong>de</strong> venir nous voir !, ciao ciao "<br />
Bip<br />
"Oué C'est SAMUEL ton fréro ! je ne t'appe<strong>le</strong>rai par sur la puce qui te suit partout! je ou<br />
tu me rappel<strong>le</strong>s un <strong>de</strong> ces jours, je t'embrasse"<br />
Bip<br />
"Bonjour Mel<strong>le</strong> Schreiber, c'est Elsa, Elsa Quivir, j'ai eu un appel d'un certain Mr Perez.<br />
Il m'a appris que je ne faisais plus partie <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong> sans explications, il a pas su me<br />
dire où vous étiez ... J'essaie <strong>de</strong> vous joindre sur votre portab<strong>le</strong> mais je sais pas il y a un<br />
problème. Enfin voilà je ne sais plus, enfin si je sais mais .. Merci <strong>de</strong> me rappe<strong>le</strong>r si vous<br />
avez ce message. Au revoir"<br />
Bipp Bippp<br />
Antoine est tétanisé et encore plus figé que la plante et l'arrosoir qui n'a définitivement<br />
plus rien à donner.<br />
- 63 -
79 - INT. HALL DE L'AGENCE DE GLORIA - PLUS TARD<br />
Antoine déta<strong>le</strong> dans l'Agence l'air grave et sérieux.<br />
L'un <strong>de</strong> ses collègues est en train <strong>de</strong> faire du gring à la standardiste.<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
Où est <strong>le</strong> dossier <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris ?<br />
FRANÇOIS<br />
Quel dossier ? et puis Bonjour d'abord<br />
ANTOINE<br />
(énervé)<br />
Oui bonjour, <strong>le</strong> dossier <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria qui est passé<br />
chez Perez.. Il a du arriver, il est arrivé, il est validé, qui où ?<br />
LA SECRÉTAIRE<br />
Mr Cordaro, sur votre bureau, il y a une pi<strong>le</strong> <strong>de</strong> dossiers et <strong>de</strong><br />
courriers en attente <strong>de</strong>puis votre départ ...<br />
Antoine se précipite à son bureau sans tirer un mot supplémentaire.<br />
80 - INT. BUREAU D'ANTOINE - JOUR<br />
La pi<strong>le</strong> <strong>de</strong> dossier met en lumière l'absence trop prolongée d'Antoine.<br />
Il ne prend pas la peine <strong>de</strong> s'asseoir et passe un par un <strong>le</strong>s dossiers et <strong>le</strong>ttres empilés,<br />
prêts à s'effondrer. Il semb<strong>le</strong> chercher quelque chose <strong>de</strong> précis.<br />
Ses yeux s’embrasent, il déchire pénib<strong>le</strong>ment et maladroitement l'enveloppe tant<br />
l'empressement <strong>le</strong> met hors <strong>de</strong> lui. Il en sort un dossier " Bienna<strong>le</strong> Arts contemporains<br />
<strong>de</strong> Paris 2004 2005", en bas trois signatures : Mr Armant Ministère <strong>de</strong> la culture - Mr<br />
Pérez Commissaire d'exposition exécutif - Mr Dichao Prési<strong>de</strong>nt Directeur Général <strong>de</strong> la<br />
Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong>.<br />
Le sang lui monte dans <strong>le</strong>s yeux, il se précipite en page 5 où tous <strong>le</strong>s noms d'artistes<br />
sont répertoriés, on suit son doigt qui déva<strong>le</strong> <strong>de</strong> lignes en lignes puis il s'arrête sur Mr<br />
Etienne MARIAGGI, pas d'Elsa QUIVIR.<br />
ANTOINE<br />
Oh putain il a pris la place d’Elsa Quivir !<br />
Il en suffoque, actionne pénib<strong>le</strong>ment l'interrupteur du téléphone pour <strong>le</strong> standard.<br />
ISABELLE<br />
Agence Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong> Isabel<strong>le</strong> à votre écoute<br />
ANTOINE<br />
C'est bon c'est Antoine, Mr Dichao est là ?<br />
- 64 -
VMI<br />
ISABELLE<br />
Non il est en déplacement pour la semaine, tu peux <strong>le</strong> joindre<br />
à son hôtel à partir <strong>de</strong> 19H<br />
Isabel<strong>le</strong> par<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong>, Antoine a raccroché.<br />
81 - INT. SALLE EXPOSITA DE VENTES AUX ENCHÈRES - PLUS TARD<br />
Antoine pénètre dans un grand hall vi<strong>de</strong> aux contours luxueux.<br />
A l'entrée, un responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la sécurité semb<strong>le</strong> d'un air assuré attendre l'i<strong>de</strong>ntification<br />
d'Antoine. L'homme imposant fait barrière à l'encart d'une gran<strong>de</strong> porte qui nous laisse<br />
<strong>de</strong>viner une très gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong> emplie <strong>de</strong> personnes assises, <strong>le</strong> bonjour courtois<br />
d'Antoine est masqué par une casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> montants en euros.<br />
ANTOINE<br />
Bonjour<br />
VIGILE DE LA VENTE AUX ENCHERES<br />
(un mollos à l'air agressif)<br />
I<strong>de</strong>ntification s'il vous plait ?<br />
ANTOINE<br />
(qui présente sa carte)<br />
Un peu <strong>de</strong> politesse ne vous ferait pas <strong>de</strong> mal<br />
VIGILE DE LA VENTE AUX ENCHERES<br />
(tout en lisant la carte et en la retournant dans tous<br />
<strong>le</strong>s sens)<br />
Je ne suis pas là pour faire dans la nioniote, j'assure la<br />
sécurité moi ! c'est bon al<strong>le</strong>z y<br />
Antoine s'avance dans la gran<strong>de</strong> sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> ventes aux enchères Exposita <strong>de</strong> Paris.<br />
Ses yeux parcourent l'assemblée. Il ne s'assoit pas.<br />
Les enchères se suivent et ne se ressemb<strong>le</strong>nt pas.<br />
On reconnaît Rodrigo parmi la masse d'acheteurs.<br />
Une enchère est lancée sur un peintre Vénézuelien apparemment encore inconnu,<br />
l'oeuvre ne présente pas réel<strong>le</strong>ment d'intérêt et l’enchère lancée à 1500 euros a du mal<br />
à partir.<br />
RODRIGO<br />
1700<br />
ANTOINE<br />
(l'air déjà satisfait)<br />
10000 euros<br />
L'assemblée s"engouffre dans un étonnement bruyant.<br />
- 65 -
Rodrigo si fier semb<strong>le</strong> à peine dérangé par cette surenchère, il ne sourcil<strong>le</strong> pas d'un poil<br />
et a reconnu la voix d'Antoine.<br />
VMI<br />
RODRIGO<br />
10500<br />
ANTOINE<br />
11000<br />
RODRIGO<br />
12000<br />
ANTOINE<br />
15000<br />
RODRIGO<br />
16000 euros<br />
Antoine esquisse un grand sourire et tourne <strong>le</strong>s talons.<br />
Le huissier acquiesce d'un coup <strong>de</strong> marteau la vente à 16000 euros.<br />
82 - INT. HALL SALLE EXPOSITA - PLUS TARD<br />
La sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s enchères se vi<strong>de</strong>nt, <strong>le</strong>s personnes, pour certains accompagnés <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs<br />
acquisitions, se dirigent vers <strong>le</strong> hall dans <strong>le</strong>quel a été dressé un grand apéritif dînatoire.<br />
Antoine se <strong>de</strong>scend une coupette <strong>de</strong> champagne à la douce saveur <strong>de</strong> victoire, soudain<br />
<strong>le</strong>s bul<strong>le</strong>s frémissent dans ses yeux : Rodrigo approche son oeuvre à la main.<br />
Antoine s'avance vers lui.<br />
Rodrigo n'arrive pas à en placer une<br />
ANTOINE<br />
(rageur et victorieux)<br />
Tu es encore plus con que ce que je pensais et assez con<br />
pour acheter cette mer<strong>de</strong> à 17000 euros ! assez con pour<br />
mettre un raté comme Marriagi à la bienna<strong>le</strong> et rayer un<br />
ta<strong>le</strong>nt, un vrai déniché par Gloria...<br />
ANTOINE<br />
Al<strong>le</strong>z dis moi combien il t'a donné, qu'est ce qu'on t'a promis<br />
?<br />
RODRIGO<br />
Attends mon grand ! j'étais pas <strong>le</strong> seul, tu oublies ? Personne<br />
n'a hésité ! Marriagi contre Quivir, Elsa <strong>de</strong> son prénom ( il<br />
- 66 -
VMI<br />
ricane ) !! mais que voulais-tu que cette banlieusar<strong>de</strong> d'artiste<br />
fasse contre <strong>le</strong> grand et reconnu Marriagi : amis <strong>de</strong>s grands<br />
<strong>de</strong> notre cour française !! On vit dans une jung<strong>le</strong> mon cher<br />
Antoine, tu en penses ce que tu veux, c'est du business,<br />
n'oublies pas on ne fait que du business. Et puis Quivir s'en<br />
remettra et Gloria aussi !! comment va-t-el<strong>le</strong> ?<br />
Antoine regar<strong>de</strong> <strong>le</strong> fond <strong>de</strong> sa coupe <strong>de</strong> champagne prêt à lui balancer par la figure puis<br />
se ravise et la <strong>de</strong>scend d'un trait.<br />
Il tourne <strong>le</strong>s talons.<br />
ANTOINE<br />
Tu n'en vaux pas la peine ! toi et ton tab<strong>le</strong>au vous êtes <strong>de</strong>ux<br />
grosses mer<strong>de</strong>s ! Tu n'arrives pas à la chevil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria et<br />
surtout laisses la en paix<br />
RODRIGO<br />
Et c'est 16000 euros !<br />
83 - INT. RESTAURANT À VARSOVIE - JOUR<br />
Un restaurant aux tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s napées <strong>de</strong> blanc où <strong>le</strong> service et l'accueil semb<strong>le</strong>nt<br />
impeccab<strong>le</strong>s.<br />
Mr Sikorski et Gloria sont à l'une d'entre el<strong>le</strong>, un serveur est en train <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur présenter<br />
une petite bouteil<strong>le</strong> <strong>de</strong> vin que Mr Sikorski a choisie. Il savoure et approuve son choix<br />
d'un inclinement <strong>de</strong> la tête auprès du serveur.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Vous appréciez <strong>le</strong> vin Mel<strong>le</strong> Schreiber ?<br />
GLORIA<br />
Oui j'aime beaucoup <strong>le</strong> vin, véritab<strong>le</strong> héritage <strong>de</strong> notre culture<br />
française<br />
Le serveur poursuit son service dans un grand raffinement <strong>de</strong> gestes puis s'éloigne.<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
J'ai été absent ces <strong>de</strong>rniers temps et je n'en excuse, mais<br />
maintenant dites moi tout, vous aviez l' air si empressée que<br />
vous m'avez invité à déjeuner <strong>de</strong> crainte <strong>de</strong> ne pas me voir<br />
aujourd'hui ?<br />
- 67 -
VMI<br />
GLORIA<br />
C'est au sujet <strong>de</strong> l'exposition, j'ai beaucoup avancé sur <strong>le</strong><br />
sujet et au risque <strong>de</strong> vous surprendre et peut-être <strong>de</strong> vous<br />
décevoir, ce ne sera ni au Palais Wilanow ni dans <strong>le</strong> grand<br />
musée <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> Varsovie ni ail<strong>le</strong>urs<br />
Monsieur Sikorski reste calme, toujours, et curieux<br />
MONSIEUR SIKORSKI<br />
Je me doute que vous avez préparé une exposition à la<br />
hauteur <strong>de</strong> votre réputation<br />
GLORIA<br />
Tomsk Por.. enfin <strong>le</strong>s oeuvres <strong>de</strong> Janusz seront exposées<br />
entièrement à l'extérieur, j'ai obtenu toutes <strong>le</strong>s autorisations<br />
et l'organisation est pratiquement bouclée.<br />
Gloria sort <strong>de</strong> son cartab<strong>le</strong> appuyé aux pieds <strong>de</strong> sa chaise <strong>le</strong> dossier comp<strong>le</strong>t.<br />
Mr Sikorski l'écoute attentif et toujours aussi calme, presque en admiration <strong>de</strong>vant<br />
autant <strong>de</strong> détermination, <strong>de</strong> passion, d'énergie et <strong>de</strong> beauté. On comprend qu'il est<br />
emballé.<br />
Puis en parallè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cette conversation ( on n'entend rien ) <strong>de</strong>s flashs d'images sur la<br />
mise en oeuvre <strong>de</strong> l'expo <strong>de</strong> Janusz : <strong>le</strong> mur d'eau, <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>s suspendues , <strong>le</strong>s gardiens,<br />
<strong>le</strong>s percussionnistes , la participation <strong>de</strong> Roman , <strong>le</strong>ur travail commun, <strong>de</strong>s bribes <strong>de</strong><br />
séances d'entraînement <strong>de</strong>s arts Sauts etc. ..<br />
84 - INT. CLUB PRIVÉ THE ROCK'HOUSE - NUIT<br />
On entre dans un endroit très branché à la décoration baroque et à la fois mo<strong>de</strong>rne, une<br />
ambiance calme et à la fois effervescente émane <strong>de</strong> ce lieu. Sur l'estra<strong>de</strong> un groupe <strong>de</strong><br />
Rock aux notes anglaises animent la soirée, ils sont assez jeunes et accompagnés <strong>de</strong><br />
musiciens dont <strong>de</strong>s violonistes. Ils chantent avec émotion, <strong>le</strong>ur musique est expressive.<br />
L’équipe <strong>de</strong>s Arts Sauts est assise autour d'une tab<strong>le</strong> basse où l'on fait chauffer du rhum<br />
qu'on adoucit avec du sucre. Gloria est rieuse, el<strong>le</strong> est avec <strong>le</strong> groupe entièrement<br />
intégrée, entièrement satisfaite comme tous <strong>de</strong> bouc<strong>le</strong>r ce soir la préparation. Roman<br />
nous fait découvrir ses ta<strong>le</strong>nts <strong>de</strong> magiciens en faisant apparaître <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong> sucre<br />
d'endroits très improbab<strong>le</strong>s.<br />
Roman et Gloria sont à l’opposé l'un <strong>de</strong> l'autre.<br />
Les conversations fusent sur la manifestation qui débute <strong>de</strong>main et pour quelques jours,<br />
c'est <strong>le</strong> top départ <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> manifestation <strong>de</strong> commémoration <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1945,<br />
ils sont réunis ce soir ensemb<strong>le</strong> pour fêter et approuver entre eux ce travail <strong>de</strong> grand<br />
hommage aux victimes <strong>de</strong> cette guerre. Ils sont affectés <strong>le</strong>s uns comme <strong>le</strong>s autres <strong>de</strong><br />
<strong>le</strong>ur participation à cet événement. Gloria est émue et a du mal à trouver ses mots,<br />
l'alcool la déstabilise un peu.<br />
Le club se vi<strong>de</strong> petit à petit. Mayol remplit tous <strong>le</strong>s verres <strong>de</strong> rhum chauffé et lève <strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>rnier toast <strong>de</strong> la soirée<br />
- 68 -
VMI<br />
MAYOL<br />
(Un peu enivré et joyeux)<br />
Quiconque se lèvera sera abaissé et quiconque s'abaissera<br />
sera é<strong>le</strong>vé.<br />
Tous, comme dans une danse synchronisée, s'engorge <strong>le</strong> petit verre <strong>de</strong> Rhum sec.<br />
Mayol se rassoit dans un équilibre incertain.<br />
Ils en rient, Saul a avalé un peu <strong>de</strong> travers, sa gorge lui brû<strong>le</strong>.<br />
Soudain la musique ( cel<strong>le</strong> que l'on connaît si bien ) est jouée par <strong>le</strong> groupe <strong>de</strong> Rock.<br />
Autour <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> basse, <strong>le</strong>s rires et conversations rou<strong>le</strong>nt encore, seuls Roman<br />
et Gloria se sont rejoints dans l'émotivité <strong>de</strong>s notes, <strong>le</strong> jeu <strong>de</strong> regards est profond.<br />
Saul qui remarque ce moment <strong>de</strong> pure intimité est un peu gênée.<br />
85 - INT/EXT. TERRASSE DE LA MAISON DE GLORIA - VARSOVIE - PLUS TARD<br />
Un grincement <strong>de</strong> frottement <strong>de</strong> métal mal huilé, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> va et vient en<br />
zoom, on distingue mal, une balancel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> s'agiter doucement.<br />
Il fait nuit, la terrasse <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> Gloria est à peine éclairée, Gloria et Roman sont<br />
installés sur la balancel<strong>le</strong>. Gloria est à califourchon sur Roman, ils se balancent dans un<br />
mouvement érotique. Il l'embrasse comme il sait si bien <strong>le</strong> faire, la balancel<strong>le</strong> suit <strong>le</strong>ur<br />
mouvement <strong>de</strong> corps, douceur, moment érotique et voyeur.<br />
Ils sont encore l'un contre l’autre, chaque tête est nichée dans chaque cou.<br />
ROMAN<br />
(Dans un chuchotement près <strong>de</strong> l'oreil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria)<br />
