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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 1 - Première partie 55<br />

qu’ils s’élevaient à peine à 10 milliards de dollars il y a moins de dix ans, mise en place<br />

d’un financement de 5 milliards de dollars pour aider les entreprises chinoises en<br />

Afrique et accorder des prêts avantageux aux pays africains, création de zones de développement<br />

économiques, de centres de traitement <strong>du</strong> paludisme, formation de quinze<br />

mille techniciens africains, etc.<br />

En saluant un à un ses hôtes africains, alignés, pour se présenter à lui, le président<br />

Hu Jintao réactivait-il sciemment l’une des traditions de la diplomatie chinoise, à savoir<br />

l’acte d’allégeance des alliés moins forts, le fameux Kowtowing ? Quoi qu’il en soit,<br />

même s’il a gagné en ampleur, ce n’est pas d’aujourd’hui que date l’intérêt de la Chine<br />

envers l’Afrique.<br />

Dès le II e siècle av. J.-C., <strong>du</strong> temps de la dynastie des Tang, un Chinois <strong>du</strong> nom de<br />

Du Huang, avait déjà visité le continent africain, dans sa partie septentrionale. Puis, en<br />

1405, à la tête d’une flotte de trois cents navires, le célèbre navigateur chinois Zheng<br />

He a laissé comme témoignage de son passage en Afrique orientale des pièces de porcelaine<br />

en échange d’animaux, notamment des girafes. Déjà, dans ces premières interactions<br />

fugaces, les Chinois ont voulu laisser le souvenir d’un peuple pacifique qui ne<br />

venait pas en Afrique pour prendre les terres ou s’imposer par la force.<br />

Cette stratégie <strong>du</strong> pouvoir de sé<strong>du</strong>ction, que l’universitaire Joseph Nye appellera<br />

plus tard le soft power, sera également employée par Pékin quand la Chine commencera<br />

à développer des relations inter États avec le continent après la proclamation de la République<br />

populaire de Chine en 1949. C’est à la conférence de Bandoeng, en avril 1955,<br />

que la Chine, voulant briser l’isolement diplomatique que les États-Unis puis plus tard<br />

l’ex-URSS lui imposèrent, résolut de se rapprocher des pays en développement en s’appuyant<br />

sur la théorie des trois mondes formulée par la suite par Mao Zedong.<br />

En 1963, Zhou Enlai, le mythique premier ministre et ministre des Affaires étrangères<br />

de Chine, effectua une visite en Afrique pour y jeter les bases d’une coopération<br />

fondée sur l’idéologie et nourrie au sein de l’internationalisme prolétarien. La plupart<br />

des dogmes définis par Zhou Enlai sont toujours en vigueur même si, au sortir de la révolution<br />

culturelle, un autre Premier ministre chinois, Zhao Ziyang, se rendit sur le<br />

continent en 1982 pour mettre en relief les nouvelles préoccupations commerciales et<br />

d’efficacité économique dans la relation avec l’Afrique.<br />

Outre une continuité remise en question uniquement entre 1966 et 1976 au cours<br />

de la révolution culturelle pendant laquelle la Chine s’était largement coupée de l’ensemble<br />

<strong>du</strong> monde, ne maintenant qu’une ambassade en Égypte, la relation sino-africaine<br />

prend une dimension toute particulière dans le contexte international actuel.<br />

<strong>Les</strong> initiatives de Pékin suscitent maintenant chez les acteurs extérieurs traditionnels<br />

des réactions épidermiques, ce qui ne les empêche pas de la marquer à la culotte :<br />

- Le respect de la souveraineté nationale par Pékin fait désormais école auprès des<br />

nations occidentales qui, il y a quelques années, se refusaient de parler à ceux<br />

qu’elles qualifiaient d’États voyous. Il n’est qu’à voir leur empressement auprès de<br />

Kadhafi. Dans les États riches en ressources naturelles, l’Occident ne veut plus<br />

laisser le champ libre à la Chine, quitte à bafouer les thèses droits-de-l’hommistes<br />

qui semblaient tant lui tenir à cœur.<br />

- <strong>Les</strong> nations occidentales copient la Chine dans sa volonté d’accorder des prêts<br />

non commercialement viables pour favoriser leurs intérêts commerciaux, écono-

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