Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Les conséquences de l’échec des APE
Moustapha Niasse
Session 1 - Première partie 35
Ancien premier ministre du Sénégal, secrétaire général de l'Alliance des forces de progrès
(AFP), président du Centre d'études et de recherches sur l'Afrique moderne (CERAM)
La problématique des relations entre l'Afrique et l'Europe, au début de ce XXI e siècle,
se pose dans le contexte d’un double défi, celui de la globalisation et de la mondialisation,
deux phénomènes liés l'un et l'autre, à l'avènement d'un nouveau monde, qui,
tout au long de plusieurs décennies, voire des siècles, de mutations de l'histoire et de
la géographie des espaces territoriaux et des peuples, apparaît aujourd'hui sous un éclairage
et un jour nouveaux.
L’approche de ces enjeux nécessite autonomie et indépendance dans la liberté d'expression.
Si nous acceptons de faire face aux défis que nous posent les affaires du monde
moderne, dans un esprit de solidarité, alors nous avons le devoir commun de mobiliser
la réflexion et l’intelligence pour analyser les mutations actuelles.
Parmi les grands problèmes qui nous occupent, je souhaite évoquer le dossier des
APE et l’état dans lequel se trouve l'axe Union européenne – pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique.
Ce projet d’accords est au centre de divers débats et controverses, à des niveaux différents
de compréhension, d'approche et même de perception. L'Afrique et l'UE ont
leur part de responsabilité dans les retards actuellement déplorés, relativement au nonrespect
des engagements souscrits en 2000, à la signature, dans la capitale du Bénin, des
Accords de Cotonou.
À cet égard, il convient de rappeler que selon les régions de l'espace ACP et même
celles du continent africain, la situation n'est pas la même, s'agissant du niveau d'avancement
des négociations devant conduire à la signature des APE avec l'Union européenne.
L'Afrique centrale et les Caraïbes, de même que le Pacifique sont plus avancés
que l'Afrique de l'Ouest dans le processus.
L'Afrique de l'Ouest est composée de seize États dont quinze, exception faite de la
Mauritanie, sont regroupés dans la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest
(CEDAO) dont le siège est à Abuja, capitale de la République fédérale du Nigeria. La
CEDEAO est dirigée par un secrétaire exécutif de nationalité ghanéenne, le docteur
Mohamed Ibn Chambas. Du 5 au 6 octobre 2007, à Abidjan (Côte d'Ivoire), a eu lieu
la réunion du Comité ministériel de suivi des APE, entre l'Union européenne et
l'Afrique de l'Ouest, pour faire le point sur l'état du dossier.
Une telle procédure a été rendue possible, en vertu du principe posé et préalablement accepté
par les partenaires en négociation sur les APE de prévoir une signature des Accords
avec les organisations et institutions d'intégration économique sous-régionales. C’est le cas de
la CEDEAO pour l'Afrique de l'Ouest, de la Communauté économique de l'Afrique centrale
(CEAC) et de la Southern african development comunity (SADEC) pour l'Afrique australe,
du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) pour l'Afrique des
Grands Lacs et de l'Est, de même pour les Caraïbes et les pays du Pacifique Sud.