Reste<br />
GLORIA<br />
(Dans un chuchotement près <strong>de</strong> l'oreil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Gloria)<br />
Chut<br />
El<strong>le</strong> <strong>le</strong> sert contre el<strong>le</strong> très fort si fort comme pour mieux <strong>le</strong> sentir.<br />
Ils sont heureux et malheureux à la fois.<br />
La caméra s'éloigne petit à petit, <strong>de</strong> plus en plus vers <strong>le</strong> haut.<br />
86 - INT. INTÉRIEUR DE LA STRUCTURE SPECTACLE LES ARTS SAUTS - JOUR<br />
Gloria est aux côtés <strong>de</strong> Monsieur Armant et Monsieur Sikorski, ils prennent place dans<br />
- 69 -
la rangée VIP.<br />
Monsieur Sikorski et Monsieur Armant saluent à tour <strong>de</strong> rô<strong>le</strong> <strong>le</strong>s personnes assises à<br />
proximité, il s'agit bien entendu <strong>de</strong> notoires.<br />
Les gradins sont comb<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s conversations <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres forment un<br />
brouhaha sans discontinuité.<br />
Ils s'assoient enfin et se mettent à l'aise.<br />
Tous atten<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> début du spectac<strong>le</strong>. On ne parvient pas à juger du décor, un grand et<br />
haut ri<strong>de</strong>au est dressé ne laissant rien apparaître. Tout est sobre et sans courbe.<br />
Les lumières s'éteignent petit à petit : d'abord du côté droit puis gauche et enfin au<br />
centre. La nuit est tota<strong>le</strong>. Le ri<strong>de</strong>au tombe.<br />
87 - INT. INTÉRIEUR DE LA STRUCTURE SPECTACLE LES ARTS SAUTS - JOUR<br />
Le spectac<strong>le</strong> commence.<br />
Des traces <strong>de</strong> pas phosphorescentes dansent comme suspendus dans <strong>le</strong>s airs, <strong>de</strong>s<br />
ombres se hissent bientôt encore plus haut.<br />
Musique, éclairage <strong>de</strong> la structure : on découvre une plateforme en forme <strong>de</strong> Croix <strong>de</strong><br />
David, <strong>le</strong>s extrémités <strong>de</strong> l'étoi<strong>le</strong> bril<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> mil<strong>le</strong>s feux.<br />
Un orchestre est présent pour accompagner <strong>le</strong>s trapézistes.<br />
La musique est essentiel<strong>le</strong>ment composée <strong>de</strong> violon, la mise en scène du spectac<strong>le</strong><br />
évoque <strong>le</strong> génoci<strong>de</strong> d'un coup<strong>le</strong> <strong>de</strong> juifs en Pologne. Roman et Saul forment ce coup<strong>le</strong>.<br />
----Confondre <strong>le</strong>s images du spectac<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s yeux <strong>de</strong> Gloria avec <strong>le</strong>s scènes qui<br />
suivent qui seront sans dialogue -----<br />
88 - INT. MAISON VOISINE DES SCHREIBER – NUIT<br />
Eté 1943<br />
Une femme cachée <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong> ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> sa fenêtre observe la rue à peine éclairée.<br />
C'est un calme inquiétant qui résonne.<br />
Soudain une camionnette <strong>de</strong> militaires al<strong>le</strong>mands arrivent, p<strong>le</strong>ins phares et sans<br />
discrétion. La rue tremb<strong>le</strong>.<br />
Les phares se rapprochent et éclairent <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> la femme qui aussitôt appel<strong>le</strong> dans<br />
une messe basse son mari.<br />
Le mari rejoint aussitôt sa femme près <strong>de</strong> la fenêtre, tous <strong>de</strong>ux semb<strong>le</strong>nt se satisfaire <strong>de</strong><br />
la situation, ils observent dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce.<br />
4 officiers <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la camionnette et s'introduisent aussitôt dans la maison<br />
voisine.<br />
89 - INT. VARSOVIE MAISON SCHREIBER – NUIT été1943<br />
La famil<strong>le</strong> Schreiber est assise à sa tab<strong>le</strong>.<br />
VMI<br />
- 70 -
Le père regar<strong>de</strong> son fils, ferme ses yeux un temps puis <strong>le</strong>s ré ouvre.<br />
Les Al<strong>le</strong>mands surgissent à la porte et envahissent la cuisine.<br />
L'officier chef Nazi <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Mr Schreiber, sa femme et <strong>le</strong> petit Bruno <strong>de</strong> se <strong>le</strong>ver.<br />
Aussitôt <strong>de</strong>bout, Il hur<strong>le</strong> après Mr Schreiber en espérant soutirer l’information<br />
concernant <strong>le</strong> jeune clan<strong>de</strong>stin. Le père fait signe non <strong>de</strong> la tête pour indiquer à l’officier<br />
qu’il est dans l’erreur. L'Al<strong>le</strong>mand ne semb<strong>le</strong> pas satisfait <strong>de</strong> la réponse et tape<br />
vio<strong>le</strong>mment <strong>de</strong>s points sur la tab<strong>le</strong>. Il ordonne à ses soldats <strong>de</strong> fouil<strong>le</strong>r la maison et<br />
regar<strong>de</strong> <strong>le</strong> petit Schreiber méchamment. Ils s’exécutent immédiatement.<br />
L’officier chef suit ses soldats déjà sortis <strong>de</strong> la cuisine.<br />
Il se trouve seul dans <strong>le</strong> couloir pendant que <strong>le</strong>s autres mettent sans <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>ssous<br />
<strong>le</strong>s chambres du haut. Les Schreiber sont encore <strong>de</strong>bout autour <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong>, ils<br />
n'échangent pas un mot et semb<strong>le</strong>nt être dans une prière.<br />
L'officier chef traverse <strong>le</strong> long couloir et fait face au <strong>miroir</strong>, il stoppe net attiré par <strong>le</strong><br />
<strong>miroir</strong>, puis se positionne en semi profil, intrigué, il observe, s’observe et finit par<br />
réajuster ses galons <strong>de</strong> la main droite ainsi que son insigne « General<strong>le</strong>utnant Dankar<br />
Fitcher ». Il semb<strong>le</strong> satisfait <strong>de</strong> son ref<strong>le</strong>t. L'officier sort <strong>de</strong> son iso<strong>le</strong>ment narcissique<br />
réveillé par <strong>le</strong> tintamarre <strong>de</strong>s soldats qui déva<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s escaliers. Ils n'ont visib<strong>le</strong>ment rien<br />
trouvé.<br />
Il retourne encore plus furieux vers la cuisine suivi <strong>de</strong> sa hor<strong>de</strong> armée.<br />
L'officier rappel<strong>le</strong> ses hommes à la discipline.<br />
Il se dirige droit vers <strong>le</strong> petit Bruno Schreiber et lui hur<strong>le</strong> <strong>de</strong>ssus.<br />
Bruno ne tremb<strong>le</strong> pas, <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> dans <strong>le</strong>s yeux et lui répond.<br />
L'officier al<strong>le</strong>mand <strong>le</strong> gif<strong>le</strong> fort en continuant à hur<strong>le</strong>r.<br />
Monsieur Schreiber ne peut alors se contenir et saute sur l'officier mais il est aussitôt<br />
neutraliser par <strong>le</strong>s trois autres hommes.<br />
L'officier chef ne cesse d'hur<strong>le</strong>r et ordonne qu'il se mette à terre, se ré adresse au père<br />
mais n'obtient aucun retour.<br />
Il l'exécute d'une bal<strong>le</strong> dans la tête, <strong>le</strong> sang est rouge vif, <strong>le</strong> petit Bruno reste <strong>de</strong> marbre,<br />
<strong>le</strong> visage figé pendant que <strong>le</strong>s officiers se gaussent. Puis <strong>le</strong> général Dankar Fitcher jette<br />
vio<strong>le</strong>mment son regard sur la mère avant <strong>de</strong> la saisir par <strong>le</strong> bras et <strong>de</strong> la rejetter sur sa<br />
hor<strong>de</strong> armée. Il <strong>le</strong>ur ordonne <strong>de</strong> s’occuper d’el<strong>le</strong> d’un geste <strong>de</strong> la tête.<br />
90 - EXT. RUE HABITATION SCHREIBER - NUIT<br />
Les officiers al<strong>le</strong>mands montent dans <strong>le</strong>ur véhicu<strong>le</strong>, l'officier chef regar<strong>de</strong> vers la fenêtre<br />
voisine, <strong>le</strong> ri<strong>de</strong>au bouge à peine pour reprendre sa place. Il donne ordre <strong>de</strong> démarrer.<br />
La mère est à moitié dévêtue, recroquevillée sur <strong>le</strong> lit dans une chambre ravagée, alors<br />
que <strong>le</strong> petit Bruno Schreiber se tient <strong>de</strong>rrière la porte, prêt à entrer ; au fond du couloir<br />
son ref<strong>le</strong>t dans <strong>le</strong> <strong>miroir</strong>.<br />
91 - INT. INTÉRIEUR DE LA STRUCTURE SPECTACLE LES ARTS SAUTS - NUIT<br />
Final du spectac<strong>le</strong>, l'émotion est gran<strong>de</strong>, encore plus pour Gloria.<br />
VMI<br />
- 71 -
Son visage dégage une gran<strong>de</strong> émotivité. Les yeux sont mouillés.<br />
Beaucoup d'applaudissements et novations <strong>de</strong> la part du public.<br />
Gloria glisse un mot à l'oreil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Mr Sikorski et s'enfuit pressée.<br />
Les applaudissements ne cessent pas, <strong>le</strong> public finit par se <strong>le</strong>ver, l'équipe <strong>de</strong>s Arts<br />
Sauts revient pour saluer encore une fois son public. Puis Roman saisit un micro qu'un<br />
technicien lui apporte et prend la paro<strong>le</strong> entouré <strong>de</strong> l'équipe <strong>de</strong>s Arts Sauts au comp<strong>le</strong>t.<br />
Applaudissements.<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
(En Polonais)<br />
Nous remercions toutes <strong>le</strong>s personnes présentes ici ou<br />
ail<strong>le</strong>urs qui ont participé <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin à cette cérémonie<br />
chère à nos âmes; ainsi s'achèvent trois jours intenses en<br />
émotion où <strong>le</strong> passé a rejoint <strong>le</strong> présent dans une dimension<br />
artistique digne <strong>de</strong> tous ces hommes, femmes et enfants<br />
victimes <strong>de</strong> notre guerre. Nous sommes émus d'avoir pu <strong>le</strong>ur<br />
redonner vie artistiquement et <strong>le</strong>ur rendre ainsi hommage. Je<br />
vous invite à vous rendre dès à présent à la <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong><br />
l'exposition <strong>de</strong>s oeuvres du peintre Janusz : exceptionnel<strong>le</strong><br />
ce soir comme vous ne l'avez pas encore vue : en nocturne,<br />
bruyante et brillante <strong>de</strong> mil<strong>le</strong>s feux. Encore merci, merci (en<br />
Juif), merci (en Français) et merci (en al<strong>le</strong>mand).<br />
92 - EXT. EXTÉRIEUR DE L'EXPOSITION DE JANUSZ - NUIT<br />
Il fait nuit mais l'endroit que l'on voit est éclairé d'un grand feu et animé <strong>de</strong> percussions.<br />
Derrière, <strong>de</strong> grands ri<strong>de</strong>aux d'eau formant un rempart se dressent, <strong>le</strong>s oeuvres <strong>de</strong><br />
Janusz sont suspendues, à <strong>de</strong>s hauteurs différentes, un long tapis rouge semb<strong>le</strong> nous<br />
indiquer un probab<strong>le</strong> chemin.<br />
On aperçoit Gloria parmi la fou<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s personnes paraissent subjuguées par l'audace et<br />
la qualité <strong>de</strong> la mise en scène et <strong>de</strong> l'exposition.<br />
El<strong>le</strong> est en train <strong>de</strong> discuter.<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Votre exposition est riche <strong>de</strong>s oeuvres <strong>de</strong> Janusz mais aussi<br />
par la portée <strong>de</strong>s symbo<strong>le</strong>s dont vous l'avez chargée. Nous<br />
sommes réel<strong>le</strong>ment satisfaits <strong>de</strong> votre collaboration et nous<br />
pourrions peut-être plus tard envisager <strong>de</strong> nouveaux projets<br />
entre la France et la Pologne<br />
GLORIA<br />
J'ai pris beaucoup <strong>de</strong> plaisir à travail<strong>le</strong>r sur ce projet, ici en<br />
Pologne, plus encore que ce que j'aurai pu l'imaginer en<br />
quittant Paris pour Varsovie il y a quelques semaines.<br />
- 72 -
VMI<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Je veux que vous sachiez que nous travaillons sur la<br />
reconnaissance <strong>de</strong>s résistants tués pendant la guerre <strong>de</strong><br />
1945 : Les Justes. Nous connaissons l'histoire <strong>de</strong> votre<br />
grand-père et <strong>de</strong> sa famil<strong>le</strong>. Nous n'oublions pas toutes ces<br />
personnes qui ont payé <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie pour ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>ur prochain.<br />
C'est un <strong>de</strong>voir pour notre pays <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur apporter officiel<strong>le</strong>ment<br />
reconnaissance.<br />
GLORIA<br />
Oui je sais, mon père sera très touché, ils auraient tous été<br />
touchés, je vous remercie pour eux<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Je voulais vous informer avec regret que l’accusation dans <strong>le</strong><br />
procès Dankrad Fitcher a été déboutée et que <strong>le</strong> dossier a<br />
été relayé au Tribunal <strong>de</strong> guerre. Dankrad sera jugé pour<br />
crimes <strong>de</strong> guerre prochainement mais son âge avancé peut<br />
encore <strong>le</strong> sauver <strong>de</strong> son jugement.<br />
GLORIA<br />
Quand aura-t-il lieu ?<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Aucune date pour l’heure<br />
MR ARMANT<br />
(qui vient <strong>le</strong>s interrompre)<br />
Bonjour Monsieur <strong>le</strong> premier ministre,<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Bonjour, j'étais en train <strong>de</strong> féliciter Mel<strong>le</strong> Schreiber pour son<br />
immense travail et d'une tel<strong>le</strong> qualité<br />
MR ARMANT<br />
Nous sommes effectivement très satisfaits <strong>de</strong> cette<br />
collaboration dont nos prési<strong>de</strong>nts se réjouissent déjà, je<br />
rencontre <strong>de</strong>main notre premier ministre, je ne lui manquerai<br />
pas <strong>de</strong> lui faire part <strong>de</strong> votre satisfaction<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Vous ne restez pas quelques jours ?<br />
MR ARMANT<br />
Je prends <strong>le</strong> vol <strong>de</strong> 00H15 et Mel<strong>le</strong> Schreiber n’a pas voulu<br />
me suivre et m'a préféré à un voyage en train !!<br />
- 73 -
VMI<br />
GLORIA<br />
J'ai surtout voulu suivre mes toi<strong>le</strong>s, je prends <strong>le</strong> train avec<br />
el<strong>le</strong> cette fois ci !<br />
PREMIER MINISTRE DE POLOGNE<br />
Vous nous quittez déjà Mel<strong>le</strong> Schreiber ?<br />
GLORIA<br />
Une équipe démonte <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>s dans quelques heures pour<br />
que l'on puisse partir <strong>de</strong>main matin aux aurores, tout est<br />
minuté dans ce genre <strong>de</strong> manifestations, <strong>le</strong>s oeuvres <strong>de</strong><br />
Janusz sont déjà attendues à Paris pour une expertise,<br />
MR ARMANT<br />
Oui pas une minute à perdre, la Won<strong>de</strong>rpo<strong>le</strong> vous attend<br />
aussi avec impatience ! et c'est vrai que <strong>le</strong>s artistes<br />
n'atten<strong>de</strong>nt pas, l'équipe <strong>de</strong>s Arts Sauts est en ce moment<br />
même en train <strong>de</strong> démonter <strong>le</strong>ur gigantesque structure<br />
Les flammes du brasier éclairent <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria, el<strong>le</strong> cherche <strong>de</strong>s yeux parmi <strong>le</strong>s<br />
visiteurs.<br />
93 - INT/EXT. WARSZAWA CENTRALNA - MATIN<br />
Il est très tôt ce matin dans la gare <strong>de</strong> Varsovie.<br />
Gloria est en train d'indiquer à <strong>de</strong>ux personnes <strong>le</strong> wagon et <strong>le</strong> sas où <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>s doivent<br />
