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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 3 247<br />

ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas. Le rôle de l'homme politique, sur le terrain, c’est<br />

de réaliser ce qui est possible. Et le grand drame de l’Afrique, jusqu’à présent, ce sont les discours<br />

qui se succèdent sur ce qui est souhaitable, sans être suivis d'effets.<br />

Quelles négociations entre l’Europe, l’Union européenne et l’Afrique ? Nous en avons<br />

beaucoup parlé mais a-t-on défini ce qu’est un partenariat ? Un partenariat, c’est l’égalité<br />

entre deux parties, qui négocient des propositions conformes à leurs intérêts et qui, ensemble,<br />

déterminent un objectif commun.<br />

Malheureusement, l’Europe a choisi sa voie, et l’Afrique lui répond simplement « non ».<br />

Nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation. Le rôle des hommes politiques est d'imaginer<br />

jusqu'où on peut aller, et de s’organiser pour obtenir ce qui est possible. De nos discussions<br />

depuis trois jours, je ne sens pas émerger la volonté de négocier véritablement de telle<br />

façon que les intérêts soient protégés.<br />

Au-delà de cette parenthèse, je veux dire que tout cela se déroule dans le cadre de la<br />

mondialisation – si l'on parle français – de la globalisation – si l'on parle anglais –. Puisque<br />

la mondialisation est inévitable, et que ce sont les puissants qui indiquent la voie c'est à<br />

nous de nous organiser pour défendre nos intérêts. Nous passons notre temps à nous plaindre<br />

de la responsabilité des colonialistes, ou de ceux-ci ou de ceux-là. Depuis des années,<br />

nous critiquons les occidentaux, mais nous, que voulons-nous ? Qu’est-ce qui est, selon nous,<br />

conforme à nos intérêts ? Pour défendre nos intérêts, il nous faut les représenter correctement.<br />

C'est rarement le cas.<br />

Aujourd'hui on voit, on lit, on entend beaucoup de choses sur le « nouveau partenariat<br />

pour le développement de l’Afrique ». En quoi est-il nouveau ? Si ça ne marche pas, c'est parce<br />

que ce partenariat, fut-il nouveau, n’a pas été mis véritablement en place. Travailler parallèlement,<br />

ce n'est pas <strong>du</strong> partenariat. Un partenariat, c’est agir ensemble pour réaliser des<br />

projets communs. J'y insiste : nous avons beaucoup à faire pour nous organiser et défendre<br />

au fond nos intérêts.<br />

Je m'étonne, par ailleurs, que l'on parle encore de gouvernement continental. J’ai eu la<br />

malchance, ou la chance, d’être là en 1963. J’ai donc enten<strong>du</strong> Kwamé Nkruma, Hailé Sélassié,<br />

et tous les autres. Nous avons alors beaucoup parlé. Mais l’Afrique n’a jamais voulu<br />

faire un choix. Il s’agissait de savoir : veut-on vraiment un État ? Veut-on créer une nation<br />

africaine, oui ou non ? Si tel est le cas, c’est bon d’avoir un gouvernement central. Mais, à<br />

l'inverse, il ne faut pas parler de gouvernement africain. Le président Senghor évoquait alors<br />

des « cercles concentriques ». Mathématicien, je lui ai expliqué qu’il se trompait parce qu’il<br />

ne peut s’agir de cercles concentriques, mais de cercles différents. Il n’y a que deux solutions :<br />

ou un seul cercle, c’est-à-dire un seul centre, c’est ce que voulait Nkruma ; ou plusieurs centres,<br />

plusieurs cercles, et certainement pas des concentriques. Il n’a pas compris (il n'était pas<br />

un grand mathématicien) et je suis malheureux de voir que, presque quarante ans après, on<br />

reprend cette comparaison des cercles concentriques. Or, elle ne veut rien dire !<br />

Il ne peut exister de gouvernement continental que s’il existe, en même temps, une assemblée,<br />

un exécutif et le législatif et le judiciaire à côté de l’exécutif. Cela demande des décisions.<br />

On veut une nation, oui ou non ? On veut une confédération, une fédération ? C'est<br />

un problème politique. Il exige d'être réglé autrement.<br />

Enfin, je veux évoquer rapidement le problème rural. Quelqu’un a dit qu’il y a trois manières<br />

de se ruiner : la plus rapide c’est par le jeu ; la plus agréable, avec les femmes ; et la

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