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Dervin, F. (2006 c).

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6<br />

Vol. 19, n° 110<br />

Articles<br />

(au sens générique), contribue au déroulement (bon ou mauvais) des<br />

actes communicatifs (par exemple le retard d’un interlocuteur peut<br />

agacer l’autre).<br />

Temps et mobilité académique<br />

Le contact direct même permet, contrairement aux idées reçues,<br />

d’aviver les stéréotypes liés au temps. Puisque notre étude porte sur<br />

les étudiants en séjour à l’étranger, il serait souhaitable de “fouiller”<br />

dorénavant le temps de l’étranger dans un pays d’accueil. La sociologie<br />

de l’étranger du siècle dernier l’a bien souligné : l’étranger a<br />

son propre temps codifié, un temps différent du natif, et il doit, a-ton<br />

dit, s’adapter au temps “autre”. En outre, et nous faisons référence<br />

ici à Alfred Schütz, «aussi, du point de vue du nouveau groupe,<br />

l’étranger est toujours un homme sans histoire » 24 . L’étranger est<br />

donc un homme sans passé qui ne vit qu’au présent et pour<br />

l’avenir… surtout aux yeux de l’Autre. Son passé étant “invisible”,<br />

l’Autre a du mal à le classer, à le saisir. Son présent est épaissi en<br />

événements (tout est nouveau et mène à des rites de passage),<br />

l’avenir est incertain (va-t-il rester dans le pays d’accueil ? repartir ?).<br />

Michel Maffesoli écrit : « Il est [l’étranger] le vagabond en puissance,<br />

et peut repartir à tout moment, en rompant les liens qu’il a tissés » 25 .<br />

Ainsi, le temps historique de l’étranger “inquiète” l’Autre. Enfin,<br />

l’étranger est perçu comme vivant entre deux temps : celui de son<br />

pays d’origine et celui du pays d’accueil. Julia Kristeva explique<br />

d’ailleurs que la raison pour laquelle il y a une méfiance envers<br />

l’étranger, c’est qu’il n’a pas véritablement “abandonné” sa patrie et<br />

les caractéristiques qu’il y a acquises 26 .<br />

Il y a eu, cependant, une évolution depuis les écrits fondateurs de<br />

la sociologie de l’étranger. La recherche postmoderne montre que<br />

tout être social, au XXI e siècle, est susceptible d’être étranger à tout<br />

moment 27 . Ainsi, les pressions d’adaptation, d’intégration à une<br />

société étrangère sont moins marquées : l’étranger peut vivre dans<br />

24. SCHÜTZ, Alfred, L’étranger, Paris : Éditions Allia, 1966, 77 p. (voir p. 20).<br />

25. MAFFESOLI, Michel, Du nomadisme. Vagabondages initiatiques, Paris : Éd. Le Livre de Poche,<br />

1997, 181 p. (voir p. 129).<br />

26. Cf. KRISTEVA, Julia, Étrangers à nous-mêmes, Paris : Éd. Fayard, 1988, 293 p.<br />

27. Ibidem ; HARMAN, Lesley, The modern stranger : on language and membership, Berlin : Mouton<br />

de Gruyter Press, 1988, 182 p.

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