Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 1 - Première partie 27<br />
périeures à l’unité. S’y ajoutent des économies à capacité technologique comme l’Inde,<br />
la Chine ou le Brésil.<br />
Dans ce scénario, la compétition accrue pour la conquête des marchés mondiaux et<br />
l’approvisionnement en matières premières énergétiques et minérales, y compris l’eau,<br />
entre les États-Unis, l’Europe et les puissances émergentes que sont la Russie, la Chine,<br />
l’Inde, et le Brésil, con<strong>du</strong>it selon les prévisions de Lénine à une conflagration mondiale.<br />
Il suffit de voir que la consommation d’énergie par tête d’habitant de la Chine est de<br />
0,8 tep (tonne équivalent pétrole) et augmente de 4 % par an. Or, celle des États-Unis<br />
est stable à plus de 8 tep par an, tandis que l’Europe est à 4, avec une hausse de l % par<br />
an. Le rattrapage de la Chine va accroître la compétition pour les sources d’approvisionnement.<br />
C’est le scénario catastrophe dans un monde où existe l’arme nucléaire.<br />
Le scénario multipolaire. II postule que les puissances émergentes à capacité scientifique<br />
et technologique rattrapent les États-Unis dans un équilibre des forces et des<br />
économies. Le monde est alors dominé par six grandes puissances : les États-Unis (plus<br />
le Canada et le Mexique), l’Europe constituée en territoire politique peu ou prou, la<br />
Russie, la Chine, l’Inde, et le Brésil allié au Marché commun <strong>du</strong> Sud (Mercosur).<br />
La conflagration est évitée, et une forme de gouvernance mondiale est mise en place<br />
pour gérer les problèmes énergétiques, d’approvisionnement en eau, et environnementaux<br />
en particulier.<br />
<strong>Les</strong> scénarios de l’Afrique. L’Afrique se trouve à la croisée des chemins en ce début<br />
de III e millénaire et se demande quelle voie il lui faut emprunter.<br />
Répondre à cette question n’a jamais été aussi urgent qu’aujourd’hui où l’histoire,<br />
loin d’être arrivée à sa fin, s’accélère, où le temps per<strong>du</strong> en raison de mauvais choix ne<br />
se rattrape pas. Mais jamais répondre à ces questions n’aura été aussi difficile. La multiplicité<br />
des acteurs et décideurs africains, l’inégale connaissance – et donc maîtrise –<br />
des dynamiques <strong>du</strong> changement, ont atteint aujourd’hui un point inégalé.<br />
Sa faiblesse a malheureusement contraint l’Afrique à adopter des stratégies réactives.<br />
Deux décennies de mise en œuvre de ces stratégies dites d’ajustement ont sérieusement<br />
érodé les capacités de réflexion sur le long terme dans le secteur public ; il faut<br />
reconstruire ces capacités pour fonder ce que j’appelle l’« afro-responsabilité ». L’exercice<br />
Afrique 2025 piloté par Alioune Sali de Futurs africains a formulé quatre scénarios<br />
pour l’Afrique.<br />
<strong>Les</strong> lions en cage. C’est l’Afrique telle qu’elle est, piégée par les élites rentières qui<br />
ne croient pas en son développement et pensent que c’est l’Europe ou la communauté<br />
internationale qui a en charge l’élévation <strong>du</strong> niveau de vie des populations pour avoir<br />
colonisé l’Afrique ou organisé la traite négrière. C’est une Afrique dont les élites sont<br />
insérées dans le monde, qui pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong> capital humain (footballeurs, artistes, médecins<br />
et ingénieurs) qu’elle exporte vers les centres de l’économie mondiale. La moitié de la<br />
population vit dans la pauvreté et doit affronter une urbanisation sauvage. C’est<br />
l’Afrique des conflits larvés.<br />
<strong>Les</strong> lions faméliques. <strong>Les</strong> États africains s’effondrent, à l’image de la Somalie, parce<br />
que la course à l’accaparement des rentes devient violente et ruine l’État. C’est une<br />
Afrique où les populations survivent dans des trappes de pauvreté et sont dominées par<br />
des seigneurs de guerre.