Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
ration pour de nombreux leaders politiques. Le modèle participatif ultérieur, alternative<br />
de développement issue directement de la tradition africaine de démocratie et de<br />
coopération, était nécessaire pour mettre en place une économie auto-suffisante tout en<br />
restructurant l'ordre politique et social. Ce type émergent de relations sociales dans le<br />
secteur de la pro<strong>du</strong>ction a également permis de promouvoir l'é<strong>du</strong>cation, la mobilité<br />
sociale, la prise de conscience politique et l'émancipation des travailleurs, des femmes<br />
en particulier. Kaunda, alors président de la Zambie et ancien membre d'un syndicat,<br />
a intro<strong>du</strong>it la « philosophie humaniste » et transformé une société où un très petit nombre<br />
tenait les rênes des entreprises capitalistes en une société fondée sur la dignité humaine<br />
et la justice sociale.<br />
Au cours des années soixante et 70, le mouvement syndicaliste a réussi à survivre<br />
au monopartisme et aux dictatures militaires. Pendant la période <strong>du</strong> parti unique, la<br />
« participation responsable », notamment dans les pays africains francophones, a fait <strong>du</strong><br />
mouvement syndicaliste le bras droit <strong>du</strong> parti dirigeant, réservant aux syndicats des<br />
sièges spéciaux au Parlement et un ou deux postes ministériels. La même chose s'est pro<strong>du</strong>ite<br />
pendant la dictature militaire : tous les partis d'opposition ont été interdits, mais<br />
le mouvement syndicaliste a été toléré.<br />
Phagocytés par le gouvernement, les syndicats se sont fon<strong>du</strong>s dans le système ; les dirigeants<br />
pensaient qu'ils pourraient ainsi mieux préserver les intérêts des travailleurs.<br />
Mais, en définitive, les engagements n'ont pas été tenus et les préoccupations réelles des<br />
travailleurs ont été ignorées. Pire encore, ceux qui, en de très rares occasions, se sont opposés<br />
à certaines politiques gouvernementales, ont été arrêtés, soumis à interrogatoire et<br />
pour certains, jetés en prison. <strong>Les</strong> dirigeants syndicaux, devenus ministres ou membres<br />
<strong>du</strong> Parlement, ont davantage travaillé dans l'intérêt <strong>du</strong> parti dirigeant que dans celui <strong>du</strong><br />
mouvement syndicaliste dont ils étaient issus, et se sont très vite retrouvés coupés de<br />
leur base, ce qui n'a pas empêché les travailleurs de prendre les choses en main et de lutter<br />
pour de meilleures conditions d'emploi, tout en se sentant profondément trahis par<br />
ces politiciens qui avaient jadis été à leur tête. De plus, les dirigeants qui n'ont pas abandonné<br />
le syndicat ont su faire face pour continuer à préserver les droits et intérêts de leurs<br />
adhérents. Dans d'autres pays, tels le Ghana, la junte militaire a court-circuité les syndicats<br />
en créant des comités de pro<strong>du</strong>ction et en multipliant les comités consultatifs nationaux<br />
chargés d'exécuter les directives <strong>du</strong> parti sur le lieu de travail.<br />
L'ère des programmes d'ajustement structurel :<br />
En avril 1980, l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) et la Commission économique<br />
africaine (CEA) ont organisé à Lagos un sommet des chefs d'État africains qui<br />
ont adopté le Plan d'action de Lagos (LPA) et l'Acte final de Lagos (AFL) visant à intégrer<br />
les économies africaines d'ici l'an 2000. La Banque mondiale a chargé le professeur<br />
Elliot Bargh d'étudier le LPA et l'AFL. Le rapport (le "Rapport Bargh") qu'il en a<br />
tiré battait en brèche toutes les propositions faites dans le LPA. Ses recommandations<br />
ont abouti au Programme d'ajustement structurel (PAS) que la Banque mondiale et le<br />
FMI ont imposé aux pays africains dès le début des années quatre-vingt jusqu'en 1999.<br />
La percée <strong>du</strong> PAS orthodoxe imposé par la Banque mondiale et le FMI aux pays africains<br />
contenait entre autres éléments :<br />
des taux d'intérêt élevés (30 % à 40 %) ;