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Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Session 3 245<br />

et d’intimidations, de menaces de mort – mises en pratique –, constituent un véritable<br />

terrorisme d’état. Plusieurs candidats AKFM, lors de la dernière élection municipale <strong>du</strong><br />

12 décembre dernier, ont ainsi été attaqués et gravement blessés à coup de hache ou de<br />

fusil. L’abus de pouvoir et l’utilisation des biens publics par les candidats d’état, l’achat<br />

des voix, et la falsification des résultats officiels sont, eux aussi, devenus chose courante.<br />

De nombreuses plaintes ont été enregistrées au Tribunal électoral pour signaler que de<br />

nombreux candidats (<strong>du</strong> parti présidentiel évidemment) déclaré officiellement élus<br />

n’ont en réalité obtenu que la troisième place dans leur circonscription. Pour couronner<br />

le tout, toutes ces irrégularités reçoivent généralement la « bénédiction » de la<br />

« Communauté internationale », instance suprême de validation des résultats d’une<br />

élection dans un pays pauvre !<br />

Le libéralisme économique pratiqué par le gouvernement est généralement qualifié<br />

par le microcosme politique malgache de « sauvage ». Faisant fi de toute culture politique<br />

généralement admise, la stratégie économique de l’actuel pouvoir à Madagascar<br />

est marquée par la monopolisation de presque tous les secteurs par les entreprises <strong>du</strong><br />

président de la République et de ses acolytes malgaches ou étrangers. Dans la plupart<br />

des investissements (extractions minières – or, diamant, pétrole, ielménite, bauxite –,<br />

exportation de vanille, etc.), les actions <strong>du</strong> chef de l’État sont obligatoires et doivent être<br />

prépondérantes.<br />

Selon les sources officielles, Madagascar connaît actuellement un taux de croissance<br />

annuel de 4 à 6 %. Mais, en même temps, entre 2001 et 2008 (c’est-à-dire depuis la<br />

mise en place de l’économie libérale), la pauvreté a progressé de 71 à 80 %, toujours<br />

selon les statistiques officiels ! <strong>Les</strong> droits fondamentaux, tels que l’accès à l’eau potable,<br />

à une maison décente, à une nourriture correcte, sont loin d’être au niveau des normes<br />

mondiales. Peut-on parler de démocratie, si la plus grande partie de la population ne<br />

dispose pas de quoi vivre décemment ?<br />

La démocratie à Madagascar, jusqu’à maintenant, n’est encore qu’une illusion, et ne<br />

répond pas à l’aspiration légitime de nos citoyens, comme en témoignent les dernières<br />

élections dans la capitale de Madagascar, Antananarivo. Depuis l’avènement de l’actuel<br />

régime, c’est la première fois que le parti au Pouvoir est battu, et ce par un score<br />

sans appel. Son adversaire (un jeune opérateur économique) a en effet obtenu 63 % des<br />

suffrages, pour 32 % au candidat présidentiel. Ce fait est très important, car Antananarivo<br />

a toujours été considéré comme la tête de pont de tous les changements dans le<br />

pays. Aussi, la défaite <strong>du</strong> parti dirigeant est interprétée comme son rejet par la population.<br />

Mais, incapable d’accepter ce fait, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour renverser<br />

la situation, en mettant différents bâtons dans les roues <strong>du</strong> maire. De la sorte, la<br />

tension politique commence de nouveau à augmenter dangereusement à Madagascar.<br />

C’est dans cette atmosphère que le peuple malgache appréhende les prochaines élections<br />

régionales et sénatoriales, qui se tiendront aux mois de mars et avril prochain.

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