Dervin, F. (2006 c).

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Vol. 19, n° 110
Articles
année de français à l’université finlandaise sur le temps “français” et
d’aller voir du côté des écrits en français ce qui est dit à propos de la
Finlande.
Le dernier livre “document” sur la Finlande a été écrit par
Philippe Guicheteau, un Français qui vit à Helsinki, et qui s’intitule
Courrier de Finlande. L’auteur écrit : « Le temps est un concept
objectif en Finlande, une sorte de ligne graduée sur laquelle le
présent se déplace comme un stylo sur une règle […]. Dans cette
conception du temps, le retard est une faute consistant à laisser
l’autre dans la solitude. En règle générale, les Finlandais sont
patients mais ne tolèrent pas le retard […]. Pas de doute que chez
nous aussi le temps est une mesure, dans le monde du travail en
particulier, car il faut bien gérer les rapports, organiser des
réunions à une heure et d’une durée précises. Mais en dehors de
ces obligations-là , le temps me semble surtout une sorte de grand
sac au volume plus ou moins défini dans lequel nous logeons ce que
nous voulons, comme nous l’entendons. Autrement dit, le temps est
un outil dont nous nous équipons en cas de besoin. Sinon nous le
rangeons. Tout se passe comme si le temps nous appartenait ; il
devient alors ductile, ce que les Finlandais me paraissent
ignorer » 30 .
Philippe Guicheteau, tout en parlant du temps finlandais, donne
des indications sur ses représentations du temps “à la française” (le
retard, la souplesse) et fait preuve d’ethnocentrisme (il fait une comparaison
entre “eux” et “nous”). Ces mêmes représentations se
retrouvent dans les réponses à la question que nous avons posé à dix
étudiants finlandais de première année en études françaises qui
n’avaient pas visité la France : « Comment percevez-vous le temps “à
la française” ? » :
— « Ils [les Français] sont souvent en retard, ce qui est une question
de la [sic] culture » ;
— « Le temps pour les Français est une conception souple : on faire
[sic] ça si on a le temps, autrement on ne fait pas » ;
— « Ils n’ont pas d’horaires stricts, ils sont toujours en retard » ;
30. GUICHETEAU, Philippe, Courrier de Finlande, Sunnuntaikirjeitä Suomesta, Helsinki : Kustannusosakeyhtiö
Tammi, 1999, 223 p. Le gras est de notre fait.