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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 1 - Première partie 61<br />

Trop influencés par les propagandes idéologiques de l’Occident, certains Africains<br />

se sont formés un jugement moral fondé sur ses valeurs et sur ses critères. Ils considèrent<br />

que la Chine ne respecte ni la démocratie ni les droits de l’homme, et que son<br />

essor constitue une menace idéologique pour l’Afrique. Un rapprochement avec elle<br />

leur fait vraiment peur.<br />

Toutefois, les jugements portés sur les relations sino-africaines, tant par la communauté<br />

occidentale que par des pays africains, ne sont pas tous négatifs. Ainsi, un récent<br />

article d’Alain Faujas 1 montre que le développement rapide de la Chine profite deux fois<br />

à l’Afrique, d’abord parce qu’elle lui achète une grande quantité de matières premières<br />

pour les besoins de son in<strong>du</strong>strie. Ensuite, parce qu’elle les lui revend sous forme de pro<strong>du</strong>its<br />

de grande consommation à un prix à la portée des pouvoirs d’achat locaux. Le<br />

journaliste relève également que la Chine s’est engagée à offrir à l’Afrique 5 milliards<br />

de dollars US sur la période 2007-2009, au moment où les 25 milliards de dollars supplémentaires<br />

par an promis par le G8 n’ont pas été versés. Il est des opinions occidentales<br />

impartiales qui reconnaissent que les aides chinoises ont amélioré les infrastructures<br />

de l’Afrique et changé sa physionomie. <strong>Les</strong> jugements positifs provenant de pays africains<br />

sont encore plus nombreux. L’ancien président tanzanien Mkapa a déclaré que la<br />

coopération chinoise est meilleure que celle de l’Occident. Il tient les relations sino-africaines<br />

pour un partenariat stratégique d’amitié, de solidarité et de coopération mutuellement<br />

avantageuse. La Chine, qui participe de plus en plus au développement<br />

économique de l’Afrique, ne lui impose pas ses propres critères, ses aides ne sont pas<br />

assorties de conditions politiques. D’après le président Wade, pour ce qui est de la coopération<br />

avec les pays africains, l’Europe parle plus qu’elle n’agit, et elle a per<strong>du</strong> son <strong>du</strong>el<br />

avec la Chine. C’est pourquoi les entreprises chinoises présentes en Afrique y travaillent<br />

assidûment et y sont très favorablement accueillies.<br />

Malgré tout, puisque l’affirmation de la menace chinoise pour l’Afrique existe, interrogeons<br />

sa véracité. <strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>its chinois se vendent en grande quantité en Afrique,<br />

certes, mais c’est parce qu’ils présentent un bon rapport qualité/prix, adapté au marché<br />

africain. Ils permettent à de nombreuses populations africaines à faibles revenus de satisfaire<br />

leurs besoins élémentaires. Dans beaucoup de familles pauvres, les enfants ne<br />

pouvaient avoir de chaussures avant l’âge de sept ou huit ans, car elles étaient hors de<br />

portée des finances familiales. Désormais, dès qu’ils apprennent à marcher, ces mêmes<br />

enfants ont la possibilité de s’équiper d’une paire de chaussures, car celle-ci, fabriquée<br />

en Chine, ne coûte que 500 francs CFA. Au Sénégal, à partir <strong>du</strong> mois de septembre,<br />

les parents commencent à se préoccuper des dépenses liées à la rentrée scolaire et à la<br />

Tabaski. S’ils achètent des pro<strong>du</strong>its chinois, ils économiseront deux tiers de leur budget<br />

initial. Grâce aux pro<strong>du</strong>its chinois bon marché, les enfants des familles modestes<br />

sont également en mesure de recevoir un cartable et des fournitures scolaires neufs à la<br />

rentrée.<br />

Cette importation de pro<strong>du</strong>its chinois n’a pas d’impact négatif sur les in<strong>du</strong>stries<br />

nationales. Tout d’abord parce que beaucoup d’entre eux ne sont pas fabriqués en<br />

Afrique. Ils seraient de toute façon importés de pays européens ou américains, et leur<br />

1 Jeune Afrique, n° 2448, 9-15 décembre 2007.

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