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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

gouvernementales chinoises aux pays africains, toujours sans contrepartie, seront doublées<br />

dans la période 2007-2009. <strong>Les</strong> affirmations selon lesquelles les prêts accordés<br />

par la Chine à l’Afrique ont alourdi la dette des pays africains sont donc totalement infondées.<br />

<strong>Les</strong> pays africains ont besoin d’argent pour développer leur économie, et les<br />

Occidentaux, bien qu’ils trouvent systématiquement un prétexte pour ne pas leur en<br />

prêter, certifient vouloir les aider. Il ne faut pas agir avec une telle hypocrisie.<br />

Dernier point : les pays occidentaux accusent la Chine de coopérer cyniquement<br />

avec des régimes dictatoriaux, au mépris des principes démocratiques et des droits de<br />

l’homme. Ils visent implicitement le Soudan et le Zimbabwe, qu’ils considèrent comme<br />

des intouchables, mais certainement pas à cause de leur mauvaise situation démocratique.<br />

C’est parce qu’ils n’obéissent pas à leurs ordres. J’en veux pour preuve qu’ils continuent,<br />

pour en exploiter sans vergogne les ressources, de soutenir des pays où la<br />

situation est bien pire qu’au Soudan ou au Zimbabwe.<br />

Qui dit Soudan pense naturellement à la crise <strong>du</strong> Darfour. Dans cette affaire, la<br />

Chine se trouve dans l’œil <strong>du</strong> cyclone. Des médias, des ONG, des parlementaires et<br />

même certains officiels gouvernementaux d’Occident accusent la Chine d’y soutenir le<br />

gouvernement soudanais dans son massacre. Leur argumentation tient à ce que le gouvernement<br />

soudanais, à travers sa coopération pétrolière avec la Chine, a obtenu des dollars<br />

qui lui permettent d’acheter des armes. Donc la Chine soutient le massacre. Lors<br />

d’un séminaire auquel j’ai récemment participé, j’ai enten<strong>du</strong>, à ma grande surprise, un<br />

général retraité et un ancien ambassadeur sénégalais reprendre cette rhétorique. Cela ne<br />

fait que montrer l’éten<strong>du</strong>e et la profondeur de ses effets négatifs.<br />

En fait, l’exploitation pétrolière de la Chine au Soudan passe par une société dénommée<br />

GNPOC (Greater Nile Petroleum Operating Company). Or la Chine ne détient<br />

que 40 % des actions de cette société. À qui appartiennent les 60 % restants ?<br />

Une société malaisienne en possède 30 %, une indienne 25 %, et le gouvernement soudanais<br />

5 %. La société française Total et une autre société pétrolière britannique ont<br />

aussi obtenu des permis d’exploitation pétrolière de la part <strong>du</strong> gouvernement soudanais.<br />

De nombreux pays exploitent <strong>du</strong> pétrole au Soudan, pourquoi seule la Chine fait-elle<br />

l’objet de polémiques ?<br />

Parmi ceux qui cherchent à médiatiser la question <strong>du</strong> Darfour, beaucoup ne<br />

connaissent ni l’origine ni la vérité de cette crise, et ne crient avec les loups que par<br />

goût de l’agitation. Dans leur écrasante majorité, ils n’ont jamais visité le Darfour, mais<br />

parlent de la situation comme s’ils l’avaient vue et enten<strong>du</strong>e en personne. Le représentant<br />

spécial <strong>du</strong> gouvernement chinois aux Affaires africaines, M. Liu Guijin, s’occupe<br />

exclusivement de cette question <strong>du</strong> Darfour depuis sa nomination en mai 2007. Il a déjà<br />

visité la région deux ou trois fois. Selon lui, l’origine <strong>du</strong> conflit est imputable aux calamités<br />

naturelles et aux catastrophes humaines. Cette analyse me semble objective et<br />

convaincante. Depuis les années 1970, l’environnement écologique <strong>du</strong> Darfour s’est dégradé<br />

là où la terre s’est désertifiée. L’eau faisait défaut, et les ressources locales pour la<br />

survie sont devenues de moins en moins abordables. Pour y pallier, les tribus nomades<br />

<strong>du</strong> Nord ont emmené paître leurs troupeaux au sud, ce qui a engendré des litiges avec<br />

les habitants semi-nomades. La coutume locale consistant à emporter des armes en sortant<br />

de la maison, ces litiges se sont vite transformés en conflits sanglants. Le secrétaire<br />

général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, a lui-même reconnu le rôle <strong>du</strong> changement cli-

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