Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
Cette législature (2001-2006) a été écourtée par le coup d’Etat <strong>du</strong> 3 août 2005.<br />
De 1992 à 2005, nous avons participé à deux élections présidentielles (1992 et 2003)<br />
et boycotté celles de 1997, mais nous n’avons jamais reconnu la légitimité <strong>du</strong> président<br />
de la République. Ainsi, pour nous, RFD, le coup d’État <strong>du</strong> 3 août 2005 avait suscité<br />
l’espoir de la fin <strong>du</strong> coup d’État permanent.<br />
La période de la transition avec le Conseil militaire pour la justice et la démocratie<br />
(CMJD)<br />
Le changement intervenu le 3 août 2005 a mis à nu l’ensemble des pratiques mafieuses<br />
des hommes <strong>du</strong> pouvoir déchu et l’abîme dans lequel le pays allait être plongé.<br />
Parmi les principaux <strong>actes</strong> posés par les autorités de transition figurent les amendements<br />
apportés à la Constitution de juillet 1991 et l’engagement d’organiser des élections<br />
libres et transparentes. L’ordonnance prise par le CMJD et qui interdisait à ses<br />
membres comme à ceux <strong>du</strong> Gouvernement de se présenter ou de soutenir un quelconque<br />
candidat, ainsi que l’implication des partenaires au développement, comme de<br />
la société civile, constituaient des facteurs éminemment positifs quant à la transparence<br />
électorale.<br />
Le nouveau contexte demeurait cependant marqué à la fois par des éléments de<br />
continuité et de rupture. Parmi les facteurs de continuité figurent : (i) le refus systématique<br />
d’ouvrir le dossier <strong>du</strong> passif humanitaire (problèmes des réfugiés mauritaniens et<br />
des exécutions extrajudiciaires) ; (ii) la mal gouvernance ; et (iii) le maintien <strong>du</strong> découpage<br />
électoral et administratif des circonscriptions. Plus globalement encore, la transition<br />
militaire n’était pas porteuse d’une nouvelle constitution pour une nouvelle<br />
République !<br />
Quant aux facteurs de rupture, ils ressortent essentiellement de l’assainissement de<br />
l’environnement politique à travers : (i) la création d’une commission électorale nationale<br />
indépendante ; (ii) l’existence d’un recensement à vocation électorale fiable ; (iii)<br />
la réforme <strong>du</strong> mode de scrutin ; (iv) un nouveau cadre légal accentuant la présence des<br />
femmes sur les listes électorales et, par conséquent, dans les assemblées représentatives ;<br />
et enfin (v) le statut de l’opposition.<br />
Cependant, au lendemain, <strong>du</strong> référen<strong>du</strong>m sur la Constitution, en juin 2006, les<br />
partis politiques ont dénoncé à l’unanimité l’ingérence flagrante <strong>du</strong> Conseil militaire<br />
pour la justice et la démocratie (CMJD) dans le jeu politique en suscitant des candidatures<br />
indépendantes issues des rangs de ces formations politiques. Ces manipulations<br />
ont été perçues comme autant d’entreprises de sape de la neutralité<br />
officiellement proclamée par la junte au pouvoir ! Malgré les timides dénégations des<br />
autorités militaires, la grande majorité des Mauritaniens est convaincue <strong>du</strong><br />
contraire ; et certains voudront y voir une manière comme une autre, pour le<br />
CMJD, de vouloir se maintenir. Dans cette veine, le discours <strong>du</strong> chef de l’État, à<br />
l’occasion <strong>du</strong> congrès des Maires de Mauritanie (27/01/07), faisant l’apologie <strong>du</strong><br />
vote en faveur <strong>du</strong> bulletin blanc, avait renforcé la méfiance des acteurs politiques sur<br />
la sincérité des autorités militaires quant à leur neutralité et à leur volonté de respecter<br />
le calendrier de la transition. L’activisme des éléments clés <strong>du</strong> CMJD, dans le soutien<br />
manifeste de la candidature de l’actuel président de la République, a achevé de