Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Quel État en Afrique face aux nouveaux enjeux géopolitiques ?
Atsutsè Kokouvi Agbobli
Historien, politologue, directeur d’Afric’Hebdo,
président du Mouvement pour le développement national (Togo)
En tant que science qui étudie l’incidence des conditions géographiques sur la politique
d’une nation, la géopolitique fut toujours au cœur de l’action publique, voire de
toute action humaine, bien longtemps avant que le conquérant français Napoléon Bonaparte
n’eût déclaré : « La politique de toute nation est inscrite dans sa géographie ».
En effet, l’occupation et le peuplement de l’espace, les modes de vie sont soumis aux
conditions biogéographiques.
C’est la raison pour laquelle, condition de l’existence de l’être humain, la Terre ne
devrait être appropriée ni par les individus, ni par les peuples et nations, mais demeurer,
en tant que bien commun de l’humanité, un seul pays.
Toutefois, comprise comme affirmation du destin des peuples et des nations, l’histoire,
fondée principalement sur l’instinct de domination, la soif des honneurs et l’appétit
de richesses de quelques individus, en a décidé autrement au point que la
civilisation, appelée à utiliser les progrès du genre humain pour son bien-être, se trouve
ballottée par les enjeux mondiaux.
Aujourd’hui, sous l’action conjuguée des êtres humains, la géographie, en voie de
changement, détermine de nouveaux enjeux géopolitiques qui imposent aux Etats et
aux nations une orientation politique générale loin de promouvoir la sécurité internationale,
la paix universelle et la prospérité générale, conditions d’un monde meilleur
pour l’humanité tout entière.
LA PERMANENCE DE TERRIBLES ENJEUX MONDIAUX
Au vu de l’histoire, et notamment de l’histoire des relations internationales, cinq
types d’enjeux mondiaux déterminent l’action publique des nations au double plan de
la politique intérieure et de la politique étrangère.
L’enjeu démographique mondial, marqué par la croissance diverse des différentes
populations, se caractérise par des zones de hautes et basses pressions démographiques.
Les mouvements migratoires imposent aux États des politiques objet de toutes sortes de
considérations inavouées et d’intentions souvent malveillantes ; il suffit de se référer aux
projections statistiques concernant l’évolution de la population mondiale jusqu’en l’an
2050 pour se rendre contre des bouleversements démographiques prévisibles.
L’enjeu économique, caractérisé par les rivalités entre nations soucieuses de développement
industriel, détermine des politiques de concurrence acharnée en vue de
conquérir l’accès aux sources d’énergie et aux matières premières. Les vives rivalités en
Afrique entre l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, la Chine et l’Inde,
voire la Corée du Sud et la Malaisie, témoignent de la férocité de la compétition.
Basée sur le capitalisme et le libre-échange généralisé, la mondialisation est le cadre
géo-économique conçu et construit pour faire de la Terre entière le champ d’expansion
des forces productives des vieilles nations industrielles au détriment des ambitions
d’industrialisation des contrées sous-développées du monde.