Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
Discussion<br />
Issa Ndiaye (Mali) : « Au Mali, c’est un président sans parti politique qui a été élu. Un<br />
système où la majorité et l’opposition – qui continue d’être appelée d’être appelée comme<br />
telle - siègent au gouvernement. Alpha Oumar Konaré avait institué cette pratique selon<br />
laquelle on fait élire des membres de l’opposition sur les listes de la majorité. La démocratie<br />
ne serait-elle qu’un melting-pot ?<br />
Par ailleurs, nous fonctionnons au consensus. Cela signifie qu’il n’y a pas de débat, on<br />
assiste à la création de partis qui soutiennent le président, il n’y a ni programme, ni projet.<br />
Pourtant, dans la tradition africaine, le consensus se fait à la suite d’un débat.<br />
La société civile est manipulée. À l’issue de remaniement, on place dans le gouvernement<br />
des personnes qui seront censées la représenter, mais cela demeure symbolique.<br />
Des journalistes ont été condamnés, ce qui remet en cause la liberté de la presse. Ceux<br />
qui pensent autrement n’ont pas accès aux médias ou font l’objet de menace.<br />
Ces quelques considérations nous amènent à la question suivante : A quoi sert la démocratie<br />
aujourd’hui ? Je n’ai pas de solution, mais si elle correspond à ce que nous vivons actuellement,<br />
alors pourquoi ne pas l’abandonner ? »<br />
Naffet Keita (Mali) : « Je suis anthropologue et je représente le MIRIA, le Mouvement<br />
pour l’indépendance, la renaissance et l’intégration africaine. Mon parti fait partie de la<br />
mouvance présidentielle. Nous avons deux députés à l’Assemblée nationale.<br />
Pour aborder la question de la démocratie, nous devons, fondamentalement, aller aux<br />
sources, aux fondements de cette pratique. À ce niveau, il y a deux éléments qu’on convoque<br />
beaucoup plus qu’on ne les réalise sur le fond. On a parlé hier de la Charte <strong>du</strong> Mali. Dans<br />
la pratique quotidienne, cette charte avait mis en place des formes de solidarité à travers la<br />
« parenté plaisante ou le cousinage à plaisanterie ». Or, dans le fonctionnement des référents<br />
culturels propres à des groupes de population et à une certaine époque bien déterminée de<br />
l’histoire non pas de l’entité Mali, mais d’une partie <strong>du</strong> Mali, peut-on convoquer ces référents<br />
culturels comme fondements, comme ferments, en réalité, <strong>du</strong> jeu démocratique ?<br />
En partant de la Charte <strong>du</strong> Mali au niveau des 14 articles qui, de force, se conjuguent<br />
en 47 articles, il y a à mon avis quelques éléments nous permettant de fonder le « vivre ensemble<br />
».<br />
D’abord le respect des droits humains, la responsabilité à travers la reddition des comptes,<br />
la solidarité et la subsidiarité entre les différentes entités. À ce niveau, celui de la solidarité,<br />
ce sont les partis <strong>du</strong> progrès qui doivent essayer d'examiner ce qu’ils vont pouvoir faire ensemble,<br />
pour le cadre démocratique et dans les différents espaces africains.<br />
Et puis, second niveau, la solidarité ou la parenté plaisante qui en réalité se décline à<br />
partir <strong>du</strong> petit jeu « entre copains ». Comment cette parenté plaisante peut-elle devenir une<br />
forme ou une morale de la gestion de l’État ? Pour cette gestion, avons-nous besoin des « cousins<br />
plaisants » ou plutôt de citoyens ? Tant qu’on ne peut pas résoudre ces questions-là, on<br />
ne peut, en réalité, tracer les cadres pour la démocratie.»<br />
Mamadou Boye Ba (Guinée) : « Avant de parler des élections et de la démocratie en<br />
Guinée, je veux donner la vision d’un homme politique de terrain de ce qu’on appelle le partenariat.<br />
Il en a été beaucoup question ici. Des professeurs nous en ont parlé, en présentant