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12.07.2013 Views

Arts, sociétés, cultures Art, espace, temps Arts, États et pouvoir Arts, mythes et religions Arts techniques, expressions Nom de l’œuvre - Nom de l’auteur ou de l’artiste NUIT ET BROUILLARD Ŕ ALAIN RESNAIS Reproduction de l’œuvre : Un film d’Alain Resnais (1955), texte de Jean Cayrol dit par Michel Bouquet. 32 min. Arts, ruptures, continuités […]Les bulldozers de Bergen-Belsen, un des temps forts de Nuit et Brouillard. Ces images ont fait le tour du monde et sont devenues en quelque sorte emblématiques de la barbarie nazie. La vue de ces corps totalement décharnés, repoussés et disloqués par l’avancée de la machine comme autant d’ordures dans une benne, ne pouvait manquer de frapper les esprits, même à la fin d’une guerre épouvantable […]. Réalisé dix ans après la fin de la guerre, Nuit et Brouillard reste tributaire de la perception que l’on pouvait avoir du phénomène dans les années 1950. À cette époque, le souvenir de la déportation est véhiculé en premier lieu par les déportés politiques et leurs associations. « Toute la force du film réside dans le ton adopté par les auteurs : une douceur terrifiante ; on sort de là ravagé, confus et pas très content de soi. »F Truffaut (1975). Comment rendre compte de l’indicible en sachant que ni les mots ni les images n’y parviennent vraiment, comment continuer à en parler sans tomber dans la banalisation de l’horreur ? De ce point de vue, Nuit et Brouillard demeure une œuvre inégalée. On distinguera les types d’images utilisées par Alain Resnais : – les images tournées en 1955 en couleurs, à Auschwitz ; – celles tirées des archives nazies : beaucoup de photos fixes ; – celles des cinéastes des armées alliées qui ont ouvert et « nettoyé » les camps en 1945. Alain Resnais a eu notamment accès à certaines séquences tournées par Sidney Bernstein, chef de la section cinéma des armées alliées à l’ouverture du camp de Bergen-Belsen dans le but de faire le procès des Allemands. Le projet du film avait été abandonné en 1946. Cependant, Le commentaire de J. Cayrol et les images d’A. Resnais gardent aujourd'hui une grande force. Ainsi, les dernières paroles du film, sur un travelling arrière des chambres à gaz dynamitées : « Qui de nous veille de cet étrange observatoire, pour nous avertir de la venue des nouveaux bourreaux ? Ont-ils vraiment un autre visage que le nôtre ? Quelque part parmi nous il reste des kapos chanceux, des chefs récupérés, des dénonciateurs inconnus … Il y a tous ceux qui n’y croyaient pas, ou seulement de temps en temps. Il y a nous qui regardons sincèrement ces ruines comme si le vieux monstre concentrationnaire était mort sous les décombres, qui feignons de reprendre espoir devant cette image qui s'éloigne, comme si on guérissait de la peste concentrationnaire, nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps et d’un seul pays, et qui ne pensons pas à regarder autour de nous, et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. » Arts de l’espace Arts du son Arts du langage De l’Antiquité au IXème siècle Du IXème siècle À la fin du XVIIème s. XVIIIème et XIXème siècles Le XXème siècle et notre époque Arts du quotidien Arts du spectacle vivant Arts du visuel

Arts, sociétés, cultures Art, espace, temps Arts, États <strong>et</strong> pouvoir<br />

Arts, mythes <strong>et</strong> religions Arts techniques,<br />

expressions<br />

Nom de l’œuvre - Nom de l’auteur ou de l’artiste<br />

NUIT ET BROUILLARD Ŕ ALAIN RESNAIS<br />

Reproduction de l’œuvre : Un film d’Alain Resnais (1955), texte de Jean Cayrol dit par<br />

Michel Bouqu<strong>et</strong>. 32 min.<br />

Arts, ruptures,<br />

continuités<br />

[…]Les bulldozers de Bergen-Belsen, un des temps forts de Nuit <strong>et</strong> Brouillard. Ces images ont fait le tour du<br />

monde <strong>et</strong> sont devenues en quelque sorte emblématiques de la barbarie nazie. La vue de ces corps<br />

totalement décharnés, repoussés <strong>et</strong> disloqués par l’avancée de la machine comme autant d’ordures dans une<br />

benne, ne pouvait manquer de frapper les esprits, même à la fin d’une guerre épouvantable […].<br />

