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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 1 - Première partie 53<br />

La Chine, elle, a préféré user de l’un de ses avantages comparatifs, à savoir sa maind’œuvre<br />

bon marché. Depuis le lancement de sa réforme économique en 1978, qui<br />

s’est soldée par la perte de dizaines de milliers d’emplois dans les secteurs étatiques, la<br />

Chine n’avait d’autre choix que de laisser partir des vagues de citoyens vers le continent<br />

africain, quitte à se trouver sous le feu des critiques de ceux qui affirment qu’elle prive<br />

ainsi l’Afrique de son avantage dans ce même domaine.<br />

La donne chinoise n’est pas seulement humaine. Elle est aussi, de plus en plus, l’expression<br />

d’un pays qui veut satisfaire sa soif énergétique et ses besoins en minerais pour<br />

maintenir son taux de croissance autour des 10 % qu’elle aligne depuis presque un<br />

quart de siècle.<br />

C’est en particulier depuis 1993, quand sa pro<strong>du</strong>ction locale en énergie pétrolifère<br />

ne suffit plus à absorber ses besoins, que la Chine a entrepris de chercher de l’énergie<br />

partout à travers le monde. L’Afrique, <strong>du</strong> coup, s’est trouvée hissée à un rang géostratégique<br />

inédit.<br />

La quête de l’énergie est menée au pas de course par ses multinationales, dont l’une,<br />

Petrochina, totalise la plus grande capitalisation boursière au monde, avec plus de<br />

1 000 milliards de dollars. Désormais, on connaît aussi sur le continent l’importance<br />

de sociétés comme Sinopec ou CNOOC, à l’avant-garde de la bataille pour gagner les<br />

contrats pétroliers africains.<br />

À coup de milliards de dollars, en Angola, au Soudan, au Nigeria, au Kenya ou au<br />

Tchad, la Chine est soudain devenue l’un des principaux acteurs d’une in<strong>du</strong>strie pétrolière<br />

africaine revigorée par la persistance des incertitudes au Moyen-Orient.<br />

Mais ce n’est pas seulement sur ce terrain que s’exprime l’ambition économique de<br />

la Chine en Afrique. Près de huit cents entreprises chinoises, de taille plus ou moins<br />

grande, sont désormais installées sur le continent où elles concurrencent d’autres acteurs<br />

étrangers et locaux, non seulement pour accéder aux ressources <strong>du</strong> sol et <strong>du</strong> sous-sol africains,<br />

mais pour contourner les quotas imposés aux entreprises basées en Chine par les<br />

pays in<strong>du</strong>strialisés, ou encore pour bénéficier des avantages commerciaux concédés à<br />

l’Afrique dans le cadre de l’African Growth and Opportunity (AGOA) ou des accords<br />

commerciaux avec les États-Unis et l’Europe.<br />

Par leur présence massive, leur capacité à soumissionner avantageusement sur certains<br />

marchés de travaux publics, ou en important des pro<strong>du</strong>its manufacturés à des prix<br />

défiant toute concurrence, les entreprises chinoises ont bouleversé la donne économique<br />

en Afrique. Elles sont si compétitives qu’elles contraignent maintenant les acteurs<br />

traditionnels africains, libanais, français ou américains, à battre en retraite. Leur unique<br />

alternative est désormais de devenir des sous-traitants des Chinois ou de quitter<br />

l’Afrique tout simplement.<br />

La percée chinoise est aussi perceptible dans le secteur financier. Par l’entremise de<br />

certaines de ses institutions financières, pour la plupart nées en 1994 dans la foulée de<br />

la réforme <strong>du</strong> système bancaire, la Chine s’est imposée comme le plus sérieux prétendant<br />

au financement des importants besoins africains. C’est ainsi qu’en 2005 la banque<br />

d’import-export Exim a financé pour 15 milliards de dollars de projets, soit plus de<br />

trente fois ce que ses rivales françaises, américaine ou britannique ont pu offrir. D’ici à<br />

l’an 2010, la même institution s’est engagée à investir 20 milliards de dollars dans des<br />

infrastructures africaines. La Banque de développement de Chine, elle aussi née il y a

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