être déposées. Son polonais est bien meil<strong>le</strong>ur que lors <strong>de</strong> son arrivée, <strong>le</strong> travail <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux hommes aussi. Tout se fait à la main, un espace <strong>le</strong>ur est réservé, pas <strong>de</strong> transport<br />
par fret comme à l'allée.<br />
El<strong>le</strong> remercie <strong>le</strong>s hommes, l’un <strong>de</strong>ux ferme par ca<strong>de</strong>nas <strong>le</strong> compartiment dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s<br />
oeuvres se trouvent et remet la clé à Gloria.<br />
L'UN DES TECHINICIENS<br />
El<strong>le</strong>s ne risquent rien<br />
GLORIA<br />
Merci beaucoup, au revoir<br />
Gloria semb<strong>le</strong> nostalgique en lisant sur son bil<strong>le</strong>t <strong>de</strong> train <strong>le</strong> no <strong>de</strong> wagon dans <strong>le</strong>quel<br />
el<strong>le</strong> doit monter.<br />
- 74 -
94 - INT/EXT. QUAI DEPART GARE WARSZAWA - MATIN<br />
Gloria avance bagages en main et sac à l'épau<strong>le</strong> droite, regard droit <strong>de</strong>vant. El<strong>le</strong> parait<br />
robotisée puis soudain hypnotisée, son regard s'enflamme. Roman est là, si grand et<br />
séduisant, il la regar<strong>de</strong>, immobi<strong>le</strong>, s’avancer, la musique nous emporte dans une<br />
rencontre insoutenab<strong>le</strong>.<br />
Gloria s'arrête près <strong>de</strong> Roman et lui sourit.<br />
Il prend la tête <strong>de</strong> Gloria entre ses mains, ses cheveux remontent avec grâce, il<br />
approche son visage du sien et la caresse doucement, ses lèvres eff<strong>le</strong>urent sa peau,<br />
Gloria se laisse faire, el<strong>le</strong> se donne sans résistance, puis il l'embrasse. Il dégage <strong>de</strong> sa<br />
main affectueuse la mèche <strong>de</strong> cheveux qui retombe sur son visage, il lui sourit<br />
VMI<br />
ROMAN<br />
Cette fois ci tu t'es débrouillée sans moi<br />
GLORIA<br />
(Les yeux embuent et émue)<br />
Oui.<br />
ROMAN<br />
Je viens <strong>de</strong> terminer, l'équipe est sur <strong>le</strong>s rotu<strong>le</strong>s, ils<br />
t'embrassent<br />
ROMAN<br />
c'est bouclé et emballé, tout est terminé<br />
GLORIA<br />
Tu vas tel<strong>le</strong>ment me manquer<br />
Il s'approche et l'enlace, lui reprend <strong>le</strong> visage entre ses mains pour l'embrasser.<br />
L’annonce du départ imminent du train (en polonais) fait pénib<strong>le</strong>ment écho, Gloria se<br />
retire doucement sans retenir <strong>le</strong> moment, Roman la laisse s'échapper. Ils sont si émus.<br />
El<strong>le</strong> ne se retourne pas. Il la regar<strong>de</strong> s'engager à l’intérieur <strong>de</strong> son wagon. Il la suit <strong>de</strong><br />
l'extérieur.<br />
El<strong>le</strong> arrive enfin à son fauteuil où el<strong>le</strong> se dégage rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ses bagages en <strong>le</strong>s<br />
déposant au sol et sur <strong>le</strong> siège. El<strong>le</strong> s'approche <strong>de</strong> la vitre, Roman est là tout près,<br />
<strong>de</strong>hors. Gloria acco<strong>le</strong> sa main sur la vitre en direction <strong>de</strong> Roman puis ferme ses yeux<br />
doucement pour <strong>le</strong>s rouvrir dans un sourire et un regard gorgé <strong>de</strong> sincérité profon<strong>de</strong>.<br />
Ses lèvres semb<strong>le</strong>nt chuchoter quelques mots. Roman lui sourit. Le train avance et<br />
Roman s'éloigne petit à petit <strong>de</strong> l'encart <strong>de</strong> la vitre. Il s'abandonne ainsi tous <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
sur <strong>le</strong> quai <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> Varsovie en Pologne.<br />
Gloria finit par s'asseoir en se dégageant sans intérêt <strong>de</strong> ses bagages, <strong>le</strong> décor<br />
extérieur défi<strong>le</strong> pendant que <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria reste fixe presque paralysé. El<strong>le</strong> est<br />
encore sur <strong>le</strong> quai <strong>de</strong> la gare. Soudain el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> se réveil<strong>le</strong>r puis cherche quelque<br />
chose dans son sac. El<strong>le</strong> en sort un petit paquet emballé d'un papier blanc, Gloria est<br />
- 75 -
surprise puis <strong>le</strong> débal<strong>le</strong> délicatement pour découvrir la petite boite à musique avec<br />
laquel<strong>le</strong> Roman l'avait réveillée ce beau matin. El<strong>le</strong> tourne délicatement la manivel<strong>le</strong>,<br />
très doucement comme si el<strong>le</strong> craignait <strong>de</strong> chavirer dans l'émotion, la musique nous<br />
emporte, Gloria résiste à se laisser al<strong>le</strong>r, son coeur chavire pourtant tel<strong>le</strong>ment. Flash<br />
backs / images.<br />
95 - INT. COULOIR EXTÉRIEUR PORTE ENTRÉE APPART GLORIA PARIS - MATIN<br />
La porte <strong>de</strong> l'appartement <strong>de</strong> Gloria se ferme, après avoir déc<strong>le</strong>nché l'alarme, la main <strong>de</strong><br />
Gloria verrouil<strong>le</strong> à doub<strong>le</strong> tour la serrure. Gloria, attaché case et sac à chaque épau<strong>le</strong><br />
actionne <strong>de</strong> sa main <strong>le</strong> bouton <strong>de</strong> l'ascenseur. Les portes s'ouvrent aussitôt, el<strong>le</strong> appuie<br />
sur <strong>le</strong> zéro, <strong>le</strong>s portes se referment, <strong>le</strong>ur mouvement nous semb<strong>le</strong> <strong>le</strong>nt. Le ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong><br />
Gloria dans la glace <strong>de</strong> l'ascenseur qui occupe tout un pan. Gloria s'observe sans intérêt<br />
appuyé contre la paroi qui fait face, el<strong>le</strong> est pensive.<br />
L'arrivée fait sursauter l'ascenseur, la sonnette standard résonne, Gloria semb<strong>le</strong> alors se<br />
réveil<strong>le</strong>r. Soudain son visage s'éclaire <strong>de</strong> l'énergie qu'on lui connaît.<br />
96 - INT. HALL ENTRÉE RÉSIDENCE GLORIA PARIS - MATIN<br />
Gloria arrive au seuil <strong>de</strong> la porte d'entrée <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce, el<strong>le</strong> est prête à sortir, sa<br />
silhouette <strong>de</strong> dos est toute en courbe et sans défaut dans son tail<strong>le</strong>ur jupe.<br />
VMI<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Mel<strong>le</strong> Schreiber ! quel<strong>le</strong> surprise ! enfin <strong>de</strong> retour ?<br />
GLORIA<br />
(En se retournant)<br />
Oui , bonjour<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Comment al<strong>le</strong>z-vous Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Schreiber ?<br />
GLORIA<br />
Bien, un peu fatiguée je suis arrivée cette nuit après un<br />
voyage <strong>de</strong> quelques jours<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
De quelques jours ?<br />
GLORIA<br />
Oui je suis rentrée en train<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Ah<br />
- 76 -
Gloria tourne <strong>le</strong>s talons dans un sourire en guise <strong>de</strong> salut.<br />
VMI<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Ah ! Votre mère est passée pendant votre absence, el<strong>le</strong> vous<br />
a laissé un mot, ça tombe bien je l'ai dans ma poche<br />
El<strong>le</strong> sort <strong>de</strong> la poche <strong>de</strong> sa blouse une enveloppe.<br />
Gloria sourit gentiment, l’hypocrisie <strong>de</strong> la concierge l’amuse.<br />
GLORIA<br />
(En souriant)<br />
Merci et au revoir.<br />
El<strong>le</strong> déchire l'enveloppe et commence à lire ne se souciant pas <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> la<br />
concierge. Gloria relève <strong>le</strong>s yeux , puis curieuse la concierge, prostrée là comme une<br />
statue, l’interroge.<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Et alors ?<br />
Gloria surprise <strong>de</strong> sa présence mais indulgente<br />
GLORIA<br />
El<strong>le</strong> est partie en vacances chez sa soeur, pour un an !<br />
LA CONCIERGE APPARTEMENT DE GLORIA<br />
Un an ! Mais où ?<br />
GLORIA<br />
Au so<strong>le</strong>il, Nouvel<strong>le</strong> Calédonie, el<strong>le</strong> sera bien<br />
Gloria fi<strong>le</strong> et finit par dépasser la porte <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce pendant que la<br />
concierge continue, sur place, à s'interroger.<br />
97 - INT. BUREAU ANTOINE FRANCE - PLUS TARD<br />
Gloria est <strong>de</strong> dos, à l'entrée <strong>de</strong> la porte d'Antoine que l'on aperçoit par <strong>de</strong>ssus son<br />
épau<strong>le</strong> la tête déjà dans ses dossiers, comme caché.<br />
Gloria simu<strong>le</strong> du mouvement <strong>de</strong> la main droite <strong>le</strong> toc toc à la porte<br />
- 77 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Toc toc<br />
Antoine lève <strong>le</strong>s yeux, un peu surpris puis lui sourit sincèrement.<br />
ANTOINE<br />
Ma chérie, enfin <strong>de</strong> retour<br />
ANTOINE<br />
Ma chérie ! Tu as une mine superbe<br />
Il se lève aussitôt et l'embrasse tendrement.<br />
ANTOINE<br />
Tu m'as tel<strong>le</strong>ment manqué<br />
GLORIA<br />
Toi aussi<br />
El<strong>le</strong> s'assoit sur <strong>le</strong> fauteuil qui fait face au bureau puis Antoine rejoint son siège<br />
GLORIA<br />
Alors quoi <strong>de</strong> neuf ?<br />
ANTOINE<br />
(en parlant <strong>le</strong> visage d'Antoine <strong>de</strong>vient inquiet)<br />
Rien <strong>de</strong> plus, beaucoup <strong>de</strong> taff tu sais, tu nous as manqué ici,<br />
et toi racontes moi<br />
GLORIA<br />
(el<strong>le</strong> se retourne)<br />
Qu'est ce que tu as Antoine ? tu as une drô<strong>le</strong> <strong>de</strong> tête ? tu<br />
viens <strong>de</strong> voir passer <strong>le</strong> diab<strong>le</strong> ?<br />
ANTOINE<br />
Qu'est ce qu'el<strong>le</strong> a ma tête ? non j'ai vu personne ..<br />
GLORIA<br />
Dis-moi Antoine ?<br />
- 78 -
VMI<br />
ANTOINE<br />
C'est la Bienna<strong>le</strong><br />
GLORIA<br />
Quoi la Bienna<strong>le</strong> ? tu m'as dit que tout roulait<br />
ANTOINE<br />
Je ne te l'ai pas dit avant, ça n'aurait servi à rien, quand je l'ai<br />
su tout était bouclé : Marriagi a pris la place d’Elsa Quivir<br />
Il regar<strong>de</strong> <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> son bureau, n'ose plus chercher <strong>le</strong> regard <strong>de</strong> Gloria.<br />
Gloria se lève<br />
GLORIA<br />
Il n'a pas fait ça, c'est pas possib<strong>le</strong><br />
ANTOINE<br />
Je suis rentré d'Italie <strong>le</strong> dossier était signé, Rodrigo a fait<br />
comme il a voulu, Marriagi a <strong>le</strong>s bras longs, tu <strong>le</strong> sais. Je n'ai<br />
rien pu rattraper<br />
ANTOINE<br />
Où tu vas ?<br />
GLORIA<br />
(sans se retourner)<br />
Voir <strong>le</strong> patron, il doit m'attendre, non ?<br />
ANTOINE<br />
(inquiet)<br />
Ben oui il a <strong>de</strong>s dossiers pour toi<br />
98 - INT. BUREAU MRDICHAO WONDERPOLE - PLUS TARD<br />
Gloria est <strong>de</strong>bout prête à sortir du bureau <strong>de</strong> son patron Mr Dichao.<br />
Ils finissent <strong>le</strong>ur conversation.<br />
MR DICHAO<br />
Mais vous savez bien Gloria qu'il faut savoir orienter son cap<br />
- 79 -
VMI<br />
au détriment <strong>de</strong> bel<strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s en mer, même si quelques fois <strong>le</strong><br />
chemin nous semb<strong>le</strong> bien monotone.<br />
GLORIA<br />
(Exaspérée)<br />
Mr Dichao, Marriagi n’est plus à la surface <strong>de</strong>puis longtemps,<br />
il a coulé en même temps que son art a été motivé par <strong>de</strong>s<br />
aspects purement financiers. Sa seu<strong>le</strong> bouée : ses<br />
connaissances haut-placées ! conjuguée à un organisateur<br />
véreux et peu scrupu<strong>le</strong>ux et voilà Marriagi <strong>de</strong> retour sur la<br />
bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> Paris à la place d’une vraie artiste, Elsa<br />
Quivir <strong>de</strong> son nom, on l’a backboulée sans considération !<br />
Tout ça est indécent et bien loin <strong>de</strong> l’idée que je me fais <strong>de</strong><br />
l’art ! Je ne sais pas faire<br />
Mr Dichao esquisse un sourire.<br />
Gloria agacée sort.<br />
99 - INT. COULOIR WONDERPOLE - PLUS TARD<br />
Antoine attend appuyé contre <strong>le</strong> mur qui fait face au bureau <strong>de</strong> Gloria.<br />
Il sirote un café chaud et tend <strong>de</strong> sa main gauche un gobe<strong>le</strong>t chaud à Gloria qui<br />
s’approche.<br />
ANTOINE<br />
Café, attention il est chaud<br />
Gloria prend <strong>le</strong> café, Antoine la suit dans <strong>le</strong> bureau<br />
Antoine sourit<br />
ANTOINE<br />
Qu'est ce que tu lui as dit ?<br />
GLORIA<br />
Rien ! enfin que je reprendrai pas <strong>le</strong> dossier <strong>de</strong> bienna<strong>le</strong> et<br />
que j'allais m'occuper d'Elsa Quivir !<br />
ANTOINE<br />
C'est-à-dire ?<br />
GLORIA<br />
Que je vais m'arranger pour l'exposer ail<strong>le</strong>urs que dans la<br />
bienna<strong>le</strong><br />
- 80 -
VMI<br />
ANTOINE<br />
Tu ne lâches rien toi ...<br />
GLORIA<br />
on peut <strong>le</strong> voir comme ça, on mange ensemb<strong>le</strong> à midi ?<br />
ANTOINE<br />
Oh que oui ! j'ai p<strong>le</strong>in <strong>de</strong> trucs à te raconter : Mathias si tu<br />
savais !! et toi ma bel<strong>le</strong>, alors <strong>de</strong>s rencontres ? et ton expo ?<br />
GLORIA<br />
Tu sais j'ai pas trop eu <strong>de</strong> temps pour autre chose que<br />
l'événement, beaucoup <strong>de</strong> travail, beaucoup <strong>de</strong> visites, <strong>de</strong>s<br />
rencontres oui mais politiquement correctes ! enfin une super<br />
mission, je me suis vraiment éclatée<br />
ANTOINE<br />
Oui on a su jusque dans <strong>le</strong>s locaux que c'était une super<br />
manifestation, que l'expo était bel<strong>le</strong> et réussie comme jamais<br />
GLORIA<br />
Une expo bel<strong>le</strong> comme jamais c'est exactement ça<br />
100 - INT. BOÛCHE DE MÉTRO PARISIENNE _ STATION DU LOUVRE - JOUR<br />
Bouche du métro du Musée du Louvre, <strong>le</strong>s portes du wagon s'ouvrent, montée et<br />
<strong>de</strong>scente <strong>de</strong> passagers. Aux murs propres et fraîchement peints sont accrochés <strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong>rniers panneaux publicitaires <strong>de</strong> Vuitton et Chanel. La rame <strong>de</strong> métro est paisib<strong>le</strong> et<br />
luxuriante. Le wagon dans <strong>le</strong>quel se trouve Gloria, assise, est relativement récent, <strong>le</strong>s<br />
sièges semb<strong>le</strong>nt confortab<strong>le</strong>s. La population chic est bien rangée. Gloria observe ces<br />
montées et <strong>de</strong>scentes <strong>de</strong> gare en gare. Au fil <strong>de</strong>s arrêts la population change, <strong>de</strong> plus<br />
en plus décoiffée et mal rangée.<br />
Gloria se lève pour <strong>le</strong> prochain arrêt.<br />
101 - INT. BÔUCHE DE MÉTRO_STATION XXX - JOUR<br />
Gloria monte dans un nouveau wagon, bondé, délabré et aux contours anarchiques.<br />
Il fait chaud, <strong>le</strong>s gens sont entassés <strong>le</strong>s uns sur <strong>le</strong>s autres.<br />
Gloria se trouve une petite place, tient l'équilibre pénib<strong>le</strong>ment.<br />
Arrivée station Saint Denis : <strong>de</strong>vinée par <strong>le</strong>s vitres mal lavées du wagon, entre <strong>de</strong>ux<br />
têtes qui s'entrechoquent.<br />
- 81 -
Gloria <strong>de</strong>scend emportée par une vague multicolore.<br />
102 - EXT. SORTIE BÔUCHE MÉTRO_SAINT DENIS - JOUR<br />
La population est colorée et agitée. Les gens se bouscu<strong>le</strong>nt, déambu<strong>le</strong>nt comme chez<br />