Réalisé dix ans après la fin de la guerre, Nuit <strong>et</strong> Brouillard reste tributaire de la perception que l’on pouvait<br />

avoir du phénomène dans les années 1950. À c<strong>et</strong>te époque, le souvenir de la déportation est véhiculé en<br />

premier lieu par les déportés politiques <strong>et</strong> leurs associations.<br />

« Toute la force du film réside dans le ton adopté par les auteurs : une douceur terrifiante ; on sort de là<br />

ravagé, confus <strong>et</strong> pas très content de soi. »F Truffaut (1975). Comment rendre compte de l’indicible en<br />

sachant que ni les mots ni les images n’y parviennent vraiment, comment continuer à en parler sans tomber<br />

dans la banalisation de l’horreur ? De ce point de vue, Nuit <strong>et</strong> Brouillard demeure une œuvre inégalée.<br />

On distinguera les types d’images utilisées par Alain Resnais :<br />

– les images tournées en 1955 en couleurs, à Auschwitz ;<br />

– celles tirées des archives nazies : beaucoup de photos fixes ;<br />

– celles des cinéastes des armées alliées qui ont ouvert <strong>et</strong> « n<strong>et</strong>toyé » les camps en 1945. Alain Resnais a eu<br />

notamment accès à certaines séquences tournées par Sidney Bernstein, chef de la section cinéma des armées<br />

alliées à l’ouverture du camp de Bergen-Belsen dans le but de faire le procès des Allemands. Le proj<strong>et</strong> du film<br />

avait été abandonné en 1946.<br />

Cependant, Le commentaire de J. Cayrol <strong>et</strong> les images d’A. Resnais gardent aujourd'hui une grande force.<br />

Ainsi, les dernières paroles du film, sur un travelling arrière des chambres à gaz dynamitées : « Qui de nous<br />

veille de c<strong>et</strong> étrange observatoire, pour nous avertir de la venue des nouveaux bourreaux ? Ont-ils vraiment<br />

un autre visage que le nôtre ? Quelque part parmi nous il reste des kapos chanceux, des chefs récupérés, des<br />

dénonciateurs inconnus … Il y a tous ceux qui n’y croyaient pas, ou seulement de temps en temps. Il y a nous<br />

qui regardons sincèrement ces ruines comme si le vieux monstre concentrationnaire était mort sous les<br />

décombres, qui feignons de reprendre espoir devant c<strong>et</strong>te image qui s'éloigne, comme si on guérissait de la<br />

peste concentrationnaire, nous qui feignons de croire que tout cela est d’un seul temps <strong>et</strong> d’un seul pays, <strong>et</strong><br />

qui ne pensons pas à regarder autour de nous, <strong>et</strong> qui n’entendons pas qu’on crie sans fin. »<br />

Arts de l’espace<br />

Arts du son<br />

Arts du langage<br />

De l’Antiquité au<br />

IXème siècle<br />

Du IXème siècle<br />

À la fin du XVIIème s.<br />

XVIIIème <strong>et</strong> XIXème siècles<br />

Le XXème siècle<br />

<strong>et</strong> notre époque<br />

Arts du quotidien<br />

Arts du spectacle vivant Arts du visuel


Brève biographie de l’auteur ou de l’artiste<br />

L'œuvre de Resnais dénote une profonde unité car elle rem<strong>et</strong> en cause les codes de la narration cinématographique<br />

traditionnelle, « trop soumis aux péripéties », selon le cinéaste André Delvaux. A 14 ans, Alain Resnais tourne ses<br />

premiers films avec une caméra 8 mm. Il commence sa carrière en tournant de nombreux courts-métrages comme<br />

Van Gogh en 1948 ou Guernica en 1950. Mais c’est son documentaire Nuit Et Brouillard (1955), que les camps<br />

d’extermination nazis, qui le révèle. Que ce soit dans ses films documentaires ou de fiction, Alain Resnais est réputé pour<br />

son travail de documentation méticuleux. « Je commence en général par repérer tout seul les lieux de tournage.<br />

Au début de la Nouvelle Vague, sa première fiction, Hiroshima Mon Amour (1959), révolutionne les conceptions<br />

classiques de narration de l’époque. Il y expose sa problématique de la mémoire <strong>et</strong> de la destruction du récit. Cinéaste<br />

engagé, les thèmes de la guerre <strong>et</strong> de la politique sont également très présents dans son œuvre (Stavisky en 1974).<br />

Alain Resnais s’est souvent entouré d’écrivains pour écrire ses scénarios. En 2009, il est sélectionné pour la sixième fois<br />

de sa carrière en compétition au Festival de Cannes pour son film Les Herbes Folles où il reçoit des mains de la<br />

