Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri
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Afrique et Europe : néocolonialisme ou partenariat ?<br />
(Éthiopie et Érythrée), mais également à la coupure officieuse <strong>du</strong> Soudan en deux, entre<br />
un Nord musulman d’ascendance arabe et un sud chrétien et animiste. Enfin, il n’est<br />
pas rare que l’onde de choc atteigne les États riverains des pays de l’arc de crises, quitte<br />
à différer les effets. Témoin, la crise sénégalo-mauritanienne de 1989, qui fut d’abord<br />
mauritano-mauritanienne. Qui peut dire aujourd’hui, que la crise passablement identitaire<br />
en Côte-D’Ivoire ne présente pas les symptômes d’un conflit de civilisations ? A<br />
l’évidence, les zones de contacts sont potentiellement des zones de ruptures.<br />
Si la situation de la Mauritanie est relativement différente dans un pays à cent pour<br />
cent musulman, elle n’échappe guère aux clivages raciaux, ethniques et sociopolitiques<br />
tels qu’observés au cours de ces quatre décennies d’indépendance.<br />
Depuis son indépendance la Mauritanie a connu cinq régimes successifs :<br />
- Le régime civil dominé par le Parti <strong>du</strong> peuple mauritanien (PPM) qui a dirigé le<br />
pays de 1960 à 1978. À l’instar des autres pays <strong>du</strong> continent, cette période a été<br />
dominée par l’institutionnalisation <strong>du</strong> Parti unique.<br />
- De 1978 à 1991, la Mauritanie fut marquée par une succession de régimes militaires.<br />
- Avec la constitution <strong>du</strong> 20 juillet 1991, on entre dans un processus dit démocratique,<br />
jusqu’au coup d’État <strong>du</strong> 3 août 2005.<br />
- Le régime de la transition militaire (3 août 2005-mars 2007).<br />
- Le nouveau régime civil issu des élections présidentielles post-transition militaire<br />
de mars 2007.<br />
La période allant de la transition dite démocratique à nos jours étant plus proche<br />
de nous, plus longue et plus riche en leçons et évènements de tous genres, c’est plutôt<br />
sur elle que je vais m’appesantir.<br />
Le processus dit démocratique (1991-2005)<br />
Rappelons que de 1986 à 1991, le régime militaire en place s’était illustré par des<br />
violations massives des Droits de l’Homme ciblant la communauté négro-africaine de<br />
Mauritanie en particulier et se tra<strong>du</strong>isant par des arrestations, emprisonnements, déportations<br />
de milliers de personnes dont certaines croupissent encore dans des camps de<br />
réfugiés au Sénégal ; ou pire encore, des exécutions extrajudiciaires dont plus de cinq<br />
cents militaires négro-africains en furent les victimes.<br />
C’est sur ce fond de lourd passif humanitaire, harcelé de l’intérieur par les dénonciations<br />
et la contestation qui commençait à s’organiser ; et pressé de l’extérieur par la<br />
gauche au pouvoir en France notamment, que le régime militaire, pour ravaler sa façade<br />
de régime d’exception, s’engagea dans un processus dit démocratique.<br />
Mais, si nous devons résumer d’une phrase ces douze années d’un processus démocratique<br />
accouché dans la douleur, nous dirons qu’elles ont été marquées par une décennie<br />
per<strong>du</strong>e pour la Mauritanie.<br />
Le RFD considère que le péché originel <strong>du</strong> processus démocratique réside dans la<br />
manière même dont la constitution fut concoctée, à savoir dans des officines secrètes<br />
et soumises au référen<strong>du</strong>m, sans débats. Cette loi fondamentale fut imposée au pays<br />
alors qu’un véritable plan de confiscation des élections se mettait en place. C’est ainsi