Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
et de sécurité au gouvernement civil librement choisi par le peuple souverain, des élections
libres, équitables et transparentes, le principe majoritaire de gouvernement, le respect
de la minorité ou des minorités, incarnée(s) par l’opposition, le respect de la
Constitution, et la promotion et le respect de l’état de droit caractérisé par l’égalité de
tous devant la loi.
Comme tout État républicain, l’État fort à orientation démocratique avérée aura la
mission d’assumer l’indépendance et la souveraineté du pays, d’assurer sa défense extérieure,
d’y promouvoir la paix civile, d’y maintenir l’ordre et d’y garantir la sécurité publique.
Il devra conduire la politique de modernisation industrielle du pays, tout en
œuvrant vigoureusement pour la réduction des inégalités entre les populations.
Il se veut à orientation démocratique avérée pour la simple raison que, compte tenu
des efforts et des sacrifices qu’exige tout projet de progrès politique doublé de développement
économique, la promotion des dogmes, principes et valeurs, doit se faire progressivement
et habilement pour surmonter les intentions malveillantes et déjouer les
agissements des ennemis de la liberté et de l’indépendance des peuples.
Au vu de l’ampleur des enjeux géopolitiques mondiaux des temps présents et du
proche avenir, l’Afrique seule ne peut les affronter avec succès.
Comme bien d’autres régions du monde, elle a besoin, sur le plan de la politique
étrangère, de faire une alliance stratégique avec l’un des grands ensembles géopolitiques
susceptibles de l’aider à assurer chez elle la sécurité et la paix pour se lancer dans une
vigoureuse politique de modernisation industrielle.
C’est dire qu’elle a grand besoin d’un environnement extérieur stable et de partenaires
fiables et coopératifs, prêts à l’aider à combler son retard en matière technique
et technologique pour se doter de forces productives modernes et efficaces, indispensables
pour son développement.
L’Europe a grand besoin de sources d’énergie, de matières premières minérales et
agricoles, et de bras pour maintenir sa croissance économique. Elle peut, au regard de
l’histoire, constituer avec l’Afrique cette alliance stratégique qui ne peut qu’être profitable,
aussi bien aux Africains qu’aux Européens.
Du reste, les deux continents sont, au plan économique, étroitement liés avec
46,5 % des importations africaines provenant de l’Europe contre 22, 5 % de l’Asie et
7,5 % d’Amérique du Nord. Les exportations africaines, elles, se répartissent ainsi :
45 % pour l’Europe, 18 % pour l’Amérique du Nord, et 18 % pour l’Asie.
Toutefois, des préalables psychologiques et moraux s’imposent de part et d’autre.
Tout d’abord, les Européens doivent cesser de considérer les Africains avec une
condescendance qui tire sur le mépris. Certes, ils les ont jadis conquis et coloniser, mais
leurs gouvernants ne doivent plus considérer l’Afrique comme leur hinterland ou le
champ naturel de leur expansion.
Aux Africains, et surtout à leurs élites dirigeantes, de comprendre qu’il leur revient
de construire eux-mêmes des sociétés industrielles prospères par des efforts et des sacrifices
soutenus en s’inspirant des leçons de l’histoire des vieilles nations industrielles, et
de celle de nouveaux pays industrialisés émergent.