eux. La bouche <strong>de</strong> métro, la rue et la fou<strong>le</strong> sont <strong>le</strong>ur quotidien, l'extérieur semb<strong>le</strong> faire<br />
partie <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur propre intérieur <strong>de</strong> vie.<br />
Gloria marche, el<strong>le</strong> porte une veste cintrée avec <strong>de</strong> gros boutons, un foulard noué<br />
autour <strong>de</strong> son cou dont la cou<strong>le</strong>ur relève son teint.<br />
Dans la rue qu'el<strong>le</strong> traverse certaines personnes sont là posées, en train <strong>de</strong> discussions<br />
ou <strong>de</strong> regards curieux d'événements nouveaux ou inhabituels.<br />
Gloria attise <strong>le</strong>s commentaires <strong>de</strong> certains jeunes, el<strong>le</strong> ne relève pas et s'engouffre par<br />
l’entrée <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong>s immeub<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la citée.<br />
103 - INT. HALL ENTRÉE IMMEUBLE CITÉE - JOUR<br />
Gloria actionne <strong>le</strong> bouton <strong>de</strong> l'ascenseur quand une personne sort brusquement <strong>de</strong> la<br />
cage d'escaliers.<br />
VMI<br />
INCONNU DE L'ESCALIER<br />
Il ne marche pas, faut se taper <strong>le</strong>s escaliers ! C’est à cause<br />
du con du ré <strong>de</strong> chaussée qui veut revoir <strong>le</strong>s conditions<br />
d'utilisation <strong>de</strong> l'ascenseur ! Et surtout qui paie quoi ? Car<br />
pourquoi celui du 2ème payerait <strong>le</strong> même prix que celui du<br />
7eme ! Hallucinant non ?<br />
GLORIA<br />
Ah.. euh .. oui<br />
Gloria s'élance dans la cage d'escaliers.<br />
INCONNU DE L'ESCALIER<br />
En attendant c'est pas lui qui se tape <strong>le</strong>s marches ! De toute<br />
façon il pourrait pas il est handicapé ce con !<br />
104 - INT. CAGES ESCALIERS IMMEUBLE - JOUR<br />
Les chaussures mo<strong>de</strong>rnes et entretenues <strong>de</strong> Gloria dénotent avec <strong>le</strong> carrelage <strong>de</strong> la<br />
- 82 -
ampe d'escalier à peine éclairée.<br />
El<strong>le</strong>s claquent sur <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rnières marches puis s'arrêtent sur <strong>le</strong> palier d’une porte.<br />
Gloria réajuste sa veste puis sonne à la porte pendant que <strong>de</strong>s enfants déambu<strong>le</strong>nt à<br />
vive allure <strong>de</strong> l'étage supérieur.<br />
Les doub<strong>le</strong>s serrures se déverrouil<strong>le</strong>nt.<br />
La porte s'ouvre, on reconnaît <strong>le</strong> visage d'Elsa Quivir dans l'encart <strong>de</strong> la porte.<br />
El<strong>le</strong> est un peu surprise.<br />
105 - INT. PIECE ATELIER APPT ELSA QUIVIR - JOUR<br />
La pièce dans laquel<strong>le</strong> se trouve Gloria, <strong>de</strong>bout, n'est pas très gran<strong>de</strong>. Des tags d'une<br />
expression artistique rare sur <strong>le</strong>s murs, toi<strong>le</strong>s et supports inattendus envahissent<br />
l'espace. C'est un atelier, Gloria observe <strong>le</strong> travail.<br />
Elsa entre dans la pièce avec un café à la main et <strong>le</strong> tend à Gloria avec un sourire<br />
timi<strong>de</strong>.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
Merci Elsa<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je vous en prie<br />
L’attention <strong>de</strong> Gloria est attirée par une bel<strong>le</strong> et gran<strong>de</strong> toi<strong>le</strong><br />
GLORIA<br />
Vous avez continué à travail<strong>le</strong>r, je vois, j'aime beaucoup cel<strong>le</strong><br />
ci<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je ne me suis pas découragée si c'est que vous vou<strong>le</strong>z dire<br />
GLORIA<br />
J'ai tel<strong>le</strong>ment été déçue moi même en apprenant que vous ne<br />
faisiez plus partie <strong>de</strong> la bienna<strong>le</strong>, je suis désolée Elsa <strong>de</strong> ne<br />
pas avoir été là, je suis si déçue par <strong>le</strong> système dans <strong>le</strong>quel<br />
on bosse<br />
ELSA QUIVIR<br />
(qui l'interrompt)<br />
Vous n'y êtes pour rien et vous n'y pouvez rien, ne vous en<br />
faites pas<br />
- 83 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Non, on va trouver une solution Elsa, si ce n'est pas la<br />
bienna<strong>le</strong> ce sera autrement je ne vous laisserai pas là dans<br />
cette pièce<br />
GLORIA<br />
Par<strong>le</strong>z-moi <strong>de</strong> cette toi<strong>le</strong> ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Vous aimez ? Alors c'est ...<br />
Gloria soudain ne se sent pas très bien, son café lui échappe <strong>de</strong>s mains, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> ressaisit<br />
<strong>de</strong> justesse et cherche appui sur Elsa Quivir.<br />
ELSA QUIVIR<br />
Qu'est ce qui se passe Gloria ?<br />
GLORIA<br />
Je ne me sens pas très bien<br />
Elsa Quivir l'accompagne en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la pièce<br />
ELSA QUIVIR<br />
Il fait si chaud ici, entre ma petite vieil<strong>le</strong> du <strong>de</strong>ssous qui<br />
surchauffe et mes chinois du <strong>de</strong>ssus qui font <strong>de</strong>s nems toute<br />
la journée, on suffoque, venez vous asseoir.<br />
El<strong>le</strong>s entrent dans la pièce principa<strong>le</strong> à vivre <strong>de</strong> plus petite tail<strong>le</strong> que l'atelier.<br />
Le mobilier est sobre et sans va<strong>le</strong>ur, la cuisine reléguée dans un <strong>de</strong>s coins.<br />
Elsa accompagne Gloria jusqu'à l'assise du clic clac puis lui retire son café.<br />
Elsa se dirige vers <strong>le</strong> coin cuisine.<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je vais vous donner un verre d'eau fraîche<br />
GLORIA<br />
Merci vous êtes gentil<strong>le</strong><br />
GLORIA<br />
Je disais donc qu'on allait trouver une solution toutes <strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux, j'ai déjà réfléchi au sujet <strong>de</strong>puis une semaine que je<br />
suis rentrée et j'ai quelques pistes pour votre vernissage<br />
- 84 -
VMI<br />
ELSA QUIVIR<br />
Vernissage ?<br />
GLORIA<br />
Oui vernissage il va falloir que l'on commence par ça, non ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Oui mais je n'ai pas assez <strong>de</strong> compos pour un vernissage et<br />
surtout pas <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> financer<br />
GLORIA<br />
Ne parlons pas d'argent pour <strong>le</strong> moment et pour la matière il<br />
va falloir bosser effectivement et faire <strong>de</strong>s choix<br />
On sonne à la porte alors qu’Elsa reste sans voix et se contente d’acquiescer <strong>de</strong> la tête<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je vais ouvrir<br />
Gloria finit son verre d'eau et souff<strong>le</strong> un peu.<br />
ELSA QUIVIR<br />
J'ai oublié, ça tombe mal mais je dois al<strong>le</strong>r<br />
GLORIA<br />
(Interrompt Elsa)<br />
J'allais partir<br />
ELSA QUIVIR<br />
Vous êtes certaine, ça va mieux ? on peut attendre un peu<br />
GLORIA<br />
Je vous assure ça va mieux et je dois y al<strong>le</strong>r aussi, je vous<br />
appel<strong>le</strong> et on se revoit pour repar<strong>le</strong>r <strong>de</strong> tout ça<br />
Gloria salue la personne qui se tient dans <strong>le</strong> hall d'entrée <strong>de</strong> l'appartement.<br />
GLORIA<br />
Je vous tiens au courant Elsa<br />
ELSA QUIVIR<br />
Oui et merci, merci pour tout<br />
- 85 -
Gloria s'efface.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
Au revoir Elsa<br />
106 - INT. SALLE DE BAIN APPT GLORIA - SOIR<br />
Gloria est dans son bain.<br />
Son gros orteil droit essaie <strong>de</strong> rattraper la goutte d'eau qui s'échappe du robinet <strong>de</strong> la<br />
baignoire puis Gloria <strong>de</strong>vient pensive.<br />
Le clac <strong>de</strong> la goutte d'eau résonne comme une minuterie parfaitement réglée. L'eau est<br />
claire et laisse apparaître <strong>le</strong>s courbes <strong>de</strong> son corps.<br />
El<strong>le</strong> sort <strong>de</strong> son bain, on la voit par la paroi aux carrelages opaques qui sépare <strong>le</strong> coin<br />
bain et douche <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong> d'eau. El<strong>le</strong> enfi<strong>le</strong> ses <strong>de</strong>ssous rangés dans un petit placard<br />
situé à la sortie du bain.<br />
El<strong>le</strong> se rapproche du grand plan à doub<strong>le</strong> vasque, on l'observe par <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t du <strong>miroir</strong>.<br />
El<strong>le</strong> s'observe et remonte ses cheveux puis se masse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mains la peau du visage<br />
vers <strong>le</strong> haut pour finir sur <strong>le</strong>s tempes dans un petit mouvement circulaire.<br />
El<strong>le</strong> attrape un objet situé au bord <strong>de</strong> la vasque opposé, <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> puis regar<strong>de</strong> à<br />
nouveau dans son grand <strong>miroir</strong>. Son regard est inhabituel, entre joie et crainte.<br />
El<strong>le</strong> repose au même moment l'objet à l'endroit où el<strong>le</strong> l'a pris, c'est un test <strong>de</strong><br />
grossesse visib<strong>le</strong>ment positif.<br />
El<strong>le</strong> relève à nouveau la tête, dans <strong>le</strong> <strong>miroir</strong> son visage a changé, il semb<strong>le</strong> plus rond, et<br />
plus jeune peut-être. Son maquillage, léger, éclaire ses yeux, ses lèvres sont<br />
légèrement mouillées d'un flui<strong>de</strong> coloré, une frange adoucit son regard. Ses seins<br />
apparaissent bien gonflés dans l'armature <strong>de</strong> son soutien gorge, el<strong>le</strong> enfi<strong>le</strong> une robe par<br />
<strong>le</strong> haut <strong>de</strong> la tête, el<strong>le</strong> <strong>de</strong>scend <strong>le</strong> long <strong>de</strong> son corps, <strong>le</strong> ventre est bien arrondi. La<br />
grossesse <strong>de</strong> Gloria est bien installée.<br />
107 - INT. SALLE DE VERNISSAGE ELSA QUIVIR - SOIR<br />
Un lieu à l'éclairage blanc et lumineux, <strong>de</strong>s œuvres aux cou<strong>le</strong>urs vives sur éclairées, au<br />
plafond <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> lin peintes et suspendues par ten<strong>de</strong>urs, l'exposition est mo<strong>de</strong>rne et<br />
surprenante. Beaucoup <strong>de</strong> visiteurs sont présents ce soir, la pièce fourmil<strong>le</strong> <strong>de</strong> gens<br />
curieux <strong>de</strong> ces nouvel<strong>le</strong>s oeuvres d'art. Elsa Quivir est entourée aussi bien que ses<br />
oeuvres, el<strong>le</strong> est très sollicitée.<br />
- 86 -
VMI<br />
PUBLICITAIRE MAISON CHANEL<br />
Nous aimerions que vous travailliez avec notre équipe sur la<br />
prochaine affiche publicitaire du nouveau parfum Chanel,<br />
plus particulièrement sur <strong>le</strong> fond, qu'en pensez- vous ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
C'est-à-dire que ce n'est pas vraiment mon domaine, Chanel<br />
n’a jamais fait partie <strong>de</strong> mon mon<strong>de</strong> et par là même inspiré.<br />
PUBLICITAIRE MAISON CHANEL<br />
Prenez ma carte et réfléchissez, je vous rappel<strong>le</strong> quoiqu'il en<br />
soit pour vous en par<strong>le</strong>r plus précisément.<br />
Gloria arrive par la gran<strong>de</strong> porte vitrée, Antoine l'aperçoit et la rejoint aussitôt. Il lui vo<strong>le</strong><br />
discrètement une bise et la conduit vers l’assemblée en lui chuchotant à l’oreil<strong>le</strong>.<br />
ANTOINE<br />
Ma chérie c'est un véritab<strong>le</strong> succès, el<strong>le</strong> est assaillie <strong>de</strong> toute<br />
part<br />
GLORIA<br />
Je suis si contente, el<strong>le</strong> est enfin révélée.<br />
Quand el<strong>le</strong> aperçoit Gloria, Elsa interrompt sa conversation avec <strong>le</strong> publicitaire<br />
ELSA QUIVIR<br />
Excusez-moi<br />
Tous <strong>le</strong>s yeux se tournent vers Gloria qui est rejoint par Elsa.<br />
El<strong>le</strong> s'embrasse cha<strong>le</strong>ureusement.<br />
GLORIA<br />
Alors dis-moi comment ça se passe pour toi ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Il faut que tu restes avec moi, ils sont tous autour <strong>de</strong> moi ! Je<br />
viens d'avoir une proposition <strong>de</strong> projet du publicitaire chez<br />
Chanel !<br />
GLORIA<br />
C'est incroyab<strong>le</strong>, je crois que c'est parti pour toi !<br />
- 87 -
Gloria saisit une coupe <strong>de</strong> champagne et <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> fruit.<br />
Les voilà toutes <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux en train <strong>de</strong> trinquer, el<strong>le</strong>s sont là au milieu <strong>de</strong> la fou<strong>le</strong>, Elsa<br />
Quivir soudain noyée dans <strong>le</strong> succès et Gloria .<br />
La sal<strong>le</strong> ne désemplit pas. Les conversations rou<strong>le</strong>nt encore. Gloria par<strong>le</strong> à une dame<br />
d'un âge avancé, el<strong>le</strong> est heureuse que la nouvel<strong>le</strong> génération propose enfin quelque<br />
chose <strong>de</strong> nouveau et esthétique, mo<strong>de</strong>rne et surprenant.<br />
Soudain Rodrigo interrompt la conversation<br />
VMI<br />
RODRIGO<br />
Bonsoir Madame<br />
VIEILLE DAME<br />
Bonsoir jeune homme<br />
RODRIGO<br />
Bonsoir Gloria<br />
VIEILLE DAME<br />
(en s'adressant à Gloria)<br />
Excusez moi je vous laisse, bonne soirée<br />
GLORIA<br />
Bonsoir et merci pour votre visite<br />
RODRIGO<br />
(en s'adressant à Gloria)<br />
Très réussi, comme quoi on peut toujours se tromper<br />
GLORIA<br />
Tu oses pointer <strong>le</strong> bout <strong>de</strong> ton nez jusqu'ici ?<br />
RODRIGO<br />
Ne sois pas rancunière, surtout avec ce succès !<br />
GLORIA<br />
Tu as raison, en plus tu n'en vaux vraiment pas la peine<br />
RODRIGO<br />
(en saisissant une coupe <strong>de</strong> champagne)<br />
Champagne ?<br />
GLORIA<br />
Non<br />
RODRIGO<br />
Comment vas-tu <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> temps ? si moi je pointe <strong>le</strong> bout <strong>de</strong><br />
mon nez, toi c'est plutôt <strong>le</strong> bout <strong>de</strong> ton ventre, félicitations !<br />
- 88 -
Il lève sa coupe, Gloria regar<strong>de</strong> ail<strong>le</strong>urs comme pour éviter <strong>le</strong> dialogue.<br />
VMI<br />
RODRIGO<br />
et qui est l'heureux élu ?<br />
GLORIA<br />
El<strong>le</strong> a fait un bébé toute seu<strong>le</strong>, tu veux que je te la chante ? !<br />
RODRIGO<br />
Ah carrément<br />
108 - INT. MATERNITÉ HOPITAL LA PITIE SALPÉTRIÈRE - SOIR<br />
Deux gran<strong>de</strong>s portes à battant s'ouvrent énergiquement. Deux femmes en blouse<br />
blanche conduisent <strong>le</strong> brancard sur <strong>le</strong>quel est installée Gloria. El<strong>le</strong> est en p<strong>le</strong>ine<br />
contraction mais souffre en si<strong>le</strong>nce. El<strong>le</strong> ne semb<strong>le</strong> pas effrayée, plutôt sereine dans sa<br />
souffrance.<br />
A l'autre bout du couloir une autre femme vêtue d'une blouse verte et d'un cache<br />
respiratoire, vient à <strong>le</strong>ur rencontre dans une énergie rassurante et maîtrisée.<br />
Au moment où ces femmes se rejoignent, el<strong>le</strong>s tournent à droite dans un couloir plus<br />
étroit et court qui mène à une sal<strong>le</strong> d'accouchement.<br />
SAGE FEMME1<br />
38 semaines et 4 jours, tête engagée, col effacé<br />
GYNÉCO<br />
Ok, pas <strong>de</strong> papa avec nous ?<br />
SAGE FEMME1<br />
Non<br />
GYNÉCO<br />
Alors on y va<br />
La porte s'ouvre, <strong>le</strong>s 4 femmes s'engouffrent dans la sal<strong>le</strong> d'accouchement, puis la porte<br />
se referme et nous laisse <strong>de</strong>hors.<br />
