Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Session 1 - Deuxième partie 89<br />
des ré<strong>du</strong>ctions de coûts massives :<br />
la perte de la souveraineté gouvernementale en faveur des institutions issues des<br />
accords de Bretton Wood ;<br />
la suspension des subventions dans les domaines de l'alimentation, des ressources<br />
électriques, hydrauliques, de l'é<strong>du</strong>cation et de la santé ;<br />
la privatisation des in<strong>du</strong>stries nationalisées, entraînant une désin<strong>du</strong>strialisation.<br />
En Afrique, contrairement à d'autres pays émergents <strong>du</strong> sud-est asiatique, par exemple,<br />
la récession économique s'est installée, détruisant toute chance de modernité. Le<br />
développement in<strong>du</strong>striel effréné a appauvri la majorité des travailleurs et de la population,<br />
entraînant une montée en puissance de la criminalité et de l'instabilité sociale.<br />
Entre 1980 et 1989, par exemple, le taux de croissance annuel moyen <strong>du</strong> PIB brut s'est<br />
élevé à 1,3 %, le taux de pro<strong>du</strong>ction moyen à 1,2 % dans le secteur in<strong>du</strong>striel et à 1,3 %<br />
dans le secteur agricole (Banque mondiale, 1989).<br />
<strong>Les</strong> conséquences pour le marché <strong>du</strong> travail ont également été négatives : jusque<br />
dans les années 1970, les résultats économiques avaient ouvert la voie à de nouvelles in<strong>du</strong>stries<br />
et à la modernisation des services créateurs d'emplois. Au moment de l'intro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>du</strong> PAS, le secteur public représentait 70 à 75 % de l'économie officielle, contre<br />
10 à 20 % seulement à l'heure actuelle. Selon Vandemoortele, le chômage officiel et déguisé<br />
en Afrique a augmenté de 17 % entre 1980 et 1988 – soit quatre fois plus rapidement<br />
qu'au cours des années soixante-dix (Vandamoortele, 1991, 84). En moyenne,<br />
on a constaté une diminution des salaires effectifs de 25 % entre 1980 et 1985 (Mihyo<br />
et Sschphorst 1995), une baisse des salaires encore plus nette dans des pays tels que le<br />
Ghana, le Sierra Leone et la Zambie ; dans de nombreux pays, les forces armées ont pris<br />
prétexte de la persistance des déséquilibres et des crises politiques pour justifier des<br />
coups d’état dont les répercussions ont été désastreuses pour les mouvements syndicaux<br />
et les populations d'Afrique.<br />
Le très controversé PAS a multiplié les difficultés, accru les dettes, maintenu les<br />
privilèges de quelques nantis, plongé la majorité de la population dans la précarité et<br />
abouti pratiquement à la disparition de la classe moyenne. La situation n'a cessé d'empirer,<br />
toute contestation ouverte est devenue impossible, et le sentiment d'injustice a<br />
gagné en puissance.<br />
<strong>Les</strong> épreuves subies par le mouvement syndicaliste africain ont été aggravées par la<br />
mondialisation et ses conséquences. Ce système économique génère chômage et précarité,<br />
et détériore notamment les conditions de vie des Africains. Selon Robert Cox, la<br />
mondialisation a réparti le monde selon une structure pyramidale : à l'étage supérieur,<br />
ceux qui sont parfaitement intégrés dans ce système économique, y compris les salariés<br />
relativement privilégiés qui bénéficient de la stabilité de l'emploi. A l'étage intermédiaire,<br />
ceux qui récupèrent les miettes comme les travailleurs à temps partiel, les travailleurs<br />
occasionnels et les intérimaires. De toute évidence, l'Afrique se retrouve tout en<br />
bas de la pyramide 1 .<br />
1 Cox, R. W. (1971), Approaches to the Futurology of In<strong>du</strong>strial Relations, IILS - Bulletin 8. (cité dans<br />
van Stijn 2002).