Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Session 3 253<br />
Quiconque connaît la démarche diplomatique et le style des Chinois sait que le propos<br />
de son Excellence a un sens politique fort. C’est au moment qu’il fallait, devant l’auditoire<br />
qu’il fallait, que ce propos a été livré. Et je suis convaincu que les spécialistes en<br />
science politique en mesureront bien la portée. Ce moment particulier de notre <strong>colloque</strong><br />
ajoute à son originalité et à son importance.<br />
Je pense que personne n’a contesté la pertinence <strong>du</strong> thème retenu. Le grand problème<br />
de l'Afrique, c’est que l'on peut avoir parfois le sentiment qu'elle n’existe pas sur<br />
notre planète. On a l’impression que les grandes questions qui agitent le monde, qui<br />
déterminent le destin des peuples ne nous concernent pas ou ne nous concernent que<br />
de façon secondaire. Le fil con<strong>du</strong>cteur a été de resituer notre continent dans le monde<br />
et de le faire dans la perspective que nous avions voulue : ne plus regarder l’Afrique<br />
avec les yeux des autres, mais essayer de regarder le monde à partir de l’Afrique.<br />
Il m'est arrivé de parler de révolution copernicienne, de rupture épistémologique.<br />
Je crois que les réflexions accumulées constituent des ingrédients à utiliser pour stimuler<br />
le travail de la matière grise africaine sur les grands problèmes <strong>du</strong> monde. Précisément<br />
parce que l’Afrique n’est pas isolée, nous ne pouvons mener cette entreprise qu’en<br />
nous associant, dans un débat fraternel, à des partenaires, des amis de l’Afrique, sur<br />
lesquels nous pouvons compter non seulement pour pro<strong>du</strong>ire des idées, mais aussi pour<br />
le combat dans l’intérêt bien compris de nos différents peuples. Nous avons accueilli<br />
ici des chercheurs européens dont tout le monde connaît la valeur intellectuelle. Parmi<br />
eux, nous avons des alliés potentiels et réels dans les grandes institutions où se discutent<br />
et se décident les affaires <strong>du</strong> monde. Ainsi, indirectement, notre présence est assurée<br />
dans nombre d'instances internationales, et tout ce dont nous avons débattu<br />
pendant trois jours y fera intrusion, d'une manière ou d'une autre.<br />
La grande faiblesse de nos chefs d’État, et de l’Afrique, c'est que ceux qui sont considérés<br />
en général comme des amis, ne le sont pas en réalité. Ce sont les amis de nos dirigeants<br />
politiques, et leur action n'est pas conforme à l’intérêt de l’Afrique. À l'inverse,<br />
ceux qui sont ici ne sont pas venus pour renforcer le joug qui pèse sur l’Afrique, mais<br />
pour examiner comment, avec les Africains, travailler à créer des rapports à l’intérieur<br />
desquels les peuples se libèrent et progressent ensemble.<br />
Nous avons abordé trois axes. D'abord, nous avons examiné le contexte, et nous<br />
nous sommes demandés quelles sont les lignes de force qui traversent le monde. Quelles<br />
perspectives ouvrent-elles ou ferment-elles et comment, forts de cette connaissance, pouvons-nous<br />
faire avancer l’Afrique vers un monde nouveau dans l’intérêt des peuples ?<br />
S’agissant <strong>du</strong> continent lui-même, des communications nous ont permis de voir la façon<br />
dont il pourrait maximiser ses atouts et minorer ses faiblesses, afin qu’il améliore ses chances<br />
d’un meilleur positionnement dans le monde. Nous disposons désormais de textes, de pistes<br />
de réflexion sur les questions essentielles de la gouvernance, de l’État, de la politique.<br />
Deuxième axe, l’agriculture. Lorsque j’ai expliqué à un collègue l'ambition de notre<br />
<strong>colloque</strong>, il s’est étonné : « qu’est-ce que l’agriculture a à faire avec les autres questions ? »