Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
moins de quinze ans, dispose, avec 440 milliards de dollars, de plus d’actifs que la<br />
Banque mondiale et la Banque asiatique réunies.<br />
On relèvera aussi les 5 ou 6 milliards de dollars investis par la Banque in<strong>du</strong>strielle<br />
et commerciale de Chine (ICBC) pour acquérir 20 % des actions de la banque sud<br />
africaine Standard Chartered, soit le plus gros investissement extérieur jamais réalisé en<br />
Afrique <strong>du</strong> Sud.<br />
En 2007, avec 9 milliards de dollars injectés, la Chine a détrôné la Banque mondiale<br />
comme principale source d’investissement en Afrique, et c’est à peine si elle prête<br />
attention aux sollicitations de partenariat de son président Robert Zoellick.<br />
Mentionnons aussi les effets in<strong>du</strong>its de l’appétit de la Chine pour les matières premières<br />
africaines, ce qui tire leurs prix vers le haut. La Chine se pose de surcroît en prêteur<br />
de premier ressort pour leur exploitation, notamment au Gabon où elle a misé<br />
entre 4 et 8 milliards de dollars pour le gisement de fer de Belinga, en République démocratique<br />
<strong>du</strong> Congo où elle a investi plus de 5 milliards de dollars dans le domaine<br />
minier.<br />
DIALOGUE POLITIQUE<br />
Magnanime ou vicieuse, la Chine ? <strong>Les</strong> deux, assurément. Lorsqu’elle se déclare<br />
disponible pour un partenariat avec l’Europe sur l’Afrique, elle joue sur <strong>du</strong> velours.<br />
D’une part, elle flatte l’ego flétri des pays européens et, de l’autre, elle maintient son propre<br />
cap. Si cette alliance devait voir le jour, ce serait selon les termes de Pékin. Car c’est<br />
elle qui tient désormais les cordons de la bourse, face à un vieux continent désargenté.<br />
Ce même volontarisme s’applique à l’Afrique. Ce que la Chine y veut, c’est d’abord<br />
ce que veut son État. Or, tout en ayant embrassé plusieurs des normes libérales, voire<br />
capitalistes, l’État chinois n’en demeure pas moins interventionniste. C’est la raison<br />
pour laquelle, en plus de sa dimension populaire et entrepreneuriale, la nouvelle offensive<br />
chinoise présente une dimension politique stratégique.<br />
Quelques exemples soulignent cette orientation. Depuis 1992, le ministre des Affaires<br />
étrangères de Chine débute systématiquement ses activités diplomatiques par une<br />
visite en Afrique, au mois de janvier.<br />
La portée politique de la relation sino-africaine a con<strong>du</strong>it les deux derniers présidents<br />
de la Chine et secrétaire général <strong>du</strong> Parti communiste chinois, Jiang Zemin et Hu<br />
Jintao, à faire des visites hautement médiatisées, à plusieurs reprises, en Afrique.<br />
En janvier 2006, pour la première fois, la Chine a publié un Livre blanc sur ses relations<br />
avec l’Afrique, qui rappelle sa volonté, au moins théorique, de maintenir une<br />
coopération fondée sur les avantages mutuels, la non-ingérence, le respect de la souveraineté,<br />
le soutien au développement <strong>du</strong> continent et le combat pour la promotion<br />
d’un monde multipolaire. Il est impossible d’évoquer ce nouveau dialogue stratégique<br />
sino-africain, qui tourne parfois au monologue en mandarin, sans parler <strong>du</strong> Sommet<br />
de novembre 2006 et de la mise en place d’un mécanisme de coopération à travers le<br />
Forum de coopération économique sino-africain (FOCAC).<br />
À cette occasion, en présence de quarante-trois chefs d’État et de gouvernement, les<br />
dirigeants chinois ont dévoilé une batterie de mesures destinées à renforcer leurs engagements<br />
vis-à-vis de l’Afrique : doublement de l’aide d’ici à l’an 2009, augmentation<br />
<strong>du</strong> volume des échanges commerciaux pour les porter à 100 milliards de dollars, alors