Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Les grands organismes des Nations unies comme le PNUE, le PNUD, la FAO ou
la CNUCED se tournent désormais vers les collectivités locales en développant des
partenariats avec celles-ci dans des programmes de coopération décentralisée. C’est notamment
le cas du Conseil régional en Auvergne.
Quant à la France, si pendant longtemps, le ministère des Affaires étrangères et le
corps diplomatique ne se sont pas intéressés à la coopération décentralisée, il n’en est
plus de même depuis à peine une dizaine d’années. L’action extérieure des collectivités
françaises qui est soutenue par l’État (co-financement, mise à disposition de services des
ambassades, etc.), est devenue un volet non négligeable de l’action extérieure de la
France. Comme membre de la CNCD (Commission nationale de la coopération décentralisée),
je peux en témoigner. L’Agence française de développement s’est aussi récemment
tournée vers les collectivités locales pour en faire des partenaires à part entière
de ses interventions internationales.
Le Comité des régions de l’UE dans un rapport récent reconnaît l’intérêt des coopérations
décentralisées. La Commission européenne vient de décider d’affecter des financements
significatifs en faveur des coopérations des collectivités locales avec les
collectivités du Sud.
Dans de nombreux pays européens, en particulier en Allemagne, en Italie, en Espagne,
en Suisse, dans les pays nordiques, en Grande-Bretagne, les grandes collectivités
et les régions ont-elles aussi une intense activité internationale. Elles deviennent
ainsi de plus en plus des acteurs à part entière de la coopération internationale et reconnues
comme tels par les États et les organisations multilatérales.
De la Chine au Brésil, en passant par le Mali, le Sénégal, Madagascar, le Maroc, le
Chili, le Vietnam, la Russie, etc., nombreux sont les pays du Sud et/ou émergents qui
sollicitent des coopérations avec des collectivités françaises et européennes dans de nombreux
domaines. Des coopérations Sud/Sud se développent également entre collectivités.
Les États encouragent de tels partenariats.
La coopération décentralisée prend donc de plus en plus de place dans les relations
internationales. En effet, fort de sa légitimité institutionnelle, de son enracinement au
plus près des territoires et des populations, elle demeure maîtrisable et mesurable dans
les actions. Elle permet le rapprochement des citoyens de différents pays. De plus, outre
l’impact indéniable sur le territoire partenaire, elle participe, par la mobilisation des
acteurs locaux autour de projets de coopération internationale, à la construction d’une
autre mondialisation : celle de l’humain, celle du citoyen, celle de la paix. Elle permet
en liaison avec les territoires et les populations d’ici et de là-bas de prendre à bras-lecorps
les grandes problématiques mondiales dont nous parlons dans ce colloque.
Elle peut permettre la prise de conscience par les populations du Nord de la réalité
de l’Afrique, de ses difficultés, de ses atouts, de la richesse de son histoire et de ses cultures,
loin des clichés de l’idéologie dominante néo coloniale véhiculée en Europe, et
donc de la nécessité de nouveaux rapports entre les deux continents pour plus de respect
et d’équité dans les échanges.
En ce sens les coopérations décentralisées entre collectivités africaines et européennes
pensées comme de véritables coopérations dans de nombreux domaines y compris
économiques sont de nature à aider à de nouvelles relations entre l’Europe et
l’Afrique.