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Dervin, F. (2006 c).

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Vol. 19, n° 110<br />

Articles<br />

dessus » de ce temps, ils pensent vivre « un temps dans un temps »<br />

(celui du “cocon” Erasmus).<br />

Discussion et conclusion<br />

« Le voyage, c’est réapprendre à douter, à penser, à contester » 45 .<br />

Cette étude nous a permis de traiter du temps et de ses<br />

représentations chez un petit groupe d’étudiants Erasmus français<br />

après un séjour de neuf mois en Finlande. D’après les réponses aux<br />

questions, les étudiants portent un regard clairement stéréotypé sur<br />

le temps “à la finlandaise” et “à la française”. Un effort de décentration<br />

face à l’autre temps imaginé ne s’est pas fait jour, et<br />

diverses critiques sont d’ordre ethnocentrique, voir intolérantes. Il s’est<br />

également dégagé de notre analyse que les étudiants Erasmus français<br />

disent vivre à la fois un temps français codifié (le retard autorisé “à<br />

la française”, contacts avec la France avec décalage horaire, moins<br />

une heure) et un temps étudiants Erasmus/étudiants étrangers<br />

codifié (celui des “tribus” Erasmus 46 ), tout en se “risquant” à<br />

s’adapter au temps codifié (celui de l’université) et naturel finlandais<br />

(saisons). Aucune mention n’a été faite d’une éventuelle adaptation<br />

au temps de la société finlandaise de façon plus générale.<br />

Il est surprenant de constater que les étudiants français ont vécu<br />

leur expérience Erasmus dans une sorte d’hybride temporel, un vagabondage<br />

à la fois temporel (un temps ni français, ni finlandais, ni<br />

Erasmus, mais un mélange) et identitaire. Leur composante<br />

temporelle française est tout de même remise en cause : ils voient la<br />

différence de gestion du temps des autres et interrogent<br />

involontairement sur le bien-fondé de celle-ci (mais ne se<br />

questionnent pas vraiment sur leur gestion du temps).<br />

À l’étranger, on peut opter pour différentes réactions face au<br />

temps de l’Autre :<br />

45. MICHEL, Franck, Désirs d’ailleurs : essai d’anthropologie des voyages, Strasbourg : Éditions<br />

Histoire & Anthropologie, 2002, 367 p. (voir p. 21).<br />

46. Notre recherche actuelle tente d’appliquer aux séjours des étudiants Erasmus les théories<br />

postmodernes sur les sociétés contemporaines. On y trouve, entre autres, le paradigme du<br />

tribalisme de Michel Maffesoli qui, d’après nos hypothèses, est confirmée par l’expérience<br />

Erasmus. Se reporter à MAFFESOLI, Michel, Le temps des tribus, Paris : Éd. Table ronde,<br />

2000, 330 p.

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