Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
matériel et aux matériaux dont ils ont besoin. Développons pour commencer les partenariats<br />
entre États africains. Si nous parvenions à obtenir une certaine compétitivité, peut-être<br />
même pourrions-nous exporter ces chaussures-là. Le Maroc a par exemple aidé ses propres cordonniers,<br />
et maintenant ses chaussures sont achetées jusqu’aux États-Unis. Pourquoi ne pourrions-nous<br />
pas faire de même ? En ce qui concerne le BTP, à l’inverse de M. l’ambassadeur<br />
de Chine qui vantait l’importation de main-d’œuvre de son pays, je pense que nous devrions<br />
former davantage nos ouvriers. <strong>Les</strong> élèves qui ne trouvent pas de travail après leurs études<br />
devraient pouvoir bénéficier d’une formation professionnelle pour occuper ces emplois. Mais<br />
c’est l’État qui doit l’assurer ; il ne doit pas offrir cela au privé. Il est de son devoir d’assumer<br />
cette responsabilité.<br />
M. Shaye a également évoqué l’aide dont nous bénéficions. Elle est de deux formes : la<br />
subvention et le prêt. Cette dernière est depuis toujours encouragée par le FMI, et maintenant<br />
par la Chine, qui ne se préoccupe certes pas de la façon dont ces crédits sont utilisés. Mais<br />
ce faisant, ils encouragent aussi nos gouvernants à nous endetter davantage, et ce sont les générations<br />
futures qui devront rembourser. Nous hypothéquons leur avenir avec cette charge.<br />
Je serais en fait assez tentée de comparer l’Afrique à une femme qui a été épousée à un âge<br />
très jeune, 13 ans, comme cela se pratique chez nous, par l’Europe. Au bout d’un moment,<br />
celle-ci s’en détourne pour des femmes plus attrayantes, et la laisse tomber. Elle finit cependant<br />
par revenir au moment de sa maturité, considérant qu’il lui reste de beaux atouts. Sauf<br />
que celle-ci, désormais, est courtisée par d’autres hommes : la Chine, l’Inde… Maintenant,<br />
elle a le choix. »<br />
Philippe Ouédraogo (Burkina Faso) : « Je voudrais soulever un point important.<br />
Nous avons beaucoup parlé des politiques des entités comme l’Europe, les États-Unis ou la<br />
Chine vis-à-vis de l’Afrique, mais très peu de la stratégie de l’Afrique envers elles. Est-ce<br />
à dire qu’elle ne réagit pas ? Ou que ses réactions sont trop diverses pour être thématisées ?<br />
Ou encore qu’elle n’est pas en mesure de réagir en dehors <strong>du</strong> cadre unitaire que nous poursuivons<br />
depuis des années ? Quand remédierons-nous à cet état de fait ? ».