109 - INT. SALLE ACCOUCHEMENT - NUIT<br />
Le bébé p<strong>le</strong>ure, il vient d'être expulsé. Son corps est recouvert du vernix et est toujours<br />
relié à sa mère par <strong>le</strong> cordon ombilical.<br />
Gloria est épuisée mais sa joie suffit à la re<strong>le</strong>ver après l'effort.<br />
La sage femme lui pose délicatement <strong>le</strong> bébé sur la poitrine.<br />
Une minute <strong>de</strong> pause, <strong>le</strong> bébé est calme, Gloria lui sourit et <strong>le</strong> caresse tendrement<br />
- 89 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Bonjour Evan<br />
La sage femme se rapproche et reprend Evan pour continuer à faire <strong>le</strong> nécessaire.<br />
Le cordon ombilical est sectionné par la sage femme, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin reste à proximité.<br />
El<strong>le</strong> se retire dans la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> soins.<br />
SAGE FEMME 2<br />
Nous allons s'occuper <strong>de</strong> bébé maintenant<br />
GYNÉCO<br />
Puis moi je vais m'occuper <strong>de</strong> vous, car il nous reste la phase<br />
<strong>de</strong> délivrance puis vous resterez un peu <strong>de</strong> temps ici et on<br />
vous remontera en chambre avec votre enfant<br />
SAGE FEMME1<br />
Vou<strong>le</strong>z-vous que l'on appel<strong>le</strong> quelqu'un en particulier ?<br />
GLORIA<br />
Non<br />
110 - INT. SALLE ACCOUCHEMENT - NUIT<br />
Il est une heure du matin à l'horloge à aiguil<strong>le</strong> située au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte.<br />
Gloria s'est un peu assoupie, el<strong>le</strong> est réveillée par <strong>le</strong> bruit que font <strong>de</strong>ux mé<strong>de</strong>cins qui<br />
traversent la sal<strong>le</strong> pour rejoindre cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s soins.<br />
Gloria regar<strong>de</strong> l'heure et juge du temps qui est passé, el<strong>le</strong> est un peu effrayée.<br />
Une femme en blouse blanche franchit <strong>le</strong> seuil <strong>de</strong> la porte et s'avance avec un brancard<br />
vers la tab<strong>le</strong> où est allongée Gloria.<br />
SAGE FEMME 3<br />
Je vais vous remonter en chambre<br />
GLORIA<br />
Qu'est ce qui se passe ? où est mon enfant ?<br />
SAGE FEMME 3<br />
- 90 -
VMI<br />
Je pense que votre bébé va être mis en couveuse, il a<br />
quelques difficultés à respirer, il ne faut pas prendre <strong>de</strong><br />
risque, il est avec <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins, ne vous en faites pas<br />
GLORIA<br />
En couveuse ? mais pourquoi ?<br />
SAGE FEMME 3<br />
Il faut vous reposer maintenant, un mé<strong>de</strong>cin passera vous<br />
voir. Calmez-vous, ça va al<strong>le</strong>r<br />
111 - INT. COULOIR SERVICE MATERNITÉ - NUIT<br />
A la pendu<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'entrée du couloir du service maternité il est 5 heures du matin.<br />
Le couloir est désert. Tout est calme.<br />
112 - INT. CHAMBRE GLORIA MATERNITÉ - NUIT<br />
Gloria se réveil<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> recherche pénib<strong>le</strong>ment la présence <strong>de</strong> son enfant à ses côtés<br />
mais el<strong>le</strong> est seu<strong>le</strong> dans la chambre. El<strong>le</strong> parcourt <strong>de</strong>s mains sa tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> nuit à la<br />
recherche probab<strong>le</strong>ment d'une sonnette d'appel mais en vain.<br />
Gloria alors inquiète se lève, sa blouse blanche lui cache <strong>le</strong> corps, ses cheveux épars<br />
retombent sur ses épau<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> ouvre la porte et s'engage dans <strong>le</strong> long couloir vi<strong>de</strong>, aux<br />
portes fermées. Des p<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> bébé se font entendre <strong>de</strong> ci <strong>de</strong> là, un homme suivi d'une<br />
équipe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux femmes apparaissent au fond du couloir qui nous semb<strong>le</strong> si loin (yeux<br />
<strong>de</strong> Gloria), sur <strong>le</strong>ur chariot un étal <strong>de</strong> biberons dans un tintamarre. Gloria ne se sent pas<br />
bien, tout se met à tourner dans sa tête, el<strong>le</strong> perd l'équilibre, l'homme en blouse blanche<br />
la retient <strong>de</strong> justesse dans sa chute.<br />
Noir.<br />
GLORIA<br />
Où est mon fils ?<br />
HOMME EN BLOUSE BLANCHE<br />
Appe<strong>le</strong>z l'équipe <strong>de</strong> nuit<br />
113 - INT. CHAMBRE GLORIA MATERNITÉ - JOUR<br />
Gloria est dans son lit, habillée d'une chemise <strong>de</strong> pyjama fraîche et propre, ses cheveux<br />
- 91 -
sont tirés, son regard inquiet.<br />
Face au lit on reconnaît la gynécologue obstétricienne qui l'a accouchée puis un autre<br />
mé<strong>de</strong>cin.<br />
VMI<br />
MÉDECIN SERVICE NÉO NATAL<br />
Votre fils a été transféré en service néo nat, il est en<br />
couveuse et sous surveillance. Il présente <strong>de</strong>s arrêts<br />
respiratoires trop fréquents et inquiétants malgré <strong>le</strong> terme.<br />
Nous préférons pratiquer une batterie <strong>de</strong> tests et examens<br />
afin d'écarter tout problème<br />
GLORIA<br />
Quels problèmes ?<br />
MÉDECIN SERVICE NÉO NATAL<br />
Je ne peux rien dire pour <strong>le</strong> moment<br />
GLORIA<br />
Je ne reste pas là, il faut que j'ail<strong>le</strong> près <strong>de</strong> lui<br />
GYNÉCO<br />
Il faut vous reposer encore un peu<br />
GLORIA<br />
(en se <strong>le</strong>vant)<br />
Je ne reste pas ici, je vais bien, conduisez moi jusqu' à lui, je<br />
vous signerai toutes <strong>le</strong>s décharges, ne vous en faites pas, je<br />
vais bien moi.<br />
El<strong>le</strong> sort un sac <strong>de</strong> la petite armoire puis y range ses affaires.<br />
MÉDECIN SERVICE NÉO NATAL<br />
Je crois que vous n'avez pas bien compris, votre bébé n'est<br />
pas en chambre, il est dans <strong>le</strong> service d'urgence néo nat,<br />
vous ne pourrez pas être près <strong>de</strong> lui faci<strong>le</strong>ment, c'est un lieu<br />
stéri<strong>le</strong> et <strong>de</strong> haute surveillance médica<strong>le</strong>, nous ne voulons<br />
prendre aucun risque avec votre enfant, nous sommes<br />
toujours très vigilants, ne vous affo<strong>le</strong>z pas<br />
GLORIA<br />
(en s'adressant à la gynéco)<br />
On règ<strong>le</strong> <strong>le</strong>s formalités <strong>de</strong> sortie maintenant ?<br />
GYNÉCO<br />
Non, je me débrouil<strong>le</strong>rai<br />
- 92 -
114 - INT. SERVICE NEONAT SALLE GRANDS PREMA ET AUTRES - JOUR<br />
Les yeux <strong>de</strong> Gloria sont si tristes, <strong>le</strong> reste <strong>de</strong> son visage est couvert d’un masque<br />
respiratoire, <strong>de</strong>vant la couveuse et par <strong>le</strong> procédé adéquat el<strong>le</strong> caresse <strong>le</strong>s petits pieds<br />
<strong>de</strong> son bébé. Evan est perfusé aux <strong>de</strong>ux bras, son coeur sous monitoring. Tout ce qui<br />
l'entoure est très médicalisé.<br />
Les équipes sur place sont vigilantes et aux aguets <strong>de</strong> toutes ses petites boites<br />
transparentes.<br />
Une personne <strong>de</strong> l'équipe médica<strong>le</strong> rejoint Gloria et essaie <strong>de</strong> la réconforter<br />
VMI<br />
INFIRMIÈRE<br />
Votre enfant prend du poids norma<strong>le</strong>ment, 200 g en 3 jours<br />
c'est encourageant.<br />
El<strong>le</strong> l'invite à sortir, il est maintenant l’heure, <strong>le</strong> service est régi par un protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
visites très strictes, Gloria <strong>le</strong> sait.<br />
Gloria touche du bout <strong>de</strong> ses doigts ses lèvres et suit l'infirmière.<br />
115 - INT. CHAMBRE DE NUIT QUATAR - NUIT<br />
Un portab<strong>le</strong> sonne sur la tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> nuit qui jouxte un lit défait.<br />
On distingue mal, il fait nuit, <strong>le</strong> mobilier est <strong>de</strong> sty<strong>le</strong> colonial, <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s baies sont<br />
ouvertes, <strong>le</strong>s ri<strong>de</strong>aux dansent avec <strong>le</strong> courant d'air, au loin se <strong>de</strong>ssine la mer. Il fait<br />
apparemment déjà chaud.<br />
Un homme se réveil<strong>le</strong> avec un peu <strong>de</strong> mal, on distingue mal <strong>le</strong>s traits.A ses côtés un<br />
corps <strong>de</strong> femme dévêtue, à peine couverte.<br />
L'homme s'assoit sur <strong>le</strong> lit, on reconnaît alors dans la lueur du petit jour qui se lève <strong>le</strong><br />
père <strong>de</strong> Gloria.<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Oui<br />
GLORIA<br />
C'est Gloria papa<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Comment vas-tu ma douce ?<br />
GLORIA<br />
Il est né, Evan est né il y a quelques jours<br />
- 93 -
VMI<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Alors c'est un petit Evan, te voilà maman ma petite Gloria<br />
GLORIA<br />
Oui et toi grand-père<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
(qui émerge <strong>de</strong> plus en plus)<br />
Tu ne m'as pas appelé avant ?<br />
GLORIA<br />
Ca ne se passe pas très bien pour Evan papa<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Comment ça ne se passe pas très bien ?<br />
GLORIA<br />
Il est hospitalisé, ils ont fait <strong>de</strong>s séries d'examens, il y a un<br />
problème neurologique peut-être pas irréversib<strong>le</strong>, il doit sortir<br />
<strong>de</strong> couveuse, on en sera plus <strong>de</strong>main on attend <strong>de</strong>s résultats<br />
d'examens.<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Un problème neurologique? De quel ordre?<br />
GLORIA<br />
Une partie du cerve<strong>le</strong>t qui est anorma<strong>le</strong>ment sous développé<br />
mais il se peut que ce ne soit qu'un retard, on en saura plus<br />
<strong>de</strong>main<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Veux-tu que je rentre Gloria ? Je peux annu<strong>le</strong>r mes<br />
conférences et être sur Paris dans cinq jours tout au plus<br />
GLORIA<br />
Non papa, je te tiens au courant, penses à nous j'ai tel<strong>le</strong>ment<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
(il l'interrompt)<br />
Sois forte ma petite Gloria<br />
GLORIA<br />
Oui papa, je t'embrasse<br />
BRUNO SCHREIBER<br />
Je t'embrasse ma douce<br />
Gloria, assise sur son canapé, <strong>le</strong>s pieds remontés, raccroche <strong>le</strong> combiné. El<strong>le</strong><br />
- 94 -
s'accroche à ses genoux, et se sert fort, sa tête s'appuie sur <strong>le</strong>s rotu<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> p<strong>le</strong>ure et<br />
gémit, el<strong>le</strong> en hur<strong>le</strong>rait presque <strong>de</strong> dou<strong>le</strong>urs.<br />
116 - INT. HALL MACHINE À CAFÉ HOPITAL - JOUR<br />
Des petits fauteuils autour d'une tab<strong>le</strong> basse, <strong>le</strong> mobilier est sobre.<br />
Une équipe <strong>de</strong> soignants en conversation s'échangent un dossier et traversent <strong>le</strong> hall du<br />
service néo nat.<br />
Gloria est seu<strong>le</strong> face au distributeur <strong>de</strong> boissons.<br />
El<strong>le</strong> insère une pièce <strong>de</strong> monnaie dans la fente. La <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> la pièce dans un bruit<br />
sourd et à la fois résonnant semb<strong>le</strong> vertigineuse. Gloria parait absente et ses gestes<br />
<strong>le</strong>nts et robotisés.<br />
El<strong>le</strong> saisit son café et s’engouffre dans <strong>le</strong> couloir, à son bout <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s vitres <strong>de</strong> la<br />
sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s couveuses.<br />
Soudain une sonnette d'alarme retentit, Gloria semb<strong>le</strong> sour<strong>de</strong> et ne réagit pas. Des<br />
ombres blanches s'agitent d'un bout à l'autre <strong>de</strong> l'encart du couloir, alors <strong>le</strong> coeur <strong>de</strong><br />
Gloria s'embal<strong>le</strong> et ses pas s'accélèrent, ses yeux trahissent sa peur.<br />
El<strong>le</strong> s'approche dans une précipitation contenue. Deux soigneuses tentent d'écarter une<br />
femme <strong>de</strong> l'entrée du service d'urgences. La femme parait désemparée et impuissante,<br />
au bord <strong>de</strong> l'écrou<strong>le</strong>ment.<br />
VMI<br />
SOIGNANTE<br />
Asseyez vous Madame, calmez vous, nous allons faire tout<br />
ce qui est en notre pouvoir pour la santé <strong>de</strong> votre enfant, <strong>le</strong><br />
professeur Jourdan s'occupe <strong>de</strong> votre enfant, restez là et<br />
nous vous donnerons <strong>de</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dès que possib<strong>le</strong>.<br />
Gloria regar<strong>de</strong> en direction <strong>de</strong> la couveuse d'Evan, il est là parmi d'autres bébés, déjà<br />
en souffrance dans ce début <strong>de</strong> vie. Gloria est prête à chavirer puis se dirige vers la<br />
jeune femme en p<strong>le</strong>in désarroi que <strong>le</strong>s soignantes ont abandonnée sur <strong>le</strong> bord <strong>de</strong> la<br />
chaise.<br />
Gloria s'accroupit près <strong>de</strong> la jeune femme, el<strong>le</strong> pose son café sur la chaise d'à côté<br />
GLORIA<br />
Vou<strong>le</strong>z-vous que j'appel<strong>le</strong> quelqu'un pour vous ?<br />
Les mains <strong>de</strong> la femme tremb<strong>le</strong>nt tel<strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s au vent, el<strong>le</strong> est gênée par ses sanglots,<br />
el<strong>le</strong> ne voit pas <strong>le</strong> contenu <strong>de</strong> son sac, el<strong>le</strong> parvient pénib<strong>le</strong>ment à sortir son téléphone<br />
portab<strong>le</strong> <strong>de</strong> son sac et <strong>le</strong> remet à Gloria<br />
- 95 -
VMI<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Merci, vous pouvez appe<strong>le</strong>r mon mari<br />
GLORIA<br />
Oui vous avez un numéro ?<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
A à Amour<br />
Gloria tout en cherchant dans <strong>le</strong>s contacts, prend <strong>le</strong> café et <strong>le</strong> met dans <strong>le</strong>s mains<br />
encore tremblantes <strong>de</strong> la jeune femme<br />
GLORIA<br />
Prenez ce café madame, il est encore chaud<br />
El<strong>le</strong> saisit dans sa poche un mouchoir <strong>de</strong> papier qu'el<strong>le</strong> pose délicatement sur ses<br />
jambes.<br />
El<strong>le</strong>s se regar<strong>de</strong>nt dans <strong>le</strong>s yeux<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
(Dans une peur panique)<br />
il est entre la vie et la mort, son pronostic <strong>de</strong> vie est remis en<br />
question <strong>de</strong>puis sa naissance. Il avait déjà si peu <strong>de</strong> chances<br />
<strong>de</strong> s’en sortir, et maintenant c’est pire il va être plongé dans<br />
un coma artificiel<br />
GLORIA<br />
(Tout en agitant ses doigts sur <strong>le</strong> clavier du<br />
téléphone)<br />
Il a besoin <strong>de</strong> vous votre bébé, ça va al<strong>le</strong>r, ne vous<br />
découragez pas, pas maintenant<br />
GLORIA<br />
Ça va al<strong>le</strong>r, ça va al<strong>le</strong>r<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Merci<br />
La jeune femme reprend son souff<strong>le</strong> et Gloria lui remet <strong>le</strong> téléphone puis s'éloigne par<br />
discrétion.<br />
La jeune femme se relève et s'engage dans une conversation. El<strong>le</strong> parait moins<br />
vulnérab<strong>le</strong>.<br />
- 96 -
VMI<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
( d’un ton grave )<br />
