Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
En Afrique, l'emploi à temps plein représente officiellement 37 % des actifs. Des
études récentes estiment ce chiffre à plus de 40 %. Actuellement, moins de cinquante
pour cent de la population active occupent des emplois à temps plein (Bramble et Marchiesi,
2003). Une inflation galopante et des dévaluations soudaines et fréquentes maintiennent
les salariés au-dessous du seuil de pauvreté. Des conditions de travail
inacceptables sont endémiques sur notre continent. En 1960, 20 % des travailleurs vivant
dans les pays les plus riches percevaient un revenu 30 fois supérieur à celui des
20 % de travailleurs les plus pauvres du monde. En 1995, cette différence s'élevait à 82
fois (van Stijn 2002, 342) et l'Afrique, en particulier, est l'une des régions les plus touchées.
Thomas 2 estime que nulle part ailleurs dans le monde, les marchés du travail
n'offrent aussi peu de perspectives d'avenir aux demandeurs d'emploi désireux de gagner
leur vie.
Les défis à relever à l'avenir
Libérés du joug d'un parti ou d'un gouvernement, les syndicats se battent dorénavant
dans de nombreux pays pour trouver leur place au sein du nouvel ordre démocratique.
Autonomie et démocratie ont ouvert la voie au pluralisme syndical.
À l'heure actuelle, la plupart des mouvements syndicaux se sont certes affranchis de
la tutelle d'un parti, mais se trouvent confrontés à un autre problème : la diminution
considérable, liée à des réductions de coûts massives, du nombre de travailleurs qui, en
tant qu’adhérents, constituaient la base économique des organisations.
Il leur faut également traiter les problèmes immédiats de salaires et de conditions
de travail de leurs adhérents affectés par l'instabilité de l'économie. Les contrats de travail
ne sont même plus garants de sécurité à une époque où la mondialisation se propage
rapidement, envahissant le secteur privé.
Les syndicats représentent en priorité leurs membres, mais également tous les travailleurs.
Face à une économie informelle qui fait tache d'huile, les syndicats africains
se doivent d'aider les travailleurs non déclarés, sans protection et généralement exploités
de cette frange de l'économie pour leur permettre de s'organiser, obtenir de meilleures
conditions de travail et faire entendre leur voix.
Malgré les obstacles susmentionnés, l'aggravation du marasme économique des années
1980 a placé les syndicats en position défensive, les forçant à se battre désespérément
pour préserver au moins les intérêts les plus fondamentaux de leurs membres :
l'emploi, le pouvoir d'achat et la justice sociale. En Guinée, par exemple, les crises ont
déclenché les protestations des syndicats qui ont essayé, en vain, de faire pression sur
le gouvernement afin qu'il adopte une meilleure politique. Loin d'être rebutés par cet
échec, les syndicats ont appelé à une grève nationale qui a obligé en dernier ressort le
gouvernement à prendre des mesures dans l'intérêt des masses. Au Ghana dernièrement,
le Ghana Trade Union Congress (GTUC) s'est opposé notamment à la vente de
la Agricultural Development Bank (Banque de développement agricole) et à la privati-
2 Thomas, H. (1995), Globalisation and Third World Trade Unions: the Challenge of Rapid economic
Change.