(Emma Lajeunesse) / par Napoléon Legendre

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— 18 — —Cela me fait mal aux doigts. —Voyons ! montro un peu tes mains. Elle n'eut garde do lo faire ; au contraire, elle se fourra les mains sous son tablier, dans la crainte de trahir sa conduite. M. Lnjeunesse so fâche et insiste. L'enfant s'entête do son côté, tant et si bien qu'à la fin, la colère l'emportant, elle saisit la harpe et se met à courir des gammes éehevclées, pendant que la douleur lui crispo le» nerfs. Malheureusement lo doigt nialado so prend dans une corde fine, et l'ongle tout entier s'en détache. Emma tombe évanouie sur lo parquet ot son père a tout juste le temps dessaisir le lourd instrument qu'ollo entraînait dans sa chute et qui lui eût brisé la tête. Kilo revint difficilement à elle, et lo doigt blessé fut longtemps sérieusement compromis. Enfin, à force de soins, laguérison fut amenée, et les études reprirent peu à peu leur cours
— 19 - accoutume. Nous sommes certain, cependant, que la grande cantatrice so rappelle encoro avec une' vivo émotion cet épisode do son enfance. Uuo des choses sur lesquelles M. Lajouncsso insistait beaucoup, dans les leçons qu'il don nait il sa tille, c'était la lecture à première vue. Il lui faisait déchiffrer toute la musique qui lui tombait sous la main: une ouverture classique ou une jJolka de salon, u;ie sonate ou uno par tition d'opéra réduite pour le piano. Elle avait pour ce travail uno aptitude extraordinaire. Emma Lnjcnncsso avait cela do connu un avec notre pianiste distingué, Calixa Luvaliéo : elle jouait un morceau par intuition ; elle devinait plutôt qu'elle î.e lirait. M. Lajouncsso était extraordi::a!roment fior de ce talent ; mais il y avait uno cho.o iurtout qui lo transportait d'aise. —Jo lui met; so..a les yo. x, disait-il, uno
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