Chéri il faut que tu viennes, son état s’est dégradé, ils sont en<br />
train <strong>de</strong> <strong>le</strong> plonger dans un coma artificiel, il faut donner notre<br />
accord au professeur Jourdan pour cette opération<br />
117 - INT. SALLE DES COUVEUSES - JOUR<br />
Gloria caresse <strong>le</strong>s petits pieds d'Evan, il est dans sa couveuse, toujours en assistance<br />
médica<strong>le</strong>. Evan dort.<br />
Une infirmière s'approche <strong>de</strong> Gloria.<br />
INFIRMIÈRE2<br />
Bonjour Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Schreiber<br />
Gloria lui sourit et lui indique un bonjour <strong>de</strong> la tête, comme <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> réveil<strong>le</strong>r Evan.<br />
Gloria lui indique un "oui" <strong>de</strong> la tête.<br />
INFIRMIÈRE2<br />
Le professeur Mi<strong>le</strong>si souhaite vous rencontrer<br />
118 - EXT. ENTRÉE HOPITAL PITIE SALPÉTRIÈRE - JOUR<br />
Antoine franchit <strong>le</strong>s portes d’entrée <strong>de</strong> l’hôpital à ouverture automatique. Son pas est<br />
déterminé. Il se dirige avec empressement vers la cage d'ascenseur <strong>de</strong>sservant, entre<br />
autres, <strong>le</strong> service néo nat.<br />
119 - INT. SERVICE NEONAT SALLE GRANDS PREMA ET AUTRES - JOUR<br />
Antoine attend <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> bureau <strong>de</strong>s soignants du service néo nat.<br />
Une infirmière approche et Antoine l'interpel<strong>le</strong> aussitôt.<br />
ANTOINE<br />
Bonjour Madame, je cherche Evan Schreiber et sa mère ? la<br />
- 97 -
VMI<br />
chambre est vi<strong>de</strong> ..<br />
INFIMIÈRE<br />
Ah oui il y a eu un transfert <strong>de</strong> service en fin <strong>de</strong> matinée,<br />
atten<strong>de</strong>z<br />
L'infirmière va consulter son registre puis revient vers Antoine.<br />
INFIMIÈRE<br />
Evan Schreiber a été transféré au service Génétique : ré <strong>de</strong><br />
chaussée bâtiment E.<br />
Antoine semb<strong>le</strong> se décomposer et rester sans voix <strong>de</strong>vant cette nouvel<strong>le</strong>.<br />
Il tourne <strong>le</strong>s talons et se retire par la sortie.<br />
ANTOINE<br />
Au revoir<br />
INFIMIÈRE<br />
Au revoir Monsieur<br />
120 - INT. SERVICE GÉNÉTIQUE - JOUR<br />
L'allée, qui mène au service, est illuminée par la clarté <strong>de</strong> l’extérieur.<br />
Derrière <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s baies un jardin aménagé.<br />
Dans sa précipitation Antoine ne fait pas cas <strong>de</strong>s personnes se trouvant à l'extérieur.<br />
Soudain il reconnaît Gloria <strong>de</strong> dos qui fume une cigarette en faisant <strong>le</strong>s 100 pas.<br />
121 - EXT. JARDIN SERVICE GÉNÉTIQUE - JOUR<br />
Antoine, dans une posture qui semb<strong>le</strong> lour<strong>de</strong>, ses bras semb<strong>le</strong>nt si lourds, il semb<strong>le</strong><br />
déjà impuissant, interpel<strong>le</strong> Gloria qui lui tourne <strong>le</strong> dos.<br />
ANTOINE<br />
Gloria<br />
Gloria se retourne, ses cheveux accompagnent son mouvement, son visage porte tout<br />
<strong>le</strong> poids <strong>de</strong> son inquiétu<strong>de</strong>.<br />
- 98 -
Antoine la prend dans ses bras.<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
J’ai eu ton message, je suis venu dès que j'ai pu<br />
GLORIA<br />
Antoine c'est grave, très grave<br />
ANTOINE<br />
Qu'est ce qui se passe ?<br />
122 - EXT. JARDIN SERVICE GÉNÉTIQUE - JOUR<br />
Antoine et Gloria sont assis plus loin sur <strong>le</strong> petit banc à l'ombre d'un grand et<br />
majestueux arbre au large tronc.<br />
GLORIA<br />
Il n'est pas question <strong>de</strong> retard <strong>de</strong> développement, Evan est<br />
atteint du syndrome <strong>de</strong> Bart Type 2, une maladie génétique<br />
très rare et irréversib<strong>le</strong>. Le cerve<strong>le</strong>t est anorma<strong>le</strong>ment sous<br />
développé, laissant Evan dans <strong>le</strong> noir, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce et<br />
l'immobilité pour <strong>le</strong> restant <strong>de</strong> ces jours. Son fonctionnement<br />
respiratoire ou cardiaque peut s'arrêter fata<strong>le</strong>ment à tout<br />
moment<br />
ANTOINE<br />
Il y a sans doute <strong>de</strong>s solutions<br />
GLORIA<br />
Non, la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mauvais gênes, et ainsi <strong>le</strong> cas <strong>le</strong><br />
plus rare <strong>de</strong> ce syndrome ...<br />
ANTOINE<br />
Comment ça la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mauvais gênes ?<br />
GLORIA<br />
Yz41 apporté par Roman et moi<br />
ANTOINE<br />
Mais vous n'avez pas fait <strong>de</strong> tests ! il faut faire <strong>de</strong>s tests<br />
GLORIA<br />
(qui <strong>le</strong> coupe)<br />
Ils n'ont pas besoin <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> tests supplémentaires, je n'ai<br />
fait aucun test, ils sont formels, c'est l'ADN d' Evan qui a<br />
- 99 -
Gloria ne répond pas aussitôt.<br />
VMI<br />
parlé, un cas pour 1500000<br />
ANTOINE<br />
Gloria on va rentrer à la maison, tu vas venir à la maison,<br />
Elsa doit passer, el<strong>le</strong> veut te voir aussi, ça te fera du bien<br />
GLORIA<br />
Non Antoine, je reste encore un peu, ça va al<strong>le</strong>r, on se verra<br />
plus tard, plus tard<br />
123 - INT. GRAND HALL ENTREE HOPITAL - PLUS TARD<br />
Les vitrines d'une petite cafétéria. Attablées aux petites tab<strong>le</strong>s dressées <strong>le</strong>s unes à côté<br />
<strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong>s personnes en blouses blanches ou en civi<strong>le</strong>s déjeunent. La composition<br />
du repas semb<strong>le</strong> être cel<strong>le</strong> d'un fast-food. Moment <strong>de</strong> pause entre <strong>de</strong>ux consultations,<br />
ou visite d'un proche hospitalisé.<br />
Des sandwichs empilés, la serveuse qui récite studieusement la déclinaison <strong>de</strong>s<br />
formu<strong>le</strong>s proposées<br />
SERVEUSE CAFÉTÉRIA<br />
Formu<strong>le</strong> à 5 Euros aujourd'hui sandwich du Sud Rosette et<br />
pélardon - sirop d'érab<strong>le</strong> limona<strong>de</strong><br />
INFIRMIÈRE CAFÉTÉRIA<br />
Ah, oui..euh.. un coca et un sandwich jambon beurre<br />
Gloria se trouve <strong>de</strong>rrière et attend avec discipline son tour pendant qu'autour d'el<strong>le</strong>s tout<br />
<strong>le</strong> mon<strong>de</strong> mange rapi<strong>de</strong>ment et avec appétit.<br />
GLORIA<br />
Une eau minéra<strong>le</strong> s'il vous plait.<br />
124 - INT. GRAND HALL ENTREE HOPITAL - JOUR<br />
Les portes coulissent pour laisser entrer <strong>de</strong> nouveaux visiteurs, <strong>le</strong>urs regards sont<br />
attirés par un journaliste prostré <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> grand panneau d'accueil <strong>de</strong> l'hôpital. Il tient<br />
un micro et prend place <strong>de</strong> manière précise, un caméraman lui fait face.<br />
- 100 -
Certains s'arrêtent intéressés par cette manifestation. Gloria s'approche, sa bouteil<strong>le</strong><br />
d'eau minéra<strong>le</strong> à la main, et s'arrête un instant.<br />
125 - INT. PISCINE - JOUR<br />
VMI<br />
JOURNALISTE HOPITAL<br />
Nous apprenons à l'instant que <strong>le</strong> professeur JOURDAN<br />
et son équipe <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> la Pitié Salpétrière, où nous<br />
nous trouvons, vont se lancer dans quelques jours dans<br />
une opération jamais réussie jusqu'à présent : la<br />
transplantation d'une partie <strong>de</strong>s terminaisons nerveuses<br />
du cerveau gauche. Le recours à cette opération est inédit<br />
en France : tentée pour la première fois aux Etats Unis par<br />
<strong>le</strong> professeur Penn sur un jeune nourrisson, ce fut un<br />
échec. Néanmoins ce premier épiso<strong>de</strong> aura permis <strong>de</strong><br />
mettre en marche la gran<strong>de</strong> machine <strong>de</strong> la recherche;<br />
notamment grâce aux dons du très richissime père du<br />
défunt, grand industriel New Yorkais; et <strong>de</strong> mettre en<br />
lumière un certain nombre d'avancées, avancées<br />
partagées entre nos <strong>de</strong>ux pays. Aujourd'hui cette<br />
malformation très rare <strong>de</strong> l'hémisphère gauche, touche un<br />
nouveau né d'un peu plus d'un mois hospitalisé dans <strong>le</strong><br />
service du Docteur Jourdan <strong>de</strong>puis sa naissance. Placé<br />
d'urgence dans un coma artificiel <strong>de</strong>puis ce matin, <strong>le</strong>s<br />
parents ont donné il y a à peine 1 heure <strong>le</strong>ur accord pour<br />
tenter cette opération dans quelques jours. Si toutefois<br />
cette opération réussie, ce sera, sommes toutes, une<br />
victoire, une gran<strong>de</strong> victoire pour la mé<strong>de</strong>cine, mais <strong>le</strong><br />
chemin reste encore long vers <strong>le</strong> rétablissement <strong>de</strong> cet<br />
enfant. D'autres lour<strong>de</strong>s opérations resteraient<br />
effectivement à envisager.<br />
Un grand comp<strong>le</strong>xe aquatique.<br />
Des rires résonnent.<br />
De la bouche du grand toboggan fermé, surgissent, l’un après l'autre, <strong>de</strong>s enfants.<br />
Il s'agit visib<strong>le</strong>ment d'un groupe scolaire profitant avec euphorie du bassin ludique.<br />
A l'opposé, <strong>le</strong> bassin sportif, plus calme, <strong>de</strong>ssiné <strong>de</strong> plusieurs lignes <strong>de</strong> 25 m.<br />
Gloria est <strong>de</strong>bout au bord du bassin, face à une ligne.<br />
Son visage est mis à nu par <strong>le</strong> port <strong>de</strong> son bonnet; el<strong>le</strong> est, aujourd'hui, si naturel<strong>le</strong>.<br />
Le bruit <strong>de</strong>s conversations et <strong>de</strong>s rires rou<strong>le</strong> encore dans une espèce d’écho.<br />
Elsa apparaît dans l'entrée du grand comp<strong>le</strong>xe, ses longs cheveux sont remontés en<br />
- 101 -
chignon, coiffe inhabituel<strong>le</strong> et <strong>de</strong> circonstance, el<strong>le</strong> aperçoit Gloria au loin.<br />
Gloria plonge. (La caméra suit parfaitement <strong>le</strong> plongeon <strong>de</strong> Gloria.)<br />
L'eau est claire, tumultueuse, éclaboussante et douce à la fois au moment où <strong>le</strong> corps<br />
<strong>de</strong> Gloria pénètre dans <strong>le</strong> bassin, <strong>le</strong> bruit soudain <strong>de</strong> l'extérieur est sourd, <strong>le</strong> corps<br />
immergé et <strong>le</strong>s mouvements sont gracieux.<br />
Gloria nage encore et encore sous l'eau.<br />
Le souff<strong>le</strong> lui manque, el<strong>le</strong> continue malgré tout à nager, puis s'arrête et reste sous<br />
l'eau, lutte encore et encore, puis finit par remonter malgré el<strong>le</strong> à la surface. Le bruit <strong>de</strong><br />
l'extérieur <strong>de</strong>vient petit à petit plus clair, il est à nouveau résonnant au moment où Gloria<br />
émerge <strong>de</strong> l'eau.<br />
El<strong>le</strong> est essoufflée, el<strong>le</strong> retire son bonnet qui lui compresse <strong>le</strong>s tempes.<br />
Ses cheveux retombent sur ses épau<strong>le</strong>s.<br />
El<strong>le</strong> respire avec difficultés, ses yeux ne trahissent pas sa peur.<br />
VMI<br />
ELSA QUIVIR<br />
(qu'on ne voit pas)<br />
Gloria<br />
Gloria se retourne, Elsa lui sourit et la rejoint dans un mouvement <strong>de</strong> brasse.<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je suis si contente <strong>de</strong> te voir<br />
El<strong>le</strong> l'enlace aussitôt et s'attirent toutes <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux au fond <strong>de</strong> l'eau.<br />
Le bruit <strong>de</strong> l'extérieur <strong>de</strong>vient alors à nouveau sourd.<br />
Sous l'eau, Elsa caresse <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria, ses cheveux dansent comme en<br />
apesanteur. Gloria est si triste, si gênée par ce désarroi qu'el<strong>le</strong> ne voudrait pas montrer.<br />
Elsa semb<strong>le</strong> vouloir la soulager par <strong>de</strong>s gestes d'une gran<strong>de</strong> tendresse. Gloria est<br />
émue.<br />
Moment <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> affectation <strong>de</strong> la part d'Elsa.<br />
Moment <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> intimité entre ces <strong>de</strong>ux femmes.<br />
126 - INT. VESTIAIRE PISCINE - JOUR<br />
Gloria est assise sur l'un <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong>s vestiaires, recouvertes d'une serviette blanche.<br />
Ses cheveux ruissel<strong>le</strong>nt encore. Elsa est el<strong>le</strong> aussi assise, el<strong>le</strong> se tient tout près <strong>de</strong><br />
Gloria, son chignon est écrasé sur sa tête par <strong>le</strong> poids <strong>de</strong> l'eau. El<strong>le</strong> est à l'écoute.<br />
- 102 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Je me sens tel<strong>le</strong>ment impuissante, je reste là à attendre à<br />
croire que tout va bien que tout va rentrer dans l'ordre, qu'<br />
Evan ira bien. Hier on m'a dit que sa maladie est si rare que<br />
<strong>le</strong>s plus grands mé<strong>de</strong>cins s'y intéressent, mais que je ne sois<br />
pas inquiète : ses souffrances sont allégées par prescription<br />
<strong>de</strong> morphines. Ils m'ont dit que <strong>de</strong>s arrêts respiratoires ou<br />
cardiaques peuvent emporter Evan à tout moment, mais que<br />
la machine humaine est résistante et quelques fois<br />
surprenante : « hier votre fils a fait <strong>de</strong>ux arrêts respiratoires,<br />
puis comme par magie ses poumons se sont mis à<br />
fonctionner avant même que nous ayons eu à <strong>le</strong> réanimer »<br />
Elsa qu'est-ce qu'il faut espérer ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Il faut peut-être <strong>le</strong>ur faire confiance, ils vont peut-être trouver<br />
une solution<br />
GLORIA<br />
Ils sont formels, Evan est atteint d'une maladie génétique<br />
rare, c'est une maladie orpheline, ils ne savent qu'en faire <strong>le</strong><br />
constat, ils n'ont rien à proposer pour la guérison d' Evan,<br />
qu'apporter un sursis et l'apaiser un peu <strong>de</strong> sa dou<strong>le</strong>ur ...<br />
Dans quelques temps il sera transféré en institut spécialisé,<br />
qu'est-ce que je peux faire ...<br />
ELSA QUIVIR<br />
Evan sait que tu es là, il faut y croire, la mé<strong>de</strong>cine n'est pas<br />
toujours une science exacte mais Evan est entouré, pour<br />
l'instant il est dans l'un <strong>de</strong>s meil<strong>le</strong>urs hôpitaux, il y aura peutêtre<br />
une solution, laisses <strong>le</strong>ur du temps<br />
GLORIA<br />
Peut-être, je ne sais plus, je ne sais pas<br />
127 - EXT. EXTERIEUR DE PARIS PUIS HOPITAL - SOIR<br />
Il fait nuit, la vil<strong>le</strong> est illuminée <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> décorations multicolores, puis <strong>le</strong>s abords <strong>de</strong><br />
l’hôpital : sobres aux éclairages nocturnes traditionnels.<br />
L'entrée est déserte.<br />
- 103 -
128 - INT. SERVICE GÉNÉTIQUE - SOIR<br />
L'infirmière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> nuit sort <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s chambres puis avance dans <strong>le</strong> couloir du<br />
service génétique, el<strong>le</strong> s'arrête <strong>de</strong>vant la chambre suivante. Il s'agit visib<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> son<br />
tour <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
El<strong>le</strong> ouvre la porte après avoir toqué discrètement.<br />
129 - INT. CHAMBRE EWAN SERVICE GÉNÉTIQUE - SOIR<br />
La porte s'entrouvre doucement, <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> l'infirmière apparaît dans l'encart <strong>de</strong> la<br />
