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Villes et finances municipales - Blue acacia

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éformes. Et faire c<strong>et</strong>te grande réforme dans le domaine municipal, dans le domaine de la démocratie<br />

municipale, de l’aménagement du territoire, voire des fiscalités, ça perm<strong>et</strong>tait au gouvernement de<br />

s’enorgueillir, d’avoir écouté les municipalités, <strong>et</strong> d’avoir répondu à leurs appels. C’est le contexte<br />

favorable dans lequel a pu se dérouler c<strong>et</strong>te réforme.<br />

Ce que je propose, c’est de développer dans chacun de vos pays une stratégie vers l’autonomie avec<br />

l’urbanisation croissante que nous connaissons, avec les problèmes de développement urbain<br />

important. Il y a un contexte pour favoriser, ensemble, l’accroissement des responsabilités <strong>municipales</strong>,<br />

il y a des enjeux, il y a des enseignements stratégiques que l’on peut dégager de l’expérience du<br />

Québec. Le premier, c’est que les municipalités doivent identifier clairement leurs objectifs en matière<br />

de fiscalité. Se définir une revendication claire <strong>et</strong> l’a défendre durant des années sinon des décennies.<br />

Il faut avoir une idée claire de ce que l’on veut des associations <strong>municipales</strong> dans chacun de vos pays.<br />

Un deuxième enseignement stratégique, c’est qu’un pays ne peut pas transformer toutes ses structures<br />

politiques, économiques, en même temps, mais quand il est prêt à s’occuper des questions locales, il<br />

faut que les membres des unions <strong>municipales</strong>, les dirigeants des villes, soient prêts à dire « Oui, on est<br />

là, on est prêt à discuter, on est prêt à s’asseoir à la même table que vous, on est prêt à arriver à un<br />

consensus qui va accroître notre autonomie financière <strong>et</strong> va nous dégager ainsi une autonomie<br />

politique ». Un autre enseignement stratégique important de notre expérience, c’est qu’un nouveau<br />

système de valeurs doit apparaître. Les gouvernements supérieurs aiment se faire demander des<br />

subventions. Les gouvernements supérieurs aiment décider des priorités des gouvernements locaux <strong>et</strong><br />

cultiver de façon générale la dépendance des élus locaux. L’autonomie politique <strong>et</strong> l’autonomie<br />

financière constitue un autre système de valeurs complètement opposé. Il faut de longues années pour<br />

se substituer <strong>et</strong> convaincre les dirigeants des gouvernements nationaux qu’ils ont des avantages à<br />

donner des responsabilités à leurs élus locaux. Un autre enseignement de notre expérience, c’est que la<br />

démocratie locale est absolument reliée à l’autonomie financière <strong>et</strong> à l’autonomie politique locale. Il<br />

faut donc perm<strong>et</strong>tre l’existence des partis politiques municipaux, distincts <strong>et</strong> non alignés sur les partis<br />

politiques nationaux. Dans les plus p<strong>et</strong>ites villes, ce sont des équipes qui présentent, mais dans les plus<br />

grandes villes, il y a des partis politiques municipaux au Québec qui ne sont pas les succursales de<br />

leurs grands frères nationaux, elles s’entendent biens avec les grands frères nationaux, elles parlent,<br />

elles discutent avec ces partis nationaux, mais les partis politiques municipaux sont entièrement<br />

autonomes, ils ne sont pas des filiales ou des succursales des partis politiques nationaux, c’est<br />

essentiel. Et un dernier enseignement stratégique de l’expérience québécoise, c’est que pour favoriser<br />

l’autonomie locale <strong>et</strong> l’identification des élus municipaux à la défense des intérêts propres des<br />

collectivités locales, le gouvernement du Québec a interdit le cumul des fonctions. Un maire ou un<br />

conseiller municipal ne peut pas être en même temps député ou ministre à l’Assemblée nationale du<br />

Québec. Il ne peut pas être député ou ministre au gouvernement fédéral. C’est peut être une règle<br />

difficile à exporter mais l’expérience québécoise illustre qu’elle est probablement le meilleur moyen de<br />

promouvoir, dans la réalité, l’autonomie locale. Nous pourrions énoncer un nouvel adage, si vous me le<br />

perm<strong>et</strong>tez, « dis moi par qui tu es élu, je te dirais qui tu sers ! ». Ces quelques enseignements<br />

stratégiques veulent indiquer que l’autonomie politique <strong>et</strong> l’autonomie financière n’arrive pas par<br />

hasard. Ça arrive après des années de lutte, des années de communication, de concertation. Le modèle<br />

québécois est-il exportable ? La réponse est double. Oui, les principes de l’autonomie financière des<br />

collectivités locales peuvent avantageusement s’appliquer dans d’autres pays. Quant aux moyens qui<br />

ont été pris au Québec, ils ne sont pas exportables tels quels. Par exemple, la première condition pour<br />

exporter la réforme qui a été faite au Québec, c’est qu’il faut avoir un système de cadastre <strong>et</strong> un<br />

système d’évaluation foncière <strong>et</strong> un système de propriétés foncières bien identifiés pour que l’impôt<br />

foncier puissent donner une rentabilité. Ce n’est pas applicable actuellement dans beaucoup de pays.<br />

Alors, il faut identifier d’autres sources de financement qui sont applicables à votre milieu, des sources<br />

de financement que vous allez décider vous-mêmes <strong>et</strong> que vous allez percevoir vous-mêmes, parce que<br />

si c’est quelqu’un d’autre qui les perçoit à votre nom, il devra décider à votre place l’usage que vous<br />

voulez en faire. Les principes de la réforme sont applicables, que ce soit le rendement financier<br />

suffisant pour assurer vos responsabilités, que ce soit l’équité fiscale pour qu’il y ait un lien entre le<br />

bénéfice reçu <strong>et</strong> la taxation, que ce soit la simplicité administrative ou la neutralité du système. Une<br />

dernière question préalable, à toute réforme que vous voulez faire, il faut établir quelles sont les<br />

responsabilités ? Dans un autre pays, on peut décider de confier l’enseignement primaire <strong>et</strong> secondaire<br />

<strong>et</strong> le premier niveau de la santé à la municipalité ou à la collectivité locale. Ce n’est pas le choix qui a<br />

été fait au Québec. Mais d’autres pays peuvent choisir de dire, que l’éducation au niveau primaire, les<br />

garderies, le niveau de santé primaire, doivent être confiés aux collectivités locales. A ce moment là, si<br />

vous êtes d’accord, il faut déterminer les bonnes sources de revenus. L’entente qu’il y a eu au niveau<br />

du Québec a déterminé les responsabilités des élus municipaux, des collectivités pour dire quelle<br />

source de financement est la plus cohérente pour assurer de façon autonome ces responsabilités.<br />

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