Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Le regard de l'entreprise africaine
Papa Nalla Fall
Président d’Afric Gestion et de la Commission de la formation et de la valorisation
des compétences professionnelles du Conseil national du patronat du Sénégal
Le thème du colloque et ses différentes déclinaisons soulèvent des questions qui
agitent l’opinion des pays africains dont la plupart sont liés à l'Europe à travers l'Accord
de Cotonou dont un des piliers (le pilier commercial à travers les accords de partenariats
économiques) a défrayé la chronique nationale et internationale, ces derniers
temps.
Opportun, ce colloque fait suite à la rencontre de Lisbonne de décembre 2007 où
des positions de l'Afrique et celles de l'Europe par ailleurs, ont été exprimées de façon
tranchée, remettant en question les types de relations entre l'Afrique et l'Europe. À
cette rencontre de Lisbonne l'entreprise africaine a fait entendre sa voix par la représentation
de la Confédération panafricaine des employeurs.
Le Conseil national du patronat du Sénégal a effectivement quelques convictions
qui gouvernent sa participation à la construction de nouveaux types de rapports
Afrique-Europe.
Des défis doivent être relevés, des actions prioritaires sont à engager, une stratégie
doit être adoptée et l'entreprise est partie prenante dans ces nouvelles dynamiques.
LES ENJEUX ET LES DEFIS
Le continent constitue un théâtre d'opération important dans les nouveaux positionnements
géostratégiques des multinationales que supportent les grandes puissances
d'où elles sont originaires. La concurrence de ces multinationales en tant que nouveaux
pouvoirs est de plus en plus féroce amenant les États-Unis d'Amérique, le Japon, la
Chine, l'Inde et le Brésil, les pays des Émirats arabes à rechercher sur le continent, des
positionnements stratégiques de conquête de marchés. Ceci pose à l'Europe de nouvelles
exigences, et de nouvelles priorités sur le contenu et les modalités de son partenariat
avec l'Afrique.
Dans ce contexte, l'enjeu pour l'entreprise africaine est son développement, et la
construction d'alliance stratégique, soit sous la forme de poursuite des relations anciennes
avec les multinationales européennes, soit par la recherche d'alternatives viables.
Il ne s'agit pas de savoir à quelle sauce elle va être mangée (chinoise, américaine, indienne,
brésilienne, etc.), mais de définir une stratégie de croissance et de développement,
donc d'existence réelle, et de positionnement au plan international. Pour cela,
l'entreprise africaine aura à relever les défis suivants, et en premier lieu celui de contribuer
à la réalisation d'un taux élevé de croissance du produit intérieur brut du continent
afin d’atteindre les deux chiffres dans les vingt prochaines années. La Chine se
permet à l'heure actuelle de réaliser des taux de croissance de l'ordre de 11 à 12 % en
2007. Cela est du domaine du possible à travers la mobilisation de ressources financières
importantes, de 90 à 100 milliards de dollars d'investissement.
Un tel exploit repose ensuite sur des conditions de mobilisation de ressources internes,
du maintien de la paix et de la sécurité dans nos pays, de l'émergence d'une