porte, el<strong>le</strong> s'introduit à peine dans la chambre.<br />
Gloria assise sur <strong>le</strong> fauteuil face au petit lit, Evan semb<strong>le</strong> dormir.<br />
Son petit bras est relié à un pied <strong>de</strong> perfusions. Les appareillages sont tenus plus loin à<br />
l'écart.<br />
VMI<br />
INFIMIÈRE<br />
Il est plus <strong>de</strong> 22 heures, il faut partir maintenant<br />
Puis el<strong>le</strong> s'approche du lit d'Evan et contrô<strong>le</strong> l'état <strong>de</strong> la perfusion, la respiration et <strong>le</strong> pou<br />
du petit Evan qui ne sort pas <strong>de</strong> son sommeil.<br />
INFIMIÈRE<br />
Il dort bien .. al<strong>le</strong>z, al<strong>le</strong>z y, vous al<strong>le</strong>z finir par rater <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>z<br />
vous annuel<br />
GLORIA<br />
Oui cinq minutes et je pars<br />
INFIMIÈRE<br />
(qui se retire par la porte)<br />
5 minutes pas une <strong>de</strong> plus<br />
La silhouette <strong>de</strong> l'infirmière <strong>de</strong> dos s'efface dans <strong>le</strong> couloir qui n'est plus éclairé.<br />
130 - INT. BUREAU INFIRMIÈRE GARDE SCE GÉNÉTIQUE - SOIR<br />
L'infirmière met à jour son tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong> ses patients.<br />
- 104 -
Dans l'un <strong>de</strong>s coins du bureau un petit écran <strong>de</strong> télévision, <strong>le</strong> son est coupé, on<br />
reconnaît l'émission <strong>le</strong> Grand Cabaret dans un décor très festif.<br />
131 - INT. COULOIR CHAMBRE EWAN SERVICE GÉNÉTIQUE - SOIR<br />
La porte <strong>de</strong> la chambre d'Evan se ferme, <strong>le</strong> champ se réduit petit à petit.<br />
Gloria est dans <strong>le</strong> couloir, el<strong>le</strong> s'en va.<br />
132 - INT. APPARTEMENT CENTRE PARIS - SOIR<br />
Les fenêtres ouvertes d'un appartement en p<strong>le</strong>in Paris, on observe <strong>de</strong> l’extérieur.<br />
De la musique, <strong>de</strong>s lumières <strong>de</strong> spots multicolores, <strong>de</strong>s gens qui dansent, d'autres qui<br />
discutent.<br />
On s'approche petit à petit <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s fenêtres hautes et étroites, <strong>le</strong> balcon parisien<br />
parait plus grand, <strong>le</strong> champ se réduit puis s'agrandit à l'intérieur <strong>de</strong> l'appartement.<br />
On reconnaît quelques visages du bureau <strong>de</strong> Gloria, plus loin Mathias.<br />
Gloria est dans l'entrée, la musique, ici, est atténuée, el<strong>le</strong> confie sa veste à une<br />
gouvernante.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
Merci<br />
LA SERVANTE<br />
Avancez-vous, c'est par ici<br />
Gloria franchit <strong>le</strong>s quelques marches d'escaliers menant à un palier. Plus la musique se<br />
précise plus <strong>le</strong>s pas <strong>de</strong> Gloria semb<strong>le</strong>nt être hésitants.<br />
El<strong>le</strong> se retourne et tente <strong>de</strong> rappe<strong>le</strong>r la gouvernante.<br />
Soudain la sonnette résonne et la porte s'ouvre énergiquement, une personne joyeuse<br />
et ravie salue Gloria, retardataire aussi<br />
ARTHUR<br />
Oh tu arrives aussi visib<strong>le</strong>ment ! Je vois que je ne suis pas <strong>le</strong><br />
seul retardataire ?<br />
GLORIA<br />
C'est que<br />
- 105 -
VMI<br />
ARTHUR<br />
(en regardant sa montre)<br />
Pas d'excuses, on y va, il nous reste que quelques minutes !<br />
133 - INT. SALLE APPARTEMENT PARISIEN - SOIR<br />
Gloria est sous un grand porche voûté s'ouvrant sur une pièce aux dimensions<br />
gargantuesques.<br />
La sal<strong>le</strong> est agencée tel<strong>le</strong> une discothèque.<br />
Des buffets d'apéritif sont dressés <strong>de</strong> ci <strong>de</strong> là.<br />
Gloria s'avance et se dirige vers <strong>le</strong> bar.<br />
Antoine est assis sur l'accoudoir d'un gros fauteuil rouge présidé par Mathias qui semb<strong>le</strong><br />
étouffé dans ses coussins moel<strong>le</strong>ux. Ils sont entourés <strong>de</strong> quelques convives. Antoine se<br />
balance <strong>de</strong> bas en haut emporté par la conversation et <strong>le</strong>s rires qu'il déc<strong>le</strong>nche.<br />
Antoine est interrompu et regar<strong>de</strong> un peu plus loin <strong>de</strong>rrière l'une <strong>de</strong>s personnes qui lui<br />
fait face.<br />
Gloria est là.<br />
Antoine quitte son accoudoir pour accueillir Gloria et l'entraîner vers son petit groupe<br />
ANTOINE<br />
Enfin te voilà, on a failli passer <strong>le</strong> cap sans toi ! Je vous<br />
présente Gloria Schreiber<br />
GLORIA<br />
Bonsoir<br />
La musique, <strong>le</strong>s conversations rou<strong>le</strong>nt.<br />
On aperçoit Elsa plus loin.<br />
Soudain un gong tel l'amarrage d'un bateau !<br />
Bonne année !<br />
Bises et cotillons !<br />
Gloria est peu démonstrative.<br />
Elsa aperçoit <strong>le</strong> groupe où se trouve Gloria, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s rejoint.<br />
Gloria et Elsa s'embrassent tendrement et plus longuement et se souhaitent une bonne<br />
année.<br />
Plus tard, Elsa et d'autres dansent, Gloria a du mal à prendre plaisir <strong>de</strong> la musique. Son<br />
pied bat nerveusement <strong>le</strong> rythme, el<strong>le</strong> sourit <strong>de</strong> temps en temps au regard d'Elsa qu'el<strong>le</strong><br />
croise.<br />
L'homme du bar la remarque et l'observe avec insistance, Gloria finit par s'en<br />
apercevoir, el<strong>le</strong> ne détourne pas ses yeux mais ne s'en amuse pas. El<strong>le</strong> reste<br />
indifférente presque aveug<strong>le</strong> au jeu <strong>de</strong> séduction <strong>de</strong> cet homme.<br />
- 106 -
134 - EXT. BALCON APPARTEMENT CENTRE PARIS - PLUS TARD<br />
Gloria est appuyée sur la rampe du balcon, ses yeux sont perdus dans <strong>le</strong> lointain Paris<br />
éclairé <strong>de</strong> mil<strong>le</strong> feux. El<strong>le</strong> fume une cigarette.<br />
Le jeune homme du bar s'approche et s'allume une cigarette.<br />
VMI<br />
L'HOMME AU BAR<br />
Je crois que vous vous ennuyez<br />
GLORIA<br />
Non<br />
L'HOMME AU BAR<br />
Ah ce n’est pas l'impression que j'ai eue en vous observant<br />
ce soir<br />
GLORIA<br />
Je suis un peu fatiguée<br />
L'HOMME AU BAR<br />
(en <strong>le</strong>vant sa coupe <strong>de</strong> champagne)<br />
Maxim, et vous ?<br />
GLORIA<br />
Gloria, Gloria Schreiber<br />
L'HOMME AU BAR<br />
Je suis <strong>le</strong> frère <strong>de</strong> l'ex mari <strong>de</strong> Claudia, et vous quel lien avec<br />
notre hôte ?<br />
GLORIA<br />
Claudia est l'amie d'enfance d'Antoine, Antoine est un très<br />
bon ami ainsi qu'un collaborateur <strong>de</strong> travail<br />
L'HOMME AU BAR<br />
(Qui lève à nouveau son verre et qui s'aperçoit<br />
que Gloria n'en a pas)<br />
Alors à nos amis communs et à cette nouvel<strong>le</strong> année ! Ah !<br />
Je vais vous chercher une coupette <strong>de</strong> champagne<br />
135 - INT. BALCON APPARTEMENT CENTRE PARIS - NUIT<br />
Le jeune homme, <strong>de</strong>ux coupettes <strong>de</strong> champagne, apparaît dans l'encart <strong>de</strong> la porte<br />
fenêtre. Il est surpris. Il dépose l'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux coupettes sur la tab<strong>le</strong> extérieure, lève un<br />
toast à lui même, s'ava<strong>le</strong> une gorgée puis s'approche <strong>de</strong> la balustra<strong>de</strong> du balcon.<br />
La soirée continue à rou<strong>le</strong>r entre rires, musique et cotillons.<br />
- 107 -
Gloria a rejoint ses amis et semb<strong>le</strong> lasse.<br />
136 - EXT. RUE EN BAS DE L'APPARTEMENT CENTRE PARIS - PLUS TARD<br />
Le jour commence à se <strong>le</strong>ver, la rue est encore éclairée par <strong>le</strong>s lampadaires <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong>.<br />
Un taxi Parisien rou<strong>le</strong> doucement et s'arrête <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> trottoir où se trouve Gloria.<br />
El<strong>le</strong> ouvre la porte et s'instal<strong>le</strong> sur la banquette arrière.<br />
Au même moment Antoine et Mathias ouvrent pénib<strong>le</strong>ment la lour<strong>de</strong> porte en fer forgé<br />
et verre. Antoine interpel<strong>le</strong> Gloria.<br />
VMI<br />
ANTOINE<br />
Gloria, attends nous<br />
La porte du taxi se referme au même moment qu’il démarre.<br />
137 - INT. APPARTEMENT DE GLORIA - PLUS TARD<br />
La lumière du petit jour éclaire <strong>le</strong> salon <strong>de</strong> l'appartement <strong>de</strong> Gloria. Soudain <strong>le</strong> téléphone<br />
sonne, sonne encore. Aucun mouvement, personne ne répond, l'appartement semb<strong>le</strong><br />
inoccupé.<br />
Dans la chambre <strong>le</strong> lit n'est pas défait. Le téléphone, posé sur la tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> chevet, sonne<br />
dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong>, à côté la petite boite à musique, un bouquin et une lampe. Le répon<strong>de</strong>ur<br />
s'enc<strong>le</strong>nche puis l'appel raccroche.<br />
138 - INT. BUREAU INFIRMIÈRE GARDE SCE GÉNÉTIQUE - MATIN<br />
Une main raccroche <strong>le</strong> combiné du téléphone sur sa base aux multip<strong>le</strong>s touches.<br />
Une infirmière <strong>de</strong> relève entre dans <strong>le</strong> bureau.<br />
L'infirmière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> décroche à nouveau <strong>le</strong> combiné puis compose un numéro sur <strong>le</strong><br />
clavier.<br />
Aussitôt, un bruit <strong>de</strong> portab<strong>le</strong> se fait entendre du fin fond du couloir.<br />
139 - INT. COULOIR CHAMBRE EWAN SERVICE GÉNÉTIQUE - MATIN<br />
Gloria avance dans <strong>le</strong> couloir du service génétique, la sonnerie du portab<strong>le</strong> retentit du<br />
fond <strong>de</strong> la poche <strong>de</strong> son manteau. El<strong>le</strong> saisit son téléphone, sur l'écran d'appel est<br />
affiché « hôpital».<br />
Au même moment son regard se pose sur la porte <strong>de</strong> la chambre d'Evan gran<strong>de</strong><br />
ouverte, et sur <strong>le</strong>s allées et venues d'une femme qui visib<strong>le</strong>ment s'occupe du grand<br />
nettoyage <strong>de</strong> la chambre. L'infirmière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> apparaît au bout du couloir, un peu plus<br />
- 108 -
loin. Le regard grave <strong>de</strong> Gloria et <strong>de</strong> l’infirmière se trouvent. Le portab<strong>le</strong> tombe à terre (<br />
ra<strong>le</strong>nti ), Gloria a déjà compris, Evan est parti, Evan est mort. El<strong>le</strong> s'arrête avant la<br />
chambre <strong>de</strong> son fils, s'appuie sur <strong>le</strong> mur et se laisse glisser à terre, puis étouffent ses<br />
p<strong>le</strong>urs et sa souffrance dans <strong>le</strong>s entrail<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ses jambes.<br />
140 - EXT. CIMETIÈRE - JOUR<br />
(Prise <strong>de</strong> haut.)<br />
C'est une superbe journée enso<strong>le</strong>illée d'hiver.<br />
Un petit groupe assiste à la mise en terre d'un défunt, on distingue au loin <strong>le</strong> petit<br />
cercueil, on reconnaît <strong>le</strong>s visages, <strong>le</strong> père <strong>de</strong> Gloria est à ses côtés.<br />
141 - EXT. CIMETIÈRE - JOUR<br />
Des oiseaux soudain s'envo<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong> b<strong>le</strong>u du ciel.<br />
----- 3 Mois plus tard ----------<br />
142 - INT. NOUVEAU BUREAU DE GLORIA - PLUS TARD<br />
Sur <strong>le</strong>s murs b<strong>le</strong>us, <strong>de</strong>s oeuvres sont suspendues, on reconnaît une toi<strong>le</strong> probab<strong>le</strong>ment<br />
signée d'Elsa Quivir. Ce bureau est très personnalisé et <strong>de</strong> très bon goût. De par la<br />
fenêtre, on aperçoit au loin <strong>le</strong> panthéon.<br />
Gloria est installée dans un fauteuil <strong>de</strong> bureau, el<strong>le</strong> lit un dossier tout en tenant une<br />
conversation téléphonique.<br />
VMI<br />
GLORIA<br />
Je finis ce projet et j'enchaîne pour une mission au vietnam<br />
GLORIA<br />
Non je ne peux pas, je pars pour plusieurs semaines<br />
GLORIA<br />
Je peux vous recomman<strong>de</strong>r une personne, il est parfait dans<br />
ce domaine<br />
GLORIA<br />
Oui, vous êtes gentil, j'essaie effectivement <strong>de</strong> couvrir<br />
d'avantage <strong>de</strong> projets événementiels internationaux et en<br />
étant désormais seu<strong>le</strong> je dois faire <strong>de</strong>s choix<br />
GLORIA<br />
Oui <strong>le</strong> Vietnam<br />
- 109 -
VMI<br />
GLORIA<br />
(El<strong>le</strong> sourit)<br />
Oui en effet, j'essaierai d'être disponib<strong>le</strong> pour votre prochain<br />
projet.<br />
GLORIA<br />
Au revoir<br />
Gloria se replonge dans sa <strong>le</strong>cture puis au constat <strong>de</strong> l'heure du réveil très <strong>de</strong>sign, où<br />
l'on peut lire notamment la date du jour 16 Avril 2006, el<strong>le</strong> referme son dossier puis se<br />
lève.<br />
143 - INT. HABITACLE DE VOITURE - JOUR<br />
Gloria est au volant <strong>de</strong> son véhicu<strong>le</strong>. Les informations sont annoncées au poste radio.<br />
ANIMATEUR RADIO<br />
Alors que <strong>le</strong> procès <strong>de</strong> Dankrad Fitcher aurait du avoir lieu<br />
<strong>de</strong>vant la chambre <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, il avait été relégué<br />
il y a plus d’un an au tribunal <strong>de</strong> guerre malgré la procédure<br />
d’appel <strong>de</strong> l’accusation. Aujourd’hui Dankrad Fitcher a été<br />
jugé pour crime <strong>de</strong> guerre par <strong>le</strong> tribunal militaire. Il est loin<br />
d’écoper <strong>de</strong> la peine requise par l’accusation puisqu’il s’en<br />
sort outrageusement avec <strong>de</strong>ux ans d’emprisonnement dont<br />
un avec sursis. La défense a toutefois fait appel et l’émotion<br />
ce matin était très gran<strong>de</strong> dans <strong>le</strong>s couloirs du tribunal.<br />
Monsieur Dankrad Fitcher est rentré par escorte dans sa<br />
maison secondaire <strong>de</strong> Vincennes en fin <strong>de</strong> matinée.<br />
Dans <strong>le</strong> rétroviseur, l'avant d'une voiture qui se rapproche dans un mouvement bref et<br />
précis, <strong>le</strong> moteur gron<strong>de</strong>. Les yeux <strong>de</strong> Gloria apparaissent alors dans <strong>le</strong> rétro, el<strong>le</strong><br />
termine son créneau, la voiture est immobilisée.<br />
El<strong>le</strong> en sort et entre dans <strong>le</strong> grand bureau <strong>de</strong> tabac/presse qui fait l'ang<strong>le</strong> <strong>de</strong> la rue.<br />
144 - INT. TABAC/PRESSE – JOUR<br />
GLORIA<br />
Bonjour, trois paquets <strong>de</strong> vogue et un benson s'il vous plait<br />
Les entrées et sorties du magasin sont incessantes, la rue, <strong>de</strong>hors, est agitée.<br />
Un homme <strong>de</strong> dos entre avec sa poussette dans <strong>le</strong> magasin, la marche d'entrée est<br />
- 110 -
assez haute et rend son passage diffici<strong>le</strong>.<br />
VMI<br />
LE BURALISTE<br />
(en rendant la monnaie à Gloria)<br />
Et voilà, bonne journée<br />
Gloria range ses paquets <strong>de</strong> cigarette dans son sac puis s'en retourne.<br />
C'est alors qu’el<strong>le</strong> tombe nez à nez avec la jeune femme rencontrée dans <strong>le</strong> service<br />
néonatal <strong>de</strong> l'hôpital.<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Oh bonjour<br />
GLORIA<br />
Bonjour, comment al<strong>le</strong>z-vous ?<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Bien merci, je suis si contente <strong>de</strong> vous voir, je n'ai jamais pu<br />
vous remercier, je ne sais même pas votre nom<br />
