Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
elle doit exister. Si elle n’existe pas, j’ai besoin d’un procès-verbal qui en atteste. ». C’est ce qui
m’a été remis. Par notre action, notamment auprès du Conseil constitutionnel, la loi a été retirée
de l’ordonnancement juridique tchadien, afin que le dossier revienne sur la table du juge
d’instruction. Ce qui est en train de se faire au Tchad et au Sénégal est égal. Le Tchad a initié
une enquête sur les huit années de règne de Hissène Habré. Le rapport de cette enquête fait
état de 40 000 morts et de milliers de disparus, de veuves et d’orphelins. Les autorités n’ont rien
fait de ce rapport. Il a fallu l'action des organisations des droits de l’homme sur le terrain pour
s’attaquer à la lutte contre l’impunité, pour la prioriser et faire du dossier Hissène Habré un
dossier exemplaire. Quant au Tchad, il a simplement engagé une procédure d'urgence pour récupérer
l’avion et le téléphone satellite qu’a emportés Hissène Habré à l’époque. Cela montre
le manque flagrant de volonté du Tchad de juger Hissène Habré.
J'ai été heureuse, ce matin, quand le Président de séance a fait une remarque sur les accords
de paix dont les signataires sont des seigneurs de guerre, des auteurs de violation massive,
constante et grave des droits de l’homme. Ces accords les couvrent par le biais d’amnisties.
Le Tchad est dans cette logique. Dès lors, comment parler de cette impunité zéro prônée par
l’Afrique ?
Aujourd’hui on évoque la dignité de l’Afrique. C’est en raison du nécessaire respect de cette dignité
que ce dossier est revenu sur notre continent. C'est bien, mais n'oublions pas les victimes. Le
débat n’est pas centré autour d'elles, qui cherchent justice, et pour lutter contre l’impunité il faut qu'il
en soit ainsi. On parle beaucoup de la dignité de l’Afrique, alors qu'elle regorge de tortionnaires et de
détourneurs des deniers publics. Si on commençait par juger ce Monsieur, je crois que, petit à petit,
on irait effectivement vers le respect de la dignité de l’Afrique. »
Ahmed Ould Abdallahi (Mauritanie) : « L'Alliance populaire progressiste est un
parti qui est dirigé par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Monsieur Messoud Ould
Boulkheir. L’ensemble des députés de l’Assemblée nationale, de la mouvance présidentielle
comme de l’opposition, malgré leur nombre restreint, lui ont accordé leur confiance. Nous
sommes un parti membre de la mouvance présidentielle. Nous participons également à la gestion
des affaires publiques en Mauritanie, ceci à la suite des accords signés avec l’actuel président
de la République Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Je rejoins les camarades qui m’ont
précédé sur l’évaluation faite du bilan de la période de Maaouiya, ainsi que de la période
dite de transition. Permettez-moi d'énumérer quelques aspects qui peuvent servir l’analyse
de la situation actuelle en Mauritanie, sous le régime qui a débuté depuis le mois d’avril
passé.
Il y a eu des avancées importantes en matière de renforcement de l’unité nationale, un
plus grand respect des libertés publiques, une plus grande implication des partis politiques,
un développement de la liberté de la presse, plus de respect de la séparation des pouvoirs.
L'adoption d'un programme de retour organisé de nos compatriotes qui étaient au Sénégal,
ou la promulgation d'une loi qui interdit et criminalise les pratiques esclavagistes, participent
aussi au renforcement de l'unité nationale.
Cependant un certain nombre de faiblesses grève l’exécution du programme commun
signé entre nous et le président. Il y a un retard dans la mise en œuvre des programmes qui
visent à l’amélioration des conditions de vie des populations, particulièrement ceux destinés
à alléger la montée permanente des prix.