Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?
Madagascar : une démocratie en trompe l’œil
Éric Rakotomonga
Secrétaire général du Parti du congrès de l’indépendance de Madagascar
Madagascar a été colonisée à partir de l’année 1897. En 1960, et après d’âpres luttes
sanglantes ayant emporté plus de 90 000 vies, il a obtenu son indépendance politique
au sein de la communauté française. À partir de cette date et jusqu’en 1972, Madagascar
a vécu sous un régime néocolonial. pendant cette période, une répression féroce
s’abattait sur les partis politiques, et plus particulièrement sur l’AKFM. De 1975 à
2001, le peuple malgache a opté pour une voie socialiste de développement ; et depuis
2001-2002, les nouveaux tenants du pouvoir ont choisi la voie du libéralisme. L’histoire
de Madagascar n’est au fond que le reflet de l’évolution des relations internationales, et
s’apparente à celle de la plupart des pays d’Afrique.
Le soi-disant « vent de la Démocratie » a commencé à souffler dans notre pays à partir
des années 2001-2002. Mais le pluralisme, tant prôné comme sa condition sine qua
non, suffit-il ?
Il existe plus de 180 organisations politiques à Madagascar. La grande majorité
d’entre elles porte le nom de « parti », mais un groupuscule (familial dans la plupart des
cas) qui émet des avis sur tel ou tel événement peut-il être vraiment considéré comme
un parti politique ? Un tel fourmillement favorise-t-il la démocratie ? Non, il en résulte,
comme presque partout ailleurs, un discrédit des partis, des politiciens et de la
chose politique.
Bien sûr, d’authentiques partis politiques, une dizaine, travaillent réellement à Madagascar.
Mais ils ne suffisent pas à enrayer la tendance suivante. Chez nous aussi, le rôle
dévolu aux partis politiques a été repris par les églises, les Organisations non gouvernementales,
et des associations. Le renversement du gouvernement en 1991 et en 2001-
2002 a ainsi été accompli avec la bénédiction, voire sous la conduite de la Fédération
des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Les ONG prolifèrent de façon spectaculaire.
Ce constat n’est pas propre non plus à Madagascar, et comme ailleurs, leurs visées
purement politiques et leurs soutiens financiers sont de notoriété publique.
Un phénomène nouveau, en revanche, s’est fait jour ces dernières années : la chasse
aux sorcières, aux opposants du régime libéral en place. Plusieurs dirigeants politiques
de l’opposition sont actuellement écroués. D’autres sont en exils, et l’emprisonnement
ferme les attend au cas où ils s’aviseraient de revenir au Pays. Est-ce là le chemin vers
un processus démocratique à Madagascar ?
On a constamment martelé que, pour les partis en opposition, seule l’élection est
la voie démocratique pour prendre le pouvoir. Or, comment est-ce possible si, dans
une élection, les concurrents sont censurés, dès le départ, par les ressources financières
à disposition ; si les moyens d’informations sont monopolisés par les candidats du pouvoir
; si les fraudes électorales sont si massives que l’impunité en la matière est devenue
chose banale ? La falsification des listes électorales, la mise en place d’électeurs mobiles
pouvant voter plusieurs fois dans plusieurs bureaux de votes, la profération de menaces