Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Après les Accords de Lomé – et il est important de le rappeler – les rapports commerciaux
traditionnels avec l'Union européenne permettaient aux produits en provenance
des ACP un accès préférentiel aux marchés européens, sans contrepartie.
Dans le cadre de l'Accord de Cotonou, signé en 2000, et sur la base d'une dérogation
spéciale obtenue de l'OMC créée par le Traité de Marrakech (Maroc) le 15 avril
1995, les préférences ont été, de manière exceptionnelle, prorogées jusqu'au 31 décembre
2007, délai de rigueur.
En vertu de cette dérogation exceptionnelle et selon les engagements pris, la période
2000-2007 devait être mise à profit par l'Union Européenne et les 75 pays ACP
pour conduire les APE, dont l'objectif était d'être plus compatible avec les règles de
l'OMC auxquelles ont adhéré l'Union Européenne et les États ACP, ses partenaires
dans ce dossier des APE.
En janvier 2003, les chefs d'État et de gouvernement de l'Afrique de l'Ouest réunis
en sommet, ont pris la décision unanime de confier un mandat de négociation à la
Commission de la CEDEAO, à Abuja, en lui assignant cinq objectifs principaux assortis
du souhait d’une facilitation d'accès au marché européen des produits de l'Afrique
de l'Ouest.
Ces cinq objectifs étaient et sont encore aujourd'hui :
1. la création progressive, conformément aux règles de l'OMC, d'une zone de libreéchange
entre la CEDEAO et l'Union Européenne, à compter du 1 er janvier
2008 ;
2. la nécessité de donner la priorité au développement, objectif premier de l'Accord
de Cotonou, de 2000 ;
3. l'institution d'une forme de coopération mieux pensée et plus poussée entre
l'Afrique de l'Ouest et l'Union Européenne, à la lumière des expériences vécues
et des évaluations opérées, concernant toutes les questions touchant au commerce,
essentiellement depuis la mise en œuvre de l'OMC ;
4. l'approfondissement du processus d'intégration en Afrique de l'Ouest, dans l'esprit
de la complémentarité des projets de développement, de la similitude des
données objectives concernant les statistiques sur l'évolution des économies nationales
et, enfin, en tenant compte sans cesse du niveau de pauvreté accrue des
populations de la sous-région ;
5. l'amélioration de la compétitivité des pays de l'Afrique de l'Ouest avec l'objectif
principal de renforcer les capacités et de mettre à niveau l'outil de production.
Le souhait exprimé par les chefs d'État, qui était en fait le sixième objectif fixé, visait
et vise encore aujourd'hui l'amélioration des conditions d'accès aux marchés européens
des exportations en provenance de l'Afrique de l'Ouest, comme évoqué plus haut.
Ainsi, l'Afrique de l'Ouest n'a pas été en mesure de clôturer les négociations prévues,
en ce qui la concerne, sur la période 2000-2007. Une telle situation n'a rien de
dramatique. Il faut considérer qu'une négociation est la rencontre d'au moins deux volontés,
avec pour objectif un compromis ou une issue heureuse. Les délais peuvent, dès
lors, être eux-mêmes négociés. L'essentiel étant de parvenir à un résultat au profit des
partenaires, pour changer une situation ou pour réaliser un but.
Faute d'une autre alternative, cette non-signature des APE a été assortie d'une demande
formelle de report prise en charge par le Nigeria et le Ghana avec le soutien de