GLORIA<br />
(el<strong>le</strong> lui sert la main)<br />
Gloria, Gloria Schreiber<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Alors mil<strong>le</strong> mercis Gloria pour ces quelques instants que vous<br />
m'avez accordés<br />
GLORIA<br />
Je vous en prie c'était naturel, dans <strong>de</strong>s moments si diffici<strong>le</strong>s<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
(son regard se porte sur <strong>le</strong> stand <strong>de</strong> journaux et<br />
jouets)<br />
Regar<strong>de</strong>z, regar<strong>de</strong>z où il est aujourd'hui, la mé<strong>de</strong>cine a<br />
réussi l'impossib<strong>le</strong>, nous <strong>de</strong>vons tout au Docteur Jourdan<br />
Gloria suit <strong>le</strong> regard <strong>de</strong> la jeune femme, l’homme <strong>de</strong> la poussette donne la main à un<br />
enfant pas plus haut que trois pommes qui essaie déjà <strong>de</strong> se tenir <strong>de</strong>bout. Il est attiré<br />
par <strong>le</strong>s jouets présentés sur l'étal.<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Il veut déjà marcher, il lui faudra encore être patient<br />
- 111 -
VMI<br />
GLORIA<br />
(son visage est un peu grave soudain et sourit<br />
presque forcée)<br />
Et bien bonne continuation madame<br />
FEMME DE L'HOPITAL<br />
Estel<strong>le</strong><br />
GLORIA<br />
Au revoir Estel<strong>le</strong><br />
145 - INT. RESTAURANT - PLUS TARD<br />
Antoine et Elsa sont assis côte à côte à une <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la brasserie.<br />
ANTOINE<br />
Tu peux toujours la proposer pour ton expo au centre<br />
Pompidou, tu verras bien l'impact qu'el<strong>le</strong> peut avoir, c'est<br />
l'endroit où tu auras <strong>le</strong> plus <strong>de</strong> regards d'horizons différents,<br />
je crois que c'est une bonne idée, je pense que Gloria sera<br />
<strong>de</strong> cet avis<br />
ELSA QUIVIR<br />
Tiens la voilà<br />
Gloria vo<strong>le</strong> une bise à chacun et un bonjour dans la hâte.<br />
El<strong>le</strong> quitte sa veste, qu'el<strong>le</strong> suspend sans goût au dossier <strong>de</strong> sa chaise, puis son sac.<br />
El<strong>le</strong> plonge la main et en sort <strong>de</strong>ux paquets <strong>de</strong> cigarettes, l'un qu'el<strong>le</strong> remet à Antoine,<br />
l'autre qu'el<strong>le</strong> ouvre un peu tremblante tout en s'asseyant.<br />
GLORIA<br />
Tiens ton paquet <strong>de</strong> Benson<br />
Gloria allume pénib<strong>le</strong>ment sa cigarette, sa main tremb<strong>le</strong>.<br />
ANTOINE<br />
Mais qu'est ce que tu as, tu tremb<strong>le</strong>s comme une feuil<strong>le</strong> ?<br />
GLORIA<br />
(En aspirant sur sa cigarette)<br />
Non rien, je viens d'avoir une frayeur en voiture<br />
ELSA QUIVIR<br />
Tu as eu un accrochage ?<br />
- 112 -
VMI<br />
GLORIA<br />
Non c'est ok, alors ça va ? Tu prépares ton prochain ren<strong>de</strong>z<br />
vous au centre Pompidou ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
Oui on était justement en train <strong>de</strong> discuter avec Antoine, il<br />
pense que je ne dois pas hésiter à proposer Brindil<strong>le</strong> .........<br />
Les paro<strong>le</strong>s d'Elsa Quivir s’éloignent, Gloria semb<strong>le</strong> sour<strong>de</strong>, el<strong>le</strong> se gratte un peu <strong>le</strong>s<br />
cheveux puis passe la main nerveusement sur ses lèvres, ses yeux s'embuent <strong>de</strong><br />
larmes, la fumée <strong>de</strong> la cigarette semb<strong>le</strong> l'étouffer. Ils sont soudain interrompus par <strong>le</strong><br />
barman.<br />
BARMAN<br />
Qu'est-ce que je vous sers ?<br />
Elsa stoppe sa conversation, son regard et celui d'Antoine sont dirigés vers l'homme au<br />
tablier blanc<br />
ELSA QUIVIR<br />
Un verre <strong>de</strong> Saint Emilion<br />
ANTOINE<br />
Deux<br />
Gloria ne bouge pas, el<strong>le</strong> est là mais absente<br />
ANTOINE<br />
Gloria, Gloria ! Tu prends quelque chose ?<br />
Gloria regar<strong>de</strong> Antoine puis <strong>le</strong> barman et s'emporte dans un sanglot qui l'empêche <strong>de</strong><br />
penser et <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r<br />
GLORIA<br />
Je ne sais pas, <strong>de</strong> l'eau, non, rien<br />
ANTOINE<br />
(En regardant <strong>le</strong> barman)<br />
Un grand verre d'eau<br />
- 113 -
VMI<br />
ELSA QUIVIR<br />
Qu'est-ce qui t’arrives Gloria ?<br />
Gloria p<strong>le</strong>ure, el<strong>le</strong> passe ses mains sur son visage pour essuyer <strong>le</strong>s larmes qui ne<br />
cessent <strong>de</strong> cou<strong>le</strong>r<br />
ANTOINE<br />
Gloria ?<br />
Les sanglots s'échappent <strong>de</strong> sa gorge. Antoine est dépassé par la situation.<br />
El<strong>le</strong> se lève, saisit hâtivement son sac et sa veste puis s'en va<br />
ANTOINE<br />
(en se <strong>le</strong>vant <strong>de</strong> sa chaise)<br />
Mais Gloria, où tu vas ? mais qu'est ce qui se passe ?<br />
146 - INT. BUREAU DE DEPOSITIONS COMMISSARIAT - PLUS TARD<br />
Un homme, installé à son bureau, est en train <strong>de</strong> taper sur <strong>le</strong> clavier <strong>de</strong> son ordinateur.<br />
Par <strong>le</strong>s vitres, <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s stores vénitiens, on aperçoit et entend <strong>de</strong>s personnes qui<br />
s'agitent.<br />
Le téléphone sonne.<br />
………………<br />
………………<br />
YVES PELLICIA<br />
Yves Pellicia j'écoute<br />
YVES PELLICIA<br />
Oui , je suis sur une déposition, passes <strong>le</strong> à Patrick <strong>de</strong> la stup<br />
YVES PELLICIA<br />
Ok bye<br />
L'homme considère et regar<strong>de</strong> alors la personne assise sur <strong>le</strong> siège qui lui fait face. On<br />
ne la voit pas.<br />
- 114 -
VMI<br />
YVES PELLICIA<br />
Al<strong>le</strong>z on y va<br />
YVES PELLICIA<br />
Votre nom prénom s'il vous plait ?<br />
GLORIA<br />
Gloria Schreiber, S C H R E I B E R<br />
Le regard <strong>de</strong> l'homme passe <strong>de</strong> l’écran <strong>de</strong> pc à la personne qui est en face <strong>de</strong> lui. A<br />
chaque nouvel<strong>le</strong> question, ses mains se décol<strong>le</strong>nt à peine du clavier<br />
YVES PELLICIA<br />
Date et lieu <strong>de</strong> naissance ?<br />
GLORIA<br />
Le 28 Juil<strong>le</strong>t 1973 Paris<br />
YVES PELLICIA<br />
Profession ?<br />
GLORIA<br />
Scénographe, commissaire d'exposition Agence Schreiber<br />
Paris 15 ème<br />
YVES PELLICIA<br />
C'est votre agence ?<br />
GLORIA<br />
Oui<br />
YVES PELLICIA<br />
Êtes-vous mariés ?<br />
GLORIA<br />
Non<br />
YVES PELLICIA<br />
Pacsée ?<br />
GLORIA<br />
Non ? Célibataire<br />
YVES PELLICIA<br />
Avez-vous <strong>de</strong>s enfants Mel<strong>le</strong> Schreiber ?<br />
GLORIA<br />
1, Evan, il est décédé<br />
YVES PELLICIA<br />
- 115 -
A l’écran : 1 décédé<br />
VMI<br />
Je suis désolé,<br />
YVES PELLICIA<br />
Je vous écoute Gloria<br />
GLORIA<br />
C'est au sujet <strong>de</strong> mon fils Evan<br />
YVES PELLICIA<br />
Comment ça votre fils ? Je comprends pas vous venez <strong>de</strong><br />
me dire<br />
GLORIA<br />
(qui l'interrompt)<br />
Evan Schreiber, né <strong>le</strong> 16 Octobre 2005 à 00H05 à la<br />
maternité <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> la Salpétrière, hospitalisé en service<br />
néonatal <strong>le</strong> 16 Octobre à 06 heures, puis transféré <strong>le</strong> 14<br />
Novembre dans <strong>le</strong> service génétique du Professeur Mi<strong>le</strong>si.<br />
Evan était atteint du syndrome <strong>de</strong> bart type 2, j'ai mis fin à<br />
ses souffrances <strong>le</strong> 31 Décembre à 22H55 à l'hôpital <strong>de</strong> la<br />
Salpétrière. Officiel<strong>le</strong>ment Evan est décédé d'un arrêt<br />
respiratoire fatal <strong>le</strong> 1er Janvier 2006 à 2H35 du matin.<br />
Yves Pellicia reste bloqué <strong>de</strong>vant son écran, il enregistre la déposition, <strong>le</strong>s doigts <strong>de</strong><br />
l'homme s'agitent rapi<strong>de</strong>ment sur <strong>le</strong>s touches. Plus Gloria par<strong>le</strong>, plus <strong>le</strong> mouvement <strong>de</strong><br />
ses doigts ra<strong>le</strong>ntit, <strong>le</strong>s mains se posent sur <strong>le</strong> clavier, il regar<strong>de</strong> Gloria, il la laisse<br />
terminer.<br />
YVES PELLICIA<br />
Je suis désolé, Ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Schreiber<br />
YVES PELLICIA<br />
Mais ça va être compliqué<br />
Le visage <strong>de</strong> Gloria est livi<strong>de</strong> et sans expression, <strong>le</strong>s larmes rou<strong>le</strong>nt sur ses joues.<br />
147 - INT. PRISON – JOUR<br />
Maison d'arrêt <strong>de</strong> femmes <strong>de</strong> F<strong>le</strong>ury Mérogis.<br />
Une femme en uniforme est assise à un pupitre sur <strong>le</strong>quel repose un registre, une autre<br />
se tient <strong>de</strong>bout face à <strong>de</strong>s boxes où <strong>de</strong>s vêtements tous <strong>de</strong> même cou<strong>le</strong>ur sont rangés.<br />
Dans une longue fi<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s femmes alignées <strong>le</strong>s unes <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s autres.<br />
- 116 -
VMI<br />
GARDIENNE<br />
Avancez-vous, votre nom et prénom s'il vous plait ?<br />
DÉTENUE1<br />
Roseline Marchal<br />
La gardienne ajoute une mention face au nom inscrit sur <strong>le</strong> registre, on peut lire 18<br />
mois, 2 ans avec sursis<br />
GARDIENNE<br />
Bienvenue parmi nous Roseline, nous allons cohabiter<br />
pendant 18 mois, quel<strong>le</strong> tail<strong>le</strong> faites-vous ?<br />
DÉTENUE1<br />
40<br />
L'autre femme lui remet la tenue <strong>de</strong> tail<strong>le</strong> correspondante et lui indique <strong>de</strong> s'avancer <strong>de</strong><br />
l'autre côté <strong>de</strong> la gril<strong>le</strong>.<br />
La fi<strong>le</strong> a diminué, il y a moins <strong>de</strong> linges dans <strong>le</strong>s étals.<br />
GARDIENNE<br />
Gloria Schreiber<br />
C’est une femme aux traits fins et cheveux tirés qui s'avance, el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> calme et son<br />
visage sans expression. El<strong>le</strong> ne semb<strong>le</strong> pas perdue. La gardienne met à jour alors son<br />
registre, on distingue sur <strong>le</strong> registre <strong>le</strong> Nom <strong>de</strong> Gloria Schreiber, on peut lire 3 mois<br />
ferme.<br />
La gril<strong>le</strong> qui séparait <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux sal<strong>le</strong>s se referme.<br />
Au travers <strong>de</strong>s barreaux, on aperçoit alors <strong>le</strong> groupe au comp<strong>le</strong>t puis la silhouette <strong>de</strong><br />
Gloria. El<strong>le</strong>s disparaissent dans <strong>le</strong>s entrail<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la prison.<br />
148 - EXT. PRISON - NUIT<br />
La luminosité lunaire éclaire <strong>le</strong> visage <strong>de</strong> Gloria qui se trouve dans sa cellu<strong>le</strong>.<br />
NOIR<br />
- 117 -
----2 mois plus tard----<br />
149 - EXT. RUE BROCANTE - GALERIE PARIS - JOUR<br />
Une rue dans Paris, <strong>de</strong>s trottoirs rarement aussi propres, <strong>de</strong>s boutiques aux <strong>de</strong>vantures<br />
luxuriantes, piétons bien sapés, certains pressés, d'autres en lèche vitrine et bras<br />
chargés d'emp<strong>le</strong>ttes.<br />
150 - INT. GALERIE ELSA QUIVIR - JOUR<br />
La ga<strong>le</strong>rie Elsa Quivir est spacieuse, ses toi<strong>le</strong>s sont mises en va<strong>le</strong>ur dans ce local à<br />
l'architecture angu<strong>le</strong>use et mo<strong>de</strong>rne.<br />
L'endroit est plaisant et visité.<br />
On aperçoit Elsa en train <strong>de</strong> discuter, au comptoir avec, sans doute, un coup<strong>le</strong> <strong>de</strong> client<br />
potentiel.<br />
De dos, face à une toi<strong>le</strong>, un homme à la musculature imposante. Un groupe <strong>de</strong><br />
personnes se rapprochent <strong>de</strong> la toi<strong>le</strong> et salue l'homme poliment.<br />
L'homme se déca<strong>le</strong> un peu pour laisser place et <strong>le</strong>s salue à son tour, la voix nous est<br />
familière.<br />
Le visage <strong>de</strong> Roman apparaît.<br />
VMI<br />
INCONNU GALERIE<br />
Bonjour<br />
151 - INT. GALERIE ELSA QUIVIR - JOUR<br />
Elsa d'une main maintient la porte <strong>de</strong> sortie ouverte puis <strong>de</strong> l'autre salue la femme et<br />
l'homme qui franchissent la porte.<br />
152 - INT. GALERIE ELSA QUIVIR - JOUR<br />
ELSA QUIVIR<br />
Alors à dans une semaine à peu près, au revoir Mr et Mme<br />
Claverie<br />
Elsa est à nouveau à son comptoir en train <strong>de</strong> noter <strong>le</strong> ren<strong>de</strong>z-vous sur son agenda : Mr<br />
et Mme Claverie à la page du 4 Août 14h.<br />
- 118 -
Elsa lève <strong>le</strong>s yeux vers l'homme qui lui par<strong>le</strong><br />
VMI<br />
ROMAN<br />
Bonjour, excusez moi je cherche Elsa Quivir, vous savez où<br />
je peux la trouver ?<br />
ELSA QUIVIR<br />
C'est moi même, bonjour<br />
ROMAN<br />
(Surpris)<br />
Je suis enchanté <strong>de</strong> vous rencontrer, je viens <strong>de</strong> voir vos<br />
toi<strong>le</strong>s, j'aime beaucoup et je constate à la vue <strong>de</strong> cette bel<strong>le</strong><br />
ga<strong>le</strong>rie qu'el<strong>le</strong> ne s'était pas trompée<br />
ELSA QUIVIR<br />
Merci mais je ne comprends pas bien<br />
ROMAN<br />
Gloria, Gloria Schreiber m'a dit un jour n'oublies pas ce nom<br />
"Elsa Quivir", Elsa Quivir fera par<strong>le</strong>r d'el<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> avait raison,<br />
c'est une réussite , mais je ne me suis pas présentée,<br />
Roman, Roman Manioski<br />
Elsa est troublée, el<strong>le</strong> essaie <strong>de</strong> dissimu<strong>le</strong>r sa surprise. El<strong>le</strong> avance sa main pour <strong>le</strong><br />
saluer et lui sourit nerveusement<br />
ELSA QUIVIR<br />
(troublée)<br />
Roman, oui bien sûr Gloria m’a parlé <strong>de</strong> vous,<br />
ROMAN<br />
Je suis sur Paris <strong>de</strong>puis quelques jours, je suis passé<br />
plusieurs fois à l'agence Gloria Schreiber mais personne, j'ai<br />
pensé à vous<br />
ELSA QUIVIR<br />
(Hésitante)<br />
Ah oui , bien, ... , vous avez bien fait <strong>de</strong> penser à moi, mais<br />
Gloria est en fait absente, el<strong>le</strong> est partie au Vietnam pour<br />
trois mois, en mission, el<strong>le</strong> s'occupe d'un grand projet<br />
événementiel, el<strong>le</strong> sera <strong>de</strong> retour dans un mois à peine , <strong>le</strong><br />
15 Septembre. Vous êtes sur Paris pour combien <strong>de</strong> temps<br />
au juste ?<br />
- 119 -
VMI<br />
ROMAN<br />
(Déçu)<br />
Fin <strong>de</strong> semaine <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> la représentation, j'aurai aimé la<br />
revoir<br />
ELSA QUIVIR<br />
(Déçue aussi)<br />
Prolongé<br />
ROMAN<br />
Je ne peux pas, nous enchaînons à Las Vegas, nous avons<br />
décroché un contrat <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans pour une permanente<br />
ELSA QUIVIR<br />
(Contente mais malgré tout déçue)<br />
C'est fabu<strong>le</strong>ux, un spectac<strong>le</strong> permanent à Las Vegas !<br />
ROMAN<br />
Oui, je pense que ce sera bien, mais vous pourrez lui dire,<br />
quand vous la reverrez, que j'ai cherché, vraiment cherché à<br />
la revoir, enfin vous lui direz<br />
ELSA QUIVIR<br />
Je n'y manquerai pas, comptez sur moi<br />
ROMAN<br />
Au revoir Elsa, et embrassez Gloria pour moi<br />
ELSA QUIVIR<br />
Au revoir et à bientôt j'espère<br />
Roman s'éloigne vers la porte.<br />
Elsa reste à son pupitre et <strong>le</strong> regar<strong>de</strong> s'éloigner.<br />
FIN<br />
- 120 -