Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
ments ou au niveau du pouvoir exécutif. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, sur
l’agenda de nombreuses associations de femmes de la société civile, est inscrite la question
de la représentation mais, surtout, la question de la parité. Rappelons-nous le slogan
de la campagne du Conseil sénégalais des femmes aux élections présidentielles de
2007 : « Avec la parité, consolidons la démocratie ».
La question de la représentation et du droit n’a pas simplement été réduite à l’espace
politique mais a aussi interpellé la sphère privée. On peut convoquer le concept
de circulation entre privé et public utilisé par Geneviève Fraisse pour voir comment la
femme articule un discours qui déconstruit la modernité conçue par l’État afin de
construire une autonomie citoyenne. Si la démocratie est une figure de la modernité,
et si la citoyenneté est appartenance à cette modernité alors la question que nous nous
posons aujourd’hui, à savoir « comment déconstruire la civilité ? », signifie comment
déconstruire l’ordre convenu de la police de la cité, qui est exclusif pour produire, par
les aspects positifs de la mondialisation, un nouvel ordre politique inclusif, trouvant son
sens dans ce que j’appelle la convivialité.
Je dirais en conclusion, que dans un contexte nouveau où, cependant, beaucoup de
choses sont installées depuis très longtemps, c’est pour ne pas être privées de leurs droits
et pour les faire respecter que les associations de femmes ont fait de leur accès aux instances
de décisions un véritable cheval de bataille. Tout ne se règle pas là, mais les
femmes adoptent des démarches de plus en plus stratégiques comme, par exemple, des
actions concrètes pour l’inscription sur les listes électorales. Et si elles ont aujourd’hui
compris l’interaction entre genre, citoyenneté et développement, c’est qu’il ne peut pas
y avoir de développement là où il n’y a pas de citoyenneté effective, ce qui impose de
prendre en charge la question du genre. Je termine en disant ceci : pour les femmes
c'est vraiment le début de l’histoire. Quand on recouvre sa voix, quand on commence
à parler, on est au début de son histoire. Les femmes se débattent en Afrique, et du fait
du contexte géopolitique, avec le quotidien, avec le présent, avec le « temps court ». Pour
beaucoup d'entre elles il n’est pas question aujourd’hui de vie : il est question de survie
sur un continent qui est devenu un enjeu pour tout le monde, sauf peut-être pour
ses propres élites.