Les actes complets du colloque - Fondation Gabriel Péri

Session 3 235
des intérêts des colons français, fondant ainsi un nouveau type de régime désigné sous
le vocable de « néocolonialisme ».
Cette situation démontre que les perspectives démocratiques ne peuvent être que
la lutte. Le gouvernement entreprend tout ce qui lui est possible pour revenir au système
de parti unique ; mais le RDPC est incapable de soutenir la concurrence à armes
égales avec les autres partis politiques.
Le peuple camerounais continue de se battre :
- l’Association Justice et paix relevant de l’église catholique, n’a pas manqué après
chaque élection de relever dans son rapport, les multiples fraudes qui perturbent
le processus démocratique et faussent les résultats des élections.
- Plusieurs ONG dont PRODHOD, ACAT, les Nouveaux droits de l’homme Cameroun
etc. se battent sur différents fronts pour permettre à la démocratie de
s’épanouir.
- L’archevêque de Douala, en dénonçant dans ses courageuses prises de positions
publiques, la mauvaise gouvernance du Président Biya, contribue sans conteste
au combat pour la démocratie.
- Les médias, audiovisuels et écrits, mènent depuis 1992, auprès des autres forces
sociales, un combat exemplaire même si de temps à autre ils s’accommodent de
la situation voulue par la présidence.
Depuis le 13 septembre 2007, plusieurs partis politiques, des ONG et quelques
personnalités ont lancé à l’initiative de l’UPC, le Forum national démocratique (FND)
dont l’objectif est d’exiger la mise en place d’un code électoral démocratique.
Depuis le 31 décembre 2007, le président a décidé de modifier l’alinéa 2 de l’article
6 de la constitution, limitant à deux le nombre de mandat présidentiel. Des voix se
sont élevées contre cette manœuvre, y compris au sein du RDPC, mais on craint les représailles.
Le gouvernement viole quotidiennement l’article 19 de la déclaration universelle
des droits de l’homme : « toute personne a droit à la liberté d’opinion et d’expression,
ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir
et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par
quelque moyen d’expression que ce soit ».
« …Notre volonté est inébranlable. Nous connaissons aujourd’hui toutes sortes de difficultés
et de privations, mais nous savons que tout cela débouchera inéluctablement sur un
avenir lumineux dans un Kamerun à jamais débarrassé du néocolonialisme et de la gangrène
impérialiste… »
Ernest Ouandie, Vice-président de l’UPC,
puis président du Comité révolutionnaire de l’UPC,
fusillé le 15 janvier 1971 par le gouvernement du président Ahidjo.
«…Lorsque dans le silence de l’abjection, l’on entend plus retentir que la chaîne de l’esclave
et la voix du délateur, lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux
d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des
peuples. C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’empire… ».
François René de Chateaubriand