Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
<strong>du</strong> FMI à Pékin, et qui a rejeté les appels à l’ouverture de son compte capital, à la différence<br />
de la Corée <strong>du</strong> Sud, qui s’est retrouvée plongée dans la plus grande crise financière<br />
asiatique en 1997.<br />
Le modèle chinois peut se vanter d’avoir tiré de la pauvreté, en un quart de siècle<br />
de réformes économiques, plus de 400 millions de personnes. Il a fait de la Chine le plus<br />
grand pays exportateur de capitaux, avec 1 500 milliards de dollars de réserves extérieures,<br />
sans compter le Fonds d’investissement chinois créé en septembre dernier et<br />
doté de 200 milliards de dollars, ni les actifs des grandes entreprises chinoises à l’étranger.<br />
N’ayant intégré l’Organisation mondiale <strong>du</strong> commerce qu’en 2001, elle en est<br />
pourtant devenue la championne, avec des surplus commerciaux de plus de 270 milliards<br />
de dollars.<br />
CONCLUSION<br />
Le fait massif chinois est, pour conclure, une réalité que l’on ne peut plus ignorer<br />
et qui conditionnera l’avenir de l’Afrique.<br />
Seulement, pour que son impact soit positif sur le destin <strong>du</strong> continent, il importe,<br />
au-delà <strong>du</strong> dialogue franc et large à engager, de définir un agenda africain envers la<br />
Chine. D’autant plus qu’après avoir bâti son succès sur son commerce extérieur et sur<br />
la recherche d’investissements directs étrangers, la Chine a maintenant choisi d’orienter<br />
ses priorités vers la résolution des déséquilibres internes entre villes côtières de l’Est<br />
et de l’Ouest, entre urbains et ruraux, en même temps qu’elle a décidé de s’attaquer aux<br />
défis environnementaux nés de la pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielle. À ce titre, la stratégie de développement<br />
scientifique pour l’émergence d’une société harmonieuse <strong>du</strong> président<br />
Hu Jintao pourrait se tra<strong>du</strong>ire par un accent plus marqué sur les objectifs intérieurs.<br />
Mais l’Afrique restera primordiale pour la Chine. La récente visite de son ministre<br />
des Affaires étrangères, Yang Jiechi, confirme la continuité de la romance.<br />
Pour en tirer profit, l’Afrique doit vite devenir le meilleur étudiant de la Chine, ce<br />
qui suppose une intro<strong>du</strong>ction de la langue chinoise dans les écoles <strong>du</strong> continent, une<br />
meilleure connaissance des normes commerciales de la Chine, les fameux réseaux sociaux,<br />
ou encore les déterminants psychologiques de ses populations dans leur rapport<br />
au reste <strong>du</strong> monde.<br />
La mise en place de centres de réflexion, sur le modèle des think-tanks américains,<br />
la formation d’ouvriers africains dans la langue et les méthodes de travail chinoises,<br />
l’utilisation de cadres africains formés en Chine depuis des décennies apparaissent<br />
comme des urgences à réaliser.<br />
En outre, les pays africains ont le devoir de poser des conditions, comme celles que<br />
la Chine n’avait pas hésité à créer envers ses partenaires étrangers au début de ses réformes<br />
économiques, pour s’assurer d’un véritable transfert de technologie, de la mise<br />
en place de joint-ventures et <strong>du</strong> respect de certaines normes environnementales, de travail,<br />
ainsi que le paiement de taxes par les entreprises et populations chinoises.<br />
À ce jour, le continent africain ne s’est pas doté d’un mécanisme adéquat pour faire<br />
face au défi chinois. Or le temps presse.<br />
C’est une période exaltante. Au moment où l’Occident est en proie au doute, pris<br />
dans la tourmente financière et le discrédit de ses institutions technocratiques (Banque<br />
mondiale et FMI), dû à la faillite de leurs recettes économiques, et où l’ONU, façon-