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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />

plus sûre, avec l’agriculture ! Aucun pays n'a réussi son agriculture sans subvention. <strong>Les</strong> paysans<br />

sont subventionnés partout. Et l’Afrique, elle, veut réussir à développer son agriculture<br />

sans subvention. Ce n’est pas possible. Ça n’a jamais existé. N'inventons pas de choses inutiles.<br />

Si vous voulez développer votre agriculture, vous la subventionnez et, surtout, vous<br />

nommez des gens compétents pour s'en occuper. Par ailleurs, le transfert de technologie est<br />

obligatoire. Donc il faut commencer par l'organiser et par se donner les possibilités de modifier<br />

un environnement permettant la maîtrise de ces technologies, avant de penser à développer<br />

le riz ou le manioc. À partir de ce moment-là, on peut développer la pro<strong>du</strong>ction.<br />

Malheureusement, nous sommes pressés, très pressés.<br />

Je souhaite évidemment terminer en évoquant la situation en Guinée, notamment une<br />

expérience nouvelle que nous avons tentée avec des syndicats. Grâce à la CEDEAO, ils ont<br />

réussi à prendre le pas sur les partis politiques. La Guinée est l’un des rares pays au monde<br />

où l'on a dit aux partis politiques : « tout ce qui est politique ne vous regarde pas, c'est à la<br />

société civile de s’en occuper ». Ça a donné ce que ça devait donner. Aujourd’hui tout est bloqué,<br />

ça ne marche pas <strong>du</strong> tout. <strong>Les</strong> syndicats n’ont aucune autre légitimité que syndicale. Ils<br />

n'ont pas vocation à assumer la responsabilité de l'organisation de la vie publique. Tout ce<br />

qui a été dit sur le processus électoral des autres pays s’applique à la Guinée. Notre pays a<br />

battu encore une fois des records en essayant une solution soutenue par la CEDEAO mais<br />

qui a donné un résultat nul.»<br />

Ibrahima Moktar Sarr (Mauritanie) : « Si je fais miennes certaines observations qui<br />

ont été formulées par mes prédécesseurs, je veux noter que dans le cas particulier de l’Afrique,<br />

la Mauritanie est « le cas particulier de ces particularités ». On ne peut comprendre la situation<br />

de la Mauritanie sans prendre en considération que ce pays est traversé, depuis plusieurs<br />

années, parce que nous appelons une question nationale.<br />

En Mauritanie, des populations sont opprimées <strong>du</strong> fait de leur appartenance raciale et<br />

culturelle. Avec le régime de Maaouiya Ould Taya, nous avons atteint le paroxysme de cette<br />

oppression nationale, par la confiscation de toutes les libertés, par la déportation massive<br />

(au Sénégal et au Mali) et par la liquidation physique de ces populations. C'est un génocide,<br />

et le mot n'est pas trop fort. Nous avons vécu cette situation jusqu’à la veille <strong>du</strong> coup d’État<br />

<strong>du</strong> Conseil militaire pour la justice et la démocratie. L’opposition nationale a estimé que c’en<br />

était trop, qu’il fallait faire un pas en avant pour régler les problèmes <strong>du</strong> pays. Nous étions<br />

tous convaincus que Maaouiya était le seul « goulet d’étranglement », et qu'une fois lui parti,<br />

les problèmes seraient réglés.<br />

Avant l’avènement des militaires, il y a eu une situation d’insurrection, qui s’est manifestée<br />

à plusieurs reprises. Le coup d'État manqué <strong>du</strong> 8 juin 2003, dirigé par le commandant<br />

Hannena, s’est répété en octobre 2004. Il y a eu par la suite une attaque contre l’armée<br />

mauritanienne, dans une localité qui s’appelle Ngléti, attaque qualifiée de terroriste et attribuée<br />

aux djihadistes. Ces événements ont montré que le régime était en danger. Cela explique<br />

la réaction des militaires <strong>du</strong> Conseil militaire pour la justice et la démocratie. Ils<br />

étaient complices <strong>du</strong> régime de Maaouiya Ould Taya, et ne voulaient pas être mis devant le<br />

fait accompli. Ely Ould Mohamed Vall, chef de cette junte, était depuis vingt ans le directeur<br />

de la sûreté de Maaouiya Ould Taya. Il ne pouvait ignorer ce qui se passait, il en était<br />

le complice. Par conséquent, si ce régime était mis à bas, Ely Ould Mohamed Vall et ses ca-

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