Présidente du Jury Isabelle Huppert le Prix exceptionnel du Festival de Cannes.<br />

Contexte (historique, social, artistique …)<br />

« Nuit <strong>et</strong> Brouillard, commandé par le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale pour le dixième anniversaire de la<br />

libération des camps de concentration obtient son visa d’exploitation au prix d’une altération d’un document<br />

photographique de 1941, où l’on voyait le képi d’un gendarme français au camp de rassemblement des futurs déportés de<br />

Pithiviers.<br />

Une volonté d’amnésie, dix ans après la fin de la guerre, révélatrice du désir de refouler certaines taches de la police<br />

française sous l’Occupation, afin de ne pas troubler l’imagerie d’une France uniment résistante. Or l’incroyable est vrai : les<br />

copies en circulation de Nuit <strong>et</strong> Brouillard perpétuent ce mensonge par omission.<br />

À l’annonce du choix de Nuit <strong>et</strong> Brouillard pour représenter la France au festival de Cannes, l’ambassade d’Allemagne de<br />

l’Ouest fit une démarche, couronnée de succès, auprès du gouvernement de Guy Moll<strong>et</strong> pour faire r<strong>et</strong>irer le film de la<br />

sélection officielle. L’affaire Nuit <strong>et</strong> Brouillard venait de commencer. Outre les protestations nombreuses (y compris en<br />

Allemagne même, de l’opposition SPD à Adenauer), s’ensuivit une campagne de presse en faveur du film.<br />

Jean Cayrol, le scénariste, s’exprima publiquement : « La France refuse ainsi d’être la France de la vérité, car la plus grande<br />

tuerie de tous les temps, elle ne l’accepte que dans la clandestinité de la mémoire. [...] Elle arrache brusquement de<br />

l’histoire les pages qui ne lui plaisent plus, elle r<strong>et</strong>ire la parole aux témoins, elle se fait complice de l’horreur. [...] Mes amis<br />

allemands [...], c’est la France elle-même qui fait tomber sa nuit <strong>et</strong> son brouillard sur nos relations amicales <strong>et</strong><br />

chaleureuses. » (Le Monde, 11 avril 1956.)<br />

Nuit <strong>et</strong> Brouillard donne une chronologie peu précise. C’est la vision qu’on avait en 1955 : un choc global. Aujourd’hui, une<br />

étude historique plus nuancée est menée. Les deux grandes périodes de la politique concentrationnaire allemande.<br />

– 1933-1941 : création des principaux camps de concentration, Dachau (1933), Buchenwald (1937), Auschwitz (1940). On<br />

recherchera qui sont les premiers prisonniers des camps de concentration <strong>et</strong> leur fonction initiale pour les nazis. À quelle<br />

date peut-on parler de déportés ? (1938 : les premiers prisonniers non allemands des camps sont autrichiens <strong>et</strong> tchèques.)<br />

Avec le début de la seconde guerre mondiale, on relèvera les changements principaux dans l’origine nationale des déportés.<br />

Dans quel pays conquis les nazis multiplient-ils les camps ?<br />

– 1941-1945 : camps de concentration <strong>et</strong> d’extermination. En quoi la mise en place de la « solution finale » (conférence de<br />

Wannsee en janvier 1942) change-t-elle radicalement la nature de certains camps ? À partir de témoignages, on<br />

reconstituera la journée d’un déporté à Buchenwald. Quelle est la spécificité d’Auschwitz-Birkenau ? On relèvera des<br />

exemples de l’intégration des camps de concentration à l’économie de guerre allemande. En quoi les camps<br />

d’extermination échappent-ils à c<strong>et</strong>te intégration ?<br />

Œuvres liées, références, <strong>et</strong>c.<br />

http://www.ecrannoir.fr/real/france/resnais.htm<br />

http://nezumi.dumousseau.free.fr/resnfilmo.htm#nuit<br />

BOULANGER Roger, La Déportation racontée à des jeunes, CRDP de Champagne-Ardenne, 2004.<br />

Sylvie Lindeperg, « "Nuit <strong>et</strong> brouillard", Récit d'un tournage », in L'Histoire, n o 294, 2005<br />

Sylvie Lindeperg, "Nuit <strong>et</strong> Brouillard". Un film dans l’histoire, Odile Jacob, Paris, 2007<br />

Maurice CLING, Le Patriote Resistant, Février 2003, N° 760

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