Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 1 - Première partie 33<br />
Comme le remarque le rapport <strong>du</strong> Programme des Nations Unies pour le développement<br />
PNUD de 2005 : « dans l’ensemble, le mandat (des négociateurs européens pour<br />
les APE) a le potentiel nécessaire pour pro<strong>du</strong>ire des résultats déséquilibrés et défavorables au<br />
progrès humain ».<br />
On est loin des Objectifs <strong>du</strong> millénaire, comme l’a souligné notre amie Luisa Morgantini,<br />
députée européenne, présidente de la commission pour le développement, dans<br />
son rapport de mars 2006 <strong>du</strong> Parlement européen sur l’impact des APE sur le développement.<br />
La Commission a, à nouveau, elle aussi, en 2005, chargé un consortium d’organismes<br />
spécialisés – notamment Pricewaterhouse Coopers – de mener une telle évaluation.<br />
Je vous livre sans commentaire un passage des conclusions de ces travaux :<br />
« Dans l’ensemble, l’impact social d’une libération totale sera négatif pour les paysans<br />
mais positive pour les consommateurs. Aujourd’hui, la population rurale est plus pauvre que<br />
la population urbaine et, par conséquent, la libéralisation totale entraînera probablement<br />
un accroissement de la pauvreté dans ces zones rurales et des inégalités. Cependant, les tendances<br />
démographiques indiquent que la population urbaine croît plus vite que la population<br />
rurale et que la pauvreté augmente dans les zones urbaines. Si les pauvres des villes<br />
deviennent plus nombreux que les pauvres des campagnes, la libéralisation totale améliorera<br />
la sécurité alimentaire, en approvisionnant en pro<strong>du</strong>its alimentaires moins chers, les consommateurs<br />
des villes. »<br />
Dans son discours scandaleux de Dakar, Nicolas Sarkozy fustigea ce qu’il appelle le<br />
besoin des Africains « de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner,<br />
d’être en harmonie plutôt qu’en conquête »…<br />
En conquête, justement, les Africains le furent lors <strong>du</strong> sommet UE-Afrique, à Lisbonne,<br />
en décembre de l’année passée ! Ce qui ne devait être, vu de Bruxelles, qu’une<br />
formalité – le ralliement in fine, fut-il résigné, des Africains aux APE – s’y est tra<strong>du</strong>it<br />
par une confrontation historique dont ni la Commission, ni le Conseil européen ne sont<br />
encore revenus.<br />
Alpha Konaré y a trouvé les mots justes pour appeler ses interlocuteurs « à enterrer<br />
définitivement le pacte colonial », pour rappeler à qui de droit que « l’Afrique<br />
n’a besoin ni de charité ni de paternalisme » ; pour souligner qu’elle « entend aujourd’hui<br />
élaborer elle-même son agenda », avant de mettre le doigt là où cela fait mal<br />
en lançant : « l’Afrique ne saurait être ni une chasse gardée, ni un nouveau territoire à<br />
conquérir ».<br />
C’est malheureux à dire, mais dans le monde actuel – et l’Union européenne ne fait<br />
pas exception, même si on ne peut l’assimiler, à cet égard, aux États-Unis –, seule la résistance<br />
impose le respect. Depuis ce grand jour de décembre, l’Afrique est davantage<br />
respectée par les dirigeants européens.<br />
Certes rien n’est réglé, loin de là ! Le très libéral commissaire au commerce, Peter<br />
Mandelson, ne veut pas entendre parler de concessions aux ACP qui compliqueraient<br />
sa tâche dans le cadre <strong>du</strong> donnant-donnant planétaire <strong>du</strong> cycle de Doha. Le commissaire<br />
au développement, Louis Michel, défend lui aussi mordicus la réciprocité commerciale<br />
au nom <strong>du</strong> principe de « l’égalité entre partenaires », ce qui est pour le moins spécieux<br />
sinon pervers, s’agissant d’économies aussi asymétriques ! Ils veulent inclure dans les accords<br />
des aspects non requis par les règles adoptées jusqu’ici, comme la libéralisation des