Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Les coopérations décentralisées
pour de nouvelles relations Europe/Afrique
Jean-Claude Mairal
Vice-président du Conseil régional d'Auvergne, secrétaire de la Fondation Gabriel Péri
La planète et l’humanité sont face à des enjeux et des défis considérables pour leur
survie. La question sociale et les écarts de revenus croissants entre riches et pauvres sur
tous les continents génèrent des situations de tensions et de violences (intégrisme, nationalisme,
racisme, populisme, guerre ethnique etc.). Le réchauffement climatique et
le casse-tête énergétique, les inégalités croissantes entre pays du Sud et les pays occidentaux,
dans tous les domaines (santé, éducation, revenus, habitat, etc.), mais aussi à l’intérieur
même des pays du Nord, l’émergence de la Chine et de l’Inde sur la scène
économique mondiale et l’aspiration de centaines de millions d’individus de ces pays
à vivre aussi bien que les populations occidentales en constituent les principaux. A quoi
s’ajoutent les enjeux majeurs soulevés par l’exode rural qui concerne cinquante à
soixante millions d’individus chaque année dans le monde et les migrations vers les
villes et les pays du Nord, l’explosion démographique urbaine, véritable bombe à retardement,
qui, si rien n’est fait pour freiner les migrations rurales, fera que plus de cent
cinquante pays deviendront invivables, mais aussi la question de l’eau, aussi importante
que la question énergétique. En effet, deux milliards d’individus n’ont pas accès
à l’eau potable et avec le réchauffement climatique, l’accès à l’eau potable de qualité va
devenir un enjeu de survie pour de nombreux pays risquant de générer de nombreuses
guerres notamment autour des fleuves. Enfin, la faim et la question de la souveraineté
alimentaire, ainsi que la biodiversité qui est en péril, et la démographie (augmentation
de la population et les déséquilibres générationnels) constituent d’autres défis fondamentaux
pour l’avenir.
Et il n’y a pas un de ces enjeux et défis qui n’ait pas de conséquences sur les territoires
locaux, même les plus petits en Afrique, en France et dans le monde entier et sur
les hommes et les femmes qui les habitent. Seule une avancée dans le règlement de ces
grands enjeux et défis pourra permettre l’émergence d’un monde pacifique. Cela pose
quatre grandes questions qui sont à mes yeux indissociables :
- la conception du développement et donc de l’économie : Le XX e siècle a vu l’échec
du modèle étatiste du communisme soviétique en Europe, en Asie, mais aussi
en Afrique. Le début du XXI e siècle met à mal le modèle libéral de la concurrence
des hommes et des territoires, de l’internationalisation du capital des entreprises,
de la mondialisation libérale des échanges, etc. N’est-il pas temps de penser à un
nouveau modèle de développement et économique basé sur la coopération, la
solidarité, l’équité dans les échanges et la durabilité ?
- le rapport entre nations, dont on ne peut pas faire l’économie, et ces problématiques
mondiales. L’évolution du monde, le développement des échanges, la révolution informationnelle
etc., font que se pose avec force la question de la mise en place d’instances
de régulation interrégionales et planétaires, et d’une nouvelle « gouvernance »
mondiale. De ce fait quels nouveaux rôles et moyens peuvent être attribués aux instances
des Nations unies ? Quelles articulations entre souveraineté nationale et ins-