Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
La détermination en matière de politique commerciale est en revanche bien plus soutenue.
L’Union européenne (UE) a en effet multiplié les pressions pour que les États africains
signent des accords de partenariat économique avec l’Europe visant à libéraliser les échanges
entre les deux continents, en affirmant un lien entre commerce et développement très discutable
au regard des conséquences négatives que les Accords de partenariat économique (APE)
auraient sur les économies fragiles des pays africains. Les gouvernements africains, poussés par
les acteurs sociaux dont le rôle a été déterminant, ont pour la plupart refusé ces accords,
marquant un tournant dans les rapports de force Nord-Sud. Ceux-ci, avec l’influence grandissante
des puissances émergentes – Chine, Inde, Brésil –, sont bouleversés.
Au sein de ce contexte inédit, l’Afrique cherche les voies de son unité pour devenir plus
forte sur la scène internationale et dans son partenariat avec l’Europe. Le dialogue entre nos
deux continents, soutenu par une diversité d’acteurs, des collectivités locales aux associations
en passant par les parlements et les services diplomatiques, offre des perspectives prometteuses.
Son potentiel est unique à l’échelle du monde, mais réclame de s’entendre sur les priorités.
Ce sont toutes ces questions qui ont été débattues à Dakar selon trois axes.
Le premier était consacré à l’examen de la nouvelle géopolitique mondiale selon plusieurs
entrées : ses conséquences sur l’Afrique, les relations avec l’Europe, les États-Unis et la
Chine ; le rôle des acteurs sociaux face aux enjeux géopolitiques ; les visions stratégiques possibles
pour le continent.
Le second axe, qui portait sur les enjeux agricoles et ruraux pour l’avenir du continent,
a révélé l’urgence d’investir les territoires pour juguler la profonde crise agraire et alimentaire
que l’Afrique subit avec violence, surtout depuis l’augmentation incontrôlée du prix des denrées
alimentaires et de l’ensemble des produits de première nécessité depuis 2006.
Enfin, la dernière journée a été dédiée à l’état de la démocratisation en Afrique, et plus
précisément à la crédibilité du processus électoral quand les avancées démocratiques, de la justice,
et du droit sont sans cesse remises en cause par les pratiques clientélistes et les dérives du
pouvoir. Une séance indispensable pour mieux comprendre les ressorts du fonctionnement des
États sur le continent.
La Fondation Gabriel Péri et le PIT espèrent, avec cet ouvrage, donner l’occasion au lecteur
d’avancer sur les chemins d’une meilleure compréhension mutuelle, afin de dégager les
priorités d’un partenariat d’avenir qui ouvre des portes aux nouvelles générations.
Robert Hue
Président de la Fondation Gabriel Péri