(Emma Lajeunesse) / par Napoléon Legendre

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— 6 — lui était donné do jeter un coup d'œil dans la coulisse ou dans la salle d'exercico ; s'il pou vait voir combien ce qu'on est convenu d'ap peler la ficelle tient plutôt du cablo et do la chaîne ; comme il changerait d'idée ! Cepen dant, on admirerait-il plus les uns et les autres ? Nous croyons quo non. Car, dans ce monde, tout singulier que cola paraisse, la fiction est plus forte quo la réalité : et l'on plourera toujours plus volontiers sur lo malheur sup posé de l'Eléonoro du Trouvère que sur les angoisses réelles do l'artiste qui est peut-être obligée de chanter co rôle pendant que chez elle los cierges brûlent dans une chambre mortuaire, près du corps d'un parent chéri. Nous avons déjà ou occasion de dire que- notro jeune musicienne, tout en cultivant son art, n'entendait pas rononcer complètement aux amusements do son âgo; elle conservait donc un goût prononcé pour lo jeu et le tapage.
_7 — Après tout, à cet âge, la choso est si naturelle ! Mais elle se laissait emporter souvent au delà des limites qu'une raison plus froide dovait établir. De là aussi, maintos fois, de ces petites scènes de famille entre la fille ot le père : remontrances d'un côté, pleurs ot colères de l'autre. M. Lajeunesse avait trouvé, à Montréal, dans la personne do M. Guillaume David, alors célibataire aisé, un ami et un protecteur pré cieux. Ce digne citoyen avait conçu une affection toute paternelle pour la petite Emma. Ello no l'appelait pas autromont quo l'oncle Guillaume. Aussi, combien de fois no l'a-t-il pas consolée de ses chagrins d'enfant ; com bien de fois n'a t-il pas rétabli entre la fille et le père une paix que ce dernier ne demandait qu'tl signer jusqu'à la prochaine escapade de notre espiègle enfant. Madame Lavigne, la mère de notre violo-
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